Soumettons-nous à “ toute création humaine ”
1. Qui, de nos jours, sont les hommes les plus libres, mais comment pourraient-ils perdre leur liberté ?
LES hommes libres ne doivent pas abuser de leur liberté ou s’en servir comme prétexte pour agir mal ou égoïstement. De nos jours, les hommes les plus libres sont ceux qui ont été affranchis de l’esclavage du “ chef de ce monde ”, Satan le Diable, le “ dieu de ce monde ”, l’adversaire principal de Jéhovah Dieu (Jean 12:31, Da ; II Cor. 4:4, Jé). Ces hommes ont été libérés de l’asservissement au mensonge, à l’ignorance et aux superstitions. Jésus-Christ déclara : “ Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. ” Puis il ajouta : “ Quiconque se livre au péché est esclave du péché. Or, l’esclave ne demeure pas toujours dans la maison ; le fils y demeure toujours. Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. ” (Jean 8:31, 32, 34-36). De tels disciples ont été affranchis des fausses traditions et philosophies de ce monde qui tiennent les hommes captifs et les empêchent de sortir de l’ornière. Les chrétiens ne sont pas esclaves du péché, incapables de faire le bien. Mais s’ils abusaient de leur liberté et tombaient dans la dissolution égoïste, ils ne seraient plus libres. Ils deviendraient les esclaves du péché, les esclaves du mal.
2. Comment les vrais chrétiens usent-ils de leur liberté, à la différence des faux chrétiens ?
2 Les faux chrétiens font un usage abusif de leur liberté. Les vrais disciples du Christ n’abusent pas de la leur, car ils se laissent guider par la Parole de Dieu. Ils font preuve de sagesse. Ils savent que si l’on fait un usage abusif de la liberté, on a des ennuis avec les institutions humaines.
3. Quand Pierre rédigea-t-il sa première lettre, à qui s’adressa-t-il et comment ?
3 Les chrétiens suivent la Parole de Dieu telle qu’elle est exprimée par l’apôtre Pierre dans la première lettre qu’il adressa à l’assemblée chrétienne. En l’an 62 ou 64 de notre ère, à peu près en même temps que l’apôtre Paul écrivit sa lettre à Tite, Pierre rédigea une lettre à l’intention des chrétiens en Asie Mineure, région faisant alors partie de l’Empire romain mais appartenant actuellement à la Turquie. Pierre leur écrivit non comme à des résidents permanents formant une partie intégrante de la communauté où ils résidaient mais il s’adressa à ceux “ qui résident comme étrangers dans la Dispersion du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l’Asie et de la Bithynie ”. — I Pierre 1:1, NC.
4, 5. a) En tant que résidents temporaires, à quoi les chrétiens devaient-ils veiller tout particulièrement ? b) Étant donné qu’ils étaient des étrangers et des résidents temporaires, quelles instructions Pierre leur donna-t-il dans sa lettre ?
4 En tant qu’“ étrangers ” ou résidents temporaires, ils devaient veiller tout particulièrement à ne pas abuser de leur liberté chrétienne. Sinon, ils pourraient être mal compris ou maltraités par la communauté dont, en réalité, ils ne faisaient pas partie, puisqu’ils n’étaient pas du monde (Jean 17:14-16). Les vrais chrétiens actuels, comme les témoins de Jéhovah voués et baptisés, résident comme étrangers en Turquie et partout ailleurs, car ils attendent un ordre nouveau, créé par Dieu (II Pierre 3:13). Ils écoutent les paroles suivantes de Pierre, prévenant les vrais chrétiens qu’ils ne doivent pas abuser de leur liberté en Christ :
5 “ Mes bien-aimés, je vous exhorte, en tant qu’étrangers et hôtes de passage, à vous garder des convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme. Ayez une belle conduite au milieu des païens [nations] : de la sorte, même sur le point où ils vous calomnient en vous traitant de malfaiteurs, éclairés par vos bonnes œuvres, ils glorifieront Dieu le Jour où il les visitera. Pratiquez la soumission, à cause du Seigneur, à toutes les institutions humaines : soit au roi, comme souverain ; soit aux gouverneurs, comme délégués mandatés par lui pour châtier les malfaiteurs et louer ceux qui agissent bien. C’est, en effet, la volonté de Dieu que votre belle conduite réduise au silence ceux qui ne savent pas qui vous êtes. Agissez en hommes libres, non certes à la façon de ceux qui font de la liberté un prétexte pour le mal, mais en serviteurs de Dieu. Honorez tous les hommes, aimez vos frères, ayez la crainte de Dieu, honorez le roi. ” — I Pierre 2:11-17, NC.
