ESPRIT
Le grec pneuma (esprit) vient de pnéô, qui signifie “ respirer ou souffler ”, et on pense que l’hébreu rouaḥ (esprit) vient d’une racine qui a le même sens. Rouaḥ et pneuma signifient donc fondamentalement “ souffle ”, mais ils ont de multiples sens au-delà de ce sens premier (voir Hab 2:19 ; Ré 13:15). Ils peuvent aussi signifier vent, force vitale des créatures vivantes, esprit (humeur, caractère) que quelqu’un manifeste, personne spirituelle, comme Dieu ou un ange, ou encore force agissante de Dieu (son esprit saint) (voir Dictionnaire hébreu-français, par N. Sander et I. Trenel, Genève, 1991, réimpression de 1859, p. 675, 676 ; Lexicon in Veteris Testamenti Libros, par L. Koehler et W. Baumgartner, Leyde, 1958, p. 877-879 ; Dictionnaire du Nouveau Testament, par Xavier Léon-Dufour, 1975, p. 241, 242 ; Dictionnaire biblique Gerhard Kittel, Esprit, par A. Kleinknecht, F. Baumgärtel, W. Bieder, E. Sjöberg, E. Schweizer, traduit par E. de Peyer, Genève, sans date). Tous ces sens ont un point commun : ils ont tous trait à ce qui est invisible à l’œil humain et qui donne des signes de force en mouvement. Une telle force invisible est capable de produire des effets visibles.
Un autre terme hébreu, neshamah (Gn 2:7), signifie également “ souffle ”, mais il a un sens moins large que rouaḥ. Le grec pnoê semble avoir ce même sens restreint (Ac 17:25) ; c’est d’ailleurs ce mot que les traducteurs de la Septante employèrent pour rendre neshamah.
Le vent. On examinera tout d’abord le sens qui est peut-être le plus facile à saisir. Dans de nombreux cas, le contexte montre que rouaḥ signifie “ vent ”, comme le “ vent d’est ” (Ex 10:13) ou les “ quatre vents ”. (Ze 2:6.) Cette traduction s’impose lorsque le contexte mentionne les nuages, l’ouragan, la bale qui s’envole, ou donne d’autres indices semblables (Nb 11:31 ; 1R 18:45 ; 19:11 ; Jb 21:18). Puisque les quatre vents servent à désigner les quatre directions (Est, Ouest, Nord et Sud), on peut parfois traduire rouaḥ par “ direction ” ou par “ côté ”. — 1Ch 9:24 ; Jr 49:36 ; 52:23 ; Éz 42:16-20.
En Job 41:15, 16, les écailles de Léviathan sont, est-il dit, si étroitement ajustées que “ pas même un souffle d’air [werouaḥ] ne peut pénétrer entre elles ”. Là encore, rouaḥ désigne l’air en mouvement, pas simplement l’air tranquille et immobile. Ainsi, on retrouve l’idée de force invisible, la caractéristique fondamentale de l’hébreu rouaḥ.
Apparemment, le seul passage des Écritures grecques chrétiennes où pneuma est employé dans le sens de “ vent ” est Jean 3:8.
L’homme ne peut maîtriser le vent ; il ne peut le guider, le diriger, le retenir ou le posséder. C’est pourquoi fréquemment il est question de “ vent [rouaḥ] ” pour parler de ce que l’homme ne peut maîtriser ou atteindre, de ce qui est insaisissable, éphémère, futile ou sans utilité véritable (voir Jb 6:26 ; 7:7 ; 8:2 ; 16:3 ; Pr 11:29 ; 27:15, 16 ; 30:4 ; Ec 1:14, 17 ; 2:11 ; Is 26:18 ; 41:29). Pour plus de détails sur ce sujet, voir VENT.
Les personnes spirituelles. Dieu est invisible à l’homme (Ex 33:20 ; Jn 1:18 ; 1Tm 1:17) ; il est vivant et il déploie une force sans pareille dans tout l’univers (2Co 3:3 ; Is 40:25-31). Christ Jésus déclara : “ Dieu est un Esprit [Pneuma]. ” De son côté, l’apôtre écrivit : “ Or Jéhovah est l’Esprit. ” (Jn 4:24 ; 2Co 3:17, 18). Le temple bâti sur Jésus, la pierre angulaire de fondement, est “ un lieu où Dieu habite par l’esprit ”. — Ép 2:22.
Cela ne signifie pas que Dieu soit une force impersonnelle ou sans corps, comme le vent. Les Écritures attestent indubitablement qu’il s’agit d’une personne ; il se trouve également à un endroit précis, de sorte que Jésus put dire qu’il ‘ s’en irait vers son Père ’, et ce “ pour paraître [...] pour nous devant la personne de Dieu [littéralement : “ la face de Dieu ”] ”. — Jn 16:28 ; Hé 9:24 ; voir aussi 1R 8:43 ; Ps 11:4 ; 113:5, 6 ; JÉHOVAH (La personne qui porte ce nom).
Peut-être Dieu emploie-t-il en Genèse 6:3 l’expression “ mon esprit [rouḥi] ” au sens de “ moi l’Esprit ”, comme lorsqu’il dit “ mon âme [naphshi] ” au sens de “ moi la personne ” ou de “ moi-même ”. (Is 1:14 ; voir ÂME [En quel sens Dieu a-t-il l’âme ?].) De cette façon, il oppose sa position spirituelle et céleste à la nature charnelle et terrestre de l’homme.
Le Fils de Dieu. Le “ fils unique-engendré ” de Dieu, la Parole, était une personne spirituelle comme son Père, autrement dit ‘ il se trouvait dans la forme de Dieu ’ (Ph 2:5-8), mais, plus tard, il “ devint chair ” et résida parmi les hommes, étant lui-même l’homme Jésus (Jn 1:1, 14). Lorsqu’il eut accompli le temps de sa vie sur terre, il fut “ mis à mort dans la chair, mais [...] rendu à la vie dans l’esprit ”. (1P 3:18.) Son Père le ressuscita et, exauçant sa requête, il le glorifia auprès de lui de la gloire qu’il avait eue avant de devenir un humain (Jn 17:4, 5) et il fit de lui “ un esprit donnant la vie ”. (1Co 15:45.) Ainsi, de nouveau invisible à l’homme, le Fils habite “ une lumière inaccessible, que nul parmi les hommes n’a vu ni ne peut voir ”. — 1Tm 6:14-16.
D’autres créatures spirituelles. Les anges sont désignés par les termes rouaḥ et pneuma dans de nombreux passages de la Bible (1R 22:21, 22 ; Éz 3:12, 14 ; 8:3 ; 11:1, 24 ; 43:5 ; Ac 23:8, 9 ; 1P 3:19, 20). Dans les Écritures grecques chrétiennes, il est alors question, dans la majorité de ces cas, de créatures spirituelles méchantes, de démons. — Mt 8:16 ; 10:1 ; 12:43-45 ; Mc 1:23-27 ; 3:11, 12, 30.
En Psaume 104:4, on lit que Dieu fait “ de ses anges des esprits, de ses ministres un feu dévorant ”. Certaines traductions rendent ce passage comme suit : “ Des vents tu fais tes messagers, du feu dévorant tes ministres. ” (Os ; voir aussi AC ; Jé ; Sg ; TOB). Certes, cette traduction n’est pas inacceptable (voir Ps 148:8) ; toutefois, la citation que fait de ce texte l’apôtre Paul (en Hé 1:7) coïncide avec l’option de la Septante et s’harmonise avec la version donnée en début de paragraphe. (Dans le texte grec de Hébreux 1:7, l’article défini [tous] est employé devant “ anges ” et non devant “ esprits [pneumata] ”, ce qui fait logiquement du mot anges le sujet par rapport à l’autre mot.) Voici ce que dit à ce propos un commentaire biblique (Barnes’ Notes on the New Testament, 1974) : “ On peut présumer que [Paul], qui avait été instruit dans la connaissance de l’hébreu, était mieux placé que nous pour en connaître la construction exacte [de Psaume 104:4] ; il est aussi moralement certain qu’il employa ce passage dans une argumentation de la façon dont le comprenaient couramment ceux à qui il écrivait, c’est-à-dire ceux qui connaissaient bien la langue et les écrits hébraïques. ” — Voir Hé 1:14.
