Répondons à l’appel au service de Jéhovah
“‘Je t’ai caché ma face pour un moment seulement, mais avec une bonté de cœur jusqu’à des temps indéfinis, j’aurai pitié de toi’, a dit ton Racheteur, Jéhovah.” — És. 54:8, NW.
1, 2. Quels événements survenus dans l’ancienne Bethléhem amenèrent une invitation qui allait avoir des conséquences très étendues ?
LE JOUR se lève sur Bethléhem. On peut déjà distinguer une certaine animation dans les rues, et dans la lumière blafarde du petit matin des ombres se déplacent en hâte pour accomplir quelque tâche matinale. La silhouette gracieuse d’une jeune femme s’approche de la ville et traverse furtivement la place près de la porte. Un éclair de joie passe sur son visage, et son pas est léger malgré le ballot qu’elle porte enveloppé dans sa cape. Elle s’éloigne et pénètre dans une modeste demeure où elle est saluée brièvement par une femme beaucoup plus âgée. Toutes deux s’assoient dans l’expectative. La plus jeune a confiance en l’avenir, et la plus âgée a l’espoir de voir se réaliser ce qu’elle attend depuis toujours.
2 Les pensées des deux femmes vont vers la porte de la ville et ce qui commence à s’y passer, alors que les premiers rayons du soleil éclairent la petite ville perchée sur une colline. Davantage de gens passent maintenant dans les rues, et le soleil est plus haut dans le ciel. Bien que ce ne soit pas encore l’été, la période sèche de six mois est bien avancée ; et même à cette heure matinale le soleil commence déjà à faire sentir sa chaleur. Il y a maintenant beaucoup de monde, et la place devant la porte de la ville est le théâtre d’une grande animation. Un homme d’un certain âge est assis près de la porte ; son allure et ses vêtements indiquent qu’il s’agit d’un homme aisé, occupant une position en vue. Ce matin, il a un air très sérieux tandis qu’il dévisage tous ceux qui passent en cet endroit. Il est évident qu’il cherche quelqu’un. Soudain, il s’écrie : “Veuille dévier, veuille t’asseoir ici, un tel !” Un autre homme d’âge mûr s’arrête, fait un écart et vient s’asseoir à côté de lui. Cette salutation et la réaction qu’elle suscite vont donner lieu à des événements qui ne transformeront pas seulement la vie des deux femmes qui attendent patiemment dans leur petite maison de Bethléhem, mais aussi celle des nombreuses générations à venir. À “un tel”, une invitation allait être faite qui devait avoir des conséquences à longue portée, même jusqu’à notre époque.
3. Quels sont les principaux personnages du drame de Naomi et de Ruth, et quelles questions doivent être résolues concernant leurs relations familiales ?
3 La jeune femme qui entra dans la ville ce jour particulièrement important s’appelait Ruth, et la femme plus âgée qui la salua à son entrée dans la demeure était sa belle-mère, Naomi, veuve d’Élimélech. Contrairement à Naomi, Ruth n’était pas Juive, mais Moabite. Comment était-elle donc devenue la belle-fille de Naomi et pourquoi se trouvait-elle à Bethléhem, si loin de son pays et de son peuple ? Quels étaient ses liens avec Boaz, l’homme d’un certain âge qui tenait tant à parler d’une affaire avec un tel ? Et quelle était cette question si importante qui, trente siècles plus tard, peut influencer notre vie ?