6. Pourquoi n’existe-t-il aucune raison valable de penser qu’en disant “ au roi, comme souverain ” Pierre parlait de Jésus-Christ ?
6 De quel roi s’agit-il ici ? Et qui sont les gouverneurs mandatés par ce roi ? Étant donné que Pierre rédigea sa lettre à l’intention des assemblées chrétiennes, faut-il comprendre par son expression “ roi, comme souverain ” qu’il parlait de Jésus-Christ, le Chef de l’assemblée chrétienne ? Il n’existe aucune raison de le penser. Dans sa première lettre, Pierre ne parle jamais directement du Royaume de Dieu ; l’allusion la plus directe est sa référence aux chrétiens sanctifiés par l’esprit de Dieu comme étant “ un sacerdoce royal, une nation sainte ”, c’est-à-dire, des rois-prêtres (I Pierre 1:2 ; 2:9). Mais Pierre ne parle pas de Jésus-Christ comme d’un roi ; il l’appelle toujours le Seigneur. Cela est vrai même dans II Pierre 1:11, qui déclare : “ C’est ainsi, en effet, que l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vous sera pleinement accordéea. ”
7. Qu’est-ce qui indique si Pierre parlait d’un roi à l’intérieur de l’assemblée chrétienne ou en dehors de celle-ci ?
7 Qui, donc, est le “ roi ” mentionné dans I Pierre 2:13, 17 ? Il ne s’agit pas du Seigneur Jésus-Christ, ni de Jéhovah Dieu, “ le roi des siècles ”. Pierre établit une différence entre Dieu et “ le roi ” par ses paroles : “ Ayez la crainte de Dieu, honorez le roi. ” Quand Pierre instruisit les chrétiens concernant leur comportement vis-à-vis de ce roi, où les situait-il dans son esprit ? Les voyait-il à l’intérieur de l’assemblée chrétienne ou en dehors, dans leurs contacts avec le monde, avec l’empereur romain et ses rois et gouverneurs subalternes ? Pierre s’adressa-t-il aux chrétiens à propos de leur comportement dans l’assemblée, ou en dehors, parmi les gens du monde ? Dans sa première phrase, l’apôtre les exhorta en tant qu’“ étrangers et hôtes de passage ” non par rapport à l’assemblée chrétienne mais relativement aux provinces romaines en Asie Mineure. Puis, immédiatement avant sa référence au roi et à ses gouverneurs, Pierre rappela à ses frères qu’en tant qu’étrangers et résidents temporaires, ils devaient avoir “ une belle conduite ” au milieu des nations, où on les calomniait en les traitant de malfaiteurs.
8, 9. Pourquoi Pierre ressentait-il le besoin de conseiller les chrétiens quant à leur comportement, et pourquoi ses conseils étaient-ils particulièrement opportuns à l’époque ?
8 Ces calomnies venaient de l’extérieur de l’assemblée chrétienne. Il est donc incontestable que Pierre pensait aux chrétiens dans leurs rapports avec le monde, dont ils ne faisaient pas partie. C’est pourquoi, du reste, il ressentait le besoin de leur dire comment ils devaient se comporter vis-à-vis des institutions politiques, religieuses et sociales avec lesquelles ils avaient affaire. D’après le contexte de sa lettre, il est évident que les chrétiens étaient persécutés à l’époque, soit par les païens soit par les Juifs non convertis dispersés dans l’Empire romain. D’où la nécessité pour eux de surveiller leur conduite. Si Pierre écrivit sa lettre aux environs des années 62-64, c’était peu de temps avant la révolte des Juifs à Jérusalem contre l’Empire romain, qui se produisit en l’an 66. Les chrétiens avaient reçu leur religion des Juifs et le siège du christianisme se trouvait en ce temps-là à Jérusalem. Aussi le public avait-il tendance à confondre les chrétiens avec les Juifs non convertis au christianisme. Si, maintenant, les chrétiens se conduisaient mal à l’égard des autorités romaines, cela confirmerait les païens dans leur opinion qu’ils étaient associés aux Juifs rebelles.
9 En outre, la ville de Rome allait bientôt connaître l’horreur du grand incendie de l’an 64 et, pour se disculper, Néron allait accuser les chrétiens, peu aimés et méconnus, de la responsabilité de cette catastrophe accidentelle. Les chrétiens de l’Empire romain allaient-ils, par une mauvaise conduite, prêter le flanc à ces soupçons ? Par sa lettre inspirée, prévoyante et providentielle, Pierre montra aux chrétiens comment ils devaient se comporter sous les gouvernements politiques de l’Empire romain.