Bien que les anges de Dieu soient capables d’apparaître aux hommes en se matérialisant sous une forme humaine, leur nature n’est ni matérielle ni charnelle ; ils sont donc invisibles. Ils sont doués d’une vie active et peuvent déployer une force impressionnante, de sorte que les termes rouaḥ et pneuma leur conviennent tout à fait.
En Éphésiens 6:12, Paul parle des chrétiens qui luttent, “ non pas contre le sang et la chair, mais contre les gouvernements, contre les autorités, contre les maîtres mondiaux de ces ténèbres, contre les forces spirituelles méchantes dans les lieux célestes ”. Si on traduit le grec littéralement, la fin de ce verset se lit ainsi : “ Vers les (choses) spirituelles [gr. : pneumatika] de la méchanceté dans les [lieux] célestes. ” La plupart des versions modernes reconnaissent que ce texte ne désigne pas quelque chose d’abstrait, “ la puissance spirituelle de méchanceté ” (Da), mais la méchanceté manifestée par des personnes spirituelles. Elles le traduisent en conséquence comme suit : “ Les Forces spirituelles du mal répandues dans les airs ” (Md), “ les Esprits pervers qui sont dans les régions célestes ” (Os), les “ esprits du mal qui sont dans les cieux ” (TOB), “ la légion des esprits démoniaques dans les sphères surnaturelles ” (PV) ou “ les puissances spirituelles mauvaises du monde céleste ”. (BFC.)
La force agissante de Dieu, l’esprit saint. Dans la grande majorité des cas, rouaḥ et pneuma désignent l’esprit de Dieu, sa force agissante, son esprit saint.
Pas une personne. Ce n’est pas avant le IVe siècle de n. è. que l’Église adopta comme dogme officiel l’enseignement selon lequel l’esprit saint était une personne et une partie de la “ Divinité ”. Les “ Pères ” de l’Église primitive n’enseignaient pas cela. Ainsi, au IIe siècle, Justin définissait l’esprit saint comme une ‘ influence ou un mode d’opération de la Divinité ’. De même, Hippolyte n’attribuait aucune personnalité à l’esprit saint. Les Écritures elles-mêmes s’accordent à montrer que l’esprit saint de Dieu n’est pas une personne, mais la force agissante par laquelle Dieu accomplit ses desseins et exécute sa volonté.
Il faut tout d’abord remarquer que les mots “ dans le ciel : le Père, le Verbe et l’Esprit ; et ces trois sont un ” (AC), qu’on trouve dans certaines versions anciennes en 1 Jean 5:7, constituent en fait une addition apocryphe au texte original. La Bible de Jérusalem, version catholique, précise dans une note que ces mots sont absents “ des mss [manuscrits] grecs anciens, des vieilles versions et des meilleurs mss de la Vulg[ate] ”. Un commentaire biblique (A Textual Commentary on the Greek New Testament, par Bruce Metzger, 1975, p. 716-718) retrace en détail l’historique de ce passage apocryphe. On y lit que ce passage se rencontre la première fois dans un traité du IVe siècle intitulé Liber Apologeticus, et qu’il figure dans des manuscrits des Écritures de la Vieille Latine et de la Vulgate, et cela à partir du VIe siècle. La majorité des traductions modernes, catholiques et protestantes, n’incluent pas cette phrase dans le texte en raison de sa nature apocryphe. — Ch ; Da ; Md ; PB ; S.
La personnification n’en fait pas une personne. Il est vrai que Jésus parla de l’esprit saint comme d’un “ assistant ” qui ‘ enseignerait ’, ‘ témoignerait ’, ‘ donnerait des preuves ’, ‘ guiderait ’, ‘ parlerait ’, ‘ entendrait ’ et ‘ recevrait ’. Ce faisant, selon le texte grec original, Jésus employa parfois le pronom personnel masculin à propos de cet “ assistant ” (paraclet) (voir Jn 14:16, 17, 26 ; 15:26 ; 16:7-15). Toutefois, il n’est pas rare que les Écritures personnifient ainsi quelque chose qui n’est pas réellement une personne. Par exemple, le livre des Proverbes (1:20-33 ; 8:1-36) personnifie la sagesse ; on trouve alors des formes pronominales au féminin dans l’hébreu original, suivi en cela par de nombreuses traductions françaises (Da ; Jé ; Os ; TOB). La sagesse est également personnifiée en Matthieu 11:19 et en Luc 7:35, où on lui attribue des “ œuvres ” et des “ enfants ”. L’apôtre Paul décrivit le péché, la mort et aussi la faveur imméritée comme autant de rois qui ‘ règnent ’. (Rm 5:14, 17, 21 ; 6:12.) Il dit que le péché ‘ trouve une occasion ’, ‘ produit de la convoitise ’, ‘ séduit ’ et ‘ tue ’. (Rm 7:8-11.) Pourtant, à l’évidence, Paul ne voulait pas dire que le péché est une personne.
Par conséquent, il en va de même avec ce que Jean retransmet des propos de Jésus relatifs à l’esprit saint : il faut considérer ses remarques dans leur contexte. Jésus personnifia l’esprit saint quand il en parla comme d’un “ assistant ” (en grec paraklêtos, substantif masculin). Il convenait donc que Jean emploie des pronoms personnels masculins lorsqu’il rapporte les paroles de Jésus relatives à l’esprit sous cet aspect d’“ assistant ”. En revanche, dans le même contexte, quand c’est du mot pneuma qu’il se sert, il emploie un pronom neutre à propos de l’esprit saint, puisque pneuma est du genre neutre. Par conséquent, l’emploi que fit Jean du pronom personnel masculin conjointement avec paraklêtos est un exemple de respect des règles grammaticales, et non l’expression d’une doctrine. — Jn 14:16, 17 ; 16:7, 8.
L’esprit saint n’est pas identifié comme le serait une personne. Dieu est un Esprit et il est saint ; et puisque tous ses anges fidèles sont des esprits et sont saints, il est évident que si “ l’esprit saint ” était une personne, on devrait logiquement trouver dans les Écritures un moyen de distinguer et d’identifier cette personne spirituelle par rapport à tous ces autres ‘ esprits saints ’. On s’attendrait, pour le moins, à le rencontrer accompagné de l’article défini dans tous les cas où il n’est pas appelé “ l’esprit saint de Dieu ” ni modifié par quelque expression similaire. Au moins, cela le ferait ressortir comme L’ Esprit Saint. Mais, au contraire, dans un grand nombre de cas, l’expression “ esprit saint ” est dépourvue d’article dans l’original grec, ce qui souligne encore son caractère impersonnel. — Voir Ac 6:3, 5 ; 7:55 ; 8:15, 17, 19 ; 9:17 ; 11:24 ; 13:9, 52 ; 19:2 ; Rm 9:1 ; 14:17 ; 15:13, 16, 19 ; 1Co 12:3 ; Hé 2:4 ; 6:4 ; 2P 1:21 ; Jude 20, dans Int ou dans d’autres traductions interlinéaires.
