PRÉDICATEUR, PRÉDICATION
On comprend mieux la notion de “ prédication ” dans la Bible quand on examine le sens des termes originaux hébreux et grecs. Le grec kêrussô, rendu ordinairement par “ prêcher ”, signifie fondamentalement ‘ être héraut, faire fonction de héraut, être crieur public, proclamer ou faire proclamer quelqu’un vainqueur ’. Le substantif qui s’y rattache est kêrux, qui désigne ‘ toute personne qui annonce à haute voix, un héraut, un messager, dans les assemblées publiques une sorte d’huissier chargé de faire les proclamations et de maintenir le bon ordre ’. Un autre nom de la même famille est kêrugma, qui veut dire ‘ chose proclamée par le héraut, proclamation (pour donner un ordre, annoncer une nouvelle, annoncer qui est victorieux) ’. (Dictionnaire grec-français, par V. Magnien et M. Lacroix, Paris, 1969, p. 970, 971 ; Dictionnaire grec-français, par A. Bailly, L. Séchan et P. Chantraine, Paris, 1963, p. 1088, 1089.) Ainsi, kêrussô n’exprime pas l’idée d’un sermon fait à un groupe restreint de disciples, mais plutôt celle d’une proclamation publique, aux oreilles de tous. C’est ce qu’illustre l’utilisation de ce terme à propos de l’“ ange vigoureux qui proclamait [kêrussonta] d’une voix forte : ‘ Qui est digne d’ouvrir le rouleau et d’en délier les sceaux ? ’ ” — Ré 5:2 ; voir aussi Mt 10:27.
Le verbe euaggélizomaï signifie “ annoncer une bonne nouvelle ”. (Mt 11:5.) Deux verbes apparentés sont diaggéllô, “ proclamer, annoncer ” (Lc 9:60 ; Ac 21:26 ; Rm 9:17) et kataggéllô, “ annoncer, parler de, proclamer ”. (Ac 13:5 ; Rm 1:8 ; 1Co 11:26 ; Col 1:28.) La différence essentielle entre kêrussô et euaggélizomaï est que le premier souligne la manière de proclamer, indique que c’est une proclamation publique, officielle, alors que le deuxième met l’accent sur le contenu du message, l’annonce ou la transmission de l’euaggélion, la bonne nouvelle ou évangile.
Kêrussô correspond dans une certaine mesure à l’hébreu basar, qui signifie “ porter une nouvelle, annoncer, être messager de ”. (1S 4:17 ; 2S 1:20 ; 1Ch 16:23.) Cependant, basar n’implique pas autant une fonction officielle.
Dans les Écritures hébraïques. Noé est le premier à être qualifié de “ prédicateur ” (2P 2:5), même si, avant lui, Hénok avait peut-être fait connaître des prophéties en prêchant (Jude 14, 15). Noé prêcha la justice avant le déluge sans doute notamment en lançant un appel à la repentance et en prévenant qu’une destruction arrivait, ce qui ressort des paroles de Jésus selon lesquelles les gens ‘ ne furent pas attentifs ’. (Mt 24:38, 39.) Par conséquent, la proclamation publique de Noé, autorisée par Dieu, ne fut pas précisément la transmission d’une bonne nouvelle.
Après le déluge, de nombreux hommes tels qu’Abraham servirent de prophètes en énonçant des révélations divines (Ps 105:9, 13-15). Toutefois, avant l’établissement d’Israël en Terre promise, il semble ne pas y avoir eu de prédication en public régulière ou à caractère professionnel. Les premiers patriarches n’avaient pas reçu l’instruction de servir de hérauts. En revanche, pendant l’époque de la royauté en Israël, des prophètes furent porte-parole publics de Dieu, proclamant dans les lieux publics ses décrets, ses jugements et ses ordres (Is 58:1 ; Jr 26:2). La proclamation de Yona à Ninive cadre bien avec l’idée qu’emporte kêrugma, et c’est ainsi qu’elle est présentée (voir Yon 3:1-4 ; Mt 12:41). Cependant, le ministère des prophètes était généralement beaucoup plus large que celui de messager ou de prédicateur ; dans certains cas, ils employèrent d’autres personnes comme porte-parole (2R 5:10 ; 9:1-3 ; Jr 36:4-6). Quelquefois, ils ne proclamèrent pas oralement leurs messages et leurs visions, mais les écrivirent (Jr 29:1, 30, 31 ; 30:1, 2 ; Dn 7-12) ; ils en transmirent beaucoup en privé, et ils exprimèrent aussi des idées au moyen d’actes symboliques. — Voir PROPHÈTE ; PROPHÉTIE.