10, 11. a) Où se trouve la “ création humaine ” à laquelle les chrétiens doivent se soumettre ? b) Comment “ toute création humaine ” vient-elle à l’existence ?
10 Il s’ensuit que dans I Pierre 2:13-17, l’apôtre dirige nos pensées non vers l’intérieur de l’assemblée, qui possède ses apôtres, ses surveillants et ses aides ministériels, mais vers l’extérieur, vers les hommes visibles et tangibles du monde. Pierre nous dit : “ Pratiquez la soumission, à cause du Seigneur, à toutes les institutions humaines (à toute création humaine, NW). ” (I Pierre 2:13, NC). L’apôtre ne dit pas toute institution ou création spirituelle ou divine ; il ne parle pas d’une création à l’intérieur de l’organisation de Dieu, comme la création spirituelle dont il est question dans II Corinthiens 5:17, Da ; Galates 6:15, Da ; Éphésiens 2:10 ; 4:24 et Colossiens 3:10. Une “ création humaine ” est fondée, organisée ou produite par un groupe ou un individu humain, tel qu’un homme ambitieux ou une assemblée législative comme un sénat. Le premier roi humain fonda la ville de Babel ou Babylone. Ce fut Nimrod, un “ puissant chasseur en opposition avec Jéhovah ”. (Gen. 10:8-10, NW.) Il va de soi que Nimrod ne se créa pas lui-même, en tant que créature humaine. Il créa ou fonda la fonction de roi.
11 Une assemblée législative ou un comité constituant ne crée pas la personne qui occupe une certaine position dans le gouvernement. L’assemblée ou le comité crée simplement la fonction ou le poste gouvernemental sans, pour autant, créer l’homme appelé à occuper ce poste. Cependant, quand quelqu’un accepte d’occuper cette fonction et de porter le titre qui l’accompagne, il devient alors une création de l’assemblée humaine qui est la fondatrice de ce poste ; il devient donc une “ création humaine ”. Ainsi, par le moyen de sa propre action et de l’aide apportée par ses disciples, Nimrod, le premier roi humain, fut une “ création humaine ”. De même, les rois des autres nations du monde sont des créations humaines, car leur fonction et leur investissement sont d’origine humaine. Les gouverneurs mandatés par ces rois sont, eux aussi, des créations humaines.
SOIT AU ROI, SOIT AUX GOUVERNEURS
12. À cause de qui les chrétiens doivent-ils se soumettre, et dans quel sens est-ce à cause de lui ?
12 Pierre précise ce qu’il veut dire par “ toute création humaine ” en poursuivant : “ Soit au roi, comme souverain ; soit aux gouverneurs. ” Le roi en question ne peut être le Seigneur Jésus-Christ, puisque Pierre vient de parler de lui, disant qu’on doit se soumettre “ à cause du Seigneur ”. Il ne s’agit donc pas ici d’une sujétion au Fils de Dieu, le Seigneur Jésus-Christ, mais d’une soumission à “ toute création humaine ” à cause de lui. À cause de lui ? Comment cela ? En ce sens que les chrétiens ne veulent jeter aucun opprobre sur le Seigneur Jésus-Christ. Ils ne voudraient pas qu’on puisse lui faire des reproches à cause de leur conduite déréglée et matérialiste parmi les nations. Ils désirent faire honneur à leur Seigneur en étant des résidents qui respectent la loi et qui rendent à César ce qui lui appartient. — Luc 20:25.
13, 14. a) À qui certains appliquent-ils le terme “ roi ” ? b) Dans quelle organisation une “ création humaine ” telle qu’un “ roi ” est-elle “ souveraine ”, et par rapport à qui ?
13 Certains disent que le roi mentionné dans la lettre adressée par Pierre aux chrétiens se trouvant sous l’Empire romain, n’était autre que Néron, empereur à l’époque. Il y a même des traductions de la Bible, comme celle de Moffatt (angl.) et An American Translation, qui rendent la fin du 1Pi 2 verset 13 comme suit : “ à l’empereur comme étant suprême ” ; The New English Bible (Nouveau Testament, angl.) met : “ au souverain comme étant suprême ”.