Baptisés en son “ nom ” ? Matthieu 28:19 parle du “ nom du Père et du Fils et de l’esprit saint ”. Le mot “ nom ” ne désigne pas toujours un nom personnel. Lorsqu’on utilise en français des expressions comme “ au nom de la loi ” ou “ au nom du bon sens ”, on n’évoque pas une personne, mais on veut plutôt dire : ‘ En vertu de ce que représente la loi ou des pouvoirs qu’elle confère ’, ou : ‘ En invoquant ce que le bon sens signifie et requiert. ’ En grec, le mot traduit par “ nom ” (onoma) peut aussi avoir ce sens. Ainsi, certaines versions (AS) traduisent littéralement le texte grec en Matthieu 10:41 et disent que celui qui “ reçoit un prophète au nom d’un prophète recevra une récompense de prophète ; et [que] celui qui reçoit un juste au nom d’un juste recevra une récompense de juste ”. Par contre, d’autres traductions mettent “ reçoit un prophète parce que c’est un prophète ” et “ reçoit un homme juste parce que c’est un homme juste ”, ou quelque chose d’équivalent (BFC ; Ch ; MN ; S). C’est pourquoi A. Robertson (Word Pictures in the New Testament, 1930, vol. I, p. 245) fait ce commentaire à propos de Matthieu 28:19 : “ Cet emploi du terme ‘ nom ’ (onoma), courant dans la Septante et dans les papyrus, désigne la force ou l’autorité. ” Par conséquent, se faire baptiser ‘ au nom de l’esprit saint ’, c’est reconnaître que cet esprit provient de Dieu et qu’il joue son rôle selon la volonté divine.
D’autres preuves de son caractère impersonnel. Un autre argument contre l’idée que l’esprit saint soit une personne est la façon dont on le trouve associé à d’autres choses impersonnelles, telles que l’eau et le feu (Mt 3:11 ; Mc 1:8) ; il est parlé également de chrétiens baptisés “ dans de l’esprit saint ”. (Ac 1:5 ; 11:16.) Certains sont exhortés à ‘ se remplir d’esprit ’ plutôt que de vin (Ép 5:18). On mentionne également des hommes “ pleins d’esprit ” et d’autres qualités telles que la sagesse, la foi (Ac 6:3, 5 ; 11:24) ou la joie (Ac 13:52) ; et, dans l’énumération de qualités semblables en 2 Corinthiens 6:6, on trouve, intercalé, “ de l’esprit saint ”. De telles expressions n’existeraient certainement pas si l’esprit saint était une personne divine. Certes, on dit que l’esprit saint ‘ atteste ’ ou ‘ témoigne ’ (Ac 5:32 ; 20:23), mais on peut remarquer en 1 Jean 5:6-8 une expression similaire au sujet de l’eau et du sang. Plusieurs textes indiquent que l’esprit ‘ atteste ’, ‘ parle ’ ou ‘ dit ’ certaines choses, mais il ressort d’autres passages qu’il ne le fit que par l’intermédiaire de différentes personnes, puisque par nature il est sans voix (voir Hé 3:7 ; 10:15-17 ; Ps 95:7 ; Jr 31:33, 34 ; Ac 19:2-6 ; 21:4 ; 28:25). On peut donc le comparer aux ondes radioélectriques qui transmettent un message de quelqu’un parlant dans un microphone et font que d’autres personnes entendent cette voix loin de là, et qui, en quelque sorte, ‘ parlent ’ ou ‘ disent ’ le message au moyen d’un haut-parleur. De même, par son esprit, Dieu communique ses messages et sa volonté à la pensée et au cœur de ses serviteurs terrestres qui, à leur tour, peuvent en faire part à d’autres encore.
L’esprit de Dieu diffère de sa “ puissance ”. Lorsqu’ils se rapportent à l’esprit saint de Dieu, rouaḥ et pneuma désignent donc la force agissante invisible par laquelle Dieu accomplit son dessein et sa volonté. Cet esprit est “ saint ” parce qu’il provient de Lui et non d’une source terrestre, et parce que c’est “ l’esprit de sainteté ” exempt de toute corruption (Rm 1:4). Il ne s’agit pas de la “ puissance ” de Jéhovah, car ce mot français correspond mieux à d’autres mots dans les langues originales (héb. : koaḥ ; gr. : dunamis). Rouaḥ et pneuma sont employés en étroite relation, voire en parallèle, avec ces termes qui signifient “ puissance ”, ce qui montre qu’il existe un rapport naturel, mais aussi une différence certaine, entre ces mots (Ze 4:6 ; Lc 1:17, 35 ; Ac 10:38). Fondamentalement, la “ puissance ” est la capacité d’agir et de faire, capacité qui peut résider à l’état latent ou passif en quelqu’un ou en quelque chose. Par contre, le terme “ force ” désigne plus précisément une énergie à l’œuvre, qui s’exerce sur des personnes ou des choses ; on peut la définir comme “ une cause qui tend à provoquer un mouvement ou à le modifier ”. La “ puissance ” peut être comparée à l’énergie renfermée dans une pile, alors que la “ force ” correspondrait au courant électrique produit par la pile. Par conséquent, le mot “ force ” traduit plus exactement le sens des termes hébreu et grec qui désignent l’esprit de Dieu, et cette affirmation est étayée par un examen des Écritures.
Utilisé dans la création. Jéhovah Dieu créa l’univers matériel au moyen de son esprit ou force agissante. À propos des premières étapes de la formation de la planète Terre, le récit précise que “ la force agissante [ou : “ l’esprit ”, rouaḥ] de Dieu se mouvait sur la surface des eaux ”. (Gn 1:2.) Psaume 33:6 dit : “ Par la parole de Jéhovah les cieux ont été faits, et par l’esprit de sa bouche toute leur armée. ” Dieu peut envoyer son esprit, tel un souffle puissant, accomplir une action même s’il n’a pas de contact corporel avec ce sur quoi il agit (voir Ex 15:8, 10). Puisque Dieu utilise son esprit comme un artisan se sert de la force de ses mains et de ses doigts pour produire quelque chose, on en parle aussi comme de sa “ main ” ou comme de ses “ doigts ”. — Voir Ps 8:3 ; 19:1 ; comparer Mt 12:28 avec Lc 11:20.
La science moderne dit que la matière est de l’énergie organisée, comme des paquets d’énergie, et reconnaît que la “ matière peut être transformée en énergie et l’énergie en matière ”. (The World Book Encyclopedia, 1987, vol. 13, p. 246.) Le peu que l’homme a jusqu’ici observé de l’univers immense avec ses télescopes ne donne qu’une faible idée de l’inépuisable source d’énergie qu’on trouve en Jéhovah Dieu. Aussi le prophète écrivit-il : “ Qui a pris les dimensions de l’esprit de Jéhovah ? ” — Is 40:12, 13, 25, 26.
À l’origine de la vie animée et des facultés procréatrices. Non seulement la création inanimée, mais aussi la création animée doit l’existence et la vie à l’opération de l’esprit de Jéhovah qui produisit les premières créatures vivantes par lesquelles toutes les créatures actuellement vivantes apparurent (voir Jb 33:4 ; voir plus loin sous l’intertitre “ Le souffle ; le souffle de vie ; la force vitale ”). Jéhovah utilisa son esprit saint pour ranimer les facultés procréatrices d’Abraham et de Sara, si bien qu’on put dire d’Isaac qu’il était “ né selon l’esprit ”. (Ga 4:28, 29.) Par son esprit, Jéhovah transféra également la vie de son Fils du ciel sur la terre, afin qu’il soit conçu dans la matrice de Marie, une vierge juive. — Mt 1:18, 20 ; Lc 1:35.
