Chapitre 22
Partie 5 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre
En 1975, d’importantes décisions ont été prises concernant la façon dont l’activité des Témoins de Jéhovah serait dirigée depuis le siège mondial. À l’époque, ils ignoraient quels territoires pourraient encore être le théâtre d’une intense activité de témoignage avant la fin du système mondial actuel, quelle ampleur la prédication allait encore prendre dans les pays où ils prêchaient sans entraves depuis de nombreuses années. Mais ils voulaient exploiter au mieux toutes les possibilités qui s’offraient à eux. Les pages 502 à 520 relatent quelques faits illustrant l’extraordinaire expansion de l’œuvre.
DES changements de taille sont intervenus en Amérique du Sud. Quelques années auparavant, en Équateur, des foules de catholiques s’en prenaient encore aux Témoins de Jéhovah; au Mexique, les prêtres catholiques régnaient en maîtres sur de nombreux villages; en Argentine et au Brésil, les Témoins de Jéhovah étaient hors la loi. Mais les conditions ont grandement évolué. Beaucoup de personnes à qui on avait appris à craindre ou à haïr les Témoins sont maintenant elles-mêmes Témoins de Jéhovah. D’autres écoutent avec plaisir les Témoins quand ils viennent leur parler du message de paix que contient la Bible. Les Témoins de Jéhovah sont connus et généralement respectés.
L’importance de leurs rassemblements et la conduite chrétienne des personnes qui y assistaient ont attiré l’attention. En 1985, deux assemblées, tenues simultanément à São Paulo et à Rio de Janeiro, au Brésil, ont réuni en tout 249 351 personnes. Par la suite, 23 autres assemblées, qui ont permis d’accueillir les personnes bien disposées d’autres régions du Brésil, ont réuni au total 389 387 assistants. Lors de cette série d’assemblées, 4 825 personnes ont symbolisé l’offrande de leur personne à Jéhovah en se faisant baptiser dans l’eau, ce qui atteste que les Témoins de Jéhovah du Brésil avaient enseigné la Parole de Dieu d’une excellente manière. Seulement cinq ans plus tard, en 1990, ce sont 110 assemblées qu’il a fallu organiser dans tout le Brésil pour accueillir les 548 517 assistants. Cette année-là, 13 448 personnes se sont présentées pour l’immersion. Dans tout le pays, des centaines de milliers de personnes, seules ou en famille, recevaient les Témoins de Jéhovah pour qu’ils leur enseignent la Parole de Dieu.
Que se passait-il en Argentine? Après des décennies de restrictions officielles, les Témoins de Jéhovah de ce pays ont de nouveau pu se rassembler librement en 1985. Quelle joie pour les 97 167 assistants qui se sont retrouvés lors de leur première série d’assemblées! Sous le titre “Un Royaume en pleine expansion: celui des Témoins de Jéhovah”, le journal local Ahora s’est émerveillé de l’ordre qui régnait parmi les assistants à Buenos Aires, de l’absence de toute discrimination sociale ou raciale, du calme et de l’amour qu’ils manifestaient. L’article tirait cette conclusion: “Que nous partagions ou non leurs idées et leurs doctrines, tous ces gens méritent notre plus grand respect.” Mais de nombreux Argentins sont allés plus loin dans leurs conclusions: ils ont commencé à étudier la Bible en compagnie des Témoins de Jéhovah et ont assisté à leurs réunions dans les Salles du Royaume pour observer comment les Témoins appliquent les principes bibliques dans leur vie. Ces observateurs ont ensuite pris une décision. Dans les sept années qui ont suivi, des dizaines de milliers de personnes ont voué leur vie à Jéhovah, et le nombre des Témoins en Argentine a augmenté de 71 %!
La bonne nouvelle du Royaume de Dieu a provoqué une réaction plus extraordinaire encore au Mexique. Par le passé, les Témoins de Jéhovah avaient souvent eu maille à partir avec des foules excitées par les prêtres. Mais les Témoins n’ont jamais riposté ou cherché à se venger, et cela a fait grande impression chez les personnes sincères (Rom. 12:17-19). Ces mêmes personnes ont aussi remarqué que les Témoins fondent toutes leurs croyances sur la Bible, la Parole inspirée de Dieu, et non sur des traditions humaines (Mat. 15:7-9; 2 Tim. 3:16, 17). Elles ont constaté que la foi des Témoins les avait vraiment soutenus dans l’adversité. De plus en plus de familles ont accepté l’étude biblique gratuite à domicile que leur proposaient les Témoins de Jéhovah. À tel point qu’en 1992 les études bibliques dirigées au Mexique représentaient 12 % du chiffre mondial. Par ailleurs, un nombre important de ces études regroupent des familles nombreuses. En conséquence, les Témoins de Jéhovah du Mexique, à savoir des chrétiens qui participent à la proclamation du Royaume de Dieu, et pas simplement des personnes qui assistent aux réunions, sont passés de 80 481 en 1975 à 354 023 en 1992!
En Europe également, des événements extraordinaires ont contribué à la propagation du message du Royaume.
Des changements stupéfiants en Pologne
En Pologne, bien que l’œuvre des Témoins de Jéhovah ait été interdite de 1939 à 1945 (sous les dominations nazie et soviétique), puis de nouveau à partir de juillet 1950 (tandis que le pays était sous influence soviétique), les Témoins de Jéhovah n’ont jamais cessé de prêcher. Alors que les prédicateurs du Royaume n’étaient que 1 039 en 1939, en 1950 ils étaient 18 116, et ils ont continué à évangéliser avec zèle, mais aussi avec prudence (Mat. 10:16). Quant aux assemblées, ils les tenaient dans des endroits discrets: en pleine campagne, dans des granges, dans les forêts. Mais, au début de 1982, le gouvernement polonais a permis aux Témoins d’organiser de petites assemblées d’un jour dans des salles louées.
Puis, en 1985, les Témoins de Jéhovah ont pu louer les plus grands stades de Pologne pour organiser quatre grandes assemblées au cours du mois d’août. Un délégué qui arrivait d’Autriche a été surpris d’entendre à l’aéroport une annonce qui souhaitait la bienvenue aux Témoins de Jéhovah venus en Pologne pour leur assemblée. Devant un tel changement d’attitude de la part du gouvernement, un Témoin polonais déjà âgé qui était là pour accueillir le visiteur n’a pu s’empêcher de pleurer de joie. Ces assemblées ont réuni 94 134 personnes, dont des groupes de délégués venus de 16 pays. Le grand public a-t-il été informé de l’événement? Effectivement. Pendant et après ces assemblées, les principaux journaux en ont parlé, la télévision a montré les foules réunies pour l’occasion et la radio nationale a retransmis des extraits de discours. Beaucoup de Polonais ont apprécié ce qu’ils ont vu et entendu.