Étaient proclamés les avertissements et les jugements, de même que les bonnes nouvelles (de victoires, de délivrances et de bénédictions) ainsi que les louanges à Jéhovah Dieu (1Ch 16:23 ; Is 41:27 ; 52:7 ; l’hébreu basar est employé dans ces textes). Parfois, des femmes annonçaient en criant ou en chantant certaines nouvelles : des victoires ou la proximité d’un soulagement. — Ps 68:11 ; Is 40:9 ; voir aussi 1S 18:6, 7.
Les Écritures hébraïques annoncèrent également à l’avance l’œuvre de prédication qu’accompliraient Jésus Christ et la congrégation chrétienne. Jésus cita les paroles d’Isaïe 61:1, 2 et expliqua qu’elles prédisaient sa mission de prêcher, ordonnée et autorisée par Dieu (Lc 4:16-21). Accomplissant Psaume 40:9 (l’apôtre Paul applique les versets précédents à Jésus en Hé 10:5-10), Jésus ‘ annonça la bonne nouvelle [forme de basar] de la justice dans la grande assemblée ’. L’apôtre Paul cita Isaïe 52:7 (concernant le messager qui apporte la nouvelle selon laquelle Sion est libérée de sa captivité) et rattacha ce texte à l’œuvre de prédication publique des chrétiens. — Rm 10:11-15.
Dans les Écritures grecques chrétiennes. Bien qu’il ait exercé son activité essentiellement dans des régions désertiques, Jean le baptiseur fit l’œuvre d’un prédicateur ou messager public, proclamant en héraut aux Juifs qui sortaient vers lui la venue proche du Messie et du Royaume de Dieu, et leur enjoignant de se repentir (Mt 3:1-3, 11, 12 ; Mc 1:1-4 ; Lc 3:7-9). Jean fut à la fois prophète, enseignant (il avait des disciples) et évangélisateur (Lc 1:76, 77 ; 3:18 ; 11:1 ; Jn 1:35). Il fut un “ représentant de Dieu ” et un témoin de Dieu. — Jn 1:6, 7.
Après y avoir passé 40 jours à jeûner, Jésus ne resta pas dans la région désertique de Judée ni ne s’isola pour mener une vie monastique. Il savait que la mission que Dieu lui avait confiée exigeait une œuvre de prédication, et il l’accomplit publiquement, dans les villes et les villages, dans le temple, dans les synagogues, sur les places de marché, dans les rues et dans la campagne (Mc 1:39 ; 6:56 ; Lc 8:1 ; 13:26 ; Jn 18:20). Comme Jean, il fit plus que prêcher. L’accent est davantage mis sur son enseignement que sur sa prédication. Enseigner (didaskô) est différent de prêcher en ce que l’enseignant fait davantage que proclamer : il instruit, explique, démontre par des arguments et apporte des preuves. L’œuvre des disciples de Jésus, avant comme après sa mort, devait donc consister à la fois à prêcher et à enseigner. — Mt 4:23 ; 11:1 ; 28:18-20.
