La vengeance du sang des innocents
“Car voici que Jéhovah sort de sa demeure pour visiter l’iniquité des habitants de la terre, et la terre découvrira le sang qu’elle a bu, et ne cachera plus ses tués.” — Is. 26:21, AC.
1. Comme le montre le prophète Ésaïe, comment Jéhovah considère-t-il la vie ?
DÈS le commencement de ses relations avec l’homme, Jéhovah montra qu’il attachait une grande importance à la vie. En même temps, il fit clairement comprendre à l’homme qu’il devait, lui aussi, respecter la vie, sans quoi il lui demanderait des comptes. La transgression de la loi de Jéhovah a attiré son juste jugement sur les nations, et le sang innocent qui a été versé durant les siècles ne peut rester caché ou non vengé plus longtemps. C’est ce que montrent avec certitude les paroles suivantes du prophète Ésaïe : “Car voici que Jéhovah sort de sa demeure pour visiter l’iniquité des habitants de la terre, et la terre découvrira le sang qu’elle a bu, et ne cachera plus ses tués.” — Is. 26:21, AC.
2. a) Dans quelle question concernant la vie Caïn et Abel ont-ils été impliqués, et qu’est-ce qui motiva l’attitude de Caïn ? b) Quel a été le jugement de Jéhovah concernant cette affaire ?
2 Les deux premiers hommes nés de parents humains ont été impliqués dans cette question de l’effusion du sang innocent quand Jéhovah accepta le sacrifice offert par Abel, mais n’agréa pas celui de Caïn. “Caïn fut très irrité, et son visage fut abattu.” Conscient que la colère de Caïn constituait une menace pour la vie d’Abel, Jéhovah avertit Caïn qu’il lui suffisait de faire le bien pour se relever. Toutefois, la raison pour laquelle l’offrande de Caïn n’obtint pas la faveur de Jéhovah, qui “regarde au cœur”, fut rendue plus évidente encore par la mauvaise attitude qu’il adopta ensuite (I Sam. 16:7). Au lieu de s’humilier, en reconnaissant la loi de Jéhovah, et d’imiter son frère, il préféra mépriser le conseil que Dieu lui donna pour vaincre le péché qui se tenait ‘couché à la porte’, et emprunta le chemin qui le conduisit au meurtre de son frère (I Jean 3:12 ; Jude 11). Il révéla encore son attitude d’esprit par la réponse dure et mensongère qu’il fit à Jéhovah quand celui-ci l’interrogea à propos de son frère ; il lui dit : “Je ne sais pas ; suis-je le gardien de mon frère ?” Cette réponse n’exprimait aucun repentir ou remords. Caïn ne pouvait prétendre être innocent et exempt de toute responsabilité. Jéhovah rendit immédiatement son jugement. “La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi. Maintenant, tu seras maudit de la terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère.” — Gen. 4:4-11.
3. a) Pourquoi Caïn n’a-t-il pas été absous, et comment reçut-il le jugement de Jéhovah ? b) Aux jours de Noé, qu’a fait Jéhovah pour purifier la terre qui était remplie de violence ?
3 Remarquez que Jéhovah attira particulièrement l’attention sur le sang d’Abel qui avait été versé sur le sol. Pourquoi ? Parce que la vie est dans le sang, et que le sang d’Abel avait été répandu sans raison valable. Caïn avait pris la vie de son frère, laquelle appartenait à Dieu, et le sang qui souillait le sol sur les lieux de son crime rendait un témoignage muet mais éloquent qu’une vie avait été perdue et réclamait vengeance auprès de Jéhovah. Caïn a dû se rendre compte qu’en prenant la vie d’Abel il mettait en danger la sienne, car il se plaignit ainsi à Jéhovah : “Je serai errant et vagabond sur la terre, et quiconque me trouvera me tuera.” (Gen. 4:14). Toutefois, Jéhovah lui répondit : “‘Eh bien, si quelqu’un tue Caïn, Caïn sera vengé sept fois.’ Et Jéhovah mit un signe sur Caïn, afin que quiconque le rencontrerait ne le tuât pas.” (Gen. 4:15, AC). Le sens du signe que Jéhovah mit sur Caïn était sans aucun doute très clair, comme le confirma plus tard Lémec, descendant de Caïn, quand il déclara : “J’ai tué un homme pour ma blessure, et un jeune homme pour ma meurtrissure. Caïn sera vengé sept fois, et Lémec soixante-dix-sept fois.” (Gen. 4:23, 24). La violence s’est accrue sur la terre jusqu’aux jours de Noé, quand Jéhovah fit disparaître “tout ce qui avait souffle de vie”, les hommes comme les animaux. Seuls Noé et ceux qui se trouvaient avec lui dans l’arche ont été épargnés quand les eaux du déluge ont recouvert la terre. — Gen. 7:22, 23, Da.