On prévoyait des assemblées de plus grande ampleur encore quand, le 12 mai 1989, le gouvernement a reconnu officiellement aux Témoins de Jéhovah le statut d’association religieuse. En l’espace de trois mois, trois assemblées internationales ont été organisées, à Chorzów, à Poznań et à Varsovie, et elles ont rassemblé 166 518 personnes en tout. Fait surprenant, des milliers de Témoins de ce qui était à l’époque l’Union soviétique (URSS) et la Tchécoslovaquie ont obtenu les autorisations nécessaires pour venir y assister. Les Témoins de Jéhovah réussissaient-ils à faire des disciples dans ces pays où l’athéisme était prôné par l’État depuis des décennies? La réponse a été fournie par les 6 093 assistants, dont beaucoup de jeunes, qui se sont présentés pour se faire baptiser lors de ces assemblées.
Il était flagrant pour l’opinion que les Témoins sont des gens différents, et cela dans le bon sens du terme. On a pu lire dans la presse des déclarations comme celle-ci: “Ceux qui adorent Jéhovah Dieu — pour reprendre leurs propres termes — font grand cas de leurs rassemblements, qui sont à coup sûr une manifestation de leur unité. (...) Sous le rapport de l’ordre, de la paix et de la propreté, ceux qui assistent à l’assemblée sont des exemples à suivre.” (Życie Warszawy). Certains Polonais ont décidé de faire plus que d’observer simplement les Témoins ainsi rassemblés. Ils ont demandé aux Témoins de Jéhovah d’étudier la Bible avec eux. Ils ont été instruits de la Parole de Dieu, et le nombre des Témoins de Jéhovah en Pologne est passé de 72 887 en 1985 à 107 876 en 1992; et durant cette année-là, ils ont consacré plus de 16 800 000 heures à faire connaître la merveilleuse espérance qu’offrent les Écritures.
Toutefois, la Pologne n’était pas le seul pays à connaître des changements remarquables.
D’autres portes s’ouvrent en Europe de l’Est
La Hongrie a reconnu officiellement les Témoins de Jéhovah en 1989. Ce qui était à l’époque la République démocratique allemande (RDA) a levé l’interdiction qui pesait sur les Témoins depuis 40 ans en 1990, juste quatre mois après la chute du Mur de Berlin. Le mois suivant, le nouveau gouvernement roumain a officiellement reconnu l’Association chrétienne des Témoins de Jéhovah de Roumanie. En 1991, à Moscou, le ministère de la Justice a enregistré officiellement les statuts de l’“Organisation religieuse des Témoins de Jéhovah d’URSS.” La même année, l’œuvre des Témoins de Jéhovah a été autorisée officiellement en Bulgarie. En 1992, les Témoins de Jéhovah ont obtenu la reconnaissance officielle en Albanie.
Comment les Témoins de Jéhovah ont-ils employé la liberté qui leur a été accordée? “Allez-vous vous lancer dans la politique?” a demandé un journaliste à frère Helmut Martin, coordinateur de l’activité des Témoins de Jéhovah en RDA. Après tout, c’est ce que faisaient de nombreux ecclésiastiques. “Non, a répondu frère Martin. Jésus a confié à ses disciples une mission dans les Écritures, et nous la considérons comme notre tâche principale.” — Mat. 24:14; 28:19, 20.
Ce n’est toutefois pas à cette époque-là que les Témoins de Jéhovah ont commencé à assumer cette responsabilité dans cette partie du monde. Pendant de longues années, ils ont été obligés d’accomplir leur activité dans des conditions extrêmement pénibles, mais dans la plupart de ces pays ils étaient organisés en congrégations (qui se réunissaient par petits groupes), et ils donnaient le témoignage. Maintenant, par contre, de nouvelles possibilités s’offraient à eux. Leurs réunions étaient autorisées, et ils pouvaient librement y inviter le public. Ils pouvaient ouvertement prêcher de maison en maison, sans craindre la prison. Ces pays comptent à eux tous une population de plus de 390 000 000 d’habitants; le travail ne manquait donc pas. Conscients que nous vivons les derniers jours du système de choses actuel, les Témoins de Jéhovah ont agi rapidement.
Avant même que l’œuvre ne soit reconnue officiellement, des membres du Collège central s’étaient rendus dans un bon nombre de ces pays afin de déterminer ce qui pouvait être fait pour aider leurs frères chrétiens. Une fois les interdictions levées, ils sont allés dans d’autres pays encore pour aider les frères à organiser l’œuvre. En l’espace de quelques années, ils ont rencontré personnellement des Témoins en Pologne, en Hongrie, en Roumanie, en Tchécoslovaquie, en Russie, en Ukraine, en Estonie et en Biélorussie.
On a organisé des assemblées pour fortifier les Témoins de ces pays et faire connaître plus largement le message du Royaume de Dieu. Moins de cinq mois après que l’interdiction a été levée dans ce qui était alors la RDA, une de ces assemblées s’est tenue au stade olympique de Berlin. Des Témoins de 64 pays, outre l’Allemagne, ont répondu à l’invitation de venir y assister. C’était pour eux un privilège de vivre cet événement joyeux aux côtés de leurs frères et sœurs chrétiens qui étaient restés fidèles à Jéhovah durant des décennies face à une persécution virulente.
En 1990 et 1991, d’autres assemblées se sont tenues en Europe de l’Est. En 1990, quatre assemblées à caractère local en Hongrie; puis, en 1991, une assemblée internationale au Népstadion de Budapest, avec une assistance de 40 601 personnes venues de 35 pays. En Roumanie, pour la première fois depuis plus de 40 ans, les Témoins de Jéhovah ont pu tenir des assemblées publiques en 1990. Cette année-là ont eu lieu une série d’assemblées à travers tout le pays, suivies de deux rassemblements plus importants. En 1991, huit autres assemblées, qui ont réuni 34 808 personnes. En 1990, dans ce qui était alors la Yougoslavie, on a organisé une assemblée dans chacune des républiques qui composaient à l’époque le pays. L’année suivante, bien que le pays fût au bord de la guerre civile, 14 684 Témoins de Jéhovah ont assisté à une assemblée internationale à Zagreb, la capitale de la Croatie. Les policiers étaient étonnés à la vue de Croates, de Monténégrins, de Serbes, de Slovènes et d’autres réunis paisiblement pour écouter les discours.