Jéhovah emploie son esprit en faveur de ses serviteurs. Une opération principale de l’esprit de Dieu est celle qui consiste à informer, à éclairer, à révéler des choses. C’est pourquoi David pouvait prier en ces termes : “ Enseigne-moi à faire ta volonté, car tu es mon Dieu. Ton esprit est bon ; qu’il me conduise dans le pays de la droiture. ” (Ps 143:10). Bien des années avant, Joseph avait, grâce à Dieu, donné l’interprétation des rêves prophétiques de Pharaon. Le dirigeant égyptien reconnut que l’esprit de Dieu opérait en Joseph (Gn 41:16, 25-39). Ce pouvoir éclairant de l’esprit est particulièrement remarquable dans le domaine prophétique. Comme le dit l’apôtre, la prophétie ne provenait pas de l’interprétation humaine de situations ou d’événements ; elle ne fut pas le résultat de quelque capacité innée des prophètes soit à expliquer le sens ou donner la signification des événements, soit à prédire l’avenir. Ces hommes furent plutôt “ portés par l’esprit saint ”, c’est-à-dire transportés, mus et guidés par la force agissante de Dieu (2P 1:20, 21 ; 2S 23:2 ; Ze 7:12 ; Lc 1:67 ; 2:25-35 ; Ac 1:16 ; 28:25 ; voir PROPHÈTE ; PROPHÉTIE). De même, toutes les Écritures inspirées furent ‘ inspirées de Dieu ’, ce qui traduit le grec théopneustos, littéralement ‘ soufflées par Dieu ’. (2Tm 3:16.) L’esprit opéra de différentes façons pour communiquer avec ces hommes et les guider, parfois en leur faisant contempler des visions ou des rêves (Éz 37:1 ; Yl 2:28, 29 ; Ré 4:1, 2 ; 17:3 ; 21:10), mais toujours en agissant sur leur pensée et leur cœur en vue de les pousser et de les guider dans le sens du dessein de Dieu. — Dn 7:1 ; Ac 16:9, 10 ; Ré 1:10, 11 ; voir INSPIRATION.
L’esprit de Dieu ne fait donc pas qu’apporter la révélation ou l’explication de la volonté divine ; il donne aussi aux serviteurs de Dieu la vigueur pour accomplir des actions conformes à cette volonté. Cet esprit est semblable à une force motrice qui les anime et les pousse ; c’est en ce sens que Marc dit que l’esprit “ fit ” aller Jésus dans le désert après son baptême (Mc 1:12 ; voir aussi Lc 4:1). Il peut être comme un “ feu ” au-dedans d’eux et les rendre “ brûlants ” de cette force (1Th 5:19 ; Ac 18:25 ; Rm 12:11), autrement dit ‘ bouillonner ’ en eux, ‘ faire monter ’ la pression en eux, pour les pousser à accomplir une certaine œuvre (voir Jb 32:8, 18-20 ; 2Tm 1:6, 7). Les serviteurs de Dieu reçoivent “ la puissance de l’esprit ”, ils reçoivent de la “ puissance, grâce à son esprit ”. (Lc 2:27 ; Ép 3:16 ; voir aussi Mi 3:8.) Cependant, il ne s’agit pas simplement d’une impulsion inconsciente et aveugle, car leur pensée et leur cœur sont touchés aussi, de sorte qu’ils peuvent collaborer intelligemment avec la force agissante qui leur est donnée. Ainsi, parlant de ceux qui dans la congrégation chrétienne avaient reçu le don de prophétie, l’apôtre pouvait dire que “ les dons de l’esprit des prophètes doivent être maîtrisés par les prophètes ”, afin que l’ordre règne. — 1Co 14:31-33.
Une diversité d’opérations. Tout comme l’électricité peut servir à réaliser une infinité de choses, de même l’esprit de Dieu sert à charger de mission et à rendre capables des humains pour effectuer une très grande variété de tâches (Is 48:16 ; 61:1-3). À propos des dons de l’esprit qui permettaient les miracles à son époque, Paul écrivit : “ Or il y a diversité de dons, mais il y a le même esprit ; il y a diversité de ministères, et pourtant il y a le même Seigneur ; il y a diversité d’opérations, et pourtant il y a le même Dieu qui accomplit toutes ces opérations en tous. Mais la manifestation de l’esprit est donnée à chacun à des fins utiles. ” — 1Co 12:4-7.
L’esprit peut doter des hommes de certaines qualités, les pourvoir des capacités voulues pour effectuer une œuvre ou pour remplir une fonction. Certes, Betsalel et Oholiab connaissaient sans doute leur métier avant que Dieu leur confie la fabrication du matériel destiné au tabernacle et la confection des vêtements sacerdotaux, mais l’esprit de Dieu les ‘ remplit de sagesse, d’intelligence et de connaissance ’ de façon que les ouvrages soient exécutés de la manière voulue. L’esprit aiguisa toute aptitude naturelle en eux et tout savoir acquis, et il les rendit capables de former d’autres personnes (Ex 31:1-11 ; 35:30-35). Plus tard, David reçut les plans architecturaux du temple par inspiration, c’est-à-dire par l’opération de l’esprit de Dieu, grâce à quoi il put entreprendre de grands préparatifs en vue de la construction. — 1Ch 28:12.
L’esprit de Dieu agit sur Moïse et par son intermédiaire, lui donnant de prophétiser et de faire des miracles, mais aussi de conduire la nation et de lui servir de juge, en quoi il préfigura le rôle futur de Jésus Christ (Is 63:11-13 ; Ac 3:20-23). Néanmoins, Moïse, homme imparfait, trouva lourde la charge de cette responsabilité, si bien que Dieu ‘ enleva une partie de l’esprit qui était sur lui et la mit sur 70 anciens ’ afin qu’ils l’aident à porter cette charge (Nb 11:11-17, 24-30). Pareillement, dès le jour où David fut oint par Samuel, l’esprit de Dieu commença à agir sur lui, en le guidant et en le préparant pour son futur rôle de roi. — 1S 16:13.
Successeur de Moïse, Josué devint “ plein de l’esprit de sagesse ”. Toutefois, cet esprit ne lui donna pas la capacité de prophétiser ou de faire des miracles autant que Moïse (Dt 34:9-12). Par contre, il le rendit capable de conduire Israël dans la conquête militaire du pays de Canaan. De façon comparable, l’esprit de Jéhovah “ enveloppa ” d’autres hommes, tels Othniel, Guidéôn, Yiphtah et Samson, les ‘ poussant ’ à combattre en faveur du peuple de Dieu. — Jg 3:9, 10 ; 6:34 ; 11:29 ; 13:24, 25 ; 14:5, 6, 19 ; 15:14.
L’esprit de Dieu stimula des hommes de sorte qu’ils proclamèrent son message véridique avec hardiesse et courage devant des opposants et au péril de leur vie. — Mi 3:8.
L’esprit de Dieu ‘ répandu ’ sur son peuple est signe de son approbation, et apporte des bénédictions et la prospérité. — Éz 39:29 ; Is 44:3, 4.
L’esprit juge et exécute le jugement. Par son esprit, Dieu rend ses jugements sur les hommes et les nations ; il fait également suivre ses sentences de la punition ou de la destruction (Is 30:27, 28 ; 59:18, 19). Dans ces cas-là, il convient de traduire rouaḥ par “ souffle ” (au sens de “ vent ” violent), comme lorsque Jéhovah dit qu’il fera ‘ éclater dans sa fureur un souffle [rouaḥ] de tempêtes de vent ’. (Éz 13:11, 13 ; voir Da ; S ; voir aussi Is 25:4 ; 27:8.) L’esprit de Dieu peut intervenir partout, afin d’agir pour ou contre ceux qui sont l’objet de son attention. — Ps 139:7-12.
La Révélation (1:4) parle des “ sept esprits ” de Dieu qui sont devant son trône, puis de sept messages qui se terminent tous par une invitation à ‘ entendre ce que l’esprit dit aux congrégations ’. (Ré 2:7, 11, 17, 29 ; 3:6, 13, 22.) Ces messages contiennent des déclarations de jugement qui font réfléchir, ainsi que des promesses de récompense à l’intention de ceux qui se montrent fidèles. D’après ces messages, c’est le Fils de Dieu qui a ces “ sept esprits de Dieu ” (Ré 3:1), lesquels sont aussi évoqués comme “ sept lampes de feu ” (Ré 4:5) et comme les sept yeux de l’agneau tué, “ des yeux qui représentent les sept esprits de Dieu qui ont été envoyés dans toute la terre ”. (Ré 5:6.) Puisque, dans d’autres textes prophétiques, le chiffre sept représente l’état de ce qui est complet (voir NOMBRE, CHIFFRE), il semble que ces sept esprits symbolisent la pleine capacité d’observation, de discernement et de perception que possède Jésus Christ glorifié, l’Agneau de Dieu, capacité qui lui permet d’inspecter toute la terre.
