ÉLISHA
1. (Dieu est salut.) Fils de Shaphat et prophète de Jéhovah durant les Xe et IXe siècles av. n. è. ; successeur du prophète Éliya. Jéhovah avait ordonné à Éliya d’oindre Élisha d’Abel-Mehola. Éliya trouva Élisha en train de labourer, et il jeta sur lui son vêtement officiel, en signe de nomination (1R 19:16). Élisha était en train de labourer derrière 12 paires de taureaux, “ lui-même étant avec la douzième ”. Selon William Thomson qui écrivit au XIXe siècle The Land and the Book (1887, p. 144), il était courant chez les Arabes que plusieurs agriculteurs travaillent ensemble avec leurs petites charrues, et qu’un seul semeur arrive aisément à semer toute la superficie qu’ils labouraient en une journée. Placé à l’arrière du groupe, Élisha put probablement s’arrêter sans interrompre le travail des autres. Le fait qu’il sacrifia une paire des taureaux et qu’il utilisa leur attirail comme combustible témoigne de son empressement, de son esprit de décision et de sa reconnaissance d’être appelé par Jéhovah. Après avoir préparé un repas, il partit immédiatement à la suite d’Éliya. — 1R 19:19-21.
Pendant peut-être six ans, Élisha fut le serviteur d’Éliya. Éliya était le prophète en chef, et Élisha collaborait étroitement avec lui ; on le connaissait comme celui qui “ versait l’eau sur les mains d’Éliya ” quand celui-ci se lavait les mains. — 2R 2:3-5 ; 3:11.
À partir du jour où il se joignit à Éliya, Élisha fit œuvre de prophète en Israël sous les règnes des rois Ahab, Ahazia, Yehoram, Yéhou, et jusque sous le règne de Yehoash. Parallèlement, les souverains qui régnèrent en Juda pendant ce temps furent Yehoshaphat, Yehoram, Ahazia, Athalie, Yehoash et, peut-être, Amatsia. Élisha servit seul pendant environ 60 ans après le départ d’Éliya. — CARTE, vol. 1, p. 949.
Il semble que Deux Rois ne présente pas le récit de l’activité d’Élisha comme prophète tout à fait dans l’ordre chronologique. C’est ainsi qu’au chapitre 5 Guéhazi est frappé de la lèpre, ce qui devrait l’exclure de la fréquentation des autres. Pourtant, au chapitre 8, on le voit converser amicalement avec Yehoram d’Israël. Ou encore, le chapitre 13 rapporte d’abord la mort du roi Yehoash d’Israël et ensuite seulement sa dernière conversation avec Élisha (2R 13:12-21). En certains endroits du récit, les œuvres et les miracles d’Élisha semblent être groupés en fonction de leur nature ou de leur similitude, par exemple : 1) ceux qui étaient pour le bien des prophètes et d’individus précis (2R 4:1–6:7) et 2) ceux qui concernaient la nation et le roi. — 2R 6:8–7:20.
Il succède à Éliya. L’activité d’Élisha en qualité de successeur d’Éliya commence vers 917 av. n. è. ou peu après, au moment de l’ascension d’Éliya dans une tempête de vent (2R 1:17 ; 2:1, 11, 12). Avant qu’Éliya s’en aille, Élisha lui demande “ deux parts de [son] esprit ”, c’est-à-dire une double part. Or la double part était ce qui revenait à un fils premier-né. Élisha occupe une telle position parce qu’il a été officiellement nommé successeur d’Éliya lorsque celui-ci a jeté sur lui son vêtement officiel (2R 2:9). Sachant qu’il ne lui appartient pas de lui donner ce qu’il demande, Éliya dit en quelque sorte à Élisha : ‘ Si tu me vois lorsque je serai pris d’auprès de toi, c’est que ton désir sera exaucé. ’ Jéhovah confirme ses dires en permettant à Élisha de voir Éliya monter aux cieux dans une tempête de vent. Au moment où Éliya s’en va, son vêtement officiel, un manteau grossier, tombe de dessus lui. Élisha le ramasse, et par ce geste s’identifie au successeur d’Éliya. Sur la rive du Jourdain, Jéhovah montre qu’il est avec Élisha en partageant miraculeusement les eaux du fleuve lorsque celui-ci les frappe avec le vêtement. — 2R 2:9-15.
