ALLIANCE
Accord passé entre deux ou plusieurs personnes qui décident de faire ou de s’abstenir de faire une certaine chose ; pacte ou contrat. Le mot hébreu berith, dont l’étymologie est incertaine, apparaît plus de 280 fois dans les Écritures hébraïques, dont plus de 80 fois dans les cinq livres de Moïse. Il a pour sens fondamental “ alliance ” et se rapproche du terme juridique moderne “ contrat ” ; c’est ce qu’attestent des tablettes cunéiformes découvertes en 1927 à Qatna, une ville non israélite de l’Antiquité située au S.-E. de Hamath. “ Le contenu des deux tablettes [sur 15 trouvées] est simple. La tablette A renferme une liste de noms [...]. La tablette B est une liste de rations [...]. La liste A est donc un pacte dans lequel les hommes en question [...] acceptent d’entrer au service de quelqu’un ou d’assumer certaines obligations. La liste B, rédigée par le même scribe, illustre ensuite la nature du pacte ; les hommes devaient recevoir des rations déterminées en échange de leurs services. [...] Le concept israélite de berit, ‘ alliance ’, était un thème central dans la théologie yahviste. Nous sommes ici en présence de la première mention écrite extrabiblique de ce mot dans l’Antiquité — pas plus tard qu’au premier tiers du XIVe siècle av. n. è. ” — Bulletin of the American Schools of Oriental Research, février 1951, p. 22.
Dans certaines traductions des Écritures grecques chrétiennes, le mot diathêkê est rendu tantôt par “ alliance ” tantôt par “ testament ”. (Testamentum, Vg.) Or voici ce qu’on peut lire dans une encyclopédie (Cyclopædia, par J. M’Clintock et J. Strong, 1891) à l’article “ Alliance ” : “ Il ne semble pas cependant qu’il soit nécessaire d’introduire un mot nouveau [autre que “ alliance ”] qui exprimerait une idée nouvelle. La Sept[ante] ayant partout dans l’A. T. traduit par [diathêkê] l’hébreu [berith] (qui ne signifie jamais testament, mais toujours alliance ou accord), on en conclut tout naturellement que les rédacteurs du N. T., en adoptant ce terme, ont voulu transmettre la même notion à leurs lecteurs dont la plupart connaissaient l’A. T. grec. En outre, dans la majorité des cas, ce qu’on a appelé ‘ alliance ’ (berith) dans l’A. T. est également mentionné dans le N. T. : c’est la même chose (p. ex. 2Cor. iii, 14 ; Héb. vii, ix ; Rév. xi, 19) ; alors que dans un contexte identique, le même mot et la même chose dans le grec sont rendus en anglais [dans KJ] tantôt par ‘ alliance ’ et tantôt par ‘ testament ’. (Héb. vii, 22 ; viii, 8-13 ; ix, 15.) ” — Voir aussi Appendice MN, p. 1713, 1714.
À plusieurs reprises dans la lettre aux Hébreux (Hé 7:22 ; 8:6, 8, 9, 10 ; 9:4, 15, 16, 17, 20), l’écrivain emploie le mot diathêkê dans le sens indéniable d’alliance, qui est celui du vocable hébreu ; il cite même Jérémie 31:31-34 et mentionne “ l’arche de l’alliance ”. Or, en traduisant ces versets de Jérémie, la Septante emploie le terme diathêkê pour rendre l’hébreu berith, qui signifie “ alliance ”. Pareillement, Hébreux 9:20 cite en partie Exode 24:6-8, où il est incontestablement question d’une alliance.
Emploi du mot. Les alliances impliquaient toujours deux parties ou davantage. Elles pouvaient être unilatérales (quand un seul des contractants avait la responsabilité d’en satisfaire les termes), ou bilatérales (lorsque les deux contractants avaient des obligations). La Bible parle d’alliances dont Dieu est un des contractants, mais aussi d’autres alliances entre des hommes ou entre des tribus, des nations ou des groupes de personnes. Rompre une alliance était un péché grave. — Éz 17:11-20 ; Rm 1:31, 32.
Le terme “ alliance ” s’applique à une ordonnance formelle, par exemple l’ordonnance relative au pain de proposition (Lv 24:8), ou à une création de Dieu régie par ses lois, telle que la succession immuable du jour et de la nuit (Jr 33:20). Il est encore employé dans un sens figuré, par exemple dans l’expression “ alliance avec la Mort ”. (Is 28:18.) Jéhovah parle aussi d’une alliance en ce qui concerne les bêtes sauvages (Ho 2:18). Un contrat de mariage est également qualifié d’alliance (Ml 2:14). Quant à l’expression “ les propriétaires (maîtres) d’une alliance ”, elle a le sens d’“ alliés ”, comme en Genèse 14:13.
D’une certaine façon, toute promesse faite par Jéhovah est une alliance ; elle est immanquablement tenue ; on peut être sûr qu’elle se réalisera (Hé 6:18). Une alliance est valide aussi longtemps que ses clauses restent en vigueur et qu’une partie ou les deux sont sous l’obligation de les respecter. Les conséquences d’une alliance ou les bénédictions qui en découlent peuvent se prolonger longtemps, voire à jamais.