4. Que représentent les principaux personnages du drame ?
4 L’histoire qui commença à se dérouler dans l’ancien Israël et qui est rapportée dans le livre de Ruth annonçait prophétiquement des événements de notre époque qui ont des conséquences tout aussi éprouvantes et étendues que ceux de l’époque de Ruth (I Cor. 10:11 ; Rom. 15:4). En outre, chacun des personnages de cette histoire ancienne est un type prophétique. Le nom d’Élimélech signifie “Dieu est roi”. Il représente donc le Seigneur Jésus-Christ. Il en est de même de Boaz, proche parent de Naomi, dont le nom peut signifier “en force”. On s’attend donc à ce que Naomi, dont le nom signifie “ma grâce”, représente les chrétiens appelés à devenir l’épouse de Jésus et plus particulièrement ceux qui se trouvent sur la terre en ce “temps de la fin”, lorsque le drame connaît son accomplissement remarquable. Ruth, dont le nom signifie peut-être “amitié”, devint la belle-fille de Naomi et fut en mesure de produire pour celle-ci une postérité. Elle représenterait donc elle aussi l’épouse du Christ, mais sous un aspect légèrement différent et dans des circonstances différentes également. Qui l’homme appelé “un tel”, autre parent proche de Naomi, représente-t-il ? Laissons aux événements se déroulant à notre époque moderne le soin de nous le montrer clairement.
Une femme abandonnée
5. a) Qu’arriva-t-il à Bethléhem aux jours de Naomi, et que décida donc de faire son mari Élimélech ? b) Qu’est-ce que cela représente dans l’accomplissement moderne ?
5 Revenons à l’époque où la famille d’Élimélech était encore heureuse et au complet. Avec sa femme Naomi et ses deux fils, Mahlon et Kilion, il habitait dans le territoire de Juda, à Bethléhem ou Éphrathah. Bethléhem signifie “maison du pain”, tandis qu’Éphrathah signifie “fécondité” ou “fertilité”. Ces deux noms suggèrent l’abondance, l’absence de famine ; cependant, au treizième siècle avant notre ère le pain vint à manquer, et Bethléhem et tout le territoire de la tribu de Juda connurent la famine, ce qui représente la disette spirituelle qui frappa l’organisation de Jéhovah durant la Première Guerre mondiale. Que les autres habitants de Bethléhem aient quitté la ville ou non, Élimélech et sa famille, eux, sont partis. Ils ont traversé le Jourdain et se sont établis dans le pays ou les champs de Moab pour y habiter temporairement en tant que résidents étrangers, tout comme les serviteurs de Jéhovah sont aujourd’hui des résidents temporaires dans le système de choses de Satan (Jean 17:16 ; I Jean 5:19). Ce faisant, Élimélech laissait derrière lui en Juda une possession héréditaire. — Ruth 1:1, 2.
6. Qu’arriva-t-il aux membres de la famille de Naomi durant leur séjour en Moab ?
6 Avec le temps, Élimélech alors âgé mourut et laissa Naomi veuve. Celle-ci jugea bon de marier ses deux fils dans le pays de Moab. Mahlon, vraisemblablement l’aîné, épousa Ruth, une Moabite, tandis que Kilion prit pour femme Orpah, Moabite elle aussi. Mahlon et Kilion moururent à leur tour laissant trois veuves : Naomi, leur mère, ainsi que Ruth et Orpah, leurs femmes (Ruth 1:3-5). Les deux jeunes femmes n’ayant pas d’enfant ne laissaient aucune postérité à Naomi. Celle-ci étant trop âgée pour avoir elle-même des enfants devait en porter l’opprobre. La mort de Mahlon (dont le nom signifie “malade, infirme”) et de Kilion (qui signifie “faible”) représente la mort au sens spirituel de certains de ceux qui se sont associés à l’organisation de Dieu durant cette période difficile. Ce fut une époque de grande tristesse pour le peuple de Jéhovah.