Le caractère sacré du sang est souligné
4. a) Quand et comment a-t-il introduit la force vitale dans sa création matérielle ? b) Comment Jéhovah a-t-il montré que la vie d’une “âme” est supérieure à celle de la végétation ?
4 Ce “souffle de vie” avait été créé par Dieu et donné en premier lieu aux animaux marins, aux créatures ailées et aux animaux terrestres. Cela s’était passé des milliers d’années avant que l’homme ne reçût ce don de Dieu. Toutefois, ce n’était pas le commencement de l’opération de la force vitale sur la terre. Celle-ci avait eu lieu durant le troisième jour de création, quand Dieu fit intervenir la force de vie sur les atomes de matière inanimée, en disant : “Que la terre produise de la verdure, de l’herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre.” (Gen. 1:11). Dans le règne végétal, et plus particulièrement les plantes ligneuses, un liquide vital, la sève, circule dans la plante et transporte la nourriture indispensable jusqu’aux rameaux les plus petits, aux feuilles et aux fleurs. On peut donc dire que la vie de l’arbre est dans la sève, car elle transporte dans toute la plante les éléments vitaux indispensables. Cependant, environ quatorze millénaires plus tard, pendant le cinquième jour de création, quand apparurent les créatures marines et les oiseaux, et encore sept mille ans plus tard, durant le sixième jour de création, quand les animaux terrestres commencèrent à être créés, Jéhovah leur prépara un système circulatoire d’un genre différent. Il fit passer dans celui-ci un nouveau véhicule, non plus la sève, mais le sang, qui transporte l’oxygène et les éléments nutritifs dans chaque cellule de tous les organes et des parties du corps. Toutefois, la vie qui est dans le sang est d’un genre supérieur à celle qui habite les plantes et la végétation en général. Il s’agit de la vie d’une “âme”. En outre, aucune restriction n’a été imposée à l’homme pour ce qui est de couper les plantes, donc de prendre leur vie. Bien au contraire, “toute herbe portant de la semence” et “tout arbre” ont été donnés comme nourriture à l’homme et à l’animal (Gen. 1:29, 30). En revanche, en Éden, et après son péché et son expulsion, l’homme ne reçut pas l’autorisation de prendre la vie des animaux avec la même liberté que celle des plantes. La vie de l’âme est sacrée aux yeux de Dieu.
5. a) Quelle nouvelle loi Noé a-t-il reçue après le déluge, et en rapport avec quelle autorisation lui a-t-elle été donnée ? b) Comment ce commandement soulignait-il le caractère sacré du sang et de la vie qu’il renferme ?
5 Quand Noé sortit de l’arche, Jéhovah lui donna une nouvelle loi. Ce faisant, Jéhovah parla de l’“âme” comme étant le “sang”. La raison en est que l’“âme” ou la “vie” est dans le sang. Cela ne veut pas dire que l’âme est quelque chose d’immatériel, d’invisible et d’intangible qui réside en l’homme. Les animaux, les poissons, les oiseaux sont appelés des “âmes”. (Gen. 1:20-24, Da n. m.) En outre, quand il créa l’homme, Jéhovah insuffla la respiration de vie dans son corps fait de poussière et “l’homme devint une âme vivante”. L’homme est donc une âme ; il n’a pas une âme (Gen. 2:7, Da). Pour ce qui est de verser le sang, l’attitude de Jéhovah envers le genre humain changea après le déluge. Il confia à l’homme la responsabilité sacrée d’agir immédiatement comme exécuteur de sa volonté à l’encontre des meurtriers volontaires. Dieu énonça ce commandement en même temps qu’il autorisa les hommes à manger de la chair animale. Cependant, il donna à Noé un avertissement précis concernant le caractère sacré du sang et de la vie dans le sang : “Tout ce qui se meut et qui a vie vous servira de nourriture : je vous donne tout cela comme l’herbe verte. Seulement, vous ne mangerez point de chair avec son âme, avec son sang. Sachez-le aussi, je redemanderai le sang de vos âmes, je le redemanderai à tout animal ; et je redemanderai l’âme de l’homme à l’homme, à l’homme qui est son frère. Si quelqu’un verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé ; car Dieu a fait l’homme à son image.” (Gen. 9:3-6). La peine capitale était donc désormais requise par Dieu et, avec le temps, il devint tout à fait clair que le non-respect de cette exigence allait de nouveau entraîner de graves dettes de sang.