Dans ce qui était alors la Tchécoslovaquie, on a de même organisé rapidement des assemblées. En 1990, une assemblée à caractère national a réuni 23 876 personnes à Prague. Les gérants du stade ont été si impressionnés qu’ils ont mis à la disposition des Témoins les plus vastes installations disponibles dans le pays pour l’assemblée suivante. Cette dernière, en 1991, a été un événement mémorable pour lequel 74 587 auditeurs enthousiastes ont rempli le stade Strahov de Prague. Les assistants tchèques et slovaques ont été ravis et ont longuement applaudi quand a été annoncée la parution de l’intégralité des Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau dans leurs langues respectives, Bible qui leur servirait aussi bien dans leur ministère public que pour l’étude individuelle ou au sein des congrégations.
Toujours en 1991, pour la première fois de leur histoire, les Témoins de Jéhovah ont pu tenir ouvertement des assemblées dans des villes situées à l’époque en Union soviétique. L’assemblée de Tallinn, en Estonie, a été suivie d’une autre en Sibérie. Quatre assemblées ont eu lieu dans de grandes villes d’Ukraine, et une au Kazakhstan. L’assistance totale s’est élevée à 74 252 personnes. L’activité des Témoins de Jéhovah a porté du fruit dans ces régions, car ils ont fait de nombreux disciples:7 820 assistants se sont présentés pour le baptême. Ils n’avaient pas pris cette décision sous le coup de l’émotion parce que l’assemblée les enthousiasmait. Les candidats au baptême y avaient été préparés avec attention durant des mois, dans certains cas des années.
D’où venaient tous ces gens? Il était manifeste que l’œuvre des Témoins de Jéhovah ne venait pas tout juste de commencer dans cette région du globe. Dès 1887, des publications de la Société Watch Tower avaient été envoyées par la poste en Russie à une personne qui s’intéressait à la vérité. Le premier président de la Société Watch Tower s’était personnellement rendu à Chisinau (aujourd’hui en Moldavie) en 1891. Des Étudiants de la Bible étaient allés prêcher en Russie dans les années 20; mais ils avaient rencontré une vive opposition du gouvernement, et les rares groupes qui s’intéressaient au message biblique ne comptaient que quelques personnes. Toutefois, la situation a évolué pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Les frontières ont été redessinées et d’importants groupes de population ont changé de nationalité. En conséquence, plus d’un millier de Témoins d’expression ukrainienne qui vivaient dans l’est de la Pologne se sont retrouvés sur le territoire de l’Union soviétique. De même, des Témoins roumains ou tchécoslovaques sont devenus citoyens soviétiques. Par ailleurs, des Russes qui étaient devenus Témoins de Jéhovah dans les camps de concentration en Allemagne sont retournés dans leur pays et y ont emporté la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. En 1946, l’Union soviétique comptait 4 797 Témoins actifs. Bon nombre d’entre eux ont été déplacés çà et là par le gouvernement au fil des années. Certains ont été confinés dans des camps. Partout où ils passaient, ils donnaient le témoignage. Leur nombre a augmenté. Même avant que le gouvernement ne les reconnaisse officiellement, des groupes de Témoins étaient actifs depuis Lviv, à l’ouest, jusqu’à Vladivostok, à la frontière orientale de l’Union soviétique, au bord de la mer du Japon.
Beaucoup sont maintenant disposés à écouter
En 1991, lorsque les Témoins ont tenu leurs assemblées dans ce qui était à l’époque l’URSS, les gens ont eu l’occasion de mieux les connaître. Quelles ont été leurs impressions? À Lviv, en Ukraine, un responsable de la police a dit à un congressiste: “Vous savez remarquablement enseigner le bien. Vous parlez de Dieu et vous ne donnez pas dans la violence. Nous nous sommes demandé pourquoi nous vous avons persécutés par le passé, et nous sommes arrivés à la conclusion que c’est parce que nous n’avions pas écouté votre message et que nous ne savions rien de vous.” Mais à présent, de nombreuses personnes écoutaient, et les Témoins de Jéhovah avaient le désir de les aider.
Pour poursuivre leur œuvre de façon plus efficace dans ces pays, les Témoins avaient besoin de publications bibliques. On a déployé de grands efforts pour leur en fournir rapidement. À Selters/Taunus, en Allemagne, les Témoins de Jéhovah ont presque doublé la taille de leur imprimerie. Alors que les travaux d’agrandissement n’étaient pas encore achevés, environ deux semaines après la reconnaissance officielle de l’œuvre dans ce qui était alors l’Allemagne de l’Est, l’imprimerie de Selters a envoyé 25 tonnes de publications dans ce pays. Depuis la levée de l’interdiction dans les pays d’Europe de l’Est jusqu’en 1992, ce sont près de 10 000 tonnes de publications en 14 langues qui ont été expédiées dans ces différents pays depuis l’Allemagne, 633 tonnes depuis l’Italie, la Finlande participant également à cet effort.
Dans certains pays, les Témoins ont été pour ainsi dire coupés de l’organisation pendant de longues années; ils avaient donc aussi besoin de conseils sur la surveillance des congrégations et les questions d’organisation. Pour pallier rapidement ces lacunes, on s’est adressé à des anciens expérimentés en Allemagne, aux États-Unis, au Canada, etc., de préférence des frères parlant la langue de ces pays de l’Est. Étaient-ils disposés à se déplacer dans un de ces pays d’Europe de l’Est pour y apporter leur aide? Leur réaction a été vraiment remarquable. De plus, là où cela s’avérait pratique, on a également envoyé des anciens qui avaient reçu une formation à l’École de Galaad ou à l’École de formation ministérielle.
Puis, en 1992, on a tenu une assemblée internationale mémorable à Saint-Pétersbourg, la deuxième ville de Russie. Dans l’auditoire se trouvaient quelque 17 000 délégués venus de 27 pays. Cette assemblée a connu un grand retentissement. Elle a attiré des personnes qui n’avaient jamais entendu parler des Témoins de Jéhovah. L’assistance maximum a été de 46 214 personnes. Des Témoins de toute la Russie étaient présents; il en était venu d’aussi loin que l’île de Sakhaline, dans l’extrémité est du pays, près du Japon. D’importants groupes venaient d’Ukraine, de Moldavie, et d’autres pays qui faisaient auparavant partie de l’URSS. Tous ces Témoins venaient porteurs de bonnes nouvelles. Des rapports ont indiqué que dans des congrégations de villes comme Kiev, Moscou ou Saint-Pétersbourg, l’assistance moyenne aux réunions représentait parfois plus de deux fois le nombre de Témoins. De nombreuses personnes qui voulaient étudier la Bible en compagnie des Témoins de Jéhovah étaient inscrites sur listes d’attente. De Lettonie sont venus quelque 600 délégués, et ils étaient encore plus nombreux à venir d’Estonie. Une congrégation de Saint-Pétersbourg comptait plus d’une centaine de candidats au baptême à cette assemblée. Beaucoup de jeunes gens et de personnes instruites s’intéressent au message. Vraiment, une moisson spirituelle de grande ampleur se déroule actuellement dans ce vaste territoire que le monde a longtemps considéré comme un bastion de l’athéisme.
