L’esprit hautain va devant la chute
1. Qui prononça les paroles contenues dans Proverbes 16:18, et à qui s’appliquaient-elles ?
“L’ORGUEIL va devant la ruine, et l’esprit hautain devant la chute.” Voici ce que déclara le roi le plus sage de l’Antiquité. Cet homme plein de sagesse reconnaissait que ce principe s’appliquait à lui en tant que roi. Ce principe va même plus loin, et il s’applique avec une égale force à une nation. — Prov. 16:18, Da.
2. a) Comment le royaume des dix tribus d’Israël manifesta-t-il son orgueil et son arrogance, et quel fut le résultat de son comportement ?
2 Dans les éditions précédentes, nous avons parlé des circonstances qui amenèrent les dix tribus du royaume septentrional d’Israël, ayant Samarie pour capitale, à se séparer de la maison royale de David, dont les rois étaient assis sur le “trône de Jéhovah” à Jérusalem. Nous avons vu également comment ses habitants, ayant été détournés du culte de Jéhovah qui se pratiquait au temple de Jérusalem, rejetèrent le culte et la parole de Jéhovah, et se montrèrent pleins d’arrogance à l’égard de leur Dieu. Il était inévitable que la nation se pervertît et finît par tomber. Sa chute fut permise par Dieu qui laissa les nations ennemies d’alentour envahir son territoire. Après 257 années d’existence, ce royaume s’effondra définitivement, et ses habitants furent emmenés captifs par l’Assyrie et dispersés dans des pays lointains.
3. a) Comment le royaume de Juda montra-t-il qu’il n’avait tiré aucune leçon de la chute de Samarie ? b) De quels symbolismes Jéhovah se servit-il pour prophétiser son jugement, et comment s’accompliraient-ils ?
3 Juda, sœur de Samarie, ne tira pas une leçon de la chute de cette dernière, mais se montra également plein d’arrogance à l’égard de Jéhovah. Dieu lui envoya finalement son prophète Jérémie, qu’il chargea d’un message contenant l’avertissement le plus puissant que le prophète eût jamais délivré. Dans sa prophétie, il compara sa colère contre Juda à du vin, et il annonça que cette colère serait répandue en exécution de son jugement. La coupe représentait l’instrument dont il se servirait pour infliger le châtiment. Nébucadnetsar serait la coupe que Dieu utiliserait pour déverser sa colère sur Juda, Jérusalem et de nombreuses autres nations. Mais plus tard, à cause de sa méchanceté et de son attitude arrogante à l’égard de Jéhovah et de son peuple, Babylone elle-même serait obligée de boire la colère divine dans une autre coupe ou instrument, représentant un autre roi. L’effet de cette coupe sur les nations qui en boiraient le contenu, est décrit par Dieu dans les paroles qu’il adressa à Jérémie :
LA COUPE DE LA COLÈRE DIVINE EST SERVIE À JUDA
4. Quel serait l’effet de cette coupe de vin symbolique sur les nations qui en boiraient le contenu, et à qui cette coupe serait-elle servie ?
4 “Tu leur diras : Ainsi parle Jéhovah des armées, Dieu d’Israël : Buvez, enivrez-vous, vomissez et tombez pour ne plus vous relever, devant l’épée que j’envoie au milieu de vous. Et s’ils refusent de prendre de ta main la coupe pour boire, tu leur diras : Ainsi parle Jéhovah : Vous boirez ! Car c’est dans la ville sur laquelle mon nom est invoqué que je commence à sévir, et vous [nations] seriez impunis ? Vous ne serez pas impunis, car j’appelle l’épée sur tous les habitants de la terre, dit Jéhovah.” — Jér. 25:27-29, AC.
5. a) Comment Jérémie servit-il la coupe ? b) Quand et pourquoi Jéhovah ordonna-t-il à Jérémie d’“écrire” ce rouleau prophétique contre Israël et Juda ?
5 D’une façon symbolique, Jérémie dut faire boire la coupe, en premier lieu à Jérusalem, au pays de Juda et à leurs souverains, en délivrant ce message prophétique qui exprimait la colère divine. Ces paroles déplurent aux nations, qui eurent un avant-goût de la coupe de vin symbolique qu’elles seraient obligées de boire plus tard. Cela se produisit surtout pendant le règne de Jojakim, le troisième roi qui monta sur le trône de Jéhovah avant la fin de la lignée royale de Juda. Jéhovah dit à Jérémie : “Prends un volume [un rouleau de livre, n. m.] et tu y écriras toutes les paroles que je t’ai dites contre Israël, contre Juda et contre toutes les nations depuis [le jour, en 647 av. J.-C.] que je t’ai parlé, depuis les jours de Josias jusqu’aujourd’hui. Peut-être que, quand la maison de Juda entendra tout le mal que j’ai dessein de leur faire, ils se détourneront chacun de sa mauvaise voie, et je pardonnerai leur iniquité et leur péché.” — Jér. 36:1-3, AC.
