États-Unis d’Amérique (3e partie)
LA VIOLENCE SE DÉCHAÎNE À LITCHFIELD
À peu près à la même époque où l’on avait essayé de brûler la ferme du Royaume, une vague de persécutions déferla sur les témoins de Jéhovah à Litchfield, dans l’État d’Illinois. Frère Clarence Huzzey évoque ses souvenirs, en disant : “Je ne sais comment, mais nos ennemis à Litchfield eurent vent de nos projets, si bien que lorsque nous sommes arrivés pour visiter les habitants de la ville, ils étaient prêts pour nous accueillir. Le prêtre fit sonner les cloches de l’église, et à ce signal les gens ont commencé à s’attaquer aux frères et à les conduire à la prison locale. Plusieurs frères ont été sévèrement battus, et la foule a même menacé d’incendier la prison. Certains de nos assaillants ont identifié les voitures des frères et les ont démolies.”
Frère Walter Wissman écrit de son côté : “Après que les frères eurent été battus par la foule, les gendarmes de la police routière les rassemblèrent dans la prison, afin de les protéger. Un frère, Charles Cervenka, fut jeté à terre lorsqu’il refusa de saluer le drapeau. On lui frotta le visage avec et on lui donna de grands coups de pied à la tête et au corps. C’est lui qui reçut les blessures les plus graves, à telle enseigne qu’il ne s’en remit jamais complètement. Il mourut quelques années plus tard. Il affirma que pendant qu’on le battait, il se disait qu’il était heureux que ce soit lui et non l’un des nouveaux frères, car il savait qu’il tiendrait bon, alors qu’un nouveau pourrait peut-être s’affaiblir et céder.”
Frère Wissman ajoute encore : “La ville de Litchfield était très fière de ce qui s’était passé. En effet, quelque temps plus tard, dans les années 1950, Litchfield célébra son centenaire avec des chars de cavalcade représentant les événements remarquables qui jalonnaient les cent années de son histoire. Or, l’un de ces chars commémorait l’attaque organisée contre les témoins de Jéhovah en 1940. Apparemment les responsables considéraient que cet événement était une page glorieuse de l’histoire de leur ville. Puisse Jéhovah leur donner ce qu’ils méritent !”
APPELS NON ÉCOUTÉS
Les attaques violentes contre les témoins de Jéhovah devenaient si sérieuses et nombreuses que M. Francis Biddle, Procureur fédéral des États-Unis, et Mme Eleanor Roosevelt (femme du président Franklin Roosevelt) firent des appels publics pour arrêter ces persécutions. En fait, le 16 juin 1940, le jour même des événements de Litchfield, M. Biddle déclara dans un discours radiodiffusé dans tout le pays par le réseau de la N.B.C. :
“Les témoins de Jéhovah ont été attaqués et battus à maintes reprises. Ils n’avaient commis aucun délit ; mais la foule les a jugés coupables et leur a infligé des châtiments populaciers. Le Procureur général a ordonné une enquête immédiate sur ces actes de violence.
“Les citoyens doivent être vigilants et se tenir sur leurs gardes et, par-dessus tout, faire preuve de calme et de bon sens. Étant donné que les violences perpétrées par la populace rendent la tâche du gouvernement infiniment plus difficile, celles-ci ne seront pas tolérées. Nous ne vaincrons pas le mal nazi en imitant ses méthodes.”
Pourtant, ces appels n’endiguèrent pas le flot de persécutions contre les témoins de Jéhovah.
RÉUNIONS CHRÉTIENNES INTERROMPUES
Au cours de ces années difficiles, il arrivait que des chrétiens américains soient attaqués pendant qu’ils étaient paisiblement réunis pour s’instruire dans la Bible. Un tel incident se produisit en 1940 à Saco, dans l’État du Maine. D’après frère Harold Duncan, tandis que les témoins de Jéhovah étaient réunis dans leur Salle du Royaume, située au premier étage d’un immeuble, pour y écouter un discours biblique enregistré sur disques, une foule d’entre 1 500 et 1 700 personnes se rassembla dans la rue. Il se souvient clairement qu’un prêtre était assis dans une voiture devant la salle. Frère Duncan écrit : “Le dépanneur de radios (dont la boutique se trouvait à côté) fit marcher tous ses postes le plus fort possible, afin de couvrir la voix de l’orateur. Puis les gens se mirent à jeter des pierres dans les fenêtres de la salle, des policiers habillés en civil éclairant avec leurs torches électriques les carreaux à casser. Je me rendis deux fois au poste de police, situé à un peu plus d’un pâté de maisons de là, mais seulement pour m’entendre dire : ‘Quand vos gens accepteront de saluer le drapeau américain, nous viendrons vous aider.’ La foule cassa 70 [petits carreaux], et une pierre grosse comme un poing passa juste à côté de la tête de sœur Gertrude Bob, et enleva un morceau de plâtre au coin du mur.”
La foule se manifesta également en 1942, à une assemblée organisée à Klamath Falls, dans l’État d’Oregon. Frère Don Milford relate que les gens coupèrent les fils téléphoniques, interrompant ainsi le discours transmis d’un autre congrès. Mais un frère qui possédait le texte du discours prit aussitôt la relève, et le programme se poursuivit. Finalement, les gens firent irruption dans la salle. Les témoins se défendirent, et lorsqu’ils réussirent à refermer la porte d’entrée, ils découvrirent à l’intérieur de la salle l’un des assaillants, — “un homme grand et fort”, — étendu sans connaissance. Il s’agissait d’un policier. On mit son insigne à côté de son visage et on prit une photo. Frère Milford précise : “Nous avons appelé la Croix-Rouge, et deux femmes sont arrivées avec un brancard pour l’enlever. Plus tard, on l’a entendu dire : ‘Je ne pensais pas qu’ils se défendraient.’” La police refusa d’aider les témoins, et ce ne fut que quatre heures plus tard que la foule se dispersa grâce à l’intervention de la police de l’État.
ATTAQUES EN DIFFUSANT LES PÉRIODIQUES DANS LES RUES
Bien qu’il soit vrai que dans certaines villes la police refusa de protéger les témoins de Jéhovah, cela ne fut pas toujours le cas. Par exemple, pendant que frère Payne présentait les périodiques dans une rue de Tulsa, dans l’État d’Oklahoma, il remarqua qu’un agent le surveillait toujours de loin. Frère Payne écrit : “Un jour, je lui ai demandé pourquoi il me surveillait ainsi. Il m’a répondu que malgré l’importance du quartier qu’il devait surveiller, il se tenait près de moi de peur que je ne sois enlevé ou attaqué. Il avait lu comment les témoins étaient traités dans certaines petites villes, et il n’entendait pas permettre à qui que ce soit de nous gêner dans notre œuvre.”
Il n’empêche que les serviteurs de Jéhovah furent souvent attaqués par des foules déchaînées pendant qu’ils donnaient le témoignage dans les rues à l’aide de La Tour de Garde et de Consolation. Par exemple, frère George McKee dit que semaine après semaine, dans une ville de l’Oklahoma, une foule de 100 à plus de 1 000 hommes en colère molestait les témoins qui présentaient les périodiques dans les rues. Le maire, le chef de police et d’autres fonctionnaires refusèrent de les protéger. Selon frère McKee, le plus souvent les gens étaient conduits par un médecin très connu, cousin de Belle Starr (célèbre femme-gangster) et chef dans la Légion américaine. D’abord, les frères étaient accostés par des ivrognes. Puis la foule survenait, armée de bâtons, de couteaux, de couperets et de fusils. Son objectif ? Chasser les témoins de la ville. Mais chaque samedi les proclamateurs du Royaume décidaient d’avance combien de temps ils voulaient rester dans les rues, et, en général, bien que la foule s’organisât rapidement, ils parvenaient à y rester le temps prévu. Ils plaçaient de nombreux périodiques aux gens qui faisaient leurs courses.
Un certain samedi, environ quinze témoins furent attaqués. Frère McKee déclare : “Nous nous rendions compte que nous devions compter sur Jéhovah Dieu et sur notre bon jugement si nous voulions en sortir vivants. Sans crier gare, les gens ont attaqué trois d’entre nous avec des couteaux et des bâtons. (...) Les bras cassés, le crâne fêlé et souffrant d’autres blessures, nous nous sommes adressés à quatre médecins de la ville, mais ils ont tous refusé de nous soigner. Il nous a fallu faire quatre-vingts kilomètres avant de trouver un médecin compatissant. Mais nos blessures ne nous ont pas empêchés de retourner dans les rues le samedi suivant, pour annoncer la bonne nouvelle du Royaume. Voilà l’état d’esprit qui nous animait pendant toute cette période de difficultés et de persécutions.”
VIOLENCE À CONNERSVILLE
Un exemple frappant de la violence de la foule s’est vu en 1940 à Connersville, dans l’État d’Indiana. Plusieurs chrétiennes comparaissaient devant un tribunal, accusées faussement d’avoir “troublé l’ordre public”. Le premier jour du procès, pendant que frère Rainbow, serviteur de zone, et Victor et Mildred Schmidt quittaient le tribunal, une vingtaine d’hommes menacèrent de les faire mourir et essayèrent de renverser leur voiture.
Le dernier jour du procès, le procureur passa presque tout le temps qu’il lui avait été imparti à inciter les gens à l’attaque, s’adressant parfois directement aux hommes armés qui se trouvaient dans la salle d’audience. Vers 21 heures, le jugement fut prononcé : “coupables”. Ce mot déchaîna la violence. Sœur Schmidt relate qu’elle et son mari, l’un des avocats de la défense, se trouvaient, avec deux autres frères, isolés des autres témoins et entourés d’une foule de deux cents à trois cents personnes. Voici son récit :
“Presque aussitôt, nous avons été soumis à un bombardement d’œufs et de toutes sortes de fruits et de légumes. Plus tard, nous avons appris que les gens nous avaient jeté le contenu de tout un camion.
“Nous avons essayé de courir jusqu’à notre voiture, mais nos assaillants nous en ont empêchés et nous ont poussés vers la route qui sortait de la ville. Tout à coup, les gens ont chargé, en frappant les frères et en me tapant sur le dos comme avec des fouets. Alors, une tempête éclata, avec des pluies torrentielles et un vent violent. Mais les éléments déchaînés étaient insignifiants à côté de la violence de cette foule poussée par les démons. À cause de l’orage, bon nombre de gens se sont réfugiés dans leurs voitures et nous ont suivis, tout en hurlant des insultes où figurait constamment le nom de Jéhovah. Comme nos cœurs étaient transpercés d’entendre ces blasphèmes !
“Malgré le mauvais temps, il nous semblait qu’une bonne centaine d’hommes avançaient vers nous à pied. À un moment donné, au volant de sa voiture, sœur Jacoby (maintenant sœur Crain) de Springfield (Ohio) a essayé de nous délivrer de la foule, mais les gens ont failli renverser sa voiture, ils ont donné des coups de pied à la carrosserie et ont essayé d’arracher les portières. Quand ils ont eu fini d’attaquer la voiture, nos adversaires ont recommencé à nous taper dessus. La voiture a dû partir sans nous. La tempête continuait de plus belle puis, pendant que nous marchions, nous avons entendu la foule crier : ‘Jetons-les dans le fleuve ! Jetons-les dans le fleuve !’ Ce cri sans cesse répété m’a remplie d’effroi, car je voyais que nous approchions d’un pont. Mais, arrivés au fleuve, les gens ont subitement cessé de crier. Bientôt, nous nous trouvions de l’autre côté du pont. C’était comme si les anges de Jéhovah avaient aveuglé la foule, l’empêchant de voir où elle se trouvait. J’ai dit en moi-même : ‘Oh, Jéhovah, merci !’
“Après cela, quelques grands gaillards ont recommencé à frapper les frères. Comme c’est dur de voir quelqu’un que vous aimez être roué de coups ! Chaque fois qu’ils ont frappé Victor, il a chancelé, mais il n’est jamais tombé. C’était épouvantable ! (...)
“Maintes et maintes fois, les gens se sont approchés de moi par-derrière et m’ont frappée dans le dos comme avec un fouet. Finalement, nous nous sommes trouvés séparés des deux autres frères, et pendant que nous marchions en nous tenant par le bras, Victor m’a dit : ‘Nous n’avons pas souffert autant que Paul. Nous n’avons pas encore résisté jusqu’au sang.’ [Voir Hébreux 12:4.]
“Il faisait nuit et il était très tard (j’ai appris par la suite qu’il était environ 23 heures). Nous étions au-delà des limites de la ville et presque épuisés. Soudain, une voiture s’est arrêtée près de nous, et une voix familière nous a dit : ‘Montez vite !’ C’était un jeune pionnier très brave, Ray Franz, qui était venu nous sauver de la foule déchaînée ! (...)
“Encore une fois, nous avions l’impression que les anges de Jéhovah avaient aveuglé nos ennemis pour les empêcher de nous voir monter dans la voiture. Nous y avons retrouvé sains et saufs notre cher frère Rainbow, sa femme et trois autres témoins. Je ne sais pas comment cette petite voiture a pu transporter huit personnes ! Quant à nous, nous étions tous persuadés que les anges de Jéhovah avaient empêché l’ennemi de nous voir y monter. En effet la foule était toujours aussi violente à notre égard et rien n’indiquait qu’elle voulait nous relâcher. C’était donc comme si Jéhovah avait étendu son bras affectueux et nous avait délivrés ! Plus tard, nous avons appris que les deux frères qui avaient été séparés de nous s’étaient réfugiés dans une meule de foin. Ils y ont été retrouvés par des frères le lendemain matin. L’un d’eux avait été gravement blessé par un projectile.
