CANAAN
(Pays Marchand, Pays du Marchand), CANANÉENS.
1. Quatrième sur la liste des fils de Cham, et petit-fils de Noé (Gn 9:18 ; 10:6 ; 1Ch 1:8). Ancêtre de 11 tribus qui finirent par s’établir dans la région qui s’étend le long de la Méditerranée orientale, entre l’Égypte et la Syrie, lui donnant ainsi le nom de “ pays de Canaan ”. — Gn 10:15-19 ; 1Ch 16:18 ; voir no 2.
Consécutivement à l’ivresse de Noé, Canaan tomba sous le coup de la malédiction prophétique du patriarche ; selon cette malédiction, Canaan deviendrait l’esclave de Sem et de Japhet (Gn 9:20-27). Puisque le récit dit seulement que “ Cham le père de Canaan vit la nudité de son père et alla le raconter à ses deux frères au-dehors ”, on peut se demander pourquoi c’est Canaan, et non Cham, qui fut maudit. Commentant Genèse 9:24 où on lit qu’en se réveillant de son vin Noé “ apprit ce que lui avait fait son plus jeune fils ”, la traduction de Rotherham dit en note : “ Sans aucun doute Canaan, et non Cham : Sem et Japhet sont bénis pour leur piété ; Canaan, pour quelque bassesse non précisée, est maudit ; Cham, pour sa négligence, est négligé. ” Pareillement, un ouvrage juif (The Pentateuch and Haftorahs, par J. Hertz, Londres, 1972, p. 34) laisse entendre que ce bref récit “ fait allusion à une action infâme dans laquelle Canaan semble avoir été impliqué ”. Et, après avoir indiqué que le mot hébreu traduit par “ fils ” au verset Gn 9:24 peut signifier “ petit-fils ”, le même ouvrage ajoute : “ Il est manifestement question de Canaan. ” The Soncino Chumash (par A. Cohen, Londres, 1956, p. 47) fait également remarquer que, de l’avis de quelques-uns, Canaan “ s’est livré à un acte de perversion sur [la personne de Noé] ” et que l’expression “ plus jeune fils ” se rapporte à Canaan, fils cadet de Cham.
Ce ne sont là forcément que des conjectures, puisque le récit biblique ne fournit aucun détail quant à l’implication de Canaan dans l’offense faite à Noé. Toutefois, il semble bien qu’il y fut impliqué, car juste avant que ne soit relatée l’ivresse de Noé, Canaan est soudainement introduit dans le récit (Gn 9:18) et, lorsqu’il est question de la conduite de Cham, celui-ci est appelé “ Cham le père de Canaan ”. (Gn 9:22.) Que l’expression “ vit la nudité de son père ” puisse impliquer un acte immoral ou pervers de la part de Canaan, c’est là une déduction raisonnable. En effet, dans la plupart des cas où la Bible parle de “ découvrir ” ou de ‘ voir la nudité ’ de quelqu’un, elle désigne par là l’inceste ou d’autres péchés d’ordre sexuel (Lv 18:6-19 ; 20:17). Il se peut donc que Canaan ait commis ou tenté de commettre quelque acte honteux sur la personne de Noé alors inconscient, et que Cham, le sachant, n’ait pas cherché à l’en empêcher ou à le discipliner, mais qu’il ait aggravé le mal en révélant à ses frères le déshonneur de Noé.
L’aspect prophétique de la malédiction doit également être pris en considération. Rien n’indique que de son vivant Canaan lui-même soit devenu l’esclave de Sem ou de Japhet. Mais la prescience de Dieu était à l’œuvre ; or, comme la malédiction prononcée par Noé était d’inspiration divine et que la réprobation exprimée par Dieu est toujours fondée et juste, il est probable que Canaan avait déjà manifesté un fort penchant à la corruption, peut-être pour tout ce qui touchait à la sexualité, et que de ce fait Dieu prévoyait les conséquences mauvaises qu’un tel tempérament produirait finalement chez les descendants de Canaan. Déjà auparavant, Jéhovah avait noté chez Caïn une attitude de cœur mauvaise, et il l’avait mis en garde contre le danger de se laisser vaincre par le péché (Gn 4:3-7) ; Dieu avait également discerné l’irréformable inclination au mal chez la plupart des hommes d’avant le déluge, inclination qui avait justifié leur destruction (Gn 6:5). Que la malédiction prononcée sur Canaan fut juste, l’histoire de ses descendants en fournit la preuve la plus indiscutable ; en effet, ils se firent une réputation particulièrement infâme dans les domaines de l’immoralité et de la dépravation, ce qui est attesté aussi bien par l’histoire biblique que profane. La malédiction sur Canaan se réalisa quelque huit siècles plus tard, quand ses descendants furent soumis par les Israélites, des Sémites, et qu’ils tombèrent ensuite sous la domination des puissances japhétiques de l’Empire médo-perse, de Grèce et de Rome.
