Chapitre trois
Mis à l’épreuve, mais fidèles à Jéhovah !
1, 2. Quels événements furent le prélude au récit de Daniel ?
LE RIDEAU se lève dans le livre prophétique de Daniel à un moment où la scène internationale connaissait un changement radical. L’Assyrie venait de perdre Ninive, sa capitale. L’Égypte, au sud du pays de Juda, avait été reléguée à une position de moindre importance. Et Babylone accédait rapidement à la puissance suprême dans la lutte pour la domination du monde.
2 En 625 avant notre ère, le pharaon d’Égypte, Néko, fit une tentative désespérée pour stopper l’avancée des Babyloniens vers le sud. Il conduisit son armée à Karkémish, sur le cours supérieur de l’Euphrate. La bataille de Karkémish, ainsi qu’on l’a nommée, fut un événement historique décisif. L’armée babylonienne, menée par le prince héritier Neboukadnetsar, porta un coup fatal aux forces militaires de Pharaon Néko (Jérémie 46:2). Dans l’élan de sa victoire, Neboukadnetsar envahit la Syrie et la Palestine et, du même coup, mit fin à la domination égyptienne dans cette région. Seule la mort de son père, Nabopolassar, interrompit temporairement sa campagne.
3. Comment se termina la première campagne de Neboukadnetsar contre Jérusalem ?
3 L’année suivante, désormais roi de Babylone, Neboukadnetsar s’intéressa de nouveau à ses campagnes militaires en Syrie et en Palestine. C’est à cette époque qu’il vint à Jérusalem pour la première fois. On lit dans la Bible : “ Durant ses jours monta Neboukadnetsar le roi de Babylone, et Yehoïaqim devint alors son serviteur pendant trois ans. Mais il se retourna et se rebella contre lui. ” — 2 Rois 24:1.
NEBOUKADNETSAR À JÉRUSALEM
4. Comment faut-il comprendre l’expression “ dans la troisième année du règne de Yehoïaqim ” en Daniel 1:1 ?
4 L’expression “ pendant trois ans ” retient toute notre attention, car les premiers mots de Daniel sont : “ Dans la troisième année du règne de Yehoïaqim le roi de Juda, Neboukadnetsar le roi de Babylone vint à Jérusalem et entreprit de l’assiéger. ” (Daniel 1:1). Dans la troisième année du règne total de Yehoïaqim, qui régna de 628 à 618 avant notre ère, Neboukadnetsar n’était pas encore “ le roi de Babylone ” ; il n’était que le prince héritier. En 620, Neboukadnetsar obligea Yehoïaqim à payer un tribut. Mais au bout d’environ trois ans, Yehoïaqim se révolta. C’est donc en 618, autrement dit durant la troisième année de la vassalité de Yehoïaqim à Babylone, que le roi Neboukadnetsar vint à Jérusalem une deuxième fois, pour punir ce roi qui s’était rebellé.
5. Comment se termina la deuxième campagne de Neboukadnetsar contre Jérusalem ?
5 Quelle fut l’issue du siège ? “ Finalement Jéhovah livra en sa main Yehoïaqim le roi de Juda et une partie des ustensiles de la maison du vrai Dieu. ” (Daniel 1:2). Yehoïaqim mourut probablement durant les premiers temps du siège, soit assassiné, soit au cours d’une révolte (Jérémie 22:18, 19). En 618 avant notre ère, Yehoïakîn, son fils, lui succéda. Il avait 18 ans. Mais son règne ne dura que trois mois et dix jours : Yehoïakîn se rendit en 617. — Voir 2 Rois 24:10-15.
6. Que fit Neboukadnetsar des ustensiles sacrés du temple de Jérusalem ?
6 Neboukadnetsar prit comme butin les ustensiles sacrés du temple de Jérusalem et “ les amena au pays de Shinéar, à la maison de son dieu ; et ces ustensiles, il les amena à la maison du trésor de son dieu ”, Mardouk (Merodak en hébreu) (Daniel 1:2 ; Jérémie 50:2). On a découvert une inscription babylonienne qui présente Neboukadnetsar en train de dire à propos du temple de Mardouk : “ J’entreposai dedans de l’argent et de l’or et des pierres précieuses [...] et y plaçai la maison du trésor de mon royaume. ” Il sera de nouveau question de ces ustensiles sacrés aux jours du roi Belshatsar. — Daniel 5:1-4.
