La Bible enseigne-t-elle le salut universel ?
Pendant près de 1 900 ans des chrétiens de nom ont enseigné le salut universel. Et comme certaines religions orientales soutiennent que toutes les âmes parviennent, finalement, au “ nirvâna ”, on peut dire qu’aujourd’hui des centaines de millions d’hommes croient au salut universel et que cet enseignement remonte à des siècles avant Jésus-Christ. Mais la Bible, la Parole de Dieu, enseigne-t-elle le salut universel ?
BIEN que l’église connue sous le nom d’“ Église Universaliste ” ne remonte pas à plus de deux siècles, l’enseignement du salut universel naquit peu de temps après que le dernier des apôtres se fut endormi dans la mort, puisque certaines sectes l’enseignent dès l’an 130. En 195, un certain Clément d’Alexandrie l’enseigna et l’un de ses élèves, qui n’est autre qu’Origène, s’en fit le puissant défenseur. Il ne pouvait concevoir que Dieu torturât ses créatures dans un enfer de feu pendant toute l’éternité, et cela sans aucun résultat, et c’est ainsi qu’il prétendait que les tourments infernaux avaient une influence salutaire et qu’ils prendraient fin lorsqu’ils auraient réalisé leur but : “ Toutes les âmes, tous les êtres intelligents qui ont fait fausse route, seront donc rétablis tôt ou tard dans l’amitié de Dieu. L’évolution sera longue, infiniment longue dans certains cas, mais un temps viendra où Dieu sera tout en tous. ”
Bien que les théologiens catholiques, Augustin en particulier, aient fulminé contre l’origénisme, comme on l’appelait, le salut universel continua à avoir des défenseurs dans leur église ainsi que dans les autres organisations religieuses qui se prétendaient chrétiennes. Il fut enseigné par les Albigeois du onzième siècle, les Lollards du quatorzième, et, au quinzième siècle, par bon nombre des “ réformateurs avant la Réforme ”. Nombreux furent les membres du clergé excommuniés, exilés ou démis de leurs positions par les organisations religieuses à cause de l’enseignement du salut universel, à la fois dans les organisations catholiques et protestantes.
En Angleterre, pendant un temps, au cours du dix-septième siècle, le salut universel comptait parmi les hérésies passibles d’emprisonnement, d’autres “ hérésies ” étant punies de mort. Vers la même époque, aux États-Unis, dans la très religieuse colonie du Massachusetts, un certain John Gatchell fut condamné “ au pilori et à avoir sa langue tirée et transpercée par un fer brûlant ” pour avoir enseigné le salut universel.
Il semble que la plupart des défenseurs du salut universel avaient le cœur bien placé. L’un d’eux affirma : “ Le châtiment (tourments) éternel pour les méchants prouverait non la justice mais l’injustice de Dieu. ” Croyant que la Bible enseignait des tourments infernaux pour les méchants et l’immortalité de l’âme humaine, ils doutaient que ces tourments de l’enfer fussent éternels. L’un d’eux supposait qu’ils prendraient fin avec le grand jubilé, à la fin de 50 000 ans.
Parmi les textes bibliques dont se servait Origène pour appuyer le salut universel se trouvait I Corinthiens 15:25, 28 : “ Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds... alors le Fils lui-même sera soumis à celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous. ” Pour que Dieu pût être tout en tous, Origène pensait que toutes les créatures intelligentes devaient être finalement réconciliées avec Dieu.
Un autre texte cité pour appuyer le salut universel est Philippiens 2:10, 11 : “ Afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. ” On avance que, si tout genou doit fléchir et toute langue le confesser, il faut que tout ce qui vit soit finalement réconcilié avec Dieu.
Il y a encore Romains 5:18 : “ Ainsi donc, comme par une seule offense la condamnation a atteint tous les hommes, de même par un seul acte de justice la justification qui donne la vie s’étend à tous les hommes. ” Au sujet de ce texte, une publication universaliste de 1930 affirme : “ Le parallèle ici est parfait. L’offense unique d’Adam est neutralisée par l’acte de justice unique du Christ. L’acte d’Adam affecte toute l’humanité. Ainsi, l’œuvre du Christ doit en fin de compte justifier réellement toute l’humanité... Si l’offense d’Adam a seulement donné à chacun l’occasion de pécher, de sorte que certains deviennent pécheurs et d’autres pas, il nous faudrait dire alors que l’œuvre du Christ apporte la justification à tous à condition qu’ils l’acceptent. Mais nous devons reconnaître que l’homme n’a pas le choix de devenir pécheur, et il en sera de même pour ce qui concerne l’efficacité de l’œuvre du Christ. L’un et l’autre sont réels et universels. ”
LA POSITION DE LA BIBLE
La Bible prouve de la Genèse à l’Apocalypse que certains n’obtiendront pas le salut. Dieu déclara en condamnant Adam : “ Car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière. ” Cela signifie l’anéantissement, et non le salut. Il nous est dit de Sodome et de Gomorrhe qu’elles “ sont données en exemple, subissant ” un châtiment judiciaire éternel. Dans Apocalypse 21:8 nous lisons que la part des méchants sera dans “ l’étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort ”. Rien n’est dit au sujet d’une rédemption ou résurrection de cette seconde mort. — Gen. 3:19 ; Jude 7.
