ORGUEIL
Amour-propre démesuré ; sentiment exagéré de supériorité quant à ses talents, sa beauté, sa richesse, son rang, etc. ; façon méprisante de traiter autrui ; comportement insolent ou arrogant ; attitude hautaine. L’orgueil est le contraire de l’humilité. Les mots hébreux et grecs traduits par “ orgueilleux ” et “ orgueil ” ont le sens premier de se faire paraître “ haut ”, “ élevé ”, “ éminent ”. L’homme orgueilleux ou arrogant se croit supérieur aux autres. Aussi réclame-t-il généralement de leur part une attention ou un honneur indus et les traite-t-il avec irrespect et insolence. Plus rarement, l’orgueil peut aussi avoir un sens favorable lorsqu’il exprime la satisfaction ou la fierté que procurent une action ou la possession d’une certaine chose. La vanité, l’arrogance et la suffisance sont quelques synonymes de l’orgueil.
Le verbe hébreu gaʼah, qui signifie littéralement “ croître, devenir haut ”, est la racine de plusieurs mots qui expriment l’idée d’orgueil. Ces formes dérivées sont rendues par “ orgueil ”, “ arrogance ” et, dans un sens favorable ou défavorable, par “ grandeur ” et ‘ supériorité ’. — Jb 8:11 ; Éz 47:5 ; Is 9:9 ; Pr 8:13 ; Ps 68:34 ; Am 8:7.
Le mot grec kaukhaomaï, qui signifie “ se glorifier, se montrer fier ”, peut lui aussi être pris en bonne ou en mauvaise part, selon le contexte. — 1Co 1:29 ; Rm 2:17 ; 5:2.
Une condition de cœur. L’orgueil est un défaut ou un trait de caractère beaucoup plus profond qu’une simple pensée. Jésus Christ mit l’orgueil sur le même plan que le meurtre, le vol, le blasphème et d’autres mauvaises actions, qui, ajouta-t-il, sortent “ de l’intérieur, du cœur des hommes ”. (Mc 7:21, 22.) Marie, la mère terrestre de Jésus, déclara à propos de Jéhovah : “ Il a dispersé ceux qui sont orgueilleux dans l’intention de leur cœur. ” (Lc 1:51). Quant à David, dans une supplication à Jéhovah, il dit : “ Mon cœur n’a pas été orgueilleux. ” — Ps 131:1 ; Is 9:9 ; Dn 5:20.
Même quelqu’un qui sert Dieu avec un cœur humble peut devenir orgueilleux lorsqu’il acquiert la richesse ou le pouvoir, en raison de sa beauté, de sa réussite, de sa sagesse, ou encore parce que les autres l’adulent. Ce fut le cas du roi Ouzziya de Juda. Il régna correctement et fut béni par Jéhovah pendant de nombreuses années (2Ch 26:3-5). Toutefois, le récit biblique déclare : “ Mais dès qu’il fut devenu fort, son cœur s’enorgueillit, oui jusqu’à causer la ruine, de sorte qu’il se montra infidèle envers Jéhovah son Dieu et entra dans le temple de Jéhovah pour brûler de l’encens sur l’autel de l’encens. ” (2Ch 26:16). Ouzziya s’éleva au point d’accomplir des tâches réservées aux prêtres, privilèges que Jéhovah avait expressément interdits aux rois d’Israël, afin de séparer la royauté de la prêtrise.
À un moment, le bon roi Hizqiya devint orgueilleux pendant une brève période, et l’orgueil de son cœur influença sans doute ses sujets. Il avait été élevé au pouvoir grâce à la bénédiction de Jéhovah, mais il ne manifesta aucune gratitude et ne reconnut pas que tout le mérite aurait dû revenir à Dieu. Le chroniste écrit à son sujet : “ Mais selon le bienfait dont il avait été l’objet, Hizqiya ne paya pas de retour, car son cœur s’enorgueillit et il y eut de l’indignation contre lui et contre Juda et Jérusalem. ” Heureusement, il corrigea cette attitude dangereuse. Le récit poursuit : “ Cependant Hizqiya s’humilia de l’orgueil de son cœur, lui et les habitants de Jérusalem, et l’indignation de Jéhovah ne vint pas sur eux aux jours de Hizqiya. ” — 2Ch 32:25, 26 ; voir aussi Is 3:16-24 ; Éz 28:2, 5, 17.