L’ÉLITE DE LA JEUNESSE DE JÉRUSALEM
7, 8. Que peut-on déduire de Daniel 1:3, 4 et 6 au sujet des origines de Daniel et de ses trois compagnons ?
7 Les trésors du temple de Jéhovah ne furent pas seuls à être emportés à Babylone. Le récit précise : “ Alors le roi dit à Ashpenaz, le fonctionnaire en chef de sa cour, d’amener quelques-uns d’entre les fils d’Israël et de la descendance royale et d’entre les nobles, des enfants en qui il n’y avait aucune tare, mais qui étaient bien d’apparence, perspicaces en toute sagesse, versés dans la connaissance et possédant le discernement de ce qu’on sait, qui avaient aussi en eux la force de se tenir dans le palais du roi. ” — Daniel 1:3, 4.
8 Qui fut choisi ? On lit : “ Il y avait parmi eux quelques-uns des fils de Juda : Daniel, Hanania, Mishaël et Azaria. ” (Daniel 1:6). Ces paroles jettent une certaine lumière sur les origines, plutôt obscures, de Daniel et de ses compagnons. On remarque par exemple qu’ils étaient “ fils de Juda ”, la tribu royale. On ignore s’ils étaient ou non d’ascendance royale, mais il est logique de penser qu’au moins ils appartenaient à des familles importantes et influentes. En plus d’être sains de corps et d’esprit, ils possédaient perspicacité, sagesse, connaissance et discernement, même s’ils étaient assez jeunes pour être qualifiés d’“ enfants ”, peut-être de jeunes adolescents. Daniel et ses compagnons devaient se distinguer parmi la jeunesse de Jérusalem ; ils devaient en former l’élite.
9. Pourquoi est-il certain que les parents de Daniel et de ses trois compagnons craignaient Dieu ?
9 Le récit n’indique pas qui étaient les parents de ces jeunes gens. Il est néanmoins certain qu’ils étaient attachés à Dieu et qu’ils avaient pris leurs responsabilités parentales au sérieux. Si on songe à la décadence morale et spirituelle de Jérusalem à l’époque, surtout parmi ‘ la descendance royale et les nobles ’, il est clair que les qualités manifestées par Daniel et ses trois compagnons ne leur étaient pas venues par hasard. On imagine sans peine le déchirement que ces parents durent éprouver en voyant leurs fils emmenés dans un pays lointain. Comme ils auraient été fiers pourtant s’ils avaient su ce qu’ils deviendraient ! Incontestablement, il est essentiel que les parents élèvent leurs enfants “ dans la discipline et les avertissements de Jéhovah ”. — Éphésiens 6:4.
UN COMBAT POUR L’ESPRIT
10. Qu’enseigna-t-on aux jeunes Hébreux, et dans quel but ?
10 Immédiatement s’engagea un combat pour les jeunes esprits de ces exilés. Pour que les adolescents hébreux se coulent dans le système babylonien, Neboukadnetsar décréta que ses fonctionnaires ‘ leur enseignent l’écriture et la langue des Chaldéens ’. (Daniel 1:4.) Il ne s’agissait pas d’une éducation ordinaire. Une encyclopédie (The International Standard Bible Encyclopedia) explique qu’elle “ comprenait l’étude du sumérien, de l’akkadien, de l’araméen [...] et d’autres langues, ainsi que de l’abondante littérature rédigée dans ces langues ”. Cette “ abondante littérature ” comprenait de l’histoire, des mathématiques, de l’astronomie, etc. Cependant, “ les textes religieux connexes, tant de présages que d’astrologie [...], constituaient une part importante ”.