“Nous sommes arrivés chez nous vers 2 heures du matin, complètement trempés et transis de froid, car la tempête avait mis fin à une vague de chaleur et entraîné derrière elle une masse d’air froid. Nos frères et sœurs nous ont soignés, refermant cinq plaies ouvertes au visage de Victor. Comme nous étions reconnaissants de nous retrouver entre les mains affectueuses de nos chers frères !”
Cependant, Jéhovah soutient et fortifie ses serviteurs au milieu de pareilles épreuves. Sœur Schmidt conclut en disant : “Ainsi, nous avions subi une autre sorte d’épreuve que, par sa miséricorde, Jéhovah nous avait permis de supporter, en permettant que ‘l’endurance fasse œuvre complète’.” — Jacq. 1:4.
D’AUTRES ACTES DE BRUTALITÉ
Les témoins de Jéhovah ont été la cible de nombreux autres actes de violence de la part des foules en colère. En décembre 1942, plusieurs témoins de Jéhovah furent molestés pendant qu’ils distribuaient des périodiques dans une rue de Winnsboro, au Texas. Parmi eux se trouvait frère Pillars, serviteur des frères (surveillant de circonscription). Voyant la foule s’approcher d’eux, les témoins comprirent qu’ils ne pouvaient continuer leur activité dans une telle situation. Ils décidèrent donc de regagner leur voiture. Frère Pillars relate ses souvenirs en ces termes : “Le pasteur baptiste, un certain Phillips, était assis dans sa voiture munie de haut-parleurs et se trouvait vers le milieu de la rue principale. Il avait prêché sur le Christ et son crucifiement, mais dès qu’il nous a vus, il a changé de sermon. Il s’est mis à vitupérer contre les témoins de Jéhovah parce qu’ils refusaient de saluer le drapeau. Il a déclaré qu’il serait heureux de mourir pour la Bannière étoilée [le drapeau américain] et que quiconque refusait de la saluer devrait être chassé de la ville. Arrivés à la hauteur de sa voiture, nous avons vu une autre foule qui se dirigeait vers nous. Bientôt nous étions entourés et nous avons été retenus jusqu’à l’arrivée du shérif, qui nous a arrêtés.”
Plus tard, la foule pénétra dans le bureau du shérif, qui ne fit rien pour protéger les témoins. Les gens s’emparèrent d’eux et les sortirent dans la rue, où ils leur donnèrent des coups de poing, en particulier à frère Pillars. Celui-ci raconte : “J’ai été aidé d’une manière extraordinaire. Je prenais une de ces raclées ! Blessé au visage, je perdais du sang par le nez et par la bouche, mais je ressentais peu de douleur. J’étais étonné, et je sentais que les anges me soutenaient. (...) Je comprenais mieux comment nos frères allemands pouvaient endurer fidèlement et sans chanceler les persécutions nazies.”
Frère Pillars perdit connaissance plusieurs fois, mais ses persécuteurs le ranimèrent, afin de le battre de nouveau. Finalement, ses tortionnaires le trempèrent dans l’eau froide et essayèrent de lui faire saluer un petit drapeau qui mesurait dix centimètres sur cinq, “le seul drapeau, devait-il déclarer plus tard, que ces patriotards avaient pu trouver”. Pendant qu’ils tenaient le drapeau, ils lui soulevaient le bras, mais le frère laissait retomber sa main, montrant par là qu’il refusait de saluer. Bientôt ils lui mirent une corde autour du cou, le jetèrent à terre et le traînèrent jusqu’à la prison. Vaguement, il les entendit dire : “Pendons-le. Comme ça, nous serons définitivement débarrassés de ces Témoins !” Peu après, ils essayèrent de le pendre. Frère Pillars écrit : “Ils me mirent une nouvelle corde de chanvre de douze millimètres autour du cou, avec le nœud derrière l’oreille, et ils me traînèrent dans la rue. Ensuite, ils jetèrent l’autre bout de la corde par-dessus un tuyau qui sortait du bâtiment, et quatre ou cinq hommes se mirent à tirer dessus. La corde se tendit, et quand elle me souleva, je perdis connaissance.”
Lorsque frère Pillars reprit connaissance, il se trouvait dans la prison non chauffée. Un médecin était en train de l’examiner et disait : “Si vous voulez sauver cet homme, vous feriez mieux de l’envoyer tout de suite à l’hôpital, car il a perdu beaucoup de sang et ses yeux sont dilatés.” Le shérif lui répondit : “C’est la plus belle tête de mule que j’aie jamais rencontrée !” Frère Pillars précise : “Comme cette insulte me réconfortait, car elle confirmait que je ne leur avais pas cédé !”
Après le départ du médecin, la foule pénétra dans cette prison froide et sombre. On fit craquer des allumettes près du visage de frère Pillars pour mieux le voir. Quelqu’un demanda : “Est-il mort ?” Un autre répondit : “Non, mais il n’en a plus pour longtemps.” Bien que transi de froid et trempé jusqu’aux os, frère Pillars essaya de ne pas trembler dans l’espoir de se faire passer pour mort. Enfin tous partirent, et un grand silence régna. Au bout d’un certain temps, la porte s’ouvrit et des policiers d’État entrèrent et portèrent frère Pillars jusqu’à une ambulance, qui le conduisit à l’hôpital de Pittsburg, au Texas. Il avait été malmené par la foule pendant six heures. Mais que se produisit-il quand les gens l’eurent pendu ? Pourquoi était-il toujours en vie ? Frère Pillars déclare : “J’appris la réponse à ces questions tard le jour suivant.” Il ajoute :
“Je me trouvais dans la salle des détenus de l’hôpital de Pittsburg quand je reçus la visite de frère Tom Williams, avocat de Sulphur Springs qui luttait courageusement pour la justice. Ayant essayé sans succès de trouver où l’on m’avait amené, il dut menacer de poursuivre en justice les autorités de la ville ; alors elles lui révélèrent que j’étais à l’hôpital. Quel plaisir de voir le visage d’un frère ! C’est là qu’il m’apprit que toute la ville parlait de moi : J’avais été pendu, mais la corde avait cassé !
“Plus tard, lorsque la police fédérale se saisit de l’affaire, ce qui aboutit à une enquête par jury, un groupe de Pentecôtistes se présentèrent comme témoins. Ces hommes dirent : ‘Aujourd’hui ce sont les témoins de Jéhovah. Demain ce sera nous !’ Ils décrivirent la pendaison en ces termes : ‘Nous l’avons vu se balancer au bout de la corde. Puis elle a cassé. Lorsque nous avons vu cela, nous savions que c’était le Seigneur qui l’avait cassée.’”
Le shérif et les autres fonctionnaires impliqués dans cette affaire s’enfuirent dans un autre État, si bien qu’ils ne passèrent jamais en jugement. Frère Pillars retrouva ses forces et reprit son activité comme serviteur des frères dans la même région.
COMMENT ENDURER DE CRUELLES PERSÉCUTIONS
Peut-être avez-vous tendance à dire : “Je ne pourrais jamais endurer des persécutions si cruelles !” Non, vous ne pourriez pas les endurer par votre propre force. Mais Jéhovah peut vous rendre fort, si vous profitez dès maintenant de tout ce qu’il nous donne pour nous édifier spirituellement. Les persécutions sont principalement rattachées à la question de la souveraineté universelle. En effet, Satan a défié Jéhovah Dieu en prétendant que nul homme ne lui resterait fidèle dans l’épreuve. Quel privilège de rester fidèle à Jéhovah Dieu et de soutenir sa cause, prouvant ainsi que Satan est un menteur ! — Job 1:1 à 2:10 ; Prov. 27:11.
Depuis cette époque difficile où les témoins de Jéhovah américains subirent de nombreuses attaques par des foules en colère, le peuple de Dieu se rend compte de plus en plus qu’il dépend entièrement de Jéhovah. Certes, les chrétiens sont prêts à se défendre et à défendre les leurs en harmonie avec les principes du christianisme, mais ils ne se munissent pas d’armes meurtrières au cas où ils seraient attaqués (Mat. 26:51, 52 ; II Tim. 2:24). Au contraire, ils reconnaissent que ‘les armes de leur guerre ne sont pas charnelles’. — II Cor. 10:4 ; voir La Tour de Garde, édition française du 1er mars 1970, pages 153-159 (17/69, pages 33-43).
ASSEMBLÉE THÉOCRATIQUE À SAINT LOUIS
L’humanité connaissait les douleurs de la Seconde Guerre mondiale, et les serviteurs de Dieu étaient en butte à des persécutions, mais ‘Jéhovah des armées était avec eux’. (Ps. 46:1, 7.) Dieu veilla à ce qu’ils reçoivent une abondance de bonnes choses spirituelles. À ce sujet, citons le cas de l’Assemblée théocratique des témoins de Jéhovah, organisée du 6 au 10 août 1941, à Saint Louis, aux États-Unis.
Les serviteurs de Jéhovah attendaient avec impatience cette assemblée. Bientôt, nombre d’entre eux roulaient vers Saint Louis. Sœur McCreery écrit : “Nous avons bientôt remarqué que tous les témoins mettaient un périodique [La Tour de Garde ou Consolation] sur la vitre de leur voiture, afin de s’identifier ; nous les avons donc imités. Pendant tout le voyage, nous avons passé notre temps à saluer des gens que nous ne connaissions pas du tout mais qui étaient manifestement nos frères, tant ils nous souriaient et nous saluaient amicalement !”
Malgré les pressions qu’exercèrent sur elle des organisations de l’Action catholique et d’anciens combattants, la direction des Arènes refusa d’annuler le contrat conclu avec les témoins de Jéhovah. Cependant, l’Église catholique fit de la propagande mensongère à leur sujet, si bien que nombre d’habitants de la ville revinrent sur leur promesse d’héberger des membres du peuple de Dieu. Robert Rainer relate : “Des religieuses allaient de porte en porte pour dire aux gens de ne pas louer des chambres aux témoins de Jéhovah.” D’après sœur Margaret Rogers, il y avait à Saint Louis “tant de témoins sans chambre qu’il a fallu fabriquer sur place des matelas pour leur permettre de dormir aux Arènes”.
Toujours à propos du problème de l’hébergement des congressistes, frère et sœur Janssen écrivent : “Pendant le congrès, un journal publia une photo d’une mère et de son enfant endormis sur la pelouse du stade. Il n’en fallut pas plus pour que les habitants au cœur plus sensible que celui de leurs faux enseignants commencent à appeler le service du logement pour mettre à sa disposition des chambres pour les témoins.” Bientôt ce service recevait des offres de chambres par télégrammes, coups de téléphone, lettres, visites personnelles et par d’autres moyens. Les gens arrêtaient même les proclamateurs du Royaume dans la rue pour leur offrir une chambre.
Pour certains témoins une cité de caravanes fut aménagée. Ce camp finit par accueillir 677 caravanes, 1 824 tentes, 100 camping-cars, 99 camions et 3 autocars, le tout abritant une population de 15 526 personnes. Sœur Edna Gorra a déclaré : “Ce camp était immense. Il comportait des rues, dont chacune était désignée par un nom, des lavabos, des bains, des douches, etc. C’était merveilleux de voir des gens venus de tant d’États différents vivre ensemble en paix dans leurs caravanes, leurs tentes et leurs camping-cars.”
POINTS SAILLANTS DU PROGRAMME
Le programme de ce congrès était spirituellement enrichissant. Sœur Hazel Burford, actuellement missionnaire à Panama, déclare à ce sujet : “Nous avons été réjouis de recevoir une explication claire de la question de la domination universelle de Jéhovah en tant que Souverain suprême, et d’apprendre que cette question impliquait l’intégrité de ses serviteurs. (...) Nous nous sommes rendu compte plus clairement que jamais pourquoi Jéhovah permettait que son peuple soit cruellement persécuté dans le monde entier.” Dans son discours intitulé “Intégrité”, frère Rutherford expliqua que la question que Satan souleva à l’époque de Job était la suivante : “Jéhovah peut-il avoir sur la terre des hommes qui, soumis aux épreuves les plus sévères, lui resteront fidèles ?” Cependant, la question principale est celle de la domination de l’univers. Entre autres, l’orateur encouragea ses auditeurs à s’attacher sans réserve au Gouvernement théocratique de Jésus Christ, sachant qu’il justifiera le nom divin et délivrera tous les amis de la justice qui servent Jéhovah.
Un détail de ce congrès de Saint Louis qui toucha particulièrement le cœur des délégués eut lieu le dimanche 10 août 1941, le “Jour des enfants”. Au début de la matinée, un discours fut prononcé sur le baptême, et 3 903 personnes furent baptisées, dont 1 357 enfants. Pour ces derniers, — et même pour les adultes, — ce jour-là devait être spécial. Le programme portait la notice suivante : “Tous les enfants de parents consacrés, âgés de cinq à dix-huit ans et possédant des billets pour des places réservées, s’assoiront juste devant l’estrade.” Le discours de frère Rutherford intitulé “Enfants du Roi” était prévu pour 11 heures.
Le nombre des assistants atteignait alors le chiffre extraordinaire de 115 000. Le parterre devant l’orateur et d’autres places réservées tout autour étaient remplis d’enfants âgés de cinq à dix-huit ans, — un auditoire tout à fait remarquable. Quand frère Rutherford prit place sur l’estrade, tous ces jeunes l’acclamèrent et applaudirent. Il les salua en agitant son mouchoir, et des milliers de jeunes mains lui répondirent. Puis il prit place au pupitre, visiblement ému par ce spectacle.
