Le canevas du jugement
“C’est là un signe du juste jugement de Dieu, qui fera que vous serez estimés dignes du royaume de Dieu, pour lequel vous souffrez vraiment.” — II Thess. 1:5.
1. Quels contrastes marquèrent le ministère de Jean-Baptiste ?
JEAN-BAPTISTE commença son ministère en prêchant : “Repentez-vous, car le royaume des cieux s’est approché.” Sans perdre de temps, il rassembla autour de lui des disciples, qui prirent part aux joies de son ministère ; il les prépara à être “dignes du royaume de Dieu”. Parallèlement, il disait aux chefs religieux indignes qu’un temps de jugement était imminent, que “déjà la cognée se trouve à la racine des arbres”, et que celui qui vient “recueillera son blé dans le magasin, mais il brûlera la balle au feu qui ne peut s’éteindre”. — Mat. 3:1, 2, 7-12 ; II Thess. 1:5.
2. Qu’entendons-nous par canevas du jugement, et comment Jésus commença-t-il ce canevas au cours de son ministère ?
2 Aussitôt que Jésus, celui qui devait venir, apprit l’arrestation de Jean, il se mit à prêcher le même message : “Repentez-vous, car le royaume des cieux s’est approché.” (Mat. 4:12, 17). Il commençait ainsi à remplir le canevas du jugement, à broder un motif harmonieux suivant un dessin bien arrêté et devant servir de modèle. Le premier fil, à savoir le facteur temps, qui est de toute première importance, fut tiré dans le canevas par la prédication du message du Royaume. C’est ce que fit ressortir Jésus dans cette déclaration qui l’amena à donner l’image de l’homme riche et de Lazare : “La Loi et les Prophètes furent jusqu’à Jean. Depuis lors le royaume de Dieu est déclaré comme bonne nouvelle.” — Luc 16:16.
3. Selon Luc 16:17, 18, quels sont les deux fils utilisés ensuite par Jésus ?
3 Jésus se servit ensuite de deux autres fils. Il déclara tout d’abord ceci : “En fait, il est plus facile que le ciel et la terre passent qu’un seul menu trait de lettre de la Loi ne reste inaccompli.” Puis il ajouta : “Quiconque divorce d’avec sa femme et en épouse une autre commet un adultère, et celui qui épouse une femme divorcée d’avec son mari commet un adultère.” (Luc 16:17, 18). Il est peu probable que ses auditeurs aient saisi le rapport existant entre ces deux déclarations. En fait, ce ne fut pas avant que la congrégation chrétienne ait été en possession des écrits de l’apôtre Paul que la situation s’éclaircit. À la lumière de ces écrits, nous pouvons aujourd’hui examiner ces deux fils et apprécier le but dans lequel ils ont été utilisés.
4. De quelle façon Jésus accomplit-il la Loi, conduisant à quelles réalités ?
4 Non seulement Jésus observa la Loi en obéissant parfaitement à ses exigences, mais encore il l’accomplit. Il déclara d’ailleurs à ce sujet : “Je suis venu, non pour détruire, mais pour accomplir.” Il ajouta en outre que jusqu’à “la plus petite lettre (...) toutes les choses [doivent être] accomplies”. (Mat. 5:17, 18.) Paul écrivit que la Loi était “une ombre [ou “représentation typique”] des choses à venir, mais la réalité appartient au Christ”. (Col. 2:17 ; Héb. 8:5 ; 10:1.) De par sa vie et sa mort sacrificielle, Jésus fit s’accomplir les grandes réalités. L’une des principales dispositions prévues par la Loi étaient les sacrifices pour les péchés, et particulièrement ceux du jour des Propitiations. Cependant, ces sacrifices d’animaux ne pouvaient jamais enlever complètement les péchés. Mais cet homme [Jésus] a offert un seul sacrifice pour les péchés, perpétuellement, en livrant à la mort sa vie humaine parfaite (Héb. 10:11, 12). Sa mort posa le fondement de grands changements, et grâce à elle, de nombreux bienfaits sont accordés à ceux qui y ont foi, à commencer par les membres juifs de la classe de “Lazare”. Jésus ayant satisfait aux exigences de l’ancienne alliance, celle de la Loi, l’apôtre Paul dit alors que celle-ci fut ôtée du chemin et clouée au poteau de torture sur lequel Jésus mourut (Col. 2:14). Mais quel rapport y a-t-il avec le fil suivant, à savoir la remarque de Jésus relative au divorce et à l’adultère ?
