REPENTANCE
Le verbe “ se repentir ” signifie “ éprouver du regret ou du mécontentement concernant une action ou une conduite passée (ou envisagée) ” ou encore “ ressentir du regret, du remords, des scrupules, pour avoir fait ou n’avoir pas fait (quelque chose) ”. Dans de nombreux passages des Écritures, c’est là l’idée du mot hébreu naḥam. Naḥam peut signifier “ avoir du regret, observer une période de deuil, se repentir ” (Ex 13:17 ; Gn 38:12 ; Jb 42:6), mais aussi “ se consoler ” (2S 13:39 ; Éz 5:13), “ se débarrasser (de ses ennemis par exemple) ”. (Is 1:24.) Que ce soit du regret ou de la consolation, il s’agit, on le voit, d’un changement d’état d’esprit ou de sentiments.
En grec, deux verbes sont utilisés en rapport avec la repentance : métanoéô et métamélomaï. Le premier se compose de méta, qui signifie “ après ”, et de noéô (apparenté à nous, la pensée, disposition, ou conscience morale), qui signifie “ percevoir, discerner, saisir mentalement ou être informé ”. Par conséquent, métanoéô signifie littéralement “ savoir après ” (par opposition à “ savoir d’avance ”) et il évoque un changement de disposition, d’état d’esprit ou d’intention. Quant à métamélomaï, il vient de mélô, qui signifie “ prendre soin de ou s’intéresser à ”. Le préfixe méta (après) donne au verbe le sens de ‘ regretter ’ (Mt 21:29 ; 2Co 7:8) ou de ‘ se repentir ’.
Ainsi, métanoéô met l’accent sur le changement de point de vue ou de disposition, le rejet du passé, d’une intention ou d’une action jugés indésirables (Ré 2:5 ; 3:3), tandis que métamélomaï appuie davantage sur le sentiment de regret qu’éprouve la personne (Mt 21:29). À ce sujet, l’ouvrage Theologisches Wörterbuch zum Neuen Testament (par G. Kittel, vol. IV, 1942, p. 633) fait ce commentaire : “ Si donc le N[ouveau] T[estament] [...] établit une différence entre [ces termes] et les distingue, cela souligne nettement le caractère spécifique des deux notions. À l’opposé, l’usage hellénistique a souvent effacé la limite qui sépare les deux termes. ”
Bien sûr, un changement de point de vue entraîne souvent un changement de sentiment, ou alors le sentiment de regret apparaît en premier et mène à un changement radical de point de vue ou de volonté (1S 24:5-7). Les deux termes sont donc très proches, même s’ils ont des significations distinctes.
Quand l’homme se repent de ses péchés. C’est le péché, le fait de ne pas satisfaire aux exigences justes de Dieu, qui rend nécessaire la repentance (1Jn 5:17). Parce qu’Adam a vendu l’ensemble du genre humain au péché, tous ses descendants sont, depuis, dans la nécessité de se repentir (Ps 51:5 ; Rm 3:23 ; 5:12). Comme le montre l’article RÉCONCILIATION, la repentance (suivie de la conversion) est un préalable pour que l’homme se réconcilie avec Dieu.
La repentance peut concerner une existence entière, une vie qui a été contraire au dessein et à la volonté de Dieu et qui a plutôt été en accord avec le monde dominé par l’Adversaire de Dieu (1P 4:3 ; 1Jn 2:15-17 ; 5:19). Ou bien la repentance concerne un aspect particulier d’une existence, une pratique mauvaise qui gâche et ternit une conduite globalement bonne ; ce peut être pour une transgression isolée, ou encore une tendance, une inclination ou un état d’esprit mauvais (Ps 141:3, 4 ; Pr 6:16-19 ; Jc 2:9 ; 4:13-17 ; 1Jn 2:1). L’éventail des fautes peut donc être très large ou au contraire relativement limité.
De façon similaire, la mesure dans laquelle une personne dévie de la justice peut être importante ou faible, et, logiquement, l’intensité du regret devrait être proportionnelle à la gravité de la déviation. Les Israélites s’étaient “ enfoncés profond dans leur révolte ” contre Jéhovah et ils ‘ pourrissaient ’ dans leurs transgressions (Is 31:6 ; 64:5, 6 ; Éz 33:10). En revanche, l’apôtre Paul parle de l’“ homme [qui] fait un faux pas avant de s’en rendre compte ” et il conseille à ceux qui ont des aptitudes spirituelles de ‘ chercher à redresser un tel homme dans un esprit de douceur ’. (Ga 6:1.) Puisque, avec miséricorde, Jéhovah prend en considération chez ses serviteurs la faiblesse due à la chair, ils n’ont pas à nourrir des remords perpétuels pour leurs fautes résultant de l’imperfection héréditaire (Ps 103:8-14 ; 130:3). S’ils marchent consciencieusement dans les voies de Dieu, ils ont de quoi être joyeux. — Ph 4:4-6 ; 1Jn 3:19-22.
La repentance peut être manifestée par des humains qui étaient déjà dans une bonne relation avec Dieu, mais qui se sont égarés et ont perdu la faveur et la bénédiction divines (1P 2:25). Israël était dans une alliance avec Dieu ; il était “ un peuple saint ” choisi d’entre toutes les nations (Dt 7:6 ; Ex 19:5, 6) ; les chrétiens aussi ont acquis une condition de justes devant Dieu par la nouvelle alliance dont Christ fut le Médiateur (1Co 11:25 ; 1P 2:9, 10). La repentance a permis à ceux qui s’étaient égarés de retrouver leur bonne relation avec Dieu ainsi que les bienfaits et les bénédictions qui découlaient de cette relation (Jr 15:19-21 ; Jc 4:8-10). Pour ceux qui n’ont jamais eu une telle relation avec Dieu, par exemple les peuples païens des nations non israélites au temps où était en vigueur l’alliance de Dieu avec Israël (Ép 2:11, 12), ainsi que les personnes de toute race ou nationalité qui ne font pas partie de la congrégation chrétienne, pour ceux-là donc, la repentance est une étape préalable et essentielle en vue d’accéder à une condition de justes devant Dieu, avec la vie éternelle en vue. — Ac 11:18 ; 17:30 ; 20:21.
