MISÉRICORDE
Expression de considération ou de pitié qui apporte un soulagement à ceux qui sont défavorisés ; tendre compassion ; parfois également, allégement du jugement ou de la punition.
Le mot miséricorde est une traduction fréquente de l’hébreu raḥamim et du grec éléos (verbe élééô). L’étude de ces termes et de leur utilisation aide à faire ressortir toute leur saveur et tout leur sens. Le verbe hébreu raḥam se définit ainsi : “ Rayonner, être plein de chaleur et de tendresse ; [...] être compatissant. ” (A Hebrew and Chaldee Lexicon, par B. Davies, 1957, p. 590). Selon le lexicographe W. Gesenius, “ l’idée première emportée par ce mot semble tenir dans la tendresse, l’apaisement et une disposition douce ou paisible ”. (Thesaurus Philologicus Criticus Linguae Hebraeae et Chaldaeae Veteris Testamenti, Leipzig, 1842, vol. 3, p. 1282.) Ce mot est très proche du terme traduit par “ matrice ” et peut désigner les “ entrailles ”, qui réagissent lorsqu’on éprouve une compassion chaleureuse et tendre ou de la pitié. — Voir Is 63:15, 16 ; Jr 31:20.
Dans les Écritures, le terme raḥam est utilisé une seule fois par un homme à l’adresse de Dieu ; le psalmiste dit : “ J’aurai de l’affection [forme de raḥam] pour toi, ô Jéhovah ma force ! ” (Ps 18:1). Pour ce qui est des relations entre humains, Joseph manifesta cette qualité quand “ ses sentiments intimes [forme de raḥamim] s’étaient émus ” pour son frère Benjamin et qu’il se laissa aller aux larmes (Gn 43:29, 30 ; voir aussi 1R 3:25, 26). Lorsque certains hommes risquèrent d’être traités durement ou froidement par ceux qui les avaient faits captifs (1R 8:50 ; Jr 42:10-12) ou par les représentants d’autorités supérieures (Gn 43:14 ; Ne 1:11 ; Dn 1:9), ils les prièrent en exprimant le désir d’être traités avec pitié et miséricorde, donc avec faveur, douceur et considération. — Opposer à Is 13:17, 18.
La miséricorde de Jéhovah. Ce mot est le plus souvent employé à propos des façons d’agir de Jéhovah avec le peuple de son alliance. La pitié (raḥam) de Dieu envers ce peuple est comparée à la pitié qu’une femme manifeste aux enfants issus de sa matrice et à la miséricorde qu’un père témoigne à ses fils (Is 49:15 ; Ps 103:13). Comme la nation d’Israël s’écartait souvent de la justice et se retrouvait dans une situation critique, elle avait fréquemment grand besoin d’une aide miséricordieuse. Si les Israélites révélaient que leurs cœurs étaient droits et se tournaient vers Jéhovah, celui-ci, bien qu’en colère contre eux, leur témoignait de la compassion, de la faveur et de la bienveillance (Dt 13:17 ; 30:3 ; Ps 102:13 ; Is 54:7-10 ; 60:10). En envoyant son Fils pour qu’il naisse en Israël, Dieu donna la preuve qu’une “ aube ” de compassion et de miséricorde divines se levait en faveur de ce peuple. — Lc 1:50-58, 72-78.
