Conçu pour vivre éternellement
LE CORPS humain est prodigieusement conçu. Son développement et sa croissance tiennent tout simplement du miracle. “De façon redoutable, je suis fait d’une manière merveilleuse”, s’est exclamé un homme de l’Antiquité (Psaume 139:14). Pleinement conscients des merveilles du corps humain, certains savants ne comprennent pas pourquoi nous vieillissons et mourons. Est-ce également votre cas?
“Le vieillissement, écrit Steven Austad, biologiste à l’Université Harvard, est un phénomène tellement présent que je m’étonne que davantage de personnes n’y voient pas un mystère biologique essentiel.” Parce qu’il est universel, le vieillissement “est considéré comme plus normal”, précise-t-il. Mais, à la réflexion, est-il logique que nous vieillissions et mourions?
Dans son livre Pourquoi et comment nous vieillissons, publié en 1994, le professeur Leonard Hayflick exprime son profond étonnement devant la vie et la croissance de l’homme. Il écrit: “Après avoir accompli des miracles pour nous mener de la conception à la naissance, puis à la maturité sexuelle et à l’état adulte, la nature a choisi de ne pas mettre au point un mécanisme, qui eût été probablement plus élémentaire, pour perpétuer éternellement le résultat de ces miracles. Cette question intrigue les biogérontologues [savants qui étudient les aspects biologiques du vieillissement] depuis des dizaines d’années.”
Le vieillissement et la mort vous intriguent-ils, vous aussi? Quel dessein servent-ils? “Alors que pour ainsi dire tous les événements biologiques intervenant de la conception à la maturité semblent répondre à un objectif, ce n’est pas le cas du vieillissement, fait observer M. Hayflick. On ne comprend pas vraiment sa raison d’être. Bien que nous en sachions maintenant beaucoup sur le processus en lui-même (...), l’issue inévitable reste un vieillissement incompréhensible et la mort.”
Se pourrait-il que nous ayons été faits, non pour vieillir et mourir, mais, au contraire, pour vivre éternellement sur la terre?
Le désir de vivre
Vous l’aurez remarqué, l’idée de vieillir et de mourir indispose presque tout le monde. Beaucoup la trouvent même effrayante. Dans son livre Mourir, le docteur Sherwin Nuland écrit: “Personne ne paraît psychologiquement apte à faire face à l’idée de son propre état de mort, d’une inconscience définitive dans laquelle il n’y a ni vide ni vacuum, dans laquelle il n’y a tout simplement rien.” Connaissez-vous quelqu’un qui souhaite vieillir, tomber malade et mourir?
Pourtant, si la vieillesse et la mort étaient naturelles, si elles s’inscrivaient dans quelque plan directeur, ne seraient-elles pas les bienvenues? Mais ce n’est pas le cas. Pourquoi? La réponse tient à la manière dont nous avons été créés. Dieu “a mis dans [notre] cœur la pensée de l’éternité”, dit la Bible (Ecclésiaste 3:11, Segond). Animé de ce désir d’un avenir sans fin, l’homme cherche depuis longtemps la Fontaine de Jouvence. Il veut rester éternellement jeune. D’où cette question: Avons-nous le potentiel nécessaire pour vivre plus longtemps?
Conçu pour s’autoréparer
Dans la revue Natural History, Steven Austad expose une idée couramment admise: “Nous avons tendance à considérer qu’il en est de l’homme et des animaux comme des machines: que l’usure est inévitable.” C’est là une conception erronée. “Les organismes biologiques sont fondamentalement différents des machines, poursuit-il. Ils s’autoréparent: les blessures et les os guérissent, les maladies passent.”
Mais alors, pourquoi vieillissons-nous? Ou, pour reprendre les termes de Steven Austad, “pourquoi [les organismes biologiques] sont-ils soumis aux mêmes types d’usure que les machines?” Étant donné que nos tissus se régénèrent, pourquoi ne le font-ils pas indéfiniment?
Dans la revue Discover, Jared Diamond, biologiste évolutionniste, parle de la merveilleuse faculté des organismes physiques à s’autoréparer: “La cicatrisation, processus de réparation de la peau, est l’un des exemples les plus visibles des systèmes de réparation du corps. Beaucoup d’animaux sont capables de résultats bien plus spectaculaires: le lézard peut régénérer plusieurs fois sa queue, l’étoile de mer et le crabe leurs membres, le concombre de mer ses intestins.”