14 Cependant, Hérode Agrippa Ier de Palestine, son fils Hérode Agrippa II et Arétas le Nabatéen sont également mentionnés comme rois (Actes 12:1 ; 25:13, 24 ; 26:1, 2 ; II Cor. 11:32). Une “ création humaine ” telle qu’un roi ou un empereur, n’est pas souveraine ou suprême dans l’assemblée chrétienne. Elle n’y est pas supérieure à Jéhovah Dieu, qui est le Très-Haut, ou à Jésus-Christ, qui est le Seigneur et le Chef de l’assemblée, son corps. Mais en dehors de l’assemblée, dans l’organisation du Diable, un roi est souverain dans son royaume tout comme un empereur est le souverain de son empire. Les chrétiens se trouvent dans un monde dont Satan le Diable est le chef et le dieu, aussi doivent-ils tenir compte de ce fait et agir en conséquence. Le roi ou empereur est supérieur aux gouverneurs mandatés par lui (Jean 13:16), et il l’est encore davantage par rapport à ses sujets. Par conséquent, l’honneur rendu au roi ou à l’empereur est supérieur à l’honneur rendu aux gouverneurs.
15. Si nous honorons un roi, qui sommes-nous tenus d’honorer également, et d’après Pierre, pourquoi les gouverneurs sont-ils mandatés ?
15 Évidemment, si nous honorons le roi ou l’empereur, nous sommes tenus également d’honorer ses représentants, les “ gouverneurs, comme délégués mandatés par lui ”. Or, quand un roi désigne ces gouverneurs, ces créations humaines, le fait-il dans le but de favoriser le mal, le désordre, la confusion, l’immoralité et la ruine économique ? Les gouverneurs sont-ils mandatés par le roi dans un dessein nuisible et malveillant ? Non ! répond Pierre, précisant qu’ils sont mandatés par le roi “ pour châtier les malfaiteurs et louer ceux qui agissent bien ”. Voilà, dit Pierre, pourquoi des gouverneurs avaient été mandatés au Pont, en Cappadoce, en Galatie, dans la province d’Asie, en Bithynie et ailleurs. Ils devaient accomplir leur mandat selon les différentes lois nationales.
16. Quelle était la mission ou la fonction des gouverneurs de l’Empire romain à l’égard des chrétiens ?
16 Cette mission confiée aux gouverneurs était particulièrement importante dans les colonies lointaines de l’Empire romain. S’ils ne l’accomplissaient pas convenablement, ils favoriseraient la révolte. Ils étaient envoyés pour maintenir l’ordre public. Ils n’étaient pas mandatés spécifiquement pour persécuter les vrais chrétiens ou pour agir contre eux. Bien entendu, si les chrétiens ne produisaient plus les fruits de l’esprit saint de Dieu mais pratiquaient les “ œuvres de la chair ”, et commettaient les mêmes méfaits que les gens du monde, les gouverneurs les puniraient, non comme chrétiens mais comme malfaiteurs infidèles au christianisme. Les gouverneurs ne s’occupaient pas uniquement des chrétiens. Ils châtiaient tous les malfaiteurs, y compris tout chrétien qui agissait mal, à l’encontre des conseils donnés par Pierre. Si les chrétiens faisaient l’objet de fausses accusations de la part de leurs ennemis, les gouverneurs étaient dans l’obligation de leur donner l’occasion de se défendre devant un tribunal. Les gouverneurs n’étaient pas mandatés spécialement pour châtier injustement les chrétiens. Il arrivait même aux gouverneurs de protéger les chrétiens.
17. a) Les gouverneurs étaient-ils mandatés pour louer le christianisme ? b) Dans quel but les chrétiens cherchent-ils à faire louer leur religion ?
17 Certes, les gouverneurs n’étaient pas mandatés par le roi ou par l’empereur romain pour louer le christianisme, car ils avaient tous leurs propres dieux. Mais une personne, chrétienne ou non, pouvait très bien être louée ou approuvée par un gouverneur si elle se comportait d’une manière ordonnée et favorable au bien commun. La bonne conduite du chrétien ferait honneur à la religion qu’il pratiquait, en l’occurrence, le christianisme. Si donc un gouverneur louait un chrétien respectueux des lois, il louerait indirectement le christianisme, la religion pratiquée par ces “ étrangers et hôtes de passage ” dans les provinces romaines. Les chrétiens agissent bien quand ils se comportent de manière à faire louer leur religion plutôt que de se faire punir comme des malfaiteurs. Ils devraient agir en sorte que ceux qui les calomnient par ignorance soient “ éclairés par vos bonnes œuvres ” et qu’ils glorifient Dieu “ le Jour où il les visitera ”. (I Pierre 2:12, NC.) Il peut arriver qu’à cause de leur religion, les chrétiens soient méconnus et calomniés, malgré leurs “ bonnes œuvres ”. Mais de telles calomnies de la part de leurs ennemis n’entraîneront pas obligatoirement un châtiment par les gouverneurs du roi.
“ C’EST (...) LA VOLONTÉ DE DIEU ”
18. Pourquoi, d’après la manière dont Pierre présente la chose, n’est-il pas dangereux pour nous de nous soumettre à des hommes du monde ?