5. Par quelle image Paul montre-t-il que certains étaient “affranchis” de la Loi ?
5 S’étant “offert lui-même sans tache à Dieu” et d’une manière acceptable, Jésus fut fait “médiateur d’une nouvelle alliance”. (Héb. 9:14, 15.) Paul explique qu’auparavant, les Juifs étaient liés à l’alliance de la Loi, de même qu’une “femme mariée est liée par la loi à son mari pendant qu’il est en vie (...). Mais si son mari meurt, elle est libérée de sa loi, si bien qu’elle n’est pas adultère si elle devient la femme d’un autre homme. Ainsi, mes frères, vous aussi vous avez été mis à mort à l’égard de la Loi par le corps du Christ, pour être à un autre, à celui qui a été ressuscité d’entre les morts, pour que nous portions du fruit pour Dieu”. Paul s’adressait ici à ses frères de la classe de “Lazare”, et ils étaient les seuls à être “affranchis de la Loi”. — Rom. 7:1-6.
6. Quel critère Jésus énonça-t-il relativement au divorce et comment cela affecterait-il les Pharisiens ?
6 Par contre, les paroles de Jésus relatives au divorce et à l’adultère s’adressaient tout d’abord aux Pharisiens, membres de la classe de “l’homme riche”. Ils n’étaient pas affranchis de la Loi. Certes la Loi renfermait une clause sur le divorce, selon laquelle un homme pouvait posséder plus d’une femme en vie, mais Jésus se référa au modèle originel pour tous ceux qui auraient la faveur divine dans la nouvelle alliance, ou sous celle-ci. Pour Adam et Ève, le divorce n’était pas prévu. En conséquence, un chrétien commettrait l’adultère s’il divorçait d’avec son conjoint pour des raisons autres que l’infidélité sexuelle, et se remariait alors que son compagnon divorcé est toujours en vie. Aussi, les remarques de Jésus aux Pharisiens, qui s’en remettaient pour cette question aux traditions et aux enseignements du Talmud non encore rédigé, ne feraient que les irriter. Cela faisait partie de leur tourment. — Deut. 24:1-4 ; Mat. 19:3-9.
7. Comment Jésus annonça-t-il d’avance les bienfaits qui découleraient de sa mort ?
7 Ainsi prend forme le canevas du jugement. Gardons toutefois présent à l’esprit que les changements garantis par la mort de Jésus commencèrent à prendre effet avant que Jésus ne mourût. Le message et l’activité de Jean-Baptiste et de Jésus reposaient en toute bonne foi sur l’assurance que Jésus accomplirait tout ce qui avait été prédit et préfiguré dans la Loi et dans les Prophètes. Témoin le fait que lorsque Jésus institua le mémorial de sa mort la nuit précédant sa mise au poteau, il passa la coupe à ses disciples en disant : “Cette coupe signifie la nouvelle alliance en vertu de mon sang, qui doit être versé pour vous. (...) Et je fais une alliance avec vous, tout comme mon Père a fait une alliance avec moi, pour un royaume.” — Luc 22:20, 29.
8. Que produisit la déclaration du message du Royaume faite par Jésus ?
8 Non, il ne fallait pas attendre pour que ces changements aient lieu. La déclaration de la bonne nouvelle du Royaume commença à produire un renversement total dans la situation des deux classes que nous venons de considérer. À partir de ce moment-là, les deux classes moururent quant à leur ancienne condition, comme cela est démontré, dans la parabole de Jésus, par la mort de Lazare et de l’homme riche. À la mort de Jésus, et en accomplissement de la Loi mosaïque, la classe de “Lazare” mourut pour ce qui était de cette Loi, et à la Pentecôte qui suivit, il fut attesté, grâce à l’effusion de l’esprit saint, qu’elle se trouvait à la place près du sein du Grand Abraham. Suivant la description de Jésus, que se produisit-il ensuite, et qu’est-ce que cela signifiait ? C’est ce que nous examinerons avec intérêt.
ABRAHAM, LE PERSONNAGE IMPORTANT
9, 10. a) Quel personnage important Jésus introduisit-il dans son image ? b) Comment les Pharisiens considéraient-ils leurs relations avec Abraham ? c) En quoi avaient-ils raison dans leurs conclusions, et en quoi faisaient-ils erreur ?