La Parole de Dieu est “ l’épée ” de l’esprit (Ép 6:17), qui révèle ce que quelqu’un est vraiment, ses traits cachés et ses penchants ; cette Parole amène l’individu soit à adoucir son cœur et à se conformer à la volonté divine dont elle est l’expression, soit à endurcir son cœur dans la rébellion (voir Hé 4:11-13 ; Is 6:9, 10 ; 66:2, 5). La Parole de Dieu joue donc un rôle puissant quand elle prédit un jugement défavorable ; puisque le message de Dieu ne peut que s’accomplir, son accomplissement produit des effets semblables à ceux d’un feu sur la paille ou d’un marteau de forge qui brise le rocher (Jr 23:28, 29). Christ Jésus, “ La Parole de Dieu ”, c’est-à-dire son Porte-Parole principal, annonce les messages de jugement divin ; il est également habilité à en ordonner l’exécution. C’est là, sans doute, ce que signifient les textes selon lesquels il supprimera les ennemis de Dieu “ par l’esprit [force d’impulsion] de sa bouche ”. — Voir 2Th 2:8 ; Is 11:3, 4 ; Ré 19:13-16, 21.
Un “ assistant ” pour la congrégation chrétienne. Lorsqu’il monta au ciel, comme promis Jésus demanda à son Père son esprit saint, ou force agissante, et reçut le pouvoir d’utiliser cet esprit. Il ‘ le répandit ’ sur ses disciples fidèles le jour de la Pentecôte, ce qu’il continua de faire ensuite pour ceux qui allaient vers Dieu par son intermédiaire (Jn 14:16, 17, 26 ; 15:26 ; 16:7 ; Ac 1:4, 5 ; 2:1-4, 14-18, 32, 33, 38). De même qu’ils avaient été baptisés dans l’eau, ils furent tous, cette fois, “ baptisés dans un seul corps ” par ce seul esprit, plongés en quelque sorte en lui, un peu comme une pièce de métal peut être plongée dans un champ magnétique et s’aimanter (1Co 12:12, 13 ; voir aussi Mc 1:8 ; Ac 1:5). L’esprit de Dieu avait déjà opéré sur les disciples, comme le démontrait leur capacité de chasser les démons (voir Mt 12:28 ; Mc 3:14, 15), mais dorénavant cet esprit opérait sur eux dans une plus grande mesure et de façons qu’ils n’avaient jamais connues. — Voir Jn 7:39.
En tant que Roi messianique, Christ Jésus possède “ l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de connaissance et de crainte de Jéhovah ”. (Is 11:1, 2 ; 42:1-4 ; Mt 12:18-21.) Cette force poussant à la justice est manifeste en ce qu’il employa la force agissante (l’esprit) de Dieu pour diriger la congrégation chrétienne sur la terre, étant, de par la volonté de Dieu, la Tête et le Chef, le Propriétaire et le Seigneur de cette congrégation (Col 1:18 ; Jude 4). En sa qualité d’“ assistant ”, l’esprit donna désormais aux membres de la congrégation une plus grande intelligence de la volonté, du dessein et de la Parole prophétique de Dieu (1Co 2:10-16 ; Col 1:9, 10 ; Hé 9:8-10). Il leur fournit l’énergie nécessaire pour être des témoins dans toute la terre (Lc 24:49 ; Ac 1:8 ; Ép 3:5, 6) ; il leur accorda aussi des ‘ dons de l’esprit ’ miraculeux qui leur permirent de parler en langues étrangères, de prophétiser, de guérir et d’accomplir d’autres œuvres afin de faciliter leur proclamation de la bonne nouvelle et d’attester qu’ils étaient envoyés et soutenus par Dieu. — Rm 15:18, 19 ; 1Co 12:4-11 ; 14:1, 2, 12-16 ; voir aussi Is 59:21 ; DONS DE DIEU (Dons de l’esprit).
En tant que Surveillant de la congrégation, Jésus se servit de l’esprit pour la diriger, c’est-à-dire orienter le choix des hommes à qui confier des missions spéciales ou la responsabilité de la surveillance, de l’enseignement et du “ redressement ” de la congrégation (Ac 13:2-4 ; 20:28 ; Ép 4:11, 12). Jésus tantôt stimula, tantôt retint ces hommes, afin de leur montrer où faire converger leurs efforts dans le ministère (Ac 16:6-10 ; 20:22) ; il fit d’eux d’efficaces rédacteurs de ‘ lettres de Christ, écrites avec l’esprit de Dieu sur des tablettes de chair, sur des cœurs d’humains ’. (2Co 3:2, 3 ; 1Th 1:5.) Comme promis, l’esprit raviva leurs souvenirs, stimula leurs facultés mentales et leur donna la hardiesse pour témoigner même devant des dirigeants. — Voir Mt 10:18-20 ; Jn 14:26 ; Ac 4:5-8, 13, 31 ; 6:8-10.
Comme des “ pierres vivantes ”, les chrétiens étaient en train d’être constitués en temple spirituel fondé sur Christ, temple par lequel seraient offerts des “ sacrifices spirituels ” (1P 2:4-6 ; Rm 15:15, 16), chantés des chants spirituels (Ép 5:18, 19), et dans lequel Dieu résiderait par l’esprit (1Co 3:16 ; 6:19, 20 ; Ép 2:20-22 ; voir aussi Hag 2:5). Tant qu’ils laissaient l’esprit de Dieu opérer librement parmi eux, cette puissante force unificatrice les soudait paisiblement dans des liens d’amour et d’attachement à Dieu, à son Fils et les uns aux autres (Ép 4:3-6 ; 1Jn 3:23, 24 ; 4:12, 13 ; voir aussi 1Ch 12:18). Le don de l’esprit ne leur donna pas des aptitudes pour une activité manuelle, comme dans le cas de Betsalel et de ceux qui fabriquèrent avec lui le tabernacle et son matériel, mais les rendit aptes à des tâches spirituelles : enseigner, guider, paître les brebis et conseiller. Le temple spirituel qu’ils composaient devait être orné des beaux fruits de l’esprit de Dieu, à savoir ‘ l’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la foi ’ et d’autres qualités semblables qui témoigneraient avec force de l’action de l’esprit en eux et entre eux (Ga 5:22, 23 ; voir aussi Lc 10:21 ; Rm 14:17). Voilà qui, plus que toute autre chose, contribuait au bon ordre et les guidait vraiment (Ga 5:24-26 ; 6:1 ; Ac 6:1-7 ; voir aussi Éz 36:26, 27). Ils se soumettaient à la “ loi de l’esprit ”, puissante force poussant à la justice et qui écartait les pratiques de la chair à laquelle le péché est inhérent (Rm 8:2 ; Ga 5:16-21 ; Jude 19-21). Ils comptaient non sur leurs capacités naturelles ou sur leur expérience, mais sur l’opération de l’esprit de Dieu sur eux. — 1Co 2:1-5 ; Ép 3:14-17 ; Ph 3:1-8.
Lorsque certaines questions furent soulevées, l’esprit saint fut un assistant pour parvenir à une décision, et c’est ainsi que la question de la circoncision fut réglée par le collège (ou conseil) des apôtres et des anciens de Jérusalem. Pierre expliqua que l’esprit avait été accordé aux incirconcis ; Paul et Barnabas rapportèrent les œuvres que l’esprit avait accomplies alors qu’ils effectuaient leur ministère parmi ces gens des nations ; Jacques enfin, dont la mémoire des Écritures était sans doute aidée par l’esprit saint, attira l’attention sur la prophétie divinement inspirée d’Amos qui prédisait que le nom de Dieu serait invoqué sur des gens des nations. Ainsi, toutes les poussées, les impulsions que donnait l’esprit saint de Dieu convergeaient dans une seule direction ; c’est ce que le collège reconnut, et il fit savoir par écrit sa décision en ces termes : “ Car l’esprit saint et nous-mêmes avons jugé bon de ne pas vous ajouter d’autre fardeau, si ce n’est ces choses-ci qui sont nécessaires. ” — Ac 15:1-29.