18 Mais ne nous engageons-nous pas sur un terrain dangereux si nous disons que Pierre parlait des rois et des gouverneurs politiques du présent monde ? Comment un apôtre chrétien pouvait-il conseiller aux chrétiens de se soumettre aux hommes du monde ? Ne serait-ce pas dangereux pour la foi chrétienne et pour la pratique du christianisme ? Les chrétiens ne seraient-ils pas obligés d’obéir au roi et à ses gouverneurs plutôt qu’à Dieu ? Absolument pas, car Pierre déclare que cette soumission est conforme à la volonté divine à l’égard des chrétiens qui sont spirituellement des “ étrangers et hôtes de passage ” dans ce monde dirigé par des rois et des gouverneurs. Cette soumission a un but. Lequel ? “ C’est, en effet, la volonté de Dieu que votre belle conduite réduise au silence ceux qui ne savent pas qui vous êtes. ” (I Pierre 2:15, NC). La volonté de Dieu n’est sûrement pas que les chrétiens obéissent aux rois et aux gouverneurs plutôt qu’à lui-même. Les chrétiens n’auraient pas une “ belle conduite ” s’ils obéissaient au roi et à ses gouverneurs au point de désobéir à Dieu et de pécher contre lui. Pierre n’a jamais voulu dire que les chrétiens doivent se soumettre aux rois et aux gouverneurs au point d’enfreindre les lois divines. Si on n’obéissait pas à Dieu et n’observait pas ses commandements, on ne réduirait pas au silence ceux qui ne savent pas et ne veulent pas savoir ce qu’est le christianisme.
19. a) En quoi consiste la “ belle conduite ” qui vaut aux chrétiens de recevoir des louanges ? b) À cause de qui et à cause de quoi se soumettent-ils, et le font-ils sous contrainte ?
19 Il s’ensuit que la “ belle conduite ” qui vaut aux chrétiens des louanges de la part des gouverneurs doit consister en des choses approuvées par ces derniers tout en étant en harmonie avec la loi divine et les principes chrétiens. Les chrétiens peuvent se permettre de faire de telles “ bonnes ” choses, même si elles ne sont pas spécifiées directement dans la Parole de Dieu. En tant que peuple de Dieu, ils sont spirituellement libres. Étant esclaves de Dieu, ils sont affranchis de l’esclavage humain. Mais “ à cause du Seigneur ” et à cause de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu, ils doivent imiter l’apôtre Paul et se rendre esclaves d’hommes ou de créations de toutes sortes, afin de gagner des Gentils et des Juifs à la cause du Royaume de Dieu (I Cor. 9:19-23). Ainsi, lorsque les chrétiens se soumettent à des créations humaines reconnues et obéies par les gens du monde, ils suivent cet autre conseil de Pierre : “ Agissez en hommes libres, non certes à la façon de ceux qui font de la liberté un prétexte pour le mal, mais en serviteurs de Dieu. ” (I Pierre 2:16, NC). Les chrétiens se soumettent volontairement, en hommes libres, et ils n’en souffrent pas. Cette soumission leur évite bien des ennuis.
LIBERTÉ ET HONNEUR
20. Qu’est-ce que notre liberté chrétienne ne nous autorise pas à faire, et si nous passions outre, que feraient les gouverneurs à juste titre ?
20 Il faut bien comprendre la pensée de Pierre. Notre liberté chrétienne ne nous autorise pas à ne tenir aucun compte des gouvernements politiques et à vivre comme s’ils n’existaient pas. Nous n’avons pas le droit de les mépriser, ni de les braver pour les choses qui ne sont pas contraires à la volonté et à la loi divines. Une conduite irrespectueuse ne pourrait que nous attirer des difficultés car nous sommes encore dans le vieux monde et non dans le monde nouveau fondé sur la justice. La droiture exige que nous évitions le mal. Même les gouvernements politiques ne nous considèrent pas libres de faire le mal ; si nous devenions des malfaiteurs, ils nous puniraient à juste titre, conformément à leurs fonctions officielles. Nous devons donc éviter d’abuser de notre liberté en Christ.
21. Quelle est donc la seule façon correcte de comprendre Pierre quand il dit que les chrétiens doivent se soumettre à des créations humaines ?