6. Qui lut le rouleau devant le peuple, où et quand ?
6 Jérémie dicta le message de Jéhovah à son secrétaire Baruch. Parce qu’il était dans l’incapacité de se rendre lui-même au temple de Jérusalem, Jérémie commanda à Baruch d’y aller et de lire à haute voix le message devant tous ceux qui se trouvaient là le jour du jeûne. Ce jour de jeûne fut publié plus de neuf mois après que Jérémie eut commencé à dicter et à produire le rouleau. Tandis que Baruch lisait courageusement la prophétie dans la cour supérieure, à l’entrée de la porté neuve du temple, Michée, fils du prince Gamarias [ou Guemaria, Sg], écoutait toutes les paroles du livre.
LE LIVRE EST BRÛLÉ
7. a) Comment les princes réagirent-ils à la lecture du rouleau ? b) Quelle question se posa alors à propos du roi Jojakim ?
7 Michée rapporta toutes les paroles qu’il avait entendues, et Baruch dut se présenter devant les princes pour leur lire la prophétie. Prenant le rouleau, ils recommandèrent à Baruch et à son maître Jérémie de se cacher. Lorsque le roi Jojakim [Joakim, AC] eut entendu parler du rouleau prophétique, il l’envoya chercher. Allait-il écouter et accepter la prophétie ou manifesterait-il un esprit hautain en agissant à l’encontre non seulement de la parole orale, mais aussi de la parole écrite, et inspirée de Dieu ?
8. a) Quel fut le comportement du roi après avoir bu cette “coupe” prophétique ? b) En cette circonstance, comment manifesta-t-il son extrême arrogance ?
8 Tous les princes se tenaient près du roi quand Judi (ou Jehudi, Sg) lut le rouleau : “Or le roi était assis dans l’appartement d’hiver, au neuvième mois [novembre-décembre], et le brasier était allumé devant lui. Dès que Judi eut lu trois ou quatre colonnes, le roi coupa le livre avec le canif du secrétaire, et le jeta au feu dans le brasier.” Trois des princes intercédèrent auprès du roi, afin qu’il ne brûlât pas le rouleau, mais il ne les écouta point ; tout le rouleau fut consumé. C’est ainsi que Jojakim atteignit le comble de l’arrogance à l’égard de Jéhovah, allant jusqu’à brûler la Parole écrite de Dieu. Le roi tenta même d’arrêter Jérémie et Baruch, mais en vain. “Jéhovah les cacha.” — Jér. 36:4-26, AC.
9. a) Quel ordre Jéhovah donna-t-il alors à Jérémie, et quel jugement prononça-t-il contre Jojakim ? b) Quelle leçon les nations devraient-elles tirer de cet événement ?
9 Que les nations, qui cherchent à détruire la Parole de Dieu en la brûlant, ou en l’interdisant dans tout leur territoire, tirent une leçon de ce qui va suivre ; qu’elles sachent que leurs efforts sont vains et absolument inefficaces, et que la Parole de Dieu subsiste à jamais et ne sera jamais détruite par des hommes méchants. Jéhovah dit à Jérémie : “Va prendre un autre volume, et tu y écriras toutes les premières paroles qui étaient dans le premier volume que Joakim, roi de Juda, a brûlé. Et tu diras à Joakim, roi de Juda : Ainsi parle Jéhovah : Toi, tu as brûlé ce volume, en disant : ‘Pourquoi y as-tu écrit que le roi de Babylone viendra certainement, qu’il détruira ce pays et qu’il en fera disparaître hommes et bêtes ?’ C’est pourquoi Jéhovah parle ainsi touchant Joakim, roi de Juda : Il n’aura pas un des siens assis sur le trône de David, et [son cadavre, Da] sera jeté dehors, à la chaleur pendant le jour, et au froid pendant la nuit. Je punirai sur lui, sur sa race et sur tous ses serviteurs leur iniquité, et je ferai venir sur eux, sur les habitants de Jérusalem et sur les hommes de Juda, tous les malheurs que je leur ai annoncés sans qu’ils aient voulu m’écouter.”