L’esprit oint, engendre et donne la ‘ vie spirituelle ’. Comme il avait oint Jésus avec son esprit saint au moment du baptême (Mc 1:10 ; Lc 3:22 ; 4:18 ; Ac 10:38), Dieu oignit pareillement les disciples du Christ. Cette onction avec l’esprit était pour eux un “ gage ” de l’héritage céleste auquel ils étaient dès lors appelés (2Co 1:21, 22 ; 5:1, 5 ; Ép 1:13, 14) et leur rendait témoignage ou attestait que Dieu les avait ‘ engendrés ’ pour être ses fils avec la promesse de la vie spirituelle dans les cieux (Jn 3:5-8 ; Rm 8:14-17, 23 ; Tt 3:5 ; Hé 6:4, 5). Ils furent purifiés, sanctifiés et déclarés justes ‘ au nom de leur Seigneur Jésus Christ et avec l’esprit de leur Dieu ’, esprit qui avait rendu Jésus apte à offrir le sacrifice rédempteur et à devenir le grand prêtre de Dieu. — 1Co 6:11 ; 2Th 2:13 ; Hé 9:14 ; 1P 1:1, 2.
En raison de cet appel et de cet héritage célestes, les disciples de Jésus oints d’esprit possédaient une vie spirituelle, tout en étant des créatures de chair imparfaites. Selon toute apparence, c’est à cela que pensait Paul lorsqu’il mit en contraste les pères terrestres et Jéhovah Dieu, le “ Père de notre vie spirituelle [littéralement : “ Père des esprits ”] ”. (Hé 12:9 ; voir aussi le verset 12:23.) Comme ils sont cohéritiers de Christ, qui doivent être ressuscités dans un corps spirituel portant son image céleste, il leur faut vivre sur la terre comme “ un seul esprit ” en union avec lui, leur Chef, sans se laisser dominer par les désirs ou par les tendances immorales de leur chair, ce qui risquerait même de les amener par exemple à devenir “ une seule chair ” avec une prostituée. — 1Co 6:15-18 ; 15:44-49 ; Rm 8:5-17.
Comment acquérir et garder l’esprit de Dieu. L’esprit saint est “ le don gratuit ” de Dieu, un don qu’il accorde volontiers à qui le recherche et le demande sincèrement (Ac 2:38 ; Lc 11:9-13). Si, pour l’obtenir, la condition essentielle est un cœur droit (Ac 15:8), la connaissance des exigences divines et l’obéissance à celles-ci n’en sont pas moins indispensables (voir Ac 5:32 ; 19:2-6). Le chrétien qui a reçu l’esprit de Dieu doit veiller à ne pas l’‘ attrister ’ en le repoussant (Ép 4:30 ; voir aussi Is 63:10), en suivant une voie contraire à sa direction, en se fixant des objectifs autres que ceux qu’il indique et vers lesquels il pousse, en rejetant et en n’appliquant pas la Parole inspirée de Dieu et ses conseils (Ac 7:51-53 ; 1Th 4:8 ; voir aussi Is 30:1, 2). En étant hypocrite, on peut “ tromper ” cet esprit saint au moyen duquel Christ dirige la congrégation ; ceux qui ‘ mettent à l’épreuve ’ la force de l’esprit de cette façon vont au désastre (Ac 5:1-11 ; opposer à Rm 9:1). L’opposition délibérée et la rébellion contre la manifestation évidente de l’esprit de Dieu peuvent équivaloir à un blasphème contre l’esprit, péché qui est impardonnable. — Mt 12:31, 32 ; Mc 3:29, 30 ; voir aussi Hé 10:26-31.
Le souffle ; le souffle de vie ; la force vitale. Selon le récit de la création, Dieu forma l’homme avec de la poussière du sol “ et il souffla [forme de naphaḥ] dans ses narines le souffle [forme de neshamah] de vie, et l’homme devint une âme [nèphèsh] vivante ”. (Gn 2:7 ; voir ÂME.) Nèphèsh peut être traduit littéralement par “ un respirant ”, c’est-à-dire “ une créature qui respire ”, homme ou animal. Le terme neshamah est, de fait, employé au sens de “ chose [ou : créature] qui respire ”, et en tant que tel il est utilisé presque comme un synonyme de nèphèsh, “ âme ”. (Voir Dt 20:16 ; Jos 10:39, 40 ; 11:11 ; 1R 15:29.) Le récit de Genèse 2:7 emploie neshamah pour expliquer comment Dieu donna la vie au corps d’Adam, de sorte que l’homme devint “ une âme vivante ”. Cependant, d’autres textes montrent qu’il ne s’agissait pas simplement de la respiration, c’est-à-dire de l’introduction d’air dans les poumons et de son expulsion. En Genèse 7:22, en effet, la destruction de la vie des hommes et des animaux qui ne se trouvaient pas dans l’arche au moment du déluge est racontée ainsi : “ Tout ce en quoi le souffle [forme de neshamah] de la force [ou : “ esprit ”, rouaḥ] de vie était en action dans les narines, c’est-à-dire tout ce qui était sur le sol ferme, tout mourut. ” Ce texte relie donc directement neshamah, “ souffle ”, à rouaḥ, qui désigne ici l’esprit ou la force vitale qui est en action dans tous les êtres vivants, toutes les âmes humaines ou animales.
Voici ce que le Dictionnaire biblique Gerhard Kittel (Esprit, p. 9) déclare à ce propos : “ L’air, qui n’est perceptible que par son déplacement [lorsque la poitrine se gonfle ou quand les narines se dilatent], est de ce fait le signe, la condition et le véhicule de la vie ; il est sensible dans la respiration. ” Par conséquent, la neshamah, ou “ souffle ”, est à la fois le résultat de la rouaḥ, ou force vitale, et le moyen principal d’entretenir cette force vitale dans les créatures vivantes. Par exemple, d’après des études scientifiques, on sait que la vie est présente dans chacune des cent mille milliards de cellules qui composent le corps, et que leur reproduction se poursuit constamment pendant que des milliards d’entre elles meurent chaque minute. La force vitale qui est en action dans chaque cellule vivante dépend de l’oxygène qui pénètre dans l’organisme par la respiration, puis qui est distribué à toutes les cellules par le sang. Privées d’oxygène, certaines cellules meurent en quelques minutes, alors que d’autres peuvent subsister plus longtemps. On peut cesser de respirer pendant quelques minutes et rester en vie ; par contre, si la force vitale quitte ses cellules, un homme meurt et ne peut être réanimé. Les Écritures hébraïques, inspirées par l’Auteur et le Créateur de l’homme, emploient vraisemblablement le terme rouaḥ pour parler de cette force vitale qui est le principe même de la vie, et neshamah pour désigner la respiration qui l’entretient.
Comme la respiration est si inséparablement liée à la vie, dans plusieurs textes les termes neshamah et rouaḥ sont employés à l’évidence parallèlement. Ainsi, Job exprima sa détermination à ne pas prononcer d’injustice ‘ tant que le souffle [forme de neshamah] serait encore tout entier en lui, et que l’esprit [werouaḥ] de Dieu serait dans ses narines ’. (Jb 27:3-5.) Élihou déclara : “ S’il [Dieu] en ramène à lui l’esprit [forme de rouaḥ] et le souffle [forme de neshamah], toute chair expirera [autrement dit : “ rendra son souffle ”] ensemble, et l’homme tiré du sol retournera à la poussière. ” (Jb 34:14, 15). De même, voici ce qu’on lit en Psaume 104:29 au sujet des créatures terrestres, soit humaines, soit animales : “ Si tu [Dieu] retires leur esprit, ils expirent, et à leur poussière ils retournent. ” Isaïe 42:5 présente Jéhovah comme “ Celui qui a étalé la terre et ses produits, Celui qui donne le souffle au peuple qui est sur elle, et l’esprit à ceux qui y marchent ”. Le souffle (neshamah) entretient leur existence ; l’esprit (rouaḥ) donne l’énergie, il est la force vitale qui permet à l’homme d’être une créature animée, de se mouvoir, de marcher, bref, d’être actif et en vie (voir Ac 17:28). Dieu n’est pas comme les idoles sans vie, sans souffle, inanimées, de fabrication humaine. — Ps 135:15, 17 ; Jr 10:14 ; 51:17 ; Hab 2:19.