Frère Rutherford avait beaucoup de choses à dire à tous ces jeunes chrétiens et aux milliers d’autres membres de cet immense auditoire. Sœur Dorothy Wilkes déclare à ce sujet : “L’espérance de voir des conditions édéniques rétablies sur la terre devint très réelle pour nous lorsque frère Rutherford nous fit remarquer que ‘les propriétés que vous avez vues en vous rendant à l’assemblée ne sont rien à côté de ce que vous allez recevoir’ !” Frère Neal Callaway, qui se trouvait parmi ces enfants réunis ce jour-là, a écrit : “Après avoir achevé son discours, le président de la Société a dit : ‘J’ai une question à poser à chacun de vous. J’invite tous ceux qui ont accepté d’accomplir la volonté de Dieu, qui ont pris position pour le Gouvernement théocratique de Jésus Christ et qui sont prêts à obéir à Dieu et à son Roi, à SE LEVER !’
“Nous nous sommes levés d’un seul mouvement. ‘Voyez, s’est exclamé le président de la Société, plus de 15 000 nouveaux témoins du Royaume !’ Après des applaudissements prolongés, il a dit : ‘Si vous êtes d’accord de faire tout ce que vous pouvez pour parler du Royaume de Dieu et de ses bénédictions, dites : “Oui !”’ Tous debout, 15 000 enfants ont crié d’une seule voix ‘Oui !’
“Puis le président de la Société a ajouté : ‘Si vous possédiez un instrument que vous pourriez utiliser pour honorer le nom de Jéhovah, vous en serviriez-vous fidèlement ?’ Nous avons répondu : ‘Oui !’ Frère Rutherford a enchaîné en disant : ‘Asseyez-vous donc et je vous en parlerai. Le Seigneur a permis que ce livre soit préparé à votre intention. Il est intitulé “Enfants”.’ Il y a eu un tonnerre d’applaudissements !” Chaque enfant assis dans les sections spéciales des Arènes et du camping reçut gratuitement un exemplaire du nouveau livre Enfants, rédigé par frère Rutherford.
Frère George Caron fait remarquer que bon nombre des enfants présents à cette occasion merveilleuse continuaient de progresser. “Ils sont devenus pionniers, dit-il, sont allés à l’École de Galaad, sont partis comme missionnaires, ont servi au Béthel, et de bien d’autres manières ont avancé du même pas que l’organisation. Aujourd’hui, ce sont des piliers dans bien des congrégations à travers le monde.”
Le dimanche après-midi 10 août 1941, frère Rutherford, bien malade, parla pour la dernière fois devant un congrès. Il parla sans notes, improvisant pendant environ quarante-cinq minutes.
Faisant quelques remarques importantes au sujet de la direction du peuple de Jéhovah, il déclara : “Je voudrais que des étrangers ici présents sachent si vous acceptez un homme comme votre chef, au cas où ils auraient tendance à l’oublier. Chaque fois qu’une organisation est créée et commence à croître, on dit qu’un certain homme, un chef, a fait beaucoup d’adeptes. S’il y a quelqu’un dans l’auditoire qui pense que moi, l’homme qui se tient devant vous, je suis le chef des témoins de Jéhovah, qu’il dise Oui ! [Il y eut un NON unanime !]
“Si vous pensez que je suis tout simplement l’un des serviteurs du Seigneur, et que nous travaillons coude à coude dans l’unité pour servir Dieu et le Christ, alors dites Oui ! [Il y eut un OUI unanime !]
“Un chef terrestre comme moi n’est pas nécessaire pour faire travailler une telle foule ; des gens comme vous se battraient avec le Diable à coups de bâton, mais vous le combattez avec l’épée de l’esprit, qui est tout de même plus efficace !”
Pendant son dernier discours, frère Rutherford a sans cesse encouragé ses auditeurs à persévérer dans l’œuvre consistant à prêcher le message du Royaume.
JOURS DU CRÉPUSCULE À BETH-SARIM
En novembre 1941, la grave maladie dont souffrait frère Rutherford avait progressé, si bien qu’il dut se faire opérer à Elkhart, dans l’Indiana. Après, il exprima le désir d’aller en Californie. Il fut donc amené à une maison appelée “Beth-Sarim”, à San Diego. Depuis quelque temps déjà, il était manifeste pour ses collaborateurs et les meilleurs médecins consultés qu’il ne se remettrait pas de sa maladie.
Précisons, en peu de mots, qu’après l’incarcération injuste qu’il avait subie en 1918-1919, à cause de sa fidélité à Jéhovah, frère Rutherford avait fait une grave pneumonie. Cette maladie ne lui avait laissé qu’un seul poumon valide, si bien que les hivers de New York le mettaient pratiquement dans l’impossibilité de s’acquitter de ses devoirs de président de la Société. Dans les années vingt, il suivit un traitement médical à San Diego. Le climat lui convenait particulièrement bien, et son docteur l’encouragea à passer le maximum de temps possible à San Diego. Finalement, Rutherford suivit ce conseil.
Au bout d’un certain temps, quelqu’un fit un don en vue de la construction d’une maison à San Diego, à l’usage de frère Rutherford. Cette maison ne fut pas bâtie aux frais de la Société Watch Tower. À propos de cette propriété, le livre Salut, publié en 1939, déclarait : “En 1929 fut construite sur un petit domaine à San Diego, en Californie, une maison qui porte le nom de Beth-Sarim.”
Sœur Hazel Burford était l’une des infirmières qui s’occupaient de frère Rutherford pendant sa dernière maladie à Beth-Sarim, où on l’amena en novembre 1941. Elle relate : “Nous avons passé des moments intéressants. Vers la fin, il dormait toute la journée et s’occupait des affaires de la Société pendant la nuit. Nous étions tous bien occupés.” Un matin, vers le milieu de décembre, trois frères, y compris frère Knorr, arrivèrent de Brooklyn. Sœur Burford nous dit : “Ils passèrent plusieurs jours auprès de lui, pour examiner le rapport annuel qui devait être publié dans l’Annuaire, ainsi que d’autres questions d’organisation. Après leur départ, frère Rutherford continua de s’affaiblir et, environ trois semaines plus tard, le jeudi 8 janvier 1942, il acheva fidèlement sa course terrestre et reçut des privilèges de service plus grands dans les cours de son Père céleste.” À 17 h 15 le même jour, la nouvelle de sa mort fut communiquée par téléphone au siège de l’œuvre à Brooklyn.
Comment la nouvelle du décès de frère Rutherford fut-elle annoncée à la famille du Béthel de Brooklyn ? Frère William Elrod évoque ses souvenirs en ces termes : “Je n’oublierai jamais le jour où nous avons appris la mort de frère Rutherford. L’annonce a été courte, et il n’y a pas eu de discours.”
UNE TRANSITION SANS HEURTS
Le jeudi 8 janvier 1942 marqua la fin de la vie terrestre de Joseph Franklin Rutherford, à l’âge de soixante-douze ans. Il avait été président de la Société Watch Tower pendant vingt-cinq ans. Lorsque Charles Taze Russell, premier président de la Société, mourut en 1916, les Étudiants de la Bible étaient traumatisés et beaucoup d’entre eux se demandaient comment ils allaient pouvoir continuer leur service pour Dieu. D’autre part, des hommes cupides cherchèrent à s’emparer de la Société, ce qui ne manqua pas de créer des problèmes pendant un certain temps. Mais grâce à l’aide divine, leurs projets échouèrent complètement. En revanche, la mort de frère Rutherford ne posa pas de semblables problèmes. Bien entendu, les ennemis du peuple de Dieu pensaient que l’œuvre des témoins de Jéhovah s’arrêterait, mais ils se trompaient. Frère Grant Suiter écrit : “L’organisation théocratique continua sans arrêt et sans heurts.”
Le 13 janvier 1942, l’ensemble des membres des comités directeurs des Sociétés de Pennsylvanie et de New York, associations utilisées par le peuple de Dieu, se réunirent au Béthel de Brooklyn. Quelques jours auparavant, le vice-président de la Société, frère Nathan Knorr, leur avait demandé de rechercher sincèrement la sagesse divine par la prière et la méditation, ce qu’ils firent. La réunion des deux comités s’ouvrit par une prière demandant la direction de Jéhovah et, après avoir examiné attentivement la situation, les frères élurent unanimement frère Knorr président de la Société. Frère Barber écrit à ce propos : “À ma connaissance, personne ne doutait de la nomination de frère Knorr, et nous étions tous bien décidés à nous serrer les coudes pour le soutenir et prouver notre attachement à l’organisation de Jéhovah. Cette même unité régnait également parmi tous les directeurs de la Société.” Une foule de télégrammes et de lettres attestaient que les serviteurs de Jéhovah du monde entier étaient unis et bien décidés à poursuivre l’œuvre de la prédication.
Nathan Homer Knorr est né en 1905, à Bethlehem, en Pennsylvanie, de parents américains. À l’âge de seize ans il commença à fréquenter la congrégation des Étudiants de la Bible à Allentown, et en 1922 il assista au congrès de Cedar Point, où il décida de se retirer de l’Église réformée. Le 4 juillet 1923, à l’occasion d’une visite que Frederick Franz, du Béthel de Brooklyn, rendait à la congrégation d’Allentown, Nathan Knorr, alors âgé de dix-huit ans, eut l’occasion de symboliser l’offrande de sa vie à Jéhovah Dieu par le baptême d’eau. Frère Franz prononça le discours, et Knorr fut baptisé avec d’autres dans la rivière Little Lehigh. Il se souvient toujours avec joie de ce jour-là, et il se rend compte avec plaisir qu’il a eu le privilège de collaborer avec frère Fred Franz depuis plus de cinquante et un ans !
Environ deux mois plus tard, soit le 6 septembre 1923, frère Knorr devint membre de la famille du Béthel de Brooklyn. Frère Barber évoque le souvenir suivant : “Un midi que nous sommes rentrés pour déjeuner, nous avons découvert dans notre chambre A-9 un jeune frère occupé à ranger ses vêtements et ses affaires dans l’une des commodes. Ne sachant pas que l’un des occupants de la chambre avait été transféré à Staten Island, pour travailler à la station de radio WBBR, nous avons accueilli le nouveau venu avec des phrases telles que : ‘Que fais-tu ici ?’ ‘Il y a déjà assez de monde dans cette chambre, et même trop.’ Nous étions d’avis qu’un de plus serait un de trop, mais bientôt nous nous sommes calmés. Or, le jeune frère en question n’était autre que frère Knorr. Avouons que c’était une façon bizarre de lui souhaiter la bienvenue ! Mais depuis lors, nous nous sommes souvent rappelé cet incident, en riant de bon cœur. Dès le début, il était évident que ce jeune frère était venu au Béthel pour se donner à fond au travail qu’on lui confierait. Il s’appliqua vigoureusement au service de l’expédition et fit des progrès rapides en s’acquittant de ses responsabilités et en acceptant d’accomplir n’importe quelle tâche.”
Plus tard il travailla au service de planning de l’imprimerie de la Société, et le 8 février 1928 frère Rutherford le désigna pour être l’un des responsables du périodique L’Âge d’Or. Frère Clayton Woodworth en était le rédacteur, frère Robert Martin le directeur, et frère Nathan Knorr le secrétaire-trésorier. Quand Robert Martin, alors directeur de l’imprimerie, mourut, le 23 septembre 1932, Rutherford le fit remplacer par Knorr. Le 11 janvier 1934, frère Knorr fut élu directeur de l’Association de la Tribune du Peuple (aujourd’hui la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc.). Après le décès de frère Coward, le 10 janvier 1935, frère Knorr devint le vice-président de cette association. Le 10 juin 1940, il devint directeur et vice-président de la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania. Il fut élu président des deux associations le 13 janvier 1942. Il devint également président de l’Association internationale des Étudiants de la Bible. Pour illustrer comment frère Knorr envisage l’œuvre, frère Cantwell relate l’anecdote suivante : “En 1940, les persécutions battaient leur plein, une filiale fermait après l’autre et les foules se déchaînaient contre nous. Une fois que l’imprimerie travaillait de nuit, lors d’un ‘exercice d’alerte à l’incendie’, frère Knorr déclara au personnel réuni : ‘Je sais que les perspectives de l’œuvre sont sombres. Mais nous devrions tous nous rappeler la pensée suivante : Si Harmaguédon doit venir demain, notre désir devrait être de faire marcher l’imprimerie toute la nuit.’”
L’INSTRUCTION EN VUE DE LA VIE
À l’époque, les serviteurs de Jéhovah se servaient d’une carte de témoignage et d’un phonographe pour prêcher dans le champ. Cependant, ils auraient dû savoir s’exprimer eux-mêmes à l’aide de la Bible, et être capables de donner les raisons de leur espérance. C’était là l’opinion de frère Knorr, le nouveau président de la Société. Évoquant le passé, James Woodworth écrit : “Alors que du temps de frère Rutherford on mettait l’accent sur le thème ‘La religion est un piège et une escroquerie’, à présent une ère d’expansion mondiale commençait, et l’instruction dans les domaines de la Bible et de l’organisation allait être dispensée parmi le peuple de Jéhovah sur une échelle sans précédent.”
Au cours des années, depuis lors, l’accent a été mis de plus en plus sur l’instruction biblique. En vérité, les témoins de Jéhovah étaient entrés dans une ère d’instruction en vue de la vie.
COURS DU MINISTÈRE THÉOCRATIQUE
Henry Cantwell nous informe qu’“un peu plus d’un mois après que frère Knorr fut devenu président de la Société, un Cours supérieur du ministère théocratique fut organisé”. De quoi s’agissait-il ? D’une école inaugurée en février 1942, au Béthel de Brooklyn.