Des champs blancs pour la moisson
D’autres pays ont adopté une nouvelle attitude quant à la liberté religieuse et ont eux aussi levé les restrictions qui frappaient les Témoins de Jéhovah ou ont enfin reconnu légalement leur œuvre. Dans nombre de ces nations, une abondante moisson spirituelle attendait d’être rentrée. La situation correspondait à celle que Jésus a décrite ainsi à ses disciples: “Levez les yeux et voyez les champs: ils sont blancs pour la moisson.” (Jean 4:35). Considérons quelques régions d’Afrique où il en était ainsi.
Le ministère de maison en maison des Témoins de Jéhovah était interdit en Zambie depuis 1969. Les Témoins ont donc davantage consacré de temps à diriger des études bibliques à domicile avec les personnes bien disposées. D’autres personnes ont cherché à rencontrer les Témoins pour bénéficier elles aussi d’une étude. Progressivement, les restrictions ont été levées, et l’assistance aux réunions a augmenté. En 1992, le Repas du Seigneur a rassemblé 365 828 assistants en Zambie, soit 1 habitant sur 23!
Au nord de la Zambie, au Zaïre, des milliers de personnes voulaient savoir ce que les Témoins de Jéhovah enseignent sur le mode de vie chrétien et concernant le dessein de Dieu à l’égard des humains. En 1990, quand les Témoins ont pu rouvrir leurs Salles du Royaume, dans certaines régions jusqu’à 500 personnes affluaient lors des réunions. Moins de deux ans après, les 67 917 Témoins du Zaïre dirigeaient 141 859 études bibliques à domicile.
L’œuvre a été officiellement reconnue dans un nombre étonnant de pays. En 1990, les missionnaires qui avaient été expulsés du Bénin 14 ans auparavant ont été autorisés à y revenir, et la porte restait ouverte pour d’autres. La même année, le ministre de la Justice de la République du Cap-Vert a signé un décret approuvant les statuts de l’Association locale des Témoins de Jéhovah, lui accordant ainsi la reconnaissance officielle. Ensuite, en 1991, les Témoins de Jéhovah ont bénéficié de mesures d’apaisement au Mozambique (où le gouvernement précédent les avait cruellement persécutés), au Ghana (où leur activité était sous restrictions) et en Éthiopie (où ils n’avaient pu prêcher ouvertement ni tenir d’assemblée pendant 34 ans). Avant la fin de l’année, le Niger et le Congo reconnaissaient l’œuvre des Témoins de Jéhovah. Au début de 1992, d’autres pays ont levé les restrictions ou ont reconnu l’œuvre: le Tchad, le Kenya, le Rwanda, le Togo et l’Angola.
Ces pays représentaient autant de champs prêts pour une moisson spirituelle. En Angola, par exemple, les Témoins ont rapidement enregistré un accroissement de 31 %; par ailleurs, les près de 19 000 prédicateurs du Royaume dirigeaient environ 53 000 études bibliques à domicile. Pour assurer un soutien administratif à ce vaste programme d’enseignement biblique en Angola et au Mozambique (où beaucoup parlent portugais), on a invité des anciens expérimentés du Portugal et du Brésil à s’installer en Afrique pour y accomplir leur ministère. Des missionnaires parlant portugais ont été envoyés en Guinée-Bissao, territoire accessible depuis peu. De même, des Témoins qualifiés de France et d’autres pays ont été invités à soutenir l’œuvre urgente consistant à prêcher et à faire des disciples au Bénin, au Tchad et au Togo, où le français est communément parlé.
Parmi ces pays qui ont produit une récolte remarquable, certains étaient par le passé des bastions du catholicisme. Cela a été le cas non seulement en Amérique latine, mais aussi en France (où le rapport de 1992 signalait 119 674 évangélisateurs), en Espagne (où ils étaient 92 282), aux Philippines (114 335), en Irlande (avec un accroissement de 8 à 10 % par an) et au Portugal.
En 1978, à propos de l’assemblée qui a réuni 37 567 personnes à Lisbonne (Portugal), le magazine Opção a écrit: “Quiconque s’est trouvé à Fátima au moment du pèlerinage sait que c’est tout à fait différent. (...) Ici [à l’assemblée des Témoins de Jéhovah], le mysticisme disparaît, cédant la place à une réunion où les croyants discutent dans le calme de leurs problèmes, de leur foi et de leur perspective spirituelle. La façon dont ils se traitent les uns les autres porte l’empreinte de relations pleines de sollicitude.” Dans les décennies qui ont suivi, le nombre des Témoins du Portugal a augmenté de près de 70 %.
Que se passait-il en Italie? Des séminaires ont dû fermer leurs portes en raison d’une forte baisse des vocations. De multiples paroisses se retrouvent sans prêtre. De nombreux bâtiments appartenant à l’Église sont maintenant reconvertis en magasins ou en bureaux. Cela n’a pas empêché l’Église de combattre avec virulence les Témoins de Jéhovah. Par le passé, le clergé a talonné les autorités pour qu’elles expulsent les missionnaires et donnent comme consigne à la police d’interrompre les réunions. Dans les années 80, dans certaines régions les prêtres ont fait apposer sur toutes les portes d’entrée (parfois même sur celles de Témoins de Jéhovah) des autocollants portant cette inscription: “Ne sonnez pas. Nous sommes catholiques.” On a pu lire dans les journaux des manchettes telles que “Cri d’alarme de l’Église contre les Témoins de Jéhovah” et “‘Guerre sainte’ contre les Témoins de Jéhovah”.
