Marie — bénie entre toutes les femmes
POUR une femme, être comptée au nombre des ancêtres du Messie devait être un grand honneur. Mais que dire alors de celle qui fut choisie pour être la mère du Messie ? Selon la Bible, c’est Marie, vierge de la maison royale de David, qui fut cette femme bénie entre toutes.
C’est l’ange Gabriel qui révéla à Marie le rôle que Dieu prévoyait pour elle. Selon la Bible de Crampon 1905, l’ange lui dit : “Je vous salue, pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous.” (Luc 1:28). Se basant sur ces paroles, beaucoup de gens croient que l’ange Gabriel attribuait à Marie un degré de sainteté spécial.
Mais les paroles de l’ange attirent-elles l’attention sur la “sainteté” de Marie ? Non. Remarquez comment la Traduction œcuménique de la Bible rend ce passage : “Sois joyeuse, toi qui as la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi.” Quant à la Bible catholique de Crampon-Tricot, elle donne en note : “Devenue objet de la faveur (divine).” Le fait que le Très-Haut ait accordé une faveur à Marie en lui réservant l’honneur d’être la mère de son Fils sur la terre, indique à l’évidence qu’elle était une de ses humbles et fidèles servantes. — Luc 1:38, 46-50.
Mais Marie était-elle plus qu’une humble servante de Dieu à qui fut accordé le privilège exceptionnel de donner naissance au Fils du Très-Haut ? Par exemple, est-elle restée dans un état particulier de “sainteté” en demeurant toujours vierge ?
Beaucoup de prétendus chrétiens croient que Marie est restée vierge toute sa vie. Pour cela, ils invoquent les paroles que Marie adressa à l’ange Gabriel quand celui-ci lui annonça qu’elle concevrait et donnerait naissance à un fils. Marie déclara : “Comment cela se fera-t-il puisque je suis vierge ?” (Luc 1:34, TOB). La Bible de Jérusalem rend ainsi ce passage : “Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ?” Elle dit en note : “L’expression affirme l’absence de relations conjugales comme un fait, et peut-être comme une résolution déjà arrêtée.”
Pour savoir si Marie avait éventuellement décidé de rester vierge avant la venue de l’ange Gabriel, nous devons considérer la question selon la mentalité de l’époque. Pour une femme mariée, le fait de ne pas avoir d’enfant était considéré comme une honte. Ainsi, quand Élisabeth devint enceinte de son premier et unique enfant, Jean, elle s’exclama : “Voilà donc (...) ce qu’a fait pour moi le Seigneur, au temps où il lui a plu d’enlever ce qui causait ma honte parmi les hommes.” — Luc 1:25, Jérusalem.
Par conséquent, si Marie s’était fiancée à Joseph en ayant l’intention de rester vierge, elle se serait attiré la honte. Comment Joseph aurait-il pu accepter des conditions aux termes desquelles sa femme aurait connu la honte que l’on attachait à la stérilité ? Pourquoi aurait-il accepté volontairement de renoncer à avoir un héritier qui aurait perpétué son nom ? Les Écritures hébraïques, que l’un et l’autre connaissaient très bien, ne recommandaient en aucun cas pareille chose. Elles considèrent la procréation comme désirable. Par exemple, le Psaume 127:3 déclare : “C’est largesse de Yahvé que des fils, récompense, que le fruit des entrailles.” (Jérusalem). Les Israélites ne connaissaient qu’un état dans lequel un homme ou une femme pouvait rester vierge : le célibat. — Jér. 16:1-4.
Des années plus tard, Jésus Christ et l’apôtre Paul encouragèrent ceux qui désiraient se consacrer plus pleinement aux choses spirituelles à rester volontairement célibataires (Mat. 19:12 ; I Cor. 7:28-38). Toutefois, il n’y a aucun texte de la Bible qui encourage des conjoints à demeurer vierges ou qui leur accorde une sainteté particulière pour cela. C’est plutôt le contraire. Inspiré par Dieu, l’apôtre Paul écrivit aux chrétiens mariés : “Que le mari s’acquitte de son devoir envers sa femme, et pareillement la femme envers son mari.” — I Cor. 7:3, Jérusalem.
Si donc Marie et Joseph avaient eu l’intention de rester vierges tout en étant mariés, ils se seraient trouvés dans un état qui n’avait aucun précédent dans la Bible. En réalité, ils auraient agi à l’encontre du dessein divin concernant le mariage. N’est-il donc pas plus raisonnable de conclure qu’ils n’ont pas envisagé de vivre ensemble comme des célibataires et qu’ils n’ont pas agi ainsi durant toute leur vie conjugale ?
Bien sûr, avant la naissance de Jésus, Joseph n’eut pas de relations sexuelles avec sa femme. Nous lisons dans Matthieu 1:25, selon la Bible de Jérusalem : “Sans qu’il l’eût connue, elle enfanta un fils, auquel il donna le nom de Jésus.” Une note en bas de page donne la traduction littérale, savoir : “Et il ne la connut pas jusqu’au jour où elle enfanta.” Selon vous, doit-on comprendre d’après ce texte que Joseph n’a pas eu de relations avec sa femme après la naissance de Jésus ? Ou bien ce texte n’indique-t-il pas plutôt qu’il est possible, en fait très probable, qu’il eut ensuite des relations avec sa femme ?
La question de la virginité de Marie sera résolue si l’on peut prouver par les Écritures que Jésus a eu des frères et des sœurs. Les habitants de Nazareth, la ville où Jésus fut élevé, connaissaient certainement bien les faits. Que dirent-ils ? D’après Marc 6:2, 3, ils étaient très étonnés à propos de Jésus. Ils déclarèrent : “N’est-ce pas là le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joset, de Jude et de Simon ? Et ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous ?” — Jérusalem.
À l’origine, ces paroles ont été écrites en grec. La question est donc la suivante : Comment les gens qui parlaient le grec ont-ils compris les mots grecs traduits par “frères” et “sœurs” ? La Nouvelle encyclopédie catholique (angl.; t. IX, p. 337) reconnaît : “Pour les contemporains de l’Évangéliste qui parlaient le grec, les mots grecs (...) utilisés pour définir les relations qui unissaient Jésus et ses parents avaient le sens de véritables frères et sœurs du même sang et étaient compris ainsi par ses lecteurs.”
Étant donné ce que dit la Bible sur le mariage, ne faut-il pas entendre les mots “frères” et “sœurs” au sens littéral plutôt que de prétendre qu’il s’agissait simplement de parents de Jésus, peut-être de cousins ? Si nous acceptons leur signification littérale, nous comprendrons que Marie a vécu sa vie comme une humble servante de Dieu en se conformant au dessein divin relatif au mariage.
Les Écritures s’opposent donc aux idées erronées sur les relations sexuelles dans le cadre du mariage. Les relations intimes entre conjoints ne sont pas impures. C’est le mariage blanc qui est contraire à l’esprit de la Parole de Dieu. L’enseignement selon lequel Marie serait toujours restée vierge déforme le dessein de Dieu concernant le mariage en faisant croire faussement qu’un mariage chaste est “saint”. Bien que Marie ait eu d’autres enfants, elle a néanmoins été bénie entre toutes les femmes en ce sens que Dieu lui a accordé le privilège unique de donner naissance à son Fils sur la terre.