Frère Barber explique ce cours en ces termes : “Tous les membres masculins de la famille du Béthel de Brooklyn furent invités à se faire inscrire. (...) Le cours consistait d’abord en un discours prononcé devant tous les élèves. Les sœurs étaient invitées comme auditrices, mais à l’époque elles ne pouvaient pas s’inscrire à l’école. Après ce discours, les élèves se séparaient en plusieurs classes, où ils prononçaient des allocutions sous la direction de conseillers qualifiés.” Frère Reusch précise : “Chaque mois nous avions une révision préparée par notre instructeur, frère Sullivan.”
Cela vous rappelle-t-il quelque chose ? Si vous êtes témoin de Jéhovah, vous avez reconnu ce qui commença voilà plus de trente ans au Béthel de Brooklyn : il s’agit de l’École du ministère théocratique. Bientôt d’autres serviteurs de Jéhovah bénéficiaient à leur tour de cette instruction. Lors de l’assemblée ayant pour thème ‘Appel à l’action’, organisée dans 247 villes américaines les 17 et 18 avril 1943, un ‘Cours pour le ministère théocratique’ fut annoncé et une démonstration de l’école fut présentée. À la surprise de tous, une brochure de 96 pages fut mise à la disposition des congressistes. Elle expliquait comment organiser cette nouvelle école dans chaque congrégation, et fournissait les matières des discours d’instruction hebdomadaires. L’instructeur désigné devait présider l’école et donner des conseils constructifs après chaque allocution de six minutes prononcée sur des sujets bibliques par les frères inscrits au cours.
Si vous êtes inscrit à l’École du ministère théocratique, vraisemblablement vous avez eu peur quand il vous a fallu prononcer votre première allocution d’élève. Mettez-vous à la place des élèves à l’époque où l’école venait d’être créée, au début des années quarante. Une première allocution d’élève pouvait alors être une véritable épreuve. C’est ce qu’avoue frère Julio Ramu, qui écrit : “Mes genoux et mes mains tremblaient, et je claquais des dents. Je n’ai pas tenu le coup pendant six minutes. En trois minutes, tout était fini. Voilà ma première expérience comme orateur. Mais je n’ai pas abandonné pour autant.” Frère Angelo Catanzaro relate que sa première allocution d’élève avait pour titre “Le Roi d’éternité”. Il dit : “Je ne l’oublierai jamais. Ma mère raconte que pendant plusieurs nuits je prononçais cette allocution à haute voix pendant que je dormais.” Mais les frères priaient Jéhovah et comptaient sur son aide. Sœur Louisa Warrington écrit de son côté : “Les frères étaient pleins de bonne volonté et faisaient de leur mieux. Il était merveilleux de voir comment l’esprit de Jéhovah les aidait (...) à devenir des orateurs capables et confiants.”
Depuis 1959, les sœurs dans les congrégations du peuple de Dieu ont le privilège de se faire inscrire à l’École du ministère théocratique. Désormais elles pouvaient faire des démonstrations de six minutes, pour montrer comment présenter un sermon aux gens dans leur foyer. À présent elles connaissaient les mêmes émotions que les frères ! Sœur Grace Estep devait prononcer un sermon le premier soir où les sœurs participaient à l’École du ministère théocratique. Elle écrit : “Bien sûr, j’avais peur ! Mais le sujet était facile et je l’ai présenté tant bien que mal. C’était une épreuve pour moi, mais comme j’étais contente ensuite d’avoir connu cette nouvelle bénédiction de la part de Jéhovah !” Partagez-vous ses sentiments ?
Ainsi, l’École du ministère théocratique, qui fait partie de l’instruction chrétienne dispensée dans les 34 576 congrégations du peuple de Jéhovah du monde entier, eut ses débuts au Béthel de Brooklyn en février 1942. Depuis sa création, cette école a beaucoup aidé le peuple de Jéhovah. Grâce à elle, il y eut bientôt des orateurs capables. Après 1944, le phonographe, utilisé depuis dix ans, fut remplacé par le témoignage oral rendu par des prédicateurs théocratiques aux portes et dans les foyers.
La lecture de la Parole de Dieu a toujours occupé une place de choix dans le programme de l’École du ministère théocratique. L’un des premiers manuels rédigés à l’intention de cette école s’intitulait “Équipé pour toute bonne œuvre” et fut publié en 1946. Sœur Mabel Philbrick a déclaré que ce livre “nous a permis de mieux comprendre comment la Bible fut rédigée et préservée, ainsi que l’origine des Apocryphes. C’est grâce à lui que j’ai appris ce que sont le Talmud, le texte massorétique et bien d’autres choses. Mais ce que j’ai apprécié le plus, c’était l’analyse qu’il présentait de chaque livre de la Bible”.
Au cours des années, d’autres manuels ont été préparés pour l’École du ministère théocratique. Citons, entre autres, le livre grand format intitulé “Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile”, publié en 1963. Sans doute Alice Babcock exprime-t-elle l’avis de bien d’autres chrétiens lorsqu’elle qualifie ce livre de “véritable mine de trésors spirituels”. Ce manuel examinait en profondeur, lui aussi, chacun des soixante-six livres de la Bible, en mettant l’accent particulièrement sur l’utilité des livres bibliques pour les chrétiens de notre temps.
Actuellement, les témoins d’expression anglaise emploient pour l’École du ministère théocratique et pour leur étude individuelle un ouvrage qui est le fruit de six années de recherches. Quelque deux cent cinquante frères dans plus de quatre-vingts pays ont participé à ces recherches, puis une équipe spéciale de rédacteurs a rassemblé tous ces matériaux au siège de la Société, à Brooklyn. Il en est résulté un ouvrage de 1 700 pages, traitant de sujets bibliques, d’“Aaron” à “Zuzim”. Ce livre, achevé en 1970, est intitulé Aid to Bible Understanding (Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible). Cet ouvrage a vraiment été un don de Jéhovah.
UNE CAMPAGNE DE DISCOURS PUBLICS
Déjà dans les années quarante, grâce à l’École du ministère théocratique, de nombreux frères étaient devenus capables de prononcer des discours publics. Aussi, en janvier 1945, une campagne de réunions publiques fut inaugurée dans le monde entier. Chaque orateur préparait son discours, mais la Société Watch Tower veillait à ce que les présentations soient uniformes en choisissant les sujets et en fournissant des plans d’une page pour ces discours d’une heure. Cette campagne de réunions publiques commença par une série de huit discours, dont le premier était intitulé “L’homme réussira-t-il à édifier un monde nouveau ?”
Outre les orateurs, d’autres proclamateurs du Royaume prirent part à cette campagne. En effet, ils annonçaient les discours en distribuant des feuilles d’invitation dans les rues et de maison en maison. Parfois la diffusion des feuilles d’invitation était effectuée dans les rues commerçantes par des proclamateurs portant des pancartes. Souvent les discours étaient prononcés dans une Salle du Royaume, mais une série de conférences pouvait tout aussi bien être présentée dans une salle louée dans une région isolée du territoire de la congrégation. Si vous assistez régulièrement aux réunions chrétiennes, vous avez l’occasion de profiter de tels discours publics.
Naturellement, au début, prononcer un discours public présentait quelques problèmes, car il s’agissait d’une activité nouvelle. Frère Pelle déclare : “Pendant bien des années, la veille du jour où je devais prononcer un discours public, je m’agenouillais à côté de mon lit pour demander à Jéhovah de me fortifier et de me rendre capable de faire un discours qui lui soit agréable. Je conseille aux jeunes frères inscrits à l’École du ministère théocratique de faire comme moi, car Jéhovah a toujours exaucé ma prière, et il fera de même pour eux.” — Ps. 65:2.
JÉHOVAH PRÉVOIT UN TÉMOIGNAGE MONDIAL
Il y a une trentaine d’années, les hommes se trouvaient au beau milieu de la Seconde Guerre mondiale. Pour certains, il pouvait sembler peu pratique de prendre des dispositions en vue de l’expansion internationale de la prédication du Royaume. Mais l’esprit de Jéhovah fortifia ses serviteurs, leur permettant d’aller de l’avant. Il était de toute première importance que l’instruction en vue de la vie se poursuive.
En septembre 1942, frère Knorr et les autres directeurs de la Société Watch Tower décidèrent à l’unanimité d’ouvrir une école destinée à former des missionnaires pour l’activité ministérielle dans différents pays du monde. Où pouvaient-ils l’installer ? La Société possédait une propriété dans la région des Finger Lakes, vers le nord de l’État de New York. Il s’agissait de la ferme du Royaume, près de South Lansing.
La Société Watchtower y avait construit en 1941 un grand immeuble en brique de deux étages. Ce bâtiment avait été édifié comme lieu de refuge pour la famille du Béthel de Brooklyn, au cas où des persécutions intenses l’obligeraient à quitter New York. Mais cela n’avait pas été nécessaire. Peut-être Jéhovah dirigeait-il cette affaire dès le début, dans un dessein bien déterminé. À présent, ce bâtiment pouvait abriter une nouvelle école théocratique. Elle fut d’abord appelée Galaad, collège biblique de la Watchtower, et plus tard Galaad, l’École biblique de la Watchtower.
À partir d’octobre 1942, il y eut un grand déploiement d’activités. Frères Schroeder, Maxwell Friend et Eduardo Keller commencèrent à mettre sur pied les cours prévus par le collège central, à préparer leurs conférences, à se procurer des manuels et à réunir une bibliothèque. En même temps, les bâtiments de la ferme du Royaume durent être transformés en vue de l’aménagement d’une bibliothèque, d’une grande salle de conférences, de salles de classe, de chambres et d’autres installations nécessaires. Ce furent des mois d’une activité fébrile !
Imaginez la surprise de certains pionniers lorsqu’ils reçurent des demandes d’admission à la nouvelle école, et l’émotion qu’ils ont dû ressentir quand leurs demandes furent acceptées ! Frère et sœur Charles Eisenhower écrivent : “Nous nous sentions très indignes, mais en même temps reconnaissants de ce privilège. Nos demandes d’admission ayant été acceptées, nous avons vendu notre voiture et notre caravane, et nous sommes arrivés à l’École de Galaad pour la première classe. L’école était nouvelle, les salles étaient flambant neuves et les instructeurs ainsi que les étudiants étaient tous nouveaux !”
Le jour de l’inauguration si longtemps attendu arriva le lundi 1er février 1943. Les champs de la ferme du Royaume étaient recouverts de neige. C’était donc par une froide journée d’hiver. Mais à l’intérieur du bâtiment principal, quarante-neuf hommes et cinquante et une femmes, des couples et des célibataires, se réunirent avec joie. À cette occasion, certains des directeurs de la Société, les instructeurs, des amis et des parents s’étaient joints aux étudiants, ce qui faisait une assistance totale de 161 personnes.
Des allocutions furent prononcées, entre autres par frères Franz et Van Amburgh. Frère Knorr prononça le discours de bienvenue et d’inauguration. Sans doute tous les assistants partageaient-ils ses sentiments, lorsqu’il déclara : “Jéhovah Dieu a pourvu à ces terres et à cet édifice appelé ‘Galaad’, et cela pour la réalisation de son dessein. C’est vers lui que montent nos actions de grâces et nos louanges.” Indiscutablement, la création de cette école était un événement théocratique important.
Recherches bibliques, le Ministère théocratique, Discours publics sur la Bible, la Loi suprême, Thèmes bibliques, — voilà quelques-uns des sujets auxquels les élèves devaient accorder toute leur attention pendant les cinq mois du cours. Ils devaient également étudier une langue étrangère, — l’espagnol dans la première classe. Les étudiants de Galaad avaient vraiment beaucoup de choses à apprendre, mais chaque jour ils passaient une partie de leur temps à s’occuper de certains travaux d’entretien de la ferme et des bâtiments de l’école. Cela les aidait à se détendre les nerfs. Chaque soirée de la semaine était réservée à l’étude individuelle, alors que les week-ends fournissaient l’occasion de participer à l’œuvre salutaire consistant à prêcher le Royaume. Tout comme les étudiants, les instructeurs participaient au service du champ.
La Seconde Guerre mondiale faisait toujours rage lorsque les élèves des premières classes de Galaad reçurent leurs diplômes. Puisqu’il était pratiquement impossible d’envoyer des missionnaires en Europe, dans les îles du Pacifique ou en Asie, les premiers diplômés furent envoyés à Cuba, au Mexique, au Costa Rica, à Porto Rico, au Canada et en Alaska. Mais depuis, les missionnaires de Galaad sont allés jusqu’aux confins de la terre, afin d’annoncer, “en témoignage”, la bonne nouvelle du Royaume. — Mat. 24:14.
La trente-cinquième classe de l’École de Galaad acheva ses études à la ferme du Royaume le 24 juillet 1960. La trente-sixième classe commença ses études le lundi 6 février 1961, dans un immeuble de la Société Watch Tower situé au 107 Columbia Heights, à Brooklyn. Le transfert de cette école au siège de la Société s’est avéré très profitable. En effet, à présent les élèves ont le privilège d’écouter des discours prononcés par un plus grand nombre de frères qui travaillent pour la Société, y compris des membres du collège central des témoins de Jéhovah.
Trois décades se sont écoulées depuis la création de Galaad, l’École biblique de la Watchtower. Plus de 5 500 élèves ont suivi les cours de cette institution consacrée à l’instruction théocratique. Sur ce nombre, plus de 2 500 sont toujours actifs dans le service à plein temps, annonçant la bonne nouvelle du Royaume dans le monde entier.