Lorsqu’au Ier siècle les prêtres juifs ont essayé de réduire au silence les apôtres, Gamaliel, enseignant de la Loi, fit cette sage observation: “Si ce dessein ou cette œuvre vient des hommes, elle sera renversée; mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas les renverser.” (Actes 5:38, 39). Quel effet ont eu les intimidations de la prêtrise catholique du XXe siècle? L’activité des 120 Témoins que comptait l’Italie en 1946 n’a pas été renversée. Au contraire, en 1992, 194 013 Témoins actifs étaient associés aux 2 462 congrégations réparties dans tout le pays. Ils ont littéralement rempli l’Italie de leur enseignement biblique. Depuis 1946, ils ont consacré plus de 550 millions d’heures à parler du Royaume de Dieu à leurs compatriotes. Ils ont par la même occasion remis entre les mains du public plusieurs millions d’exemplaires de la Bible elle-même, ainsi que plus de 400 millions de livres, brochures et périodiques qui expliquent les Écritures. Ils veulent que le peuple italien se voie sans faute offrir la possibilité de prendre position pour Jéhovah avant Harmaguédon. Poursuivant leur activité, ils se souviennent de la déclaration de l’apôtre Paul en 2 Corinthiens 10:4, 5: “Les armes de notre guerre, en effet, ne sont pas charnelles, mais puissantes du fait de Dieu pour renverser des forteresses. Car nous renversons des raisonnements et tout ce qui est altier et se dresse contre la connaissance de Dieu.”
Les Témoins de Jéhovah ne portent pas exclusivement leur attention sur les anciens bastions du catholicisme. Ils se remémorent ces paroles de Jésus Christ: “Il faut d’abord que la bonne nouvelle soit prêchée dans toutes les nations.” (Marc 13:10). Les Témoins s’y emploient. En 1992, 12 168 d’entre eux s’activaient à parler du Royaume de Dieu en Inde. Ils étaient 71 428 à prêcher en République de Corée. Au Japon, ils étaient 171 438, et leur nombre augmente mois après mois. Ils ont également continué de s’intéresser aux pays où la prédication avait été très limitée, voire inexistante.
C’est ainsi que dans la fin des années 70, ils ont pu pour la première fois communiquer le message du Royaume aux habitants des îles Marquises et de Kosrae, dans l’océan Pacifique. Ils se sont aussi rendus au Bhoutan, à la frontière sud de la Chine, et aux Comores, au large de la côte orientale de l’Afrique. Dans les années 80, on a signalé pour la première fois que des Témoins de Jéhovah prêchaient dans les îles Wallis et Futuna ainsi que dans les îles Nauru et Rota, toutes situées dans le sud-ouest du Pacifique. Certaines de ces îles sont relativement petites, mais elles sont habitées, et les vies sont précieuses. Les Témoins de Jéhovah font grand cas de la prophétie de Jésus annonçant qu’avant la fin le message du Royaume doit être prêché “par toute la terre habitée”. — Mat. 24:14.
Rencontrer les gens partout et en toutes circonstances
La prédication de maison en maison reste la principale méthode employée par les Témoins de Jéhovah pour rencontrer leur prochain, mais ils se rendent compte que même cette recherche méthodique ne permet pas de voir tout le monde. Conscients du caractère vital de leur œuvre, ils s’efforcent de parler aux gens où qu’ils se trouvent. — Voir Jean 4:5-42; Actes 16:13, 14.
Quand un bateau fait une escale, même brève, dans un port d’Allemagne ou des Pays-Bas, les Témoins de Jéhovah se font un devoir de monter à bord; ils commencent par donner le témoignage au capitaine, puis à l’équipage. Ils emportent des publications en de nombreuses langues. Sur les marchés populaires du Tchad, en Afrique centrale, il est courant de voir 15 à 20 personnes attroupées autour d’un Témoin de Jéhovah qui leur parle de l’espérance du Royaume de Dieu. À Auckland, en Nouvelle-Zélande, les Témoins se relaient par équipes pour parler le samedi matin aux marchands et aux milliers de clients du marché aux puces. Les voyageurs qui passent par les gares routières de Guayaquil, en Équateur, et dont beaucoup viennent des confins du pays, sont abordés par des Témoins qui leur proposent une brochure appropriée ou les périodiques La Atalaya et ¡Despertad! Des Témoins vont voir les employés qui travaillent de nuit dans les supermarchés “non-stop” de New York, pour qu’ils aient eux aussi l’occasion d’entendre la bonne nouvelle.
Beaucoup de Témoins de Jéhovah profitent de trajets en avion, en train, en bus ou en métro pour faire connaître les précieuses vérités bibliques aux autres voyageurs. Pendant les repas, sur le lieu de travail ou avec leurs camarades, mais aussi quand un représentant vient chez eux, ils saisissent l’occasion de donner le témoignage. Ils savent que nombre de ces personnes sont absentes quand ils passent à leur domicile.
Tout en donnant le témoignage à autrui, ils n’oublient pas les membres de leur famille et leurs proches. Mais quand Maria Caamano, une Argentine Témoin de Jéhovah, a voulu expliquer à ses proches combien elle avait été touchée par la vérité biblique, ils se sont moqués d’elle ou sont restés indifférents. Elle n’a pas renoncé pour autant et a fait 1 900 kilomètres pour donner le témoignage à d’autres membres de sa famille. Certains ont fait bon accueil à son message. Petit à petit, d’autres ont prêté une oreille attentive. En fin de compte, ce sont à présent plus de 80 adultes et de 40 enfants de son entourage qui ont adhéré aux vérités bibliques et qui les communiquent à autrui.
Dans le but d’aider ses proches, Michael Regan est retourné dans sa ville natale, Boyle, dans le Comté de Roscommon, en Irlande. Il leur a donné le témoignage à tous. Sa nièce a été impressionnée par le mode de vie heureux et sain des enfants de Michael. Rapidement, elle et son mari ont accepté une étude biblique. Quand ils se sont fait baptiser, le père de cette femme n’a plus voulu les voir. Il s’est adouci avec le temps, et il a accepté quelques publications — dans le but, a-t-il dit, de dénoncer l’“hérésie” des Témoins. Mais il a vite compris qu’il lisait la vérité, et il a fini par se faire baptiser. Plus de 20 membres de cette famille assistent maintenant aux réunions de la congrégation, et la plupart sont déjà baptisés.
Qu’en est-il de la population carcérale? Les bienfaits du message du Royaume sont-ils à sa portée? Les Témoins de Jéhovah n’oublient pas les prisonniers. Dans une prison d’Amérique du Nord, les études bibliques avec les détenus ainsi que les réunions régulières organisées par les Témoins de Jéhovah dans l’établissement ont eu de si bons résultats que la direction a permis que s’y tienne une assemblée. Des détenus y ont naturellement assisté, mais aussi des milliers de Témoins venus de l’extérieur. Dans d’autres pays aussi, on déploie de grands efforts pour donner le témoignage aux hommes et aux femmes en prison.
Les Témoins de Jéhovah ne pensent pas que l’étude de la Bible réformera tous les détenus. Mais ils savent par expérience que certains peuvent changer, et ils veulent leur donner l’occasion de se saisir de l’espérance du Royaume de Dieu.
