Questions de lecteurs
La réponse à une question publiée dans le numéro du 15 novembre 1951 (angl.) suscita de nombreux commentaires et d’autres questions. Sans être dogmatique, elle disait qu’il semble biblique de croire que les enfants exécutés à Armaguédon, la bataille de Jéhovah, ne seront pas ressuscités. Nous examinons ci-dessous quelques-unes des questions posées.
● Comment cela modifie-t-il la déclaration contenue dans la brochure Armaguédon selon laquelle les humains exécutés à Armaguédon ne demeureront pas tous éternellement dans la mort ? — B. E., Maryland.
Ce qui a paru dans La Tour de Garde du 15 novembre représente notre compréhension actuelle du sujet et remplace l’opinion émise dans la brochure Armaguédon publiée il y a 15 ans. Nous attirons l’attention sur le fait qu’avant la publication de cette réponse dans notre périodique, la même pensée avait été exprimée dans le livre This Means Evertasting Life (Ceci signifie la vie éternelle), pages 248, 249.
● Les descendants d’Adam ne furent pas voués à la destruction éternelle par suite de sa transgression. Pourquoi les enfants devraient-ils souffrir la destruction éternelle à Armaguédon parce que leurs parents sont méchants ? — E. N., Minnesota.
En Éden, Adam et Ève étaient en jugement en ce qui concerne l’arbre de la connaissance, et la voie qu’ils suivirent fixa leur destinée, parce que c’était un temps de jugement. À ce moment-là, les enfants de ce couple n’étaient pas encore nés et, par conséquent, n’étaient pas personnellement en jugement dans le jardin d’Éden. C’est pourquoi Dieu put prendre des mesures pour le rachat de leurs enfants à venir qui voudraient bien les accepter et qui pourraient montrer leur acceptation à une époque quelconque où il plairait à Dieu de les faire entrer dans une période de jugement. Il est probable que pour la majorité des humains ayant vécu sur la terre ce temps de jugement viendra dans le règne millénaire du Christ, au moment de la résurrection générale et par la suite. En ce futur temps de jugement préparé pour eux grâce à la miséricorde de Dieu, chacun sera responsable de lui-même, comme l’indique Ézéchiel 18:20-23. — Voir This Means Everlasting Life, pages 94 et 95.
Toutefois, longtemps avant ce millénaire, de nombreux humains auront eu leur temps de jugement ; en effet les Écritures montrent qu’à certaines époques Dieu fit entrer les hommes dans des périodes de jugement durant lesquelles il les tint pour responsables de leur ligne de conduite. Pour qu’ils fussent vraiment responsables envers leur personne et celle de leurs enfants, Jéhovah fit rendre témoignage afin qu’ils connussent le litige et prissent une décision par laquelle ils détermineraient leur destinée, indépendamment de la condamnation héritée d’Adam. Il avertit les parents non seulement des conséquences pour eux-mêmes, mais aussi pour leurs enfants irresponsables.
Une de ces périodes de jugement fut le déluge du temps de Noé. Celui-ci prêcha la justice pendant quarante ou cinquante ans avant sa venue (Héb. 11:7 ; II Pi. 2:5). Une autre période fut la fin ardente de Sodome et de Gomorrhe, villes qui virent, à titre d’avertissement, les miracles des anges et entendirent le témoignage de Lot avant la chute de la pluie de feu (Gen. 19:11-14, 24). Aux jours de Jésus, c’était un temps de jugement, et le Christ avertit certaines villes juives qu’elles subiraient un sort semblable à celui de Sodome et de Gomorrhe, et il jugea certains scribes et pharisiens dignes de la destruction éternelle qu’est la Géhenne. — Mat. 11:20-24 ; 23:33.
Notre époque est aussi un temps de jugement, et c’est ce point que manquent de voir clairement ceux qui soulevèrent des objections à la réponse parue dans La Tour de Garde du 15 novembre 1951. Pendant soixante et onze ans La Tour de Garde a publié l’avertissement de la Parole de Dieu, et depuis 1919 les témoins de Jéhovah sont plus actifs que jamais pour rendre un témoignage mondial en ce temps de jugement au cours duquel le Roi intronisé sépare les nations comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs. Les témoins subissent les outrages et les persécutions des adultes aussi bien que des enfants influencés par leurs aînés. Donc, c’est le fait que nous vivons dans une période de jugement qui nous fait dire que tous les hommes sont en jugement ; et parce que les enfants sont présents, ils sont aussi jugés et on ne peut comparer leur cas à celui des descendants d’Adam et Ève, descendants qui n’étaient pas présents en Éden au temps du jugement de ce couple.
