SAGESSE
Au sens biblique, la sagesse s’identifie surtout au bon jugement, fondé sur la connaissance et l’intelligence ; c’est la capacité d’utiliser efficacement la connaissance et l’intelligence pour résoudre des problèmes, éviter ou prévenir des dangers, atteindre certains objectifs, ou conseiller autrui dans ce sens. C’est le contraire de la sottise, de la stupidité et de la folie, avec lesquelles elle est souvent mise en contraste. — Dt 32:6 ; Pr 11:29 ; Ec 6:8.
Les principaux termes signifiant sagesse sont l’hébreu ḥokhmah (verbe : ḥakham) et le grec sophia, ainsi que leurs dérivés. Sont aussi à mentionner l’hébreu toushiyah, qui peut se traduire par “ action efficace ” ou “ sagesse pratique ”, et les vocables grecs phronimôs et phronêsis (de phrên, l’“ intelligence ”), lesquels ont trait au “ bon sens ”, à la “ prudence ” ou à la “ sagesse pratique ”.
La sagesse suppose une certaine largeur de connaissance et une certaine profondeur d’intelligence, dont découle le jugement sain et clair qui caractérise la sagesse. L’homme sage ‘ conserve avec soin la connaissance ’, et elle constitue pour lui un fonds dans lequel il puise (Pr 10:14). Même si “ la sagesse est la chose principale ”, on trouve toutefois le conseil suivant : “ Avec tout ce que tu acquiers, acquiers l’intelligence. ” (Pr 4:5-7). L’intelligence (terme large qui englobe souvent le discernement) ajoute de la force à la sagesse, contribuant grandement à la prudence et à la prévoyance, également des aspects notables de la sagesse. La prudence peut se traduire par de la circonspection, de la maîtrise de soi, de la modération et de la retenue. Ainsi, l’“ homme avisé [forme de phronimos] ” construit sa maison sur le roc, car il envisage la possibilité d’une tempête ; l’homme sot bâtit la sienne sur le sable et essuie un désastre. — Mt 7:24-27.
L’intelligence renforce la sagesse d’autres façons encore. Par exemple, quelqu’un obéit à un certain commandement de Dieu parce qu’il est conscient du bien-fondé d’une telle obéissance, et, en cela, il fait preuve de sagesse. Toutefois, s’il acquiert une réelle intelligence ou compréhension de la raison de ce commandement, du but louable qu’il sert et des bienfaits qui en découlent, sa détermination de cœur à persévérer dans cette voie sage est puissamment renforcée (Pr 14:33). Proverbes 21:11 dit que “ quand on donne de la perspicacité au sage, il acquiert de la connaissance ”. Le sage apprécie tout renseignement qui lui donne une vision plus claire des circonstances, des causes et du contexte sous-jacents à une difficulté. Ce faisant, il “ acquiert de la connaissance ” quant à ce qu’il doit faire concernant l’affaire, il sait quelles conclusions tirer et ce qu’il faut pour résoudre le problème. — Voir Pr 9:9 ; Ec 7:25 ; 8:1 ; Éz 28:3 ; voir PERSPICACITÉ.
La sagesse divine. La sagesse au sens absolu réside en Jéhovah Dieu, le “ seul sage ” en ce sens (Rm 16:27 ; Ré 7:12). Avoir la connaissance, c’est être au courant des faits, et parce que Jéhovah est le Créateur, Celui qui est “ depuis des temps indéfinis et pour des temps indéfinis ” (Ps 90:1, 2), il connaît tout ce qu’il faut connaître de l’univers, de sa structure, de son contenu et de son histoire jusqu’à présent. Il est l’Auteur des lois physiques, des cycles et des principes sur lesquels les hommes fondent leurs recherches et leurs inventions, et sans lesquels ils seraient désemparés et n’auraient rien de solide sur quoi construire (Jb 38:34-38 ; Ps 104:24 ; Pr 3:19 ; Jr 10:12, 13). Logiquement, ses normes morales sont encore plus essentielles aux humains pour avoir la stabilité, un bon jugement, et pour réussir leur vie (Dt 32:4-6 ; voir JÉHOVAH [Un Dieu qui a des normes morales]). Rien ne dépasse son intelligence (Is 40:13, 14). Même si parfois il laisse apparaître, voire prospérer pendant un certain temps, des choses contraires à ses principes justes, l’avenir reste en son pouvoir et finira par être totalement conforme à sa volonté ; et les choses qu’il a énoncées ‘ auront à coup sûr du succès ’. — Is 55:8-11 ; 46:9-11.