9 Représentez-vous la scène. Tourmenté dans le Hadès, l’homme riche lève les yeux, et que voit-il ? Il aperçoit au loin cet ancien mendiant à la place près du sein d’Abraham, position de faveur qu’occupait sur le divan une personne allongée à côté de l’hôte lors d’un repas aux temps bibliques (Luc 16:23 ; voir aussi Jean 13:23). Introduire Abraham dans l’image était une chose très significative ; on ajoutait ainsi au canevas du jugement le fil le plus important. Qui Abraham représente-t-il ? Souvenons-nous que Jésus s’adressait directement aux Pharisiens. Ceux-ci prétendaient qu’en leur qualité de chefs religieux, ils étaient les seuls à avoir droit à la place près du sein d’Abraham. À leurs yeux, le peuple n’entrait pas du tout en ligne de compte. Ces chefs n’avaient-ils pas dit à Jésus au cours d’une précédente conversation avec lui : “Nous sommes la descendance d’Abraham”, puis : “Notre père est Abraham”, et enfin : “Nous avons un seul Père, Dieu” ? — Jean 8:33, 39, 41.
10 Ces propos nous montrent que les Pharisiens considéraient Abraham comme représentant Dieu. En cela ils avaient raison. Cependant, là où ils faisaient erreur, c’est quand ils se prétendaient être les fils soit de Dieu ou d’Abraham. Aux regards de Dieu, ces liens ne sont pas déterminés par la descendance charnelle, mais par la disposition du cœur et par les œuvres. C’est ce que Jésus leur dit en cette occasion : “Si vous êtes les enfants d’Abraham, faites les œuvres d’Abraham.” Il ajouta encore : “Vous venez de votre père le Diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Celui-ci fut un homicide quand il commença.” — Jean 8:39, 44.
11. Pourquoi la foi était-elle essentielle pour accepter Jésus comme le Messie ?
11 Bien que cela explique pourquoi Jésus représente l’homme riche de jadis comme étant éloigné d’Abraham, nous pouvons nous demander pour quelle raison il est dit qu’après sa mort, Lazare fut emmené directement à la place près du sein d’Abraham (Luc 16:22). L’accent est mis sur la foi. Jésus vint non à la manière d’un roi, comme ses contemporains se l’imaginaient, mais “dans la ressemblance de la chair pécheresse”, “semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie”. (Rom. 8:3 ; És. 53:7.) Il fallait vraiment avoir la foi pour l’accepter comme Messie. Quelques-uns, non les orgueilleux, mais les humbles, exercèrent une telle foi. Ils commencèrent à marcher avec foi, à l’exemple d’Abraham qui “s’en alla [de son propre pays], ne sachant où il allait”. (Héb. 11:8.) Ils furent disciples de Jésus, et plus tard, quand ils reçurent le saint esprit à la Pentecôte, ils devinrent chrétiens. Paul écrivit à leur sujet : “Car tous ceux qui sont conduits par l’esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. (...) L’esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu.” — Rom. 8:14-16.
12. Comment ceux qui adhérèrent à la foi furent-ils encore bénis ?
12 Paul déclara en outre à leur sujet : “Ceux qui adhèrent à la foi sont ceux qui sont fils d’Abraham. (...) [Et ils] sont bénis avec le fidèle Abraham.” Comment cela ? À Abraham l’importante promesse avait été faite selon laquelle par sa postérité ‘toutes les familles de la terre se béniraient’. Cette postérité est tout d’abord Jésus-Christ. Toutefois, grâce aux richesses de la bonté imméritée de Dieu, d’autres ont le privilège d’être associés à Jésus-Christ, en tant que partie de cette postérité. C’est ce que Paul déclara de nouveau en disant : “Vous êtes tous, en fait, fils de Dieu par votre foi en Christ Jésus. (...) De plus, si vous appartenez à Christ, vous êtes vraiment la postérité d’Abraham, héritiers relativement à une promesse.” — Gal. 3:7-9, 16, 26-29 ; Gen. 22:18, Jé.
13. a) Qui furent les premiers membres de la classe de “Lazare” ? b) De quelle façon Jean et Jésus agirent-ils comme des anges à leur égard ?