2. Le nom Canaan désigne également la race issue du fils de Cham et le pays de sa résidence. Canaan fut le premier nom, le nom d’origine, de la région de Palestine qui s’étendait à l’O. du Jourdain (Nb 33:51 ; 35:10, 14), même s’il est vrai que les Amorites, eux-mêmes Cananéens, avaient envahi le pays situé à l’E. du Jourdain quelque temps avant la conquête du territoire par les Israélites. — Nb 21:13, 26.
Frontières et histoire originelle. Selon la plus ancienne description des frontières de Canaan, le pays s’étendait de Sidon, au N., à Guérar, près de Gaza, au S.-O., et jusqu’à Sodome et les villes voisines, au S.-E. (Gn 10:19.) Cependant, il semble qu’aux jours d’Abraham Sodome et les autres “ villes du District ” étaient regardées comme n’appartenant pas à Canaan (Gn 13:12). Les territoires qu’Édom et Moab occupèrent par la suite, et qu’habitaient des descendants d’Abraham et de Lot, étaient apparemment, eux aussi, considérés comme extérieurs à Canaan (Gn 36:6-8 ; Ex 15:15). Le territoire de Canaan promis à la nation d’Israël est décrit de façon plus détaillée en Nombres 34:2-12. De toute évidence, il commençait, au N., au-delà de Sidon et s’étendait vers le S. jusqu’au “ ouadi d’Égypte ” et à Qadesh-Barnéa. Les Philistins, qui n’étaient pas des Cananéens (Gn 10:13, 14), avaient occupé la région côtière, au S. de la plaine du Sharôn, mais ce territoire aussi avait été “ compté ” comme cananéen (Jos 13:3). D’autres tribus, comme les Qénites (dont une famille est par la suite associée à Madiân ; Nb 10:29 ; Jg 1:16) et les Amaléqites (descendants d’Ésaü ; Gn 36:12), avaient également pénétré dans le territoire. — Gn 15:18-21 ; Nb 14:45.
Les descendants de Canaan émigrèrent-ils dans ce pays et s’y fixèrent-ils aussitôt après la dispersion de Babel (Gn 11:9), ou bien suivirent-ils d’abord le groupe principal des Chamites jusqu’en Afrique pour revenir ensuite en Palestine ? La Bible ne dit rien à ce sujet. Quoi qu’il en soit, quand en 1943 av. n. è. Abraham quitta Harân, en Paddân-Aram, pour se rendre en Canaan, les Cananéens y étaient déjà établis, et le patriarche traita avec les Amorites et les Hittites (Gn 11:31 ; 12:5, 6 ; 13:7 ; 14:13 ; 23:2-20). À plusieurs reprises, Jéhovah Dieu promit à Abraham que sa semence, ses descendants, hériterait du pays, et il lui ordonna ceci : “ Parcours le pays dans sa longueur et dans sa largeur. ” (Gn 12:7 ; 13:14-17 ; 15:7, 13-21 ; 17:8). Parce qu’il croyait en cette promesse et parce qu’il respectait la malédiction divine, Abraham veilla à ce que la femme de son fils Isaac ne soit pas une Cananéenne. — Gn 24:1-4.
La facilité relative avec laquelle Abraham et plus tard Isaac et Jacob purent se déplacer dans le pays avec leurs grands troupeaux de gros et de petit bétail indique qu’à cette époque-là la région n’était pas encore très peuplée (voir Gn 34:21). Des fouilles archéologiques apportent aussi la preuve qu’en ce temps-là la population était plutôt éparse, la plupart des villes étant situées le long de la côte, dans la région de la mer Morte, dans la vallée du Jourdain et dans la plaine de Yizréel. À propos de la Palestine dans la première partie du IIe millénaire av. n. è., W. Albright dit que la région vallonnée était en grande partie encore vierge de population sédentaire ; la tradition biblique est donc tout à fait exacte quand elle fait errer les patriarches dans les collines du centre de la Palestine et les territoires arides du S., où il y avait encore largement de la place pour eux (Archaeology of Palestine and the Bible, 1933, p. 131-133). En ce temps-là, Canaan était vraisemblablement soumis à quelque influence et à quelque domination élamites (donc sémites), comme cela ressort du récit biblique de Genèse 14:1-7.
Parmi les villes dans le voisinage desquelles campèrent Abraham, Isaac et Jacob, il y eut Shekèm (Gn 12:6), Béthel et Aï (Gn 12:8), Hébrôn (Gn 13:18), Guérar (Gn 20:1) et Béer-Shéba (Gn 22:19). Bien que les Cananéens ne semblent pas avoir manifesté une grande animosité à l’égard des patriarches hébreux, c’était principalement grâce à la protection divine que ces derniers n’étaient pas attaqués (Ps 105:12-15). Ainsi, quand les fils de Jacob eurent ravagé la ville hivite de Shekèm, c’est parce que “ la terreur de Dieu ” vint sur les villes d’alentour “ qu’on ne poursuivit pas les fils de Jacob ”. — Gn 33:18 ; 34:2 ; 35:5.