Le terme grec éléos revêt certains sens de l’hébreu raḥamim. W. Vine écrit : “ ÉLÉOS (ἔλεος) ‘ est la manifestation extérieure de la pitié ; il suppose un besoin chez celui qui en est l’objet et la capacité de combler ce besoin chez celui qui la manifeste ’. ” Le verbe (élééô) emporte généralement l’idée de “ compassion au malheur d’autrui, et particulièrement une compassion qui se traduit par des actes ”. (Vine’s Expository Dictionary of Old and New Testament Words, 1981, vol. 3, p. 60, 61.) Les aveugles, les gens possédés de démons, les lépreux ou ceux dont les enfants souffraient étaient donc au nombre de ceux qui suscitaient l’éléos, une manifestation de miséricorde, de pitié (Mt 9:27 ; 15:22 ; 17:15 ; Mc 5:18, 19 ; Lc 17:12, 13). À ceux qui le suppliaient en disant : “ Aie pitié de nous ”, Jésus procurait le soulagement en opérant des miracles. Il agissait ainsi non pas d’une manière machinale ou indifférente, mais “ pris de pitié ”. (Mt 20:31, 34.) L’évangéliste utilise ici une forme du verbe splagkhnizomaï, apparenté à splagkhna, qui signifie littéralement “ intestins ”. (Ac 1:18.) Ce verbe exprime le sentiment de pitié, alors qu’éléos se rapporte à la manifestation active de cette pitié et, par conséquent, à un acte de miséricorde.
Pas seulement lors d’une action judiciaire. En français, le mot “ miséricorde ” emporte généralement l’idée de se contenir, de se maîtriser, par exemple dans l’administration d’une punition, retenue motivée par la compassion. Il a donc souvent une connotation judiciaire, comme lorsqu’un juge se montre clément en adoucissant le verdict rendu contre un malfaiteur. Puisque Dieu exerce toujours sa miséricorde en harmonie avec ses autres qualités, notamment sa justice et sa fidélité, et ses normes justes (Ps 40:11 ; Ho 2:19), et que tous les humains ont hérité du péché et méritent la mort, le salaire du péché (Rm 5:12 ; voir aussi Ps 130:3, 4 ; Dn 9:18 ; Tt 3:5), il est évident que, pour Dieu, exercer la miséricorde implique fréquemment de pardonner la faute ou d’alléger le jugement ou la punition (Ps 51:1, 2 ; 103:3, 4 ; Dn 9:9 ; Mi 7:18, 19). Cependant, eu égard aux renseignements donnés précédemment, on comprend que les termes hébreu et grec (raḥamim ; éléos) ne se limitent pas au pardon ou à la retenue dans l’application d’une sanction judiciaire. Le pardon d’une faute n’est pas en soi la miséricorde généralement définie par ces termes ; il ouvre plutôt la voie à la miséricorde. Bien sûr, quand il se montre miséricordieux, Dieu n’oublie jamais ses normes parfaites de justice ; c’est pourquoi il a fourni le sacrifice rédempteur par le moyen de son Fils Jésus Christ, afin que soit possible le pardon des péchés sans violation de la justice. — Rm 3:25, 26.
Ainsi, le mot miséricorde s’applique le plus souvent, non à une action négative, une retenue (dans la punition, par exemple), mais à une action positive, à une expression de considération ou de pitié qui soulage ceux qui sont défavorisés, qui ont besoin de miséricorde.
Cette définition est bien illustrée par une parabole de Jésus, celle du Samaritain qui vit le voyageur qu’on avait dévalisé et battu étendu au bord de la route. Il agit en “ prochain ” de l’homme, car, pris de pitié, il ‘ se montra miséricordieux envers lui ’ en soignant ses blessures et en prenant soin de lui (Lc 10:29-37). Il n’était question ni du pardon d’un méfait ni d’une procédure judiciaire.
Les Écritures indiquent donc que la miséricorde de Jéhovah Dieu n’entre pas en jeu uniquement quand quelqu’un comparaît effectivement “ en procès ” devant lui pour avoir commis quelque mauvaise action. La miséricorde est plutôt une qualité distinctive de la personnalité de Dieu, sa façon habituelle de réagir envers ceux qui sont dans le besoin, une facette de son amour (2Co 1:3 ; 1Jn 4:8). Jéhovah ne ressemble pas aux faux dieux des nations — insensibles et durs —, mais il “ est compatissant et miséricordieux, lent à la colère et grand en bonté de cœur. Jéhovah est bon pour tous, et ses miséricordes sont sur toutes ses œuvres ”. (Ps 145:8, 9 ; voir aussi Ps 25:8 ; 104:14, 15, 20-28 ; Mt 5:45-48 ; Ac 14:15-17.) Il est “ riche en miséricorde ” et la sagesse qui émane de lui est “ pleine de miséricorde ”. (Ép 2:4 ; Jc 3:17.) Le Fils révéla comment est son Père (Jn 1:18) par sa propre personnalité, par ses paroles et par ses actions. Quand des foules vinrent l’écouter, et avant même d’observer leur réaction à ses paroles, Jésus fut “ pris de pitié [forme de splagkhnizomaï] ” parce qu’elles étaient “ dépouillées et éparpillées comme des brebis sans berger ”. — Mc 6:34 ; Mt 9:36 ; voir aussi Mt 14:14 ; 15:32.
