ARCHITECTURE
Art ou science de la construction. D’après la Bible, les humains diversifièrent leurs habitations et leurs habitudes de vie très tôt dans l’Histoire, au cours des 1 656 années qui précédèrent le déluge. Elle dit de Caïn qu’après avoir assassiné Abel il “ s’établit ” dans une certaine région, où “ il entreprit de bâtir une ville ”. (Gn 4:16, 17.) Cela n’empêcha pas un de ses descendants, Yabal, de devenir “ l’ancêtre de ceux qui habitent sous des tentes et qui ont du bétail ”. Un autre se mit à ‘ forger toutes sortes d’outils de cuivre et de fer ’. (Gn 4:20, 22.) Les descendants de Caïn disparurent au plus tard lors du déluge ; cependant, l’habileté à construire et l’emploi des outils ne disparurent pas avec eux.
La construction la plus marquante de cette période antédiluvienne fut accomplie par des descendants de Seth : il s’agissait de l’arche réalisée par Noé et ses fils. Si Dieu fournit les plans d’ensemble et les dimensions de l’arche, il n’en faut sans doute pas moins reconnaître à Noé quelques notions d’architecture, puisqu’il était le conducteur humain des travaux. L’arche mesurait 300 coudées de long, 50 coudées de large et 30 coudées de haut (133,50 m × 22,30 m × 13,40 m). Sa surface de plancher couvrait peut-être près de 0,9 ha. Il fut probablement nécessaire, pour supporter le poids des trois niveaux et du vaste toit, d’imbriquer dans la structure des piliers et des solives de bois en plus des divisions par ‘ compartiment ’, et de donner au bâtiment la stabilité qu’il requérait. Même si l’arche était calfatée avec du goudron, il allait falloir assembler méticuleusement les pièces de bois dont elle était formée pour qu’elle soit suffisamment étanche. — Gn 6:13-16 ; voir ARCHE No 1.
Premières constructions après le déluge. À l’ère postdiluvienne, Nimrod fut un éminent bâtisseur : il construisit plusieurs villes (Gn 10:8-12). On mit sur pied à l’époque un nouveau projet de construction d’envergure, celui de la tour de Babel, que Dieu désapprouvait. Le récit qui s’y rapporte mentionne de nouveaux matériaux, des briques cuites dans des fours, cimentées avec du bitume en guise de mortier. Les bâtisseurs comptaient faire de leur tour l’édifice le plus élevé qui ait jamais existé. — Gn 11:3, 4.
Il ne fait aucun doute qu’Abraham, l’ancêtre des Israélites, vit des styles architecturaux très raffinés à Our des Chaldéens (Gn 11:31). Les fouilles entreprises à cet endroit ont révélé l’existence de rues dans la ville, de maisons à un étage dotées d’escaliers en briques, de temples et de palais étendus, qu’on date du IIIe millénaire av. n. è. On y a également découvert certaines des preuves les plus anciennes qu’on employait la voûte en encorbellement (construite en élevant les deux pans d’un mur de façon de plus en plus rapprochée jusqu’à ce qu’on puisse combler le vide qui les sépare avec une rangée de pierres ou de briques), ainsi que le véritable arc voûté clos par une pierre de voûte.
Plus tard, quand il séjourna en Égypte (Gn 12:10), Abraham admira peut-être certains des chefs-d’œuvre architecturaux de ce pays. On date la pyramide à degrés du roi Djoser à Saqqarah du IIIe millénaire av. n. è. ; elle est un des plus anciens vestiges de construction imposante en pierre taillée (PHOTO, vol. 1, p. 530). La grande pyramide de Khoufou (Kheops), construite un peu plus tard à Guizèh, occupe à la base l’énorme superficie de 5,3 ha ; elle se composait de quelque 2 300 000 blocs de calcaire, dont chacun pesait en moyenne 2,3 t. À l’origine, elle mesurait 147 m de haut. Pareille construction subjugue même les ingénieurs actuels, tant en raison de sa taille que de sa précision. Plusieurs siècles après, les Égyptiens bâtirent à Karnak, en amont sur le Nil, le temple connu le plus colossal que les humains aient construit. Le toit de sa grande salle était soutenu par 134 colonnes énormes, chacune d’un diamètre d’environ 3 m et décorée de reliefs hauts en couleur.