7. Comment Naomi considérait-elle sa situation, et quelle condition Ésaïe annonça-t-il des siècles plus tard ?
7 Naomi se voyait abandonnée, une femme dépourvue de postérité ou n’ayant pas le pouvoir d’en produire une. Elle était comme une “épouse complètement abandonnée et peinée d’esprit, et comme une épouse du temps de la jeunesse et qu’on a alors rejetée”. À une époque où le fruit des entrailles pouvait être considéré comme une bénédiction de la part de Jéhovah et la stérilité comme une malédiction, Naomi pensait être en droit de déclarer : “C’est Jéhovah qui m’a humiliée.” (Ruth 1:21, NW). Des siècles plus tard, le prophète Ésaïe fut inspiré pour parler d’une humiliation semblable qui, en l’occurrence, résultait de la défaveur de Jéhovah. Pour comprendre pleinement l’épreuve que devait endurer Naomi, nous devons connaître le sens de la prophétie d’Ésaïe et son application aux événements de notre époque qui l’ont accomplie. “‘Car Jéhovah t’a appelée comme si tu étais une épouse complètement abandonnée et peinée d’esprit, et comme une épouse du temps de la jeunesse et qu’on a alors rejetée’, a dit ton Dieu. ‘Pour un petit moment je t’ai complètement abandonnée, mais avec de grandes compassions je te rassemblerai. Dans un débordement d’indignation je t’ai caché ma face pour un moment seulement, mais avec une bonté de cœur jusqu’à des temps indéfinis, j’aurai pitié de toi’, a dit ton Racheteur, Jéhovah.” — És. 54:6-8, NW.
Jéhovah, un propriétaire-époux
8, 9. a) À qui les paroles rapportées dans Ésaïe 54:6-8 s’adressaient-elles, et comment le contexte l’indique-t-il ? b) Quel groupe de personnes, également représenté par Naomi, est concerné par cette prophétie ?
8 Cette prophétie laissait entendre que Jéhovah, le Dieu de toute création, possède une femme. Est-ce possible ? Oui, symboliquement parlant. Dans Ésaïe 54:5 (NW), il est dit à cette femme : “Car ton grand Auteur, c’est ton propriétaire-époux, Jéhovah des armées est son nom ; et le Saint d’Israël est ton Racheteur.” Ces paroles ne s’adressaient ni à Naomi, qui était morte depuis cinq siècles aux jours d’Ésaïe, ni à quelque femme de son époque, mais à une organisation, la Sion céleste, l’organisation universelle de Dieu composée de ses fils spirituels dans les cieux. Durant les dix-neuf siècles écoulés, les anges célestes, spirituels et invisibles, qui sont restés saints et fidèles à Jéhovah Dieu, n’ont pas été les seuls à être comptés parmi ces fils spirituels composant l’organisation universelle de Dieu. Celle-ci a adopté des fils de Dieu engendrés de l’esprit alors qu’ils se trouvaient sur la terre, dont le nombre total est de 144 000 (Rév. 14:1). Ce sont tous des disciples du principal membre de l’organisation universelle de Dieu, le Seigneur Jésus-Christ.
9 Ces 144 000 disciples de Jésus-Christ sont appelés à l’épouser dans les cieux ; c’est pourquoi ils constituent la future épouse du Christ ou, selon Révélation 21:9, “l’épouse, la femme de l’Agneau”. Les membres de cette classe de l’épouse ont été choisis durant les dix-neuf siècles écoulés. C’est pourquoi il ne peut y avoir qu’un reste aujourd’hui sur la terre. Ceux qui ont survécu à la Première Guerre mondiale, s’étant voués à Dieu et ayant été baptisés avant 1919, sont représentés dans ce drame biblique par Naomi. Comment en sont-ils venus à se trouver dans la même situation que Naomi au pays de Moab, c’est-à-dire sans enfant et abandonnés ?
10. Quelles relations existent entre le reste et l’organisation universelle de Dieu, et durant quelle période le Grand Élimélech ‘mourut-il’ par rapport à la classe de Naomi ?
10 Pour comprendre cette partie du drame de Naomi et de Ruth, il faut connaître un autre aspect des relations qui unissent le reste sur la terre aux autres membres de l’organisation universelle de Dieu qui se trouvent dans les cieux. Puisque le reste fait partie de l’organisation universelle de Dieu, tout ce qui touche aux fils spirituels composant ce reste de l’épouse encore dans la chair affecte aussi la femme de Dieu, la Sion céleste ou organisation universelle. Cela devient tout à fait clair quand on considère la prophétie d’Ésaïe 54:6-8 à la lumière des événements qui ont accompagné l’activité de la classe de Naomi durant la Première Guerre mondiale. C’est en effet à cette époque-là, de 1918 à 1919, que le Grand Élimélech “mourut” par rapport à la classe de Naomi qui devint abandonnée, comme privée d’un propriétaire-époux. Ce fut une période d’humiliation quand Jéhovah, l’époux de cette organisation universelle, rejeta sa femme, représentée par les chrétiens engendrés de l’esprit se trouvant sur la terre, en accomplissement d’Ésaïe 54:6-8.