L’histoire profane révèle qu’avant d’être conquis par les Israélites Canaan avait été vassal de l’Égypte pendant quelque deux siècles. Au cours de cette période, des messages (connus sous le nom de Tablettes d’el-Amarna) envoyés par les rois vassaux de Syrie et de Palestine aux pharaons Aménophis III et Akhenaton révèlent les grands conflits qui opposaient les différentes villes et les intrigues politiques menées dans la région. Quand les Israélites arrivèrent à la frontière de Canaan (1473 av. n. è.), le pays était constitué de nombreuses cités-États, ou petits royaumes, qui présentaient néanmoins une certaine cohésion d’après les liens tribaux. Les espions chargés d’explorer Canaan environ 40 ans plus tôt avaient découvert un pays riche en fruits et des villes bien fortifiées. — Nb 13:21-29 ; voir aussi Dt 9:1 ; Ne 9:25.
Répartition des tribus de Canaan. Des 11 tribus cananéennes (Gn 10:15-19), ce sont les Amorites qui semblent avoir occupé une position prépondérante dans le pays (voir AMORITE). Outre le territoire qu’ils avaient conquis à l’E. du Jourdain en Bashân et en Guiléad, les références faites aux Amorites montrent qu’ils étaient puissants dans la région montagneuse de Canaan proprement dite, tant au N. qu’au S. (Jos 10:5 ; 11:3 ; 13:4.) Les Hittites venaient probablement au deuxième rang pour ce qui est de la puissance ; bien qu’au temps d’Abraham on les trouvât très au S., aussi loin que Hébrôn (Gn 23:19, 20), il semble que par la suite ils se soient fixés essentiellement au N., dans la direction de la Syrie. — Jos 1:4 ; Jg 1:23-26 ; 1R 10:29.
Parmi les autres tribus, les Yebousites, les Hivites et les Guirgashites sont ensuite les plus fréquemment cités à l’époque de la conquête. Il semble que les Yebousites occupaient la région montagneuse autour de Jérusalem (Nb 13:29 ; Jos 18:16, 28). Les Hivites étaient dispersés, depuis, au S., aussi loin que Guibéôn (Jos 9:3, 7), jusqu’au N., au pied du mont Hermôn (Jos 11:3). Le territoire des Guirgashites n’est pas défini.
Les six autres tribus : les Sidoniens, les Arvadites, les Hamathites, les Arqites, les Sinites et les Tsemarites, peuvent très bien être comprises dans l’appellation générique de “ Cananéens ”, fréquemment employée en même temps que le nom spécifique d’autres tribus, à moins que cette appellation serve simplement à désigner des villes ou des groupes composés d’une population cananéenne mêlée (Ex 23:23 ; 34:11 ; Dt 7:1 ; Nb 13:29). Il semble que ces six tribus résidaient essentiellement au N. de la région originellement conquise par les Israélites, et elles ne sont pas nommément citées dans le récit de cette conquête.
La conquête de Canaan par Israël (CARTES, vol. 1, p. 737, 738). Dans la deuxième année qui suivit l’Exode, les Israélites avaient tenté une première fois de pénétrer en Canaan par le S., mais sans le soutien divin, et ils avaient été mis en déroute par les Cananéens et leurs alliés amaléqites (Nb 14:42-45). Vers la fin de leurs 40 années de pérégrinations, les Israélites firent de nouveau mouvement en direction des Cananéens et furent attaqués par le roi d’Arad dans le Négueb, mais cette fois les armées cananéennes subirent une défaite et leurs villes furent détruites (Nb 21:1-3). Toutefois, les Israélites ne tirèrent pas avantage de leur victoire pour envahir le pays par le S. ; ils le contournèrent plutôt pour y pénétrer par l’E. Cela les fit entrer en conflit avec les royaumes amorites de Sihôn et d’Og, et la défaite de ces rois plaça tout Bashân et Guiléad sous la domination israélite, dont 60 villes “ avec une haute muraille, avec portes et barre ”, rien qu’en Bashân (Nb 21:21-35 ; Dt 2:26–3:10). L’échec de ces rois puissants eut pour effet d’affaiblir les royaumes cananéens situés à l’O. du Jourdain, et, après que les Israélites eurent traversé miraculeusement ce fleuve à pied sec, le cœur des Cananéens “ se mit à fondre ”. Ainsi, ils n’attaquèrent pas le camp d’Israël à Guilgal pendant la période où se rétablissaient les nombreux hommes israélites qui avaient été circoncis, ni pendant la célébration de la Pâque qui suivit. — Jos 2:9-11 ; 5:1-11.