L’architecture israélite. Durant le temps où ils furent opprimés en Égypte, les Israélites, alors esclaves, réalisèrent de nombreux travaux de construction sous la férule de chefs de corvée égyptiens (Ex 1:11-14). Par la suite, dans le désert, Jéhovah leur donna des instructions précises pour construire le tabernacle à partir de cadres, de socles mortaisés, de traverses et de colonnes, ce qui requérait de leur part une grande habileté en matière d’architecture (Ex 25:9, 40 ; 26:15-37 ; Hé 8:5). Bien que la majorité de ceux qui étaient du métier (et qui avaient travaillé à des constructions en Égypte) soient sans aucun doute morts avant d’atteindre la Terre promise, les survivants conservèrent sûrement des notions de construction et d’utilisation des outils (voir Dt 27:5). La Loi mosaïque imposait au moins une condition en matière de construction (Dt 22:8). Évidemment, lorsque les Israélites conquirent le pays, ils prirent des villes et des villages entiers, avec leurs constructions achevées, mais ils bâtirent aussi (Nb 32:16 ; Dt 6:10, 11 ; 8:12). Lorsqu’ils entrèrent en Canaan (1473 av. n. è.), le pays comptait de nombreuses villes murées et protégées par de solides fortifications. — Nb 13:28.
S’il est vrai qu’il ne reste aucun vestige de construction saisissante qui témoignerait d’une architecture propre aux Israélites ou de leur ingéniosité dans ce domaine, ceux-ci n’étaient pas pour autant malhabiles. Contrairement aux nations païennes, ils n’élevaient pas de monuments colossaux en l’honneur de chefs politiques ou de héros militaires. Ils construisirent un seul temple, à Jérusalem, même si d’autres lieux de culte virent le jour à cause de l’apostasie. Il ne reste aucun vestige du premier temple ni du second. Au nombre des ruines les plus impressionnantes qu’on ait dégagées figurent les portes identiques des anciennes villes de Meguiddo, de Hatsor et de Guézer, qui, pense-t-on, remontent au temps de Salomon (1R 9:15). Dans tous les cas, les murs extérieurs longs de 20 m se composaient de pierres préparées avec soin. Dans le passage de la porte étaient ménagés trois paires de montants ou pilastres avancés ; trois pièces en renfoncement flanquaient donc le passage de chaque côté, pièces dans lesquelles on pouvait opérer des transactions commerciales ou depuis lesquelles des soldats pouvaient harceler des troupes qui auraient tenté de forcer le passage (voir PORTE). À Meguiddo et à Samarie, on a découvert des œuvres d’experts en maçonnerie : les pierres étaient soigneusement taillées, posées et ajustées, avec une telle précision parfois qu’il était impossible de glisser une fine lame de couteau entre deux pierres assemblées. Sans l’ombre d’un doute, le temple construit par Salomon était d’une qualité semblable. — 1R 5:17 ; 6:7.
Il ressort des fouilles archéologiques que les maisons des Israélites étaient généralement des plus modestes ; certains chercheurs les taxent même d’assez grossières. Toutefois, les faits sur lesquels ces opinions reposent sont très minces. The Interpreter’s Dictionary of the Bible (vol. 1, p. 209) contient en effet ce commentaire : “ On n’a actuellement du sujet qu’une connaissance restreinte, d’abord parce que les écrivains de l’Antiquité n’accordaient aucun intérêt à l’architecture, ensuite parce que les bâtiments subsistants sont rares, la plupart ayant été ravagés par le temps et par les générations successives de bâtisseurs. ” (Par G. Buttrick, 1962). Il est donc exceptionnel, en Palestine, de trouver plus d’une ou deux assises de maçonnerie au-dessus des fondations d’une bâtisse en ruines. Il est également logique que les demeures les plus luxueuses aient été davantage la cible des destructeurs et, par la suite, des individus en quête de matériaux de construction.