L’ÉCOLE DU MINISTÈRE DU ROYAUME
Au cours des années, la Société a continué de mettre l’accent sur l’instruction théocratique en vue de la vie. En 1958 elle commença à préparer un cours pour une nouvelle école organisée à l’intention des surveillants. Sous le nom d’‘École du ministère du Royaume’, ce cours qui à l’origine durait vingt-quatre jours, comportait quatre-vingt-seize séances en classe et vingt conférences ou discours d’instruction. Les sujets étudiés étaient, entre autres, Les enseignements du Royaume, Le ministère dans le champ, L’art de parler et Les surveillants. Le premier groupe d’élèves de l’École du ministère du Royaume comprenait vingt-cinq personnes, des serviteurs (surveillants) de circonscription américains et leurs femmes qui n’avaient pas suivi les cours de Galaad. Ce premier cours, organisé dans les bâtiments de la Société près de South Lansing, commença le 9 mars et se termina le 3 avril 1959. L’école fut transférée au siège de Brooklyn le 9 avril 1967.
Avec le temps, le programme de l’École du ministère du Royaume a été modifié, si bien que le cours dure actuellement deux semaines. Cette école a été organisée dans de nombreux pays un peu partout dans le monde et a grandement aidé le peuple de Jéhovah. Dans certains pays, les instructeurs se déplacent, présentant le cours dans les Salles du Royaume, pour permettre à un plus grand nombre d’aînés de profiter de l’école sans grand déplacement. Comme le peuple de Jéhovah est reconnaissant de l’excellente instruction dispensée de cette manière ! L’École du ministère du Royaume a grandement aidé les surveillants chrétiens à assumer leurs responsabilités et leurs privilèges.
L’instruction théocratique en vue de la vie comporte un autre aspect intéressant qui mérite d’être mentionné. Au cours des années, certains de ceux qui ont cherché à se faire instruire dans la Bible étaient analphabètes. Or, la Société n’a pas méconnu ce problème. Dans bien des pays, l’organisation du peuple de Dieu a établi des classes d’alphabétisation, ce qui lui a valu les félicitations de plusieurs gouvernements. Des hommes et des femmes ont appris à lire et à écrire, et bon nombre d’entre eux ont progressé au point de jouir de grands privilèges de service, pour la plus grande gloire de Jéhovah.
“ALLEZ DE L’AVANT !”
En 1942, frère Knorr et ses collaborateurs se rendaient compte qu’une grande œuvre restait à accomplir. C’est pourquoi à l’Assemblée théocratique du monde nouveau organisée du 18 au 20 septembre 1942, il fut dit aux témoins de Jéhovah d’‘aller de l’avant !’ L’assemblée principale se tint à Cleveland, et elle fut reliée à cinquante et une autres villes des États-Unis.
Frère Franz prononça le discours clé le vendredi soir 18 septembre 1942. Intitulé “La seule lumière”, ce discours, qui commentait Ésaïe, chapitres 49 et 60, pouvait se résumer ainsi : “Allez de l’avant !” Sœur Julia Wilcox écrit : “À la fin du discours clé intitulé ‘La seule lumière’, j’ai eu l’impression que personne dans l’auditoire ne pensait que le moment était venu de se relâcher. Non, il fallait ‘se lever et répandre la lumière’ ; le peuple de Dieu devait continuer de refléter la seule lumière qui existe dans les ténèbres du présent monde.”
Après frère Franz, frère Knorr parla sur le sujet “Comment présenter ‘l’épée de l’esprit’”. Ses paroles d’ouverture étaient les suivantes : “Il y a encore du travail à faire, beaucoup de travail !”
Le discours public prononcé le dimanche après-midi 20 septembre expliquait, lui aussi, qu’une œuvre restait à accomplir. Le sujet “La paix de demain sera-t-elle de longue durée ?” pouvait sembler étrange à une époque où les nations étaient en pleine Seconde Guerre mondiale.
Frère Knorr se rendait compte que ce discours serait très important. Avec l’aide de Jéhovah, il était résolu à ‘mettre le paquet’. Frère Reusch révèle ce qui suit : “Je pouvais l’entendre répéter des dizaines de fois son discours public ‘La paix de demain sera-t-elle de longue durée ?’ Ma chambre au Béthel se trouvait juste au-dessous de l’appartement du président. J’étais donc bien au courant des efforts qu’il faisait pour s’exercer.”
Dans ce discours puissant d’une heure, la Société des Nations fut identifiée clairement à la créature politique de couleur écarlate mentionnée dans Révélation, chapitre 17. L’orateur a expliqué que la SDN, qui se trouvait alors dans l’abîme de l’inactivité, ‘n’était pas’, mais qu’elle ne resterait pas dans l’abîme (Rév. 17:8). Elle en sortirait. Knorr précisa : “Mais notez bien que d’après cette prophétie, lorsque la bête sortira de l’abîme à la fin de l’actuelle guerre mondiale, elle sortira ayant sur son dos la femme ‘Babylone’, ou bien celle-ci montera sur son dos dès que la bête sera sortie de l’abîme.” Il ajouta que ni la paix faite par les hommes ni la bête de couleur écarlate ne pourraient durer. Bientôt la bête elle-même serait complètement anéantie.
Se rappelant ce discours, sœur Marie Gibbard a déclaré : “Admirez la précision avec laquelle la prophétie de Révélation 17 s’est accomplie, conformément à l’explication selon laquelle la SDN sortirait de l’abîme pour établir une paix instable qui ne durerait pas ! Quelle protection merveilleuse pour nous ! Cela nous a évité d’être influencés par les événements mondiaux qui suivirent : l’allégresse que connut ce pays lors des victoires en Europe et au Japon, puis, en 1945, lorsque les Nations unies furent saluées comme la garantie d’une paix future ! Ce discours fit sur nous une impression durable et était d’une grande valeur pratique.” La leçon à en tirer était également claire. Les serviteurs de Jéhovah avaient encore du travail à faire, et ils avaient du temps devant eux pour l’accomplir.
BERGERS DÉSIGNÉS POUR VISITER LE TROUPEAU
À cette assemblée de 1942, il fut annoncé que des représentants de la Société Watch Tower visiteraient régulièrement les congrégations du peuple de Dieu. (Auparavant, elles étaient visitées par les serviteurs de zone, mais cette activité, celle des serviteurs régionaux et l’organisation d’assemblées de zone avaient été suspendues le 1er décembre 1941.) Les visites des nouveaux représentants itinérants de la Société devaient reprendre le 1er octobre 1942. Ces frères étaient désignés sous le nom de “serviteur des frères”, et ils déployaient une activité semblable à celle des surveillants de circonscription que nous connaissons aujourd’hui. Sœur Norris écrit à ce sujet : “Ils examinaient les écritures des congrégations et aidaient les frères à faire progresser les intérêts du Royaume. Cette disposition nous rendait conscients du fait que Jéhovah prend soin de son peuple par l’intermédiaire de son organisation.”
À partir du 15 octobre 1946, ce service fut réorganisé. Le champ était divisé en circonscriptions, composées chacune d’une vingtaine de groupes (congrégations). Les surveillants itinérants devaient passer une semaine dans chaque congrégation, principalement pour aider les témoins dans la prédication de maison en maison. Deux fois par an, toutes les congrégations d’une même circonscription devaient se réunir pour une assemblée de trois jours, présidée par un “serviteur de district”. Au cours des années, d’autres modifications ont été apportées à ce service, et vous en bénéficiez encore aujourd’hui, si vous êtes témoin de Jéhovah. Mais remontons au début de ce service.
Pour nous rendre compte des efforts fournis par ces courageux bergers du troupeau de Dieu, voyons comment le service de district s’accomplissait dans les années quarante. Vers la fin des années 1940, frère Nicholas Kovalak était l’un des quelques serviteurs de district aux États-Unis. Se souvenant d’octobre 1949, il écrit : “Ce mois-là, j’ai parcouru avec ma voiture quelque 6 400 kilomètres !” Il ajoute : “Ce même mois, les week-ends j’ai desservi cinq assemblées de circonscription et j’ai visité plusieurs congrégations entre deux assemblées. Je voyageais, parlais, donnais témoignage, vérifiais les écritures, mangeais, étudiais, lisais et, de temps à autre, je dormais !” En une semaine il parcourut plus de 3 000 kilomètres pour visiter deux congrégations, et le week-end il desservit une assemblée de circonscription. Bien entendu, il ne devait pas toujours parcourir de telles distances. Frère Kovalak conclut en disant : “À présent qu’il y a davantage de congrégations, notre travail est plus facile. Jéhovah est bon pour nous, et il nous soutient.”
Les surveillants de circonscription et de district s’intéressent vivement aux autres adorateurs de Jéhovah. Ils cherchent à les aider dans le service du champ et à les édifier spirituellement. Les assemblées de circonscription contribuent également à faire progresser les intérêts du Royaume. Pendant l’année de service écoulée, chaque semaine il y a eu en moyenne vingt assemblées de circonscription aux États-Unis, avec une assistance moyenne de 1 605 personnes. Au total, il y a eu durant l’année 1 064 assemblées de circonscription, avec 1 708 143 assistants.
DES CHRÉTIENS PRENNENT POSITION POUR LA NEUTRALITÉ
Lorsque la nouvelle administration de la Société Watch Tower commença au début des années quarante, la Seconde Guerre mondiale faisait rage et l’intégrité d’un certain nombre de chrétiens envers Jéhovah était mise à l’épreuve. En 1940, la Loi sur la formation et le service militaires entra en vigueur aux États-Unis, qui ne participaient pas encore à la guerre. Cette loi prévoyait le service militaire obligatoire pour les hommes âgés de plus de dix-huit ans, mais aussi l’exemption des “ministres du culte dûment ordonnés”, rangés dans la catégorie IV-D. Or, la majorité des témoins de Jéhovah ne furent pas reconnus comme ministres. Ils n’étaient pas séditieux, et ils ne faisaient rien pour gêner les entreprises militaires ou autres des gouvernements humains. Cependant, ils étaient résolus à respecter une stricte neutralité chrétienne (Jean 17:16). En outre, ils avaient ‘forgé leurs épées en socs de charrue’. — És. 2:2-4.
Lors de plusieurs milliers de procès, les procureurs du gouvernement soutenaient que les témoins de Jéhovah devaient d’abord se laisser incorporer dans l’armée avant d’avoir recours aux tribunaux fédéraux. Ainsi, les chrétiens intègres furent emprisonnés, et bon nombre d’entre eux furent condamnés à la peine maximum de cinq ans de prison et à une amende de dix mille dollars. À ce sujet, il est intéressant de faire remarquer que lorsque frère Eugene Brandt et six autres témoins furent condamnés, le juge indiqua du doigt un drapeau suspendu au mur derrière lui, et frère Brandt se souvient qu’il déclara : “Voyez-vous ce drapeau ? Eh bien, j’y vois la face de mon dieu, si bien que pour moi il n’y a pas d’inconvénient à l’adorer, et vous devriez avoir les mêmes sentiments.”
ILS PROFITÈRENT DU TEMPS PASSÉ EN PRISON
La première nuit passée derrière les barreaux a impressionné plus d’un frère. Le pionnier Daniel Sydlik (qui travaille actuellement au Béthel de Brooklyn) fut mis en prison en 1944 à cause de sa neutralité chrétienne. Il se souvient de s’être allongé sur sa couchette et d’avoir écouté les portes métalliques coulissantes “se fermer avec un bruit qui ressemblait au grondement du tonnerre”. Une à une les portes des cellules se fermaient ainsi, le bruit se rapprochant toujours plus de lui jusqu’à l’instant où la porte de sa propre cellule s’ébranla et se ferma à son tour. Il ajoute : “Soudain je me suis senti pris d’une nausée à la pensée que j’étais enfermé, pris au piège. Puis, aussitôt après, une autre sensation m’a envahi, me procurant une grande joie et la paix, le genre de paix dont parle la Bible, — ‘la paix de Dieu, qui surpasse toute pensée’.” — Phil. 4:7.
Comme bien d’autres, frère Sydlik finit par être incarcéré dans une prison fédérale. Que faisaient ces chrétiens pendant qu’ils étaient emprisonnés à cause de leur neutralité ? Ils firent un bon emploi de leur temps. Dès qu’ils avaient achevé les tâches qui leur étaient assignées dans la prison, on leur permettait souvent de se réunir pour étudier la Bible et les imprimés de la Société Watch Tower. Ils profitèrent également de la situation pour améliorer leur instruction, par exemple en étudiant une langue étrangère telle que l’espagnol ou le grec. À propos des chrétiens détenus à Mill Point, en Virginie-Occidentale, frère Rudolph Sunal écrit : “Nous avons pu tenir notre étude de livre. (...) Dans chaque dortoir, les frères tenaient la réunion de service et l’École du ministère théocratique. (...) Le dimanche, nous tenions notre étude de La Tour de Garde à la bibliothèque. (...) Nous avons aussi eu le privilège d’organiser des assemblées miniatures. (...) Un été, on a mis à notre disposition le terrain de jeux, un piano et d’autres instruments, et nous avons pu présenter un programme très instructif.”
Se rappelant le programme d’instruction chrétienne organisé en prison, frère Molohan déclare : “Nos études et nos réunions étaient si bien fréquentées et elles étaient tellement instructives que nous avons baptisé la prison de Leavenworth ‘le Collège’.”
La Société Watch Tower se souciait de la santé spirituelle de ces jeunes hommes incarcérés. Aussi fit-elle en sorte que certains ministres, tels que frère Macmillan et frère Sullivan, les visitent régulièrement. Pourquoi ? Pour leur donner des conseils et des encouragements bibliques.
Qu’ils soient libres ou emprisonnés, les témoins de Jéhovah cherchent à accomplir leur mission consistant à faire des disciples (Mat. 28:19, 20). Certes, les occasions qui s’offraient à ces chrétiens incarcérés à cause de leur neutralité étaient limitées. Mais cela ne les faisait pas taire. Frère Molohan écrit : “J’ai profité d’une bonne occasion pour parler à Frank Ryden, un homme au cœur honnête condamné à la prison à vie, et il devint ma première ‘lettre de recommandation’. Il fut baptisé dans l’auge aux mulets de la prison.” — II Cor. 3:1-3.