À propos du remplacement des dents, Jared Diamond explique: “Les humains en produisent deux séries, les éléphants six et les requins un nombre indéterminé.” Puis il ajoute: “Au niveau microscopique également se produit un renouvellement régulier. Les cellules qui tapissent notre intestin sont remplacées au bout de quelques jours, celles qui tapissent notre vessie tous les deux mois, et nos globules rouges tous les quatre mois.
“Sur le plan moléculaire, les molécules qui composent nos protéines se renouvellent continuellement, à un rythme propre à chaque type de protéines; de sorte que nous n’accumulons pas les molécules endommagées. Si vous comparez l’apparence de l’un de vos proches avec celle qu’il avait il y a un mois, vous ne verrez probablement aucune différence, mais beaucoup des molécules formant son corps ne seront plus les mêmes.”
La plupart des cellules du corps sont remplacées périodiquement par de nouvelles. Mais peut-être certaines, les neurones par exemple, ne le sont-elles jamais. On notera cependant cette explication de Leonard Hayflick: “Si toutes les parties d’une cellule ont été remplacées, la cellule n’est plus la même. Peut-être les neurones avec lesquels vous êtes né semblent-ils être toujours les mêmes, mais en réalité beaucoup de leurs molécules (...) ont peut-être été remplacées. Donc, en définitive, les cellules qui ne se divisent pas ne sont pas forcément les mêmes que celles que vous aviez à la naissance!” Cela parce que les composants de ces cellules sont remplacés. Dès lors, le remplacement des matériaux du corps pourrait théoriquement prolonger notre vie éternellement.
Le professeur Hayflick a parlé des “miracles [nous menant] de la conception à la naissance”. Examinons-en brièvement quelques-uns, et voyons s’il est possible qu’existe ce qu’il appelle ‘un mécanisme plus élémentaire pour perpétuer éternellement le résultat de ces miracles’.
La cellule
Un adulte est composé de quelque 100 000 milliards de cellules, chacune d’une complexité dépassant l’entendement. Pour illustrer cette complexité, la revue Newsweek a comparé la cellule à une ville fortifiée: “Des centrales électriques produisent l’énergie dont la cellule a besoin. Des usines fabriquent des protéines indispensables à la chimie de l’organisme. Des systèmes de transport complexes assurent les échanges chimiques à l’intérieur comme à l’extérieur de la cellule. Des sentinelles postées sur les fortifications contrôlent les importations et les exportations, et surveillent le monde extérieur, à l’affût du moindre signe de danger. Des armées biologiques disciplinées sont prêtes à repousser tout intrus. Le maintien de l’ordre est assuré par un gouvernement central génétique.”
Comment vous et vos 100 000 milliards de cellules êtes-vous venus à l’existence? Vous n’étiez au départ qu’une cellule, fruit de l’union d’un spermatozoïde de votre père et d’un ovule de votre mère. Lors de cette union, des plans ont été dressés dans l’ADN (abréviation d’acide désoxyribonucléique) de cette cellule nouvellement formée pour produire un humain entièrement nouveau et unique. “S’il fallait les mettre par écrit, dit-on, [les instructions contenues dans l’ADN] rempliraient un millier de livres de 600 pages.”
Cette première cellule s’est ensuite divisée en deux, puis en quatre, puis en huit, et ainsi de suite. Finalement, au bout d’environ 270 jours, au cours desquels des milliards de cellules de toutes sortes se sont formées à l’intérieur du ventre de votre mère pour faire de vous un bébé, vous êtes né. La cellule que vous étiez au départ abritait donc ce que l’on pourrait comparer à une immense salle remplie d’ouvrages contenant des instructions détaillées sur votre fabrication. Tout aussi remarquable, ces instructions complexes ont été transmises à chaque cellule viable. Effectivement, chacune de vos cellules possède les mêmes informations que celles que portait l’ovule fécondé.