Des efforts répétés pour toucher les cœurs
Toujours et encore, les Témoins de Jéhovah rendent visite à leur prochain. À l’exemple des premiers disciples de Jésus, ils ‘vont continuellement’ trouver les gens dans les territoires qui leur sont confiés et s’efforcent de susciter en eux de l’intérêt pour le Royaume de Dieu (Mat. 10:6, 7). Dans certaines régions, ils ne peuvent rencontrer les habitants qu’une fois par an; ailleurs, quelques mois seulement séparent leurs visites. Au Portugal, dans la région de Lisbonne, où l’on compte 1 Témoin pour 160 habitants, les gens reçoivent la visite des Témoins toutes les semaines ou presque. Au Venezuela, certains territoires de villes sont parcourus plus d’une fois par semaine.
Les visites répétées des Témoins de Jéhovah n’ont pas pour but d’imposer le message de la Bible. Elles donnent simplement l’occasion aux auditeurs de prendre une décision en connaissance de cause. Aujourd’hui, des personnes diront peut-être que cela ne les intéresse pas; mais un bouleversement dans leur vie ou l’évolution de la situation mondiale peut les rendre plus réceptives à l’avenir. Beaucoup n’ont jamais vraiment entendu ce que les Témoins enseignent, en raison de préjugés ou tout bonnement parce qu’ils sont trop affairés. Mais des visites amicales répétées peuvent éveiller leur curiosité. L’honnêteté et la probité des Témoins de Jéhovah impressionnent souvent leurs voisins ou collègues de travail. Et c’est ainsi qu’avec le temps, certains manifestent assez d’intérêt pour découvrir quelle est vraiment la teneur du message. Une Vénézuélienne qui était dans ce cas et a ensuite accepté volontiers les publications et une étude biblique gratuite a déclaré: “Auparavant, personne ne m’avait jamais expliqué ces choses.”
Avec gentillesse, les Témoins s’efforcent de toucher le cœur de leurs interlocuteurs. En Guadeloupe, où en 1992 on comptait 1 Témoin pour 57 habitants, les gens disent souvent: “Ça ne m’intéresse pas.” Dans ce cas, Éric Dodote répond: “Je vous comprends, et je me mets à votre place.” Puis il ajoute: “Mais je voudrais vous demander: Aimeriez-vous vivre dans de meilleures conditions que celles qui existent aujourd’hui?” Après avoir écouté son interlocuteur, il montre à l’aide de la Bible que Dieu établira de telles conditions dans le monde nouveau.
Des territoires parcourus plus minutieusement encore
Ces dernières années, il est devenu de plus en plus ardu dans certains pays de rencontrer les gens chez eux. Souvent, les conjoints travaillent tous deux, et le week-end ils sont partis se détendre. Pour s’accommoder de la situation, dans de nombreux pays les Témoins de Jéhovah prêchent de plus en plus en soirée. En Grande-Bretagne, certains Témoins essaient de retrouver les absents entre 18 et 20 heures, tandis que d’autres effectuent ces visites le matin avant 8 heures, afin de voir les habitants avant qu’ils ne partent au travail.
Même quand les gens sont chez eux, il peut être pratiquement impossible de leur parler sans rendez-vous, parce que la criminalité impose des dispositifs de protection incontournables. À Copacabana (Brésil), des personnes difficiles à rencontrer sont parfois abordées lors de leur promenade matinale le long de la plage par un Témoin zélé qui désire leur montrer comment Dieu va résoudre les problèmes de l’humanité. À Paris, les gens qui rejoignent leur logement en fin d’après-midi rencontrent parfois à l’entrée de leur immeuble deux Témoins amicaux avec qui ils peuvent, s’ils le désirent, discuter quelques minutes de la façon dont Dieu apportera la sécurité véritable. À Honolulu, à New York, et dans de nombreuses autres villes, on s’efforce de joindre par téléphone les occupants des immeubles inaccessibles.
Les Témoins veillent à rencontrer quelqu’un dans chaque foyer, mais ils n’estiment pas que leur mission s’arrête là. Leur désir est de parler au plus de personnes possible dans chaque foyer. Parfois ils y parviennent en passant à des heures et à des jours différents. À Porto Rico, à une personne qui lui disait que sa démarche la laissait indifférente, une proclamatrice a demandé s’il y avait quelqu’un d’autre dans la maison avec qui elle pourrait discuter. Elle a ainsi pu parler avec le mari, malade depuis 14 ans et le plus souvent alité. Son cœur a été touché par l’espérance que présente la Parole de Dieu. Il a repris goût à la vie, a bientôt pu quitter le lit pour assister aux réunions à la Salle du Royaume et pour partager sa nouvelle foi avec autrui.
Le témoignage s’intensifie tandis que la fin approche
Il est un autre facteur qui a contribué à un témoignage plus intensif ces dernières années. Il s’agit de l’extraordinaire accroissement du nombre des Témoins qui sont pionniers. Ce sont des proclamateurs poussés par le profond désir de consacrer un maximum de temps à Dieu, et, par amour pour leur prochain, ils s’organisent pour consacrer 60, 90, 140 heures ou plus au ministère chaque mois. À l’image de l’apôtre Paul alors qu’il prêchait à Corinthe (Grèce), ceux qui entreprennent le service de pionnier sont “extrêmement pris par la parole”; ils cherchent à rendre témoignage au Royaume messianique devant le plus grand nombre possible de personnes. — Actes 18:5.
En 1975, on dénombrait 130 225 pionniers dans le monde. En 1992, ils étaient 605 610 en moyenne chaque mois (pionniers auxiliaires, permanents et spéciaux confondus). Sur cette période où le nombre des Témoins dans le monde a augmenté de 105 %, celui des ministres qui se sont organisés pour servir à plein temps a augmenté de 365 %! Une des conséquences de ce phénomène est que le nombre d’heures consacrées chaque année au témoignage est passé de quelque 382 millions à plus d’un milliard!
‘Le petit est devenu un millier’
Jésus Christ a chargé ses disciples d’être ses témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre (Actes 1:8). Par le prophète Ésaïe, Jéhovah avait annoncé: “Le petit deviendra un millier, et celui qui est infime une nation forte. Moi, Jéhovah, j’accélérerai cela en son temps.” (És. 60:22). L’histoire des Témoins de Jéhovah montre à l’évidence qu’ils accomplissent l’œuvre que Jésus a annoncée, et ils connaissent le genre de croissance dont Dieu lui-même a parlé.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, on les rencontrait surtout en Amérique du Nord et en Europe; il s’en trouvait en Afrique, mais dans le reste du monde ils étaient disséminés en petits groupes. Ils étaient loin d’avoir fait connaître le message du Royaume dans chaque pays de la terre, et n’avaient pas pu atteindre toutes les régions des pays où ils prêchaient. La situation a toutefois évolué à une rapidité stupéfiante.