11. Quelles mesures prit-on pour que les jeunes Hébreux se fondent dans la vie de la cour babylonienne ?
11 Voulant que ces jeunes Hébreux adoptent complètement les coutumes et la culture de la cour babylonienne, “ le roi fixa pour eux une ration quotidienne des mets délicats du roi et du vin dont il buvait, oui pour les entretenir pendant trois ans, afin qu’au terme de ces années ils puissent se tenir devant le roi ”. (Daniel 1:5.) De plus, “ le fonctionnaire principal de la cour leur assigna alors des noms. Ainsi il assigna à Daniel le nom de Beltshatsar, à Hanania celui de Shadrak, à Mishaël celui de Méshak et à Azaria celui d’Abed-Négo ”. (Daniel 1:7.) Il était courant aux temps bibliques de donner à quelqu’un un nouveau nom pour signaler un événement important dans sa vie. Par exemple, Jéhovah changea les noms d’Abram et de Saraï en Abraham et Sara (Genèse 17:5, 15, 16). Lorsqu’un humain change le nom d’un autre, c’est le signe qu’il détient le pouvoir, qu’il domine. Quand Joseph devint l’administrateur des vivres en Égypte, Pharaon lui donna le nom de Tsaphnath-Panéah. — Genèse 41:44, 45 ; voir aussi 2 Rois 23:34 ; 24:17.
12, 13. Qu’est-ce qui permet d’affirmer qu’en changeant le nom des jeunes Hébreux on voulait saper leur foi ?
12 Dans le cas de Daniel et de ses trois amis hébreux, le changement de nom était chargé de sens. Les noms que leurs parents leur avaient donnés avaient un lien avec le culte de Jéhovah. “ Daniel ” signifie “ Mon juge, c’est Dieu ”. “ Hanania ” veut dire “ Jéhovah a témoigné de la faveur ”. “ Mishaël ” signifie peut-être “ Qui est comme Dieu ? ” Et “ Azaria ” a pour sens “ Jéhovah a secouru, a aidé ”. Sans doute possible, leurs parents espéraient ardemment que leurs fils grandiraient sous la direction de Jéhovah Dieu et le serviraient fidèlement.
13 En revanche, les nouveaux noms donnés aux quatre Hébreux étaient étroitement liés aux noms de faux dieux, comme si ces divinités avaient assujetti le vrai Dieu. Quelle manœuvre insidieuse visant à saper la foi de ces jeunes gens !
14. Que signifient les nouveaux noms donnés à Daniel et à ses trois compagnons ?
14 Le nom de Daniel fut changé en Beltshatsar, qui veut dire “ Protège la vie du roi ”. Ce nom était sans doute une forme abrégée d’une invocation à Bel, ou Mardouk, le dieu principal de Babylone. Qu’il ait ou non donné son avis dans le choix de ce nom pour Daniel, Neboukadnetsar était fier de préciser qu’il était “ selon le nom de [son] dieu ”. (Daniel 4:8.) Hanania fut renommé Shadrak, nom qui, d’après certains spécialistes, est composé et signifie “ Commandement d’Akou ”. Akou était le nom d’un dieu sumérien. Mishaël fut renommé Méshak (peut-être : Mishaakou), apparemment une habile modification de “ Qui est comme Dieu ? ” en “ Qui est ce qu’est Akou ? ” Le nom babylonien d’Azaria fut Abed-Négo, qui veut probablement dire “ Serviteur de Négo ”. Or, “ Négo ” est une variante de “ Nebo ”, divinité d’après laquelle plusieurs dirigeants babyloniens furent également nommés.
DÉTERMINÉS À RESTER FIDÈLES À JÉHOVAH
15, 16. Quels dangers guettaient désormais Daniel et ses compagnons, et comment réagirent-ils ?
15 Les noms babyloniens, le programme de rééducation et le régime spécial, tout cela tendait non seulement à inculquer à Daniel et aux trois jeunes Hébreux le mode de vie babylonien, mais encore à les éloigner de leur Dieu, Jéhovah, ainsi que de leur formation et de leur contexte religieux. Qu’allaient faire ces jeunes gens devant tant de pressions et de tentations ?
