Les jeunes s’interrogent...
Que faire si je suis victime du bavardage?
“DANS mon collège, dit un élève new-yorkais de cinquième, 90 % des jeunes bavardent.” Les principaux sujets de conversation? “Les autres élèves, leur personnalité, leur apparence extérieure, qui aime qui et ce que chacun dit sur le compte de l’autre.” — Seventeen, juillet 1983.
Toutefois, on a bien souvent tendance à glisser du bavardage à la médisance, et à ternir ainsi la réputation d’autruia. En outre, vu la facilité avec laquelle les jeunes comme les adultes se laissent aller à bavarder, il y a de grandes chances pour que vous soyez, présentement ou dans l’avenir, victime de la médisance. Comment agir dans ce cas? Y a-t-il un moyen de faire cesser ces propos blessants?
Le bavardage blesse
On est indiscutablement très peiné quand une information que l’on voulait garder confidentielle est divulguée ou lorsqu’on est victime d’une rumeur mensongère. Le chagrin et le découragement s’accompagneront peut-être d’un sentiment de colère et d’un désir de vengeance. Une victime du bavardage s’est exprimée ainsi: “On a envie de faire du mal au bavard.” Une autre a dit: “On se sent accablé; c’est comme si on vous donnait un coup de poignard dans le dos. Parfois, on est tenté de ne plus jamais leur adresser la parole. Vous n’avez plus confiance et vous n’arrêtez pas de ruminer le tort qu’on vous a fait.”
Nombre de jeunes gens victimes du bavardage sont quasiment paralysés par la honte. Ainsi, une adolescente a préféré changer d’école plutôt que d’avoir à affronter les jeunes qui avaient répandu une rumeur odieuse sur son compte. Toutefois, ce n’est pas en se vengeant, en se mettant en colère ou en étant paralysé par la honte qu’on améliore tant soit peu la situation. Il existe des façons autrement plus efficaces de faire face aux propos hostiles.
Maîtrisez vos émotions!
Avant de faire quoi que ce soit, souvenez-vous de ces paroles: “Celui qui est prompt à la colère fera des sottises.” (Proverbes 14:17). La leçon? Maîtrisez-vous! On se crée souvent plus de problèmes qu’on en résout lorsqu’on agit précipitamment. La Bible donne cet avertissement: “Ne te presse pas en ton esprit de t’irriter, car l’irritation, c’est ce qui repose dans le sein des stupides.” Pourquoi une telle recommandation? Une chose est sûre: on ne peut absolument pas empêcher les gens de parler des autres. Il est donc inévitable qu’on bavarde sur votre compte; la vie est ainsi faite. Cette situation a amené le roi Salomon à donner cet autre conseil: “À toutes les paroles que l’on vient à prononcer, ne prête pas ton cœur (...). Car ton cœur sait parfaitement que bien des fois aussi tu as toi-même appelé le mal sur les autres.” — Ecclésiaste 7:9, 21, 22.
Salomon ne justifie pas ici la médisance. Il explique seulement que cette tendance fait partie de la vie. Il se peut que vous ayez horreur que l’on jase sur votre compte, mais ne devez-vous pas reconnaître que, vous aussi, vous avez probablement déjà dit sur autrui des choses dont il aurait été préférable de ne pas parler?
Dans son livre intitulé Le bavardage (angl.), Patricia Meyer Spacks fait cette remarque: “Le bavardage est moins souvent dû à la malveillance (...) qu’au manque de réflexion (...). Il dérive du désir malavisé de parler sans avoir à trop réfléchir. Les bavards discutent des autres et échangent des anecdotes sur leur compte sans intentions précises.” Si vous en êtes conscient, il vous sera plus facile de surmonter votre indignation.
Mettez au point des stratégies
Il est dit en Proverbes 14:15 que “le sagace considère ses pas”. C’est une incitation à élaborer calmement une stratégie pour surmonter le problème du bavardage.
Pourquoi ne pas évaluer tout d’abord la gravité de ce qui a été dit? Il est possible que l’histoire qui circule à votre sujet soit embarrassante, voire carrément fausse. Mais elle peut aussi être franchement amusante et ne ternir en rien votre réputation. Ainsi, vous auriez préféré que personne ne sache que vous vous êtes retrouvé dehors sans vos clés alors qu’il pleuvait des cordes, ou que vous avez craqué votre short de gymnastique en faisant des abdominaux. L’anecdote s’est propagée, mais est-ce si catastrophique? Le sens de l’humour sera peut-être le meilleur moyen d’empêcher le bruit de se répandre davantage.