Pour toutes ces raisons, il est manifeste que “ la crainte de Jéhovah est le début de la sagesse ”. (Pr 9:10.) “ Qui ne te craindrait, ô Roi des nations, car à toi cela convient ; parce que, parmi tous les sages des nations et parmi toutes leurs royautés, nul n’est comme toi, à aucun égard. ” (Jr 10:7). “ Il est sage de cœur et robuste en force. Qui peut s’obstiner contre lui et en sortir indemne ? ” (Jb 9:4 ; Pr 14:16). Du fait de sa puissance, il peut intervenir à volonté dans les affaires humaines, manœuvrant les dirigeants ou les écartant, faisant que ses révélations prophétiques s’avèrent infaillibles (Dn 2:20-23). Le récit biblique expose les efforts futiles de rois puissants, entourés de conseillers astucieux, qui voulurent opposer leur sagesse à Dieu, et il fait ressortir de quelle façon Dieu défendit triomphalement ses serviteurs qui proclamaient fidèlement son message. — Is 31:2 ; 44:25-28 ; voir aussi Jb 12:12, 13.
“ La sagesse de Dieu en un saint secret. ” La rébellion qui éclata en Éden mit à l’épreuve la sagesse de Dieu. Le moyen sage par lequel le Créateur mettrait fin à cette rébellion — en effacerait les effets et rétablirait la paix, l’harmonie et l’ordre dans sa famille universelle — constituait “ un saint secret, la sagesse cachée, que Dieu, avant les systèmes de choses [c’est-à-dire les systèmes apparus au cours de l’histoire de l’homme en dehors d’Éden], a d’avance destinée pour notre gloire ”. (1Co 2:7.) Les grandes lignes de ce saint secret transparurent, au fil des siècles, dans les manières d’agir de Dieu envers ses serviteurs fidèles et dans les promesses qu’il leur fit ; ce saint secret fut préfiguré et symbolisé dans l’alliance de la Loi avec Israël, avec sa prêtrise et ses sacrifices, et fut annoncé dans maintes prophéties et visions.
Finalement, après plus de 4 000 ans, la sagesse de ce saint secret fut révélée en Jésus Christ (Col 1:26-28), par le moyen de qui Dieu se proposa “ une administration au terme des temps fixés, à savoir : réunir toutes choses de nouveau dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre ”. (Ép 1:8-11.) Ainsi furent révélés la disposition de Dieu qu’est la rançon pour le salut des humains obéissants et son dessein concernant un Royaume dirigé par son Fils et capable de mettre fin à toute méchanceté. Parce que le dessein magnifique de Dieu est fondé et centré sur son Fils, Christ Jésus “ est devenu pour nous [chrétiens] sagesse venant de Dieu ”. (1Co 1:30.) “ En lui sont soigneusement cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance. ” (Col 2:3). C’est seulement par lui et par la foi en lui, “ l’Agent principal de la vie ” proposé par Dieu, qu’il est possible d’obtenir le salut et la vie (Ac 3:15 ; Jn 14:6 ; 2Tm 3:15). Il n’est donc pas de vraie sagesse qui ne tienne pas compte de Jésus, qui ne fonde pas solidement son jugement et ses décisions sur le dessein de Dieu révélé en Christ. — Voir JÉSUS CHRIST (Son rôle essentiel dans le dessein de Dieu).
La sagesse humaine. Dans le livre des Proverbes, la sagesse est personnifiée sous les traits d’une femme qui invite chacun à recevoir ce qu’elle propose. Ces passages et d’autres textes s’y rapportant montrent que la sagesse est en fait un mélange de nombreux éléments : la connaissance, l’intelligence (englobant le discernement), la capacité de réflexion, l’expérience, la diligence, la finesse ou l’astuce (le contraire de la crédulité ou de la naïveté [Pr 14:15, 18]) et le jugement exact. Toutefois, puisque la vraie sagesse commence avec la crainte de Jéhovah Dieu (Ps 111:10 ; Pr 9:10), cette sagesse supérieure dépasse la sagesse ordinaire ; elle fait respecter des principes élevés, manifester la justice et la droiture, et se soumettre à la vérité (Pr 1:2, 3, 20-22 ; 2:2-11 ; 6:6 ; 8:1, 5-12). Toute sagesse ne correspond pas à cette sagesse supérieure.