Pas de rançon pour celui qui est coupable de meurtre
6. Selon la Loi de Moïse, de quelle façon seulement la propitiation pour le sang versé pouvait-elle être faite, et quelle était l’étendue de cette disposition ?
6 Des siècles plus tard, Jéhovah souligna de nouveau toute la valeur qu’il accorde à la vie de l’“âme” en indiquant le châtiment réservé à quiconque transgresserait la Loi d’Israël, donnée par l’intermédiaire de Moïse. Il dit : “Tu n’auras point pitié de lui ; mais tu exigeras âme pour âme, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied.” (Deut. 19:21, Glaire). Plus tard, Jéhovah donna cet avertissement à son peuple, alors qu’il se préparait à entrer en Terre promise : “Vous ne souillerez point le pays où vous serez, car le sang souille le pays ; et il ne sera fait pour le pays aucune expiation du sang qui y sera répandu que par le sang de celui qui l’aura répandu.” (Nomb. 35:33). Les mesures prises par Jéhovah pour préserver le pays de toute souillure par le sang versé de ses habitants étaient si étendues qu’il avait même prévu les cas où le meurtrier resterait inconnu. On ne devait pas permettre que la mort d’un innocent souille indéfiniment le sol. — Deut. 21:1-9.
7. a) En Israël, qui était autorisé à venger la victime d’un meurtre, et comment s’acquittait-il de sa responsabilité ? b) De quelle façon cette loi donnée à Israël différait-elle des pratiques postérieures, plus particulièrement de celles en usage au Moyen Âge ?
7 La seule personne autorisée par la Loi d’Israël à venger le sang de la personne tuée était appelée le “vengeur du sang” ou goʼél. Il s’agissait du plus proche parent masculin de la victime (Nomb. 35:19). Comme il était le plus proche parent, donc personnellement attaché à la victime, il allait logiquement chercher à assumer cette responsabilité et être poussé par la colère à venger la mort de son parent. Si le meurtrier était connu, la propitiation pour le sang de la victime devait être faite à coup sûr et rapidement. “Si un homme s’enfuit dans une de ces villes [de refuge], après avoir dressé des embûches à son prochain par inimitié contre lui, après l’avoir attaqué et frappé de manière à causer sa mort, les anciens de sa ville l’enverront saisir et le livreront entre les mains du vengeur du sang, afin qu’il meure. Tu ne jetteras pas sur lui un regard de pitié, tu feras disparaître d’Israël le sang innocent [la dette du sang innocent, NW], et tu seras heureux.” (Deut. 19:11-13). On ne devait fournir aucun asile au meurtrier volontaire, ni offrir de rançon pour son âme (Nomb. 35:31). Dans l’Antiquité et au Moyen Âge, dans de nombreux pays, des lieux de refuge étaient prévus même pour ceux qui étaient coupables de meurtre. Les églises de la chrétienté sont devenues des sanctuaires pour ceux qui transgressaient volontairement la loi de Dieu. Cela n’était pas permis par la Loi d’Israël. L’exemple de Joab montre que même l’autel sacré des sacrifices n’offrait aucun refuge. Bien que Joab n’ait pas voulu lâcher les cornes de l’autel et sortir, Salomon ordonna qu’il fût mis à mort dans la cour de la tente de Jéhovah parce qu’il avait participé à la rébellion d’Adonija et au meurtre d’Abner et d’Amasa. — I Rois 2:28-34.