10. Quand le rouleau fut récrit, qu’est-ce qui fut ajouté à cette “coupe” prophétique ?
10 Jérémie obéit. Il dicta à son secrétaire “toutes les paroles du livre que Joakim, roi de Juda, avait brûlé, et beaucoup d’autres paroles semblables y furent ajoutées”. — Jér. 36:27-32 ; 45:1-5, AC.
JUDA DEVIENT TRIBUTAIRE DE BABYLONE
11. a) En quelle année du règne de Jojakim cet événement se produisit-il ? À quelle année du règne de Nébucadnetsar correspondait-il ? b) Cette année-là marqua-t-elle le début des trois années de servitude de Jojakim à Babylone ? c) Comment le royaume de Juda subit-il un premier châtiment avant la fin du règne de Jojakim ?
11 Juda fut assujettie à Babylone vers la fin de la cinquième année du règne de Jojakim et la seconde année de Nébucadnetsar, soit en 624 av. notre ère. Le roi Nébucadnetsar de Babylone n’était pas encore monté contre Jérusalem, sinon Jojakim n’aurait pas élevé d’objection contre le message de Jérémie annonçant l’attaque de ce roi (Jér. 36:9, 29). Cela nous aide à voir à quelle date se déroulèrent les événements rapportés dans II Rois 24:1-6 (AC) : “De son temps, Nabuchodonosor [ou Nebucadnetsar, Sg], roi de Babylone, se mit en campagne. Joakim lui fut assujetti pendant trois ans, mais il se révolta de nouveau contre lui. Alors Jéhovah envoya contre Joakim des bandes de Chaldéens, des bandes de Syriens, des bandes de Moabites et des bandes d’Ammonites ; il les envoya contre Juda pour le détruire, selon la parole que Jéhovah avait prononcée par ses serviteurs les prophètes. Cela arriva contre Juda uniquement sur l’ordre de Jéhovah (...). Joakim se coucha avec ses pères, et Joachin, son fils, régna à sa place.”
12. Quelles conclusions peut-on tirer au sujet de la date à laquelle Nébucadnetsar monta contre Jérusalem la première fois, puis la deuxième fois ?
12 Ce ne fut pas en 628 av. J.-C., la première année du règne de Jojakim, mais en 620 av. J.-C., que le roi Nébucadnetsar fit de Jojakim son vassal ou serviteur. Au cours de la troisième année de son règne en tant que vassal de Nébucadnetsar (en réalité, la onzième, et non la troisième année de son règne), Jojakim se rebella et cessa de payer le tribut à Babylone. Nébucadnetsar monta alors une deuxième fois contre lui pour le punir. C’était en 618 av. J.-C. — Voyez le Harper’s Bible Dictionary de M. S. et J. L. Miller, édition de 1952, page 306, sous le titre “Jojakim”.
13. a) À l’époque de sa deuxième marche contre Jérusalem, que se proposait de faire Nébucadnetsar de Jojakim ? b) Son projet se réalisa-t-il ? Donnez les raisons.
13 La prophétie divine avait annoncé au sujet de Jojakim : “Il aura la sépulture d’un âne, il sera traîné et jeté hors des portes de Jérusalem.” (Jér. 22:18, 19 ; 36:30). Nébucadnetsar se proposait de le lier avec des chaînes pour l’emmener captif à Babylone, comme cela est indiqué dans II Chroniques 36:6 (Da n. m.) : “Nébucadnetsar, roi de Babylone monta contre lui, et le lia avec des chaînes d’airain pour le conduire à Babylone.” Cependant Jojakim ne fut jamais emmené captif par Nébucadnetsar, et il ne fit pas non plus la paix avec lui, mais il mourut à l’intérieur de Jérusalem. La Bible ne nous dit pas dans quelles circonstances. À cause des “abominations qu’il commit”, son corps fut jeté hors des murailles de Jérusalem. — II Chron. 36:8, AC.
LES GRANDS DU PAYS SONT EMMENÉS EN CAPTIVITÉ
14. a) Comment pouvons-nous faire concorder la date de l’avènement au trône de Jojakim avec les paroles de Jérémie 36:30 ? b) Quand la huitième année du règne de Nébucadnetsar, où Jojakin fut emmené en captivité, commença-t-elle, et quand finit-elle ?