Jéhovah est mécontent de sa femme
11. Quand et pour quelles raisons Jéhovah a-t-il été mécontent du reste, et comment l’a-t-il manifesté, ce qui affecta toute l’organisation universelle ?
11 Remarquez comment, dans la prophétie d’Ésaïe, Jéhovah parle de sa femme comme étant abandonnée et peinée d’esprit, et à laquelle il cache sa face. Cela indique une période de mécontentement à son égard. C’est pourquoi au És 54 verset onze, il lui dit : “Ô femme affligée, battue par la tempête, inconsolée.” Le reste, alors la classe de Naomi connut une situation semblable, particulièrement en 1918 lorsque, dans un certain sens, il fut exilé loin de la faveur de Jéhovah Dieu. Cette année-là, Jéhovah entra de façon soudaine dans son temple accompagné du messager de l’alliance, le Seigneur Jésus-Christ. Il examina le reste alors sur la terre et fut mécontent de lui (Mal. 3:1, 2). Pendant un temps, les membres du reste n’ont pas répondu de tout cœur à l’appel de Jéhovah les invitant à servir son Royaume. Ils hésitaient par crainte des hommes et ne se gardaient pas “de toute tâche du monde”. (Jacq. 1:27.) C’est pourquoi Jéhovah permit qu’ils deviennent esclaves de Babylone la Grande et de ses amis politiques. Ils connurent une période de grandes persécutions et d’injures dont le point culminant fut l’arrestation et l’emprisonnement de représentants du bureau central de la Société en 1918 sur la fausse accusation d’espionnagea. Cela signifiait que toute l’organisation universelle de Dieu, sa femme, allait être affectée par le mécontentement divin. La prophétie annonçait que toute l’organisation ressemblerait à “une épouse complètement abandonnée”.
12. Si Élimélech représente le Seigneur Jésus-Christ en quel sens le fait que Jéhovah cache sa face à sa femme correspond-il à la mort d’Élimélech ?
12 Mais si Élimélech représente le Seigneur Jésus-Christ, en quel sens le fait que Jéhovah cache sa face à sa femme correspond-il à la mort d’Élimélech ? Comment Jésus-Christ, alors dans les cieux, est-il réellement mort par rapport à la classe de Naomi se trouvant sur la terre ? Durant son ministère terrestre, Jésus montra clairement quelle était sa règle d’action en disant : ‘Ce que je vois faire par mon Père, je le fais.’ Si, durant l’époque où le reste connut la défaveur divine, Jéhovah abandonna sa femme, lui cachant sa face, le Fils a donc dû agir pareillement, plus particulièrement envers une certaine partie de l’organisation universelle de Dieu, le reste spirituel sur la terre dont les membres font partie de son épouse. Ainsi, Jésus-Christ “mourut” réellement par rapport à ceux que Jéhovah abandonna.