De la miséricorde pour le meurtrier involontaire
8. a) Pourquoi le vengeur du sang ne se chargerait-il pas d’une dette de sang en mettant à mort le meurtrier ? b) Le vengeur du sang serait-il chargé d’une dette de sang en tuant un meurtrier involontaire ? Dans un tel cas, comment le pays aurait-il pu être souillé ?
8 En tuant un meurtrier, le vengeur du sang ne se chargeait pas d’une dette de sang, car il faisait la propitiation pour le sang innocent qui, autrement, aurait souillé le pays (Nomb. 35:33). Mais que se passait-il si la mort avait été donnée accidentellement, sans préméditation ni méchanceté ? Il s’agissait d’un meurtre involontaire, l’auteur de celui-ci n’ayant pas cherché à frapper la victime. Dans un tel cas, si le vengeur du sang se saisissait du meurtrier involontaire et le tuait dans sa colère, le plus proche parent de ce dernier, qui n’était pas coupable d’un meurtre prémédité, pouvait se lever à son tour avec indignation contre celui qui avait tué son parent, et une autre vie innocente risquait d’être prise, celle du premier vengeur du sang, qui avait légalement le droit de frapper le meurtrier involontaire. Cela pouvait facilement provoquer une véritable guerre sanglante et la mort de plusieurs innocents. En outre, le pays serait souillé par un bain de sang.
9. Quel moyen de protection était prévu pour le meurtrier involontaire ?
9 Pour empêcher cela, et dans un acte de miséricorde, Jéhovah ordonna que des villes d’Israël soient prévues pour servir de refuge au meurtrier involontaire pourchassé par le vengeur du sang. “Ces villes vous serviront de refuge contre le vengeur du sang, afin que le meurtrier ne soit point mis à mort avant d’avoir comparu devant l’assemblée pour être jugé. Des villes que vous donnerez, six seront pour vous des villes de refuge. Vous donnerez trois villes au delà du Jourdain, et vous donnerez trois villes dans le pays de Canaan : ce seront des villes de refuge. Ces six villes serviront de refuge aux enfants d’Israël, à l’étranger et à celui qui demeure au milieu de vous : là pourra s’enfuir tout homme qui aura tué quelqu’un involontairement.” (Nomb. 35:10-15 ; Deut. 19:1-3, 8-10). Dans Deutéronome 19:6, il est montré que ces villes devaient être peu éloignées et facilement accessibles, “de peur que le vengeur du sang, échauffé par la colère et poursuivant le meurtrier, ne finisse par l’atteindre s’il avait à faire beaucoup de chemin, et ne frappe mortellement celui qui ne mérite pas la mort, puisqu’il n’était point auparavant l’ennemi de son prochain”. Bien que cela ne soit pas dit expressément dans la Bible, la tradition juive nous apprend que les chemins conduisant aux villes de refuge devaient être larges et toujours bien entretenus, afin qu’il n’y ait aucun obstacle.
En sécurité uniquement à l’intérieur de la ville de refuge
10. Comment déterminait-on si un homme pouvait bénéficier de la protection d’une ville de refuge ?
10 Bien que tout meurtrier pût s’enfuir dans une ville de refuge, l’asile ne lui était accordé que jusqu’au moment où il pouvait se présenter devant les aînés de sa ville, dans la juridiction desquels le meurtre avait été commis (Josué 20:4-6). Alors, “l’assemblée jugera entre celui qui a frappé et le vengeur du sang”. (Nomb. 35:24.) Si le meurtrier était jugé coupable, il devait être livré sans délai au vengeur du sang pour être mis à mort (Nomb. 35:30). En revanche, si l’on jugeait que le meurtrier était exempt de méchanceté et n’avait pas haï la victime avant l’accident, ‘l’assemblée délivrait le meurtrier de la main du vengeur du sang, et le faisait retourner dans la ville de refuge où il s’était enfui. Il y demeurait jusqu’à la mort du souverain sacrificateur [le grand prêtre] qu’on a oint de l’huile sainte’. — Nomb. 35:25.
11. À quelle condition seulement la ville était-elle un lieu de refuge pour les meurtriers, et qu’est-ce que cela mettait en évidence ?