La détresse des humains. Il est évident que l’incapacité fondamentale et la plus importante des humains résulte du péché qu’ils ont hérité de leur ancêtre Adam. Ils sont donc tous dans une grande détresse, dans un état pitoyable. Jéhovah Dieu a agi avec miséricorde envers l’ensemble des humains en leur donnant le moyen d’être libérés de cette incapacité importante et de ses conséquences, la maladie et la mort (Mt 20:28 ; Tt 3:4-7 ; 1Jn 2:2). Étant miséricordieux, Jéhovah use de patience parce qu’“ il ne veut pas que qui que ce soit périsse, mais il veut que tous parviennent à la repentance ”. (2P 3:9.) Il désire faire le bien envers tous et préfère agir ainsi (voir Is 30:18, 19) ; il ‘ ne prend pas plaisir à la mort du méchant ’ et “ ce n’est pas de son propre cœur qu’il a affligé ou qu’il peine réellement les fils des hommes ”, comme lors de la destruction de Juda et de Jérusalem (Éz 33:11 ; Lm 3:31-33). C’est la dureté de cœur des humains, leur obstination et leur refus de profiter de sa compassion et de sa miséricorde qui obligent Jéhovah à adopter une attitude différente envers eux et à leur ‘ fermer ’ le flot de ses miséricordes. — Ps 77:9 ; Jr 13:10, 14 ; Is 13:9 ; Rm 2:4-11.
Il ne faut pas en abuser. Si Jéhovah se montre très miséricordieux envers ceux qui s’approchent sincèrement de lui, il n’exemptera en aucun cas de la punition ceux qui ne se repentent pas et qui méritent vraiment d’être punis (Ex 34:6, 7). On ne peut abuser de la miséricorde divine ; il est impossible de pécher en toute impunité ou d’échapper aux conséquences naturelles, ou aboutissement, de sa mauvaise conduite (Ga 6:7, 8 ; voir aussi Nb 12:1-3, 9-15 ; 2S 12:9-14). Avec miséricorde, Jéhovah fait peut-être preuve de patience et de longanimité, donnant aux gens la possibilité de corriger leur mauvaise voie ; tout en leur montrant sa désapprobation, il ne les abandonne peut-être pas complètement, mais continue avec miséricorde à leur accorder une certaine aide, une certaine direction (voir Ne 9:18, 19, 27-31). Toutefois, s’ils ne réagissent pas bien, Dieu, dont la patience a des limites, leur retire sa miséricorde et agit contre eux par égard pour son nom. — Is 9:17 ; 63:7-10 ; Jr 16:5-13, 21 ; voir aussi Lc 13:6-9.