La repentance est soit collective, soit individuelle, suivant les cas. Ainsi, la prédication de Yona amena toute la ville de Ninive, depuis le roi jusqu’“ au plus petit ”, à se repentir, car aux yeux de Dieu tous étaient fautifs concernant le mal commis (Yon 3:5-9 ; voir aussi Jr 18:7, 8). Poussée par Ezra, la congrégation entière des Israélites rapatriés reconnut sa culpabilité collective devant Dieu, et elle exprima sa repentance par l’intermédiaire des princes qui la représentaient (Ezr 10:7-14 ; voir aussi 2Ch 29:1, 10 ; 30:1-15 ; 31:1, 2). La congrégation de Corinthe se repentit d’avoir toléré en son sein un homme qui pratiquait un péché grave (voir 2Co 7:8-11 ; 1Co 5:1-5). Les prophètes Jérémie et Daniel eux-mêmes ne se déclarèrent pas exempts de toute culpabilité quand ils confessèrent la transgression de Juda qui amena sa chute. — Lm 3:40-42 ; Dn 9:4, 5.
Ce qu’exige la vraie repentance. La repentance concerne tant les pensées que le cœur. Il est nécessaire de reconnaître que le comportement ou l’acte en question est mauvais, et pour cela il faut admettre que les préceptes et la volonté de Dieu sont justes. Le mépris ou la négligence de sa volonté et de ses préceptes est une entrave à la repentance (2R 22:10, 11, 18, 19 ; Yon 1:1, 2 ; 4:11 ; Rm 10:2, 3). C’est pourquoi Jéhovah, dans sa miséricorde, envoya des prophètes et des prédicateurs afin d’appeler les hommes à la repentance (Jr 7:13 ; 25:4-6 ; Mc 1:14, 15 ; 6:12 ; Lc 24:27). Grâce à la diffusion de la bonne nouvelle par la congrégation chrétienne, notamment depuis l’époque de la conversion de Corneille, Dieu “ annonce aux humains qu’ils doivent tous, en tous lieux, se repentir ”. (Ac 17:22, 23, 29-31 ; 13:38, 39.) C’est la Parole de Dieu, tant écrite qu’exprimée oralement, qui est le moyen de les “ persuader ”, de les convaincre que la voie de Dieu est droite et que la leur est mauvaise (voir Lc 16:30, 31 ; 1Co 14:24, 25 ; Hé 4:12, 13). La loi de Dieu “ est parfaite, ramenant l’âme ”. — Ps 19:7.
Le roi David parle d’‘ enseigner les voies de Dieu aux transgresseurs, pour qu’ils reviennent vers lui ’ (Ps 51:13), les pécheurs en question étant sans aucun doute de ses frères israélites. Timothée reçut instruction de ne pas se battre dans ses contacts avec les chrétiens des congrégations qu’il servait, mais d’‘ instruire avec douceur ceux qui n’étaient pas disposés favorablement ’, car il se pouvait que Dieu leur donne “ la repentance qui mène à une connaissance exacte de la vérité, et qu’ils reviennent à la raison, hors du piège du Diable ”. (2Tm 2:23-26.) L’appel à la repentance peut donc être lancé tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la congrégation des serviteurs de Dieu.
La personne doit comprendre qu’elle a péché contre Dieu (Ps 51:3, 4 ; Jr 3:25). Cela peut être relativement évident quand quelqu’un a blasphémé ouvertement ou directement, a prononcé le nom de Dieu à tort ou a adoré d’autres dieux, par exemple en utilisant des images idolâtriques (Ex 20:2-7). Toutefois, même dans ce qu’on pourrait qualifier de “ question personnelle ” ou d’affaire entre soi et un autre humain, il convient de reconnaître que toute faute commise est un péché contre Dieu, un manque de respect envers Jéhovah (voir 2S 12:7-14 ; Ps 51:4 ; Lc 15:21). Il faut aussi comprendre que même les fautes commises par ignorance ou par erreur rendent leur auteur coupable devant Jéhovah Dieu, le Maître Souverain. — Voir Lv 5:17-19 ; Ps 51:5, 6 ; 119:67 ; 1Tm 1:13-16.
L’activité des prophètes consistait dans une large mesure à convaincre Israël de ses péchés (Is 58:1, 2 ; Mi 3:8-11), qu’il s’agisse de l’idolâtrie (Éz 14:6), de l’injustice, de l’oppression du prochain (Jr 34:14-16 ; Is 1:16, 17), de l’immoralité (Jr 5:7-9) ou du manque de confiance en Jéhovah Dieu, et, à l’inverse, de la confiance en l’homme et dans la force militaire des nations (1S 12:19-21 ; Jr 2:35-37 ; Ho 12:6 ; 14:1-3). Le message de Jean le baptiseur comme celui de Jésus Christ appelaient les Juifs à la repentance (Mt 3:1, 2, 7, 8 ; 4:17). Jean et Jésus déchirèrent le voile qui recouvrait le peuple et les chefs religieux — ostentation de justice, observance de traditions humaines et hypocrisie — révélant ainsi dans quel état était la nation : chargée de péchés. — Lc 3:7, 8 ; Mt 15:1-9 ; 23:1-39 ; Jn 8:31-47 ; 9:40, 41.