Matériaux et méthodes de construction antiques. Depuis les temps les plus reculés, il est courant de poser des fondations en pierre. Même si on employait des pierres brutes, on les alignait et on les appareillait avec des pierres angulaires, qu’on lissait et qu’on ajustait avec précaution (voir Ps 118:22 ; Is 28:16). Lévitique 14:40-48 signale la présence de mortier d’argile, ou plâtre, à l’intérieur des maisons israélites en pierre. Lorsque le reste de la maison n’était pas fait de pierre, souvent on montait sur les fondations des murs de briques séchées au soleil ou cuites au four (voir Is 9:10). Quelquefois, on intercalait des pièces de bois entre les briques. Les matériaux employés étaient surtout fonction de ce qui était disponible sur place. À cause de la rareté du bois et des pierres dans le S. de la Mésopotamie, la majorité des constructions étaient en briques crues, alors qu’en Palestine le calcaire ou d’autres pierres abondaient généralement. Une méthode ancienne pour monter un mur à moindres frais consistait à revêtir des clayonnages de torchis. On plantait des pieux dans le sol, qu’on entremêlait horizontalement de roseaux ou de branches flexibles. L’ensemble formait un bâti dense sur lequel il ne restait qu’à étaler de l’argile. Quand le soleil avait fini de sécher et de durcir l’argile, on enduisait régulièrement les murs de façon à les protéger des intempéries. — Voir MURS, MURAILLES.
Le toit d’un bâtiment se composait généralement de longues pierres ou de longs morceaux de bois posés en travers des murs de soutènement. On ajoutait quelquefois des poteaux ou des piliers surmontés de linteaux afin d’agrandir la surface du toit, ce qui est un procédé courant. Étant donné qu’on connaissait depuis longtemps la voûte en encorbellement et l’arc cintré, lesquels pouvaient supporter des charges considérables, il est probable qu’on s’en servait dans les grands bâtiments pour soutenir des toits plats. Dans ces édifices de grande taille, on élevait souvent une ou deux rangées de colonnes ; qu’elles soient de bois ou de pierre, ces colonnes étaient fixées sur un socle, ou base, de pierre. Certains avancent d’ailleurs que les colonnes de la maison de Dagôn où les Philistins amenèrent Samson, qui était aveugle, étaient de ce type. En plus des personnes réunies à l’intérieur du bâtiment, 3 000 environ étaient sur le toit, en train d’observer Samson, quand il provoqua l’écroulement de la maison en déboîtant les deux colonnes principales. — Jg 16:25-30.
Les toits des bâtiments plus petits et des maisons d’habitation étaient souvent constitués de branches ou de roseaux attachés ensemble, posés sur les poutres puis recouverts de terre ou d’argile qui était ensuite égalisée. On donnait une légère pente au toit pour que les eaux de pluie s’écoulent. On voit encore ce genre de toit sur les demeures dans la vallée du Jourdain.
Les bâtiments les plus courants en Palestine étaient de forme rectangulaire ; un bâtiment d’habitation était la plupart du temps plus ou moins divisé en petites pièces rectangulaires. L’exiguïté de la surface disponible dans l’enceinte des villes, qui étaient fréquemment surpeuplées, avait une incidence sur la taille et la forme des bâtiments. Quand on disposait d’assez de place, on ménageait parfois une cour intérieure sur laquelle donnaient toutes les pièces, et on se contentait d’une seule entrée sur la rue. La même forme rectangulaire était de mise non seulement pour les maisons d’habitation, mais aussi pour la maison royale (le palais), la maison de stockage (le magasin), la maison de l’assemblée (la synagogue), la maison de Dieu (le temple) et la maison des morts (la tombe).
Réalisations des rois de Juda et d’Israël. La seule construction mentionnée sous le règne du roi David fut la “ maison de cèdres ”, qui fut construite avec des matériaux et par des ouvriers qu’envoya Hiram, roi de Tyr, en Phénicie (1Ch 14:1 ; 17:1). Il est toutefois précisé que David continua de bâtir des maisons dans Jérusalem (1Ch 15:1). En outre, David fit de nombreux préparatifs en vue de la construction du temple qu’allait réaliser son fils, Salomon : il fit tailler des pierres, fabriquer des clous en fer, amasser du cuivre et des bois de cèdre “ en quantité ”, et il fit mettre de côté de l’or, de l’argent, des pierres précieuses et des pierres pour les mosaïques (1Ch 22:1-4 ; 29:1-5). Il fut aussi utilisé pour transmettre le “ plan architectural ” divinement inspiré du temple dans son ensemble et de son mobilier (1Ch 28:11, 19). Le mot hébreu rendu par “ plan architectural ” (tawnith) vient de la racine banah (“ bâtir ” ; 1Ch 22:11) ; il est traduit ailleurs par “ modèle ” et “ représentation ”. — Ex 25:9 ; 1Ch 28:18.