Le thème de la prédication de Jésus était : “ Repentez-vous, car le royaume des cieux s’est approché. ” (Mt 4:17). Comme un héraut officiel, Jésus attira l’attention de ses auditeurs sur l’activité de son Dieu Souverain, sur le fait qu’ils vivaient un temps décisif et privilégié (Mc 1:14, 15). Comme l’avait prédit Isaïe, non seulement il apporta de bonnes nouvelles, consola les humbles, ceux qui avaient le cœur brisé et les endeuillés, et proclama la libération aux captifs, mais encore il annonça “ le jour de vengeance de la part de notre Dieu ”. (Is 61:2.) Il annonça hardiment les desseins de Dieu, ses décrets, ses ordres et ses jugements devant des dirigeants et devant le peuple.
Après la mort de Jésus. Après la mort de Jésus, et surtout à partir de la Pentecôte 33 de n. è., ses disciples poursuivirent l’œuvre de prédication, d’abord parmi les Juifs et par la suite auprès de toutes les nations. Oints par l’esprit saint, ils reconnaissaient être des hérauts autorisés et en informèrent leurs auditeurs à maintes reprises (Ac 2:14-18 ; 10:40-42 ; 13:47 ; 14:3 ; voir aussi Rm 10:15), tout comme Jésus avait souligné qu’il avait été ‘ envoyé par Dieu ’ (Lc 9:48 ; Jn 5:36, 37 ; 6:38 ; 8:18, 26, 42) qui lui avait donné ‘ un commandement quant à ce qu’il devait dire et à ce qu’il devait prononcer ’. (Jn 12:49.) C’est pourquoi, lorsqu’on leur ordonna de cesser de prêcher, les disciples répondirent : “ S’il est juste aux yeux de Dieu de vous écouter plutôt que Dieu, à vous d’en juger. Mais pour nous, nous ne pouvons cesser de parler des choses que nous avons vues et entendues. ” “ Nous devons obéir à Dieu, en sa qualité de chef, plutôt qu’aux hommes. ” (Ac 4:19, 20 ; 5:29, 32, 42). Cette activité de prédication était une partie essentielle de leur culte, un moyen de louer Dieu, une condition requise pour obtenir le salut (Rm 10:9, 10 ; 1Co 9:16 ; Hé 13:15 ; voir aussi Lc 12:8). Tous les disciples, hommes et femmes, devaient donc y participer, et ce jusqu’à “ l’achèvement du système de choses ”. — Mt 28:18-20 ; Lc 24:46-49 ; Ac 2:17 ; voir aussi Ac 18:26 ; 21:9 ; Rm 16:3.
Ces premiers prédicateurs chrétiens n’étaient pas des hommes extrêmement instruits selon les critères du monde. Les membres du Sanhédrin remarquèrent que les apôtres Pierre et Jean étaient “ des hommes sans instruction et des gens ordinaires ”. (Ac 4:13.) À propos de Jésus lui-même, “ les Juifs [...] s’étonnaient et disaient : ‘ Comment cet homme sait-il les lettres, alors qu’il n’a pas fait d’études ? ’ ” (Jn 7:15). On retrouve ces idées chez les historiens profanes. “ Celse, le premier écrivain à s’en prendre au christianisme, s’en moque parce que des ouvriers, des cordonniers, des cultivateurs, les plus ignorants et les plus rustres des hommes, sont les prédicateurs zélés de l’Évangile. ” (Allgemeine Geschichte der christlichen Religion und Kirche, par August Neander, 1842, vol. 1, p. 120). Paul expliqua les choses ainsi : “ Car vous voyez votre appel, frères : qu’il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair qui ont été appelés, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de gens de haute naissance ; mais Dieu a choisi les choses sottes du monde pour faire honte aux sages. ” — 1Co 1:26, 27.
Néanmoins, bien qu’ils n’aient pas reçu une éducation poussée dans les écoles du monde, les premiers prédicateurs chrétiens n’étaient pas sans formation. Jésus en avait donné une solide aux 12 apôtres avant de les envoyer prêcher (Mt 10). Cette formation ne consistait pas simplement en des instructions, mais c’était une formation pratique. — Lc 8:1.