Saisir le sens avec le cœur. La repentance suppose donc initialement que le pécheur entende et voie, et comprenne, cela grâce à un cœur réceptif (voir Is 6:9, 10 ; Mt 13:13-15 ; Ac 28:26, 27). Non seulement l’intellect perçoit et saisit ce qu’entend l’oreille et ce que voient les yeux, mais, plus important, celui qui se repent ‘ saisit le sens [“ la pensée ”, Jn 12:40] avec son cœur ’. (Mt 13:15 ; Ac 28:27.) Il ne s’agit donc pas seulement de reconnaître intellectuellement la méchanceté de ses voies ; le cœur doit en prendre conscience. Dans le cas de ceux qui ont déjà la connaissance de Dieu, il se peut qu’ils ‘ rappellent à leur cœur ’ cette connaissance de lui et de ses commandements (Dt 4:39 ; voir aussi Pr 24:32 ; Is 44:18-20) et de cette manière “ reviennent à la raison ”. (1R 8:47.) Avec un cœur animé de bons mobiles, ils peuvent ‘ renouveler leur intelligence, et éprouver personnellement ce qu’est la volonté de Dieu, bonne, agréable et parfaite ’. — Rm 12:2.
Si la foi en Dieu et l’amour pour lui sont dans le cœur de la personne, celle-ci éprouve un regret sincère, de la tristesse au sujet de sa mauvaise conduite. Lorsque des transgresseurs prennent conscience de la bonté et de la grandeur de Dieu, ils éprouvent un vif remords d’avoir jeté l’opprobre sur son nom (voir Jb 42:1-6). L’amour du prochain les incite aussi à regretter le tort qu’ils ont causé à autrui, le mauvais exemple qu’ils ont donné, voire la façon dont ils ont terni la réputation des serviteurs de Dieu aux yeux des gens du dehors. Ils recherchent le pardon parce qu’ils désirent honorer le nom de Dieu et agir pour le bien de leur prochain (1R 8:33, 34 ; Ps 25:7-11 ; 51:11-15 ; Dn 9:18, 19). Dans leur repentance, ils se sentent “ le cœur brisé ”, ‘ écrasés et humbles d’esprit ’ (Ps 34:18 ; 51:17 ; Is 57:15), ils ont ‘ l’esprit contrit et tremblent à la parole ’ de Dieu, qui les exhorte à la repentance (Is 66:2) et, en quelque sorte, ils ‘ viennent en frémissant vers Jéhovah et vers sa bonté ’. (Ho 3:5.) Quand David agit sottement en rapport avec un recensement, son cœur “ se mit à lui battre ”. — 2S 24:10.
Il faut donc qu’il y ait un rejet très net de la mauvaise conduite, un profond sentiment de haine vis-à-vis d’elle, de la répugnance (Ps 97:10 ; 101:3 ; 119:104 ; Rm 12:9 ; voir aussi Hé 1:9 ; Jude 23), car “ la crainte de Jéhovah signifie la haine du mal ”, lequel inclut l’arrogance, l’orgueil, la voie mauvaise et la bouche perverse (Pr 8:13 ; 4:24). Cela doit s’accompagner de l’amour de la justice et de la ferme résolution d’adopter désormais un comportement juste. Sans la haine du mal conjuguée avec l’amour de la justice, la repentance n’aura pas de force véritable, elle ne se traduira pas par une conversion authentique. Ainsi, le roi Rehabam s’était humilié devant l’expression de la colère de Jéhovah, mais par la suite “ il fit ce qui est mauvais, car il n’avait pas solidement établi son cœur pour rechercher Jéhovah ”. — 2Ch 12:12-14 ; voir aussi Ho 6:4-6.
La tristesse venant de Dieu et non la tristesse de ce monde. Dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, l’apôtre Paul parle de la “ tristesse venant de Dieu ” exprimée par eux à la suite du blâme qu’il leur avait adressé dans sa première lettre (2Co 7:8-13). Il avait “ regretté ” (métamélomaï) de devoir leur écrire sur un ton aussi sévère et de leur faire du chagrin, mais il ne ressentit plus de regret quand il constata que la tristesse provoquée par sa réprimande était conforme à la volonté de Dieu, et les avait amenés à une repentance (métanoïa) sincère de leur état d’esprit mauvais et de leur conduite mauvaise. Il savait que le chagrin qu’il leur avait fait serait pour leur bien et ne leur occasionnerait “ de dommage en rien ”. Les Corinthiens, pour leur part, n’avaient pas à regretter la tristesse qui les avait menés à la repentance, car elle les avait empêchés de devenir renégats ou apostats et leur avait donné l’espérance de la vie éternelle. Paul oppose cette tristesse à “ la tristesse du monde [qui] produit la mort ”. Cette tristesse-là ne vient pas de la foi ni de l’amour de Dieu et de la justice. La tristesse du monde, née d’un échec, d’une déception, d’une perte, d’une punition pour une mauvaise action, ou de la honte (voir Pr 5:3-14, 22, 23 ; 25:8-10), s’accompagne souvent ou est facteur d’amertume, de ressentiment et d’envie ; elle n’amène à aucun bienfait durable, à aucune amélioration ni à aucune espérance véritable (voir Pr 1:24-32 ; 1Th 4:13, 14). La tristesse du monde déplore les conséquences désagréables du péché, mais elle ne déplore pas le péché lui-même ni l’opprobre qu’il jette sur le nom de Dieu. — Is 65:13-15 ; Jr 6:13-15, 22-26 ; Ré 18:9-11, 15, 17-19 ; opposer à Éz 9:4.
Cela est illustré par le cas de Caïn, le premier que Dieu invita à se repentir. Caïn fut divinement exhorté à ‘ se mettre à bien agir ’ afin que le péché ne l’emporte pas sur lui. Au lieu de se repentir de sa haine meurtrière, il permit qu’elle le pousse à tuer son frère. Interrogé par Dieu, il chercha un faux-fuyant, et c’est seulement une fois la sentence prononcée qu’il exprima du regret, regret de la sévérité de la punition, et non du mal commis (Gn 4:5-14). Il démontra par là qu’il “ venait du méchant ”. — 1Jn 3:12.