Après avoir traversé le Jourdain, Élisha revient vers le groupe des fils des prophètes à Jéricho. Là, il se produit quelque chose qui vient l’asseoir dans son rôle de chef du groupe des prophètes de Dieu : il “ guérit ” la réserve d’eau de la ville, une eau qui était mauvaise et causait des fausses couches. Pour ce faire, il se rend à la source, prend du sel dans un petit bol neuf et le jette dans l’eau ; “ et l’eau est restée guérie jusqu’à ce jour ”. — 2R 2:19-22.
De Jéricho, Élisha monte à Béthel, à environ 900 m d’altitude au-dessus du niveau de la mer, là où autrefois il a accompagné Éliya chez un groupe de fils des prophètes (2R 2:3). En chemin, il rencontre une bande de jeunes délinquants qui se montrent extrêmement irrespectueux envers lui et sa fonction de prophète. “ Monte, chauve ! Monte, chauve ! ” lui lancent-ils, moqueurs. En clair, ils veulent soit qu’il continue de monter à Béthel, soit qu’il quitte la terre comme son prédécesseur est censé l’avoir fait (2R 2:11). Pour apprendre à ces jeunes gens et à leurs parents le respect du prophète de Jéhovah, Élisha se retourne et appelle le mal sur eux au nom de Jéhovah. Soudain, deux ourses sortent de la forêt et mettent en pièces 42 d’entre eux. — 2R 2:23, 24.
Lors d’une expédition destinée à réprimer la révolte de Mésha, roi de Moab (celui qui érigea la pierre qu’on appelle Stèle de Mésha), le roi Yehoram d’Israël, le roi Yehoshaphat de Juda, ainsi que le roi d’Édom, se trouvent pris au piège dans un désert aride. Le roi Yehoshaphat réclame un prophète de Dieu. Non pour Yehoram, mais par respect pour Yehoshaphat, qui a la faveur de Jéhovah, Élisha fait amener un joueur d’instrument à cordes, pour recevoir, sous l’influence de la musique, l’inspiration de Jéhovah (voir 1S 10:5, 6). Ensuite, Élisha demande au peuple de creuser des fossés. Le lendemain matin, ils sont pleins d’eau. Lorsque le soleil du petit jour darde ses rayons sur l’eau des fossés, les Moabites croient voir du sang. Pensant qu’Israël et ses alliés, en pleine confusion, se sont entretués, les Moabites se précipitent pour emporter le butin. Mais, à leur grande surprise, les Israélites se lèvent et les mettent en déroute (2R 3:4-27). Cet événement a lieu entre 917 et 913 av. n. è.
Ensuite, le récit de la vie d’Élisha rapporte une série de miracles de nature domestique. La veuve d’un des anciens fils des prophètes vit dans une indigence extrême. Élisha multiplie miraculeusement sa maigre provision d’huile, et évite ainsi à ses fils de devenir esclaves de son créancier (2R 4:1-7). Ce miracle ressemble beaucoup au deuxième miracle d’Éliya, qui multiplia la farine et l’huile de la veuve de Tsarphath. — 1R 17:8-16.
À Shounem, dans la vallée de Yizréel, une femme en vue fait montre d’une hospitalité peu commune à l’égard d’Élisha parce qu’elle reconnaît en lui “ un saint homme de Dieu ”. Elle lui réserve même une chambre de sa maison, parce qu’il passe souvent vers chez elle. Pour la bonté qu’elle lui a témoignée, Élisha lui promet un fils, malgré l’âge avancé de son mari. Environ un an après, conformément à la promesse, un fils lui naît ; mais il meurt avant de sortir de l’enfance. C’est alors qu’Élisha opère sa première résurrection : il ramène l’enfant à la vie comme Éliya a ressuscité le fils de la veuve de Tsarphath (2R 4:8-37 ; 1R 17:17-24). Pour sa bonté envers un prophète de Dieu, cette femme est largement récompensée. — Voir Mt 10:41.
Après cela, Élisha revient à Guilgal, dans la région montagneuse au N. de Béthel, et retrouve les fils des prophètes de l’endroit. Une famine sévit. Pendant qu’on prépare un mets, quelqu’un y ajoute malencontreusement des courges vénéneuses. À peine ont-ils goûté le plat que tous s’écrient : “ Il y a la mort dans la marmite, ô homme du vrai Dieu ! ” Comme il ne convient pas de gaspiller de la nourriture en pleine famine, Élisha demande de la farine ; il la jette dans la marmite et en rend le contenu comestible, si bien qu’“ il n’y [a] plus rien de nuisible dans la marmite ”. — 2R 4:38-41.