Le thème de la prédication des chrétiens resta “ le royaume de Dieu ”. (Ac 20:25 ; 28:31.) Toutefois, comparativement à celle faite avant la mort de Christ, leur proclamation s’était enrichie de nouveaux éléments. “ Le saint secret ” du dessein de Dieu avait été révélé grâce à Christ ; sa mort sacrificielle était devenue un aspect essentiel de la vraie foi (1Co 15:12-14) ; sa position élevée de Roi et Juge désigné par Dieu devait être connue, reconnue et acceptée avec soumission par quiconque voulait obtenir la faveur divine et la vie (2Co 4:5). Ainsi, il est souvent dit des disciples qu’ils ‘ prêchaient Christ Jésus ’. (Ac 8:5 ; 9:20 ; 19:13 ; 1Co 1:23.) Si on analyse leur prédication, on constate clairement qu’en ‘ prêchant Christ ’ ils ne le mettaient pas à part dans la pensée de leurs interlocuteurs comme s’il était d’une quelconque façon indépendant ou détaché du Royaume de Dieu et de son dessein en général. Ils proclamaient plutôt ce que Jéhovah Dieu avait fait pour son Fils et par lui, comment les desseins de Dieu s’accomplissaient et s’accompliraient en Jésus (2Co 1:19-21). Ainsi, toute cette prédication était à la louange et à la gloire de Dieu lui-même, “ par Jésus Christ ”. — Rm 16:25-27.
Leur prédication n’était pas pour les chrétiens simplement un devoir, pas plus que leur proclamation ne consistait seulement à énoncer un message de façon formelle. Elle émanait de la foi qu’ils nourrissaient dans leur cœur, et ils l’effectuaient avec le désir d’honorer Dieu et par amour pour autrui à qui ils espéraient apporter le salut (Rm 10:9-14 ; 1Co 9:27 ; 2Co 4:13). En conséquence, ces prédicateurs étaient disposés à se faire traiter de sots par les sages du monde ou à être persécutés en hérétiques par les Juifs (1Co 1:21-24 ; Ga 5:11). C’est pour cette raison aussi qu’ils ajoutaient à leur prédication le raisonnement et la persuasion, afin d’aider leurs auditeurs à croire et à exercer la foi (Ac 17:2 ; 28:23 ; 1Co 15:11). Paul déclara qu’il avait été établi “ prédicateur et apôtre et enseignant ”. (2Tm 1:11.) Ces chrétiens n’étaient pas des hérauts salariés, mais des adorateurs voués qui donnaient de leur personne, de leur temps et de leurs forces à l’activité de prédication. — 1Th 2:9.
Comme tous ceux qui devenaient disciples se faisaient aussi prédicateurs de la Parole, la bonne nouvelle se répandit rapidement, et au moment où Paul écrivit sa lettre aux Colossiens (vers 60-61 de n. è., soit environ 27 ans après la mort de Christ), il pouvait dire au sujet de la bonne nouvelle : “ [Elle] a été prêchée dans toute la création qui est sous le ciel. ” (Col 1:23). La prophétie de Christ concernant la ‘ prédication de la bonne nouvelle dans toutes les nations ’ connut donc un certain accomplissement avant la destruction de Jérusalem et de son temple en 70 de n. è. (Mt 24:14 ; Mc 13:10 ; CARTE, vol. 2, p. 744.) Les paroles mêmes de Jésus, ainsi que le livre de la Révélation écrit après cette destruction, indiquent que cette prophétie connaîtrait un accomplissement plus grand à l’époque où le Christ commencerait à régner et avant la destruction de tous les adversaires de son Royaume, époque où il serait logique qu’une grande œuvre de proclamation s’effectue. — Ré 12:7-12, 17 ; 14:6, 7 ; 19:5, 6 ; 22:17.