Ésaü lui aussi manifesta la tristesse du monde quand il apprit que son frère Jacob avait reçu la bénédiction de premier-né (droit que, froidement, il avait vendu à Jacob) (Gn 25:29-34). Ésaü cria “ d’un cri grand et amer jusqu’à l’extrême ”, cherchant avec larmes une “ repentance ” (métanoïa) — pas la sienne, mais un “ changement d’avis ” chez son père (Gn 27:34 ; Hé 12:17, Int). Il regrettait ce qu’il avait perdu, et non l’inclination matérialiste qui l’avait amené à ‘ mépriser le droit d’aînesse ’. — Gn 25:34.
Après avoir livré Jésus, Judas “ fut pris de remords [forme de métamélomaï] ”, tenta de rendre le pot-de-vin qu’il avait obtenu, puis il se suicida par pendaison (Mt 27:3-5). L’énormité de son crime et, probablement, la certitude terrible du jugement divin l’avaient sans doute accablé (voir Hé 10:26, 27, 31 ; Jc 2:19). Il avait éprouvé le remords provoqué par la culpabilité, le désarroi, voire le désespoir, mais rien n’indique qu’il ait ressenti la tristesse venant de Dieu, celle qui conduit à la repentance (métanoïa). Au lieu de se tourner vers Dieu, il alla confesser son péché aux chefs des Juifs et leur rendit l’argent, sans doute avec l’idée illusoire que ce geste pouvait dans une certaine mesure effacer son crime (voir Jc 5:3, 4 ; Éz 7:19). En plus d’avoir commis le crime de livrer un innocent et de contribuer à sa mort, il se rendit coupable de suicide. Son attitude contraste avec celle de Pierre qui, après avoir renié son Seigneur, pleura amèrement parce qu’il se repentit sincèrement, grâce à quoi il se rétablit. — Mt 26:75 ; voir aussi Lc 22:31, 32.
Le regret, le remords et les larmes ne prouvent pas à eux seuls la sincérité de la repentance ; ce sont les mobiles du cœur qui font la différence. Hoshéa exprima la condamnation de Jéhovah contre les Israélites, qui, dans leur détresse, ‘ n’avaient pas appelé Dieu à l’aide avec leur cœur, alors qu’ils hurlaient sur leurs lits. À cause de leur grain et de leur vin doux, ils flânaient. Et ils avaient entrepris de revenir, non pas vers quelque chose de haut ’. Au temps du malheur, ils gémissaient pour obtenir du soulagement, mais avec des mobiles égoïstes, et, quand ils obtenaient le secours, ils ne saisissaient pas l’occasion d’améliorer leur relation avec Dieu en suivant plus scrupuleusement ses préceptes élevés (voir Is 55:8-11) ; ils étaient comme “ un arc mal tendu ” qui n’atteint jamais la cible (Ho 7:14-16 ; voir aussi Ps 78:57 ; Jc 4:3). Le jeûne, les pleurs et les lamentations avaient de la valeur, mais seulement si les pénitents ‘ déchiraient leurs cœurs ’ et pas simplement leurs vêtements. — Yl 2:12, 13 ; voir DEUIL ; JEÛNE.
La confession des mauvaises actions. La personne repentante est donc celle qui s’humilie et qui cherche la face de Dieu (2Ch 7:13, 14 ; 33:10-13 ; Jc 4:6-10), implorant son pardon (Mt 6:12). Elle ne ressemble pas au Pharisien suffisant de l’exemple raconté par Jésus, mais au collecteur d’impôts qui selon Jésus se frappait la poitrine, en disant : “ Ô Dieu, sois miséricordieux envers moi, un pécheur. ” (Lc 18:9-14). L’apôtre Jean écrivit : “ Si nous déclarons : ‘ Nous n’avons pas de péché ’, nous nous égarons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice. ” (1Jn 1:8, 9). “ Qui couvre ses transgressions ne réussira pas, mais qui les confesse et les quitte, à celui-là il sera fait miséricorde. ” — Pr 28:13 ; voir aussi Ps 32:3-5 ; Jos 7:19-26 ; 1Tm 5:24.
La prière de Daniel en Daniel 9:15-19 est un modèle de confession sincère, qui exprime un souci premier pour le nom de Jéhovah et en appelle à Dieu ‘ pas selon nos actes de justice, mais selon ses nombreuses miséricordes ’. On peut aussi considérer les paroles empreintes d’humilité du fils prodigue (Lc 15:17-21). ‘ En même temps que ses paumes ’, quelqu’un qui est sincèrement repentant ‘ élève son cœur vers Dieu ’, confessant sa transgression et implorant le pardon. — Lm 3:40-42.
Confesser les péchés les uns aux autres. Le disciple Jacques formula le conseil suivant : “ Confessez donc ouvertement vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. ” (Jc 5:16). Cette confession ne suppose pas qu’un quelconque humain joue un rôle d’“ assistant [“ avocat ”, BFC] ” auprès de Dieu pour ses semblables, puisque Christ est le seul à remplir cette fonction grâce à son sacrifice propitiatoire (1Jn 2:1, 2). Par eux-mêmes, les hommes sont en fait incapables de réparer les torts envers Dieu, que ce soit en faveur de leur personne ou en faveur d’autrui, n’étant pas en mesure d’opérer la propitiation qu’il faut (Ps 49:7, 8). Toutefois, les chrétiens peuvent s’aider mutuellement, et même si leurs prières en faveur de leurs frères n’influent pas sur la façon dont Dieu applique la justice (car seule la rançon de Christ permet la rémission des péchés), elles ont de la valeur pour Dieu lorsqu’elles lui demandent de donner le soutien et la force nécessaires à celui qui a péché et qui recherche de l’aide. — Voir PRIÈRE (La réponse aux prières).