Si les termes neshamah (souffle) et rouaḥ (esprit, force agissante, force vitale) sont parfois utilisés dans un sens parallèle, ils n’en sont pas pour autant synonymes. Certes, on parle parfois de l’“ esprit ” (rouaḥ) comme s’il s’agissait de la respiration (neshamah) elle-même, mais c’est apparemment pour la simple raison que le souffle constitue le principal signe visible de la présence de la force vitale dans le corps. — Jb 9:18 ; 19:17 ; 27:3.
Le prophète Ézékiel (37:1-10) décrivit la vision symbolique d’une vallée d’ossements desséchés, où les os se rassemblaient, puis se couvraient de tendons, de chair et de peau, mais, précisa-t-il, “ pour ce qui est du souffle [werouaḥ], il n’y en avait aucun en eux ”. Ézékiel reçut l’ordre de prophétiser au “ vent [harouaḥ] ” en ces termes : “ Des quatre vents [forme de rouaḥ], viens, ô vent, et souffle sur ces tués, pour qu’ils prennent vie. ” Il convient dans ce cas précis de traduire rouaḥ par vent puisqu’on parle de quatre vents. Cependant, lorsque ce “ vent ”, qui n’est que de l’air en mouvement, entra dans les narines des morts de la vision, il devint un “ souffle ”, qui est aussi de l’air en mouvement. C’est pourquoi il est plus exact, dans cette partie du récit (v. 37:10), de traduire rouaḥ par “ souffle ” plutôt que par “ esprit ” ou “ force vitale ”. De plus, Ézékiel put voir ces corps se mettre à respirer, même s’il ne put voir la force vitale (l’esprit) leur donner de l’énergie. Comme les versets 37:11 à 14 l’indiquent, cette vision symbolisait la revivification spirituelle (et non physique) du peuple d’Israël, qui se trouvait momentanément dans un état de mort spirituelle en raison de son exil à Babylone. Puisque les Israélites étaient déjà physiquement dotés de la vie et du souffle, il est logique de traduire rouaḥ par “ esprit ” au verset 37:14, où Dieu déclare qu’il mettra ‘ son esprit ’ en eux pour qu’ils deviennent vivants, spirituellement parlant.
En Révélation chapitre 11, une vision symbolique analogue met en scène “ deux témoins ” qui ont été tués, et dont les cadavres ont été laissés dans la rue pendant trois jours et demi. Ensuite, “ de l’esprit [ou : souffle, pneuma] de vie venant de Dieu est entré en eux, et ils se sont tenus sur leurs pieds ”. (Ré 11:1-11.) Cette vision puise, elle aussi, dans la réalité physique pour illustrer une revivification spirituelle. Elle indique également que le mot grec pneuma, de même que l’hébreu rouaḥ, peut désigner la force vivifiante venant de Dieu qui anime l’âme ou la personne humaine, comme le souligne Jacques (2:26) en ces termes : “ Le corps sans esprit [pneumatos] est mort. ” — Int.
Par conséquent, lorsque Dieu créa l’homme en Éden et souffla dans ses narines “ le souffle [forme de neshamah] de vie ”, il lui donna sans doute aussi, en même temps qu’il remplissait d’air ses poumons, la force vitale ou esprit (rouaḥ) nécessaire pour donner vie à toutes les cellules de son corps. — Gn 2:7 ; voir aussi Ps 104:30 ; Ac 17:25.
Les parents transmettent la force vitale à leurs enfants par la conception. Puisque Dieu est à la fois Celui qui le premier a donné cette force vitale à l’homme et l’Auteur du phénomène de la procréation, tout humain ne peut que reconnaître qu’il lui doit la vie, même s’il ne l’a pas reçue de lui directement, mais par l’intermédiaire de ses parents. — Voir Jb 10:9-12 ; Ps 139:13-16 ; Ec 11:5.
La force vitale (esprit) est impersonnelle. Comme on l’a vu, les Écritures ne mentionnent pas seulement la rouaḥ, ou force vitale, de l’homme, mais encore celle des animaux (Gn 6:17 ; 7:15, 22). D’après Ecclésiaste 3:18-22, la mort de l’homme est semblable à celle des bêtes, car “ ils ont tous un même esprit [werouaḥ], de sorte qu’il n’y a pas de supériorité de l’homme sur la bête ”, du moins pour ce qui est de la force vitale qu’ils ont en commun. De ce fait, il est clair qu’employé dans ce sens l’“ esprit ”, ou force vitale (rouaḥ), est impersonnel. On pourrait le comparer à l’électricité, autre énergie invisible, avec laquelle on peut faire fonctionner différents appareils : un four produira de la chaleur, un ventilateur fera du vent, un ordinateur résoudra des problèmes, et un poste de télévision transmettra des formes, des voix et d’autres sons. Cependant, le courant électrique ne s’imprègne jamais des caractéristiques des machines dans lesquelles il fonctionne ou est en action.
Ainsi, au sujet de l’homme, Psaume 146:3, 4 dit que quand “ son esprit [forme de rouaḥ] sort, il retourne à son sol ; en ce jour-là périssent ses pensées ”. L’esprit ou force vitale qui était en action dans les cellules du corps humain, par exemple dans les neurones qui contribuent à l’élaboration de la pensée, ne conserve aucune caractéristique de ces cellules. Si l’esprit ou force vitale (rouaḥ ; pneuma) n’était pas impersonnel, cela voudrait dire que les enfants de certaines femmes qui furent ressuscités par les prophètes Éliya et Élisha auraient eu quelque part une existence consciente pendant le temps où ils étaient morts. Même chose pour Lazare, qui fut ressuscité environ quatre jours après sa mort (1R 17:17-23 ; 2R 4:32-37 ; Jn 11:38-44). Si tel avait été le cas, logiquement ils se seraient rappelé cette période d’existence consciente, et à leur résurrection ils l’auraient décrite, en auraient parlé. Or, rien n’indique que l’un d’eux l’ait fait. Par conséquent, la personnalité du défunt ne se perpétue pas dans la force vitale (l’esprit) qui cesse de fonctionner dans les cellules du corps mort.
Ecclésiaste 12:7 dit qu’à la mort le corps retourne à la poussière, “ et l’esprit retourne au vrai Dieu qui l’a donné ”. Puisque la personne n’a jamais vécu au ciel avec Dieu, ce qui “ retourne ” à Dieu est donc la force vitale qui lui permettait de vivre.
En raison du caractère impersonnel de la force vitale (esprit) qui est en l’homme (et aussi dans les animaux), la déclaration de David en Psaume 31:5, citée par Jésus au moment de sa mort (Lc 23:46) : “ En ta main je remets mon esprit ”, représentait de toute évidence un appel à Dieu pour qu’il garde (ait soin de) sa force vitale (voir Ac 7:59). Cela ne signifie pas qu’une force doive littéralement se transmettre depuis la planète jusqu’en la présence céleste de Dieu. Tout comme Dieu “ respirait ” la bonne odeur des sacrifices d’animaux (Gn 8:20, 21) alors qu’elle restait certainement dans les limites de l’atmosphère terrestre, il pouvait aussi ‘ ramener à lui ’, c’est-à-dire accepter comme lui étant confié, l’esprit ou force vitale, figurément parlant, autrement dit sans réel transfert de force vitale depuis la terre (Jb 34:14 ; Lc 23:46). Remettre son esprit à Dieu signifie donc vraisemblablement fonder en Dieu son espoir de se voir restituer plus tard cette force vitale par la résurrection. — Voir Nb 16:22 ; 27:16 ; Jb 12:10 ; Ps 104:29, 30.