À la suite de leurs efforts, quels résultats les prédicateurs chrétiens devaient-ils escompter ? L’expérience de Paul fut que “ les uns se mirent à croire ce qui était dit, les autres refusaient de croire ”. (Ac 28:24.) La véritable prédication chrétienne, qui est fondée sur la Parole de Dieu, appelle obligatoirement une réaction, quelle qu’elle soit. Elle est vigoureuse, dynamique et, surtout, place les gens devant un choix. Certains deviennent de farouches adversaires du message du Royaume (Ac 13:50 ; 18:5, 6). D’autres écoutent quelque temps, mais finalement se détournent pour diverses raisons (Jn 6:65, 66). D’autres encore acceptent la bonne nouvelle et agissent en conséquence. — Ac 17:11 ; Lc 8:15.
“ De maison en maison. ” Jésus portait directement aux gens le message du Royaume, les enseignant en public et à leur domicile (Mt 5:1 ; 9:10, 28, 35). Quand il envoya ses premiers disciples prêcher, il leur donna cette directive : “ Dans quelque ville ou village que vous entriez, cherchez qui en cet endroit est digne. ” (Mt 10:7, 11-14). Cette ‘ recherche ’, logiquement, consisterait entre autres à aller chez les gens : c’est là que les personnes ‘ dignes ’ écouteraient le message et que les disciples trouveraient le gîte pour la nuit. — Lc 9:1-6.
Plus tard, Jésus “ en désigna soixante-dix autres et les envoya deux par deux en avant de lui dans toute ville et tout lieu où lui-même allait arriver ”. Ils ne devaient pas seulement prêcher dans des lieux publics, mais aussi aller trouver les gens chez eux. Jésus ajouta cette instruction : “ Partout où vous entrerez dans une maison, dites d’abord : ‘ Paix à cette maison. ’ ” — Lc 10:1-7.
Les jours qui suivirent la Pentecôte 33 de n. è., les disciples de Jésus continuèrent d’apporter la bonne nouvelle directement chez les gens. On leur ordonna bien de “ cesser de parler ”, pourtant, dit le récit inspiré, “ chaque jour, dans le temple et de maison en maison, ils continuaient sans arrêt à enseigner et à annoncer la bonne nouvelle concernant le Christ, Jésus ”. (Ac 5:40-42 ; voir aussi Da ; DG ; Od.) L’expression “ de maison en maison ” est la traduction du grec katʼ oïkon, littéralement “ selon la maison ” ; le sens de la préposition grecque kata est distributif (“ de maison en maison ”) et pas seulement adverbial (‘ à la maison ’) (voir MN, note). Cette façon de trouver les gens — en allant directement chez eux — porta des fruits étonnants. “ Le nombre des disciples se multipliait considérablement à Jérusalem. ” — Ac 6:7 ; voir aussi Ac 4:16, 17 et 5:28.
L’apôtre Paul dit aux anciens d’Éphèse : “ Depuis le premier jour où j’ai mis le pied dans le district d’Asie, [...] je ne me retenais pas de vous annoncer toutes les choses qui étaient profitables et de vous enseigner en public et de maison en maison. Mais j’ai pleinement rendu témoignage tant devant les Juifs que devant les Grecs sur la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus. ” (Ac 20:18-21 ; voir aussi Ch ; De ; Lau ; Od). Ici Paul parlait de ses efforts pour prêcher à ces hommes du temps où ils étaient encore des incroyants, des personnes ayant besoin d’en apprendre “ sur la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus ”. Ainsi, dès le début de son service missionnaire en Asie, Paul chercha “ de maison en maison ” les gens attirés par les choses spirituelles. Quand il en trouvait, il revenait certainement les voir chez eux pour compléter leur enseignement et, une fois qu’ils étaient devenus croyants, pour les fortifier dans la foi. A. Robertson, dans son ouvrage Word Pictures in the New Testament, commente Actes 20:20 comme suit : “ Par (selon les) maisons. Il est intéressant de remarquer que ce prédicateur, le plus grand de tous, prêchait de maison en maison et que ses visites n’étaient pas que de simples visites amicales. ” — 1930, vol. III, p. 349, 350.