13 En résumé, nous voyons donc que les membres de la congrégation chrétienne, dirigés par l’esprit de Dieu, sont fils de Dieu. Il est également dit d’eux qu’ils sont fils d’Abraham, parce que leur foi est semblable à la sienne et qu’avec Jésus-Christ ils constituent la postérité d’Abraham, l’instrument dont Dieu se sert pour réaliser son dessein relatif à son Royaume. Ils forment la classe de Lazare, à commencer par ceux des Juifs qui furent conscients de leurs besoins spirituels et exercèrent la foi lorsqu’ils entendirent les messagers de Dieu, Jean-Baptiste et Jésus-Christ. En fait, Jean et Jésus agirent comme des anges, ou messagers, en rassemblant ces Juifs, afin qu’ils reçoivent les grandes bénédictions qui découlent de la promesse que Dieu fit sous serment à Abraham et à sa postérité. Nous comprenons donc maintenant pourquoi Jésus représenta Lazare comme étant emporté directement “par les anges à la place près du sein d’Abraham”. — Luc 16:22.
14. Qu’est-ce qui indiquait que nombre de non-Juifs entreraient dans la faveur divine ?
14 Bien qu’au début la classe de “Lazare” ne se composât que de Juifs fidèles, les choses ne restèrent pas dans cet état. À un Gentil, un officier qui manifestait une foi inhabituelle, Jésus dit : “Mais je vous dis que beaucoup viendront des régions d’Orient et des régions d’Occident et s’étendront à table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux ; tandis que les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors. C’est là qu’il y aura leurs pleurs et leurs grincements de dents.” (Mat. 8:5-12). Ces paroles laissaient entendre que nombre de non-Juifs, jusqu’ici éloignés de Dieu et dans une condition de mendiant, viendraient de partout et seraient emportés dans le sein de la faveur divine. Paul déclara d’ailleurs : “Or, l’Écriture, voyant à l’avance que Dieu déclarerait justes, par suite de la foi, des gens des nations, déclara à l’avance la bonne nouvelle à Abraham, à savoir : ‘Par ton moyen toutes les nations seront bénies.’” (Gal. 3:8). Quant à ceux qui croyaient qu’en leur qualité de fils charnels d’Abraham ils étaient les héritiers indiscutés de toutes les positions-clés dans le Royaume de Dieu, ils se verraient rejetés et tourmentés.
15. Quelle excellente image de la Théocratie Jésus donna-t-il dans Matthieu 8:11 ?
15 L’association d’Isaac et de Jacob avec Abraham dans ce passage fournit une excellente image du Royaume, de la Théocratie, dans sa plénitude. Abraham, le père de ceux qui ont la foi, représente le Père céleste, Jéhovah, la vraie source de toutes les bénédictions accordées aux nations. Isaac, le fils d’Abraham, représente Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Ainsi, quand Abraham offrit ou était sur le point d’offrir son fils Isaac en sacrifice sur le mont Morija, il symbolisait Jéhovah offrant vraiment en sacrifice son Fils unique, Jésus-Christ. En revanche, Jacob, fils d’Isaac, représente la congrégation chrétienne. Tout comme Jacob reçut la vie d’Abraham par l’entremise d’Isaac, de même, la congrégation chrétienne reçoit la vie spirituelle de Jéhovah par Jésus-Christ. Cette congrégation ne comprenait au début qu’un reste de Juifs fidèles, mais environ trois ans et demi après la Pentecôte, la bonne nouvelle du Royaume commença à être prêchée aux Gentils, et tout d’abord à Corneille. Depuis lors, les hommes des nations sont venus de toutes parts, afin d’en compléter le nombre. Tous ceux-là constituent la classe de “Lazare”.
LES “DÉCISIONS JUDICIAIRES” DE DIEU, “UN GRAND GOUFFRE”
16. Comment les requêtes faites par l’homme riche manifestaient-elles ses intentions réelles à l’égard de Lazare, et quelle attitude révélaient-elles ?