PÉTITION POUR UNE AMNISTIE
Le 10 août 1946, une résolution importante fut adoptée à l’unanimité par plus de 60 000 délégués réunis à l’“Assemblée théocratique des nations joyeuses”, organisée à Cleveland. Cette résolution demandait au Président des États-Unis d’amnistier plus de 4 000 témoins condamnés et incarcérés injustement. Cette mesure de grâce rétablirait ces chrétiens neutres dans leurs droits civiques que les bureaux de recrutement et les tribunaux leur avaient refusés de 1940 à 1946.
Frère Edgar Kennedy écrit : “À ma grande surprise, le président du congrès annonça que cette résolution réclamant une amnistie en faveur de ces hommes serait présentée personnellement au Président des États-Unis par un représentant de la Société. Étant donné que pendant la Première Guerre mondiale j’avais combattu comme officier aux côtés de Harry Truman, qui depuis était devenu Président des États-Unis, j’ai pensé qu’il serait utile de mentionner ce fait aux responsables du congrès.” Voilà pourquoi à midi trente, le vendredi 6 septembre 1946, l’avocat de la Société, un autre avocat et frère Kennedy, qui était pionnier, furent reçus par le président américain pendant quarante minutes environ. Selon frère Kennedy, Truman écouta attentivement pendant que l’avocat de la Société expliquait les arguments développés dans la résolution, jusqu’au moment où il demanda la grâce présidentielle. Kennedy se souvient qu’alors “Truman l’interrompit avec colère et lui dit : ‘Je n’ai rien à f... d’un propre à rien qui refuse de combattre pour son pays. De toute façon, je n’apprécie pas le manque de respect que vous témoignez au drapeau.’” Frère Kennedy poursuit son récit en disant :
“Je comprenais que c’était maintenant le moment où je devais intervenir. Je me suis présenté comme l’officier qui avait approvisionné sa batterie en munitions pendant la guerre. J’ai sorti de mon porte-documents une photographie des officiers de notre régiment, et je l’ai posée sur son bureau. Il l’a regardée et m’a dit qu’il avait la même accrochée au mur de sa bibliothèque, au-dessus de son bureau. Je lui ai alors dit qu’il était plus difficile de combattre pour les principes chrétiens que de faire la guerre. J’ai expliqué brièvement les raisons pour lesquelles les témoins de Jéhovah ne font pas le salut au drapeau. Il m’a écouté, puis il a dit : ‘Je vois que je me suis trompé.’”
Frère Kennedy dit qu’après cela le président écouta mieux l’avocat de la Société “quand il acheva sa demande pour que soient libérés les témoins de Jéhovah condamnés et détenus pour avoir violé la Loi sur le service militaire. Truman lui répondit qu’il en parlerait au Procureur fédéral”.
Au bout d’un certain temps, le Président Truman désigna une commission d’amnistie. Elle examina des milliers de feuilles d’audience des tribunaux et de fiches établies par des bureaux de recrutement, et elle recommanda quelques mesures de grâce. Mais le 23 décembre 1947, Truman n’amnistia que 136 témoins de Jéhovah, alors que 1 523 personnes au total bénéficièrent de l’amnistie. Comparativement aux 4 300 témoins de Jéhovah détenus, les autres religions n’avaient que 1 000 de leurs adhérents incarcérés ; pourtant c’est à elles que le président accorda la part du lion dans cette amnistie. Ainsi, l’immense majorité de ces chrétiens neutres furent traités avec discrimination, simplement parce qu’ils étaient résolus à garder leur intégrité envers Jéhovah Dieu.
LE COMBAT JURIDIQUE CONTINUE
Le 4 février 1946, la Cour suprême des États-Unis examina les affaires Smith et Estep, et décida que les tribunaux et les cours d’appel avaient eu tort de refuser aux témoins de Jéhovah le droit à une audience impartiale et d’affirmer que ceux-ci devaient d’abord se laisser incorporer dans l’armée avant de pouvoir se défendre devant la justice. Le 23 décembre 1946, dans les affaires Gibson et Dodez, la Cour suprême élargit le sens de la loi, de manière à permettre que se défendent devant les tribunaux des témoins de Jéhovah accusés de ne pas s’être présentés dans un camp pour objecteurs de conscience ou de ne pas y être restés après l’appel.
Les procureurs prétendaient que les pionniers n’avaient pas droit à l’exemption du service militaire parce qu’ils ne desservaient pas une congrégation fixe. Ils disaient également que les serviteurs de groupe (surveillants-présidents) ne pouvaient être exemptés parce que leurs congrégations n’étaient pas composées de laïcs mais de témoins de Jéhovah. Tous ces arguments furent réfutés dans l’affaire Dickinson, que la Cour suprême trancha en faveur des témoins de Jéhovah le 30 novembre 1953. Ces décisions firent jurisprudence dans tout le pays.
FERMES DANS LA FOI MALGRÉ L’EMPRISONNEMENT
En regardant trente ans en arrière, à l’époque où tant de chrétiens furent emprisonnés à cause de leur neutralité et de leur intégrité, on pourrait se demander ce que l’on ferait dans des circonstances analogues. Peu importe le prétexte invoqué par nos ennemis pour incarcérer le peuple de Dieu, avec l’aide de Jéhovah nous pourrons garder notre intégrité, à l’exemple de ces centaines de chrétiens qui souffrirent à cause de leur neutralité. En 1965, après sept années de détention dans les prisons de la Chine communiste, frère Stanley Jones parla devant plus de 34 700 personnes réunies au Yankee Stadium de New York. Pendant sa détention, il avait médité sur les Écritures, et il était resté spirituellement fort grâce à la prière et à l’aide de l’esprit de Jéhovah. Il émit, entre autres, cette pensée intéressante : “Nous n’aurons des tribulations que pendant ‘dix jours’. Autrement dit, elles auront un terme. Chaque chose prend fin à son heure. Il nous suffit donc d’endurer ; Dieu nous aidera à tenir bon.” — Rév. 2:10.
Un autre missionnaire, Harold King, passa presque cinq années dans une prison de la Chine communiste. Lui aussi réussit à demeurer spirituellement fort. Saviez-vous que pendant sa détention il a même mis des pensées bibliques en musique ? En effet, le recueil de cantiques utilisé aujourd’hui par les témoins de Jéhovah, intitulé “Chantant et vous accompagnant de musique dans votre cœur”, contient une mélodie composée par frère King en prison. Il s’agit du cantique No 10, portant le titre “De maison en maison”. Ne craignez donc pas pour l’avenir. Jéhovah peut vous soutenir, tout comme il soutint les chrétiens américains incarcérés à cause de leur neutralité, et bien d’autres hommes intègres, comme frères Jones et King, qui connurent les rigueurs des prisons de la Chine communiste.
SECOURS MATÉRIEL
Le 2 septembre 1945 amena la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les filiales de la Société Watch Tower rouvrirent bientôt leurs portes en nombre de pays. Les congrégations furent rétablies et la nourriture spirituelle commença à affluer en abondance. Cependant les chrétiens des pays ravagés par la guerre avaient besoin de secours matériels. C’est pourquoi, par amour pour les compagnons chrétiens dans la nécessité, le peuple de Jéhovah entreprit ce qui devait être une campagne de secours de deux ans et demi (Jean 13:34, 35). Les témoins des États-Unis, du Canada, de Suisse, de Suède et d’ailleurs donnèrent des vêtements et de l’argent pour faire des achats de vivres, en vue d’aider les chrétiens d’Autriche, de Belgique, de Bulgarie, de Tchécoslovaquie, du Danemark, d’Angleterre, de Finlande, de France, d’Allemagne, de Grèce, de Hongrie, d’Italie, des Pays-Bas, de Norvège, des Philippines, de Pologne et de Roumanie.
“À la fin de la Seconde Guerre mondiale, racontent Hazelle et Helen Krull, nos frères sont revenus des camps. Beaucoup d’entre eux étaient malades ou avaient été spoliés de leurs biens matériels. Certains se trouvaient séparés de leurs familles et ignoraient si les leurs étaient encore en vie. Malgré cela, ils étaient tous très forts spirituellement. Leur retour à la liberté fut salué par les frères du monde entier. Ce qui les intéressa tout d’abord, ce fut de se réorganiser pour l’œuvre du Royaume, d’annoncer la même bonne nouvelle que celle qui leur avait valu l’emprisonnement et de mettre à jour leur connaissance spirituelle. À les voir tous remplis d’un pareil esprit, à l’issue de longues et terribles épreuves, cela nous encouragea tous et nous étions contents d’avoir le privilège de leur venir en aide dans toute la mesure de nos moyens. Dans les Salles du Royaume on rassemblait et on triait des vêtements, des chaussures et d’autres dons. Le tout était chargé sur des camions et expédié à nos frères. Des tonnes et des tonnes furent ainsi acheminées.”
Le poids total des vêtements qui furent expédiés s’éleva à 480 tonnes. Le poids des vivres se monta à 326 tonnes. On envoya encore 124 110 paires de chaussures durant la campagne. Le tout représentait la somme de 1 322 406,90 dollars. Tous ces dons suscitèrent de nombreux témoignages de reconnaissance. Parlant d’un de ces témoignages, Esther Allen dit : “La lettre de remerciements nous fit monter les larmes aux yeux.” C’est ainsi que d’un côté nous acheminions les choses matérielles et que de l’autre nous venaient d’émouvants témoignages de gratitude et un encourageant récit d’intégrité.
Au cours des années, les témoins de Jéhovah des États-Unis ont eu de nombreuses occasions de secourir matériellement leurs compagnons dans la foi, soit dans le pays même, soit dans d’autres pays. Par exemple, un tremblement de terre a dévasté le Pérou en 1970. Les congrégations de Lima recueillirent des vêtements, des vivres et de l’argent ; et sept tonnes de provisions furent transportées sans retard dans la région sinistrée. Les témoins de Jéhovah de New York donnèrent plus de dix tonnes de vêtements. C’était bien plus qu’il n’en fallait. D’autre part, la Société Watch Tower fournit à sa filiale 20 000 dollars, pour que cette dernière fût en mesure de faire tout le nécessaire pour les frères de la zone sinistrée. De même, on fit parvenir des secours après le séisme qui détruisit Managua (Nicaragua) en 1972. Tous ces témoignages d’amour rappellent la générosité dont firent preuve les chrétiens du premier siècle. — II Cor. 9:1-14.
Cependant le secours apporté aux compagnons dans la foi ne consiste pas invariablement en des dons matériels. Saviez-vous qu’en l’année 1961 les serviteurs de Jéhovah des États-Unis et d’autres pays ont écrit des milliers de lettres aux autorités espagnoles pour leur demander de bien vouloir accorder au peuple de Dieu de leur pays la liberté du culte ? Et en 1968, ils adressèrent des lettres aux autorités du Malawi pour protester contre les sévices dont étaient l’objet les témoins de Jéhovah en ce pays. Les serviteurs de Jéhovah se préoccupent avec amour de la situation de leurs frères en tous lieux.
CONGRÈS HISTORIQUES QUI HONORENT VRAIMENT JÉHOVAH
Les grands rassemblements du peuple de Dieu, ceux d’autrefois comme ceux d’aujourd’hui, ont apporté de grands bienfaits spirituels (Deut. 31:10-13 ; Néh. 8:8, 12). Cela s’est vérifié pour l’Assemblée théocratique des nations joyeuses que les témoins de Jéhovah tinrent à Cleveland du 4 au 11 août 1946, la première année d’après-guerre. Cette assemblée fut différente. Les années précédentes, on avait relié par radiotéléphone des congrès qui se tenaient en plusieurs villes et en divers pays, réunissant ainsi de vastes auditoires. Mais pour la première fois, lors de l’Assemblée des nations joyeuses, le peuple de Dieu eut un congrès international d’une telle ampleur qu’on put voir se rassembler en une seule ville des délégués venus de tous les coins du monde.
Il fallait songer à l’hébergement des congressistes. Ce fut une tâche énorme. On en vint à bout en allant chercher des chambres chez l’habitant, de maison en maison. Mais nombre de congressistes furent logés au “camp des caravanes”. On dénombra vingt mille délégués qui vivaient là dans de bonnes conditions. Il fallait aussi songer à nourrir tout ce monde. On organisa une cafétéria qui servait entre 15 000 et 20 000 repas à l’heure.
Mais ce qui comptait en tout premier lieu, c’était la nourriture spirituelle, qui fut servie en abondance. Par exemple, frère Franz parla sur le sujet “La moisson, la fin du monde”. Il était question dans son discours de la parabole du blé et de la mauvaise herbe ou ivraie (Mat. 13:24-30, 36-43). C’est à l’occasion de cette assemblée que frère Swingle développa le thème “Réveillez-vous !” Il décrivit le monde du vingtième siècle comme étant le monde de l’atome, de l’avion à réaction, du radar et de l’électronique, mais un monde qui courait à sa perte parce qu’il ne se tenait pas en éveil devant les défis auxquels doit faire face l’humanité. Frère Knorr, lui, développa le sujet “Réponse à l’appel qui nous réveille”. Il invita son auditoire à “être éveillé, à rester éveillé et à lire Réveillez-vous !” En effet, le nouveau périodique Réveillez-vous ! allait prendre la place de Consolation, journal connu naguère sous le titre de L’Âge d’Or. Bien des années plus tard, Henry Cantwell a pu dire : “Sans nul doute, Réveillez-vous ! s’est montré à la hauteur de sa mission, car le journal a aidé bien des personnes à se réveiller du sommeil et à se tourner vers la vraie adoration.”