● Selon les Écritures, pouvons-nous dire que ceux qu’exécute Jéhovah au point culminant d’une période de jugement telle que le déluge, Sodome et Gomorrhe ou Armaguédon vont à la destruction éternelle ? — I. F., Washington.
Ouvrez votre Bible au chapitre 17, versets 24 à 37 de l’Évangile de Luc Lc 17:24-37. Ce passage parle du “ jour où le Fils de l’homme paraîtra ” et les versets formant contexte révèlent que ce sera au temps de la fin qui s’achèvera par Armaguédon. Il déclare qu’à Armaguédon il en sera comme “ du temps de Noé ” quand “ le déluge vint, et les fit tous périr ”, et qu’il en sera comme “ du temps de Lot ” quand il s’enfuit de Sodome et qu’“ une pluie de feu et de soufre tomba du ciel, et les fit tous périr ”. Tous ces cas étant semblables, si l’on peut montrer que ceux qui périrent dans un cas n’auront pas une “ résurrection pour le jugement ”, il s’ensuit que ceux qui furent détruits dans les deux autres cas sont également condamnés (Jean 5:28, 29). La parabole des brebis et des boucs, aujourd’hui en voie de réalisation, révèle qu’à Armaguédon les boucs “ iront au châtiment éternel ”, ce qui indique le sort de ceux qui, dans les trois cas, ont péri ou périront. — Mat. 25:31-46.
Ceux qui périrent lors du déluge et de la pluie de feu sur Sodome et Gomorrhe ne moururent pas par suite du péché hérité d’Adam, mais ils furent condamnés parce qu’ils ne tinrent pas compte de l’avertissement de Jéhovah et furent exécutés par lui. Ils devinrent des exemples d’un châtiment éternel par Dieu, exemples servant d’avertissement (Héb. 11:7 ; II Pi. 2:5-8 ; Jude 7). Oui mais, dira-t-on, n’oubliez-vous pas les paroles suivantes que Jésus adressa aux villes juives rebelles : “ Le sort du pays de Sodome sera plus supportable au jour du jugement que le tien ” ? Ne signifient-elles pas qu’au moins certains de ceux qui périrent lors de la destruction de Sodome seront ressuscités et pourront subir avec succès un jour de jugement futur ? Nous répondons que nous n’avons pas oublié ces paroles. — Mat. 10:15 ; 11:24, Da.
C’est là une manière de s’exprimer commune aux temps bibliques. Elle est employée pour souligner l’impossibilité d’une chose. Jésus se servit d’une tournure semblable lorsqu’il dit : “ Car il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu ”. (Luc 18:25.) Aucune personne saine d’esprit ne croira qu’un chameau peut passer par le trou d’une aiguille. Pourtant, si l’on dit plus facile qu’autre chose, ce qui est manifestement impossible, n’est-ce pas faire ressortir avec force l’impossibilité absolue de l’autre chose ? Jésus fit donc comprendre clairement que les riches peu disposés à se séparer de leurs richesses n’entreraient pas dans le royaume. Il en est de même pour l’autre tournure dont il se servit. Sodome et Gomorrhe ne purent supporter le jugement. Ces villes ne renfermaient même pas dix justes ; quatre seulement y habitaient, et l’un d’eux faillit à un moment critique (Gen. 18:32 ; 19:15, 17, 26). Les Juifs savaient que le sort de Sodome était définitif, aussi quand Jésus leur dit que le jugement serait plus supportable pour ces humains condamnés que pour ces villes juives, saisirent-ils très bien ce qu’il voulait dire.
Mais, objectera-t-on encore, Jésus a dit que ces villes seraient abaissées jusqu’au Hadès et non dans la destruction éternelle de la Géhenne. Jésus déclara : “ Seras-tu peut-être élevée jusqu’au ciel ? C’est dans le Hadès que tu descendras ! ” (Mat. 11:23, NW). On n’avait pas offert à ces Juifs l’espoir d’aller littéralement au ciel ; cet espoir ne fut compris qu’après la mort et la résurrection de Jésus, à la Pentecôte, lors de l’effusion du saint esprit. Puisque par ciel on n’entendait pas une destination après la mort, de même par le mot Hadès on ne voulait pas dire une destinée.