À présent que les Israélites pouvaient se procurer en abondance l’eau du Jourdain et de la nourriture dans le territoire conquis à l’E. du fleuve, ils étaient à même d’entreprendre la conquête du pays depuis leur base bien située à Guilgal. La ville de Jéricho, avant-poste proche maintenant complètement fermé, fut leur première cible ; ses murailles puissantes s’effondrèrent par la puissance de Jéhovah (Jos 6:1-21). Puis les forces d’invasion montèrent à quelque 1 000 m dans la région montagneuse au N. de Jérusalem, et, après un premier échec, elles s’emparèrent de Aï et la brûlèrent (Jos 7:1-5 ; 8:18-28). Alors que les royaumes cananéens du pays tout entier formaient une coalition massive en vue de repousser les Israélites, quelques villes hivites recoururent à un stratagème pour faire la paix avec Israël. Cette sécession de Guibéôn et de trois villes voisines fut manifestement considérée par les autres royaumes cananéens comme une trahison mettant en péril l’unité de la ‘ ligue cananéenne ’ dans son ensemble. En conséquence, cinq rois cananéens s’unirent pour combattre, non pas Israël, mais Guibéôn. Alors l’armée d’Israël conduite par Josué marcha toute la nuit pour sauver la ville assiégée. Lors de la victoire de Josué sur les cinq attaquants, il tomba miraculeusement d’énormes pierres de grêle et Dieu retarda le coucher du soleil. — Jos 9:17, 24, 25 ; 10:1-27.
Les Israélites victorieux envahirent ensuite toute la moitié sud de Canaan (à l’exception des plaines de Philistie), s’emparant des villes de la Shéphéla, de la région montagneuse et du Négueb, après quoi ils revinrent à Guilgal, leur camp de base près du Jourdain (Jos 10:28-43). C’est alors que les Cananéens de la région nord conduits par le roi de Hatsor se mirent à rassembler leurs troupes et leurs chars, et, unissant leurs forces, ils se rencontrèrent sur rendez-vous près des eaux de Mérom, au N. de la mer de Galilée. Mais l’armée de Josué attaqua par surprise les alliés cananéens et les mit en déroute, puis elle poursuivit sa marche vers le N. et s’empara de leurs villes jusqu’à Baal-Gad, au pied du mont Hermôn (Jos 11:1-20). Cette campagne fut vraisemblablement très longue et suivie d’une nouvelle offensive dans la région montagneuse du S., cette fois contre les géants Anaqim et leurs villes. — Jos 11:21, 22 ; voir ANAQIM.
Six années avaient passé depuis le début des combats. Canaan avait été conquis en majeure partie, et la force des tribus cananéennes était brisée. La répartition du pays entre les tribus israélites pouvait donc commencer (voir FRONTIÈRE). Toutefois, il restait encore un certain nombre de régions à soumettre, y compris des régions aussi grandes que le territoire des Philistins qui, quoique n’étant pas des Cananéens, n’avaient quand même pas le droit d’occuper le pays promis à Israël, le territoire des Gueshourites (voir 1S 27:8) ; le territoire qui s’étendait des environs de Sidon à Guébal (Byblos) ; et tout le Liban (Jos 13:2-6). Outre cela, il subsistait des poches de résistance disséminées dans tout le pays ; certaines d’entre elles furent ensuite vaincues par les tribus israélites qui avaient hérité de ces territoires, tandis que d’autres restèrent insoumises ou bien leurs habitants furent autorisés à rester sur place et assujettis au travail forcé pour les Israélites. — Jos 15:13-17 ; 16:10 ; 17:11-13, 16-18 ; Jg 1:17-21, 27-36.
Bien que de très nombreux Cananéens aient survécu à la grande conquête et résisté à l’assujettissement, il put être dit, néanmoins, que “ Jéhovah donna [...] à Israël tout le pays qu’il avait juré de donner à leurs ancêtres ”, qu’il leur avait procuré “ du repos de tous côtés ” et que “ pas une promesse ne faillit de toute la bonne promesse que Jéhovah avait faite à la maison d’Israël ; tout se réalisa ”. (Jos 21:43-45.) Tout autour des Israélites, les ennemis vivaient dans la crainte et ne constituaient pas une véritable menace pour leur sécurité. Quelque temps auparavant, Dieu avait déclaré qu’il chasserait les Cananéens “ peu à peu ”, de peur que les bêtes sauvages ne se multiplient dans un pays devenu soudainement une solitude désolée (Ex 23:29, 30 ; Dt 7:22). Quoique les Cananéens aient disposé d’un matériel de guerre supérieur, notamment des chars armés de faux, on ne peut pas reprocher à Jéhovah d’avoir failli à sa promesse si au bout du compte les Israélites ne réussirent pas à prendre certains territoires (Jos 17:16-18 ; Jg 4:13). Le récit biblique montre plutôt que les quelques défaites subies par les Israélites furent imputables à leur infidélité. — Nb 14:44, 45 ; Jos 7:1-12.