21 Quand Pierre déclare que c’est la volonté de Dieu que nous nous soumettions et que nous devons le faire “ en serviteurs de Dieu ”, cela ne peut signifier qu’une chose, savoir, que notre soumission aux créations humaines, telles que les rois et les gouverneurs de ce monde, n’est pas totale, illimitée, mais seulement relative. Elle ne fait pas de nous leurs esclaves. Nous restons les esclaves de Dieu. Puisque nous lui obéissons comme seul Maître, nous sommes affranchis de tout autre maître. Aussi, tout en nous montrant soumis, nous n’oublions jamais que nous sommes les esclaves de Dieu et non des rois, des empereurs ou des gouverneurs politiques.
22. Quelle attitude devrions-nous éviter envers les créations humaines auxquelles nous nous soumettons ?
22 Toutefois, lorsque nous nous soumettons avec sagesse et bonne volonté aux créations ou institutions des hommes, nous ne devrions pas le faire en les méprisant parce qu’elles sont humaines et font partie d’un monde condamné. Pierre nous montre la bonne attitude à adopter envers elles : “ Honorez tous les hommes, aimez vos frères, ayez la crainte de Dieu, honorez le roi. ” — I Pierre 2:17, NC.
23, 24. a) Quelle différence y a-t-il entre l’honneur que les chrétiens rendent à “ tous les hommes ” et celui qu’ils rendent aux membres de l’assemblée ? b) Pourquoi devons-nous honorer “ tous les hommes ” du dehors, et quel degré d’honneur leur rendons-nous ?
23 Bien entendu, l’honneur rendu par les chrétiens aux autres membres de l’assemblée est différent de celui qu’ils rendent aux hommes du dehors. Il n’empêche que nous devons honorer tous les hommes qui exercent des fonctions politiques à l’extérieur de l’assemblée. Nous le ferons pour la forme, alors que l’honneur que nous rendons à nos “ frères ” n’est pas une simple formalité. Nous devons les aimer d’un amour fraternel qui prouve que nous sommes les disciples du Christ (Jean 13:34, 35). Au sujet de l’honneur, Romains 12:10 (Da) déclare à l’assemblée chrétienne : “ Quant à l’amour fraternel, soyez pleins d’affection les uns pour les autres ; quant à l’honneur, étant les premiers à le rendre aux autres ”, ce qui sous-entend que nous ne devrions pas chercher à nous faire honorer par nos frères.
24 Nous ne pouvons méconnaître les hommes du monde qui occupent des postes de responsabilité en dehors de notre assemblée. Nous devons leur rendre l’honneur qui leur est dû, suivant la position qu’ils occupent en tant que représentants de leurs sujets ou de leurs mandants. Non, nous ne devons pas les saluer comme on saluait Hitler, c’est-à-dire, en faire des idoles ou des dieux. L’honneur que nous leur rendons n’est que relatif ; tout en les honorant, nous devons écouter cet autre conseil de Pierre : “ Ayez la crainte de Dieu ”, du vrai Dieu, Jéhovah. Notre premier devoir est de craindre Dieu ; en second lieu, Pierre dit : “ Honorez le roi ” et partant, les hommes mandatés par le roi pour bien gouverner.
ESCLAVES ET FEMMES
25, 26. a) Qu’est-ce qui nous permet de comprendre plus clairement que Pierre parle d’une soumission relative ? b) Quels conseils Pierre donne-t-il aux esclaves ?
25 En poursuivant notre lecture de la première lettre de Pierre, nous constatons de plus en plus clairement que la soumission des chrétiens à “ toute création humaine ” n’est que relative et limitée à un cadre déterminé. Qu’est-ce qui nous conduit à cette constatation ? Ce sont les autres cas mentionnés par Pierre où certains chrétiens doivent se soumettre. Lesquels ? Les esclaves et les femmes. Nous ne choisissons pas la forme de gouvernement politique auquel nous sommes soumis dans ce monde, mais notre condition d’esclave ou d’épouse dépend, dans une large mesure, de nous. Pierre déclare à ce sujet :
26 “ Vous, les esclaves, soyez soumis à vos maîtres (...), non seulement à ceux qui sont bons et doux, mais aussi à ceux qui sont difficiles. Il est méritoire [aux yeux de qui ?] de supporter pour plaire à Dieu des peines infligées injustement. Qu’y a-t-il de remarquable, en effet, à endurer des coups quand on a fauté ? Mais endurer de souffrir quand on a bien agi, voilà qui est méritoire devant Dieu. ” — I Pierre 2:18-20, NC.
27. a) Comment ces conseils montrent-ils que la soumission des esclaves n’est que relative ? b) Quelle doit être la seule raison des souffrances des esclaves chrétiens, et comment doivent-ils les supporter ?