Diverses manières de ratifier une alliance. Souvent, on prenait Dieu à témoin (Gn 31:50 ; 1S 20:8 ; Éz 17:13, 19). On jurait ou prêtait serment (Gn 31:53 ; 2R 11:4 ; Ps 110:4 ; Hé 7:21). Parfois, en guise de signe ou de témoignage, on offrait un présent (Gn 21:30), on dressait une colonne ou un tas de pierres (Gn 31:44-54), ou bien on donnait un nom à un lieu (Gn 21:31). Une fois, Jéhovah se servit de l’arc-en-ciel (Gn 9:12-16). Une manière de ratifier une alliance consistait à tuer et à découper des animaux, après quoi les contractants de l’alliance passaient entre les morceaux ; c’est de cette coutume que vient l’hébraïsme ‘ couper une alliance ’. (Gn 15:9-11, 17, 18, note ; Jr 34:18, note, 34:19.) Parfois, la conclusion d’une alliance s’accompagnait de réjouissances (Gn 26:28, 30). Elle pouvait donner lieu à un repas de communion, comme lorsque fut conclue l’alliance de la Loi (Ob 7 ; Ex 24:5, 11). Le contractant de plus haut rang offrait parfois à l’autre un de ses vêtements ou une de ses armes (1S 18:3, 4). Dans certaines nations païennes, les contractants avaient coutume de boire du sang l’un de l’autre ou du sang mélangé à du vin (ils transgressaient ainsi l’interdiction imposée par Dieu à tous les humains en Genèse 9:4, et à Israël sous la Loi) et d’appeler les pires malédictions sur la partie qui violerait l’alliance.
La Bible emploie l’expression “ alliance de sel ” pour indiquer le caractère permanent et immuable d’une alliance (Nb 18:19 ; 2Ch 13:5 ; Lv 2:13). Chez les anciens, manger le sel ensemble était un signe d’amitié et sous-entendait une fidélité durable ; manger du sel avec les sacrifices de communion était symbole de fidélité perpétuelle.
Documents écrits. Les Dix Commandements furent écrits sur de la pierre par le “ doigt de Dieu ”. (Ex 31:18 ; 32:16.) Jérémie rédigea un acte, y apposa un sceau et prit des témoins (Jr 32:9-15) ; on a découvert des tablettes d’argile de l’Antiquité qui exposaient les termes de contrats. Souvent on scellait ces tablettes dans des enveloppes d’argile.
La promesse faite en Éden. Dans le jardin d’Éden, en présence d’Adam, d’Ève et du “ serpent ”, Jéhovah Dieu fit connaître son dessein par des paroles prophétiques consignées en Genèse 3:15.
L’identité des parties concernées par cette promesse prophétique a été révélée. La vision donnée à l’apôtre Jean indique, en Révélation 12:9, que le “ serpent ” est Satan le Diable. Les faits démontrent que la “ semence ” de la “ femme ”, semence que les justes ont attendue longtemps, est à identifier avec la “ semence ” d’Abraham, Jésus Christ (Ga 3:16 ; Mt 1:1). Elle devait être meurtrie au talon par le serpent. Or, Jésus Christ fut mis à mort, mais ce ne fut pas une blessure permanente puisque Dieu le ressuscita. À son tour, la “ semence ” doit meurtrir le serpent à la tête et lui infliger une défaite irrémédiable.
Qui est la “ femme ” concernée par l’alliance ? Assurément pas Ève, qui devint ennemie de Dieu. Pour vaincre, “ réduire à rien ”, la créature spirituelle qu’est Satan le Diable, la “ semence ” devrait être non un homme, mais un esprit (Hé 2:14). À sa naissance, Jésus était un Fils humain de Dieu, mais lors de son baptême Dieu le reconnut comme son Fils en envoyant sur lui de l’esprit saint. Jésus devint alors le Fils de Dieu engendré de l’esprit (Mt 3:13-17 ; Jn 3:3-5). Par la suite, quand il fut ressuscité, il fut “ rendu à la vie dans l’esprit ”. (1P 3:18.) Qui donc était la “ mère ”, non de l’enfant humain Jésus, mais du Fils de Dieu engendré de l’esprit ? L’apôtre Paul montre qu’Abraham, Sara, Isaac, Agar et Yishmaël furent les acteurs d’un drame symbolique, dans lequel Isaac représentait ceux qui avaient une espérance céleste, y compris Paul lui-même. L’apôtre ajoute que la “ mère ” de ces chrétiens est “ la Jérusalem d’en haut ”. Or, Jésus Christ les appelle ses “ frères ”, indiquant qu’ils ont la même mère (Hé 2:11). Voilà qui permet d’identifier la “ femme ” de Genèse 3:15 à “ la Jérusalem d’en haut ”. — Ga 4:21-29.
Les termes de la promesse laissaient entendre qu’un certain laps de temps devait s’écouler durant lequel le “ serpent ” engendrerait une “ semence ” et l’inimitié entre les deux ‘ semences ’ irait grandissant. Quelque 6 000 ans ont passé depuis que cette promesse a été faite. Juste avant que commence le Règne millénaire du Christ, le “ serpent ” sera jeté dans l’abîme, c’est-à-dire dans l’inactivité, et après ces mille ans il sera anéanti à jamais. — Ré 20:1-3, 7-10 ; Rm 16:20.
L’alliance avec Noé. Jéhovah Dieu fit une alliance avec Noé, qui représentait sa famille, en rapport avec son dessein qui était de préserver la vie humaine et animale parallèlement à la destruction du monde méchant d’alors (Gn 6:17-21 ; 2P 3:6). Noé avait commencé à avoir des fils après l’âge de 500 ans (Gn 5:32). Quand Dieu révéla son dessein à Noé, ses fils étaient adultes et mariés. Noé devait, pour sa part, construire l’arche, y faire entrer sa femme, ses fils et les femmes de ses fils ainsi que des animaux, et emmagasiner de la nourriture ; Jéhovah allait préserver des êtres de chair sur terre, tant des hommes que des animaux. Noé ayant avec obéissance respecté les clauses de l’alliance, Jéhovah préserva la vie humaine et animale. L’alliance fut entièrement exécutée en 2369 av. n. è., après le déluge, quand les humains et les animaux purent de nouveau vivre sur la terre ferme et reproduire leur espèce. — Gn 8:15-17.
L’alliance de l’arc-en-ciel. L’alliance de l’arc-en-ciel fut conclue en 2369 av. n. è. dans les montagnes d’Ararat, entre Jéhovah Dieu et toute chair (humaine et animale), représentée par Noé et sa famille. Jéhovah déclara qu’il ne détruirait jamais plus toute chair par un déluge. L’arc-en-ciel fut alors donné comme signe de l’alliance, laquelle durera aussi longtemps que des humains vivront sur la terre, donc éternellement. — Gn 9:8-17 ; Ps 37:29.