14 Jojakin (ou Joachin, AC), fils de Jojakim, régna seulement trois mois et dix jours ; la durée de son règne fut si courte qu’il n’en est pas tenu compte dans les paroles de Jéhovah rapportées dans Jérémie 36:30 (II Chron. 36:9, 10). “En ce temps-là (...) Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint devant la ville pendant que ses serviteurs l’assiégeaient. Alors, Joachin, roi de Juda, sortit auprès du roi de Babylone, (...) et le roi de Babylone le fit prisonnier la huitième année de son règne.” La huitième année du règne de Nébucadnetsar commença le premier jour du mois de nisan, premier mois du calendrier juif, et prit fin le 29e jour du mois d’adar, qui est le douzième mois. Dans le calendrier grégorien, ce dernier jour correspondrait au 19 mars 617 av. J.-C.
15. Dans quelle proportion les Juifs furent-ils emmenés en exil à cette époque-là, et comment la royauté continua-t-elle d’être exercée à Jérusalem ?
15 Il emmena en captivité tout Jérusalem, “il ne resta que le peuple pauvre du pays. Il transporta Joachin à Babylone, et il emmena captifs de Jérusalem à Babylone la mère du roi, ses femmes et ses eunuques, les grands du pays. (...) Puis il établit roi, à la place de Joachin, Mathanias, son oncle, dont il changea le nom en celui de Sédécias”. — II Rois 24:8-17, AC.
16. a) D’après Daniel, quand Jérusalem fut-elle assiégée ? b) Dans quel sens le siège eut-il lieu la troisième année du roi de Juda, et en quelle année se produisit-il réellement ? c) [Note en bas de page.] En ce qui concerne l’exil d’une partie des Juifs, comment Josèphe confirme-t-il les arguments précédents ?
16 C’est à propos de cet événement que le prophète Daniel écrivit ce qui suit : “La troisième année du règne de Joakim, roi de Juda, Nabuchodonosor, roi de Babylone, marcha contre Jérusalem et il l’assiégea.” (Dan. 1:1, AC). Cette “troisième année” du règne de Jojakim en tant que vassal de Babylone était la onzième année de toute la période où il régna, et elle devait prendre fin le 29 adar, ou 19 mars, de 617 av. J.-C. Il mourut avant la fin de cette onzième annéea.
17. a) Si l’on retient la date de 625 av. J.-C., quels événements importants, qui ne se sont pas accomplis, auraient dû se produire cette année-là ? b) Peut-on dire que les soixante-dix années de désolation prédites par Jérémie (25:11) ont commencé en 617 av. J.-C. ? Pourquoi ? c) [Note en bas de page.] Dans quel sens l’événement cité dans Jérémie 52:28 a-t-il pu se produire “la septième année”, et en même temps, selon II Rois 24:12, la “huitième année” du règne de Nébucadnetsar ? d) [Note en bas de page.] Comment cela nous aide-t-il à comprendre les expressions “dix-huitième année”, dans Jérémie 52:29, et “dix-neuvième année” dans II Rois 25:8 ?
17 Par conséquent, l’exil et la captivité, à Babylone, même d’un petit nombre de Juifs, ne commencèrent pas en 625 avant notre ère, à la fin de la troisième année du gouvernement indépendant de Jojakim à Jérusalem. De même, la période de soixante-dix années prédite par le prophète Jérémie, n’eut pas son point de départ cette année-là, c’est-à-dire en 625 av. J.-C. La prophétie annonçant que le pays de Juda serait renversé comme un vase et privé de tous ses habitants ne s’accomplit certainement pas à ce moment-là. Même huit ans plus tard, en 617 av. J.-C., à l’époque où Jojakin fut emmené en captivité avec les hommes puissants de Jérusalem, seul un petit nombre des habitants avaient été déportés. La grande majorité des Juifs étaient demeurés à Jérusalem et dans les villes de Juda, et le pays était loin d’être devenu un désertb.
18. a) Comment les arguments précédents nous empêchent-ils de commettre la même erreur que les chronologistes de la chrétienté ? b) Qu’est-ce qui a contribué à les induire en erreur ?
18 Les chronologistes de la chrétienté, ayant commis l’erreur de faire commencer les soixante-dix années de désolation de Jérusalem et du pays de Juda seulement à la troisième année du règne de Jojakim à Jérusalem, retardent au moins de dix-neuf ans, et sans motif sérieux, le calendrier de l’Histoire, et ils raccourcissent ainsi le cours du temps de ce même nombre d’années. Ils essaient de faire concorder le récit biblique avec le canon astronomique de Claude Ptolémée, astronome alexandrin ou égyptien du second siècle après Jésus-Christ, dont le système astronomique a depuis longtemps été abandonné. Nous ne suivrons pas ces chronologistes dans cette voie.