Elle n’obéit pas aux normes humaines. Il n’appartient pas aux humains d’essayer d’établir leurs propres normes ou critères en fonction desquels Dieu devrait manifester la miséricorde. De sa position céleste avantageuse, Dieu ‘ fera miséricorde à qui il fera miséricorde ’ en accord avec son dessein excellent et selon sa vision étendue de l’avenir et sa capacité de lire dans le cœur (Ex 33:19 ; Rm 9:15-18 ; voir aussi 2R 13:23 ; Mt 20:12-15). En Romains chapitre 11, l’apôtre explique que Dieu fit preuve d’une sagesse et d’une miséricorde incomparables en donnant aux Gentils la possibilité d’entrer dans le Royaume céleste. Les Gentils n’appartenaient pas à la nation de Dieu, Israël, si bien qu’ils ne bénéficiaient pas des miséricordes qui découlaient de relations d’alliance avec Dieu ; de plus, ils vivaient en désaccord avec la volonté divine (voir Rm 9:24-26 ; Ho 2:23). Paul précise que les Israélites eurent les premiers cette possibilité, mais que la plupart d’entre eux se montrèrent désobéissants. C’est pour cette raison que les Gentils se virent offrir la possibilité de faire partie du ‘ royaume de prêtres et de la nation sainte ’ promis (Ex 19:5, 6). Paul conclut ainsi : “ Car Dieu les a enfermés tous ensemble [Juifs et Gentils] dans la désobéissance pour leur faire miséricorde à tous. ” Grâce au sacrifice rédempteur du Christ, le péché adamique à l’œuvre chez tous les humains pouvait être ôté de chez tous ceux qui exerceraient la foi (y compris les Gentils) et, grâce à la mort du Christ sur le poteau de supplice, ceux qui étaient sous la malédiction de la Loi (les Juifs) pouvaient également en être libérés ; ainsi, tous pouvaient recevoir la miséricorde. L’apôtre s’exclame : “ Ô profondeur de la richesse et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont inscrutables et ses voies introuvables ! ” — Rm 11:30-33 ; Jn 3:16 ; Col 2:13, 14 ; Ga 3:13.
La recherche de la miséricorde de Dieu. Ceux qui désirent bénéficier des abondantes miséricordes de Dieu doivent le rechercher, c’est-à-dire démontrer leur bonne condition de cœur en abandonnant leurs mauvaises voies et leurs pensées malfaisantes (Is 55:6, 7) ; ils doivent le craindre comme il convient et prouver qu’ils accordent une grande valeur à ses justes préceptes (Ps 103:13 ; 119:77, 156, 157 ; Lc 1:50) ; et s’ils s’écartent de la voie juste qu’ils suivaient, ils ne doivent pas essayer de le cacher, mais doivent le confesser et manifester une contrition sincère ainsi qu’une tristesse venant du cœur (Ps 51:1, 17 ; Pr 28:13). D’autre part, il est absolument essentiel qu’ils soient eux-mêmes miséricordieux. Jésus déclara : “ Heureux les miséricordieux, puisqu’il leur sera fait miséricorde. ” — Mt 5:7.
Les dons de miséricorde. L’attitude des Pharisiens envers leurs semblables manquait de miséricorde, et Jésus les réprimanda ainsi : “ Allez donc apprendre ce que signifie : ‘ Je veux la miséricorde et non le sacrifice. ’ ” (Mt 9:10-13 ; 12:1-7 ; voir aussi Ho 6:6). Il rangea la miséricorde parmi les points les plus importants de la Loi (Mt 23:23). Comme on l’a vu, si la miséricorde pouvait inclure la clémence dans le jugement, qualité que les Pharisiens avaient peut-être l’occasion de manifester en tant que membres du Sanhédrin par exemple, elle ne se limitait pas à cela. Plus fondamentalement, elle concernait la manifestation active de la pitié ou de la compassion, des actes de miséricorde. — Voir Dt 15:7-11.
On pouvait témoigner de cette miséricorde en faisant des dons matériels. Toutefois, pour avoir de la valeur aux yeux de Dieu, elle devait être mue par de bons mobiles et ne pas être simplement de l’‘ égoïsme éclairé ’. (Mt 6:1-4.) Dorcas était riche de “ dons de miséricorde [forme de éléêmosunê] ” qui incluaient des dons matériels (Ac 9:36, 39) ; c’était sans aucun doute aussi le cas des dons de Corneille, qui, associés à ses prières, lui valurent d’être écouté favorablement par Dieu (Ac 10:2, 4, 31). Selon Jésus, les Pharisiens échouaient en ce qu’ils ne donnaient pas “ en dons de miséricorde les choses qui sont à l’intérieur ”. (Lc 11:41.) La miséricorde véritable doit par conséquent venir du cœur.