Durant l’époque critique de la famine, un reste d’Israélites fidèles au culte de Dieu qui ne se sont pas prosternés devant Baal apprécient les efforts des prophètes de Jéhovah et leur fournissent de quoi manger. Ainsi, un homme apporte 20 pains d’orge et du grain ; Élisha ordonne que cette petite provision soit distribuée à tous. Mais il y a une centaine de “ fils des prophètes ” à nourrir. Malgré les doutes de celui qui fait le service, tous mangent à satiété, et il y a même des restes. — 2R 4:42-44 ; voir aussi Mc 6:35-44.
Il guérit Naamân. Au cours de son règne, Ben-Hadad II, roi de Syrie, envoie au roi d’Israël le chef particulièrement respecté de son armée, Naamân, pour qu’on le guérisse de sa lèpre. Malgré sa maladie, cet homme vaillant a sauvé la Syrie. Apparemment, sa condition de lépreux n’empêche pas Naamân d’occuper un poste aussi élevé en Syrie, alors qu’en Israël il aurait été relevé de ses fonctions (Lv 13:46). Si le roi Ben-Hadad envoie ainsi Naamân, c’est grâce au témoignage donné par une jeune captive israélite qui sert dans la maison de Naamân. Cette fillette, qui a confiance en Jéhovah, a parlé à sa maîtresse du prophète de Jéhovah, Élisha d’Israël. Mais le roi d’Israël se persuade que Ben-Hadad lui cherche querelle, car il dit : “ Suis-je Dieu pour faire mourir et pour garder en vie ? ” Élisha, apprenant que le roi est aux abois, lui dit : “ Qu’il vienne, s’il te plaît, vers moi, pour qu’il sache qu’il existe un prophète en Israël. ” — 2R 5:1-8.
Élisha ne sort pas à la rencontre de Naamân, mais, par l’intermédiaire de son serviteur, il lui fait dire de se baigner sept fois dans le Jourdain. Au début, Naamân est furieux, mais finalement il s’humilie : il exécute ces gestes simples et devient pur. Puis il revient vers Élisha et fait le vœu de devenir désormais un serviteur fidèle de Jéhovah le Dieu d’Israël. Il emporte un peu de terre du sol israélite, “ la charge d’une paire de mulets ”, sur laquelle il a l’intention de sacrifier à Jéhovah, sans doute en regardant vers le temple de Jérusalem. Il continuera de s’acquitter de sa tâche d’officier du roi de Syrie, qui consiste notamment à accompagner le roi dans la maison du faux dieu Rimmôn. Étant donné que le roi s’appuie sur lui, Naamân devra se prosterner avec lui ; cependant, il affirme qu’il n’adorera plus Rimmôn. Il accomplira, non un devoir religieux, mais seulement son devoir au service du roi. Il offre un don à Élisha, mais Élisha le refuse, ce qui s’accorde avec le principe selon lequel le miracle est dû à la puissance de Jéhovah, non à la sienne, et qu’il ne veut pas profiter de la fonction que Jéhovah lui a confiée. — 2R 5:9-19 ; voir aussi Mt 10:8.
Le serviteur d’Élisha, Guéhazi, a alors une envie égoïste ; il rattrape Naamân et lui demande quelques-uns des dons qu’Élisha a refusés. Ensuite, il ment pour cacher l’affaire à Élisha. Découvert, il s’entend dire par Élisha qu’en punition ‘ la lèpre de Naamân s’attachera à lui et à sa descendance pour des temps indéfinis ’. — 2R 5:20-27.
Plus tard, il devient nécessaire que les fils des prophètes avec lesquels Élisha coopère se relogent dans une demeure plus spacieuse. Les voici donc au Jourdain, coupant des poutres pour leur nouvelle habitation. Un des prophètes utilise une hache qu’il a empruntée ; c’est alors que le fer se détache et tombe dans l’eau. Sans doute soucieux d’éviter qu’on ne jette le discrédit sur les prophètes, Élisha lance un morceau de bois dans l’eau, à l’endroit où est tombé le fer de hache : le fer remonte et se met à flotter. Jéhovah montre par là qu’il soutient ses prophètes. — 2R 6:1-7.