16 Le récit inspiré raconte : “ Daniel résolut dans son cœur de ne pas se souiller avec les mets délicats du roi et avec le vin dont il buvait. ” (Daniel 1:8a). Même si Daniel seul est mentionné, la suite du récit démontre que ses trois compagnons soutinrent sa décision. Les mots “ résolut dans son cœur ” indiquent que l’instruction qu’il avait reçue de ses parents et d’autres personnes dans son pays avait touché son cœur. C’est assurément une éducation similaire qui guida les trois autres Hébreux dans leur décision. N’est-ce pas là une démonstration magistrale de l’importance d’enseigner nos enfants, quand bien même ils semblent trop jeunes pour comprendre ? — Proverbes 22:6 ; 2 Timothée 3:14, 15.
17. Pourquoi Daniel et ses compagnons refusèrent-ils seulement la nourriture quotidienne du roi, et pas le reste ?
17 Pourquoi les jeunes Hébreux n’ont-ils refusé que les mets délicats et le vin, et pas les autres choses qui leur étaient fournies ? L’argument énoncé par Daniel en révèle clairement la raison : “ Ne pas se souiller. ” En apprenant “ l’écriture et la langue des Chaldéens ” et en recevant un nom babylonien, même à contrecœur, ils ne se souillaient pas forcément. Prenez l’exemple de Moïse, quelque 1 000 ans plus tôt. Il a été “ instruit dans toute la sagesse des Égyptiens ”, et pourtant il est resté fidèle à Jéhovah. Il a reçu de bonnes bases grâce à l’éducation que lui ont donnée ses parents. En conséquence, “ par la foi, Moïse, devenu grand, a refusé d’être appelé fils de la fille de Pharaon, choisissant d’être maltraité avec le peuple de Dieu plutôt que d’avoir la jouissance temporaire du péché ”. — Actes 7:22 ; Hébreux 11:24, 25.
18. De quelle manière les choses fournies par le roi souilleraient-elles les jeunes Hébreux ?
18 De quelle manière les choses fournies par le roi de Babylone souilleraient-elles les jeunes hommes ? Premièrement, les mets délicats comprenaient peut-être des aliments interdits par la Loi mosaïque. Les Babyloniens mangeaient en effet des animaux impurs, interdits aux Israélites sous la Loi (Lévitique 11:1-31 ; 20:24-26 ; Deutéronome 14:3-20). Deuxièmement, les Babyloniens n’avaient pas l’habitude de saigner les animaux avant d’en manger la chair. C’était violer directement la loi de Jéhovah sur le sang que de manger de la viande non saignée (Genèse 9:1, 3, 4 ; Lévitique 17:10-12 ; Deutéronome 12:23-25). Troisièmement, les adorateurs de faux dieux avaient coutume d’offrir leur nourriture à des idoles avant de la manger en repas de communion. Les serviteurs de Jéhovah ne faisaient rien de cela (voir 1 Corinthiens 10:20-22). Enfin, il n’était pas très sain pour des gens de n’importe quel âge, et encore moins pour des jeunes, de consommer jour après jour une nourriture riche et des boissons fortes.
19. Quels raisonnements les jeunes Hébreux auraient-ils pu tenir, mais qu’est-ce qui les aida à tirer la bonne conclusion ?
19 Une chose est de savoir ce qu’il faut faire, mais tout autre chose est d’avoir le courage de le faire quand on subit des pressions ou qu’on est tenté. Daniel et ses trois amis auraient pu se dire qu’ils étaient loin de leurs parents et de leurs connaissances, que donc ceux-ci ne sauraient rien de leurs actions. Ils auraient pu aussi penser qu’après tout c’était l’ordre du roi et qu’ils n’avaient pas d’alternative. En outre, d’autres jeunes acceptèrent certainement volontiers ce qu’on leur proposait et considérèrent qu’en profiter était un privilège plutôt qu’une difficulté. Mais de tels faux raisonnements auraient pu facilement les inciter à pécher en secret, un piège dans lequel tombent de nombreux jeunes. Les jeunes Hébreux savaient que “ les yeux de Jéhovah sont en tout lieu ” et que “ le vrai Dieu lui-même fera venir toute sorte d’œuvre en jugement, concernant toute chose cachée, pour savoir si elle est bonne ou mauvaise ”. (Proverbes 15:3 ; Ecclésiaste 12:14.) Tirons tous leçon de la conduite de ces jeunes gens fidèles !