La prédication dans la congrégation. Dans la plupart des cas, l’activité de prédication rapportée dans les Écritures grecques chrétiennes a trait à la proclamation effectuée en dehors de la congrégation. Toutefois, l’exhortation de Paul à Timothée, “ prêche la parole, fais-le avec insistance en époque favorable, en époque difficile ”, concerne aussi la prédication à l’intérieur de la congrégation, celle qu’effectuent les surveillants en général (2Tm 4:2). La lettre de Paul à Timothée est une lettre pastorale, c’est-à-dire qu’elle s’adressait à quelqu’un qui faisait œuvre de berger parmi les chrétiens ; elle offre donc des conseils relatifs à ce ministère de surveillance. Avant d’exhorter Timothée à ‘ prêcher la parole ’, Paul l’avait averti que l’apostasie commençait à se manifester et qu’elle allait prendre de grandes proportions (2Tm 2:16-19 ; 3:1-7). Après avoir encouragé Timothée à rester attaché à “ la parole ” dans sa prédication et à ne pas s’en écarter, Paul montre qu’il est nécessaire de prêcher avec insistance, car, dit-il, “ il y aura une période où ils ne supporteront pas l’enseignement salutaire ”, mais rechercheront plutôt des enseignants qui les enseigneront selon leurs propres désirs, et donc “ détourneront leurs oreilles de la vérité ”. Par conséquent, il ne parle pas ici des personnes de l’extérieur, mais des membres de la congrégation (2Tm 4:3, 4). Timothée devait donc veiller à ne pas perdre son équilibre spirituel, mais à annoncer fidèlement et hardiment la Parole de Dieu (et non des philosophies humaines ou des spéculations inutiles) aux frères, même si cela risquait de lui causer des ennuis et des souffrances de la part de ceux qui, dans la congrégation, étaient mal disposés (voir 1Tm 6:3-5, 20, 21 ; 2Tm 1:6-8, 13 ; 2:1-3, 14, 15, 23-26 ; 3:14-17 ; 4:5). Ce faisant, il constituerait un obstacle à l’apostasie et, à l’instar de Paul, il serait dégagé de toute responsabilité de meurtre. — Ac 20:25-32.
Dans quelle intention Jésus prêcha-t-il “ aux esprits en prison ” ?
En 1 Pierre 3:19, 20, après avoir parlé de la résurrection de Jésus à la vie spirituelle, l’apôtre dit : “ C’est aussi dans cet état qu’il est allé prêcher aux esprits en prison, qui, autrefois, avaient désobéi, quand la patience de Dieu attendait aux jours de Noé, pendant que se construisait l’arche. ” Un ouvrage commente ce texte ainsi : “ En I Pi. 3:19, il n’est probablement pas question d’un évangile (rien n’indique vraiment que Noé ait prêché un tel évangile, ni que les esprits des gens d’avant le déluge aient été à proprement parler ‘ en prison ’), mais de l’action de Christ après sa résurrection, qui alla proclamer sa victoire aux esprits angéliques déchus. ” (Vine’s Expository Dictionary of Old and New Testament Words, 1981, vol. 3, p. 201). Comme on l’a dit, kêrussô désigne une proclamation, non seulement de quelque chose de bon, mais aussi de quelque chose de mauvais, comme lorsque Yona annonça la destruction imminente de Ninive. Les seuls esprits emprisonnés qui soient mentionnés dans les Écritures sont les anges de l’époque de Noé qui furent “ livrés à des fosses d’obscurité profonde ” (2P 2:4, 5) et “ réservés avec des liens éternels, sous l’obscurité profonde, pour le jugement du grand jour ”. (Jude 6.) Par conséquent, la prédication de Jésus ressuscité à ces anges injustes ne put être qu’une prédication de condamnation. On notera que le livre de la Révélation transmis en vision à Jean par Christ Jésus vers la fin du Ier siècle de n. è. contient d’amples informations sur Satan le Diable et sur ses démons ainsi que sur leur destruction finale ; c’est donc une prédication de condamnation (Ré 12-20). Le fait que Pierre utilisa un temps du passé (“ est allé prêcher ”) indique que cette prédication avait été effectuée avant qu’il ne rédige sa première lettre.