Israël est délivré de la Syrie. Sous le règne de Yehoram, roi d’Israël, la Syrie projette une attaque-surprise contre Israël. Plus d’une fois, Élisha déjoue les stratagèmes de Ben-Hadad II en révélant à Yehoram tous les déplacements des Syriens. Au début, Ben-Hadad pense qu’il y a un traître dans son camp, mais lorsqu’il découvre la véritable source de ses difficultés, il envoie des forces militaires à Dothân cerner la ville avec des chevaux et des chars afin de s’emparer d’Élisha (PHOTO, vol. 1, p. 950). Le serviteur d’Élisha est saisi de frayeur, mais Élisha prie Dieu de lui ouvrir les yeux, “ et, voyez, la région montagneuse était pleine de chevaux et de chars de feu autour d’Élisha ”. Puis, tandis que s’approchent les armées syriennes, Élisha prie pour que se produise le miracle inverse. “ S’il te plaît, dit-il, frappe cette nation de cécité. ” Ensuite Élisha demande aux Syriens de le suivre, sans les conduire toutefois par la main, ce qui indique qu’il s’agissait d’une cécité plutôt mentale que physique. Bien qu’étant venus s’emparer d’Élisha, ils ne le reconnaissent pas et ne savent pas non plus où il les emmène. — 2R 6:8-19.
De quel genre de cécité Jéhovah frappa-t-il les Syriens qui voulaient se saisir d’Élisha ?
Au sujet de ce genre de cécité, William James, dans Précis de Psychologie (traduit par E. Baudin et G. Bertier, Paris, 1910, p. 141), déclare : “ Un des plus intéressants effets des désordres corticaux est la cécité mentale. Ce n’est pas tant une insensibilité aux impressions optiques que l’inaptitude à les comprendre. Psychologiquement, on peut l’interpréter comme la perte des associations entre les sensations optiques et les objets qu’elles signifient ; et toute solution de continuité dans les voies qui relient les centres visuels aux centres des autres idées paraît devoir la provoquer. ”
Après avoir conduit les Syriens à Samarie, Élisha prie Jéhovah de leur ouvrir les yeux ; les Syriens se retrouvent donc en plein milieu de la capitale, devant le roi Yehoram en personne. Élisha manifeste alors sa foi dans la puissance de Jéhovah et ne se montre absolument pas rancunier, puisqu’il empêche le roi d’Israël de tuer les Syriens, disant qu’ils sont comme des prisonniers de guerre. Il demande au roi de leur donner à manger : le roi leur offre alors un festin et les renvoie chez eux. La conséquence de cet incident fut que “ les bandes de maraudeurs syriens ne revinrent pas une seule fois dans le pays d’Israël ”. — 2R 6:20-23.
Cependant, plus tard, Ben-Hadad II se manifeste de nouveau, non plus cette fois par des raids sporadiques de maraudeurs, mais en force, et il assiège Samarie. Le siège est si dur qu’on signale au roi au moins un cas de femme ayant mangé son propre enfant. En digne fils d’Ahab, donc “ fils d’assassin ”, le roi Yehoram jure de tuer Élisha. Mais son serment irréfléchi ne sera pas exécuté. Parvenu chez le prophète avec son aide de camp, Yehoram dit qu’il a perdu tout espoir de secours de la part de Jéhovah. Élisha lui assure que la nourriture sera abondante le lendemain. L’aide de camp du roi raille cette prédiction, aussi Élisha lui dit-il : “ Voici que tu le vois de tes yeux, mais tu n’en mangeras pas. ” En faisant entendre un bruit dans le camp des Syriens, Jéhovah leur fait croire qu’une grande armée de peuples coalisés avance sur eux ; ils s’enfuient et abandonnent le camp tel quel, avec tous les vivres. Quand Yehoram apprend la désertion des Syriens, il prépose l’aide de camp précité à la garde de la porte de Samarie ; c’est là que celui-ci meurt, piétiné par la ruée des Israélites affamés qui courent piller le camp. Il voit la nourriture, mais il n’en mange pas. — 2R 6:24–7:20.