La sagesse humaine est toujours relative, jamais absolue. Dans des proportions limitées, l’homme peut accéder à la sagesse par l’effort personnel, encore qu’il doive de toute façon utiliser pour cela l’intelligence dont Dieu (qui donna même aux animaux une certaine sagesse instinctive [Jb 35:11 ; Pr 30:24-28]) dota les humains à l’origine. Il peut apprendre en observant, et en manipulant, les composantes de la création divine. Cette sagesse est variable quant au genre et à l’étendue. Le grec sophia désigne souvent la compétence dans un métier ou un art manuel, ou bien la compétence et le bon sens pour diriger dans les domaines politique et commercial, ou encore une connaissance approfondie de telle ou telle branche des sciences ou de la recherche humaines. De façon similaire, les termes hébreux ḥokhmah et ḥakham s’emploient pour la compétence des matelots et des calfats (Éz 27:8, 9 ; voir aussi Ps 107:23, 27), des ouvriers sur pierre et sur bois (1Ch 22:15), ainsi que pour la sagesse et l’habileté d’autres artisans, dont certains avaient beaucoup de talent pour une grande variété d’ouvrages (1R 7:14 ; 2Ch 2:7, 13, 14). L’habile sculpteur d’images ou le fabricant d’idoles est lui aussi décrit avec ces termes (Is 40:20 ; Jr 10:3-9). Les pratiques astucieuses du monde des affaires sont une forme de sagesse. — Éz 28:4, 5.
Un homme peut posséder toute cette sagesse et toutefois être dépourvu de la sagesse spirituelle exaltée par les Écritures. Cependant, l’esprit de Dieu peut aviver certaines de ces formes de sagesse lorsqu’elles s’avèrent utiles à la réalisation de son dessein. Ainsi, son esprit stimula ceux qui construisirent le tabernacle et son matériel, ainsi que ceux, hommes et femmes, qui tissèrent les vêtements des prêtres, les remplissant ‘ de sagesse et d’intelligence ’. Grâce à cela, non seulement ils comprirent ce qu’on attendait d’eux et la façon de réaliser le travail, mais ils manifestèrent également le talent, le goût, l’imagination et le jugement nécessaires pour concevoir et produire des ouvrages magnifiques. — Ex 28:3 ; 31:3-6 ; 35:10, 25, 26, 31, 35 ; 36:1, 2, 4, 8.
Les sages de l’Antiquité. Dans l’Antiquité (comme aujourd’hui), les rois et d’autres personnages attachaient du prix à des hommes connus pour leur sagesse et leurs bons conseils. L’Égypte, la Perse, la Chaldée, Édom et d’autres nations comptaient des groupes de “ sages ”. (Ex 7:11 ; Est 1:13 ; Jr 10:7 ; 50:35 ; Ob 8.) Ces groupes étaient sans doute constitués des prêtres et des hauts fonctionnaires, mais ne se limitaient pas forcément à eux ; ils comprenaient probablement tous les “ hommes d’âge mûr ” des nations réputés pour leur sagesse et qui habitaient près de la capitale, étant ainsi disponibles pour apporter leurs conseils (voir Gn 41:8 ; Ps 105:17-22 ; Is 19:11, 12 ; Jr 51:57). Les monarques de Perse possédaient un conseil privé constitué de sept sages consultables sur-le-champ (Est 1:13-15), et des fonctionnaires perses de rang inférieur disposaient peut-être de leur collège de sages. — Est 6:13.
Grâce à l’aide de l’esprit de Dieu, Joseph fit preuve de tant de prudence et de sagesse en Égypte que le pharaon en fit son premier ministre (Gn 41:38-41 ; Ac 7:9, 10). ‘ Moïse avait été instruit dans toute la sagesse des Égyptiens ’, et “ il était puissant dans ses paroles et dans ses actions ” avant même que Dieu n’en fasse son porte-parole. Toutefois, ce n’est pas sa sagesse ni ses capacités naturelles qui le rendirent apte à servir le dessein divin. Après avoir tenté une première fois (alors qu’il avait environ 40 ans) de procurer du soulagement à ses frères israélites, Moïse dut attendre 40 autres années avant d’être l’homme spirituellement sage que Dieu envoya pour faire sortir Israël d’Égypte. — Ac 7:22-36 ; voir aussi Dt 34:9.
Salomon était déjà sage avant d’entrer effectivement en possession de la royauté (1R 2:1, 6, 9), pourtant il reconnut humblement dans une prière n’être “ qu’un petit garçon ”, et il demanda à Jéhovah de l’aider à juger Son peuple. En récompense, il reçut “ un cœur sage et intelligent ”, sans pareil chez les rois de la tribu de Juda (1R 3:7-12). Sa sagesse surpassait celle, pourtant réputée, des Orientaux et de l’Égypte, si bien que Jérusalem devint un lieu où des monarques ou leurs représentants venaient pour s’instruire au contact du roi judéen (1R 4:29-34 ; 10:1-9, 23-25). Certaines femmes de l’Antiquité s’illustraient également par leur sagesse. — 2S 14:1-20 ; 20:16-22 ; voir aussi Jg 5:28, 29.