Pourquoi Jéhovah décréta-t-il l’extermination des Cananéens ?
Le récit historique rapporte que les habitants des villes cananéennes conquises par les Israélites furent complètement anéantis (Nb 21:1-3, 34, 35 ; Jos 6:20, 21 ; 8:21-27 ; 10:26-40 ; 11:10-14). Des détracteurs de la Bible ont invoqué ce fait pour dire que les Écritures hébraïques, ou “ Ancien Testament ”, sont imprégnées de cruauté et truffées de massacres gratuits. Toutefois, la question en litige n’est autre que la reconnaissance ou non de la souveraineté de Dieu sur la terre et ses habitants. Jéhovah avait transféré le droit de posséder le pays de Canaan à la ‘ semence d’Abraham ’, selon les termes d’une alliance appuyée par un serment (Gn 12:5-7 ; 15:17-21 ; voir aussi Dt 32:8 ; Ac 17:26). Mais Dieu n’entendait pas seulement expulser ou déposséder les habitants de ce pays. Son droit d’agir en qualité de “ Juge de toute la terre ” (Gn 18:25), de condamner à la peine capitale ceux qui la méritaient et de faire exécuter une telle sentence, était aussi en cause.
Les conditions qui régnaient en Canaan au temps où les Israélites le conquirent confirmèrent pleinement la justice de la malédiction divine prononcée sur Canaan. Jéhovah avait laissé s’écouler 400 ans depuis l’époque d’Abraham pour que ‘ la faute des Amorites soit complète ’. (Gn 15:16.) Le fait que les femmes hittites d’Ésaü aient été “ un sujet d’amertume d’esprit pour Isaac et pour Rébecca ”, au point que celle-ci en vint à ‘ prendre sa vie en aversion à cause d’elles ’, est certainement une indication de la méchanceté déjà manifeste chez les Cananéens (Gn 26:34, 35 ; 27:46). Au fil des siècles qui suivirent, le pays de Canaan finit par être saturé de pratiques détestables, tels l’idolâtrie, l’immoralité et le meurtre. La religion des Cananéens était extraordinairement vile et perverse, leurs “ poteaux sacrés ” étaient de toute évidence des symboles phalliques et bon nombre de rites en usage sur leurs “ hauts lieux ” consistaient en immondes débordements sexuels et en perversion (Ex 23:24 ; 34:12, 13 ; Nb 33:52 ; Dt 7:5). L’inceste, la sodomie et la bestialité faisaient partie des ‘ agissements du pays de Canaan ’ qui le rendaient impur, faute pour laquelle il devait ‘ vomir ses habitants ’. (Lv 18:2-25.) Entre autres choses détestables, les Cananéens se livraient aussi à la magie et au spiritisme, ils liaient autrui par des sortilèges et faisaient passer leurs enfants par le feu. — Dt 18:9-12.
Baal était la plus éminente divinité adorée par les Cananéens (Jg 2:12, 13 ; voir aussi Jg 6:25-32 ; 1R 16:30-32). Les déesses cananéennes Ashtoreth (Jg 2:13 ; 10:6 ; 1S 7:3, 4), Ashéra et Anath sont présentées dans un texte égyptien à la fois comme des déesses-mères et comme des prostituées sacrées qui, paradoxalement, demeurent perpétuellement vierges (littéralement : “ les grandes déesses qui conçoivent, mais n’enfantent pas ”). Selon toute apparence, les services de prostituées sacrées faisaient invariablement partie de leur culte. Ces déesses personnifiaient la luxure, mais aussi la violence sadique et la guerre. Ainsi, dans un épisode du Cycle de Baal trouvé à Ougarit, la déesse Anath massacre des hommes, puis suspend des têtes autour d’elle en guise d’ornement et attache des mains d’hommes à sa ceinture tout en pataugeant joyeusement dans leur sang. Les figurines de la déesse Ashtoreth découvertes en Palestine sont celles d’une femme nue dont les organes génitaux sont grossièrement exagérés. Voici ce qu’a déclaré l’archéologue W. Albright à propos du culte phallique des Cananéens : “ Dans sa plus basse expression, [...] le caractère érotique de leur culte s’est forcément abîmé dans les profondeurs les plus sordides de la déchéance humaine. ” — Archaeology and the Religion of Israel, 1968, p. 76, 77 ; voir ASHTORETH ; BAAL No 4.