L’alliance avec Abraham. Selon toute apparence, l’alliance que Dieu conclut avec Abram (Abraham) entra en vigueur quand celui-ci, en route pour Canaan, traversa l’Euphrate. L’alliance de la Loi, quant à elle, fut conclue 430 ans plus tard (Ga 3:17). Jéhovah avait parlé à Abraham alors qu’il vivait en Mésopotamie, à Our des Chaldéens, pour lui dire de se rendre dans le pays qu’il lui montrerait (Ac 7:2, 3 ; Gn 11:31 ; 12:1-3). Exode 12:40, 41 (LXX) révèle qu’à la fin de 430 ans d’habitation en Égypte et en Canaan, “ en ce jour-là même ” les Israélites sortirent d’Égypte où ils étaient esclaves. Ils furent libérés le 14 Nisan 1513 av. n. è., date de la Pâque (Ex 12:2, 6, 7). Cela semble donc indiquer qu’Abraham, en chemin pour Canaan, avait traversé l’Euphrate le 14 Nisan 1943, et sans doute est-ce à ce moment-là que prit effet l’alliance abrahamique. Après qu’Abraham eut pénétré en Canaan jusqu’à Shekèm, Dieu lui apparut de nouveau et élargit sa promesse, en disant : “ À ta semence je donnerai ce pays. ” Il indiquait par là le rapport entre cette alliance et la promesse faite en Éden, et révélait que la “ semence ” passerait par les humains, c’est-à-dire viendrait par une ligne humaine (Gn 12:4-7). Jéhovah élargit encore sa promesse par la suite, selon ce que rapporte Genèse 13:14-17 ; 15:18 ; 17:2-8, 19 ; 22:15-18.
Les promesses rattachées à cette alliance furent transmises aux descendants d’Abraham par Isaac (Gn 26:2-4) et Jacob (Gn 28:13-15 ; 35:11, 12). L’apôtre Paul explique que Christ (le principal membre) et ceux qui sont en union avec lui constituent la vraie “ semence ”. — Ga 3:16, 28, 29.
Dieu révéla le but de l’alliance abrahamique et ce qu’elle apporterait : par Abraham viendrait la semence de la promesse ; elle posséderait la porte de ses ennemis ; issue d’Abraham par Isaac, elle deviendrait nombreuse, impossible à compter pour l’homme à cette époque ; le nom d’Abraham serait rendu grand ; la semence posséderait la Terre promise ; toutes les familles de la terre se béniraient par le moyen de la semence (voir les textes de la Genèse indiqués plus haut). Ces promesses connurent un accomplissement littéral, qui figurait le grand accomplissement par le moyen du Christ. Paul donne des renseignements complémentaires sur la nature symbolique et prophétique des clauses de cette alliance quand il dit qu’Abraham, Sara, Isaac, Agar et Yishmaël furent les acteurs d’un drame symbolique. — Ga 4:21-31.
L’alliance abrahamique est une “ alliance pour des temps indéfinis ”, dont les clauses exigent qu’elle dure jusqu’à ce que deviennent effectives la destruction de tous les ennemis de Dieu et la bénédiction des familles de la terre. — Gn 17:7 ; 1Co 15:23-26.
Dans un examen de l’alliance abrahamique et de l’alliance de la Loi, Paul énonça le principe selon lequel “ il n’y a pas de médiateur lorsqu’il n’y a qu’une seule personne en cause ”, et il ajouta que “ Dieu n’est qu’un seul ”. (Ga 3:20 ; voir MÉDIATEUR.) L’alliance que Jéhovah contracta avec Abraham était unilatérale. Cette alliance était en réalité une promesse, car pour tenir sa promesse Jéhovah ne posa aucune condition à Abraham (Ga 3:18). C’est pourquoi un médiateur était inutile. Par contre, l’alliance de la Loi était bilatérale. Elle fut conclue entre Jéhovah et la nation d’Israël, et elle eut Moïse pour médiateur. Les Israélites acceptèrent les clauses de cette alliance en promettant solennellement d’obéir à la Loi (Ex 24:3-8). Cette alliance n’invalida pas l’alliance abrahamique. — Ga 3:17, 19.
L’alliance de la circoncision. L’alliance de la circoncision fut scellée en 1919 av. n. è., alors qu’Abraham avait 99 ans. Jéhovah la conclut avec le patriarche et sa semence selon la chair ; tous les mâles de sa maisonnée, y compris les esclaves, devaient être circoncis ; quiconque refusait devait être retranché de son peuple (Gn 17:9-14). Plus tard, Dieu décréta que tout résident étranger qui désirait manger la Pâque (celui qui souhaitait devenir un adorateur de Jéhovah avec Israël) aurait à circoncire les mâles de sa maisonnée (Ex 12:48, 49). La circoncision servait de sceau de la justice par la foi qu’avait Abraham alors qu’il était dans l’état d’incirconcision, et de signe physique de la relation d’alliance qui liait ses descendants par Jacob avec Jéhovah (Rm 4:11, 12). Dieu reconnut la circoncision jusqu’à la fin de l’alliance de la Loi, en 33 de n. è. (Rm 2:25-28 ; 1Co 7:19 ; Ac 15.) Même si on pratiquait la circoncision sous la Loi, Jéhovah montra à maintes reprises qu’il attachait bien plus d’importance à sa signification symbolique en conseillant aux Israélites de ‘ circoncire le prépuce de leur cœur ’. — Dt 10:16 ; Lv 26:41 ; Jr 9:26 ; Ac 7:51.