Oui, le Christ “ anéanti(ra) celui qui a la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable ”. Les méchants sont comme “ des vases de colère formés pour la perdition ”. Leur nom “ tombera en pourriture ”. Il est dit des “ boucs ” qu’ils s’en vont “ au retranchement éternel ”. D’après le dictionnaire, détruire signifie réduire à néant, faire cesser l’existence de, et destruction signifie extinction, extirpation, anéantissement. — Héb. 2:14 ; Rom. 9:22 ; Prov. 10:7 ; Mat. 25:46, NW.
Ceux qui croient au salut universel insistent sur la miséricorde de Dieu. Mais, en exerçant la miséricorde, Dieu ne méconnaît pas la justice, il fait un choix. “ Je fais miséricorde à qui je fais miséricorde. ” Il “ s’irrite tous les jours contre les méchants ”. Aux méchants volontaires qui méprisent ses réprimandes, il dit : “ Je rirai quand vous serez dans le malheur. ” — Ex. 33:19 ; Ps. 7:11, David Martin ; Prov. 1:24-32.
Il semble que, pour ceux qui soutiennent le salut universel, la principale difficulté vienne de ce qu’ils ont commis l’erreur d’édifier une fausse doctrine en s’efforçant d’harmoniser leurs croyances avec le Dieu d’amour. Incapables de concilier un Dieu d’amour avec un châtiment éternel sous la forme de tourments, ils ont donné aux tourments une durée limitée. Ils auraient dû supprimer ces derniers, mais laisser au châtiment une durée éternelle. L’anéantissement, l’extermination, l’extinction, sont un châtiment éternel, mais ils n’impliquent pas de souffrances éternelles conscientes et sont donc compatibles avec un Dieu d’amour.
La raison pour laquelle ils ont commis cette erreur est qu’ils s’attachèrent à l’enseignement erroné de l’immortalité de toutes les âmes. Croyant que toutes les créatures intelligentes, une fois venues à l’existence, doivent continuer à vivre éternellement, ils conclurent que, puisqu’on ne peut imaginer que Dieu les tourmente inutilement à jamais, toutes ces personnes seront finalement réconciliées avec Dieu.
Mais la Bible ne dit nulle part que l’immortalité est une qualité inhérente à toutes les âmes intelligentes. Au contraire, elle nous affirme que “ l’âme qui pèche, c’est celle qui mourra ”, qu’aucun homme ne “ pourra jamais arracher son âme à l’étreinte du schéol ”, ou tombe, que le Christ “ a livré son âme à la mort ”, et que des chrétiens recherchent maintenant l’incorruptibilité et seront revêtus d’immortalité à la résurrection. — Ézéch. 18:4 ; Ps. 89:49, Li 89:48, NW ; És. 53:12, Li ; Rom. 2:7 ; I Cor. 15:53, 54.
“ Le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. ” (Rom. 6:23). Si, tous, indifféremment, nous devions recevoir la vie, elle ne serait pas un don. Un don implique un choix. La Parole de Dieu montre l’alternative placée devant la créature, non pas de vivre dans le bonheur ou dans les tourments, mais de vivre ou de mourir. “ J’ai mis devant toi la vie et la mort. ” (Deut. 30:19). Si l’homme n’apprécie pas suffisamment la vie pour vivre en harmonie avec les lois justes de Dieu, alors, il la perd. Cela est sage et juste de la part de Dieu et conforme à son amour. De même qu’Adam et Ève n’apprécièrent pas la vie et retournèrent à la poussière, ainsi toutes les créatures intelligentes qui n’apprécient pas la vie auront pour destinée l’anéantissement.
Comme tous les méchants seront détruits au temps voulu par Dieu, il s’ensuit que tous ceux qui vivront alors se soumettront à Dieu et au Christ, de sorte que Dieu sera tout en tous ceux qui vivront. Alors, également, tout genou fléchira et toute langue confessera que le Christ est Seigneur, car les genoux et les langues des méchants auront été anéantis.
