La Bible, la tradition et votre culte
La Bible devrait-elle être votre seul guide ? Y a-t-il place pour la tradition dans votre culte ?
LES traditions sont aussi nombreuses et différentes que les hommes et les lieux. En vérité, on peut dire qu’en ce qui concerne l’habillement, les habitudes alimentaires, l’architecture, les usages sociaux et autres choses de ce genre, les traditions ont enrichi notre vie en y introduisant la variété et la couleur. En outre, certaines d’entre elles ont conservé le respect des valeurs morales fondamentales, bien qu’un grand nombre de celles-ci se soient perdues dans l’effondrement des mœurs de notre vingtième siècle. Il en est d’autres qui sont manifestement nuisibles et le fait d’idolâtrer la tradition a été certainement un obstacle sérieux sur la voie de la lumière et des progrès utiles.
On trouve aussi une grande part de traditions dans les religions de toutes sortes, y compris celles que l’on dit “chrétiennes”. Beaucoup croient, il est vrai, que la tradition enrichit et embellit leur religion. Il convient donc de se renseigner : Y a-t-il place pour la tradition dans le vrai christianisme ? Que dit la Bible au sujet des traditions humaines ? Irons-nous jusqu’à dire qu’il y a des traditions en dehors de la Bible qui ont la même valeur et sont tout aussi nécessaires qu’elle pour que le chrétien comprenne Dieu et ses desseins envers l’humanité ? À cette dernière question, une des grandes religions a répondu par un oui positif. Au concile de Trente (1545-1563 de notre ère) les chefs de l’Église catholique romaine déclarèrent que, “conformément à la croyance de l’Église universelle, cette révélation surnaturelle est renfermée dans les livres écrits et les traditions orales qui nous sont parvenus”. Puis, aux sessions d’ouverture du concile Vatican II, près de deux semaines furent consacrées à la discussion de cette proposition. Certains soutinrent la position établie de l’Église catholique, affirmant qu’il y a deux sources de révélation distinctes : les Écritures et la tradition. D’autres ne voulaient voir en la tradition qu’un commentaire ou une interprétation des Écritures. Les questions suivantes se posent donc d’elles-mêmes : La Bible et la tradition sont-elles toutes les deux des sources de révélation divine ? La seconde est-elle un supplément indispensable au vrai culte ?
La tradition peut se définir ainsi : renseignements, opinion, croyance ou coutume transmis de vive voix ou par l’exemple. Considérées de ce point de vue, il se peut parfaitement que certaines traditions se rencontrent en matière de religion sans qu’on puisse y faire d’objection, par exemple, la coutume ou la tradition de tenir des réunions pour adorer et pour étudier la Bible, à des heures et des jours déterminés. L’obéissance à ces “traditions” favorise la bonne organisation et contribue au bien-être d’autrui, lui permettant de développer des habitudes régulières touchant son culte. Mais ce n’est pas pour cela que ces traditions sont indispensables au culte. On peut changer l’heure de ces réunions sans nuire pour cela au culte que l’individu rend à Dieu.
TRADITIONS UTILES
Quant à la “coutume” traditionnelle, il est intéressant de noter que “selon sa coutume”, Jésus prêcha dans la synagogue de Nazareth, le jour du sabbat. Sans doute, l’apôtre Paul avait-il cet exemple présent à l’esprit quand il observait cette “coutume”. (Luc 4:16 ; Actes 17:2.) Si on laisse à la tradition son sens fondamental de “renseignements transmis de vive voix ou par l’exemple”, les renseignements que Paul avait reçus directement du Seigneur Jésus-Christ purent donc être communiqués aux congrégations en tant que “tradition”. Notez les expressions suivantes de l’apôtre : “Vous restez attachés aux traditions comme je vous les ai transmises.” “Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai aussi transmis” à propos de la célébration de la commémoration de la mort du Christ. “Car je vous ai transmis, parmi les premières choses, ce que moi aussi j’ai reçu, que Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures.” “Tenez ferme et retenez les traditions qui vous ont été enseignées, soit par un message verbal soit par une lettre de notre part.” — I Cor. 11:2, 23 ; 15:3 ; II Thess. 2:15, MN.
Outre le fait qu’il transmit les enseignements inspirés de Jésus-Christ, Paul lui-même fut inspiré pour transmettre de nombreux préceptes en vue de l’édification de la congrégation chrétienne, préceptes qu’il reçut la mission, en tant que bonnes traditions, de consigner par écrit afin qu’ils devinssent une partie des Écritures inspirées. Paul pouvait donc écrire à la congrégation de Thessalonique : “Or nous vous donnons des ordres, frères, au nom du Seigneur Jésus-Christ, vous enjoignant de vous retirer de tout frère qui marche dans le désordre et non selon la tradition que vous avez reçue de nous.” — II Thess. 3:6, MN.