Par ces paroles Jésus offrait un contraste, le plus frappant possible, entre l’élévation et l’abaissement. Le ciel s’élève très haut, le Hadès descend plus bas que terre, plus bas que la Géhenne qui se trouvait à la surface du sol, juste à l’extérieur de Jérusalem. Si Jésus avait employé l’expression Géhenne, les Juifs auraient pu croire que les villes juives littérales seraient arrachées et descendues dans cette vallée spéciale. Jésus se servit donc simplement de ces deux extrêmes, la hauteur et la profondeur, pour montrer que ceux qui s’élevaient seraient abaissés, tout comme Jéhovah se servit des expressions ciel et schéol, l’équivalent hébreu pour Hadès, pour indiquer ces mêmes extrêmes. Il déclara : “ S’ils pénètrent dans le séjour des morts [schéol], ma main les en arrachera ; s’ils montent aux cieux, je les en ferai descendre. ” (Amos 9:2). Ces villes juives avaient entendu l’avertissement et avaient vu des œuvres puissantes ; elles avaient eu un jugement équitable et par leur décision se révélaient dignes de la destruction éternelle. — Mat. 10:5-15 ; Luc 10:8-12.
Ainsi, aujourd’hui le temps du jugement des nations n’est pas une simple répétition en vue d’un second jugement, qui serait décisif. S’il en était ainsi, la destruction d’humains à Armaguédon ne serait pas éternelle. Si ces personnes devaient mourir et revenir dans la résurrection générale pour une seconde occasion, alors le sang sur la tête des membres de la classe de la sentinelle ne serait pas une chose aussi sérieuse, et Jéhovah ne considérerait pas comme absolument vitale l’œuvre d’avertissement au point de faire crier les pierres si nous nous taisions. — Éz. 33:7-9 ; Luc 19:40.
● Qu’était la “ connaissance du bien et du mal ” citée dans Genèse 2:17 ? Est-ce la même que celle dont il est question dans Genèse 3:5 et 3:22 ? — G. G., Afrique du Sud.
L’expression “ le bien et le mal ” dans les trois textes semble se rapporter à la même chose. Adam et Ève avaient quelque connaissance du mal avant de manger du fruit de “ l’arbre de la connaissance du bien et du mal ”. (Gen. 2:17.) Ils savaient que manger de ce fruit serait commettre le mal et que la mort était un mal à éviter. Être “ comme des dieux connaissant le bien et le mal ” semble signifier plus que la simple connaissance utile de ce qui est bien et mal (Gen. 3:5). Il est possible que le mot dieux s’applique seulement à Jéhovah Dieu (le terme hébreu qui est Élohim signifie Dieu [Jéhovah] ou des dieux). S’il a le sens de dieux, il pourrait alors se rapporter à Jéhovah Dieu et à son cocréateur et Fils, unique engendré, le Logos. C’est à lui que Jéhovah a dit ce que nous lisons dans Genèse 3:22 : “ Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous, pour la connaissance du bien et du mal. ”
Connaître “ le bien et le mal ” comme Jéhovah et son Fils-unique engendré semblerait indiquer le connaître pour soi-même, c’est-à-dire juger et décider soi-même ce qui est bien et ce qui est mal. Adam et Ève ne furent plus théocratiques, ne considérèrent plus Dieu comme le Souverain universel de toutes les créatures, le seul à déterminer le bien et le mal. Ils allaient décider eux-mêmes de ce qu’ils feraient sur terre et non permettre à Dieu d’être l’Arbitre Suprême.
C’est pourquoi Jéhovah dit en substance à l’homme, plus responsable et chef de la femme : “ Très bien, Adam, si tu ne veux pas être théocratique, va ton chemin. Décide ce qui, selon toi, est bien et mal. Ta place n’est pas dans le jardin d’Éden. Ce jardin est pour des hommes théocratiques qui me sont soumis. Maintenant, pars. ” Cette façon de considérer la question s’accorde avec le fait que Dieu n’a pas donné la perpétration du péché comme la raison de l’expulsion d’Adam de l’Éden, mais la raison en est, dit-il, que “ l’homme est devenu comme l’un de nous, pour la connaissance du bien et du mal ”, et qu’il ne doit avoir, de ce fait, aucune occasion de manger de l’arbre de la vie.