Entre autres pratiques dégradantes, il y avait les sacrifices d’enfants. Selon Merrill Unger, “ des fouilles effectuées en Palestine ont mis au jour des monceaux de cendres et des restes de squelettes de petits enfants dans les cimetières entourant les autels païens, ce qui montre l’étendue de cette abomination cruelle ”. (Archaeology and the Old Testament, 1964, p. 279.) On lit dans Halley’s Bible Handbook (1964, p. 161) : “ Les Cananéens adoraient leurs dieux en pratiquant devant eux des actes immoraux qui avaient valeur de rites religieux, et en assassinant leurs premiers-nés, qu’ils offraient en sacrifice à ces mêmes dieux. Il semble que le territoire cananéen soit, dans une grande mesure, devenu une sorte de Sodome et Gomorrhe à l’échelle nationale. [...] Une civilisation aussi répugnante et barbare avait-elle le droit de subsister plus longtemps ? [...] Les archéologues qui effectuent des fouilles dans les villes cananéennes s’étonnent que Dieu ne les ait pas détruites plus tôt. ” — PHOTO, vol. 1, p. 739.
Jéhovah avait usé de son droit souverain d’exécuter la sentence de mort sur les habitants méchants de la terre entière lors du déluge universel ; il avait agi de même vis-à-vis du District tout entier des villes de Sodome et de Gomorrhe, à cause du ‘ fort cri de plainte les concernant et de leur très lourd péché ’ (Gn 18:20 ; 19:13) ; il avait exécuté une sentence de destruction contre les forces militaires de Pharaon à la mer Rouge ; il avait aussi exterminé les maisonnées de Qorah et d’autres rebelles israélites. Toutefois, dans ces cas, Dieu s’était servi des éléments naturels. En revanche, pour ce qui est de Canaan, Jéhovah chargea les Israélites du devoir sacré d’agir en tant qu’exécuteurs principaux de son décret guidés par son messager angélique et animés par sa force toute-puissante (Ex 23:20-23, 27, 28 ; Dt 9:3, 4 ; 20:15-18 ; Jos 10:42). De toute façon, les Cananéens n’auraient pas connu une fin différente si Dieu avait choisi de les détruire par quelque phénomène naturel, tels une inondation, une explosion de feu ou un tremblement de terre, et le fait que des agents humains aient procédé à la mise à mort des condamnés, aussi déplaisante qu’ait pu paraître la tâche, n’altère en rien le bien-fondé de cette action ordonnée par Dieu (Jr 48:10). En se servant de ces instruments humains, qu’il opposa à “ sept nations plus populeuses et plus fortes ” qu’eux, Jéhovah exalta sa puissance et confirma sa Divinité. — Dt 7:1 ; Lv 25:38.
Les manifestations puissantes attestant qu’Israël était le peuple choisi par Dieu et son instrument n’avaient pas échappé aux Cananéens (Jos 2:9-21, 24 ; 9:24-27). Toutefois, à l’exception de Rahab, de sa famille et des villes des Guibéonites, ceux qui étaient promis à la destruction ne recherchèrent pas la miséricorde ni ne saisirent l’occasion de fuir ; ils préférèrent s’endurcir dans leur rébellion contre Jéhovah. Celui-ci ne les obligea pas à se plier et à céder à sa volonté explicite, mais il ‘ laissa s’obstiner leur cœur pour déclarer la guerre à Israël, afin qu’il les voue à la destruction, et qu’on ne les considère pas avec faveur, mais afin qu’il les anéantisse ’, conformément au jugement qu’il avait prononcé contre eux. — Jos 11:19, 20.
Avec sagesse, Josué “ n’ôta pas une parole de tout ce que Jéhovah avait ordonné à Moïse ” au sujet de la destruction des Cananéens (Jos 11:15). Mais la nation d’Israël ne suivit pas son bel exemple et n’élimina pas complètement la cause des souillures du pays. La présence continuelle de Cananéens parmi les Israélites les contamina et, avec le temps, elle fit certainement plus de morts (sans parler des crimes, de l’immoralité et de l’idolâtrie) que le décret d’extermination de tous les Cananéens n’en aurait fait s’il avait été fidèlement exécuté (Nb 33:55, 56 ; Jg 2:1-3, 11-23 ; Ps 106:34-43). Jéhovah avait averti les Israélites que sa justice et ses jugements ne seraient pas partiaux et que, s’ils nouaient des relations avec les Cananéens, se mariaient avec eux, pratiquaient l’œcuménisme et adoptaient leurs coutumes religieuses et leurs mœurs dépravées, ils s’exposeraient inévitablement au même décret d’extermination et seraient, eux aussi, ‘ vomis par le pays ’. — Ex 23:32, 33 ; 34:12-17 ; Lv 18:26-30 ; Dt 7:2-5, 25, 26.