Une grande épreuve
13. Que décide de faire Naomi, et en quoi cela constitue-t-il une épreuve pour Ruth et Orpah ?
13 Dans le drame antique, dix années ayant passé, Naomi apprend que les conditions ont changé à Bethléhem. Jéhovah a de nouveau dirigé son attention sur son peuple en lui donnant du pain. Naomi décide de retourner dans son pays. Mais il y a une raison encore plus impérieuse. À Bethléhem de Juda, Naomi a une possession héréditaire ; il lui faut donc retourner dans son pays pour la reprendre. Cela constitue une grande épreuve pour Ruth et Orpah, ses deux “filles”. Que vont-elles faire ? Apparemment sans hésiter, elles se mettent en route avec Naomi pour Bethléhem (Ruth 1:6, 7). Puis, quelque part en chemin, Naomi essaie de les en dissuader, disant : “‘Allez ! Retournez chacune à la maison de sa mère ! (...) Que Jéhovah vous fasse un don, et trouvez bel et bien chacune un lieu de repos dans la maison de son mari !’ Puis elle les embrassa, et elles élevèrent alors la voix et pleurèrent. Et elles lui disaient : ‘Non, mais avec toi nous retournerons vers ton peuple.’ Mais Naomi dit : ‘Retournez, mes filles. Pourquoi iriez-vous avec moi ? Ai-je encore des fils dans mes parties internes, et faudra-t-il qu’ils deviennent vos maris ? Retournez, mes filles, allez, car je suis devenue trop vieille pour appartenir à un mari. (...) Non, mes filles, car cela m’est très amer à cause de vous, que la main de Jéhovah soit sortie contre moi !’ — Ruth 1:8-13, NW.
14. Que décide Orpah, et quelle attitude semblable ceux qu’elle représente adoptent-ils ?
14 “Alors elles élevèrent la voix et pleurèrent encore, puis Orpah embrassa sa belle-mère. Quant à Ruth, elle s’attacha à elle. Et celle-ci dit : ‘Voici que ta belle-sœur veuve est retournée vers son peuple et vers ses dieux. Retourne avec ta belle-sœur veuve.’” (Ruth 1:14, 15, NW). Orpah représente ceux qui sont entrés en relation avec la fidèle classe de Naomi et qui ont manifesté de l’intérêt et du zèle pendant un temps, mais qui ont ensuite renoncé alors qu’ils étaient encore dans leur jeunesse chrétienne. L’égoïsme et les désirs personnels les ont empêchés d’accepter l’invitation de Jéhovah à le ‘mettre à l’épreuve et à voir ainsi si je n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux et si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance’. — Mal. 3:10 ; Héb. 10:38, 39 ; II Pierre 2:22.
15, 16. Comment Ruth réagit-elle devant l’épreuve ?
15 Par contre, la classe de Ruth renonça à tous ses avantages personnels pour réaliser aux côtés de la classe de Naomi le dessein prévu par Jéhovah à leur intention. “Ruth dit alors : ‘Ne me supplie pas de t’abandonner, de m’en retourner d’auprès de toi ; car où tu iras j’irai, et où tu passeras la nuit je passerai la nuit. Ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu, mon Dieu. Là où tu mourras, je mourrai, et c’est là que je serai ensevelie. Qu’ainsi me fasse Jéhovah et qu’il y ajoute, si autre chose que la mort venait à opérer une séparation entre moi et toi !’” — Ruth 1:16, 17, NW.
16 En disant : “Qu’ainsi me fasse Jéhovah et qu’il y ajoute”, Ruth jurait ou faisait le serment devant Jéhovah d’agir ainsi. Elle acceptait entièrement l’invitation à servir le Dieu de Naomi au côté de celle-ci, même jusqu’à la mort. Le renoncement d’Orpah n’affaiblit pas la détermination ni le zèle de Ruth. L’influence de Naomi avait amené la conversion de Ruth, et le désir profond du cœur de Naomi allait être satisfait puisque Ruth se montrera fidèle dans l’épreuve qui attendait les deux femmes à leur arrivée à Bethléhem.
Une autre épreuve se présente
17. À son retour à Bethléhem, comment Naomi répond-elle aux salutations de ses voisines ?