L’alliance de la Loi. L’alliance de la Loi que Jéhovah contracta avec la nation de l’Israël selon la chair fut conclue durant le troisième mois qui suivit la sortie d’Égypte, en 1513 av. n. è. (Ex 19:1.) C’était une alliance nationale. Tout Israélite était, de par sa naissance, dans cette alliance de la Loi et, par conséquent, se trouvait dans cette relation spéciale avec Jéhovah. La Loi se présentait sous la forme d’un code agencé avec ordre, dont les ordonnances étaient classifiées. Des anges la transmirent par la main d’un médiateur, Moïse, et elle entra en vigueur au moyen d’un sacrifice d’animaux (à la place de Moïse, le médiateur ou “ l’homme faisant l’alliance ”) au mont Sinaï (Ga 3:19 ; Hé 2:2 ; 9:16-20). À cette époque-là, Moïse fit l’aspersion sur l’autel de la moitié du sang des animaux sacrifiés, puis il lut le livre de l’alliance au peuple, qui accepta d’obéir. Ensuite Moïse prit du sang et en fit l’aspersion sur le livre ainsi que sur le peuple (Ex 24:3-8). Sous la Loi fut établie une prêtrise dans la maison d’Aaron, de la famille de Qehath de la tribu de Lévi (Nb 3:1-3, 10). La charge de grand prêtre fut transmise héréditairement d’Aaron à ses fils, Éléazar succédant à Aaron, Phinéas succédant à Éléazar, et ainsi de suite. — Nb 20:25-28 ; Jos 24:33 ; Jg 20:27, 28.
Les clauses de l’alliance de la Loi prévoyaient que, s’ils l’observaient, les Israélites constitueraient un peuple pour le nom de Jéhovah, un royaume de prêtres et une nation sainte, et qu’ils recevraient la bénédiction divine (Ex 19:5, 6 ; Dt 28:1-14). Par contre, s’ils violaient l’alliance, ils seraient maudits (Dt 28:15-68). Voici quels étaient les buts de l’alliance de la Loi : rendre les transgressions manifestes (Ga 3:19) ; mener les Juifs à Christ (Ga 3:24) ; servir d’ombre des bonnes choses à venir (Hé 10:1 ; Col 2:17) ; préserver les Juifs de la fausse religion, la religion païenne, et sauvegarder le vrai culte de Jéhovah ; protéger la ligne de la semence de la promesse. Ajoutée à celle que Dieu avait conclue avec Abraham (Ga 3:17-19), cette alliance organisait la semence-nation issue de ce patriarche par Isaac et Jacob.
L’alliance de la Loi apporta des bienfaits à d’autres qui n’étaient pas des Israélites selon la chair, car ils pouvaient devenir prosélytes en se faisant circoncire et recevoir ainsi nombre des bienfaits rattachés à la Loi. — Ex 12:48, 49.
Comment l’alliance de la Loi devint-elle “ périmée ” ?
Cependant, l’alliance de la Loi devint en un sens “ périmée ” quand Dieu annonça par l’intermédiaire du prophète Jérémie qu’il y aurait une alliance nouvelle (Jr 31:31-34 ; Hé 8:13). En 33 de n. è., elle fut annulée du fait de la mort de Christ sur le poteau de supplice (Col 2:14) et fut remplacée par l’alliance nouvelle. — Hé 7:12 ; 9:15 ; Ac 2:1-4.
L’alliance avec la tribu de Lévi. Jéhovah fit avec la tribu de Lévi une alliance aux termes de laquelle toute cette tribu devait être mise à part pour constituer le groupe du service au tabernacle, dont la prêtrise. Elle fut conclue dans le désert du Sinaï en 1512 av. n. è. (Ex 40:2, 12-16 ; Ml 2:4.) Aaron et ses fils, de la famille de Qehath, devaient être prêtres, tandis que les familles restantes de Lévi s’acquitteraient d’autres tâches, telles que dresser le tabernacle, le déplacer, etc. (Nb 3:6-13 ; chap. 4.) Par la suite, les Lévites servirent de cette même façon au temple (1Ch 23). L’installation des prêtres dura du 1er au 7 Nisan 1512, et ils commencèrent à servir le 8 Nisan (Lv chap. 8, 9). Les Lévites n’eurent pas d’héritage dans le pays ; ils recevaient des dîmes que leur versaient les autres tribus, et ils avaient des villes-enclaves où habiter (Nb 18:23, 24 ; Jos 21:41). Phinéas défendit avec un tel zèle l’attachement exclusif dû à Jéhovah que Dieu fit une alliance de paix avec lui, une alliance de prêtrise, pour lui et sa descendance, pour des temps indéfinis (Nb 25:10-13). L’alliance avec Lévi resta en vigueur jusqu’à la fin de celle de la Loi. — Hé 7:12.
L’alliance avec Israël en Moab. En 1473 av. n. è., juste avant que les Israélites n’entrent en Terre promise, Jéhovah fit en Moab une alliance avec l’Israël selon la chair (Dt 29:1 ; 1:3). En cette circonstance, Moïse répéta une bonne partie de la Loi et l’expliqua. Cette alliance avait pour but d’encourager les Israélites à rester fidèles à Jéhovah, mais aussi d’apporter des modifications et de donner certaines lois nécessaires aux Israélites du fait qu’ils passaient de la vie de nomades à celles de sédentaires dans le pays (Dt 5:1, 2, 32, 33 ; 6:1 ; comparer Lv 17:3-5 avec Dt 12:15, 21). Cette alliance prit fin quand fut abolie l’alliance de la Loi, car elle en faisait partie intégrante.