Selon Juges 3:1, 2, Jéhovah laissa subsister quelques nations cananéennes “ pour éprouver par elles Israël, c’est-à-dire tous ceux qui n’avaient connu aucune des guerres de Canaan — ce fut uniquement pour que les générations des fils d’Israël aient l’expérience, afin de leur enseigner la guerre, c’est-à-dire à ceux-là uniquement qui auparavant n’avaient pas connu pareilles choses ”. Cela ne contredit pas la déclaration antérieure de Jéhovah (Jg 2:20-22) selon laquelle il permit à ces nations de rester à cause de l’infidélité d’Israël et aussi ‘ afin d’éprouver Israël, pour savoir s’ils garderaient ou non la voie de Jéhovah ’. Au contraire, cette dernière déclaration concorde avec la raison précédente et montre que les futures générations d’Israélites allaient ainsi avoir l’occasion de prouver leur obéissance aux commandements de Dieu relatifs aux Cananéens, leur foi étant mise à l’épreuve au point qu’ils devraient risquer leur vie à la guerre pour se montrer obéissants.
Eu égard à tout cela, il est clair que l’opinion émise par certains détracteurs de la Bible selon laquelle l’extermination des Cananéens par Israël est contraire à l’esprit des Écritures grecques chrétiennes ne résiste pas à l’examen de textes comme Matthieu 3:7-12 ; 22:1-7 ; 23:33 ; 25:41-46 ; Marc 12:1-9 ; Luc 19:14, 27 ; Romains 1:18-32 ; 2 Thessaloniciens 1:6-9 ; 2:3 ; et Révélation 19:11-21.
Histoire postérieure. Après la conquête du pays, les relations entre Cananéens et Israélites évoluèrent peu à peu pour aboutir à une coexistence relativement pacifique, mais au détriment d’Israël (Jg 3:5, 6 ; voir aussi Jg 19:11-14). Successivement, des rois syriens, moabites et philistins dominèrent temporairement les Israélites, mais ce n’est qu’aux jours de Yabîn, appelé “ le roi de Canaan ”, que les Cananéens recouvrèrent assez de puissance pour imposer leur domination à Israël pendant 20 ans (Jg 4:2, 3). Finalement, Yabîn fut vaincu par Baraq ; alors, les difficultés d’Israël durant la période qui précéda l’instauration de la royauté vinrent essentiellement de peuples non cananéens, tels que les Madianites, les Ammonites et les Philistins. Pareillement, au temps de Samuel, les Amorites sont la seule tribu cananéenne à être brièvement mentionnée (1S 7:14). Le roi David expulsa les Yebousites de Jérusalem (2S 5:6-9), mais il fit campagne principalement contre les Philistins, les Ammonites, les Moabites, les Édomites, les Amaléqites et les Syriens. Ainsi, bien que possédant encore des villes et des terres dans le territoire d’Israël (2S 24:7, 16-18), les Cananéens avaient manifestement cessé de constituer une menace sur le plan militaire. Deux Hittites sont cités parmi les guerriers de David. — 1S 26:6 ; 2S 23:39.
Durant son règne, Salomon assujettit tous ceux qui restaient des tribus cananéennes au travail forcé sur les nombreux chantiers de construction (1R 9:20, 21) qu’il avait ouverts même jusqu’à Hamath, ville cananéenne très au N. (2Ch 8:4.) Mais ce sont ses femmes cananéennes qui provoquèrent la chute de Salomon, ce qui priva son héritier d’une grande partie du royaume et plongea la nation dans la corruption religieuse (1R 11:1, 13, 31-33). Depuis le règne de Salomon (1037-998 av. n. è.) jusqu’à celui de Yehoram d’Israël (env. 917-905 av. n. è.), seuls les Hittites semblent avoir gardé une prééminence considérable et une assez grande puissance en tant que tribu, encore que, selon toute apparence, ils résidaient au N. du territoire d’Israël, et en bordure ou à l’intérieur de la Syrie. — 1R 10:29 ; 2R 7:6.
Le mariage avec des Cananéens posait toujours des problèmes aux Israélites revenus de leur exil à Babylone (Ezr 9:1, 2), mais les royaumes cananéens, y compris ceux des Hittites, s’étaient vraisemblablement désagrégés sous les coups des agresseurs syriens, assyriens et babyloniens. Le terme “ Canaan ” en vint à désigner essentiellement la Phénicie, comme dans la prophétie d’Isaïe sur la ville de Tyr (Is 23:1, 11, note) et dans le cas de la femme “ phénicienne ” (littéralement : “ cananéenne ” [gr. : Khananaïa]) de la région de Tyr et de Sidon qui aborda Jésus. — Mt 15:22, note ; voir Mc 7:26.