19. a) Quel arrangement en ce qui concerne la royauté en Juda Nébucadnetsar fit-il à l’époque de la captivité, en 617 av. J.-C. ? b) Par conséquent, à quelle date la désolation de Juda et de Jérusalem devait-elle avoir lieu ?
19 Par conséquent, au moment de la première captivité, en 617 av. J.-C., la terre de Juda ne fut pas désolée ; pour voir la réalisation de la prophétie concernant sa dévastation, il fallut attendre jusqu’à la onzième année du dernier roi de Juda, Sédécias, lequel fut contraint par Nébucadnetsar de prêter serment de soumission. — II Chron. 36:13 ; Ézéch. 17:12-14.
LA COUPE PROPHÉTIQUE DE LA COLÈRE EST SERVIE À BABYLONE
20. a) De quelle façon le faux prophète Hanania s’opposa-t-il à Jérémie ? b) Quelle visite politique Sédécias fit-il ? c) Qui était probablement gouverneur à Babylone lorsque Sédécias s’y rendit ? d) Comment Jérémie profita-t-il de la visite de Sédécias à Babylone ?
20 Le roi hautain Jojakim mourut dans la disgrâce. Mais pour avoir été obéissant, le prêtre Jérémie resta en vie afin de prophétiser au nom de Jéhovah. La quatrième année du roi Sédécias, soit en 614 av. J.-C., Jérémie écrivit une prophétie annonçant de façon détaillée la chute prochaine de Babylone. Cette prophétie disait tout le contraire de ce que le faux prophète Hanania (ou Hananias, AC) avait affirmé dans le but d’annuler l’effet produit par la prophétie que Jérémie avait prononcée contre Jérusalem (Jér. 28:1-4). Cette année-là, le roi Sédécias, accompagné de son grand chambellan Seraja (ou Saraïas, AC), se rendit à Babylone pour des raisons politiques, sans doute pour tranquilliser le roi de Babylone, en apportant lui-même le tribut qui était dû à Nébucadnetsar. À cette époque, il semble que le gouverneur de la ville de Babylone était un certain Nabonide, que le roi Nébucadnetsar destinait pour époux à sa fille préférée Nitocrisc. Jérémie profita de cette visite du roi Sédécias à Babylone pour remettre à Seraja le rouleau renfermant la prophétie sur la chute de cette ville en lui ordonnant d’en faire la lecture à haute voix. Il nous dit :
21. Par l’intermédiaire de qui, au moyen de quelles paroles et de quels actes, Jérémie offrit-il à Babylone, d’une façon symbolique, la coupe de la colère de Jéhovah ?
21 “Jérémie écrivit dans un livre tous les malheurs qui devaient arriver à Babylone (...). Et Jérémie dit à Saraïas : Quand tu seras arrivé à Babylone, tu auras soin de faire lecture de ces paroles, et tu diras : ‘Jéhovah, c’est toi qui as dit que ce lieu serait détruit, de telle sorte qu’il n’y habiterait plus personne, ni homme, ni bête, mais qu’il serait une solitude pour toujours.’ Et quand tu auras achevé la lecture de ce livre, tu y attacheras une pierre et tu le lanceras au milieu de l’Euphrate, et tu diras : ‘Ainsi s’abîmera Babylone, et elle ne se relèvera pas du malheur que j’amènerai sur elle ; et ils tomberont épuisés.’” — Jér. 51:59-64, AC.
22. Comment la déclaration faite dans I Corinthiens 10:12 (MN) est-elle confirmée par les événements que nous examinons ?
22 De ces événements survenus dans les derniers jours du royaume de Juda, dont les rois de la lignée davidique étaient assis sur le trône de Jéhovah à Jérusalem, nous dégageons la leçon suivante : “Que celui qui croit être debout prenne garde de tomber.” (I Cor. 10:12, MN). Jérusalem, la ville du grand Roi qui avait été si abondamment bénie par Jéhovah Dieu et protégée par lui, même pendant de nombreuses années encore après la chute de Samarie, sa sœur, avait comblé la mesure par son arrogance et son orgueil, allant jusqu’à brûler la Parole écrite de Jéhovah Dieu. Après cette abomination, la nation s’achemina très rapidement vers la décadence, et trébucha si dangereusement qu’elle perdit sa liberté et fut asservie à un roi païen, sa chute et sa complète désolation étant imminentes. Dans les éditions suivantes de ce périodique, nous verrons dans quelles circonstances ces derniers événements se sont produits.