Mais que dire de l’argument selon lequel des textes comme celui de Romains 5:18 indiquent que, de même que l’homme, en héritant le péché, n’avait pas le choix, ainsi il n’aura pas d’autre alternative que d’hériter la vie, les deux étant automatiques pour ainsi dire ? Une telle conclusion est en contradiction avec la Parole de Dieu, de la Genèse jusqu’à l’Apocalypse, car sa Parole montre, à maintes reprises, que la vie dépend de la juste ligne de conduite suivie. La vie éternelle ne fut pas imposée à Adam ; elle fut rendue conditionnelle. Elle fut offerte comme un don. La vie éternelle ne sera pas non plus imposée à sa postérité. En outre, nous ne lisons nulle part que la mort est un don. C’est une pénalité inévitable une fois qu’on l’a méritée. — Ézéch. 18:31, 32.
Quant à Romains 5:18, la New World Translation fait clairement comprendre sa signification : “ Ainsi donc, comme par une seule faute la conséquence fut, pour les hommes de toutes sortes, la condamnation, de même, par un seul acte de justification, la conséquence est, pour les hommes de toutes sortes, qu’ils soient déclarés justes pour la vie. ” Maintes et maintes fois, lorsque le mot “ tous ” est employé dans les Écritures grecques, il ne veut pas dire littéralement “ tous ” mais “ toutes sortes ”. Nous trouvons un exemple de ce genre dans Actes 2:17. Là, selon la plupart des traductions, Dieu déclare : “ Je répandrai de mon esprit sur toute chair. ” Aujourd’hui, nous savons qu’à la Pentecôte, l’esprit de Dieu ne fut pas répandu littéralement sur toute chair, mais seulement sur relativement peu de personnes. Mais Dieu le répandit sur des fils et des filles, des jeunes gens et des vieillards, des esclaves, hommes et femmes. C’est pourquoi la New World Translation rend ce texte ainsi : “ Je répandrai une partie de mon esprit sur toute sorte de chair. ” Il en est de même pour I Timothée 2:3, 4 (NW) ; c’est la volonté de Dieu que “ des hommes de toutes sortes soient sauvés ”.
TORT CRÉÉ PAR CET ENSEIGNEMENT
L’enseignement selon lequel toutes les créatures intelligentes qui ont vécu seront finalement réconciliées avec Dieu peut-il faire du tort ? Oui, parce que, en premier lieu, il dérobe à Dieu la gloire d’être adoré par des créatures jouissant du libre arbitre. De plus, il rend vaine la question même pour laquelle Dieu a permis à l’humanité de subsister et à laquelle il prend le plus grand plaisir, à savoir : Des créatures intelligentes peuvent-elles garder leur intégrité en dépit de tout ce que Satan fait pour les détourner, par les tentations ou la persécution ? Pourquoi Jéhovah aurait-il dirigé l’attention de Satan sur la conduite intègre de Job si toute l’humanité et Satan lui-même étaient finalement réconciliés avec Dieu et obtenaient la vie éternelle ?
Le salut universel est un piège du Diable pour endormir la vigilance des chrétiens en leur promettant le salut, sans égard à ce qu’ils font ou ne font pas. Souvent il est adopté par ceux qui apprécièrent jadis la lumière de vérité que Dieu laisse aujourd’hui briller sur sa Parole mais qui, pour une raison ou pour une autre, se scandalisèrent et se séparèrent pour former leur propre et peu important mouvement. En souscrivant au salut universel, ces personnes, apparemment à leur insu, se font une place malgré l’abandon de leur intégrité. Mais, pour de telles personnes, il n’y a pas plus d’espoir de salut qu’il n’y en eut pour Judas que Jésus appela “ le fils de perdition ”. Comme Pierre et Paul le montrent l’un et l’autre, à propos de ceux qui ont été une fois éclairés et sont tombés, “ il est impossible (qu’ils) soient renouvelés encore à la repentance ”. — Jean 17:12 ; Héb. 6:4-6, Da ; II Pi. 2:4-22.
Bien que de nombreux soi-disant chrétiens bien intentionnés, du deuxième au vingtième siècle de notre ère, aient enseigné le salut universel, la Bible ne l’enseigne pas. Dieu est amour, mais il est juste aussi. Dans son amour, il offre la vie éternelle à ceux qui remplissent ses conditions, et, dans sa justice, il a décrété que ceux qui méprisent son don méritent la mort éternelle.