L’architecture israélite atteignit son apogée sous le règne de Salomon (2Ch 1:15 ; Ec 2:4-6). S’il est vrai que les ouvriers phéniciens du roi Hiram abattirent au Liban les arbres qui servirent à la construction du temple, le récit n’appuie nullement l’idée souvent avancée selon laquelle le temple de Jérusalem fut une réalisation essentiellement phénicienne. Il est effectivement rapporté qu’un Israélo-Phénicien du nom de Hiram participa à la construction elle-même, mais principalement à la décoration et au travail des métaux, qui furent entrepris après la construction du temple et en conformité avec les plans fournis par le roi David (1Ch 28:19). Hiram, le roi de Tyr, reconnut que les Israélites comptaient aussi des “ hommes habiles ” parmi eux (1R 7:13-40 ; 2Ch 2:3, 8-16 ; voir aussi 1Ch 28:20, 21). Salomon dirigea en personne les travaux du temple (1R 6:1-38 ; 2Ch 3:1–4:22). En outre, il bâtit la cour du temple, la Maison de la Forêt du Liban, remarquable de par ses 45 colonnes de cèdre et son éclairage particulier, le Porche des Colonnes, le Porche du Trône ainsi que sa maison et la maison pour la fille de Pharaon, tous des édifices de pierres coûteuses taillées “ d’après des mesures ”. — 1R 7:1-12.
D’autres rois se distinguèrent par leurs constructions : Asa (1R 15:23), Baasha (1R 15:17), Omri (1R 16:23, 24), Ahab (1R 22:39), Yehoshaphat (2Ch 17:12), Ouzziya (2Ch 26:6-10, 15), Yotham (2Ch 27:3, 4) et Hizqiya (2R 20:20). Le tunnel de Siloam (long de 533 m), qu’on attribue à Hizqiya, et les tunnels découverts à Lakish, à Guibéôn, à Guézer et à Meguiddo, furent de remarquables prouesses techniques.
Les constructions en Palestine après l’Exil. Il semble qu’après l’Exil les Juifs n’aient entrepris que des constructions modestes. Par contre, Hérode le Grand (Ier siècle av. n. è.) et ses successeurs se lancèrent dans de vastes projets, dont la reconstruction du temple à Jérusalem (Mc 13:1, 2 ; Lc 21:5), le port de Césarée, le grand viaduc qui enjambait le centre de Jérusalem ainsi que des bâtiments publics comme des théâtres, des hippodromes et des bains. Une des réalisations les plus remarquables d’Hérode fut l’agrandissement de la forteresse qui s’élevait sur la colline de Massada, à plus de 400 m au dessus du niveau de la mer Morte. En plus des fortifications, Hérode bâtit un magnifique palais suspendu à trois étages agrémenté d’une terrasse et de piscines, et un autre palais pourvu de bains romains, où des tuyaux de chauffage étaient encastrés dans les murs, ainsi que de toilettes munies de sièges et équipées d’une sorte de chasse d’eau. Il dota cette énorme forteresse en pierre d’une douzaine de grandes citernes d’une contenance totale de presque 40 000 m3 d’eau. — PHOTO, vol. 2, p. 751.
Architecture assyrienne, babylonienne et perse. La chute d’Israël, le royaume du Nord (740 av. n. è.), et le renversement de Juda, le royaume du Sud (607 av. n. è.), mirent les Juifs en contact avec les chefs-d’œuvre architecturaux des Empires assyrien, babylonien et perse. Le palais de Sargon II à Khorsabad était remarquable de par sa régularité, sa symétrie, ses reliefs splendides, ses briques émaillées et ses peintures sur céramique vernie. Le palais de Sennakérib à Ninive était un immense bâtiment comptant environ 70 pièces et plus de 3 000 m de murs décorés de plaques sculptées (2R 19:36 ; voir aussi Yon 3:2, 3). On attribue également à Sennakérib la construction de l’aqueduc de 48 km qui amenait l’eau du Gomel jusqu’aux jardins de Ninive. À Mari, sur l’Euphrate, dans l’E. de la Syrie, le complexe gigantesque d’un palais de 300 pièces couvrait quelque 6 ha. Les ruines de la Babylone antique témoignent aussi de la splendeur passée de cette ville entourée de murailles énormes, sillonnée de rues célèbres et embellie d’innombrables palais et temples.