17 L’amertume et le pessimisme manifestés par Naomi quand elle parla à Ruth et à Orpah de ce qui les attendait à Bethléhem ne sont pas dissipés à l’arrivée de Naomi dans son pays. Elle ne devient que plus consciente de ce qu’elle a perdu et le sentiment très net de son impuissance ne fait qu’augmenter son amertume et sa peine. Le retour des deux femmes met en émoi toute la ville, et plus particulièrement les femmes qui ne peuvent en croire leurs yeux. Mais où est Élimélech ? Où sont Mahlon et Kilion ? Et qui est cette Moabite ? “Et les femmes disaient : ‘Est-ce là Naomi ?’ Et elle disait aux femmes : ‘Ne m’appelez pas Naomi [qui signifie “ma grâce”]. Appelez-moi Mara [qui signifie “amère”], car le Tout-Puissant a rendu les choses très amères pour moi. J’étais pleine quand je suis partie, et c’est les mains vides que Jéhovah m’a fait revenir. Pourquoi m’appelleriez-vous Naomi, alors que c’est Jéhovah qui m’a humiliée et que c’est le Tout-Puissant qui m’a causé du malheur ?’” — Ruth 1:18-22, NW.
18. Pourquoi la femme de Dieu, représentée sur la terre par le reste correspondant à Naomi, devait-elle être rachetée ?
18 Au temps de son affliction, la classe de Naomi pouvait vraiment dire : “Appelez-moi Mara, l’amère.” Dans Ésaïe 12:1 (NW), le prophète fait aussi allusion à cette sévère discipline lorsque, s’adressant à Jéhovah Dieu, il dit : “Bien que tu te sois courroucé contre moi, ta colère a fini par s’en retourner.” Ensuite, dans Ésaïe 52:3 (NW), il ajoute : “Car voici ce qu’a dit Jéhovah : ‘C’est pour rien que vous avez été vendus, et c’est sans argent que vous serez rachetés.’” En d’autres termes, le peuple qui mit en captivité les serviteurs de Dieu se trouvant sur la terre ne paya rien en échange ; il les obtint pour rien. Les És 52 versets 5 et 6 ajoutent : “‘Mais, à présent, quel intérêt ai-je ici ?’ Telle est la déclaration de Jéhovah. ‘Car mon peuple fut emmené pour rien. (...) Pour cette raison, mon peuple connaîtra mon nom, oui, pour cette raison, en ce jour-là, car je suis Celui qui parle.”’ Ainsi, Dieu abandonna son peuple pour rien. Il permit à l’ennemi de s’en rendre maître sans rien payer en échange. La femme de Dieu, représentée sur la terre par le reste correspondant alors à Naomi, devait donc être rachetée de Babylone la Grande.
19. À quelle promesse de Jacob faite à Juda Naomi pensait-elle particulièrement dans sa triste situation ?
19 Telle était l’épreuve que devait endurer Naomi de Bethléhem, de la tribu de Juda, qui, veuve et sans enfant, semblait abandonnée et punie par Dieu. Elle avait encore au cœur l’ardent désir de participer à la réalisation du dessein que Jéhovah avait confié aux femmes d’Israël et plus particulièrement à quelques privilégiées de la tribu de Juda, héritières de la promesse de Jacob, père de Juda. Juste avant de mourir en Égypte, en 1711 avant notre ère, Jacob bénit Juda en ces termes : “Le sceptre ne s’écartera point de Juda, ni le bâton de commandant d’entre ses pieds, jusqu’à ce que vienne Schilo ; et à lui appartiendra l’obéissance des peuples.” (Gen. 49:10, NW). Ce Schilo, dont le nom signifie “Celui à qui il est” ou “Celui à qui il appartient”, doit être le Commandant qui porte le bâton, celui qui détient le sceptre royal. Il s’agit du Messie, la véritable Postérité d’Abraham par laquelle toutes les familles de la terre se béniront (Gen. 22:17, 18). De quel descendant de Juda, l’arrière-petit-fils d’Abraham, devait-il être le fils ? Quelle femme de Juda allait avoir l’insigne privilège d’être sa mère et de le tenir contre sa poitrine ? Naomi pouvait très bien penser que ce ne serait pas elle puisqu’elle était sans enfant et trop âgée pour en avoir. Il n’est donc pas étonnant que dans son affliction elle se soit écriée : “Appelez-moi Mara.”