27 Étant donné que de tels domestiques ou esclaves se laissent guider par leur conscience chrétienne, la soumission qu’ils doivent à leur maître n’est que relative. Cela est surtout vrai là où le maître n’est pas chrétien, bon ou raisonnable, mais difficile. Malgré leurs efforts consciencieux pour faire de leur mieux, il se peut que les esclaves chrétiens soient maltraités par un tel maître. Il peut même arriver qu’ils aient à supporter des peines infligées injustement si, pour motif de conscience, ils refusent de faire certaines choses immorales et non chrétiennes que le maître leur demande de faire. Mais ils souffrent alors “ pour plaire à Dieu ”. Même si de telles peines sont injustes, les domestiques ou esclaves chrétiens doivent les supporter. Ils ne doivent pas s’enfuir ou se rebeller. Ils doivent endurer ces souffrances et se soumettre à leur maître. Un tel comportement est “ méritoire devant Dieu ”. Il fait honneur au christianisme pratiqué par les esclaves.
28, 29. a) Au milieu de telles souffrances, où l’esclave chrétien trouvera-t-il du réconfort ? b) Quelle description Pierre donne-t-il de ce modèle ?
28 Au milieu des souffrances injustes infligées par un maître difficile, l’esclave chrétien peut tirer un grand réconfort du modèle qu’il doit suivre et qui fut donné par quelqu’un de plus grand que lui-même, oui ! par son propre Seigneur et Maître, Jésus-Christ. Remarquez à présent comment Pierre se réfère à ce modèle parfait pour consoler les esclaves chrétiens maltraités.
29 “ C’est bien là votre vocation : le Christ lui-même a souffert pour vous, vous laissant un modèle afin que vous suiviez ses traces ; lui qui n’a pas commis de péché et dont la bouche n’a pas proféré de mensonge ; lui qui subissait les outrages sans riposter ; qui endurait la souffrance sans faire de menaces, s’en remettant à celui qui juge en toute justice ; qui a lui-même porté nos péchés en son corps, sur le bois, afin qu’étant morts à nos péchés nous vivions pour la justice ; dont les meurtrissures vous ont guéris. Car vous étiez comme des brebis errantes ; mais à présent vous êtes revenus au pasteur et au gardien de vos âmes. ” — I Pierre 2:21-25, NC.
30. Quel est le point principal à souligner à propos de ce modèle, et pourquoi ce point est-il si important ?
30 Le Chef du christianisme ayant souffert injustement, ses disciples ne peuvent s’attendre à ne pas subir des injustices. Mais le point principal à souligner est le fait que notre Chef les a endurées sans se plaindre. Pour l’imiter, nous devons faire de même, que nous soyons des esclaves ou non. Comme ce fut le cas pour Jésus-Christ, si nous souffrons injustement sans nous plaindre, sans riposter et sans faire de menaces, le résultat sera bon pour nous et pour autrui. Seule l’endurance des souffrances injustes est “méritoire devant Dieu ”.
31, 32. a) À qui Pierre donne-t-il ensuite des conseils, et pourquoi ? b) Quels conseils leur donne-t-il ?
31 Après avoir donné consolation et encouragement aux esclaves chrétiens qui souffraient injustement “ pour plaire à Dieu ”, Pierre s’adressa à une autre catégorie de chrétiens qui devaient se soumettre, même au milieu de souffrances injustes. Il parla aux femmes chrétiennes mariées à des non-chrétiens qui ne suivaient pas la Parole de Dieu. De même qu’un esclave appartient à son maître, une femme est en quelque sorte la propriété de son mari. Aujourd’hui encore, les Juifs appellent les maris des Baalim, ce qui signifie Possesseurs (Osée 2:18 2:16, NW ; Ex. 21:22 ; Deut. 22:22, 24 ; Prov. 31:11, 23, 28). Loin de conseiller aux femmes chrétiennes de se séparer d’un mari non croyant et non voué, ou de divorcer d’avec lui, l’apôtre Pierre se référa au cas des esclaves et écrivit :
32 “ Pareillement vous, les femmes, soyez soumises à vos maris, afin que même s’il en est de rebelles à la Parole, ils soient gagnés, sans paroles, par la conduite de leur femme, au spectacle de votre conduite pure et déférente [litt. avec effroi (phobos)]. Pour vous, que la parure ne soit pas celle du dehors : cheveux tressés, bijoux d’or, vêtements élégants ; mais l’être caché au fond du cœur, avec le trésor impérissable d’un esprit doux et paisible, voilà ce qui a grand prix aux yeux de Dieu. Car c’est ainsi qu’autrefois se paraient les saintes femmes qui plaçaient leur espoir en Dieu et étaient soumises à leur mari. Telle Sara, qui obéissait à Abraham, qu’elle appelait son seigneur, elle dont vous êtes devenues les filles en faisant le bien et sans redouter aucune menace. ” — I Pierre 3:1-6, NC.