LE COURAGE ET LA PERSÉVÉRANCE RÉCOMPENSÉS
20, 21. Que fit Daniel, et qu’arriva-t-il ?
20 Ayant pris dans son cœur la résolution de résister aux influences corruptrices, Daniel agit en harmonie avec sa décision. “ Il demandait au fonctionnaire principal de la cour la permission de ne pas se souiller. ” (Daniel 1:8b). Le verbe “ demandait ” mérite qu’on s’y arrête. La plupart du temps, il faut persévérer dans ses efforts pour finalement résister aux tentations ou surmonter certaines faiblesses. — Galates 6:9.
21 Dans le cas de Daniel, la persévérance fut payante. “ Aussi le vrai Dieu confia Daniel à la bonté de cœur et à la miséricorde devant le fonctionnaire principal de la cour. ” (Daniel 1:9). Si les choses tournèrent bien pour Daniel et ses compagnons, ce n’est pas parce qu’ils avaient de la prestance ou parce qu’ils étaient intelligents ; c’est parce que Jéhovah les bénissait. Daniel se souvint certainement de ce proverbe hébreu : “ Mets ta confiance en Jéhovah de tout ton cœur et ne t’appuie pas sur ton intelligence. Dans toutes tes voies tiens compte de lui, et lui, il rendra droits tes sentiers. ” (Proverbes 3:5, 6). Ceux qui suivent ce conseil en sont récompensés.
22. Quelle objection légitime le fonctionnaire de cour souleva-t-il ?
22 Au début, le fonctionnaire principal de la cour n’était pas d’accord. “ Je crains mon seigneur le roi qui a fixé votre nourriture et votre boisson, dit-il. Pourquoi donc verrait-il que vos visages sont abattus par rapport à ceux des enfants qui sont de votre âge, et pourquoi voudriez-vous rendre ma tête coupable devant le roi ? ” (Daniel 1:10). Ses objections et ses craintes étaient légitimes. Le roi Neboukadnetsar n’avait pas l’habitude d’essuyer des refus, et ce fonctionnaire savait qu’il risquait sa “ tête ” s’il n’obéissait pas aux instructions du roi. Qu’allait donc faire Daniel ?
23. En quoi Daniel montra-t-il de la perspicacité et de la sagesse dans sa conduite ?
23 C’est là que la perspicacité et la sagesse entrèrent en jeu. Le jeune Daniel se souvint probablement de ce proverbe : “ Une réponse, lorsqu’elle est douce, détourne la fureur, mais une parole qui cause de la douleur fait monter la colère. ” (Proverbes 15:1). Au lieu d’exiger obstinément qu’on accède à sa requête, ce qui lui aurait peut-être valu le martyre, Daniel n’insista pas. Au moment qui s’y prêtait, il parla au “ gardien ”, qui était peut-être plus disposé à la souplesse dans la mesure où il ne rendait pas directement des comptes au roi. — Daniel 1:11.
UNE ÉPREUVE DE DIX JOURS EST PROPOSÉE
24. Quelle épreuve Daniel proposa-t-il ?
24 Daniel proposa au gardien une épreuve en ces termes : “ S’il te plaît, mets tes serviteurs à l’épreuve pendant dix jours ; qu’on nous donne des légumes pour que nous mangions et de l’eau pour que nous buvions ; et que nos visages et le visage des enfants qui mangent les mets délicats du roi paraissent devant toi, et selon ce que tu verras, agis avec tes serviteurs. ” — Daniel 1:12, 13.