Pas toujours employée en bien. La sagesse humaine peut être employée en bien comme en mal. Dans ce dernier cas, il s’agit assurément d’une sagesse uniquement humaine, non d’une sagesse spirituelle, venant de Dieu. Yehonadab était “ un homme très sage ”, mais le conseil qu’il donna à Amnôn, fils de David, tenait de la stratégie astucieuse et de la manipulation par la tromperie ; sa réussite fut discutable et ses conséquences désastreuses (2S 13:1-31). Le fourbe Absalom fit campagne pour détrôner le roi David, son père (2S 14:28-33 ; 15:1-6) et, tandis qu’il occupait Jérusalem, il s’adressa à deux conseillers de son père, Ahithophel et Houshaï, pour savoir quelles autres manœuvres habiles il pourrait entreprendre. Les conseils sages d’Ahithophel s’avéraient immanquablement si pertinents qu’ils semblaient venir de Dieu. Toutefois, il avait trahi l’oint de Dieu, et Jéhovah fit rejeter son sage plan de bataille au profit du plan du fidèle Houshaï, qui joua habilement sur la vanité et les faiblesses d’Absalom pour provoquer sa chute (2S 16:15-23 ; 17:1-14). Paul écrivit à propos de Dieu : “ ‘ Il attrape les sages dans leur propre ruse. ’ Et encore : ‘ Jéhovah sait que les raisonnements des sages sont futiles. ’ ” — 1Co 3:19, 20 ; voir aussi Ex 1:9, 10, 20, 21 ; Lc 20:19-26.
Avec le temps, des apostats (prêtres, prophètes et hommes sages) de la nation israélite amenèrent le peuple à s’opposer aux conseils et aux commandements de Dieu exprimés par ses serviteurs fidèles (Jr 18:18). En conséquence, Jéhovah fit ‘ périr la sagesse des sages du peuple et se cacher l’intelligence de ses hommes avisés ’ (Is 29:13, 14 ; Jr 8:8, 9), et il ravagea ce royaume cinq fois centenaire (ce qu’il fit plus tard aussi pour Babylone, enorgueillie d’avoir détruit Jérusalem, et pour la dynastie vantarde de Tyr) (Is 47:10-15 ; Éz 28:2-17). Le peuple avait rejeté la sagesse divine au profit de la sagesse charnelle.
La vanité d’une grande partie de la sagesse humaine. Étudiant “ l’occupation funeste ” que le péché et l’imperfection ont imposée aux humains, le roi Salomon évalua la sagesse que les hommes en général conçoivent et atteignent, et trouva qu’elle était “ poursuite de vent ”. Le désordre, la perversion et les failles de la société humaine imparfaite dépassaient à tel point la capacité de l’homme à redresser ou à compenser que ceux qui acquéraient “ l’abondance de sagesse ” éprouvaient encore plus de frustration et d’irritation. Sans doute était-ce parce qu’ils se rendaient compte avec acuité qu’ils pouvaient faire bien peu pour améliorer les choses. — Ec 1:13-18 ; 7:29 ; voir aussi Rm 8:19-22, où l’apôtre expose le moyen prévu par Dieu pour libérer les humains de l’esclavage de la corruption et de la sujétion à la futilité.
Salomon constata aussi que, même si elle procurait divers agréments et compétences qui apportaient la prospérité matérielle, la sagesse humaine ne pouvait engendrer le vrai bonheur ou une satisfaction durable. Le sage meurt avec le stupide, sans savoir ce qu’il adviendra de ses biens, et sa sagesse humaine cesse dans la tombe (Ec 2:3-11, 16, 18-21 ; 4:4 ; 9:10 ; voir aussi Ps 49:10). Même du vivant d’un sage, “ temps et événement imprévu ” risquent d’entraîner un malheur soudain et de le priver de moyens de subsistance aussi essentiels que la nourriture (Ec 9:11, 12). Par sa propre sagesse, l’homme ne pourrait jamais découvrir “ l’œuvre du vrai Dieu ”, ni jamais acquérir un savoir sûr concernant la manière de résoudre les grands problèmes de l’humanité. — Ec 8:16, 17 ; voir aussi Jb chap. 28.
Salomon ne dit pas que la sagesse humaine est absolument sans valeur. Comparée à la sottise totale, qu’il étudia aussi, l’avantage de la sagesse sur la sottise est comme celui de ‘ la lumière sur les ténèbres ’. En effet, les yeux du sage sont “ dans sa tête ”, au service de ses facultés intellectuelles, tandis que les yeux du stupide voient sans discerner ni réfléchir (Ec 2:12-14 ; voir aussi Pr 17:24 ; Mt 6:22, 23). La sagesse est une protection de plus grande valeur que l’argent (Ec 7:11, 12). Salomon souligna toutefois que sa valeur est toute relative, qu’elle dépend entièrement de sa conformité à la sagesse et au dessein de Dieu (Ec 2:24 ; 3:11-15, 17 ; 8:12, 13 ; 9:1). Quelqu’un peut s’évertuer outre mesure à manifester la sagesse, vouloir aller au-delà des limites de ses capacités imparfaites, dans un comportement autodestructeur (Ec 7:16 ; voir aussi 12:12). En revanche, à celui qui sert Dieu avec obéissance et qui sait se contenter de la nourriture, de la boisson, et du bien que lui apporte son dur travail, Dieu donnera ‘ la sagesse, la connaissance et la joie ’ dont il a besoin. — Ec 2:24-26 ; 12:13.