Prenons l’exemple de l’Amérique du Nord, du Canada, au nord, jusqu’au Panama, avec neuf pays situés entre les deux. En 1945, cette vaste étendue comptait 81 410 Témoins. Quatre de ces pays signalaient moins de 20 Témoins chacun, et dans un pays, on n’effectuait pas encore de prédication organisée. Depuis lors, un témoignage puissant et soutenu a été donné dans tous. En 1992, il y avait 1 440 165 Témoins de Jéhovah dans cette partie du globe. Dans la plupart de ces pays, pour chaque Témoin, il y a en moyenne seulement quelques centaines de concitoyens à qui donner le témoignage. Une grande partie de la population reçoit la visite des Témoins à intervalles de quelques mois, beaucoup les voient chaque semaine. Plus de 1 240 000 études bibliques, individuelles ou en groupe, sont dirigées régulièrement avec des personnes bien disposées.
Que se passe-t-il en Europe? Cette partie du globe s’étend de la Scandinavie jusqu’à la Méditerranée. À l’exception de la plupart du territoire de l’ex-Union soviétique, un témoignage intensif avait été donné avant la Seconde Guerre mondiale. Depuis ce conflit, de nouvelles générations ont vu le jour, et il a également fallu leur montrer à l’aide des Écritures que le Royaume de Dieu allait bientôt remplacer tous les gouvernements humains (Dan. 2:44). De quelques milliers de Témoins qui prêchaient pendant la guerre malgré les sévères restrictions, on était passé à 1 176 259 prédicateurs du Royaume en 1992 dans les 47 pays dont les rapports ont été publiés. Ce chiffre comprend les pays qui faisaient auparavant partie de l’URSS, que ce soit en Europe ou en Asie. Cinq pays signalaient plus de 100 000 Témoins zélés: l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et la Pologne. Et quelle activité tous ces Témoins accomplissaient-ils? Le rapport pour 1992 montre que durant cette année, ils ont consacré plus de 230 000 000 d’heures à la prédication en public et de maison en maison, et aux études bibliques. Dans cette œuvre d’évangélisation, la petite République de Saint-Marin ou des principautés comme Andorre et le Liechtenstein, ou encore Gibraltar n’ont pas été oubliées. Vraiment, le témoignage a bien été donné selon ce qui avait été prédit.
L’Afrique a aussi été le théâtre d’une activité de témoignage étendue. Il ressort des rapports qu’en 1945 la bonne nouvelle avait déjà atteint 28 pays de ce continent, mais peu de prédication de porte en porte y avait été effectuée. Depuis lors, toutefois, une grande activité y a été accomplie. En 1992, 545 044 Témoins zélés prêchaient la bonne nouvelle dans 45 pays d’Afrique. On a dénombré 1 834 863 assistants à la commémoration du Repas du Seigneur en 1992. Ainsi, on a constaté un accroissement phénoménal, mais de plus les perspectives d’avenir sont extraordinaires!
Le rapport de l’Amérique du Sud n’est pas moins remarquable. Bien qu’avant la Seconde Guerre mondiale un seul des 13 pays de ce continent n’avait pas entendu parler du message biblique, il ne s’y trouvait que 29 congrégations, et dans certains, l’œuvre de prédication n’était pas encore organisée. Le plus gros de l’œuvre de prédication restait encore à effectuer. Depuis cette époque, les Témoins ont déployé des efforts intenses. Ceux qui ont été rafraîchis par l’eau de la vie lancent joyeusement cette invitation à autrui: ‘Venez, et prenez l’eau de la vie, gratuitement!’ (Rév. 22:17). En 1992, 683 782 serviteurs de Jéhovah d’Amérique du Sud répartis en 10 399 congrégations étaient heureux de participer avec joie à cette activité. Certains se rendaient dans des régions où le témoignage n’avait pas été donné à fond. D’autres retournaient inlassablement dans les territoires où l’on avait déjà prêché pour encourager les gens à ‘goûter et à voir que Jéhovah est bon’. (Ps. 34:8.) Ils dirigeaient 905 132 études bibliques régulières pour aider les personnes sincères à faire des voies de Jéhovah leur mode de vie.
Intéressons-nous aussi à l’Asie et aux nombreux archipels et îles disséminés autour du globe. Quel travail a été accompli dans ces régions? À la fin de la guerre, beaucoup n’avaient été que peu touchées par la proclamation du Royaume. Mais Jésus Christ a annoncé que cette bonne nouvelle du Royaume serait prêchée “par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations”. (Mat. 24:14.) Conformément à ces paroles, dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, la prédication de la bonne nouvelle, qui avait jusque-là atteint 76 de ces pays, îles et archipels, s’est étendue à 40 autres et s’est intensifiée dans les régions atteintes précédemment. En 1992, ce vaste territoire comptait plus de 627 537 Témoins dévoués qui trouvaient leurs délices à faire connaître ‘les actes de puissance et la gloire de la splendeur de la royauté de Jéhovah’. (Ps. 145:11, 12.) Leur ministère n’était pas aisé. En certains endroits, il leur fallait voyager plusieurs heures en bateau ou en avion pour atteindre les îles éloignées de leur territoire. Mais en 1992, ils ont consacré plus de 200 000 000 d’heures à prêcher et ont dirigé 685 211 études bibliques à domicile.
La promesse que le ‘petit deviendrait un millier’ s’est assurément accomplie, et même amplement! Dans plus de 50 pays où il ne se trouvait même pas un ‘petit’ (où il n’y avait aucun Témoin de Jéhovah en 1919, où personne n’avait encore prêché), on compte aujourd’hui plus d’un millier d’adorateurs de Jéhovah. Dans certains cas, ce sont même des dizaines de milliers, voire plus d’une centaine de milliers de Témoins de Jéhovah qui proclament avec zèle le Royaume de Dieu! À l’échelle du globe, les Témoins de Jéhovah sont devenus “une nation forte”, plus nombreux en tout que la population d’au moins 80 États souverains du monde.
Quels résultats dans les ‘autres pays’?
De tous les pays évoqués plus haut, en 1992, 24 ‘autres pays’ imposaient de sévères restrictions officielles aux Témoins de Jéhovah, et on ne publiait pas de rapport détaillé. Dans certains de ces pays, un grand témoignage est donné. Néanmoins, dans quelques-uns, le nombre des Témoins est relativement faible. Il est encore des personnes qui n’ont pas entendu le message du Royaume. Mais les Témoins de Jéhovah sont persuadés que le témoignage sera donné de façon satisfaisante. Pourquoi?