25. Qu’englobaient probablement les “ légumes ” servis à Daniel et à ses trois amis ?
25 À se contenter ‘ de légumes et d’eau ’ pendant dix jours, auraient-ils des visages “ abattus ” par rapport aux autres ? Le mot “ légumes ” traduit un terme hébreu qui signifie fondamentalement “ grains ”. Certaines traductions de la Bible le rendent par “ légumes secs ”, qu’on définit comme “ les graines comestibles de diverses légumineuses (par exemple pois, haricots ou lentilles) ”. Certains spécialistes pensent que, d’après le contexte, il était question d’un régime qui ne comprenait pas seulement des graines comestibles. Un ouvrage de référence déclare : “ Ce que Daniel et ses compagnons demandaient, c’était le régime simple, à base de légumes, du peuple moyen au lieu du régime comportant de la viande, plus riche, de la table royale. ” Ainsi, le terme légumes englobait peut-être des plats nourrissants préparés avec des haricots, des concombres, de l’ail, des poireaux, des lentilles, du melon, des oignons, et du pain composé de différentes céréales. C’était loin d’être un régime de sous-alimentés ! Apparemment, le gardien le comprit. “ Finalement il les écouta quant à cette affaire et les mit à l’épreuve pendant dix jours. ” (Daniel 1:14). Quel fut le résultat ?
26. Quel fut le résultat de l’épreuve de dix jours, et pourquoi prit-elle cette tournure ?
26 “ Au bout de dix jours, leurs visages paraissaient meilleurs et plus gras de chair que ceux de tous les enfants qui mangeaient les mets délicats du roi. ” (Daniel 1:15). Il ne faut pas prendre cette phrase comme preuve qu’un régime végétarien vaut mieux qu’un régime plus riche et comprenant de la viande. Dix jours est une période trop courte pour que n’importe quel régime produise des résultats tangibles, mais pas trop courte pour que Jéhovah accomplisse son dessein. “ La bénédiction de Jéhovah — voilà ce qui enrichit, et il n’ajoute aucune douleur avec elle ”, dit sa Parole (Proverbes 10:22). Les quatre jeunes Hébreux mirent leur foi et leur confiance en Jéhovah, et il ne les abandonna pas. Des siècles plus tard, Jésus Christ survécut sans manger pendant 40 jours. Il cita alors les paroles suivantes, qu’on trouve en Deutéronome 8:3 : “ L’homme ne vit pas de pain seul, mais [...] l’homme vit de toute déclaration de la bouche de Jéhovah. ” Ce que Daniel et ses amis vécurent en offre un exemple type.
PERSPICACITÉ ET SAGESSE AU LIEU DE METS DÉLICATS ET DE VIN
27, 28. De quelles façons le régime auquel Daniel et ses trois amis se soumirent les prépara-t-il aux choses plus grandes qui les attendaient ?
27 Les dix jours n’étaient qu’un essai, mais les résultats furent des plus convaincants. “ Le gardien donc continua d’enlever leurs mets délicats et le vin qu’ils devaient boire et de leur donner des légumes. ” (Daniel 1:16). Il n’est pas difficile d’imaginer ce que les autres jeunes qui recevaient la formation pensaient de Daniel et de ses compagnons. Il devait leur sembler absurde de préférer tous les jours des légumes à un festin de roi. Mais de grandes épreuves pointaient à l’horizon, qui demanderaient de la part des jeunes Hébreux toute leur vigilance et la plus grande sobriété. Et surtout, c’étaient leur foi et leur confiance en Jéhovah qui leur vaudraient de surmonter les épreuves de leur foi. — Voir Josué 1:7.
28 Ce qu’on lit ensuite atteste que Jéhovah était avec ces jeunes gens : “ Quant à ces enfants, les quatre, à eux le vrai Dieu donna connaissance et perspicacité en toute écriture et sagesse ; et Daniel avait de l’intelligence en toutes sortes de visions et de rêves. ” (Daniel 1:17). Pour affronter les temps difficiles qui approchaient, il leur fallait davantage que de la force physique et une bonne santé. “ Quand la sagesse entrera dans ton cœur et que la connaissance deviendra agréable à ton âme, la capacité de réflexion veillera sur toi, le discernement te préservera, pour te délivrer de la voie mauvaise. ” (Proverbes 2:10-12). C’est précisément ce dont Jéhovah équipa les quatre jeunes fidèles en vue de ce qui les attendait.