Se convertir : revenir. La repentance signifie que l’individu met fin à sa mauvaise conduite, renonce à cette voie mauvaise et prend la résolution de faire le bien. Si la repentance est sincère, elle est alors suivie d’une “ conversion ”. (Ac 15:3.) En hébreu comme en grec, les verbes exprimant la conversion (héb. : shouv ; gr. : stréphô ; épistréphô) signifient simplement “ revenir, retourner, se retourner, ou s’en retourner ”. (Gn 18:10 ; Pr 15:1 ; Jr 18:4 ; Jn 12:40 ; 21:20 ; Ac 15:36.) Dans un sens spirituel, ils peuvent s’appliquer soit à celui qui se détourne de Dieu (et retourne de ce fait au péché [Nb 14:43 ; Dt 30:17]), soit à celui qui abandonne sa voie mauvaise et se tourne vers Dieu. — 1R 8:33.
La conversion suppose davantage qu’un état d’esprit ou une affirmation verbale ; elle suppose des “ œuvres qui conviennent à la repentance ”. (Ac 26:20 ; Mt 3:8.) Elle consiste à ‘ chercher ’, à ‘ rechercher ’ activement Jéhovah, de tout son cœur et de toute son âme (Dt 4:29 ; 1R 8:48 ; Jr 29:12-14). Il faut évidemment pour cela chercher la faveur de Dieu en ‘ écoutant sa voix ’ exprimée dans sa Parole (Dt 4:30 ; 30:2, 8), ‘ en se montrant perspicace en Sa fidélité ’ par une meilleure compréhension et un plus grand respect de ses voies et de sa volonté (Dn 9:13), en observant et en ‘ pratiquant ’ ses commandements (Ne 1:9 ; Dt 30:10 ; 2R 23:24, 25), en “ gardant la bonté de cœur et la justice ” et en ‘ espérant en Dieu constamment ’ (Ho 12:6), en cessant d’employer des images religieuses ou d’idolâtrer des créatures afin de ‘ diriger résolument son cœur vers Jéhovah et de le servir, lui seul ’ (1S 7:3 ; Ac 14:11-15 ; 1Th 1:9, 10), en marchant dans ses voies et non dans la voie des nations (Lv 20:23) ou dans ses propres voies (Is 55:6-8). Les prières, les sacrifices, les jeûnes et l’observance des fêtes sacrées sont vides de sens et n’ont aucune valeur pour Dieu si on n’a pas d’œuvres bonnes, si on ne recherche pas le droit, si on ne supprime pas de soi l’oppression et la violence, et si on n’exerce pas la miséricorde. — Is 1:10-19 ; 58:3-7 ; Jr 18:11.
Il faut pour cela “ un cœur nouveau et un esprit nouveau ” (Éz 18:31) ; quand on a une nouvelle façon de voir les choses, de nouveaux mobiles et objectifs, on acquiert une disposition d’esprit, une force morale et un schéma de pensée nouveaux. Celui qui transforme sa vie développe “ la personnalité nouvelle qui a été créée selon la volonté de Dieu dans une justice et une fidélité vraies ” (Ép 4:17-24), exempte de toute immoralité, convoitise, violence verbale ou physique (Col 3:5-10 ; opposer à Ho 5:4-6). Dieu fait “ jaillir ” l’esprit de sagesse pour ceux qui agissent de la sorte, leur faisant connaître ses paroles. — Pr 1:23 ; voir aussi 2Tm 2:25.
Cette repentance véritable a un pouvoir réel, elle engendre de la force, incite la personne à ‘ se retourner ’. (Ac 3:19.) Voilà pourquoi Jésus pouvait dire à ceux de Laodicée : “ Sois donc zélé et repens-toi. ” (Ré 3:19 ; voir aussi Ré 2:5 ; 3:2, 3). Cela se manifeste par ‘ un grand empressement, le souci de se disculper, la crainte de Dieu, un ardent désir et la réparation du tort ’. (2Co 7:10, 11.) Celui qui ne se soucie pas de remédier aux torts causés démontre qu’il n’a pas la vraie repentance. — Voir Éz 33:14, 15 ; Lc 19:8.
L’expression “ homme récemment converti ”, ou “ nouveau converti ” (TOB), signifie littéralement en grec (néophutos) “ nouvellement planté ” ou “ nouvellement poussé ”. (1Tm 3:6.) À un tel homme on ne devait pas confier de tâches ministérielles dans la congrégation, “ de peur qu’il ne se gonfle d’orgueil et ne tombe dans le jugement porté contre le Diable ”.
Que sont les “ œuvres mortes ” dont les chrétiens doivent se repentir ?
Hébreux 6:1, 2 montre que la “ doctrine fondamentale ” comprend la “ repentance des œuvres mortes et [la] foi envers Dieu ”, puis l’enseignement sur les baptêmes, l’imposition des mains, la résurrection des morts et le jugement éternel. Selon toute vraisemblance, par “ œuvres mortes ” (expression qu’on retrouve uniquement en Hé 9:14) il faut entendre non seulement les œuvres pécheresses que sont les transgressions, œuvres de la chair déchue qui mènent à la mort (Rm 8:6 ; Ga 6:8), mais aussi les œuvres qui sont en elles-mêmes spirituellement mortes, vaines ou stériles.