Dans ce passage, et dans d’autres des Écritures grecques chrétiennes, le mot grec traduit par “tradition” est paradosis. Il renferme l’idée d’une chose transmise et s’emploie pour parler des traditions, bonnes ou mauvaises. Les références précitées concernaient de bonnes traditions. Alors, sur quoi se fonder pour déterminer à quel moment une tradition, n’étant pas utile, doit être abandonnée ?
Pour établir la manière particulière dont il convient de considérer les traditions par rapport à la Bible, voyez ce que le même apôtre, Paul, écrivit dans II Timothée 3:15-17 (MN) : “Depuis ton enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est relative à Christ Jésus. Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour reprendre, pour redresser les choses, pour discipliner selon la justice, afin que l’homme de Dieu soit entièrement compétent, complètement équipé pour toute bonne œuvre.” Dans ce passage, il n’est fait aucune allusion à une tradition orale, en dehors des Écritures, qui serait nécessaire au salut et à la foi et indispensable pour qu’un individu soit entièrement compétent et complètement équipé en tant que chrétien. Alors, que devons-nous conclure quand nous voyons accorder à la tradition la même valeur qu’à la Parole inspirée de Dieu et que, même là où elle s’oppose à la Bible, on l’accepte et la suit au lieu de cette dernière ? Une telle situation pourrait-elle s’accorder avec le vrai culte ?
ATTITUDE DE JÉSUS
Une telle situation avait surgi aux jours de Jésus. Pendant la période qui sépara la rédaction des derniers livres des Écritures hébraïques, au cinquième siècle, de la venue de Jésus sur la terre, les chefs religieux des Juifs avaient ajouté à la Parole écrite une foule de traditions humaines orales qu’ils prétendaient indispensables au culte de Dieu et qui, dans de nombreux cas, s’opposaient aux Écritures.
Dans deux récits parallèles, les rédacteurs des Évangiles, Matthieu et Marc, rapportent une discussion qui s’éleva entre Jésus et les scribes et les Pharisiens à propos de cette question de la tradition. Si nous nous reportons au récit de Matthieu, nous lisons : “Alors, de Jérusalem, des Pharisiens et des scribes vinrent à Jésus et lui dirent : Pourquoi tes disciples outrepassent-ils la tradition des hommes du passé ? Par exemple, ils ne se lavent pas les mains lorsqu’ils sont sur le point de prendre un repas. Jésus leur répondit : Pourquoi outrepassez-vous le commandement de Dieu à cause de votre tradition ? Par exemple, Dieu a dit : Honore ton père et ta mère ; et : Que celui qui injurie père ou mère finisse dans la mort. Mais vous dites : Quiconque dit à son père ou à sa mère : Tout ce que j’ai et dont tu aurais pu tirer profit de moi est un don dédié à Dieu, celui-là ne devra pas honorer son père du tout. Et ainsi vous avez rendu la parole de Dieu nulle et sans effet à cause de votre tradition.” — Mat. 15:1-6, MN ; Marc 7:1-13.
Comme vous le constatez, les scribes et les pharisiens avaient le plus grand respect pour une tradition impliquant le lavage des mains en rapport avec les repas. Ce n’était pas un lavage des mains ordinaire, par souci d’hygiène ; Jésus ne l’aurait pas désapprouvé. Ce à quoi les Pharisiens faisaient allusion, c’était un rite cérémonieux consistant à se laver les mains avec une eau spéciale avant, pendant et après le repas. En fait, c’était une chose si sérieuse que le Talmud, qui incorpora cette tradition, dit : “Celui qui fait peu de cas du lavage des mains périra par la terrea.”
Toutefois, Jésus pensait-il que cette tradition était indispensable à la vraie adoration ? Bien au contraire ! Usant d’une comparaison, il montra à ces chefs religieux combien leur manière de voir était préjudiciable ; il leur cita un cas où la tradition rendait vraiment la Parole de Dieu nulle. L’honneur dû au père et à la mère sous-entendait le soutien matériel en cas de besoin, mais la tradition des scribes et des Pharisiens annulait cette exigence divine en permettant aux individus de se soustraire à cette responsabilité en donnant au temple à la place. Comme ces chefs religieux s’intéressaient à cette sorte de “don” et tiraient profit d’une telle interprétation, on n’a aucune peine à discerner leur motif en l’occurrence. Comme Jésus l’a fortement souligné, la tradition avait donc donné naissance, parmi ce peuple, à une forme d’adoration hypocrite qui venait des lèvres et non du cœur. — Mat. 15:7-9, MN.