11 Pour être sûr de bénéficier d’une protection continuelle, le meurtrier devait rester à l’intérieur des limites de la ville, y compris ses faubourgs et ses pâturages, à mille coudées autour de celle-ci. “Si le meurtrier sort du territoire de la ville de refuge où il s’est enfui, et si le vengeur du sang le rencontre hors du territoire de la ville de refuge et qu’il tue le meurtrier, il ne sera point coupable de meurtre. Car le meurtrier doit demeurer dans sa ville de refuge jusqu’à la mort du souverain sacrificateur ; et après la mort du souverain sacrificateur, il pourra retourner dans sa propriété.” (Nomb. 35:26-28). Cela signifiait qu’une fois autorisé à demeurer dans la ville après avoir été reconnu par un jugement équitable innocent d’un meurtre volontaire, le meurtrier ne pouvait en sortir sous aucun prétexte, même temporairement, sans risquer sa vie. Cela devait souligner aux yeux du meurtrier, même involontaire, la gravité de son acte et mettre l’accent sur la miséricorde de Jéhovah, qui lui permettait de demeurer dans cette ville de refuge. Il était dit encore : “Vous n’accepterez pas de rançon de quelqu’un qui, s’étant enfui dans sa ville de refuge, veut revenir habiter son pays avant la mort du grand prêtre.” (Nomb. 35:32, Jé). Cela reviendrait à mépriser la disposition prise par Jéhovah et laisserait entendre que la vie pouvait être achetée à Dieu.
12. Le meurtrier involontaire était-il considéré comme un prisonnier dans la ville ? Qu’est-ce qui le retenait, et que devait-il faire durant son séjour dans cette ville ?
12 Le meurtrier qui était autorisé à demeurer dans la ville de refuge ne devait pas être un fardeau pour les autres habitants. Il était raisonnable qu’il contribue durant son séjour à la prospérité de la ville et travaille pour subvenir à ses besoins. Il pouvait faire son métier si cela était approprié. Sinon, on pouvait lui demander d’en apprendre un autre. La Loi de Jéhovah ne permettait à personne de mendier ou de vivre de la charité des autres sans faire quelque chose en retour, du moins s’il en était physiquement capable. Même les veuves et les orphelins qui, s’ils n’avaient ni propriété ni moyens d’existence, étaient largement aidés, devaient néanmoins travailler en échange de ce qu’ils recevaient (Deut. 24:17-22). Il est intéressant de remarquer que si les meurtriers n’étaient pas retenus prisonniers dans la ville mais étaient libres de s’en aller s’ils le voulaient, il n’empêche que la façon dont Jéhovah avait pris cette disposition de salut faisait que seuls les plus téméraires essaieraient de passer outre.
13. Quels autres aspects de la Loi d’Israël montraient clairement que le meurtre, même involontaire, ne devait pas être considéré légèrement ?
13 D’autre part, il ne fallait pas abuser de la miséricorde de Jéhovah, qui avait prévu un refuge pour le meurtrier involontaire. La Loi ne permettait pas non plus de réclamer la miséricorde pour une négligence inexcusable. Par exemple, quand un homme construisait une maison, il devait entourer le toit d’une balustrade. S’il ne le faisait pas, sa maison serait souillée par le sang de quiconque tomberait du toit (Deut. 22:8). Si le propriétaire d’un bœuf ayant l’habitude de donner des coups de corne ne surveillait pas l’animal malgré les avertissements reçus, et si celui-ci tuait quelqu’un, cet homme était responsable du sang versé et pouvait être mis à mort (Ex. 21:28-32). Si, la nuit, un homme surprenait un voleur entré chez lui avec effraction et le tuait en cherchant à l’attraper, il n’était pas coupable du sang versé. En revanche, si cela se produisait le jour, alors que le voleur pouvait être vu sans peine, celui qui le frappait à mort se chargeait d’une dette de sang (Ex. 22:2, 3). En réalité, la loi de Jéhovah était parfaitement équilibrée, exigeant le juste châtiment du méchant, mais accordant la miséricorde à ceux qui tombaient dans le péché ou transgressaient involontairement cette loi.
Le châtiment est certain et proche
14. Comment, en tant que nation, Israël a-t-il accepté les exigences de la Loi concernant le caractère sacré de la vie, et quelle accusation les prophètes de Dieu ont-ils été autorisés à prononcer ?