Importance commerciale et géopolitique. Canaan constituait un pont entre l’Égypte et l’Asie, et, plus particulièrement, la Mésopotamie. Bien que l’économie du pays fût essentiellement agricole, les Cananéens faisaient aussi du commerce, et les villes portuaires de Tyr et de Sidon devinrent d’importants centres commerciaux dont les navires étaient renommés dans le monde connu d’alors (voir Éz 27). Ainsi, dès l’époque de Job, le mot “ Cananéen ” était devenu synonyme de “ marchand ”, et c’est ainsi qu’il est traduit (Jb 41:6 ; Tse 1:11 ; noter également que Babylone est appelée le “ pays de Canaan ” en Éz 17:4, 12). Canaan occupait donc une position tout à fait stratégique dans le Croissant fertile et fut l’objet de la convoitise des grands empires de Mésopotamie, d’Asie Mineure et d’Afrique, qui ambitionnaient de contrôler les mouvements de troupes et les échanges commerciaux qui s’effectuaient à travers le pays. Par conséquent, en choisissant ce territoire pour y installer son peuple choisi, Dieu attirerait immanquablement l’attention des nations, ce qui aurait une portée considérable ; sur le plan géographique et, plus important encore, sur le plan religieux, on pouvait dire que les Israélites habitaient “ au centre de la terre ”. — Éz 38:12.
Langue. Il ressort clairement du récit biblique que les Cananéens sont des Chamites, mais la majorité des ouvrages de référence leur donnent une origine sémite. Cette classification est fondée sur le fait que les Cananéens parlaient une langue sémitique. L’argument le plus souvent avancé est le grand nombre de textes trouvés à Ras Shamra (Ougarit), textes rédigés dans une langue ou un dialecte sémitique et qui remonteraient aussi loin que le XIVe siècle av. n. è. Toutefois, il semble qu’Ougarit se situait en dehors des limites bibliques de Canaan. Un article de A. Rainey (publié dans The Biblical Archaeologist, 1965, p. 105) précise que sur la base d’éléments ethniques, politiques et probablement linguistiques, “ il est désormais évident qu’il est faux de qualifier Ougarit de ville ‘ cananéenne ’ ”. Il avance d’autres faits montrant qu’“ Ougarit et le pays de Canaan étaient des entités politiques distinctes et séparées ”. Par conséquent, ces tablettes ne fournissent aucune règle précise permettant de définir la langue des Cananéens.
Bon nombre d’entre les Tablettes d’el-Amarna découvertes en Égypte proviennent bien de villes cananéennes, et ces tablettes, qui datent d’avant la conquête israélite, sont rédigées essentiellement en babylonien cunéiforme, une langue sémitique. Cependant, il s’agissait de la langue diplomatique de tout le Proche-Orient de l’époque, si bien qu’on l’employait même quand on écrivait à la cour d’Égypte. Ainsi, c’est avec le plus grand intérêt qu’on remarquera la déclaration suivante tirée de The Interpreter’s Dictionary of the Bible (par G. Buttrick, 1962, vol. 1, p. 495) : “ Les Lettres d’el-Amarna renferment des preuves à l’appui de l’opinion selon laquelle des groupes ethniques non sémitiques se sont établis en Palestine et en Syrie à une époque assez reculée, car un certain nombre de ces lettres trahissent une influence notable de langues non sémitiques. ” (C’est nous qui soulignons.) Le fait est le suivant : L’incertitude plane encore quant à la langue originelle parlée par les premiers habitants de Canaan.
Il est néanmoins vrai que le récit biblique indique qu’Abraham et ses descendants pouvaient converser avec les habitants de Canaan sans l’aide d’un interprète ; on notera également que, même si certains noms de lieux de type non sémitique furent utilisés, la plupart des villes prises par les Israélites portaient déjà des noms sémitiques. De plus, des rois philistins au temps d’Abraham et aussi, apparemment, aux jours de David s’appelaient “ Abimélek ” (Gn 20:2 ; 21:32 ; Ps 34:sus), nom (ou titre) tout à fait sémitique, alors qu’il n’est nulle part affirmé que les Philistins étaient de race sémite. Il semblerait donc que, sur une période de quelques siècles après la confusion du langage à Babel (Gn 11:8, 9), les tribus cananéennes aient abandonné leur langue chamitique originelle au profit d’une langue sémitique. Ceci, peut-être parce qu’en raison de la domination mésopotamienne subie pendant un temps elles fréquentaient étroitement les habitants de la Syrie qui parlaient l’araméen, ou pour d’autres raisons encore inconnues. Un tel changement ne serait pas plus exceptionnel que ceux opérés par d’autres nations de l’Antiquité, comme les Perses, qui, bien que d’origine indo-européenne (japhétique), adoptèrent par la suite la langue et l’écriture araméennes, donc sémitiques.
“ La langue de Canaan ” mentionnée en Isaïe 19:18 devait être à l’époque (VIIIe siècle av. n. è.) la langue hébraïque, la langue principale du pays.
[Illustration, page 391]
Stèles découvertes à Hatsor. Ce qui est gravé sur la stèle du centre symbolise peut-être une requête adressée au dieu-lune.