33, 34. a) Quelle sorte de soumission la chrétienne doit-elle à son mari, et quel bien peut en résulter ? b) Quels modèles Pierre recommande-t-il aux femmes chrétiennes, et qui cite-t-il en particulier comme exemple ?
33 Tout comme les esclaves chrétiens, les femmes chrétiennes ne doivent pas à leur mari ou possesseur une soumission totale, sans tenir compte de Dieu ou de leur conscience chrétienne. La soumission conjugale est relative, elle aussi, la crainte de Dieu et l’application consciencieuse de sa Parole lui faisant contrepoids. Si la chrétienne quittait son mari non croyant et ne se soumettait pas à lui pour plaire à Dieu, comment pourrait-elle le gagner sans paroles à la cause du christianisme par sa conduite fidèle de chrétienne ? Cela lui serait impossible. Pierre ne cita pas comme modèles de soumission conjugale les femmes divorcées ou celles qui combattaient pour les “ droits de la femme ”, mais les “ saintes femmes ” d’autrefois qui espéraient en Dieu.
34 Pierre recommanda aux chrétiennes d’agir comme filles de Sara, de tirer enseignement de son exemple comme épouse. Sara reconnut Abraham comme mari et seigneur. Elle lui fut obéissante, même quand il lui demanda de le protéger au risque de sa propre liberté et sécurité (Gen. 12:11-20 ; 20:1-14). Cette soumission de Sara à son mari lui valut une récompense : celle de jouer un rôle important dans le dessein divin qui procure le salut éternel à Sara elle-même et au reste de la famille humaine. Elle devint la mère d’Isaac et une ancêtre du Seigneur Jésus-Christ. Comme Sara, la femme chrétienne peut se soumettre à son mari et placer son espoir en Dieu, aux yeux de qui elle se pare d’un “ esprit doux et paisible ” vis-à-vis de son mari. En agissant ainsi, elle contribuera non seulement à son propre salut mais peut-être aussi à celui de son mari et d’autres personnes encore.
35, 36. a) Tant que le présent monde subsistera, à quoi devrons-nous nous soumettre, mais quel sera le degré de notre soumission ? b) Qu’est-ce que cette soumission nous empêchera de faire, et quel autre avantage aura-t-elle ?
35 Tous les témoins chrétiens de Jéhovah ne sont pas astreints à se soumettre comme esclaves ou comme femmes, mais tant que nous serons dans ce vieux monde, par la permission divine, nous serons tous soumis à des gouvernements politiques. Aussi longtemps que Dieu permettra à ces derniers d’exister, nous serons obligés de nous soumettre à “ toute création humaine ”, “ à cause du Seigneur ” et conformément à “ la volonté de Dieu ”. Pierre et Paul ne laissent subsister aucune équivoque quant au caractère relatif de notre soumission aux institutions politiques du monde, la conscience du chrétien instruit par la Parole de Dieu devant toujours entrer en ligne de compte. Grâce à cette soumission relative, nous éviterons de soulever l’indignation du peuple assujetti aux rois, aux empereurs et aux gouverneurs, car ainsi nous ne manquerons pas de rendre aux dirigeants l’honneur qui leur est dû.
36 Cette soumission relative plaira non seulement au peuple mais aussi, et surtout, à Dieu. Elle nous empêchera de prendre part aux complots et aux rébellions politiques contre les autorités dûment constituées, même si nous sommes persécutés comme témoins chrétiens de Jéhovah. Notre soumission réduira au silence les ennemis du Royaume de Dieu que nous annonçons, car ils ne trouveront aucun grief à formuler contre nous, si ce n’est que nous suivons la loi de notre Dieu.
37. Qu’aurons-nous tous et toujours, et où pourrons-nous nous soumettre sans restrictions au gouvernement de toute la terre ?
37 Quels que soient le lieu où nous habitons et la forme de gouvernement humain auquel nous sommes soumis, nous aurons toujours une bonne conduite qui glorifiera Dieu. Après la guerre universelle du grand jour de Dieu, et une fois que nous serons dans le monde nouveau fondé sur la droiture, nous aurons l’honneur et la joie de nous soumettre sans restrictions au seul gouvernement légitime de la terre : le Royaume de Dieu dirigé par notre Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ.
[Note]
a Voir également Actes 2:14, 34, 36 ; 10:34, 36 ; 11:2, 16, 17 ; 15:7, 11 ; I Pierre 1:3 ; 2:13 ; 3:15 ; II Pierre 1:1, 2, 8, 14, 16 ; 2:20 ; 3:2, 18.