L’inclination mentale. Rouaḥ et pneuma servent l’un et l’autre à désigner la force qui incite une personne à avoir une certaine manière d’être, une disposition (humeur) ou une émotion, à faire une certaine action ou un choix. Si cette force en l’homme est invisible, elle n’en a pas moins des effets visibles. Cet emploi des termes hébreu et grec traduits par “ esprit ” et fondamentalement apparentés au souffle ou à l’air en mouvement se retrouve largement aussi en français. Ainsi, on parle de quelqu’un qui ‘ prend de grands airs ’, qui a ‘ un air calme ’, ou qui a ‘ mauvais esprit ’. On parlera peut-être de ‘ calmer les esprits ’ dans le sens de modérer l’enthousiasme de quelques personnes. Appliqué à un groupe de personnes et à la force, l’attitude dominante qui les porte à agir, on peut parler par exemple de ‘ l’esprit d’une collectivité ’ ou de ‘ l’esprit d’équipe ’. Métaphoriquement, on peut parler d’une ‘ atmosphère de mécontentement ’ ou d’un ‘ vent de réforme ou de révolution qui souffle sur une nation ’. Dans toutes ces expressions, on évoque la force d’impulsion abstraite qui s’exerce en quelqu’un, qui le pousse à parler ou à agir comme il le fait.
Pareillement, on lit qu’Isaac et Rébecca éprouvèrent de l’“ amertume d’esprit ” lorsqu’Ésaü se maria avec des femmes hittites (Gn 26:34, 35), ou qu’Ahab avait l’esprit triste au point d’en perdre l’appétit (1R 21:5). Un “ esprit de jalousie ” pouvait inciter un homme à suspecter sa femme au point de l’accuser d’adultère. — Nb 5:14, 30.
Dans le même sens fondamental de force qui pousse, qui donne l’‘ élan ’, l’‘ impulsion ’ aux actions et aux paroles de quelqu’un, on parle de Josué comme d’un ‘ homme en qui il y avait de l’esprit ’ (Nb 27:18) et de Caleb comme de quelqu’un qui manifesta “ un autre esprit ” que celui de la majorité des Israélites, démoralisés par le rapport alarmiste de dix espions (Nb 14:24). Éliya fut un homme plein d’énergie et de force dans le service zélé qu’il offrait à Dieu, et son successeur Élisha voulut obtenir “ deux parts ” de son esprit (2R 2:9, 15). Jean le baptiseur montra le même dynamisme et le même zèle qu’Éliya, et de ce fait il eut un effet puissant sur ses auditeurs ; c’est pourquoi on put dire qu’il était sorti “ avec l’esprit et la puissance d’Éliya ”. (Lc 1:17.) Exemple inverse, la reine de Sheba resta tellement ébahie, le souffle coupé, devant la richesse et la sagesse de Salomon qu’“ il n’y eut plus d’esprit en elle ”. (1R 10:4, 5.) Dans ce même sens fondamental, l’esprit de quelqu’un peut être ‘ excité ’ ou ‘ réveillé ’ (1Ch 5:26 ; Ezr 1:1, 5 ; Hag 1:14 ; voir aussi Ec 10:4), ‘ s’agiter ’ ou ‘ s’irriter ’ (Gn 41:8 ; Dn 2:1, 3 ; Ac 17:16), ‘ se calmer ’ (Jg 8:3), être ‘ dans la détresse ’, ‘ défaillir ’ (Jb 7:11 ; Ps 142:2, 3 ; voir aussi Jn 11:33 ; 13:21), on peut le ‘ faire revivre ’ ou le ‘ réconforter ’. — Gn 45:27, 28 ; Is 57:15, 16 ; 1Co 16:17, 18 ; 2Co 7:13 ; voir aussi 2Co 2:13.
Le cœur et l’esprit. On associe souvent le cœur et l’esprit, ce qui indique qu’il y a entre eux une relation indéniable. Puisque le cœur symbolique est présenté comme ayant la faculté de réflexion et la motivation, et comme étant étroitement lié aux émotions et à la sensibilité (voir CŒUR), il a très certainement une part importante dans le développement de l’esprit (l’inclination mentale dominante) que quelqu’un manifeste. Exode 35:21 met le cœur et l’esprit sur le même plan en disant que “ tous ceux dont le cœur les y poussait, [...] tous ceux dont l’esprit les y incitait ” apportèrent des contributions pour la construction du tabernacle. Inversement, quand les Cananéens apprirent quelles œuvres de puissance Jéhovah avait accomplies en faveur d’Israël, leur cœur ‘ se mit à fondre et il ne se leva pas de courage [littéralement : “ de souffle ”] en eux ’, c’est-à-dire qu’ils n’eurent aucune envie de tenter une action contre les armées israélites (Jos 2:11, note ; 5:1, note ; voir aussi Éz 21:7). On trouve également des expressions comme “ la douleur du cœur ” et “ l’effondrement de l’esprit ” (Is 65:14) ou d’autres semblables (voir Ps 34:18 ; 143:4, 7 ; Pr 15:13). C’est sans doute en raison de l’effet puissant de cette force d’impulsion sur la pensée que Paul donne ce conseil : “ Vous devez être renouvelés dans la force qui anime [forme de pneuma] votre intelligence et revêtir la personnalité nouvelle qui a été créée selon la volonté de Dieu dans une justice et une fidélité vraies. ” — Ép 4:23, 24.
La nécessité impérieuse de maîtriser son esprit est vigoureusement démontrée. “ Comme une ville forcée, sans muraille, ainsi est l’homme qui ne contient pas son esprit. ” (Pr 25:28). Si on l’irrite, un tel homme risque d’agir comme le stupide qui, dépourvu de patience, “ laisse sortir tout son esprit ”, tandis que le sage “ maintient [son esprit] dans le calme jusqu’au bout ”. (Pr 29:11 ; voir aussi 14:29, 30.) Un jour, lorsque les Israélites ‘ aigrirent son esprit ’, Moïse s’irrita à l’excès et ‘ se mit à parler légèrement de ses lèvres ’, à son propre détriment (Ps 106:32, 33). Vraiment donc, “ qui est lent à la colère vaut mieux qu’un homme fort, et qui maîtrise son esprit vaut mieux que celui qui s’empare d’une ville ”. (Pr 16:32.) Il faut être humble pour y parvenir (Pr 16:18, 19 ; Ec 7:8, 9) ; c’est pourquoi “ qui est humble d’esprit saisira la gloire ”. (Pr 29:23.) La connaissance et le discernement aident l’homme à garder “ l’esprit calme ”, à retenir sa langue (Pr 17:27 ; 15:4). Jéhovah, qui “ soupèse les esprits ”, condamne ceux qui ‘ ne prennent pas garde quant à leur esprit ’. — Pr 16:2 ; Ml 2:14-16.
L’esprit manifesté par un groupe de personnes. Tout comme un individu, un groupe de personnes ou une collectivité peut manifester un certain esprit, ou inclination mentale dominante (Ga 6:18 ; 1Th 5:23). La congrégation chrétienne devait avoir un même esprit, refléter l’esprit de son Chef, Christ Jésus. — 2Co 11:4 ; Ph 1:27 ; voir aussi 2Co 12:18 ; Ph 2:19-21.
Paul oppose “ l’esprit du monde ” à l’esprit de Dieu (1Co 2:12). Dominé par l’Adversaire de Dieu (1Jn 5:19), le monde manifeste un esprit d’assouvissement des désirs de la chair déchue, autrement dit l’égoïsme, ce qui conduit à l’inimitié contre Dieu (Ép 2:1-3 ; Jc 4:5). Les motivations impures du monde, comme celles de l’Israël infidèle, poussent à la fornication, spirituelle ou physique, ainsi qu’à l’idolâtrie. — Ho 4:12, 13 ; 5:4 ; Ze 13:2 ; voir aussi 2Co 7:1.