D’autres se souviendront encore de cette assemblée parce que c’est à cette occasion que parut un excellent instrument d’étude biblique, c’est-à-dire le livre “Que Dieu soit reconnu pour vrai !” En six ans plus de 10 500 000 exemplaires de la première édition étaient sortis des presses. Révisé le 1er avril 1952, le livre continua d’être diffusé et au début de 1971 on en avait édité au total 19 246 710 exemplaires en 54 langues. Parmi les ouvrages non rangés dans la catégorie des romans, “Que Dieu soit reconnu pour vrai !” occupait alors la quatrième place sur la liste des livres les plus vendus du vingtième siècle.
Le jeudi 8 août marqua l’assemblée de 1946. Frère Knorr parla sur le sujet “Les problèmes de la reconstruction et de l’expansion”. Se souvenant du discours, Edgar Clay, qui venait d’Angleterre, a écrit ceci par la suite : “J’ai eu le privilège de me trouver sur l’estrade, derrière l’orateur, et, pendant qu’il donnait un aperçu de l’œuvre et expliquait les plans d’agrandissement du Béthel et de l’imprimerie de Brooklyn, l’assistance ponctuait ses paroles par des applaudissements répétés. De l’estrade je ne pouvais distinguer aucun visage, mais je sentais toute la joie de l’auditoire.”
COUP D’ŒIL SUR LA SCÈNE DU MONDE
La reconstruction et l’expansion théocratiques étaient devenues nécessaires. C’était évident. C’est pourquoi, le 6 février 1947, soit six mois environ après l’Assemblée théocratique des nations joyeuses, le président de la Société, N. H. Knorr, et son secrétaire, M. G. Henschel, ont entrepris un tour du monde. D’après leurs observations au cours de ce voyage de 76 916 kilomètres, ils ont pu déterminer ce qu’il fallait faire pour renforcer et unifier l’organisation dans le monde entier.
Ce voyage eut d’heureuses conséquences. En effet, à la suite de ce périple, des missionnaires de Galaad furent envoyés dans certains pays asiatiques et dans des îles du Pacifique. La Théocratie allait de l’avant !
L’ACCROISSEMENT DE LA THÉOCRATIE
Jéhovah peut ‘faire que le petit devienne un millier et celui qui est infime une nation puissante’. (És. 60:22.) Il a fait cela il y a des siècles, après avoir ramené de Babylone des Juifs exilés. De même, Dieu a délivré les Israélites spirituels qui étaient captifs de Babylone la Grande, l’empire mondial de la fausse religion. En outre, il leur a donné l’accroissement. En 1938, on avait dénombré dans le monde un maximum de 59 047 proclamateurs. Puis vinrent la guerre, les persécutions et, après ces événements, la reconstruction de l’organisation parmi le peuple de Dieu. Quel fut le résultat ? Eh bien, en 1949, les témoins chrétiens de Jéhovah étaient au nombre de 317 877! L’accroissement de la Théocratie était manifeste !
Comme il était approprié, dès lors, que le peuple de Dieu se réunisse à l’occasion de l’Assemblée des témoins de Jéhovah pour l’accroissement de la Théocratie ! En voiture, en car, en train, en bateau, en avion, les témoins sont arrivés en foule à New York, au célèbre Yankee Stadium, pour un congrès international de huit jours, du 30 juillet au 6 août 1950. L’afflux de dix mille étrangers inquiéta le Service de l’immigration et de la naturalisation des États-Unis. On leur fit subir des tracasseries. Mais, par la suite, les délégués venus au congrès élevèrent une vigoureuse protestation.
Comme lors du congrès international de Cleveland, en 1946, on avait organisé une grande cafétéria pour nourrir les congressistes. Que c’était impressionnant ! Selon le New York Times, voici ce qu’a déclaré un inspecteur du Service de la santé : “J’étais fasciné. Je n’avais encore rien vu qui fonctionne aussi parfaitement.”
De nombreux délégués furent logés chez l’habitant ou dans des hôtels. Mais plus de 13 000 s’installèrent au camp des caravanes dans le New Jersey, camp qui avait été aménagé par les témoins de Jéhovah et qui se trouvait à 65 kilomètres de New York. Marie Greetham, qui s’en souvient, dit ceci : “Les frères de New York et du New Jersey ont travaillé de nombreuses semaines pour poser les conduites d’eau, le gaz, l’électricité et les installations sanitaires (...). Cette cité était reliée par fil au congrès de New York, de sorte que tout ce qui s’y disait était entendu dans le camp des caravanes.”
Quand vint le mercredi 2 août 1950, le peuple de Jéhovah en général n’avait aucune idée de la merveilleuse bénédiction qui lui était réservée ce jour-là, jour dont le thème était “Prêche la Parole”. Cet après-midi-là frère Knorr développa le sujet “Comment donner aux peuples une langue pure”. (Soph. 3:9.) Entre autres choses il rappela qu’en 1902 la Société Watch Tower était entrée en possession d’une version des Écritures grecques chrétiennes connue sous le nom de Emphatic Diaglott, qui fut imprimée pour la première fois sur ses presses le 21 décembre 1926. Par la suite la Société imprima d’autres Bibles.
Cependant cette session de l’assemblée de 1950 allait apporter quelque chose qui souleva l’enthousiasme. En cette occasion mémorable frère Knorr a eu le grand privilège d’annoncer la parution en anglais des Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau. Surpris et ravis, les 82 075 personnes qui se trouvaient au Yankee Stadium et au camp des caravanes saluèrent la parution de cette version par de longs applaudissements. Des dizaines de milliers d’exemplaires se trouvèrent bientôt entre les mains des auditeurs. Quelle joie pour tous !
LES “PRINCES” SONT LÀ !
Pendant des années le peuple de Jéhovah avait cru que les fidèles d’autrefois tels qu’Abraham, Joseph et David seraient ressuscités avant la fin du présent système de choses méchant. On appelait ces serviteurs de Dieu “anciens dignitaires”, “fidèles d’autrefois” et “les princes”. Le psalmiste avait dit : “Tes enfants prendront la place de tes pères ; tu les établiras comme princes sur toute la terre.” (Ps. 45:17 45:16, MN, Bible Crampon-Tricot). C’est pourquoi, quand le peuple de Dieu se rendait à un congrès, il était toujours plus ou moins dans l’expectative. Peut-être ce rassemblement serait-il marqué par l’apparition d’un ou de plusieurs princes ressuscités.
En gardant cela présent à l’esprit, joignez-vous maintenant aux 82 601 congressistes qui écoutent attentivement frère Franz le samedi soir 5 août 1950. Arrivé à un certain point de son intéressant discours biblique, il pose cette question : “La présente assemblée internationale serait-elle heureuse de savoir que ce soir et en ces lieux il y a parmi nous de futurs PRINCES DE LA NOUVELLE TERRE ?”
Imaginez la surprise de l’auditoire. Voici quelques souvenirs encore très vivaces : “Je revois encore l’assemblée sursauter de stupéfaction. Nous nous sommes mis à regarder autour de nous, pleins d’espoir... David, Abraham, Daniel ou Job étaient-ils là ? Beaucoup de sœurs avaient les larmes aux yeux.” (Grace Estep). “J’étais si émue que je me suis assise sur le bord de mon siège, les yeux rivés sur la cage des joueurs (sorte d’abri à ras du sol pour les joueurs de base-ball). J’étais certaine que d’un moment à l’autre allait en surgir un ou plusieurs de ces hommes d’autrefois.” (Sœur Dwight Kenyon). “Ceux qui se trouvaient dans les couloirs se précipitèrent vers les entrées pour regarder l’estrade, peut-être dans l’espoir de voir Abraham, David ou Moïse. L’assistance se leva, l’atmosphère se tendit. Je suis sûr que si à ce moment-là un homme avec une longue barbe s’était avancé vers l’estrade, on n’aurait pu contenir la foule.” — L. E. Reusch.
Puis il se fit un profond silence. Chacun tendait l’oreille pour ne rien perdre des paroles de l’orateur. Celui-ci expliqua le sens exact du mot hébreu traduit par “prince”. Il fit remarquer que de nos jours les “autres brebis” ont enduré des souffrances pour leur foi, tout comme les témoins de Jéhovah des temps passés. Donc, rien n’empêche le Christ de faire de ces “autres brebis” des “princes par toute la terre”. (Ps. 45:16 ; Jean 10:16.) C’est alors que l’orateur a conclu en ces termes : “Devant cette perspective enthousiasmante, oh ! conservons l’organisation théocratique et que Dieu continue à lui faire faire des progrès en tant que société du monde nouveau ! Ne regardons jamais en arrière vers la Sodome moderne, qui est promise à la destruction, mais avec foi regardons droit devant nous. Allons donc tous résolument de l’avant en tant que société du monde nouveau !”
SIGNE DE L’ACCROISSEMENT DE LA THÉOCRATIE
Le dimanche après-midi 6 août fut encore une journée remarquable pour les congressistes. Dans le Yankee Stadium se pressaient 87 195 personnes. On en dénombra 25 215 sur les trottoirs et dans les tentes avoisinantes. Au camp des caravanes il y avait 11 297 personnes.
Il y eut donc au total 123 707 personnes qui écoutèrent le discours que prononça frère Knorr et qui avait pour sujet “Pouvez-vous vivre à jamais dans le bonheur sur la terre ?” Dans ce discours émouvant et logique, l’orateur cita de nombreux versets à l’appui de ses paroles et démontra qu’il y a des personnes qui pourront vivre à jamais dans le bonheur sur la terre.
RASSEMBLEMENT EN TANT QUE SOCIÉTÉ DU MONDE NOUVEAU
En 1953 se produisit encore un événement remarquable qui devait faire date dans l’histoire de la Théocratie. Le peuple de Dieu attendait avec impatience la période du 19 au 26 juillet. Les serviteurs de Jéhovah vinrent de quatre-vingt-seize pays pour remplir par milliers le Yankee Stadium de New York. L’Assemblée de la société du monde nouveau, qui dura huit jours, fit voir au monde l’unité internationale qui règne parmi les témoins chrétiens de Jéhovah.
Il a fallu héberger tout ce monde. On trouva des chambres chez l’habitant et dans les hôtels. Et 45 000 délégués allèrent s’installer à la “Cité des caravanes”, à 65 kilomètres du stade, près de New Market, dans le New Jersey. À propos, les stands de ravitaillement de la Cité des caravanes donnèrent à un fournisseur de l’endroit un témoignage silencieux sur l’honnêteté chrétienne (Héb. 13:18). Comme beaucoup de témoins, qui étaient volontaires, devaient quitter la Cité avant l’ouverture des stands et qu’ils ne revenaient qu’après la fermeture, ils se servaient eux-mêmes et laissaient l’argent sur des plateaux. Frère Cantwell dit ceci : “Ce monsieur [le fournisseur] fut stupéfié en voyant cela et finit par dire : ‘M. Cantwell, je tiens à vous dire que vous ne pourriez faire cela dans mon église, car il n’est pas possible de faire confiance à ceux qui la fréquentent.’”
Le caractère international du congrès se voyait encore dans les quatre-vingt-dix calicots tendus autour de l’enceinte du stade. Les délégués pouvaient y lire des salutations comme celles-ci : “Salaams du Liban, le pays des cèdres” et “Aloha chrétienne de Hawaii”. Le programme de chaque jour se déroulait selon un thème territorial, comme le “Jour de l’Amérique du Nord” et le “Jour des îles de l’Atlantique”.
En harmonie avec le thème de l’assemblée, le 20 juillet frère Knorr prononça le discours “Vivons dès à présent comme une société d’un monde nouveau”. Se souvenant de cet après-midi-là, voici ce qu’écrit frère Barber : “Comme des dizaines de milliers de congressistes étaient présents en tant que ‘société du monde nouveau’, c’était là une belle occasion pour faire dire à cette foule immense combien cette société était solidaire et unie.” Comment ? En lui faisant adopter une résolution qui déclarait que les témoins de Jéhovah étaient conscients du fait qu’ils constituaient une société d’un monde nouveau, une société unique et bien unie. La résolution fut adoptée à l’unanimité par les 125 040 personnes qui se trouvaient au stade, dans les tentes et à la Cité des caravanes.
ON SONNE L’ALARME
On n’allait certes pas oublier cette immense assemblée, ne serait-ce qu’en raison d’un discours de frère Franz, discours que Webster Roe qualifie de “formidable”. À propos de cet exposé particulier, voici ce qu’écrit Roger Morgan : “Le discours qui m’impressionna le plus lors de l’assemblée de 1953 au Yankee Stadium, ce fut celui de frère Franz, sur le sujet ‘La Société du monde nouveau attaquée par l’extrême nord’.”
En effet, on sonna l’alarme le jeudi soir 23 juillet 1953. Frère Franz, vice-président de la Société, décrivit ce soir-là l’attaque prochaine que doit lancer contre le peuple de Dieu Gog de Magog et toutes ses hordes. Gog, personnage principal de la prophétie, fut identifié à Satan. Et, comme l’expliqua frère Franz, le pays de Magog est le lieu où se trouvent, depuis leur expulsion du ciel en 1918, les forces spirituelles méchantes, c’est-à-dire au voisinage de la terre (Rév. 12:7-9). Comme le montra l’orateur, la prospérité, l’unité et la sécurité que connaît actuellement le peuple de Jéhovah, tout cela amènera Gog et ses forces à passer à l’attaque. Combien les 112 700 auditeurs furent reconnaissants de recevoir l’avertissement et d’être invités à mettre leur confiance en Jéhovah et à proclamer la bonne nouvelle du Royaume de Jéhovah et de Christ !