Différente de la sagesse du saint secret de Dieu. Au fil des siècles, le monde des hommes s’est constitué un fonds de sagesse, dont beaucoup est transmis dans ses écoles et par d’autres moyens d’enseignement, tandis qu’une partie s’acquiert personnellement au contact d’autrui ou par l’expérience. Les chrétiens doivent savoir quelle attitude adopter à l’égard de cette sagesse. Dans un exemple mettant en scène un intendant injuste qui avait falsifié les comptes de son maître concernant certains débiteurs afin d’assurer son propre avenir, Jésus déclara que l’intendant “ avait agi avec sagesse pratique [phronimôs, “ avec prévoyance ”] ”. Cette prévoyance astucieuse était cependant la sagesse pratique des “ fils de ce système de choses-ci ”, non celle des “ fils de la lumière ”. (Lc 16:1-8, Int.) Jésus avait, par le passé, loué son Père céleste d’avoir caché certaines vérités ‘ aux sages et aux intellectuels ’ et de les avoir révélées à ses disciples, qui en comparaison étaient comme des “ tout-petits ”. (Lc 10:21-24.) Les scribes et les Pharisiens, instruits dans les écoles rabbiniques, faisaient partie de ces sages et de ces intellectuels. — Voir Mt 13:54-57 ; Jn 7:15.
En ce Ier siècle, les Grecs étaient particulièrement réputés pour leur culture et leur somme de connaissances, leurs écoles et leurs groupes philosophiques. C’est probablement pour cette raison que Paul mit en parallèle ‘ les Grecs et les Barbares ’ avec ‘ les sages et les insensés ’. (Rm 1:14.) Comme il le fit fortement valoir aux chrétiens de Corinthe (en Grèce), le christianisme n’a pas pour appui ni pour caractéristique “ la sagesse [sophian] du monde ”, c’est-à-dire du monde des hommes éloignés de Dieu (1Co 1:20 ; voir MONDE [Le monde éloigné de Dieu]). Cela ne signifie pas qu’il n’y ait rien d’utile ni de bénéfique dans les multiples facettes de la sagesse du monde, puisque Paul lui-même fit parfois usage de son habileté acquise dans la fabrication de tentes et cita aussi, de temps à autre, des œuvres d’auteurs profanes pour illustrer certains aspects de la vérité (Ac 18:2, 3 ; 17:28, 29 ; Tt 1:12). Toutefois, dans leur ensemble, l’optique, les méthodes, les principes et les objectifs du monde, autrement dit sa philosophie, ne s’accordaient pas avec la vérité, mais étaient contraires à “ la sagesse de Dieu en un saint secret ”.
C’est ainsi que dans sa sagesse le monde a rejeté comme étant une sottise le don de Dieu fait par le moyen de Christ ; ses chefs avaient beau être des administrateurs capables et judicieux, ils allèrent jusqu’à ‘ attacher sur un poteau le Seigneur glorieux ’. (1Co 1:18 ; 2:7, 8.) Cependant, Dieu prouvait désormais que la sagesse des sages du monde était sottise, et il leur faisait honte en utilisant ce qu’ils considéraient comme “ une chose sotte de Dieu ” pour réaliser son dessein invincible, ainsi que des personnes qu’ils jugeaient ‘ sottes, faibles et sans distinction ’. (1Co 1:19-28.) Paul rappela aux chrétiens de Corinthe que “ la sagesse de ce système de choses ” et “ celle des chefs de ce système de choses ” seraient réduites à rien ; cette sagesse n’avait donc pas sa place dans le message spirituel de l’apôtre (1Co 2:6, 13). Il mit en garde les chrétiens de Colosses contre le piège de “ la philosophie [philosophias, littéralement : “ amour de la sagesse ”] et d’une vaine tromperie selon la tradition des hommes ”. — Col 2:8 ; voir aussi v. 2:20-23.