Hazaël et Yéhou nommés rois. L’attention se tourne à présent vers Damas, en Syrie, où le roi Ben-Hadad II est à l’article de la mort. Hazaël, l’envoyé du roi, va trouver Élisha et lui demande si son maître va recouvrer la santé. L’esprit de Jéhovah entre en action et permet à Élisha de voir un tableau bien sombre, qui l’attriste : Hazaël va supplanter Ben-Hadad et, avec le temps, fera un mal indescriptible aux Israélites, même si ce n’est qu’une juste punition de Jéhovah pour leurs péchés. Le prophète ordonne à Hazaël de dire à Ben-Hadad : “ ‘ Tu te remettras certainement ’, mais Jéhovah m’a fait voir qu’il mourra à coup sûr. ” Hazaël rapporte verbalement la première partie des paroles du prophète et passe aux actes pour la deuxième : il étouffe le roi sous une couverture mouillée et s’empare du trône de Syrie. — 2R 8:7-15.
Élisha doit encore mener à bien une œuvre inachevée par Éliya, à savoir l’onction de Yéhou comme exécuteur du jugement de Dieu contre la maison méchante d’Ahab (2R 9:1-10). Il s’en acquitte donc, plus de 18 ans après que Jéhovah en a donné l’ordre à Éliya. C’est ainsi qu’Élisha voit s’accomplir les prophéties consignées en 1 Rois 19:15-17 et 21:21-24.
À l’époque de l’onction de Yéhou, c’est Yehoram qui règne en Israël et Ahazia, son neveu, qui règne en Juda. Le Syrien Hazaël afflige grandement Israël durant son règne ; et il blesse Yehoram dans un combat à Ramoth-Guiléad (2R 9:15). Yéhou ne perd pas de temps pour s’acquitter de sa mission qui consiste à éliminer la maison méchante d’Ahab, sans laisser de survivant (2R 10:11). Il s’occupe d’abord du roi Yehoram d’Israël, qui est en convalescence à Yizréel. Comme l’avait annoncé la prophétie d’Éliya, il rencontre Yehoram en dehors de la ville. Mis à mort, Yehoram est jeté dans la parcelle du champ de Naboth le Yizréélite (2R 9:16, 21-26). Puis Yéhou entre dans Yizréel et tue l’infâme Jézabel, qui est la mère de Yehoram d’Israël et la grand-mère d’Ahazia de Juda. Yéhou l’aurait bien fait enterrer, mais Jéhovah veille à ce que les chiens mangent toutes ses chairs, exactement comme son prophète Éliya l’a annoncé. Ainsi, aucune tombe ne perpétuera son souvenir (2R 9:30-37). Les 70 fils d’Ahab sont décapités. Ahazia, le petit-fils d’Ahab, est tué (2R 10:1-9 ; 9:27, 28), et 42 frères d’Ahazia sont tués par l’épée exécutrice de Yéhou. — 2R 10:12-14 ; 1R 21:17-24.
Destruction du culte de Baal. Continuant sa chevauchée vers la capitale, Samarie, Yéhou rencontre Yehonadab, qui adhère sans réserve à son projet d’exécuter le culte de Baal, et ils poursuivent ensemble la course vers Samarie pour voir le dernier coup porté au baalisme qui l’éliminera complètement d’Israël. Avec stratégie, Yéhou invite tous les adorateurs de Baal à s’assembler dans la maison de Baal, et à revêtir leurs vêtements d’identification. La maison est pleine d’un bout à l’autre, et on n’y compte aucun adorateur de Jéhovah. Alors Yéhou donne l’ordre, et ses hommes tuent tous les adorateurs de Baal. Ils détruisent leurs colonnes sacrées, abattent la maison de Baal et mettent à part cet endroit, pour servir de latrines. — 2R 10:15-27.
Ainsi, Élisha a achevé l’œuvre commencée par Éliya. Le culte de Baal est éliminé d’Israël. À la différence d’Éliya, Élisha ne sera pas emporté aux cieux dans une tempête de vent pour être transféré ailleurs avant sa mort. Sous le règne de Yehoash d’Israël, Élisha meurt de mort naturelle. Tandis qu’il se trouve sur son lit de mort, la Syrie recommence à menacer Israël. Yehoash vient donc voir Élisha et, apparemment, implore une aide militaire contre les Syriens lorsqu’il lui dit : “ Mon père, mon père, le char d’Israël et ses cavaliers ! ” Sur la demande d’Élisha, Yehoash frappe le sol avec ses flèches. Mais comme il le fait sans y mettre réellement du zèle, ne frappant que trois fois, Élisha lui annonce qu’il ne lui sera accordé que trois victoires sur la Syrie, et sa prédiction se réalise. — 2R 13:14-19, 25.
