6C Avec le sang du propre Fils de Dieu
Ac 20:28 — Gr. : διὰ τοῦ αἵματος τοῦ ἰδίου
(dia tou haïmatos tou idiou)
1878 |
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Les livres saints (...) Nouveau Testament — Version nouvelle dite de Pau-Vevey. — Paris. |
1963 |
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Les Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau, par la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania. — New York. |
1970 |
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La Sainte Bible, par J. Darby. — Valence. |
Grammaticalement, ce passage pourrait se traduire ainsi : “ par (ou avec) son propre sang ”. (Voir Segond révisée, Osty, etc.) Voilà qui trouble bien des esprits. C’est sans doute pour cela que ACDSyh (marge) (tout comme la Bible du Centenaire, la Bible annotée, etc.) portent : “ la congrégation (ou Église) du Seigneur ” au lieu de “ la congrégation (ou Église) de Dieu ”. Quand le texte est lu de cette manière, la leçon “ par (ou avec) son propre sang ” ne fait pas difficulté. Cependant, אBVg ont bien “ Dieu ” (en toutes lettres), et la traduction courante serait ‘ le sang de Dieu ’.
Les termes grecs τοῦ ἰδίου (tou idiou) suivent les mots “ avec le sang ”. L’expression tout entière pourrait se traduire ainsi : “ avec le sang de son propre ”. Il faudrait alors sous-entendre un nom au singulier après “ son propre ”, sans doute celui de la personne la plus proche de Dieu : son Fils unique-engendré Jésus Christ. À ce propos, voici ce qu’a dit J. Moulton (A Grammar of New Testament Greek, Edinburgh 1908, vol. 1, p. 90) : “ Avant d’en finir avec ἴδιος [idios], disons quelques mots sur l’emploi de ὁ ἴδιος [ho idios] non accompagné d’un nom. On en trouve des exemples en Jn 1:11 ; 13:1, Ac 4:23 ; 24:23. Dans les papyrus on rencontre le singulier utilisé de cette façon, comme terme d’affection pour les proches (...). Dans Expos. [The Expositor] VI. iii. 277, je me suis permis de citer cela afin d’encourager en toute conscience ceux qui (entre autres B. Weiss) aimeraient rendre Actes 20:28 par ‘ le sang de quelqu’un qui était à lui ’. ”
F. Hort, quant à lui, fait cette hypothèse (The New Testament in the Original Greek, London 1881, vol. 2, appendice, p. 99, 100) : “ Il n’est pas impossible qu’on ait omis ΥΙΟΥ [huïou, “ du Fils ”] après ΤΟΥΙΔΙΟΥ [tou idiou, “ de son propre ”] lorsqu’on a transcrit le texte dans les premiers temps, ce qui expliquerait la disparition du terme dans les documents actuellement existants. Il suffit de le replacer dans le texte pour que la difficulté se résolve. ” La Bible annotée cite elle aussi Westcott et Hort, en ces termes : “ Westcott et Hort émettent également la conjecture que le mot fils se trouvait à la fin de la phrase et a été omis parce que ses trois dernières lettres sont les mêmes, en grec, que les trois dernières de l’adjectif propre qui le précède. ” (Bible annotée NT 2 — Le Nouveau Testament expliqué, St Légier 1986, Actes 20:28, note). De son côté, RB (t. LXXII, Paris 1965, p. 207) met en note : “ En Act., xx, 28, (...) quelques auteurs ont proposé de restituer en finale υίοῦ qui serait tombé par haplographie : ainsi F. J. A. Hort (...) ; C. Knapp (...) ; M.-É. Boismard (...). Mais ce n’est là qu’une conjecture et les auteurs préfèrent souvent sous-entendre le mot ‘ Fils ’, et interpréter ἴδιος au sens de μονογενής. ”
La Traduction du monde nouveau rend ce passage littéralement. Elle met “ Fils ” entre crochets après ἰδίου : “ avec le sang de son propre [Fils] ”.