16 Nous découvrirons d’autres expressions du jugement de Dieu, en nous concentrant sur la dernière partie de l’image de Jésus, qui a trait à la discussion entre l’homme riche et Abraham. Notez les deux requêtes faites par l’homme riche. Tout d’abord, il demande à ce que Lazare vienne lui rafraîchir la langue avec une goutte d’eau, à cause du feu. N’ayant pas obtenu satisfaction, il demande alors que Lazare soit envoyé auprès de ses cinq frères, afin de leur faire connaître ce lieu de tourment (Luc 16:24-28). Il fait tout ce qu’il peut pour que Lazare quitte la place près du sein d’Abraham et soit tenu éloigné. Pourquoi ne demande-t-il pas à ce que des anges soient envoyés pour accomplir ces missions de miséricorde, puisqu’ils avaient emporté si promptement Lazare dans le sein d’Abraham ? Non, c’est Lazare qui devait courir çà et là et servir de messager. D’après la description que Jésus fit de l’homme riche, nous en déduisons aisément que si Lazare avait vraiment visité cet homme et mis son doigt dans sa bouche, afin de lui rafraîchir la langue avec une goutte d’eau, le riche se serait emparé de son doigt et aurait gardé Lazare en ce lieu. Il est de fait que selon Jésus, les scribes et les Pharisiens déployaient tous leurs efforts pour “faire un prosélyte” et quand il l’était devenu, ils en ‘faisaient un sujet de la Géhenne deux fois plus qu’eux’. — Mat. 23:15.
17. Comment et pourquoi les chefs religieux cherchaient-ils à être délivrés de la classe de “Lazare” ?
17 Combien il est ridicule de croire que ces choses se sont passées dans la réalité ! Elles correspondent cependant aux faits, puisque nous connaissons les classes que Jésus avaient présentes à l’esprit. Aussi convient-il de poser cette question : Comment les conducteurs religieux auraient-ils pu être soulagés par une seule goutte d’eau apportée par la classe de “Lazare” ? Ces hommes n’auraient pas été tourmentés à ce point si les disciples de Jésus, que l’on méprisait, s’étaient contentés de le suivre sans rien dire. Mais au lieu de cela, ils furent formés et envoyés, d’abord les douze et ensuite soixante-dix autres. C’étaient eux, et non les chefs religieux, qui agissaient maintenant en qualité de postérité d’Abraham, transmettant les bénédictions déversées du ciel, guérissant les malades et prêchant le Royaume de Dieu (Luc 9:1, 2 ; 10:1, 9). Puis ce fut la Pentecôte, et environ 120 disciples reçurent, grâce au saint esprit, le pouvoir de parler en langues ; avant la fin de la journée, 3 000 autres personnes venaient s’ajouter à leur nombre. Avec quelle hardiesse ils parlaient ! Tant publiquement que devant le Sanhédrin, l’apôtre Pierre et d’autres, tel Étienne, n’ont jamais hésité à dénoncer la responsabilité de ces chefs ainsi que la dette de sang qu’ils avaient contractée (Actes 2:23 ; 3:14, 17 ; 4:10 ; 5:30 ; 7:52). Comme descendants charnels d’Abraham, les membres de la classe de “l’homme riche” dirent figurément parlant : ‘Père Abraham, aie pitié de nous’ et fais plutôt prononcer en notre faveur par cette classe de “Lazare” ne serait-ce qu’une parole ! Que répondit Abraham ?
18. Comment la réponse d’Abraham représente-t-elle avec juste raison les deux côtés du canevas du jugement ?
18 Les premières paroles d’Abraham exposèrent simplement les faits : “Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu pleinement tes bonnes choses dans ta vie, mais Lazare de même les mauvaises choses. Maintenant donc il trouve consolation ici mais toi, tu es dans l’angoisse.” (Luc 16:25). Aucune parole ne fut gaspillée en faveur de l’homme riche. Pourquoi cela ? Parce que Jésus savait qu’il agissait en tant que serviteur de Dieu, à une époque d’inspection. Il était en vérité la postérité d’Abraham, et quiconque maudirait cette postérité serait condamné par Dieu (Gen. 12:3). En tant que classe, “l’homme riche” avait eu son temps, quand il ‘avait reçu pleinement des bonnes choses dans sa vie’, choses qu’il aurait pu facilement dispenser à ceux qui étaient dans le besoin. Mais cette classe montra que telles n’avaient jamais été ses intentions, et maintenant le jugement adverse de Dieu la frappait. De la même manière, le jugement favorable de Dieu était rendu à propos de la classe de “Lazare”. Ce fut là le canevas du jugement, semblable à un dessin dont les motifs sont bien équilibrés. Un gros trait droit est tracé de haut en bas de l’image, pour souligner le “grand gouffre” qui sépare les deux motifs. Notez maintenant les paroles qu’Abraham adressa ensuite à l’homme riche.