Supposons toutefois que le bruit soit vraiment peu flatteur ou s’avère même insultant: votre réputation risque-t-elle d’être ternie pour un bon moment, ou la rumeur retombera-t-elle probablement assez vite? Si ce dernier cas est le plus vraisemblable, le mieux serait peut-être de laisser passer l’orage. En faisant comme si de rien n’était plutôt que de bouder ou d’avoir l’air gêné, vous éviterez au moins d’alimenter la rumeur. Comme le dit Proverbes 26:20, “où il n’y a pas de bois, le feu s’éteint, et où il n’y a pas de calomniateur, la dispute s’apaise”.
Parfois, cependant, la question est trop grave pour être simplement ignorée. Jésus Christ a conseillé ses disciples sur la façon de procéder lorsque quelqu’un pèche contre autrui, en le calomniant par exemple. Il dit en effet: “Va-t’en lui dévoiler sa faute entre toi et lui seul.” (Matthieu 18:15). Peut-être sera-t-il donc possible de remonter jusqu’à l’auteur de ces propos nuisibles, puis de discuter calmement avec lui de la question.
Même si le fautif n’est pas un chrétien, il se peut que vous le connaissiez comme une personne raisonnable. Dans ce cas, il est possible qu’il réagisse bien à votre démarche. Il s’avère parfois qu’une grave méprise est à l’origine de toute l’affaire. Si c’est par antipathie qu’il a agi, peut-être parviendrez-vous à dissiper ses sentiments négatifs.
Néanmoins, il est souvent très difficile d’identifier l’origine d’une rumeur. Et même si vous y arrivez, le fautif ne reconnaîtra pas forcément son indiscrétion. Que faire dans ce cas? Rappelez-vous que Jésus a été victime de “propos hostiles”. (Hébreux 12:3.) Toutefois, il ne s’en est jamais irrité au point d’abandonner son œuvre de témoignage pour rechercher l’auteur de ces propos blessants. Au contraire, il a déclaré: “La sagesse est apparue juste de par ses œuvres.” — Matthieu 11:19.
Jésus savait que les gens honnêtes qui seraient témoins de ses belles œuvres comprendraient l’absurdité de ces paroles nuisibles. De la même façon, faites en sorte que votre conduite soit la meilleure parade contre le bavardage. Vos vrais amis vous connaissent; ils ne croiront donc pas aux fables qu’on peut raconter à votre sujet. Vous pouvez toutefois les informer qu’un bruit mensonger circule sur votre compte. En effet, ils peuvent bien souvent vous être très précieux pour étouffer une rumeur en reprenant toute personne mal informée.
Mais que pouvez-vous faire si la rumeur s’est déjà largement répandue? Généralement, la situation n’est pas aussi grave que vous l’imaginez. Par ailleurs, les sujets de conversation changent. Il y a toujours une multitude d’événements en préparation, qui, tôt ou tard, éclipseront la rumeur dont vous êtes l’objet. En attendant, ne souffrez pas en silence. Pourquoi ne pas vous confier à votre père ou votre mère, ou bien à un autre adulte mûr? Très souvent, la discussion aide à replacer le problème dans son contexte.
Tirez des leçons
On peut également tirer de précieuses leçons lorsqu’on est victime du bavardage. Ainsi, puisque vous avez constaté personnellement le tort que peuvent causer des propos irréfléchis, pourquoi ne pas prendre la décision de ne jamais colporter de rumeurs?
Les bavardages dont vous avez été l’objet sont certes une épreuve, mais celle-ci a peut-être révélé certains défauts dans votre personnalité, tels que la tendance à vouloir vous venger. Il se peut encore que votre orgueil ait constitué un plus grand problème que la rumeur elle-même. Un souci exagéré de votre réputation vous a peut-être amené à vous “estimer plus qu’il ne faut s’estimer”. (Romains 12:3.) Si c’est le cas, il serait temps de faire des efforts pour vous prendre un peu moins au sérieux.
Après examen, vous vous apercevrez peut-être que votre manque de discernement a contribué à la propagation de la rumeur. Ainsi, avez-vous fait part de vos sentiments intimes à un jeune qui a la réputation d’‘ouvrir largement ses lèvres’? (Proverbes 13:3.) Alors, peut-être choisirez-vous plus soigneusement votre confident la prochaine fois. Veillez également à avoir une conduite irréprochable pour ne susciter aucune occasion de bavardage. — Voir 1 Pierre 2:15.
En restant calme et en faisant preuve de gentillesse, vous montrerez que vous ne vous souciez pas des rumeurs stupides, et peut-être même les étoufferez-vous.
[Note]
a Voir l’article intitulé “Bavarder — Où est le mal?” paru dans Réveillez-vous! du 8 juillet 1989.
[Illustrations, page 18]
Il est parfois possible d’identifier l’auteur de la rumeur et de discuter avec lui en privé.