Sous la domination perse, il se peut que les Juifs vivant à Suse aient contemplé le palais érigé par Darius Ier, dont l’intérieur était rehaussé de briques émaillées aux couleurs magnifiques (PHOTOS, vol. 2, p. 330). Persépolis était peut-être plus grandiose encore (PHOTOS, vol. 2, p. 329), de la Porte de Xerxès, gardée par des taureaux gigantesques, au palais et aux immenses salles d’audience de Darius et de Xerxès, dont celle aux 100 colonnes. Les colonnes perses étaient plus gracieuses et plus élancées que les célèbres colonnes ioniques des Grecs. Le rapport entre la hauteur et le diamètre des colonnes dans la Salle de Xerxès était de 12 pour 1, alors qu’il était au maximum de 10 pour 1 dans les colonnes corinthiennes et seulement de 6 pour 1 dans les colonnes égyptiennes. De même, l’écartement entre les colonnes dans les édifices perses était jusqu’à deux fois plus grand que dans les bâtiments grecs, ce qui donnait une plus grande impression d’espace que dans des édifices antiques analogues.
Méthodes et styles grecs et romains. L’architecture grecque entra dans son “ âge d’or ” au VIIe siècle av. n. è. Cet âge dura jusqu’au IVe siècle av. n. è. Athènes devint le site de temples et d’édifices majestueux, élevés en l’honneur des dieux et des déesses grecs. Au nombre de ces édifices figuraient le Parthénon, le Temple de la Victoire aptère et l’Érechthéion ; Corinthe, quant à elle, s’illustrait par son Temple d’Apollon et sa vaste place de marché (ou agora). Le style des constructions est généralement indiqué par les trois principaux types des magnifiques colonnes élaborées par les Grecs : le dorique, l’ionique et le corinthien.
Le style architectural romain s’inspira beaucoup du grec. L’architecture romaine était généralement plus fonctionnelle, mais moins raffinée. Les Romains subirent aussi l’influence des Étrusques, qui se distinguaient par leurs véritables arcs composés de pierres en forme de coin. Au VIe siècle av. n. è., on fit une utilisation des plus impressionnantes de ces arcs lors de la construction des grands égouts de Rome. C’est encore aux architectes romains que revient le mérite de l’élaboration de l’arc double et du dôme, grâce auxquels ils édifièrent d’immenses rotondes et des salles spacieuses dépourvues de colonnes. Les maçons grecs avaient construit de majestueux édifices sans mortier ou ciment, grâce à leur incomparable habileté et à la précision avec laquelle ils ajustaient et assemblaient les blocs de marbre. Les maçons romains, eux, employaient la pouzzolane, une terre volcanique mélangée à de la chaux qui composait un ciment hydraulique d’une grande capacité de cohésion. Avec de la pouzzolane en guise de mortier, les Romains pouvaient augmenter l’ouverture de leurs arcs et construire des bâtiments à plusieurs étages, comme le gigantesque Colisée de trois étages, érigé au Ier siècle de n. è. et qui pouvait contenir, selon les estimations, de 40 000 à 87 000 personnes. Au nombre des réalisations romaines les plus utiles figurent les grandes routes militaires et les admirables aqueducs édifiés surtout à partir du IIIe siècle av. n. è. L’apôtre Paul circula souvent sur ces voies romaines et vit sans aucun doute l’aqueduc de l’empereur Claude le long de la voie Appienne quand il se rendit à Rome.
Les constructions des chrétiens. De même que la nation d’Israël ne se distingua pas par une architecture imposante, de même les premiers chrétiens, membres de l’Israël spirituel, construisirent des bâtiments modestes. Un dictionnaire (Unger’s Bible Dictionary, 1965, p. 84, 85) fait ce commentaire : “ Dès le IIIe siècle apparurent des bâtiments construits par [les chrétiens], mais ils n’étaient ni écrasants ni dispendieux. ” Il fallut attendre l’époque de l’empereur Constantin, où ceux qui le désiraient furent encouragés à nouer des relations avec l’État, pour que les chrétiens de nom inventent un style d’architecture particulier, et construisent au bout du compte certains des édifices les plus ornés et les plus fastueux qu’on connaisse.