19. Quelle signification revêtait le “grand gouffre”, et quelles en étaient les conséquences ?
19 “Et outre toutes ces choses, un grand gouffre a été fixé entre nous et vous, pour que ceux qui veulent aller d’ici vers vous ne le puissent, et qu’on ne traverse pas non plus de là-bas vers nous.” (Luc 16:26). Il ne devait y avoir aucune fraternité ! La classe de “Lazare” ne pourrait faire aucun compromis et parler de paix avec la classe de “l’homme riche”. Jésus comprenait que c’était un fil de toute première importance dans le canevas du jugement, et que les “jugements [décisions judiciaires, NW] [de Dieu] sont comme le grand abîme”. (Ps. 36:7 36:6, NW.) Remarquez bien que le jugement n’était final qu’en ce qui concerne les classes. Ni l’une ni l’autre classe, ni aucune des autres qui les soutenaient ne pouvaient franchir le gouffre ; par contre les individus en avaient la possibilité et c’est ce qu’ils firent durant leur vie. L’apôtre Paul en fut un exemple notoire ; en effet, quand il était “jadis dans le judaïsme”, il persécutait cruellement la classe de “Lazare”. (Gal. 1:13-17.) Jean-Baptiste qualifia les Pharisiens et les Sadducéens de “descendance de vipères”, et dit : “Produisez donc du fruit qui convienne à la repentance.” C’est ce que firent certains d’entre eux par la suite. — Mat. 3:7, 8 ; Actes 6:7.
20. Quelle nouvelle requête l’homme riche formula-t-il, et comment cela eut-il un accomplissement à l’époque de Jésus ?
20 Connaissant l’attitude mentale de la classe de “l’homme riche”, Jésus ajouta un autre argument à son image, argument suggéré par l’attitude de l’homme riche. Feignant d’ignorer le gouffre ou essayant de le franchir, il réclame : “En ce cas je te demande, père, de l’envoyer [Lazare] dans la maison de mon père, car j’ai cinq frères, afin qu’il leur rende un témoignage complet, pour qu’ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de tourment.” (Luc 16:27, 28). Notez que tout en s’adressant à Abraham comme à un père, il parle d’un autre père qui lui est plus proche, et dans la maison duquel il a cinq frères. Jésus connaissait l’édifice religieux du judaïsme, construit sur les traditions des hommes, et auquel appartenaient les chefs religieux. C’est cette maison qui incitait à la persécution cruelle, voire même au meurtre. Le père de cet édifice, le Diable, “est menteur”. (Jean 8:44.) Les cinq frères (avec l’homme riche cela fait six, symbole de l’organisation du Diable) représentaient tous les admirateurs et les partisans des chefs religieux qui manifestaient le même esprit qu’eux. Ces chefs cherchaient à ne plus être dénoncés, non seulement à leurs propres yeux, mais encore aux regards de leurs partisans. Si ces derniers, c’est-à-dire leurs frères, devaient mourir figurément parlant, et se trouver dans le même lieu, cela ne ferait qu’augmenter leur tourment. Ainsi, ces chefs désiraient que la classe de “Lazare” abandonne la position qu’elle occupait dans la faveur divine pour rendre “un témoignage complet”, ils ne voulaient pas qu’elle annonce un message de jugement, mais un témoignage qui laisserait entendre que les choses existant avant la période d’inspection, au temps où eux-mêmes et leurs partisans n’étaient pas tourmentés, seraient restaurées.
21. Quelle était la portée de la réponse d’Abraham ?
21 Serait-ce possible ? Quelle fut la réponse d’Abraham ? “Mais Abraham dit : ‘Ils ont Moïse et les Prophètes ; qu’ils écoutent ceux-ci.’” (Luc 16:29). Rien d’autre et rien de moins que la Parole de vérité ! Ce fut uniquement à l’aide de cette autorité que Jésus parlait au peuple et à ses dirigeants, et qu’il adressait le message de jugement qui concernait cette époque. La classe de “Lazare” l’imita dans ce domaine. Par exemple, le message puissant et vibrant que Pierre annonça le jour de la Pentecôte était entièrement basé sur des citations des Écritures hébraïques, à savoir Moïse (la Loi), les Prophètes et les Psaumes. Le fait que trois mille personnes, dont beaucoup appartenaient jadis au judaïsme, y répondirent immédiatement et furent baptisées, prouve que les Écritures hébraïques constituaient en elles-mêmes un avertissement suffisant et un guide pour ceux qui étaient disposés à écouter. — Actes 2:41.