L’alliance avec le roi David. Cette alliance, dont les parties contractantes étaient Jéhovah et David (qui représentait sa famille), fut conclue au cours du règne de ce roi à Jérusalem (1070-1038 av. n. è.) (2S 7:11-16). Elle prévoyait qu’un fils de la lignée de David posséderait le trône à jamais et qu’il bâtirait une maison pour le nom de Jéhovah. Le but de Dieu, en contractant cette alliance, était de doter les Juifs d’une dynastie royale, de donner à Jésus, l’héritier de David, le droit légal au trône davidique, le “ trône de Jéhovah ” (1Ch 29:23 ; Lc 1:32), et de permettre de l’identifier au Messie (Éz 21:25-27 ; Mt 1:6-16 ; Lc 3:23-31). Cette alliance n’incluait pas de prêtrise. Les prêtres lévitiques servaient conjointement avec les rois de la lignée davidique, mais la Loi stipulait la séparation stricte de la prêtrise et de la royauté. Puisque Jéhovah reconnaît cette royauté et agira par elle à jamais, cette alliance durera éternellement. — Is 9:7 ; 2P 1:11.
L’alliance pour être prêtre à la manière de Melkisédec. Cette alliance est consignée en Psaume 110:4, et le rédacteur du livre biblique des Hébreux (7:1-3, 15-17) l’applique au Christ. Jéhovah a conclu cette alliance avec Jésus Christ uniquement. Jésus y fit apparemment allusion lorsqu’il conclut une alliance pour un royaume avec ses disciples (Lc 22:29). Par serment de Jéhovah, Jésus Christ, le Fils céleste de Dieu, serait prêtre à la manière de Melkisédec. Melkisédec fut roi et prêtre de Dieu sur la terre. Jésus Christ assumerait la double charge de Roi et de Grand Prêtre, non pas sur la terre, mais au ciel. Il fut installé dans cette fonction de manière permanente après son ascension (Hé 6:20 ; 7:26, 28 ; 8:1). Cette alliance restera toujours valide puisque Jésus exercera à jamais les fonctions de Roi et de Grand Prêtre sous la direction de Jéhovah. — Hé 7:3.
La nouvelle alliance. Jéhovah prédit la nouvelle alliance par le prophète Jérémie au VIIe siècle av. n. è., en précisant qu’elle ne serait pas comme l’alliance de la Loi, qu’Israël avait rompue (Jr 31:31-34). Quand, le 14 Nisan 33 de n. è., la nuit qui précéda sa mort, Jésus Christ institua la célébration du Repas du Seigneur, il annonça la nouvelle alliance, que son sacrifice validerait (Lc 22:20). Le 50e jour à compter de sa résurrection, dix jours après être monté vers son Père, Jésus répandit l’esprit saint, qu’il avait reçu de Jéhovah, sur ses disciples réunis dans une chambre haute à Jérusalem. — Ac 2:1-4, 17, 33 ; 2Co 3:6, 8, 9 ; Hé 2:3, 4.
Les parties contractantes de la nouvelle alliance sont, d’une part, Jéhovah et, d’autre part, l’“ Israël de Dieu ”, les chrétiens engendrés de l’esprit et en union avec Christ qui constituent sa congrégation ou son corps (Hé 8:10 ; 12:22-24 ; Ga 6:15, 16 ; 3:26-28 ; Rm 2:28, 29). La nouvelle alliance est validée par le sang versé de Jésus Christ (le sacrifice de sa vie humaine), dont la valeur fut présentée à Jéhovah après l’ascension de Jésus (Mt 26:28). Quand Dieu choisit quelqu’un pour l’appel céleste (Hé 3:1), il le fait entrer dans son alliance sur le sacrifice du Christ (Ps 50:5 ; Hé 9:14, 15, 26). Jésus Christ est le Médiateur de la nouvelle alliance (Hé 8:6 ; 9:15) et la Semence principale d’Abraham (Ga 3:16). Par sa médiation, il aide ceux qui sont dans la nouvelle alliance à devenir partie intégrante de la vraie semence d’Abraham (Hé 2:16 ; Ga 3:29), et ce grâce au pardon de leurs péchés. Jéhovah les déclare justes. — Rm 5:1, 2 ; 8:33 ; Hé 10:16, 17.
Ces frères du Christ, oints et engendrés de l’esprit, deviennent des sous-prêtres du Grand Prêtre, une “ prêtrise royale ”. (1P 2:9 ; Ré 5:9, 10 ; 20:6.) Ils accomplissent une œuvre sacerdotale, un “ service public ” (Ph 2:17), et sont appelés “ ministres d’une nouvelle alliance ”. (2Co 3:6.) Ces appelés doivent suivre les traces de Christ, fidèlement, jusqu’à ce qu’ils abandonnent leur vie dans la mort. Alors, Jéhovah fera d’eux un royaume de prêtres, les fera participants à la nature divine, et les récompensera en leur accordant l’immortalité et l’incorruptibilité en tant que cohéritiers célestes du Christ (1P 2:21 ; Rm 6:3, 4 ; 1Co 15:53 ; 1P 1:4 ; 2P 1:4). Le but de cette alliance est de constituer un peuple pour le nom de Jéhovah qui fasse partie de la “ semence ” d’Abraham (Ac 15:14). Ce groupe d’humains devient l’“ épouse ” du Christ, et c’est eux qu’il fait entrer dans une alliance pour le Royaume, afin qu’ils règnent avec lui (Jn 3:29 ; 2Co 11:2 ; Ré 21:9 ; Lc 22:29 ; Ré 1:4-6 ; 5:9, 10 ; 20:6). En raison de son but, la nouvelle alliance doit rester en vigueur jusqu’à ce que tous les membres de “ l’Israël de Dieu ” soient ressuscités et qu’ils aient revêtu l’immortalité dans les cieux. Une fois ce but atteint, les bienfaits qui en découleront seront éternels. C’est pourquoi la nouvelle alliance peut être appelée “ une alliance éternelle ”. — Hé 13:20.