Jésus et ses disciples se distinguèrent particulièrement en faisant, miséricordieusement, des dons spirituels d’une bien plus grande valeur que les dons matériels (voir Jn 6:35 ; Ac 3:1-8). Les membres de la congrégation chrétienne, surtout les ‘ bergers ’ (1P 5:1, 2), doivent cultiver la qualité qu’est la miséricorde. Que ce soit dans le domaine matériel ou spirituel, ils l’exerceront “ avec joie ”, jamais à contrecœur (Rm 12:8). Il peut arriver que la foi de certains membres de la congrégation s’affaiblisse et qu’ils tombent spirituellement malades, au point même d’exprimer des doutes. Étant donné qu’ils risquent la mort spirituelle, leurs compagnons chrétiens sont exhortés à continuer de leur témoigner une abondante miséricorde et à les aider à éviter la destruction. Tout en continuant à faire miséricorde à certains dont les actions ne conviennent pas, il leur faut veiller à ne pas tomber eux-mêmes dans la tentation, conscients qu’ils ne doivent pas seulement aimer la justice, mais également haïr ce qui est mauvais. Exercer la miséricorde ne signifie donc pas fermer les yeux sur le mal. — Jude 22, 23 ; voir aussi 1Jn 5:16, 17 ; voir DONS DE MISÉRICORDE.
La miséricorde, triomphante, se glorifie aux dépens du jugement. Le disciple Jacques déclare : “ Car pour celui qui ne pratique pas la miséricorde, le jugement est sans miséricorde. La miséricorde, triomphante, se glorifie aux dépens du jugement. ” (Jc 2:13). Le contexte montre que Jacques développe les pensées qu’il a déjà énoncées concernant le vrai culte, notamment la nécessité d’exercer la miséricorde en s’occupant des affligés et en s’interdisant le favoritisme ou la discrimination au détriment du pauvre en faveur du riche (Jc 1:27 ; 2:1-9). C’est ce qu’indique également la suite de ses propos, puisqu’ils ont trait aux besoins des frères qui “ se trouvent nus et [qui] manquent de la nourriture quotidienne ”. (Jc 2:14-17.) Ses paroles correspondent donc à celles de Jésus quand il disait que c’est aux miséricordieux qu’il sera fait miséricorde (Mt 5:7 ; voir aussi Mt 6:12 ; 18:32-35). Lorsqu’il amènera en jugement ceux qui auront été miséricordieux en faisant preuve de pitié ou de compassion, et en aidant activement ceux qui étaient dans le besoin, Dieu leur témoignera à son tour de la miséricorde et, ainsi, leur miséricorde triomphera effectivement de tout jugement défavorable qui, autrement, pourrait être porté contre eux. Le proverbe déclare à ce sujet : “ Qui témoigne de la faveur au petit prête à Jéhovah, et son traitement, Il le lui rendra. ” (Pr 19:17). La pensée émise par Jacques est appuyée par de nombreux autres textes. — Voir Jb 31:16-23, 32 ; Ps 37:21, 26 ; 112:5 ; Pr 14:21 ; 17:5 ; 21:13 ; 28:27 ; 2Tm 1:16, 18 ; Hé 13:16.
La miséricorde du Grand Prêtre de Dieu. La lettre aux Hébreux explique pourquoi Jésus, le Grand Prêtre autrement plus grand qu’aucun prêtre de la lignée aaronique, devait devenir homme, souffrir et mourir. Elle déclare : “ En conséquence, il a dû devenir, à tous égards, semblable à ses ‘ frères ’, pour qu’il puisse devenir un grand prêtre miséricordieux et fidèle dans les choses qui concernent Dieu, afin d’offrir un sacrifice propitiatoire pour les péchés du peuple. ” Puisqu’il a souffert dans l’épreuve, “ il peut venir au secours de ceux qui sont mis à l’épreuve ”. (Hé 2:17, 18.) Disposant du récit de la vie, des paroles et des actions de Jésus, ceux qui s’adressent à Dieu par Jésus peuvent le faire avec confiance. “ Car nous avons pour grand prêtre, non pas quelqu’un qui ne puisse compatir à nos faiblesses, mais quelqu’un qui, à tous égards, a été mis à l’épreuve comme nous, mais sans péché. Avançons-nous donc avec franchise vers le trône de la faveur imméritée, pour que nous puissions obtenir miséricorde et trouver faveur imméritée pour du secours au bon moment. ” — Hé 4:15, 16.