29. Pourquoi Daniel avait-il “ de l’intelligence en toutes sortes de visions et de rêves ” ?
29 Il est spécifié que Daniel “ avait de l’intelligence en toutes sortes de visions et de rêves ”. Ce n’est pas qu’il était devenu médium. En effet, même si Daniel est considéré comme l’un des plus grands prophètes hébreux, il ne fit jamais sous inspiration des déclarations telles que : “ Voici ce qu’a dit le Souverain Seigneur Jéhovah ” ou “ Voici ce qu’a dit Jéhovah des armées ”. (Isaïe 28:16 ; Jérémie 6:9.) Ce n’est cependant que grâce à la direction de l’esprit saint de Dieu que Daniel était capable de comprendre et d’interpréter les visions et les rêves qui révélaient le dessein de Jéhovah.
FINALEMENT, L’ÉPREUVE DÉCISIVE
30, 31. Comment le comportement choisi par Daniel et ses compagnons s’avéra-t-il bénéfique pour eux ?
30 Les trois années de rééducation et de préparation prirent fin. Arriva l’épreuve décisive : un entretien avec le roi en personne. “ Au terme des jours où le roi avait dit de les amener, le fonctionnaire principal de la cour se mit alors à les amener devant Neboukadnetsar. ” (Daniel 1:18). C’était le moment où les quatre jeunes devaient rendre des comptes. Leur avait-il été bénéfique de suivre les lois de Jéhovah plutôt que d’adopter les coutumes babyloniennes ?
31 “ Le roi parlait avec eux, et parmi eux tous il ne s’en trouva pas comme Daniel, Hanania, Mishaël et Azaria ; et ils continuèrent à se tenir devant le roi. ” (Daniel 1:19). Quelle démonstration incontestable du bien-fondé de leur comportement des trois années précédentes ! Il n’avait donc pas été sot de leur part de suivre un régime dicté par leur foi et par leur conscience. En ayant été fidèles dans ce qui aurait pu sembler être peu de chose, Daniel et ses amis étaient récompensés par de grandes choses. Le privilège de “ se tenir devant le roi ” était l’objectif poursuivi par tous les jeunes qui recevaient la formation. La Bible n’indique pas si les quatre jeunes Hébreux furent les seuls à être sélectionnés. Toujours est-il que leur fidélité leur valut “ une grande récompense ”. — Psaume 19:11.
32. Pourquoi peut-on dire que Daniel, Hanania, Mishaël et Azaria jouissaient d’un privilège plus grand que celui d’être à la cour du roi ?
32 “ As-tu vu un homme habile dans son travail ? C’est devant les rois qu’il se placera ”, disent les Écritures (Proverbes 22:29). Ainsi, Daniel, Hanania, Mishaël et Azaria furent choisis par Neboukadnetsar pour se tenir devant le roi, autrement dit pour rester à la cour. On voit dans cette histoire la main de Jéhovah diriger les événements de façon à faire connaître par l’intermédiaire de ces jeunes hommes, en particulier de Daniel, des aspects importants de son dessein. Si c’était un honneur d’être choisi pour vivre à la cour de Neboukadnetsar, c’était un honneur plus grand encore d’être utilisé de façon aussi extraordinaire par le Roi de l’univers, Jéhovah.
33, 34. a) Qu’est-ce qui, chez les jeunes Hébreux, impressionna le roi ? b) Quelle leçon peut-on tirer de ce que vécurent les quatre Hébreux ?