L’alliance de Jésus avec ses disciples. Jésus conclut cette alliance avec ses apôtres fidèles la nuit du 14 Nisan de l’an 33, après avoir célébré le Repas du Seigneur. Il promit aux 11 apôtres fidèles qu’ils s’assiéraient sur des trônes (Lc 22:28-30 ; voir aussi 2Tm 2:12). Plus tard, il révéla que cette promesse concernait tous les ‘ vainqueurs ’ engendrés de l’esprit (Ré 3:21 ; voir aussi Ré 1:4-6 ; 5:9, 10 ; 20:6). Le jour de la Pentecôte, il inaugura cette alliance en leur faveur en oignant d’esprit saint les disciples qui étaient présents dans la chambre haute à Jérusalem (Ac 2:1-4, 33). Ceux qui lui resteraient attachés malgré les épreuves et qui mourraient d’une mort semblable à la sienne (Ph 3:10 ; Col 1:24) régneraient avec lui, partageraient la royauté avec lui. Cette alliance entre Jésus Christ et ces rois adjoints restera en vigueur à jamais. — Ré 22:5.
Autres alliances. a) Josué et les chefs d’Israël firent avec les habitants de Guibéôn une alliance selon laquelle ils les laisseraient vivre. Bien sûr, c’est en étant trompés qu’ils acceptèrent cette alliance, car les Guibéonites étaient des Cananéens maudits, que les Israélites devaient anéantir (Jos 9:3-15). Cependant, une alliance avait à ce point force de loi que les Israélites laissèrent en vie les Guibéonites, mais en firent des ramasseurs de bois et des puiseurs d’eau pour leur assemblée (Jos 9:16, 19-21, 23, 27). Ils respectèrent l’alliance au point, plus tard, d’être disposés à se battre pour défendre les Guibéonites (Jos 10:6, 7). b) Josué conclut une alliance avec Israël en vue de servir Jéhovah (Jos 24:25, 26). c) À Mitspa, les anciens de Guiléad conclurent avec Yiphtah une alliance aux termes de laquelle ils l’établiraient chef sur les habitants de Guiléad si Jéhovah lui donnait la victoire sur les Ammonites (Jg 11:8-11). d) Yonathân et David conclurent entre eux une alliance personnelle (1S 18:3 ; 20:11-17 ; 23:18) que Saül condamna parce qu’il la considérait comme une conspiration (1S 22:8). e) Hiram, roi de Tyr, porta de l’amitié à David quand celui-ci succéda au roi Saül ; il ‘ aimait David ’. (2S 5:11 ; 1R 5:1.) Ces relations amicales subsistèrent et, quand Salomon monta sur le trône, il passa un contrat avec Hiram qui s’engagea à fournir une grande partie des matériaux nécessaires à la construction du temple (1R 5:2-18). Selon les clauses de ce contrat, des milliers d’ouvriers israélites furent autorisés à entrer au Liban et dans ses forêts. Hiram s’adressa même à Salomon en l’appelant “ mon frère ”. (1R 9:13.) Tyr fournit aussi des matelots pour la flotte de Salomon qui mouillait à Étsiôn-Guéber (1R 9:26, 27). Quand, plus tard, le royaume de Tyr se retourna contre Israël et livra des exilés israélites à Édom, il fut accusé d’avoir violé “ l’alliance de frères ”. (Am 1:9.) f) Le prêtre Yehoïada conclut une alliance avec les chefs de la garde personnelle carienne et des coureurs (2R 11:4 ; 2Ch 23:1-3). g) Les Israélites contractèrent une alliance avec Jéhovah, s’engageant à renvoyer leurs femmes étrangères (Ezr 10:3). h) Jéhovah promit de donner son serviteur en (comme) alliance du (pour le) peuple (Is 42:6 ; 49:8). i) David conclut une alliance avec tous les anciens d’Israël à Hébrôn (1Ch 11:3). j) Sous le règne d’Asa, le peuple entra dans une alliance pour rechercher Jéhovah de tout son cœur et de toute son âme (2Ch 15:12). k) Yoshiya conclut une alliance avec Jéhovah pour garder ses commandements, selon la Loi (2Ch 34:31). l) Les “ vantards ” qui dominaient Jérusalem s’imaginaient à tort qu’ils étaient protégés par une “ alliance avec la Mort ”. — Is 28:14, 15, 18.
On parle d’alliance également quand différentes parties s’unissent, familles, individus ou États, soit par un mariage, soit par un accord mutuel ou un contrat légal. En général, une telle alliance est conclue dans le but de se procurer mutuellement un avantage ou d’atteindre en commun un certain objectif. Le mot hébreu ḥavar signifie littéralement “ être joint ”, mais il est employé au sens figuré pour signifier “ être allié, s’associer ”. (Ex 28:7 ; Ps 94:20 ; 2Ch 20:35.) Le mot ḥavér, de la même famille, désigne un allié ou un associé. — Jg 20:11 ; Ps 119:63.
Abraham contracta très tôt une alliance avec Mamré, Eshkol et Aner, des Amorites. La nature de l’alliance n’est pas précisée, mais ces hommes se joignirent à Abraham dans une expédition contre des rois envahisseurs dont il voulait délivrer son neveu Lot (Gn 14:13-24). Abraham habitait alors en étranger dans un pays dominé par de petits royaumes. Il se peut donc que leurs rois aient exigé de sa part une déclaration solennelle sous la forme d’une alliance avant de lui permettre de résider en paix parmi eux. Cependant, Abraham évita de se créer des obligations inutiles envers ces chefs politiques, comme cela ressort clairement des paroles qu’il adressa au roi de Sodome et qui sont rapportées en Genèse 14:21-24. Plus tard, à Guérar, le roi philistin Abimélek rappela à Abraham son statut d’étranger et lui dit qu’il résidait en Philistie avec son consentement, puis il lui demanda de faire le serment qu’il se conduirait fidèlement envers lui. Abraham jura et, plus tard, après une querelle au sujet des droits sur un puits, il contracta une alliance avec Abimélek. — Gn 20:1, 15 ; 21:22-34.