Songez encore à ceci: puisque chaque cellule possède les instructions pour produire n’importe quelle cellule, comment, lorsqu’il s’est agi par exemple de fabriquer le tissu cardiaque, les instructions pour la fabrication des autres types de cellules ont-elles été inhibées? Apparemment, tel un entrepreneur disposant d’une gamme complète de plans, une cellule a sélectionné le plan des cellules du cœur. Une autre a choisi celui des cellules nerveuses, une autre encore celui des cellules du foie, etc. Indéniablement, cette faculté inexpliquée de sélection et d’inhibition est un des nombreux “miracles [nous menant] de la conception à la naissance”.
Ce n’est pas tout. Le tissu cardiaque doit être stimulé pour se contracter régulièrement. Le cœur a donc été doté d’un système interne complexe chargé de générer des impulsions électriques pour le faire battre au rythme exigé par le genre d’activité accomplie. Éblouissant, n’est-ce pas? Il n’est pas étonnant que des médecins aient dit du cœur qu’“il est plus efficace qu’aucune machine d’aucune sorte jamais conçue par l’homme”.
Le cerveau
Le développement du cerveau, l’aspect le plus mystérieux du miracle humain, est plus prodigieux encore. Trois semaines après la conception, les cellules cérébrales commencent à se former. Avec le temps, le cerveau comptera environ 100 milliards de cellules nerveuses, ou neurones, soit autant que d’étoiles dans la Voie lactée.
“Chaque neurone reçoit des données d’environ 10 000 autres et envoie des messages à un millier d’autres”, explique la revue Time. À propos du nombre de combinaisons possibles, le neurologue Gerald Edelman écrit: “Un morceau de notre cerveau de la taille d’une grosse tête d’allumette contient environ un milliard de connexions. (...) Si nous considérions toutes les connexions et toutes les combinaisons possibles, nous obtiendrions un nombre astronomique — de l’ordre d’un dix suivi de millions de zéros.”
Quelle est donc la capacité du cerveau? D’après l’astronome Carl Sagan, l’information contenue dans le cerveau humain “remplirait plus de 20 millions de volumes, autant que dans l’ensemble des plus grandes bibliothèques du monde”. L’auteur George Leonard va plus loin. “Peut-être, dit-il, pouvons-nous maintenant émettre cette incroyable hypothèse: la capacité créative du cerveau serait pour ainsi dire infinie.”
Les remarques suivantes ne devraient donc pas surprendre. “Le cerveau, déclare le biologiste moléculaire James Watson, codécouvreur de la structure physique de l’ADN, est la chose la plus complexe jamais découverte dans l’univers.” Le neurologue Richard Restak, qui déteste comparer le cerveau à un ordinateur, dit: “Le cerveau est unique en ce que nulle part dans l’univers connu il n’existe quoi que ce soit lui ressemblant, même de loin.”
Nous n’utilisons dans toute une vie qu’une faible partie de nos capacités mentales, disent les spécialistes: un dix-millième (un centième de 1 %) de nos facultés cérébrales, selon une estimation. Réfléchissez: est-il raisonnable de penser que nous avons été dotés d’un cerveau aussi performant pour ne jamais devoir l’utiliser pleinement? N’est-il pas plus logique de croire que l’homme, avec sa capacité infinie d’apprendre, devait vivre éternellement?
Si tel est le cas, pourquoi vieillissons-nous? Que s’est-il passé? Pourquoi, arrivés à 70 ou 80 ans, mourons-nous, alors que notre corps est de toute évidence conçu pour la vie éternelle?
[Schéma, page 7]
(Voir la publication)
La cellule: une conception prodigieuse
Membrane cellulaire
Cette enveloppe contrôle tout ce qui entre et sort de la cellule.
Noyau
Enveloppé par une double membrane, il dirige les activités de la cellule.
Ribosomes
Structures où sont assemblés les acides aminés pour former les protéines.
Chromosomes
Ils renferment l’ADN de la cellule, son plan génétique.
Nucléole
Structure du noyau où sont synthétisés les ribosomes.
Réticulum endoplasmique
Membranes qui emmagasinent ou véhiculent les protéines fabriquées par les ribosomes fixés à ces membranes (certains ribosomes flottent librement dans la cellule).
Mitochondries
Centres de production de l’ATP, molécules qui fournissent l’énergie à la cellule.
Appareil de golgi
Organites formés de saccules empilés qui stockent et distribuent les protéines fabriquées par la cellule.
Centrioles
Situés près du noyau, ils jouent un rôle important dans la division de la cellule.