L’œuvre qu’il accomplit. Grâce à l’esprit de Dieu qui était sur lui, Élisha accomplit 15 miracles de son vivant. Mais après sa mort Jéhovah se servit encore de lui pour en opérer un 16e. Élisha était resté fidèle jusqu’à sa mort, approuvé de Dieu. Selon le récit, après l’enterrement d’Élisha, on enterrait un autre homme quand l’arrivée de maraudeurs moabites obligea les membres du cortège funèbre à le jeter dans la tombe d’Élisha et à prendre la fuite. Au contact des ossements d’Élisha, le mort prit vie et se tint sur ses pieds. — 2R 13:20, 21.
En Luc 4:27, Jésus parle d’Élisha comme d’un prophète, et c’est sans aucun doute à lui et à Éliya qu’Hébreux 11:35 fait allusion, puisque tous deux opérèrent des résurrections. Éliya avait commencé son activité de prophète à une époque où Israël était plongé dans le culte de Baal, ce qui avait exigé de sa part du zèle pour le vrai culte. Il avait accompli un travail remarquable, ramenant le cœur de beaucoup vers Jéhovah. Élisha avait repris la tâche d’Éliya là où celui-ci l’avait laissée et, quoique son ministère fût plus paisible, il veilla à ce que cette tâche soit scrupuleusement menée à bien ; il vécut suffisamment longtemps pour la voir achevée. Par rapport à Éliya à qui on attribue 8 miracles, Élisha en fit 16. Il montra un grand zèle pour le nom de Jéhovah et pour le vrai culte, tout comme Éliya. Il fit preuve de patience, d’amour et de bonté, tout en restant très ferme lorsque le nom de Jéhovah était en cause, exprimant sans hésiter les jugements de Dieu contre les méchants. Il s’acquit donc une place au sein de la “ grande nuée de témoins ” mentionnée en Hébreux 12:1.
2. Fils de Yavân ; chef d’une famille à partir de qui “ la population des îles des nations se dissémina ”. (Gn 10:4, 5 ; 1Ch 1:7.) Le nom Élisha apparaît encore une seule fois dans la Bible, dans le chant funèbre prononcé contre Tyr, où il semble désigner un pays ou une région qui faisait du commerce avec Tyr. Tyr y est figurée par un bateau que de nombreuses nations équipent, notamment les “ îles d’Élisha ” qui fournissent “ le fil bleu et la laine teinte en pourpre rougeâtre ” pour former la couverture du pont (peut-être une sorte de tente protégeant du soleil et de la pluie). — Éz 27:1-7.
Josèphe, historien juif du Ier siècle, donna le nom d’Élisas (Élisha) aux Éliséens (Éoliens), une des ethnies souches des peuples grecs (Antiquités judaïques, I, 127 [VI, 1]). Du temps d’Ézékiel, le nom d’Éolide (lat. : Æolis) ne désignait plus qu’une partie de la côte occidentale de l’Asie Mineure. On retrouve un nom rappelant celui d’Élisha dans le district de l’Élide (gr. : Êlis), qui se situait sur la côte nord-ouest du Péloponnèse (la péninsule méridionale de la Grèce). On sait aussi que les Grecs fondèrent des colonies en Italie du Sud et en Sicile ; le Targoum, dans un commentaire au sujet d’Ézékiel 27:7, déclare qu’Élisha est “ la province d’Italie ”. L’une ou l’autre de ces régions aurait pu cadrer avec le récit d’Ézékiel, puisqu’elles produisaient une teinture pourpre très recherchée. Toutefois, il est impossible d’affirmer avec certitude qu’elles correspondent à Élisha, si ce n’est que les indices les plus nombreux tendent à faire opter pour la Grèce plutôt que pour l’Afrique du Nord ou pour Chypre. Il est en outre concevable que les descendants d’Élisha ne se soient pas fixés à un endroit, mais qu’au fil des siècles leur territoire de résidence ait changé ou se soit agrandi et que le nom d’Élisha ait donc désigné différentes régions à des époques différentes.