Cela comprend dans ce cas les œuvres de justification personnelle, les efforts des hommes en vue d’établir leur justice propre en dehors de Christ Jésus et de son sacrifice rédempteur. Ainsi, l’observance conventionnelle de la Loi par les chefs religieux et les autres Juifs constituait des “ œuvres mortes ”, car elle n’avait pas l’élément capital : la foi (Rm 9:30-33 ; 10:2-4). C’est pour cela qu’au lieu de se repentir ils trébuchèrent sur Christ Jésus, l’“ Agent principal ” choisi par Dieu “ pour donner la repentance à Israël et le pardon des péchés ”. (Ac 5:31-33 ; 10:43 ; 20:21.) Une fois que Christ Jésus avait accompli la Loi, c’était faire des “ œuvres mortes ” que de continuer à l’observer comme si elle était toujours en vigueur (Ga 2:16). Pareillement, toutes les œuvres qui pourraient autrement avoir de la valeur deviennent des “ œuvres mortes ” si elles ne sont pas motivées par l’amour, l’amour pour Dieu et le prochain (1Co 13:1-3). L’amour, quant à lui, doit être “ en action et vérité ”, conforme à la volonté et aux voies de Dieu qui sont exposées aux humains dans sa Parole (1Jn 3:18 ; 5:2, 3 ; Mt 7:21-23 ; 15:6-9 ; Hé 4:12). Celui qui se tourne avec foi vers Dieu par l’intermédiaire de Christ Jésus se repent de toutes les œuvres classées à juste titre dans les “ œuvres mortes ”, puis les rejette, et ainsi sa conscience est purifiée. — Hé 9:14.
Excepté dans le cas de Jésus, le baptême (l’immersion dans l’eau) était un symbole voulu par Dieu lié à la repentance, tant de la part des membres de la nation juive (qui n’avait pas gardé l’alliance de Dieu quand elle était en vigueur) que de la part des gens des nations qui ‘ se retournèrent ’ pour offrir un service sacré à Dieu. — Mt 3:11 ; Ac 2:38 ; 10:45-48 ; 13:23, 24 ; 19:4 ; voir BAPTÊME.
Ceux qui ne se repentent pas. L’absence de repentance sincère entraîna l’exil d’Israël et de Juda, la destruction à deux reprises de Jérusalem, et, en fin de compte, le rejet complet de la nation par Dieu. Quand les Israélites étaient repris, ils ne revenaient pas vraiment à Dieu, mais ils ne cessaient de ‘ retourner à la voie populaire, comme un cheval qui s’élance dans la bataille ’. (Jr 8:4-6 ; 2R 17:12-23 ; 2Ch 36:11-21 ; Lc 19:41-44 ; Mt 21:33-43 ; 23:37, 38.) Étant donné qu’en leur cœur ils n’étaient pas désireux de se repentir et de ‘ revenir ’, ce qu’ils entendaient et voyaient ne leur apportait ni intelligence ni connaissance ; un “ voile ” se trouvait sur leur cœur (Is 6:9, 10 ; 2Co 3:12-18 ; 4:3, 4). Les chefs religieux et les prophètes infidèles ainsi que les fausses prophétesses contribuèrent à cet état de choses en confortant le peuple dans sa mauvaise conduite (Jr 23:14 ; Éz 13:17, 22, 23 ; Mt 23:13, 15). Les prophéties chrétiennes prédirent qu’à l’avenir beaucoup rejetteraient de même l’action divine consistant à reprendre les hommes et à les appeler à la repentance. Elles prédirent que les choses qu’ils subiraient auraient pour seul effet de les endurcir et de les aigrir au point qu’ils blasphémeraient Dieu, alors même que leurs ennuis et leurs plaies seraient dus uniquement à leur abandon des voies justes de Dieu (Ré 9:20, 21 ; 16:9, 11). Ceux-là ‘ amassent pour eux de la colère au jour de la révélation du juste jugement de Dieu ’. — Rm 2:5.
Ils ne peuvent plus se repentir. Ceux qui ‘ pratiquent le péché volontairement ’ après avoir reçu la connaissance exacte de la vérité sont allés trop loin pour pouvoir encore se repentir, car ils ont renié la raison d’être même de la mort du Fils de Dieu et se sont ralliés à ceux qui l’ont condamné à mort ; en quelque sorte, “ pour leur part, ils attachent de nouveau le Fils de Dieu sur le poteau et l’exposent au déshonneur public ”. (Hé 6:4-8 ; 10:26-29.) C’est donc là un péché impardonnable (Mc 3:28, 29). Il aurait mieux valu pour ces personnes “ n’avoir pas connu exactement le chemin de la justice que, après l’avoir connu exactement, de se détourner du saint commandement qui leur avait été transmis ”. — 2P 2:20-22.
Étant donné qu’Adam et Ève étaient des créatures parfaites et que Dieu leur avait donné un ordre explicite qu’ils avaient tous deux très bien compris, il est manifeste qu’ils péchèrent de propos délibéré et n’avaient pas l’excuse d’une quelconque faiblesse ou imperfection humaine. Voilà pourquoi les paroles que Dieu leur adressa ensuite ne contiennent aucune invitation à la repentance (Gn 3:16-24). Il en allait de même pour la créature spirituelle qui les avait incités à la rébellion. Sa fin comme celle de toutes les créatures angéliques qui se sont ralliées à elle sera la destruction éternelle (Gn 3:14, 15 ; Mt 25:41). Bien qu’imparfait, Judas avait fréquenté intimement le Fils de Dieu, et pourtant il le livra ; Jésus lui-même le qualifia de “ fils de destruction ”. (Jn 17:12.) L’“ homme d’illégalité ” apostat est également qualifié de “ fils de destruction ”. (2Th 2:3 ; voir ANTICHRIST ; APOSTASIE ; HOMME D’ILLÉGALITÉ.) Tous ceux qui seront considérés comme des “ chèvres ” au temps où le Roi Jésus jugera les humains s’en iront eux aussi “ au retranchement éternel ”, et aucune invitation à la repentance ne leur sera faite. — Mt 25:33, 41-46.
