La Règle d’or : preuve de sagesse
AU DÉBUT de l’hiver 1962, dans le quartier de Columbia Heights, à Brooklyn, New York, on vit un homme d’un certain âge se diriger en toute hâte vers sa voiture au moment où un gardien de la paix accrochait une petite feuille verte à son auto qui se trouvait en stationnement interdit. Indigné et ne sachant se contenir, l’homme se répandit en invectives violentes et si peu mesurées que l’agent, qui s’éloignait, feignit de ne pas entendre. Qu’avait gagné le propriétaire du véhicule à faire cette algarade ? Rien ; il avait simplement mis dans ses propos plus d’animosité qu’il n’en avait tout en dressant l’agent contre lui.
Combien différente fut l’attitude d’un missionnaire anglais, à Lagos, au Nigeria ! Un jour qu’il regagnait sa voiture en stationnement, un agent de police, un Noir, natif du pays, lui reprocha de s’être garé dans un endroit où il y avait un panneau d’interdiction, panneau qui n’avait pourtant été posé que la veille. Il lui demanda ses papiers et, tout en notant les renseignements, se lança dans une diatribe, insistant sur la gravité de l’infraction.
Soudain, l’agent, le considérant d’un air perplexe, lui dit : “Vous ne me dites pas d’injures ?” “Pourquoi le ferais-je ?” répliqua le missionnaire. “Vous faites votre travail.” L’autre, le regardant d’un œil assez curieux, lui demanda : “Et vous, quel est votre métier ?” “Je suis missionnaire et témoin de Jéhovah”, répliqua-t-il. L’agent ne s’attendait pas à cette réponse ; immédiatement il changea de ton. La conversation s’engagea entre eux et ils en vinrent à parler de la Bible ; ils se quittèrent bons amis, non sans avoir pris des dispositions pour étudier la Bible ensemble. Il est évident que le missionnaire fut récompensé d’avoir agi avec l’agent comme il aurait aimé qu’on agisse avec lui.
Qu’il est facile d’oublier qu’un agent, gardien ou huissier peut fort bien deviner les sentiments qui vous agitent et n’éprouver aucun plaisir à faire ce que son devoir exige de lui, comme imposer des restrictions, des règlements ou dresser une contravention pour une infraction quelconque aux règlements sur la circulation ou un stationnement dans un endroit interdit ! Sa tâche n’est pas facile. Ne lui dites pas d’injures parce qu’il s’acquitte de ses responsabilités et n’essayez pas d’exercer une pression sur lui pour qu’il manque à son devoir. Pourquoi ne pas faciliter sa tâche, plutôt, en étant respectueux, courtois et aimable ? N’est-ce pas ainsi que vous aimeriez que l’on vous traite si vous étiez à sa place ? En agissant de cette façon, vous ne lui rendrez pas seulement sa tâche plus facile mais vous la rendrez plus agréable pour vous.
Oui, l’observation de la règle dite Règle d’or : “Comme vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites pareillement pour eux”, c’est non seulement faire ce qui est bien et juste, mais encore ce que l’amour et la sagesse nous dictent. De fait, Jésus-Christ, qui donna aux hommes cette Règle d’or sous une forme positive, souligna cette idée quand il dit : “Pratiquez le don, et l’on vous donnera. On versera dans votre sein une excellente mesure, pressée, secouée et débordante. Car de la mesure dont vous mesurez, on mesurera pour vous en retour.” — Luc 6:31, 38, MN.
La Règle d’or va au fond des relations humaines ; et le problème des relations humaines, comme l’ont fait observer des humanistes comme Pitirim A. Sorokin de l’université Harvard, est le plus important des problèmes qui se posent à l’humanité. Un commentaire sur la grève des journaux dans la ville de New York, exprima la même pensée : “Comment se peut-il qu’une civilisation aussi avancée soit capable de placer un homme dans l’espace et incapable néanmoins de faire régner la bonne foi et la confiance entre un employeur et un employé ?” — Wall Street Journal, du 14 février 1963.
Comment cela se peut-il ? Cela est possible parce que les hommes, aujourd’hui, ne sont pas d’avis de faire aux autres ce qu’ils voudraient que les autres fassent pour eux. Leur manque de foi en Dieu, leur égoïsme aveugle les empêchent de voir la sagesse de la Règle d’or.
De quelque côté que nous regardions, nous verrons que l’observation de la Règle d’or est une preuve de sagesse. Le garçon de restaurant, l’employé ou le vendeur qui traite les clients ou les habitués de la façon dont il aimerait être traité par eux ne peut manquer de réussir bien mieux que celui qui est indifférent. Pareillement, le client ou l’habitué qui traite le garçon de restaurant, l’employé ou le vendeur comme il aimerait être traité est vraisemblablement bien mieux servi que celui qui traite ces employés comme de simples domestiques.
Ce principe s’applique surtout aux gens mariés à cause de leurs relations continuelles, étroites et intimes. Plus vous aurez d’égards, de considération et d’affection pour votre conjoint, plus celui-ci en aura probablement pour vous. Aussi, quand on constate le manque d’égards et d’affection de son conjoint, il est bien de s’interroger : “Dans quelle mesure me rend-il simplement ce que je lui donne ?” Si les deux époux observaient la Règle d’or, jamais ils ne permettraient à la situation de dégénérer en abandon, séparation ou divorce, sans parler de l’infidélité conjugale. Il est certain que ces formes de désunion ne contribuent pas au bonheur.
Les parents ne fermeront pas non plus les yeux sur ce principe pour la simple raison que la Parole de Dieu ordonne aux enfants de leur obéir. La Bible ne dit-elle pas aussi : “Pères, n’irritez pas vos enfants.” (Éph. 6:4, MN). En irritant inutilement ses enfants, un père nuit à leurs intérêts et aux siens. Au début de 1963, la radio nous apprit qu’un jeune adolescent frappa son père mortellement à la suite d’un reproche. Ce reproche fut sans aucun doute la goutte qui fit déborder le vase. Non pas que l’irritation justifie le meurtre d’un père, le parricide. Mais, sans aucun doute, si le père avait réfléchi un seul instant afin de ne pas irriter inutilement son fils, il serait encore en vie. Par ailleurs, on peut affirmer que ce principe s’applique à tous ceux à qui il appartient de faire des reproches. Faites le reproche de la façon dont vous voudriez le recevoir et il est probable que vous ferez du bien à celui qui le reçoit et garderez son affection.
Et, dans toutes ces choses, notez que la Règle d’or exige de vous que vous preniez l’initiative. Elle ne dit pas : fais aux autres comme ils te font ; non, elle dit : Fais aux autres comme tu voudrais qu’ils fassent pour toi, et cela sans te soucier de ce qu’ils peuvent faire. Voilà la sagesse, la sagesse divine. Observez-la pour votre bien-être et votre bonheur.