Malgré ses bienfaits et ses succès temporaires, la sagesse du monde était condamnée à conduire à l’échec. Mais la congrégation chrétienne des oints de Dieu avait la sagesse spirituelle qui menait à “ l’insondable richesse du Christ ”. Parce que la congrégation faisait partie de son saint secret, par ses manières d’agir envers elle et par ses desseins réalisés en elle, Dieu porta à la connaissance ou révéla “ la sagesse infiniment variée de Dieu ” par le moyen de la congrégation ; il la révéla même aux ‘ gouvernements et autorités dans les lieux célestes ’. (Ép 3:8-11 ; 1:17, 18 ; voir aussi 1P 1:12.) Ayant “ la pensée de Christ ” (voir Ph 2:5-8), ses membres possédaient une connaissance et une intelligence bien supérieures à celles du monde, et donc ils parlaient “ non pas avec des paroles qu’enseigne la sagesse humaine, mais avec celles qu’enseigne l’esprit ”, avec “ une bouche et une sagesse ” que leurs adversaires ne pouvaient réfuter, quand bien même ces chrétiens étaient méprisés parce que ‘ sans instruction et ordinaires ’ selon les critères du monde. — 1Co 2:11-16 ; Lc 21:15 ; Ac 4:13 ; 6:9, 10.
Une guerre spirituelle. L’apôtre Paul comptait sur la sagesse divine dans sa guerre spirituelle contre ceux qui menaçaient de corrompre les congrégations chrétiennes, entre autres celle de Corinthe (1Co 5:6, 7, 13 ; 2Co 10:3-6 ; voir aussi 2Co 6:7). Il savait que “ la sagesse vaut mieux que des engins de combat, et [qu’]un seul pécheur peut détruire beaucoup de bien ”. (Ec 9:18 ; 7:19.) Quand il parle de “ renverser des forteresses ” (2Co 10:4), il reprend l’idée qui se dégage d’une partie de Proverbes 21:22 selon la Septante. Paul connaissait la tendance humaine à prêter attention surtout à ceux qui en imposent par leur attitude, leur talent visible, ou bien leur forte personnalité et leur grande éloquence ; il savait que ‘ les paroles tranquilles d’un homme sage, mais peu fortuné ’, sont souvent méprisées au profit de quelqu’un qui dégage une impression de force (voir Ec 9:13-17). Jésus lui-même, qui n’avait pas sur la terre la richesse et la position de Salomon, mais qui possédait une sagesse infiniment supérieure, ne reçut que peu de respect et d’attention des chefs et du peuple. — Voir Mt 12:42 ; 13:54-58 ; Is 52:13-15 ; 53:1-3.
Au regard de quelques-uns qui se glorifiaient des capacités charnelles (opposer à Jr 9:23, 24) et non du cœur, l’apparence en personne de Paul passait pour “ faible et sa parole méprisable ”. (2Co 5:12 ; 10:10.) Pourtant, il évitait toute outrance de langage, tout étalage de sagesse humaine avec la force de persuasion qu’elle possède, afin que la foi de ses auditeurs soit bâtie par le moyen de l’esprit et de la puissance de Dieu, et qu’elle repose sur Christ plutôt que sur “ la sagesse des hommes ”. (1Co 1:17 ; 2:1-5 ; 2Co 5:12.) Avec prévoyance spirituelle, Paul fut “ un sage conducteur de travaux ”, non d’une construction matérielle, mais d’une construction spirituelle, travaillant avec Dieu à produire des disciples qui manifesteraient véritablement les qualités chrétiennes. — 1Co 3:9-16.
Par conséquent, quel que fût le degré de sagesse du monde qu’on avait acquis en vertu de compétences professionnelles, d’une habileté dans le commerce, d’aptitudes à diriger, d’une instruction scientifique ou philosophique, la règle était : “ Que personne ne se séduise lui-même : si quelqu’un parmi vous pense être sage dans ce système de choses, qu’il devienne sot pour devenir sage. ” (1Co 3:18). La seule chose dont on pouvait être fier, c’était ‘ d’être perspicace et de connaître Jéhovah, Celui qui exerce la bonté de cœur, le droit et la justice sur la terre ’, car c’est à cela que Jéhovah prend plaisir. — Jr 9:23, 24 ; 1Co 1:31 ; 3:19-23.
Une administration sage. La sagesse personnifiée déclare : “ Je détiens conseil et sagesse pratique. Moi, l’intelligence ; je détiens la puissance. Par moi les rois eux-mêmes continuent à régner, et les dignitaires continuent à décréter la justice. Par moi les princes eux-mêmes continuent à gouverner comme princes, et les nobles jugent tous avec justice. Ceux qui m’aiment, moi je les aime ; ceux qui me cherchent sont ceux qui me trouvent. ” (Pr 8:12, 14-17). Le Roi messianique manifeste cette sagesse supérieure venant de Dieu (Is 11:1-5 ; voir aussi Ré 5:12). Elle surpasse les capacités que les hommes peuvent avoir ou acquérir naturellement, car elle rend sage dans les principes de la loi de Dieu et, avec l’aide de son esprit, elle permet de prononcer des décisions judiciaires qui soient droites et sans partialité (Ezr 7:25 ; 1R 3:28 ; Pr 24:23 ; voir aussi Dt 16:18, 19 ; Jc 2:1-9). Une telle sagesse n’est pas passive devant la méchanceté ; au contraire, elle la combat. — Pr 20:26.