Parce que les Écritures montrent que Jésus Christ dirige lui-même l’œuvre depuis son trône céleste. Sous sa direction, un ‘ange volant au milieu du ciel’ est chargé d’annoncer une bonne nouvelle éternelle et d’inviter “toute nation et tribu et langue et peuple” à ‘craindre Dieu et à lui donner gloire’. (Rév. 14:6, 7.) Aucune puissance au ciel ou sur la terre ne peut empêcher Jéhovah d’attirer à lui ceux qui sont “dans la disposition voulue pour la vie éternelle”. — Actes 13:48; Jean 6:44.
Aucune région du globe n’est trop isolée pour que le message du Royaume ne l’atteigne. Les amis se rendent visite. Le téléphone et le courrier transmettent les nouvelles. Les personnes qui sont dans les affaires, les ouvriers, les étudiants et les touristes rencontrent des gens d’autres nations. Comme dans le passé, le message capital qui annonce que Jéhovah a donné autorité sur les nations au Roi céleste qu’il a établi continue d’être répandu par ces moyens. Les anges peuvent s’assurer que les personnes qui ont faim et soif de vérité et de justice en soient informées.
Si le Seigneur veut que la prédication directe du message du Royaume se développe dans certains pays dont les dirigeants l’ont entravée jusqu’à présent, Dieu peut susciter des situations qui amèneront ces gouvernements à changer d’attitude (Prov. 21:1). Dans les pays où des portes s’ouvriront encore, les Témoins de Jéhovah donneront avec joie de leur personne pour aider autant que possible les habitants à découvrir le dessein plein d’amour de Jéhovah. Ils sont déterminés à prêcher sans relâche jusqu’à ce que Jéhovah décrète par l’intermédiaire de Jésus Christ que l’œuvre est accomplie.
En 1992, les Témoins de Jéhovah prêchaient avec zèle dans 229 pays et territoires. La bonne nouvelle du Royaume de Dieu avait alors atteint, par divers moyens, 235 pays et territoires. Dix de ces pays n’ont été touchés qu’après 1975.
Dans quelle mesure le témoignage a-t-il été donné? Dans les 30 années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, les Témoins de Jéhovah ont consacré 4 635 265 939 heures à prêcher et à faire connaître le nom et le Royaume de Jéhovah. Le nombre de Témoins a continué à augmenter, ainsi que la proportion des serviteurs à plein temps: dans les 15 années suivantes (soit en deux fois moins de temps), ils ont passé 7 858 677 940 heures à prêcher en public et de maison en maison et à diriger des études bibliques à domicile. Et l’œuvre prenait toujours plus d’ampleur, puisqu’en 1990-1991, ils ont consacré 951 870 021 heures à cette activité, et plus d’un milliard l’année suivante.
La quantité de publications bibliques distribuées par les Témoins pour faire connaître le Royaume, ainsi que le nombre de langues dans lesquelles elles sont éditées, n’a d’équivalent dans aucune œuvre entreprise par l’homme. Les rapports sont incomplets; mais ceux qui sont disponibles montrent que 10 107 565 269 livres, brochures petit ou grand format et périodiques, ainsi que des milliards de tracts, en 294 langues, ont été remis entre les mains de personnes bien disposées entre 1920 et 1992.
Au moment où ces lignes sont rédigées, l’œuvre mondiale de témoignage n’est pas encore achevée. Mais l’activité accomplie et les conditions dans lesquelles elle l’a été témoignent de l’action de l’esprit de Dieu.
[Entrefilet, page 502]
Les grandes assemblées et la conduite chrétienne des assistants ont attiré l’attention du public.
[Entrefilet, page 505]
“Sous le rapport de l’ordre, de la paix et de la propreté, ceux qui assistent à l’assemblée sont des exemples à suivre.”
[Entrefilet, page 507]
Des assemblées historiques ont eu lieu dans des régions où les Témoins avaient été frappés d’interdit pendant des dizaines d’années.
[Entrefilet, page 508]
Des centaines de tonnes de publications bibliques ont été envoyées dans les pays d’Europe de l’Est.
[Entrefilet, page 509]
Des anciens expérimentés se sont portés volontaires pour se rendre dans des pays où il y avait grand besoin d’aide.
[Entrefilet, page 516]
Leur désir est de parler au plus de personnes possible dans chaque foyer.
[Entrefilet, page 518]
Un accroissement remarquable et des perspectives passionnantes.
[Graphiques/Illustrations, page 513]
(Voir la publication)
Accroissement du nombre des prédicateurs du Royaume en Orient
Inde
10 000
5 000
1950 1960 1970 1980 1992
République de Corée
60 000
30 000
1950 1960 1970 1980 1992
Japon
150 000
100 000
50 000
1950 1960 1970 1980 1992
[Illustration, page 503]
Au Brésil, il a fallu le stade Morumbi de São Paulo (ci-dessous) et le stade Maracanã de Rio de Janeiro en 1985 pour accueillir les foules lors de l’assemblée des Témoins de Jéhovah.
[Illustrations, page 504]
Quelques-uns des candidats au baptême à Chorzów (Pologne) en 1989.
[Illustrations, page 506]
Quelques assemblées qui ont fait date en 1991
Prague, Tchécoslovaquie
Tallinn, Estonie (à droite)
Zagreb, Croatie (à droite)
Budapest, Hongrie (ci-dessus)
Baia Mare, Roumanie (à droite)
Usolye-Sibirskoye, Russie (ci-dessous)
Alma-Ata, Kazakhstan (ci-dessus)
Kiev, Ukraine (à gauche)
[Illustrations, page 511]
Assemblée internationale des Témoins de Jéhovah à Saint-Pétersbourg (Russie) en 1992.
Une ambiance internationale et chaleureuse.
Ils venaient de Russie...
de Moldavie...
d’Ukraine.
De nombreux jeunes étaient présents.
Milton Henschel (à gauche) s’entretient du programme avec Stepan Kozhemba (au centre) par l’intermédiaire d’un interprète.
Des délégués étrangers ont apporté des Bibles en russe pour les Témoins de Russie.
[Illustration, page 512]
Dans les années 80, l’Église catholique a déclaré la guerre aux Témoins, comme le montrent ces coupures de journaux italiens.
[Illustration, page 514]
Quand des bateaux accostent à Rotterdam (Pays-Bas), des Témoins sont là pour parler du Royaume de Dieu à l’équipage.
[Illustration, page 515]
Même dans les territoires souvent parcourus, comme ici en Guadeloupe, les Témoins poursuivent leurs efforts en vue de toucher le cœur de leurs semblables avec la bonne nouvelle.