Isaac, le fils d’Abraham, vint lui aussi habiter à Guérar, mais Abimélek lui demanda par la suite de quitter son voisinage immédiat, ce qu’il fit de bon gré. De nouvelles querelles éclatèrent à propos du droit de puiser de l’eau. Alors Abimélek et ses principaux compagnons vinrent demander à Isaac un serment d’obligation et une alliance, sans aucun doute pour renouveler celle qui avait été contractée avec Abraham. Il y eut un échange de serments garantissant une conduite paisible réciproque (Gn 26:16, 19-22, 26-31 ; voir aussi Gn 31:48-53). L’apôtre Paul écrit que ces patriarches de jadis déclaraient publiquement qu’ils étaient des étrangers et des résidents temporaires, habitant sous des tentes dans le pays, et qu’ils attendaient une ville qui a des fondements véritables et dont Dieu est le bâtisseur et l’auteur. — Hé 11:8-10, 13-16.
La situation était différente quand la nation d’Israël entra en Canaan, la Terre de la promesse. Conformément à la promesse faite à leurs ancêtres, le Dieu Souverain avait donné aux Israélites le plein droit de posséder le pays. Ils n’y entraient donc pas comme des résidents étrangers, et Jéhovah leur interdit de contracter des alliances avec les nations païennes qui y habitaient (Ex 23:31-33 ; 34:11-16). Les Israélites ne devaient se soumettre qu’aux lois et aux ordonnances de Dieu, et non à celles des nations promises à l’expulsion (Lv 18:3, 4 ; 20:22-24). Il leur fut particulièrement déconseillé de s’allier par mariage avec ces nations. De telles alliances les lieraient intimement non seulement à des femmes païennes, mais aussi à leurs familles païennes et à leurs pratiques et coutumes liées à de fausses religions, ce qui les entraînerait dans l’apostasie et dans un piège. — Dt 7:2-4 ; Ex 34:16 ; Jos 23:12, 13.
Les alliances par mariage. Le verbe hébreu ḥathan, qui signifie “ s’allier par mariage ”, est de la même famille que ḥothén (beau-père), ḥathan (époux, gendre), ḥothènèth (belle-mère) et ḥathounnah (mariage). — 1S 18:22 ; Ex 3:1 ; 4:25 ; Gn 19:14 ; Dt 27:23 ; Ct 3:11.
Abraham avait insisté pour que la femme d’Isaac ne soit pas choisie parmi les Cananéennes (Gn 24:3, 4). Isaac donna des instructions identiques à Jacob (Gn 28:1). Lorsque Dina fut violée par Shekèm le Hivite, Hamor, le père du jeune homme, invita la famille de Jacob à s’allier à sa tribu par mariage. Même si les fils de Jacob ne furent pas conséquents avec leur accord de façade, ils emmenèrent captifs les femmes et les enfants hivites après avoir vengé l’honneur de Dina (Gn 34:1-11, 29). Plus tard, Juda prit pour femme une Cananéenne (Gn 38:2). La femme de Joseph était égyptienne (Gn 41:50), et Moïse épousa Tsippora, une Madianite, vraisemblablement celle qui est qualifiée de “ koushite ” en Nombres 12:1 (Ex 2:16, 21). Toutefois, ces mariages avaient été contractés avant l’apparition de la Loi et n’avaient donc pas à être considérés comme des infractions à ses exigences.
Lors de la guerre contre Madiân, les Israélites ne gardèrent en vie que les vierges parmi les femmes et les filles (Nb 31:3, 18, 35). La Loi les autorisait à prendre pour femme une captive de guerre devenue orpheline (Dt 21:10-14). Une fois qu’ils furent en Terre promise, les Israélites firent souvent peu de cas de l’avertissement divin contre les alliances par mariage avec des païens, ce qui leur valut des ennuis et les entraîna dans l’apostasie. — Jg 3:5, 6.
Des alliances par mariage furent parfois conclues dans le but de parvenir à certaines fins. Par exemple, le roi Saül proposa à David de s’allier avec lui par mariage en prenant sa fille Mikal pour femme (1S 18:21-27). Une des six femmes qui, plus tard, à Hébrôn, donnèrent des fils à David était la fille du roi de Gueshour (2S 3:3) ; selon certains, David avait fait cette alliance dans le but d’affaiblir la position d’Ish-Bosheth, son rival, car le petit royaume de Gueshour était situé de l’autre côté de Mahanaïm, la capitale d’Ish-Bosheth. Dès le début de son règne, Salomon s’allia par mariage avec Pharaon en prenant sa fille pour femme (1R 3:1 ; 9:16). Ce mariage et bien d’autres avec des femmes moabites, ammonites, édomites, sidoniennes et hittites finirent par faire succomber Salomon à une idolâtrie grossière (1R 11:1-6). L’alliance que le roi Ahab conclut avec le roi de Sidon en épousant sa fille Jézabel eut les mêmes conséquences désastreuses pour le royaume du Nord, celui d’Israël (1R 16:31-33). Plus tard, Yehoshaphat agit en insensé en s’alliant par mariage à la maison idolâtre d’Ahab, ce qui eut pendant longtemps des conséquences néfastes sur le royaume de Juda. — 2Ch 18:1 ; 21:4-6 ; 22:2-4.
Après l’Exil, Ezra fut scandalisé quand il constata que même les prêtres et les Lévites s’étaient alliés par mariage avec les Cananéens et d’autres peuples du pays. Mais la situation fut promptement redressée (Ezr 9:1-3, 12-14 ; 10:1-5, 10-14, 44). Pourtant, aux jours de Nehémia, Tobia l’Ammonite eut à son tour recours à de telles alliances afin de nouer de solides relations avec la famille sacerdotale de Jérusalem et de constituer une puissante faction d’alliés parmi les nobles de Juda, au point que, transgressant la Loi (Dt 23:3), le prêtre Éliashib fit pour cet Ammonite une salle à manger dans la cour du temple. Indigné, Nehémia jeta dehors tout le mobilier de Tobia. — Ne 6:18 ; 13:4-9, 25-27 ; voir MARIAGE.