L’architecture dans les prophéties et les exemples. Les prophéties et les exemples de la Bible emploient de nombreux termes d’architecture. Les prophéties de restauration s’arrêtent longuement sur la construction (ou le rétablissement) du peuple de Dieu et de leurs villes (Is 58:12 ; 60:10 ; 61:4 ; Éz 28:26 ; 36:36). Il était annoncé que Sion serait bâtie sur des pierres posées avec du mortier résistant, sur des fondements de saphir, avec des créneaux en rubis et des portes en pierres d’un rouge ardent (Is 54:11, 12). Il est dit de la sagesse qu’elle bâtit sa maison (Pr 9:1) et qu’alliée au discernement et à la connaissance, elle permet de bâtir une maisonnée (Pr 14:1 ; 24:3, 4). Yehoïaqim est condamné pour avoir bâti son palais injustement, en ne payant pas les travailleurs ; les Chaldéens sont condamnés pour avoir bâti une ville au prix du sang et de la peine des peuples vaincus (Jr 22:13-15 ; Hab 2:12, 13). S’imaginer à tort être en paix avec Dieu est comparé à la construction d’une cloison enduite contre laquelle Jéhovah, dans sa colère, fait souffler un vent de tempête et fait tomber de la grêle, ce qui la démolit et met à nu ses fondations (Éz 13:10-16). Le psalmiste certifie que, si Jéhovah ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain (Ps 127:1). Avant “ le grand jour de Jéhovah ”, ceux qui méprisent Dieu bâtiront, mais ils n’occuperont pas leurs constructions (Tse 1:12-14 ; voir aussi Am 5:11). Par contre, les serviteurs de Dieu doivent ‘ bâtir des maisons et les habiter ’ et ils “ profiteront pleinement ” de l’œuvre de leurs mains. — Is 65:17-23 ; voir aussi Ec 3:3.
Dans les Écritures grecques chrétiennes, Jésus parla de l’importance d’estimer le coût d’une construction avant de l’entreprendre lorsqu’il encouragea ses auditeurs à mesurer exactement ce que signifiait devenir son disciple (Lc 14:28-30). Nombre d’exemples insistent sur la nécessité d’un fondement solide (Mt 7:24-27 ; Lc 6:48, 49 ; 1Tm 6:17-19 ; 2Tm 2:19 ; Hé 11:10). Jésus Christ expliqua qu’il fondait sa congrégation sur un roc (pétra) (Mt 16:18) et il est désigné lui-même comme le seul fondement, à côté duquel “ aucun homme ne peut [en] poser d’autre ” ; pourtant, il est “ la pierre que les bâtisseurs ont rejetée ”. (1Co 3:11 ; Mt 21:42 ; Ac 4:11 ; Ps 118:22.) Parce qu’il est la principale pierre angulaire du temple de Dieu, toutes les autres “ pierres vivantes ” de ce temple reposent et sont alignées sur lui avec le droit pour “ cordeau ” et la justice pour “ niveau ”. (Ép 2:20, 21 ; 1P 2:4-8 ; Is 28:16, 17.) Jésus affirma que le temple de son corps serait relevé “ en trois jours ”, alors qu’au bout de 46 ans de construction le temple de son époque et les bâtiments environnants à Jérusalem n’étaient pas encore terminés (Jn 2:18-22). Tel “ un sage conducteur de travaux ”, Paul conseilla de bâtir sur le fondement qu’est Christ avec des matériaux de qualité et à l’épreuve du feu (1Co 3:10-17). L’amour est présenté comme un élément essentiel lorsqu’on bâtit (1Co 8:1 ; voir aussi Ps 89:2). Dans sa vision de la Nouvelle Jérusalem, Jean la décrit sous la forme d’une ville éclatante composée de pierres précieuses, dont les murailles reposent sur des pierres de fondement qui portent les noms des “ douze apôtres de l’Agneau ”. (Ré 21:9-27.) Dieu est présenté comme le Grand Bâtisseur de toutes choses, si bien qu’il ne réside pas dans des constructions faites par les humains. — Hé 3:4 ; Ac 7:48-50 ; 17:24, 25 ; Is 66:1.