L’orgueil est trompeur et destructeur. Une personne peut refuser de reconnaître qu’elle est orgueilleuse et attribuer d’autres motivations à ses actes pour ne pas voir la réalité de son orgueil. Chacun devrait s’examiner attentivement, ainsi que ses mobiles, afin de déterminer s’il a ce défaut. L’apôtre Paul montre qu’il est nécessaire d’avoir de bons mobiles et de se connaître sous ce rapport lorsqu’il déclare : “ Si je donne tous mes biens pour nourrir les autres, et si je livre mon corps pour me glorifier [kaukhêsômaï], mais que je n’aie pas l’amour, cela ne me sert à rien. ” — 1Co 13:3.
Il faut donc extirper l’orgueil de sa personnalité pour son bien. Plus important, il faut le faire si on désire plaire à Dieu. On doit même en venir à haïr l’orgueil, car la Parole de Dieu dit : “ La crainte de Jéhovah signifie la haine du mal. Arrogance et orgueil, voie mauvaise et bouche perverse, je les hais vraiment. ” — Pr 8:13.
Celui qui ne se débarrasse pas de son orgueil en souffrira. “ Avant l’écroulement, il y a l’orgueil, et avant le faux pas, l’esprit hautain ” (Pr 16:18), et “ la maison des orgueilleux, Jéhovah la démolira ”. (Pr 15:25.) Nombreuses sont les personnes, les dynasties et les nations orgueilleuses qui connurent l’écroulement. — Lv 26:18, 19 ; 2Ch 26:16 ; Is 13:19 ; Jr 13:9 ; Éz 30:6, 18 ; 32:12 ; Dn 5:22, 23, 30.
L’orgueil est trompeur. L’apôtre Paul donne ce conseil : “ Car si quelqu’un pense être quelque chose alors qu’il n’est rien, il abuse sa propre intelligence. ” (Ga 6:3). L’orgueilleux semble choisir la voie qui lui sera la plus bénéfique, la plus profitable, mais il ne tient pas compte de Dieu (voir Jr 49:16 ; Ré 3:17). La Bible déclare : “ Mieux vaut être humble d’esprit avec les humbles que de partager le butin avec les orgueilleux. ” — Pr 16:19.
La vantardise. Le verbe grec kaukhaomaï (se vanter, se glorifier) évoque souvent l’idée d’orgueil égoïste. La Bible montre que nul homme n’a la moindre raison de se glorifier en lui-même ou en ce qu’il a accompli. Dans la congrégation chrétienne de Corinthe, certains étaient gonflés d’orgueil, fiers d’eux-mêmes ou d’autres hommes, ce qui causait des divisions dans la congrégation. En se tournant vers des hommes plutôt que vers Christ, ils avaient des pensées charnelles (1Co 1:10-13 ; 3:3, 4). Ces gens ne s’intéressaient pas au bien-être spirituel de la congrégation, mais ils voulaient se glorifier des apparences, sans vraiment chercher à aider leurs compagnons chrétiens à cultiver un cœur bon devant Dieu (2Co 5:12). C’est pourquoi l’apôtre Paul reprit sévèrement la congrégation en lui montrant qu’aucun de ses membres n’avait de raison de se glorifier en qui que ce soit, si ce n’était en Jéhovah Dieu et en ce qu’il avait fait en leur faveur (1Co 1:28, 29 ; 4:6, 7). La règle était celle-ci : “ Celui qui se glorifie, qu’il se glorifie en Jéhovah. ” — 1Co 1:31 ; 2Co 10:17.