La résurrection est une occasion de repentance. Par contraste, lorsqu’il s’adressa à certaines villes juives du Ier siècle, Jésus fit allusion à un jour de jugement à venir qui les concernerait (Mt 10:14, 15 ; 11:20-24). Cela suppose qu’à tout le moins certains habitants de ces villes ressusciteraient, et que, quand bien même ils auraient du mal à se repentir en raison de leur attitude jadis fermée à la repentance, l’occasion leur serait donnée de manifester une humble repentance et de ‘ se retourner ’ en se convertissant à Dieu par l’intermédiaire de Christ. Ceux qui ne le feraient pas subiraient la destruction éternelle (voir Ré 20:11-15 ; JOUR DE JUGEMENT). Toutefois, ceux qui ont un comportement semblable à celui de ces nombreux scribes et Pharisiens qui combattaient délibérément et sciemment la manifestation de l’esprit de Dieu par le moyen de Christ ne seront pas ressuscités ; ils ne peuvent donc “ fuir le jugement de la géhenne ”. — Mt 23:13, 33 ; Mc 3:22-30.
Le malfaiteur sur le poteau. Le malfaiteur qui manifesta un peu de foi en Jésus, attaché au poteau à côté de lui, reçut la promesse d’être dans le Paradis (Lc 23:39-43 ; voir PARADIS). Alors que certains ont voulu lire dans cette promesse l’idée que le malfaiteur se voyait garantir la vie éternelle, les éléments fournis par les nombreux passages bibliques déjà considérés dans cet article ne permettent pas une telle conclusion. Certes, le malfaiteur reconnut la méchanceté de ses crimes en contraste avec l’innocence de Jésus (Lc 23:41), mais rien n’indique qu’il en était venu à ‘ haïr la méchanceté et à aimer la justice ’ ; à l’article de la mort, il n’était certainement pas en état de ‘ se retourner ’ et de faire “ des œuvres qui conviennent à la repentance ” ; il n’avait pas été baptisé (Ac 3:19 ; 26:20). C’est donc manifestement après sa résurrection d’entre les morts que lui sera offerte l’occasion d’agir de la sorte. — Voir Ré 20:12, 13.
En quel sens Dieu, qui est parfait, peut-il ‘ regretter ’ ?
Lorsque l’hébreu naḥam est utilisé dans le sens de ‘ regretter ’, il a le plus souvent pour sujet Jéhovah Dieu. Genèse 6:6, 7 déclare que “ Jéhovah regretta d’avoir fait les hommes sur la terre, et il fut peiné dans son cœur ”, car leur méchanceté était telle qu’il décida de les effacer de dessus la surface du sol par un déluge universel. Il est impossible que Dieu ait regretté au sens de s’être trompé dans son œuvre de création, puisque “ parfaite est son action ”. (Dt 32:4, 5.) Le regret est le contraire de la satisfaction agréable et de la joie. Il faut donc entendre que Dieu, après avoir créé les humains, regrettait de se voir dans l’obligation (justifiée) de les détruire tous, sauf Noé et sa famille, tant leur conduite était devenue méchante. En effet, ‘ Dieu ne prend pas plaisir à la mort du méchant ’. — Éz 33:11.
La Bible annotée fait ce commentaire : “ Se repentit [naḥam, regretter]. [...] Ce mot signifie seulement que l’homme ayant changé et ne répondant plus à sa destination assignée de Dieu, Dieu change aussi à son égard. ” Les principes justes de Dieu sont permanents, stables, immuables, exempts de toute variation (Ml 3:6 ; Jc 1:17). Aucune situation ne peut l’amener à changer d’avis sur ses principes, à s’en détourner ou à y renoncer. Toutefois, face à ces principes parfaits et à la façon dont Dieu les applique, l’attitude et les réactions de ses créatures intelligentes peuvent être bonnes ou mauvaises. Si elles sont bonnes, cela est agréable à Dieu ; si elles sont mauvaises, cela lui donne du regret. Qui plus est, l’attitude de l’individu peut changer, de bonne devenir mauvaise ou inversement, et puisque Dieu ne change pas ses principes au gré de ses créatures, son plaisir (et les bénédictions qui en découlent) peut en conséquence se muer en regret (et s’accompagner d’une discipline ou d’une punition), ou vice versa. Ses jugements et ses décisions sont donc dénués de tout caprice, de toute inconstance, légèreté et faute ; sa conduite n’est dès lors jamais inconséquente ou fantasque. — Éz 18:21-30 ; 33:7-20.
Un potier peut commencer à fabriquer un certain modèle de récipient, puis changer de style si le récipient est “ abîmé sous la main du potier ”. (Jr 18:3, 4.) Par cet exemple, Jéhovah illustre, non pas qu’il est comme un potier humain qui ‘ abîme sous sa main ’, mais plutôt qu’il a pouvoir sur les humains, pouvoir de modifier ses manières d’agir avec eux selon qu’ils réagissent favorablement ou non à sa justice et à sa miséricorde (voir Is 45:9 ; Rm 9:19-21). Il peut ainsi ‘ regretter le malheur qu’il avait pensé exécuter ’ sur une nation ou ‘ regretter le bien qu’il s’était dit qu’il ferait pour son bien à elle ’. (Jr 18:5-10.) Par conséquent, le fait est, non pas que Jéhovah, le Grand Potier, commette des erreurs, mais plutôt que l’“ argile ” humaine subit une “ métamorphose ” (changement de forme ou de composition) de sa condition de cœur, ce qui entraîne le regret, c’est-à-dire un changement de sentiment, de la part de Jéhovah.
Cela est vrai aussi bien de personnes que de nations, et le fait même que Jéhovah Dieu dise qu’il ‘ a du regret ’ à propos de certains de ses serviteurs, par exemple le roi Saül qui se détourna de la justice, montre que Dieu ne détermine pas d’avance l’avenir de ces individus (voir PRESCIENCE, PRÉDÉTERMINATION, PRÉDESTINATION). Si Dieu regretta que Saül ait dévié, cela ne signifie pas pour autant qu’en l’ayant choisi il avait fait erreur et devait regretter ce choix pour ce motif. Bien plutôt, Dieu éprouva du regret certainement parce que Saül, qui disposait du libre arbitre, n’avait pas fait bon usage de l’extraordinaire privilège ou chance que Dieu lui offrait, et parce que le changement de Saül obligeait Dieu à changer d’attitude envers lui. — 1S 15:10, 11, 26.