Pas une seule fois dans son ministère, Jésus ne cita des traditions orales à l’appui de ses enseignements, mais toujours il recourut à la Parole écrite de Dieu, en disant : “Il est écrit”, “N’avez-vous jamais lu cette écriture ?” et “Qu’est-il écrit dans la Loi ?” (Mat. 4:4-10 ; Marc 12:10 ; Luc 10:26, MN). Jean, l’apôtre de Jésus, nous dit que Jésus accomplit encore d’autres choses qui ne sont pas rapportées mais indique que les choses essentielles à la vie éternelle ont été consignées par écrit (Jean 20:30, 31). Non, Jéhovah Dieu ne confia pas la préservation de la “parole de vie” à la tradition orale, peu sûre, mais, par l’inspiration de l’esprit saint, il la fit “[écrire] (...) pour notre instruction” afin que “par la consolation des Écritures nous ayons l’espérance”. — Phil. 2:16 ; Rom. 15:4, MN.
SUPÉRIORITÉ DE LA TRANSMISSION PAR ÉCRIT
Les traditions ou préceptes, d’abord transmis de vive voix par Jésus et les apôtres, traditions qu’il fallait considérer comme faisant partie de la vérité divine révélée pour les générations à venir, furent consignés par écrit sous la direction du saint esprit, de sorte qu’avant la mort de Jean, le dernier des douze apôtres, le canon des Écritures était achevé. Comme il convenait, Jean écrivit peu de temps avant sa mort : “Si quelqu’un ajoute à ces choses, Dieu lui ajoutera les fléaux qui sont écrits dans ce rouleau.” — Rév. 22:18, MN.
Dans sa sagesse, le Créateur prit des dispositions pour que la vérité fût couchée par écrit afin de nous protéger contre l’erreur et les fautes imputables à l’imperfection de la mémoire humaine. Même les détails concernant des événements authentiques s’oublient rapidement et se déforment avec le temps s’ils sont confiés à la transmission orale. Bien que les traditions relatives à un déluge universel se retrouvent dans toutes les anciennes civilisations, les détails les concernant sont contradictoires et souvent grotesques. Mais la Bible a préservé le récit du déluge par des témoins oculaires, dans l’“histoire des fils de Noé, Sem, Cham et Japhet”. (Gen. 10:1, NW.) Si l’inexactitude est l’un des dangers qui menacent la transmission verbale relative à des événements authentiques, physiques et visibles, à combien plus forte raison peut-on la craindre quand il s’agit de la transmission d’idées purement spirituelles se rapportant aux choses que l’homme ne peut voir. C’est surtout dans ce domaine que l’on trouvera, dans les religions de la chrétienté, maintes traditions qui sont non seulement contraires à la parole écrite de Dieu, mais réellement d’origine païenne. Se peut-il que des idées et des croyances que vous acceptez depuis si longtemps comme vérités bibliques, ne se trouvent pas en réalité dans la Bible ? Que dire de la doctrine de la trinité : trois dieux en un seul, de l’immortalité de l’âme humaine, du purgatoire, des tourments de l’enfer pour les méchants ? Sont-ce là des doctrines bibliques ou des traditions humaines ?
Vous vous devez à vous-même et à votre famille d’être à même de répondre à ces questions en toute confiance et avec exactitude. La Parole de Dieu fait retentir un avertissement opportun : “Prenez garde : il se peut qu’il y ait quelqu’un qui vous emporte comme sa proie par la philosophie et de vaines tromperies selon la tradition des hommes, selon les choses élémentaires du monde et non selon Christ.” (Col. 2:8, MN). Pour éviter que cela ne vous arrive, examinez vos croyances avec la Bible, la Parole écrite de Dieu, le guide divin inspiré dans la vraie adoration. Elle vous aidera rapidement à déterminer si votre culte comprend des idées traditionnelles ou des coutumes non conformes à la vérité. Et sachez bien que l’un quelconque des témoins de Jéhovah sera heureux de vous aider dans vos recherches, dans l’intérêt du vrai culte.
Quel bienfait Dieu nous a-t-il accordé en nous dispensant la connaissance exacte sous une forme écrite ! À la lumière des preuves considérées ci-dessus, il est clair que la Bible est le seul guide sûr. Elle est complète et n’a pas besoin qu’on lui ajoute quoi que ce soit. Puisez dans son inestimable connaissance en étudiant régulièrement ses pages. Cela signifie la vie !
[Note]
a The Jewish Encyclopedia, tome I, pages 68, 69 ; Code of Jewish Law, 1927, par le rabbin S. Ganzfried, pages 125-129.