Les hommes choisis pour exercer des responsabilités dans la congrégation chrétienne étaient retenus non pas en fonction de leur réussite dans le monde, de leur sagesse charnelle, ou de leurs capacités naturelles, mais parce qu’ils étaient “ pleins d’esprit et de sagesse ” divine (Ac 6:1-5 ; voir aussi 1Tm 3:1-13 ; Tt 1:5-9). Ces hommes figuraient parmi ‘ les prophètes, et les sages, et les instructeurs publics ’ que Jésus avait promis d’envoyer, et ils pouvaient aussi agir en juges et en conseillers au sein de la congrégation, tout comme l’Israël selon la chair avait eu ses sages qui jouaient un rôle similaire (Mt 23:34 ; 1Co 6:5). Ils reconnaissaient l’intérêt de se consulter mutuellement. — Pr 13:10 ; 24:5, 6 ; voir aussi Ac 15:1-22.
L’acquisition de la vraie sagesse. Un proverbe donne ce conseil : “ Achète la vérité et ne la vends pas — la sagesse et la discipline et l’intelligence. ” (Pr 23:23). Jéhovah, la Source de la vraie sagesse, l’accorde avec générosité à ceux qui la recherchent sincèrement et la demandent avec foi en ayant une crainte salutaire et révérencielle de sa personne (Pr 2:1-7 ; Jc 1:5-8). Toutefois, celui qui cherche la sagesse doit consacrer du temps à l’étude de la Parole de Dieu ; apprendre les commandements de Dieu, ses lois, ses rappels et ses conseils ; réfléchir sur l’histoire des faits et gestes de Dieu ; puis mettre cela en application dans sa vie (Dt 4:5, 6 ; Ps 19:7 ; 107:43 ; 119:98-101 ; Pr 10:8 ; voir aussi 2Tm 3:15-17). Il rachète sagement le moment propice, ne se montrant pas déraisonnable en une époque mauvaise, mais ‘ comprenant quelle est la volonté de Jéhovah ’. (Ép 5:15-20 ; Col 4:5, 6.) Il lui faut aussi acquérir une foi ferme et la conviction inébranlable que la puissance de Dieu est invincible, que Sa volonté s’accomplira inéluctablement, que Sa promesse de récompenser la fidélité est sûre et qu’il est parfaitement capable de la tenir. — Hé 11:1, 6 ; 1Co 15:13, 14, 19.
C’est là le seul moyen de prendre de bonnes décisions quant à la manière de mener sa vie et de ne pas se laisser influencer par la peur, l’avidité, le désir immoral et d’autres sentiments nuisibles (Pr 2:6-16 ; 3:21-26 ; Is 33:2, 6). La sagesse personnifiée dit : “ Heureux l’homme qui m’écoute en se tenant éveillé près de mes portes, jour après jour, en guettant près des montants de mes entrées. Car celui qui me trouve trouvera à coup sûr la vie, et il obtient la bienveillance de Jéhovah. Mais celui qui me manque fait violence à son âme ; tous ceux qui me haïssent intensément sont ceux qui aiment vraiment la mort. ” — Pr 8:34-36 ; 13:14 ; 24:13, 14.
La sagesse et le cœur. L’intelligence compte évidemment pour beaucoup dans la sagesse, toutefois le cœur, qui est lié non pas simplement à la pensée mais aussi aux mobiles et aux sentiments, joue manifestement un rôle plus important encore dans l’acquisition de la vraie sagesse (Ps 49:3, 4 ; Pr 14:33 ; voir CŒUR). Le serviteur de Dieu veut obtenir la sagesse dans le ‘ secret de lui-même ’, avoir des mobiles sages pour organiser sa vie (voir Ps 51:6, 10 ; 90:12). “ Le cœur du sage est à sa droite [c’est-à-dire prêt à l’aider et à le protéger dans des situations critiques (voir Ps 16:8 ; 109:31)], mais le cœur du stupide est à sa gauche [il ne le guide pas vers la voie de la sagesse]. ” (Ec 10:2, 3 ; voir aussi Pr 17:16 ; Rm 1:21, 22). L’homme vraiment sage a formé et discipliné son cœur dans le chemin de la sagesse (Pr 23:15, 16, 19 ; 28:26) ; il a, en quelque sorte, écrit les commandements justes et la loi ‘ sur la tablette de son cœur ’. — Pr 7:1-3 ; 2:2, 10.