Jacques, demi-frère de Jésus, alla plus loin encore dans la condamnation de ceux qui se vantaient de certains projets propres au monde, qu’ils avaient l’intention de réaliser ; il leur dit : “ Vous tirez fierté de vos vantardises arrogantes. Toute fierté de ce genre est mauvaise. ” — Jc 4:13-16 ; voir aussi Pr 27:1.
Dieu s’oppose à l’orgueil. Non seulement les orgueilleux déplaisent aux hommes droits, mais, ce qui est plus grave, ils sont aussi en opposition avec Jéhovah Dieu (Jc 4:6 ; 1P 5:5). L’orgueil est sottise et péché (Pr 14:3 ; 21:4), et Jéhovah lui-même se dresse contre les orgueilleux pour les abaisser (2S 22:28 ; Jb 10:16 ; 40:11 ; Ps 18:27 ; 31:18, 23 ; Is 2:11, 17). Celui qui ne renonce pas à l’orgueil s’attirera à coup sûr la destruction. Dans l’Antiquité, la nation de Moab, qui s’éleva contre Dieu et contre son peuple, fut réduite à rien (Is 16:6 ; 25:10, 11 ; Jr 48:29). Même le royaume des dix tribus d’Israël ne fut pas épargné quand le cœur de ses habitants devint orgueilleux et insolent. — Is 9:8-12.
Il faut se garder de l’orgueil. On doit donc veiller attentivement à rejeter tout orgueil de son cœur. On doit particulièrement être sur ses gardes lorsqu’on réussit une entreprise ou lorsqu’on se voit accorder une fonction plus importante ou davantage de responsabilités. Celui qui laisse l’orgueil grandir risque d’être dominé par ce défaut et d’être classé par Jéhovah parmi ceux qu’il livre à une mentalité désapprouvée et qui méritent la mort (Rm 1:28, 30, 32). Cette mise en garde est particulièrement appropriée dans “ les derniers jours ” durant lesquels, selon l’avertissement de l’apôtre, il y aurait des temps critiques dont une des caractéristiques serait l’orgueil. — 2Tm 3:1, 2.
De plus, quiconque désire obtenir la faveur de Dieu ne devrait pas user de flatterie, qui tend à nourrir l’orgueil chez autrui. Le proverbe déclare : “ Un homme robuste qui flatte son compagnon tend un filet pour ses pas. ” (Pr 29:5). Non seulement le flatteur cause la ruine de son compagnon (“ une bouche flatteuse provoque un renversement ” ; Pr 26:28), mais lui-même est désapprouvé par Dieu. L’apôtre Paul se garda soigneusement de la flatterie et de l’orgueil. — 1Th 2:5, 6.
Une connotation positive. Le mot hébreu gaʼah, le mot grec kaukhaomaï et les formes qui leur sont apparentées sont également employés dans un sens favorable à propos de la fierté ou de la satisfaction que procure une action ou la possession d’une certaine chose. Le psalmiste appela Israël “ l’orgueil de Jacob qu’il [Jéhovah] a aimé ”. (Ps 47:4.) Dans une prophétie de rétablissement, Isaïe déclara que le fruit du pays serait ‘ quelque chose dont on pourrait être fier ’. (Is 4:2.) Les chrétiens de Thessalonique ayant fait preuve de foi, d’amour et d’endurance, l’apôtre leur écrivit : “ Nous-mêmes nous sommes fiers de vous parmi les congrégations de Dieu. ” (2Th 1:3, 4). Les chrétiens sont fiers d’avoir Jéhovah pour Dieu, de le connaître et de ce qu’il les a reconnus. Ils suivent ce principe : “ Que celui qui se vante se vante de ceci : d’être perspicace et de me connaître, de savoir que je suis Jéhovah, Celui qui exerce la bonté de cœur, le droit et la justice sur la terre. ” — Jr 9:24 ; voir aussi Lc 10:20.