22. a) Quelle fut la dernière requête de l’homme riche ? b) Qu’est-ce qui l’incita à la faire, et que répondit Jésus quand un signe lui fut demandé ?
22 Mais l’homme riche ne s’arrêta pas là. Se montrant sous son vrai jour et s’opposant directement à Abraham, il dit : “Non, certes, père Abraham, mais si quelqu’un de chez les morts va vers eux ils se repentiront.” (Luc 16:30). En d’autres termes, il demandait un signe grandiose, quelqu’un qui se lèverait d’entre les morts, signe qu’il présentait comme une chose indispensable. Ainsi il serait inutile de prêcher d’après les Écritures ou de dénoncer les traditions du judaïsme. Plus d’une fois les Pharisiens et les autres chefs religieux demandèrent à Jésus “de leur montrer un signe du ciel”, mais celui-ci leur répondit : “Une génération méchante et adultère cherche sans cesse un signe, mais il ne lui sera donné d’autre signe que le signe de Jonas.” Jonas fut un signe suffisant pour les Ninivites qui, selon Jésus, “se repentirent à la prédication de Jonas, mais, voici, il y a ici quelque chose de plus que Jonas”. (Mat. 16:1-4 ; 12:38-41.) Jésus prêcha avec bien plus d’autorité et d’arguments probants que Jonas, mais le résultat fut celui que Jésus avait prédit : “À moins que vous ne voyiez des signes et des prodiges, vous ne croyez en aucune façon.” — Jean 4:48.
23. Comment les dernières paroles d’Abraham étaient-elles appropriées et conformes aux faits ?
23 Conformément à ces paroles, Abraham répondit à l’homme riche en ces termes : “S’ils n’écoutent pas Moïse et les Prophètes, ils ne seront pas non plus persuadés si quelqu’un se lève d’entre les morts.” (Luc 16:31). Telle fut l’expression finale du jugement prononcé contre la classe représentée par l’homme riche et ses frères. S’ils fermaient l’oreille au message biblique de Dieu, ils ne verraient pas davantage le messager de Dieu, que ce fût Jésus ou la classe de “Lazare”. Jésus leur dit d’ailleurs : “Vous cherchez dans les Écritures, (...) qui rendent témoignage sur moi. (...) En fait, si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car celui-ci a écrit de moi. Mais si vous ne croyez pas les écrits de celui-ci, comment croirez-vous mes paroles ?” — Jean 5:39, 46, 47.
24. Quel avertissement et quel encouragement contient l’expression finale du jugement renfermée dans cette parabole ?
24 La parabole de Jésus s’acheva par un puissant jugement, aussi net que ce “grand gouffre”. Il révélait les justes “décisions judiciaires” de Dieu, favorables et défavorables. Ce jugement était défavorable pour la maison tout entière de ceux qui avaient “entendu avec ennui” et “fermé les yeux, pour qu’ils ne voient pas, (...) ni n’en saisissent le sens de leur cœur et ne reviennent”. (Mat. 13:15.) Mais grâces soient rendues à Dieu ! L’expression finale de ce jugement était totalement en faveur de la classe de “Lazare”. Rien ne rendrait nécessaire ni ne justifierait l’abandon de sa place dans la faveur divine, laquelle offre le réconfort ainsi que l’occasion d’avoir part au festin préparé par Jéhovah.
25. Quelles questions nous viennent donc à l’esprit relativement à notre époque ?
25 Pouvons-nous établir des parallèles et reconnaître de nos jours les traits caractéristiques des motifs du jugement ? La parabole de Jésus renferme-t-elle un message précis pour nous ? Distinguons-nous deux classes mises en opposition et voyons-nous de nos yeux un grand changement, un renversement de situation ? Recevons-nous personnellement de l’aide, afin de savoir ce que nous devons faire pour trouver les vraies richesses grâce au jugement favorable de Dieu ?