33 Neboukadnetsar s’aperçut rapidement que la sagesse et la perspicacité dont Jéhovah avait doté les quatre jeunes Hébreux étaient très supérieures à celles de tous les conseillers et de tous les sages de sa cour. “ Quant à toute affaire de sagesse et d’intelligence sur laquelle le roi les interrogeait, oui il les trouvait dix fois supérieurs à tous les prêtres-magiciens et évocateurs d’esprits qui étaient dans tout son royaume. ” (Daniel 1:20). Comment aurait-il pu en être autrement ? Les “ prêtres-magiciens ” et les “ évocateurs d’esprits ” se reposaient sur le savoir superstitieux qui avait cours à Babylone, tandis que Daniel et ses amis mettaient leur confiance dans la sagesse d’en haut. Les deux étaient tout bonnement incomparables !
34 À dire vrai, la situation n’a pas beaucoup changé avec le temps. Au Ier siècle de notre ère, où prévalaient la philosophie grecque et la loi romaine, l’apôtre Paul écrivit sous l’inspiration divine : “ La sagesse de ce monde est sottise auprès de Dieu ; en effet, il est écrit : ‘ Il attrape les sages dans leur propre ruse. ’ Et encore : ‘ Jéhovah sait que les raisonnements des sages sont futiles. ’ Que personne donc ne se glorifie dans les hommes. ” (1 Corinthiens 3:19-21). Aujourd’hui, il nous faut nous attacher fermement à ce que Jéhovah nous enseigne et ne pas nous laisser ébranler facilement par l’attrait et le clinquant du monde. — 1 Jean 2:15-17.
FIDÈLES JUSQU’AU BOUT
35. Que sait-on encore des trois compagnons de Daniel ?
35 L’épisode de Daniel chapitre 3, relatif à l’image d’or que Neboukadnetsar dressa dans la plaine de Doura et à l’épreuve du four de feu, atteste de façon poignante que Hanania, Mishaël et Azaria avaient une foi solide. Ces Hébreux qui craignaient Dieu restèrent assurément fidèles à Jéhovah jusqu’à leur mort. Nous le savons parce que l’apôtre Paul fit sans aucun doute allusion à eux quand il parla de ceux “ qui, grâce à la foi, ont [...] arrêté la violence du feu ”. (Hébreux 11:33, 34.) Ils constituent des exemples remarquables pour les serviteurs de Jéhovah, tant jeunes qu’âgés.
36. Quelle carrière hors du commun Daniel eut-il ?
36 Quant à Daniel, le dernier verset du chapitre 1 v 21 déclare : “ Daniel continua ainsi jusqu’à la première année de Cyrus le roi. ” L’Histoire révèle que Cyrus renversa Babylone en une seule nuit, en 539 avant notre ère. Certainement en raison de sa réputation et de sa position, Daniel continua de servir à la cour de Cyrus. D’ailleurs, Daniel 10:1 rapporte que “ dans la troisième année de Cyrus le roi de Perse ” Jéhovah révéla une question importante à Daniel. S’il était adolescent lorsqu’on l’emmena à Babylone en 617 avant notre ère, il devait avoir près de 100 ans quand il reçut cette dernière vision. Quelle carrière longue, bénie et fidèle au service de Jéhovah !
37. Quelles leçons peut-on tirer de l’examen de Daniel chapitre 1 ?
37 Le premier chapitre du livre de Daniel ne raconte pas seulement l’histoire de quatre garçons fidèles qui ont surmonté des mises à l’épreuve de leur foi. Il montre que Jéhovah peut utiliser qui il veut pour accomplir son dessein. Ce récit prouve que ce qui semble être un malheur, si Jéhovah le permet, peut servir un objectif utile. Et il enseigne que la fidélité dans les petites choses procure une grande récompense.
QU’AVEZ-VOUS RETENU ?
• Que sait-on des origines de Daniel et de ses trois jeunes amis ?
• Comment la bonne éducation des quatre jeunes Hébreux fut-elle mise à l’épreuve à Babylone ?
• Comment Jéhovah récompensa-t-il les quatre Hébreux pour leur prise de position courageuse ?
• Quelles leçons les serviteurs de Jéhovah d’aujourd’hui peuvent-ils tirer de l’exemple laissé par Daniel et ses trois compagnons ?
[Illustration pleine page, page 30]