Jéhovah offre une solution
20. Quelle promesse Jéhovah fit-il des siècles plus tard par l’intermédiaire d’Ésaïe ?
20 Mais Jéhovah n’allait pas abandonner cette femme fidèle dont les pleurs étaient montés jusqu’à lui. Le prophète aurait très bien pu dire à Naomi ce qu’il déclara au nom de Jéhovah des siècles plus tard à la femme qu’elle représentait, savoir : “‘Je t’ai caché ma face pour un moment seulement, mais avec une bonté de cœur jusqu’à des temps indéfinis, j’aurai pitié de toi’, a dit ton Racheteur, Jéhovah.” (És. 54:8, NW). Comment cela allait-il pouvoir se réaliser pour Naomi ? Si elle devait mourir sans descendant, elle n’aurait pas d’héritier à qui léguer les biens de son mari défunt. En outre, si le dessein de Jéhovah était de susciter le Schilo dans la tribu de Juda par son intermédiaire, il lui fallait alors un héritier mâle. Que devait-elle donc faire ?
21. Que prévoyait la Loi d’Israël pour une veuve dans la situation de Naomi, et en quel sens cela était-il une épreuve pour Ruth ?
21 Une fois de plus, la Loi d’Israël prévoyait des mesures pour quiconque se trouvait dans la situation de Naomi. Conformément à ce que Jéhovah avait promis lui-même, aucune femme fidèle de l’ancien Israël ne devait être laissée sans héritier. Jéhovah avait dit : ‘Si tu obéis à la voix de Jéhovah, ton Dieu, (...) béni sera le fruit de tes entrailles.’ (Deut. 28:2-4, AC). Un homme ne devait pas non plus être laissé sans héritier pour porter son nom. La Loi d’Israël stipulait : “Lorsque des frères demeureront ensemble, et que l’un d’eux mourra sans laisser de fils, la femme du défunt ne se mariera point au dehors avec un étranger, mais son beau-frère ira vers elle, la prendra pour femme, et l’épousera comme beau-frère. Le premier-né qu’elle enfantera succédera au frère mort et portera son nom, afin que ce nom ne soit pas effacé d’Israël.” (Deut. 25:5, 6). Cette loi ainsi que celle du rachat constituaient la seule espérance de Naomi. Si elle trouvait un frère ou un proche parent, elle pourrait compter sur cette disposition prévue par la Loi pour trouver une solution. Toutefois, même si elle trouvait un proche parent, Naomi était incapable de donner naissance à un enfant. Ces espoirs reposaient donc sur Ruth, sa belle-fille, qui pouvait la remplacer dans cette disposition et produire une postérité à Élimélech. Comment Ruth allait-elle considérer cette éventualité ? Serait-elle disposée à renoncer à tout espoir de trouver un homme jeune qui lui donnerait quelque chose pour elle-même ? Verrait-elle dans cet appel une occasion de discerner les desseins de Jéhovah et d’en faire son mode de vie ?
22. Quels autres personnages du drame allaient être concernés par cette épreuve, et en quel sens son issue nous affecte-t-elle aujourd’hui ?
22 Et Boaz et un tel ? Comment allaient-ils considérer cette invitation à donner un héritier à Naomi pour qu’il porte le nom de son mari défunt Élimélech ? Verraient-ils là une occasion de participer plus pleinement au service de Jéhovah ? En quel sens cette épreuve et son issue nous affectent-elles aujourd’hui ? La façon dont Naomi devait être consolée et dont le rêve de sa vie allait être réalisé, ainsi que le rôle joué par Ruth, Boaz et un tel face à cette épreuve font partie de ce drame inspiré qui nous incite aujourd’hui encore à faire des desseins de Jéhovah notre mode de vie. L’article suivant nous fera connaître le dénouement de ce drame.
[Note]
a Voyez le livre Les témoins de Jéhovah dans les desseins divins, pp. 79-83.
[Illustration page 301]
“Reste tranquille, ma fille, jusqu’à ce que tu saches comment se dénouera l’affaire, car l’homme n’aura de repos qu’il n’ait terminé l’affaire aujourd’hui.”
[Illustration, page 305]
Ruth accepta l’invitation à servir Jéhovah en disant à Naomi : “Ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu, mon Dieu.”