23. Comment le récit, surtout en ce qui concerne Jojakim et le résultat de sa destruction du livre par le feu, réconforte-t-il le peuple de Jéhovah ?
23 Les gouvernements qui ordonnent de brûler la Bible, les hommes qui cherchent à détruire la Parole de Dieu, ou qui essaient de la cacher au peuple, qui arrêtent ceux qui la possèdent, persécutent ceux qui croient et proclament son message, trébucheront dangereusement, et à cause de leur orgueil et de leur arrogance à l’égard de Jéhovah, ils connaîtront bientôt, dans un effondrement final, une désolation dont ils ne pourront jamais se relever.
[Notes]
a En accord avec ce qui précède, l’historien juif Josèphe, dans son Histoire ancienne des Juifs, livre X, chapitres 7 et 8, dit entre autres : “En la quatrième année du règne de Joakim, roi de Juda, Nabuchodonosor, roi de Babylone, s’avança avec une grande armée jusqu’à la ville de Carabesa, située sur l’Euphrate, pour faire la guerre à Nécaon, roi d’Égypte, qui dominait alors dans toute la Syrie. (...) Mais dans la quatrième année de son règne, qui était la huitième de celui de Joakim, il s’avança avec une puissante armée et usa de grandes menaces contre les Juifs s’ils ne lui payaient un tribut. Joakim étonné résolut d’accepter la paix et paya ce tribut durant trois ans. Mais l’année suivante, sur le bruit qui courut que le roi d’Égypte allait faire la guerre à celui de Babylone, il refusa de continuer à le lui payer. Il fut trompé dans son espérance, car les Égyptiens n’osèrent en venir aux mains avec les Babyloniens. (...)
“Peu de temps après, le roi Nabuchodonosor vint avec une grande armée, [contre Joakim]. (...) Il établit roi en sa place Joachin (autrement nommé Jéconias), son fils, et emmena captifs à Babylone trois mille des principaux des Juifs, entre lesquels était le prophète Ézéchiel encore fort jeune alors. Voilà quelle fut la fin de Joakim roi de Juda. Il ne vécut que trente-six ans dont il avait régné onze. Joachin son fils, [régna à sa place] (...).” [Voyez aussi Ézéch. 1:1-3].
b Dans Jérémie 52:28 (AC) nous lisons : “Voici le nombre des hommes que Nabuchodonosor transporta : la septième année, trois mille vingt-trois hommes de Juda.” La “septième année” désigne sans doute la septième année après sa victoire sur le pharaon Néco à Carchémish, en 625 de notre ère, car après cette victoire, toute la Palestine fut à la merci du roi de Babylone. II Rois 24:7 (AC) nous apprend ce qui se passa ensuite : “Le roi d’Égypte ne sortit plus de son pays, car le roi de Babylone avait pris tout ce qui était au roi d’Égypte depuis le torrent d’Égypte jusqu’au fleuve de l’Euphrate.”
On pourrait donc dire que le début du règne de Nébucadnetsar, roi de Babylone, qui constituait une menace spéciale pour Jérusalem et Juda, se situe en 624 av. J.-C., c’est-à-dire l’année qui suivit sa victoire sur le pharaon Néco à Carchémish. En partant de ce point de vue, la “septième année” dont il est parlé dans Jérémie 52:28, serait 618-617 av. J.-C., qui était aussi la onzième année du règne de Jojakim à Jérusalem. Mais en partant du début de son règne véritable à Babylone, 618-617 av. J.-C. serait la “huitième année” de son règne (II Rois 24:12). En réalité, ce fut donc au cours de la huitième année de son règne à Babylone qu’il emmena en exil les 3 023 Juifs dont il est parlé plus haut, sans compter évidemment les femmes et les familles, se chiffrant par milliers. — II Rois 24:14-16.
Parallèlement à ce qui précède, la “dix-huitième” année de Nébucadnetsar dont il est parlé dans Jérémie 52:29, serait la “dix-huitième année” de sa domination sur la Palestine, mais la “dix-neuvième année” de tout son règne à Babylone, comme cela est mentionné dans II Rois 25:8.
c Voyez le livre Nabuchodonosor, de G. R. Tabouis, au chapitre quatre, intitulé “L’ambassade de Sédécias”, particulièrement les pages 139 à 145.
[Illustration, page 212]
Jojakim brûle la Parole écrite de Dieu.