L’expérience et les bonnes compagnies. L’expérience contribue considérablement à la sagesse. Jésus lui-même progressa en sagesse à mesure que passaient ses années d’enfance (Lc 2:52). Moïse désigna comme chefs des hommes “ sages, avisés et expérimentés ”. (Dt 1:13-15.) Bien qu’on acquière une certaine sagesse en subissant la punition ou en voyant quelqu’un la recevoir (Pr 21:11), on l’obtient de meilleure façon et plus rapidement en profitant et en apprenant de l’expérience de ceux qui sont déjà sages, en préférant leur compagnie à celle des ‘ inexpérimentés ’. (Pr 9:1-6 ; 13:20 ; 22:17, 18 ; voir aussi 2Ch 9:7.) Les personnes âgées sont plus susceptibles d’avoir une telle sagesse, surtout s’il est manifeste qu’elles possèdent l’esprit de Dieu (Jb 32:7-9). Cela se vérifia notablement lors de la royauté de Rehabam (1R 12:5-16). Cependant, “ mieux vaut un enfant indigent mais sage [relativement parlant] qu’un roi vieux mais stupide, qui n’en a pas appris assez pour se laisser avertir encore ”. — Ec 4:13-15.
C’est aux portes de la ville (souvent voisines de places publiques) que les anciens donnaient de sages conseils et rendaient les décisions judiciaires (voir Pr 1:20, 21 ; 8:1-3). D’ordinaire, on n’entendait pas la voix des sots dans cette ambiance-là (que ce soit pour solliciter la sagesse ou pour la dispenser), car leur bavardage était ailleurs (Pr 24:7). Bien que la compagnie des sages apporte la discipline et parfois la réprimande, elle est de loin préférable au chant et au rire des stupides (Ec 7:5, 6). Celui qui s’isole, conservant un regard étroit et borné sur l’existence et des désirs égoïstes, finit par s’engager dans une voie contraire à toute sagesse pratique. — Pr 18:1.
Révélée dans le comportement et les paroles. Proverbes 11:2 dit que “ la sagesse est avec les modestes ” ; Jacques parle de la “ douceur qui est celle de la sagesse ”. (Jc 3:13.) Si quelqu’un donne dans la jalousie, les disputes, la vantardise ou l’obstination, il est manifeste qu’il n’a pas la vraie sagesse et qu’il se laisse plutôt guider par une sagesse “ terrestre, animale, démoniaque ”. La vraie sagesse est “ pacifique, raisonnable, disposée à obéir ”. (Jc 3:13-18.) “ Dans la bouche du sot est le bâton d’orgueil, mais les lèvres des sages les garderont. ” Ces derniers ont la sagesse de s’abstenir des paroles présomptueuses, blessantes ou irréfléchies (Pr 14:3 ; 17:27, 28 ; Ec 10:12-14). De la langue et des lèvres des sages viennent des propos réfléchis, apaisants, plaisants et utiles (Pr 12:18 ; 16:21 ; Ec 12:9-11 ; Col 3:15, 16) ; au lieu de susciter des disputes, les sages s’efforcent d’établir le calme et de ‘ gagner des âmes ’ par une persuasion empreinte de sagesse. — Pr 11:30 ; 15:1-7 ; 16:21-23 ; 29:8.
Celui qui devient “ un homme sage à ses propres yeux ”, en s’élevant lui-même au-dessus des autres (même au-dessus de Dieu), est pire que l’homme qui est stupide, mais qui ne feint pas d’être autre (Pr 26:5, 12 ; 12:15). Quelqu’un qui est ainsi imbu de sa personne est trop orgueilleux pour accepter la correction (Pr 3:7 ; 15:12 ; Is 5:20, 21). Paradoxalement, tant le paresseux que l’homme qui acquiert la richesse ont tendance à avoir cet état d’esprit (Pr 26:16 ; 28:11 ; voir aussi 1Tm 6:17). Mais “ une boucle d’oreille en or et un ornement en or spécial, tel est, pour l’oreille qui entend, quelqu’un qui reprend avec sagesse ” (Pr 25:12) ; oui, “ reprends un sage, et il t’aimera ”. — Pr 9:8 ; 15:31-33.
La sagesse au sein de la famille. La sagesse bâtit une maisonnée, pas seulement un bâtiment, mais la famille et la vie commune réussie de cette dernière (Pr 24:3, 4 ; voir aussi Pr 3:19, 20 ; Ps 104:5-24). Des parents sages ne retiennent pas le bâton et le blâme, mais par la discipline et les conseils ils protègent leurs enfants de la délinquance (Pr 29:15). La femme sage contribue grandement à la réussite et au bonheur de la famille (Pr 14:1 ; 31:26). Des enfants qui se soumettent sagement à la discipline de leurs parents procurent joie et honneur à leur famille, défendant sa réputation contre les calomnies ou les accusations, et ils sont au vu des autres la preuve de la sagesse de leur père et de sa bonne éducation. — Pr 10:1 ; 13:1 ; 15:20 ; 23:24, 25 ; 27:11.