Prononçant la décision défavorable de Dieu à l’encontre de Saül, le prophète Samuel déclara : “ La Supériorité d’Israël ne trahira pas, et Il n’aura pas de regret, car Il n’est pas un homme tiré du sol pour éprouver du regret. ” (1S 15:28, 29). Souvent, les hommes tirés du sol manquent à leur parole, trahissent leurs promesses ou ne respectent pas les clauses des accords conclus ; étant imparfaits, ils commettent des erreurs de jugement, ce qui les amène à avoir quelque chose à regretter. Cela n’est jamais le cas de Dieu. — Ps 132:11 ; Is 45:23, 24 ; 55:10, 11.
Par exemple, l’alliance que Dieu conclut avec “ toute chair ” après le déluge garantissait sans condition que Dieu ne ferait plus jamais venir un déluge d’eaux sur toute la terre (Gn 9:8-17). Il n’est donc pas possible qu’il change par rapport à cette alliance ou qu’il ‘ la regrette ’. De même, dans son alliance avec Abraham, Dieu “ est intervenu par un serment ”, qui constituait “ une garantie légale ” afin de “ montrer plus abondamment aux héritiers de la promesse le caractère immuable de son conseil ”, sa promesse et son serment étant “ deux choses immuables dans lesquelles il est impossible que Dieu mente ”. (Hé 6:13-18.) De même, Dieu “ n’aura pas de regret ” au sujet de l’alliance solennelle conclue avec son Fils pour une prêtrise pareille à celle de Melkisédec. — Hé 7:20, 21 ; Ps 110:4 ; voir aussi Rm 11:29.
Toutefois, lorsqu’il fait une promesse ou conclut une alliance, Dieu peut fixer des exigences, des conditions auxquelles doivent satisfaire ceux que concerne la promesse ou l’alliance. Ainsi, il promit aux Israélites qu’ils deviendraient son “ bien particulier ” et “ un royaume de prêtres et une nation sainte ” à condition qu’ils obéissent strictement à sa voix et à condition qu’ils gardent vraiment son alliance (Ex 19:5, 6). Dieu respecta ses engagements dans cette alliance, mais pas les Israélites ; ils violèrent cette alliance à de nombreuses reprises (Ml 3:6, 7 ; voir aussi Ne 9:16-19, 26-31). C’est donc en toute justice que Dieu annula finalement cette alliance, et la responsabilité de la non-réalisation de la promesse en revenait totalement aux Israélites infidèles. — Mt 21:43 ; Hé 8:7-9.
De la même façon, Dieu peut ‘ avoir du regret ’ et ‘ revenir ’ de son intention d’infliger une punition si son avertissement provoque de la part des coupables un changement d’état d’esprit et de conduite (Dt 13:17 ; Ps 90:13). Ils reviennent à lui, et lui il ‘ revient ’ à eux (Ze 8:3 ; Ml 3:7). Au lieu d’être ‘ attristé ’, il se réjouit à présent, car il ne prend pas plaisir à faire venir la mort sur les pécheurs (Lc 15:10 ; Éz 18:32). Bien qu’il ne déroge jamais à ses principes justes, Dieu offre son aide afin que les personnes puissent revenir à lui ; elles y sont encouragées. Avec bonté, il les invite à revenir, ‘ étendant ses mains ’ et disant par l’intermédiaire de ses représentants : “ Revenez, s’il vous plaît, [...] pour que je ne vous cause pas de malheur ” et : “ S’il vous plaît, ne faites pas cette chose détestable que je hais vraiment. ” (Is 65:1, 2 ; Jr 25:5, 6 ; 44:4, 5). Il accorde largement le temps de changer (Ne 9:30 ; voir aussi Ré 2:20-23) et se montre patient, car “ il ne veut pas que qui que ce soit périsse, mais il veut que tous parviennent à la repentance ”. (2P 3:8, 9 ; Rm 2:4, 5.) Il lui est arrivé, dans sa bonté, de veiller à accompagner son message d’œuvres de puissance, ou miracles, qui attestaient que ses messagers étaient bien en mission divine et qui contribuaient à fortifier la foi des auditeurs (Ac 9:32-35). Quand son message ne suscite aucune réaction, il emploie la discipline ; il retire sa faveur et sa protection, permettant de la sorte que les individus non repentants subissent des privations, la famine, la souffrance de l’oppression par leurs ennemis. Cela peut les ramener à la raison, leur redonner la crainte salutaire de Dieu, ou leur faire comprendre que leur comportement était stupide et que leur échelle de valeurs était fausse. — 2Ch 33:10-13 ; Ne 9:28, 29 ; Am 4:6-11.
Toutefois, sa patience a des limites, et quand elles sont atteintes il ‘ se fatigue d’avoir du regret ’ ; sa décision d’infliger la punition est alors irrévocable (Jr 15:6, 7 ; 23:19, 20 ; Lv 26:14-33). Il ne se contente plus de ‘ penser ’ à exécuter un malheur ou de lui “ donner forme ” (Jr 18:11 ; 26:3-6), mais désormais sa décision est irréversible. — 2R 23:24-27 ; Is 43:13 ; Jr 4:28 ; Tse 3:8 ; Ré 11:17, 18.
En se montrant disposé à pardonner aux pécheurs repentants et en ayant la miséricorde de leur ouvrir la voie du pardon même dans le cas d’offenses répétées, Dieu donne l’exemple à tous ses serviteurs. — Mt 18:21, 22 ; Mc 3:28 ; Lc 17:3, 4 ; 1Jn 1:9 ; voir PARDON.