Alliances imprudentes avec d’autres nations. Bien que les prophètes de Dieu les aient vigoureusement avertis de ne pas contracter d’alliances avec d’autres nations, les rois de Juda et d’Israël, cédant à la peur ou à l’ambition, négligèrent souvent ces mises en garde (Is 30:2-7 ; Jr 2:16-19, 36, 37 ; Ho 5:13 ; 8:8-10 ; 12:1). Les conséquences finales ne furent jamais bonnes, comme le montrent les exemples suivants.
Asa, roi de Juda, acheta Ben-Hadad Ier, roi de Syrie, avec les trésors royaux afin qu’il rompe son alliance avec Baasha, roi d’Israël (1R 15:18-20). Du fait qu’il s’était ‘ appuyé sur la Syrie ’ plutôt que sur Jéhovah, Asa fut réprimandé par le prophète Hanani, qui lui dit : “ Tu as agi sottement dans cette circonstance, car désormais il existera contre toi des guerres. ” (2Ch 16:7-9). Plus tard, Ahab, roi d’Israël, fit une alliance avec Ben-Hadad II, qu’il avait vaincu, ce qui lui valut une condamnation semblable de la part d’un prophète de Dieu (1R 20:34, 42). Yehoshaphat s’allia à Ahab pour attaquer la Syrie ; après leur défaite, le prophète Yéhou demanda à Yehoshaphat : “ Est-ce le méchant qu’il fallait secourir, et est-ce ceux qui haïssent Jéhovah que tu dois aimer ? C’est pour cela qu’il y a contre toi de l’indignation venant de la personne de Jéhovah. ” (2Ch 18:2, 3 ; 19:2). Par la suite, Yehoshaphat forma une association commerciale de construction navale avec Ahazia, méchant roi d’Israël. Mais la condamnation prophétique de cette entreprise se réalisa quand les navires firent naufrage (2Ch 20:35-37). En revanche, obéissant au conseil de Dieu, Amatsia, roi de Juda, décida avec sagesse de ne pas utiliser les troupes mercenaires provenant d’Israël même si cela lui fit perdre les 100 talents d’argent (660 600 $) qu’il leur avait versés comme salaire. — 2Ch 25:6-10.
Quand, au VIIIe siècle av. n. è., l’Empire assyrien commença à s’élever au rang de puissance mondiale, son ombre menaçante incita les royaumes plus faibles à contracter de nombreuses alliances et à ourdir bien des conspirations (voir Is 8:9-13). La fabrication de nouvelles armes de guerre parmi les nations augmenta aussi la peur (voir 2Ch 26:14, 15). Quand Poul (Tiglath-Piléser III), roi d’Assyrie, attaqua Israël, le roi Menahem le soudoya (2R 15:17-20). Retsîn de Syrie et Péqah d’Israël s’allièrent et conspirèrent contre Ahaz de Juda qui, de son côté, utilisa les trésors royaux et ceux du temple pour acheter la protection de l’Assyrien Tiglath-Piléser III, ce qui aboutit à la chute de Damas, ville syrienne (2R 16:5-9 ; 2Ch 28:16). Hoshéa d’Israël conspira et fit alliance avec So, roi d’Égypte, dans l’espoir vain de rejeter le joug assyrien imposé par Salmanasar V. Il en résulta la chute d’Israël en 740 av. n. è. (2R 17:3-6.) En revanche, bien que faussement accusé de compter sur l’Égypte, Hizqiya de Juda, homme fidèle, se reposa uniquement sur Jéhovah, ce qui lui valut d’échapper à l’attaque de l’Assyrien Sennakérib. — 2R 18:19-22, 32-35 ; 19:14-19, 28, 32-36 ; voir aussi Is 31:1-3.
Dans les dernières années de son existence, le royaume de Juda oscilla entre l’Égypte et Babylone, ‘ se prostituant ’ avec les deux puissances (Éz 16:26-29 ; 23:14). Il passa sous la domination de l’Égypte durant le règne de Yehoïaqim (2R 23:34), puis, peu après, sous celle de Babylone (2R 24:1, 7, 12-17). Tsidqiya, le dernier roi, tenta vainement d’affranchir Juda de Babylone en s’alliant à l’Égypte, ce qui provoqua la destruction de Jérusalem (2R 24:20 ; Éz 17:1-15). Ces rois n’avaient pas écouté le conseil divinement inspiré d’Isaïe : “ C’est en revenant et en vous tenant en repos que vous serez sauvés. Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et aussi dans la confiance. ” — Is 30:15-17.
Durant la période des Maccabées, les Juifs conclurent de nombreux traités et alliances avec les Syriens et les Romains dans l’espoir d’obtenir des avantages politiques, mais Israël ne fut pas affranchi pour autant. Plus tard encore, les Sadducéens, hommes religieux, furent des défenseurs particulièrement actifs de la collaboration politique comme moyen d’obtenir finalement l’indépendance de la nation. Ni eux ni les Pharisiens n’acceptèrent le message du Royaume que prêcha Christ Jésus. Au contraire, ils s’allièrent avec Rome, en déclarant : “ Nous n’avons de roi que César. ” (Jn 19:12-15). Mais leur alliance politico-religieuse avec Rome aboutit à la terrible destruction de Jérusalem en 70 de n. è. — Lc 19:41-44 ; 21:20-24.
Les alliances politiques et religieuses sont représentées dans les symbolismes de Révélation 17:1, 2, 10-18 ; 18:3 (voir aussi Jc 4:1-4). Ainsi, tout le récit biblique souligne ce principe énoncé par Paul : “ Ne formez pas d’attelage disparate avec des non-croyants. Car quels rapports ont la justice et l’illégalité ? Ou quelle participation la lumière a-t-elle avec les ténèbres ? [...] sortez du milieu d’eux, et séparez-vous. ” — 2Co 6:14-17.