14 Cette disposition équitable, prise par Jéhovah, se révéla un véritable acte d’accusation pour l’antique Israël. Dès le début de l’histoire d’Israël, la Loi tout entière avait mis l’accent sur le caractère sacré de la vie et du sang. Cependant, seul un reste réagit favorablement aux exhortations répétées que Jéhovah jugea nécessaire d’adresser à son peuple par l’intermédiaire des ‘prophètes qu’il lui a envoyés dès le matin’, afin de l’avertir du juste châtiment qu’il ne manquerait pas de lui infliger. Non seulement les Israélites refusèrent d’écouter les conseils et avertissements de Jéhovah, mais ils traitèrent cruellement ses prophètes et les mirent à mort, ajoutant ainsi à leur culpabilité devant Jéhovah en versant le sang de ces innocents (Jér. 26:2-8). Jéhovah leur adressa donc cette accusation par l’intermédiaire de Jérémie : “Même dans les pans de ta robe a été trouvé le sang des âmes des pauvres innocents ; je ne l’ai pas trouvé en pénétrant violemment dans les lieux cachés, mais en tous ceux-ci.” (Jér. 2:34, Da n. m). Par Ésaïe, il déclara aussi : “Le pays était profané par ses habitants ; car ils transgressaient les lois, violaient les ordonnances, ils rompaient l’alliance éternelle. C’est pourquoi la malédiction dévore le pays, et ses habitants portent la peine de leurs crimes ; c’est pourquoi les habitants du pays sont consumés, et il n’en reste qu’un petit nombre.” — És. 24:5, 6.
15. Quel châtiment Jéhovah a-t-il infligé à son peuple d’Israël aux jours de Jérémie, et quelle responsabilité supplémentaire ses descendants porteraient-ils à l’époque de Jésus ?
15 Jérusalem fut détruite en l’an 607 avant notre ère à cause de ses nombreux crimes commis contre Jéhovah, y compris sa culpabilité pour le sang versé ; seul un reste ne fut pas condamné. Cependant, malgré ce châtiment terrible de la part de Jéhovah, les chefs de la fausse religion à l’époque de Jésus, pas plus que les conducteurs religieux du temps de Jérémie, n’ont pu nier qu’ils étaient coupables d’avoir versé le sang, car, dans les deux cas, leurs vêtements étaient rouges du sang des fidèles adorateurs de Jéhovah, et même de son propre Fils bien-aimé. — Mat. 23:33-36 ; 27:24, 25 ; Luc 11:49-51.
16. Quelle attitude les nations adoptent-elles aujourd’hui quant au caractère sacré de la vie, et quel doit être notre point de vue ?
16 De nos jours, la dette de sang de toutes les nations de la terre a atteint son comble. C’est également le cas de la “prostituée” appelée Babylone la Grande, l’empire mondial de la fausse religion, qui, selon les Écritures, est ivre du sang des serviteurs de Jéhovah (Rév. 17:5, 6 ; 18:24). Le Vengeur du sang établi par Jéhovah est sur le point de frapper Babylone la Grande. Malheur à quiconque sera trouvé en sa compagnie (Rév. 18:4) ! Ceux qui ont versé le sang, dit David, “n’atteindront pas la moitié de leurs jours”. (Ps. 55:24 55:23, NW.) Notre prière sincère doit être celle du psalmiste qui déclara : “Ô Dieu, Dieu de mon salut ! délivre-moi du sang versé”, et : “Sauve-moi des hommes de sang !” (Ps. 51:16 51:14, NW ; 59:3 59:2, NW). Dans un avenir proche, un puissant chant de louange montera vers Jéhovah dans les cieux parce que le dernier élément de Babylone la Grande aura été détruit et que le sang de tous les innocents aura été vengé. Alors, sur la terre, nous joindrons nos voix à celles de tous ceux qui auront été épargnés par l’épée punitive du Vengeur établi par Jéhovah. — Rév. 19:1, 2, 15, 21.
[Carte, page 495]
(Voir la publication)
Les villes de refuge
Kédesch
Golan
Ramoth
JOURDAIN
Sichem
Betser
Hébron
[Illustration, page 496]
Le meurtrier involontaire devait s’enfuir dans la ville de refuge la plus proche, de peur que, dans l’ardeur de sa colère, le vengeur du sang ne se saisisse de lui et ne le tue.