En sacrifiant sa vie, Jésus accomplit un acte extraordinaire de miséricorde et d’amour. En qualité de Grand Prêtre au ciel, il donna des preuves de sa miséricorde, par exemple dans ses manières d’agir envers Paul (Saul) à qui il fit miséricorde en raison de son ignorance. Paul dit : “ Toutefois, voilà pourquoi il m’a été fait miséricorde : pour que par moi, le cas principal, Christ Jésus puisse montrer toute sa patience, faisant de moi l’exemple-type de ceux qui vont mettre leur foi en lui pour la vie éternelle. ” (1Tm 1:13-16). Jéhovah Dieu, le Père de Jésus, exerça très souvent la miséricorde en faveur des Israélites : il les sauva de leurs ennemis, les délivra de leurs oppresseurs et leur donna la paix et la prospérité. De la même façon, les chrétiens peuvent espérer sans douter en la miséricorde que Dieu exercera par son Fils. C’est pourquoi Jude écrit : “ Gardez-vous dans l’amour de Dieu, tandis que vous attendez la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ pour la vie éternelle. ” (Jude 21). La miséricorde merveilleuse dont Dieu fait preuve par Christ encourage les vrais chrétiens à ne pas renoncer dans leur ministère, mais à l’accomplir d’une manière désintéressée. — 2Co 4:1, 2.
La miséricorde envers les animaux. On lit en Proverbes 12:10 : “ Le juste s’occupe de l’âme de son animal domestique, mais les miséricordes des méchants sont cruelles. ” Le juste, lui, connaît les besoins de ses animaux et s’inquiète de leur bien-être, mais les miséricordes du méchant ne sont pas éveillées par ces besoins. Dans le monde, qui est dur et égoïste, les hommes traitent leurs bêtes en fonction seulement des avantages qu’ils peuvent en tirer. Ce que le méchant considérerait comme un traitement approprié pourrait être en réalité un traitement cruel (opposer à Gn 33:12-14). Le juste qui se soucie de ses animaux imite Dieu, qui prend soin d’eux, car ils sont ses créatures. — Voir Ex 20:10 ; Dt 25:4 ; 22:4, 6, 7 ; 11:15 ; Ps 104:14, 27 ; Yon 4:11.
Miséricorde, bonté de cœur et faveur imméritée. Le terme hébreu ḥèsèdh (Ps 25:6 ; 69:16 ; Jr 16:5 ; Lm 3:22) et le mot grec kharis (1Tm 1:2 ; Hé 4:16 ; 2Jn 3), qui signifient respectivement “ bonté de cœur (amour fidèle) ” et “ faveur imméritée ”, sont souvent utilisés avec les termes raḥamim et éléos dont ils sont très proches. Ḥèsèdh diffère de raḥamim en ce qu’il met l’accent sur l’attachement fidèle et plein d’amour d’une personne à l’objet de sa bonté, tandis que raḥamim souligne la tendre compassion et la pitié qu’elle éprouve. Pareillement, la principale différence entre kharis et éléos est que kharis emporte particulièrement l’idée de don gratuit et immérité, donc souligne le désintéressement et la générosité du donateur, alors qu’éléos insiste sur la réaction miséricordieuse de quelqu’un devant les besoins de son prochain affligé ou défavorisé. Ainsi, Dieu a témoigné sa kharis (faveur imméritée) à son propre Fils quand il “ lui a donné volontiers [littéralement : “ donné par faveur ”, ékharisato] le nom qui est au-dessus de tout autre nom ”. (Ph 2:9.) Cet acte de bonté était motivé non par la pitié, mais par la générosité et l’amour de Dieu. — Voir BONTÉ ; FAVEUR IMMÉRITÉE.