ÉMOUVANTE CLÔTURE DE L’ASSEMBLÉE
Les délégués furent particulièrement émus le dimanche après-midi 26 juillet. En effet, le discours public de frère Knorr, “Après Harmaguédon, Dieu établira un monde nouveau”, rassembla au total 165 829 personnes (au stade, dans les tentes et dans la Cité des caravanes). Au stade seul on dénombra 91 562 assistants. Peu avant le discours, on ouvrit certaines portes et des milliers de gens purent aller s’asseoir sur la pelouse. Enfin, des milliers d’autres ont pu entendre l’exposé retransmis par la station WBBR.
Puis ce fut la fin du discours et une brise se mit à souffler, qui rafraîchit un peu les milliers d’auditeurs qui étaient restés pour la session de clôture. S’appuyant sur le Psaume 145, frère Knorr fit encore un exposé d’une heure. Il souligna la nécessité de louer Jéhovah, de l’exalter comme Dieu, de le proclamer comme Souverain universel et de faire connaître sa royauté. Après le cantique “Chantez des louanges triomphales !” et la prière, se termina la plus grande assemblée chrétienne de l’époque.
L’ASSEMBLÉE INTERNATIONALE DE LA VOLONTÉ DIVINE
“Encore maintenant, quand on fait mention de l’année 1958, écrit Angelo Manera, les témoins de Jéhovah ont toujours présent à la mémoire un grand événement : le ‘grand congrès’, l’Assemblée internationale de la volonté divine. Quel congrès !” Ce rassemblement remarquable a réuni des délégués venus d’au moins 123 pays et îles. Alors que les relations internationales étaient tendues et qu’une guerre menaçait au Proche-Orient, le peuple de Jéhovah se réunit en paix et dans l’unité du 27 juillet au 3 août 1958 à New York, plus exactement au Yankee Stadium et aux Polo Grounds non loin de là.
Pendant près de deux semaines avant le congrès, frère Knorr se réunit avec plus de quatre-vingts surveillants de filiale et leurs assistants. Ils parlèrent du nouveau livre qu’il avait préparé sur la façon de procéder dans les filiales, après avoir inspecté la plus grande des filiales, celle de Brooklyn, qui est chargée de l’œuvre aux États-Unis. Durant le congrès, d’autres réunions fort utiles eurent lieu avec ces hommes, ainsi qu’avec les missionnaires, les pionniers spéciaux, les surveillants de circonscription et les surveillants de district.
Un événement se produisit le mercredi 30 juillet, événement qui fit écrire ceci à Ernest Jansma : “Je suis sûr que cet événement fera date dans les annales de l’histoire de la Théocratie.” En effet, rien de pareil ne s’était encore produit depuis la Pentecôte de l’an 33, quand, à Jérusalem, 3 000 nouveaux disciples de Jésus Christ se firent baptiser le même jour (Actes 2:41). Peu après le discours “Le baptême selon la volonté divine”, 7 136 personnes (2 937 hommes et 4 199 femmes) furent immergées au Orchard Beach, à quelques kilomètres de là, symbolisant leur offrande de soi à Jéhovah Dieu. Ce fut le plus grand baptême en masse en un même endroit.
À l’occasion de ce grand rassemblement, le paradis terrestre, le paradis spirituel et le paradis céleste, oui, tous les trois furent examinés dans le discours “Maintenons notre paradis spirituel”, discours prononcé par frère Knorr. Après son exposé, l’orateur raconta que des missionnaires de la Thaïlande avaient demandé si la Société publierait un jour un ouvrage d’étude qui ne réfuterait pas les mensonges doctrinaux, mais qui se bornerait à exposer le véritable enseignement biblique. Pour répondre à leurs besoins et à ceux des chrétiens en tous lieux, annonça-t-il, la Société avait édité le nouveau livre Du paradis perdu au paradis reconquis. Écrit dans une langue simple et abondamment illustré, ce livre a réjoui jeunes et vieux. “Toute une génération d’enfants a grandi en feuilletant le livre Paradis, dit Grace Estep. Ils l’ont emporté avec eux aux réunions et ils l’ont aussi fait voir à leurs petits camarades de jeux, car ils savaient raconter toute une série d’histoires bibliques en s’aidant des images, et cela avant de savoir lire.”
Le samedi 2 août fut le jour appelé “Que ta volonté soit faite”. Cet après-midi-là, le président de la Société prononça un émouvant discours dont le sujet était précisément “Que ta volonté soit faite”. Après son exposé, il annonça aux 175 441 assistants la parution du nouveau livre “Que ta volonté soit faite sur la terre”. Tous les délégués n’avaient qu’une hâte, c’était de voir comment le nouvel ouvrage expliquait les prophéties, notamment celles du livre de Daniel.
“QUEL TÉMOIGNAGE POUR JÉHOVAH !”
Comment décrire tout ce qui s’est passé à l’Assemblée internationale de la volonté divine le dimanche 3 août ? “Quel témoignage pour Jéhovah !” Tel était le titre qui barrait une page d’un compte rendu sur le congrès. En effet, quel témoignage ! “Le dimanche fut un jour qu’aucun des assistants n’oubliera jamais, écrit Edgar Kennedy. Il fallait voir les gens arriver au Yankee Stadium pour écouter le discours public. D’où nous étions nous voyions affluer au stade un flot continu de personnes qui occupèrent tous les sièges puis envahirent la pelouse où elles s’assirent par groupes. Pour tous les spectateurs, ce fut là une magnifique manifestation de la ‘grande foule’, celle qui se joint au reste oint pour louer à ses côtés le nom de Jéhovah et pour faire la ‘volonté divine’. Tout comme cela se passait au Yankee Stadium, les Polo Grounds eux aussi étaient submergés par une foule immense. À 15 heures le silence se fit parmi ce plus d’un quart de millions de personnes, au moment où le président du congrès se leva pour présenter l’orateur, N. H. Knorr, président de la Société Watch Tower, et annoncer le sujet de son discours : ‘Le royaume de Dieu est entré dans son règne — La fin du monde est-elle proche ?’”
Cette foule immense se composait de 253 922 personnes ! À en juger d’après la grande assistance du vendredi, 60 000 personnes du public devaient se trouver dans l’auditoire. Pendant une heure, des multitudes entendirent l’orateur avancer les preuves bibliques qui attestent que le Royaume de Dieu domine depuis 1914 et que la fin du monde est proche.
ON IMPRIME LA PAROLE DE DIEU
Pour donner aux hommes l’instruction qui mène à la vie et pour faire progresser les intérêts du Royaume de Dieu, il fallait mettre à la disposition de tous le livre qui contient le thème du Royaume. Frère Knorr y songeait depuis des années. D’ailleurs, quand il travaillait à l’imprimerie de la Société, il avait depuis longtemps dans un tiroir de son bureau de quoi faire imprimer une Bible complète. Les circonstances n’ont pas permis de réaliser ce projet. Devenu président de la Société, frère Knorr ne tarda pas à faire de cette idée une réalité. D’autre part, il était également important de produire des Bibles à bas prix, pour que la Parole de Dieu soit à la portée de toutes les bourses.
En 1942, à l’Assemblée théocratique du monde nouveau, celle que les témoins de Jéhovah avaient organisée à Cleveland, frère Knorr parla sur le sujet “Comment présenter ‘l’épée de l’esprit’”. Il déclara que la Bible est la plus grande arme offensive qui soit, l’“épée de l’esprit”. (Éph. 6:17.) Il sut exprimer ce que le peuple de Dieu pensait en général : “Ah ! si nous trouvions le texte que nous cherchons, nous pourrions tenir nos adversaires à distance, nous pourrions consoler les affligés, nous pourrions rendre simple ce qui nous paraît si clair. Si seulement nous avions une Bible avec ce qu’il faut pour nous aider à trouver rapidement les passages que nous cherchons !”
C’est à l’occasion de cette assemblée qu’on présenta une nouvelle édition de la Bible du roi Jacques, la première Bible complète qui fût jamais sortie des presses de la Société Watch Tower. Pendant des mois, plus de 150 serviteurs de Jéhovah avaient travaillé à une concordance spécialement conçue pour aider le peuple de Dieu dans la prédication. Cette concordance se trouve à la fin de cette Bible qui, comme l’écrit James Filson, “vint à point nommé. Nous en avions besoin nous-mêmes et nous en avions besoin pour la diffuser dans nos territoires (...). Nous étions contents d’avoir à notre disposition une bonne Bible qu’on pouvait laisser pour un dollar seulement. Encore de nos jours, c’est la seule Bible qui se trouve dans le foyer de bien des gens qui ne sont pas dans la vérité”.
Frère Knorr songeait à autre chose encore. Il désirait que le nom de Jéhovah fût préservé dans toutes les langues. Or, il existait une version biblique qui utilisait le nom divin dans les Écritures hébraïques. C’était la Version standard américaine. La Société acheta le droit d’en utiliser les clichés et imprima cette Bible. Cette édition de la Watch Tower fut présentée aux congressistes de l’Assemblée théocratique des proclamateurs unis, celle qui s’est tenue en 1944. “Nous avons beaucoup utilisé cette Bible dans nos nouvelles visites et nos études bibliques”, écrit Edgar Kennedy.
UNE NOUVELLE TRADUCTION DE LA BIBLE
Depuis 1946 le président de la Société cherchait une traduction en langue moderne des Écritures grecques chrétiennes, une traduction qui fît encore mieux voir la vérité en rendant fidèlement le sens des textes originaux. Quand, le 2 août 1950, frère Knorr prit la parole devant une assistance de 82 075 personnes, lors de l’Assemblée internationale de l’accroissement de la Théocratie, il révéla que le 3 septembre 1949 s’était tenue au Béthel de Brooklyn une réunion des comités directeurs des associations de Pennsylvanie et de New York (un seul directeur était absent). C’est lors de cette réunion que le président annonça l’existence d’un “comité pour la traduction du monde nouveau”. Celui-ci venait d’achever une traduction des Écritures grecques chrétiennes et en avait remis le texte à la Watch Tower Bible and Tract Society, association de Pennsylvanie. Le personnel de l’imprimerie commença à travailler sur les premières pages du manuscrit le 29 septembre 1949.
Cet après-midi-là, le 2 août 1950, frère Knorr eut la grande joie d’annoncer aux congressistes saisis d’enthousiasme la parution en anglais des Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau. Il ne s’agissait pas là de quelque révision d’une version parue antérieurement C’était une traduction entièrement nouvelle ! Le comité de traduction avait utilisé le célèbre texte de Westcott et Hort, tout en consultant d’autres recensions. On avait proscrit les mots archaïques. Autrement dit, c’était une Bible en langue moderne.
Dans les pages de la nouvelle traduction le nom de “Jéhovah” paraît 237 fois. C’est là une de ses caractéristiques. Dans la préface le comité indique les raisons qui l’ont amené à faire figurer le nom divin dans le texte. La version est encore remarquable sous bien d’autres rapports.
Avec le temps, la Traduction du monde nouveau exerça une profonde influence sur la langue du peuple de Jéhovah en général, qui utilisa le nouveau vocabulaire. Dès 1953, on se servit du mot “congrégation”, qui paraît dans la nouvelle version au lieu du terme “groupe” pour désigner un groupe rassemblé du peuple de Dieu. — Comp. Actes 20:17 ; Colossiens 4:15, Traduction du monde nouveau.
Au fil des ans furent traduits les cinq volumes de la série Les Écritures hébraïques — Traduction du monde nouveau. On en annonça la parution à l’occasion de différentes assemblées du peuple de Dieu. En 1961, lors des assemblées de district des adorateurs unis, les témoins de Jéhovah eurent la grande joie de recevoir l’édition complète, en un seul volume, des Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau. À l’époque, le nombre des proclamateurs du Royaume était passé à 965 169. Sans conteste, Jéhovah bénissait leurs efforts. Par son esprit saint, Dieu faisait croître les choses. — I Cor. 3:6, 7.
LA BIBLE CONTINUE À SORTIR DES PRESSES
Les serviteurs de Jéhovah ont toujours eu le désir de propager la Parole de Dieu dans le public. On a donc imprimé des Bibles de différents formats. Par exemple, en 1963, lors de l’Assemblée de la “bonne nouvelle éternelle”, a paru en anglais une édition format de poche des Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau (édition révisée de 1961). Ensuite fut publiée l’édition primitive, reliée en un seul volume, avec chaînes, notes en bas de page et appendice. Mais imaginez la joie des congressistes italiens, néerlandais, français, allemands, portugais et espagnols quand ils reçurent, traduites dans leurs langues respectives, les Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau ! “Bravo ! Bravissimo !” s’exclama un délégué italien. Voici ce qu’a dit un congressiste allemand : “Quelle occasion pour les témoins de Jéhovah d’éveiller l’intérêt que les Allemands portaient jadis à la Bible !” Plus tard, la Traduction du monde nouveau complète a paru dans les langues précitées.
En 1971, lors des assemblées de district dites “Le nom divin”, a paru l’édition anglaise grand format des Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau (édition révisée de 1971). Pour ceux qui, dans leur étude des Écritures, désirent examiner de près le texte original, il y a un volume de 1 184 pages intitulé “Les Écritures grecques — Traduction interlinéaire du Royaume”. Cet ouvrage a été publié en 1969.
Comme les serviteurs de Jéhovah ont le souci constant d’exalter son nom devant les hommes, ils ont encore imprimé une autre Bible. En 1972, la Société Watch Tower a édité La Bible en anglais vivant du défunt Steven Byington. Cette version rend invariablement le Tétragramme hébreu par “Jéhovah”.
Depuis 1950 des millions d’exemplaires de la Traduction du monde nouveau sont répandus par toute la terre, dont un grand nombre en anglais. Elle fut donc la bienvenue, la Concordance complète des Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau. Cette concordance, qui parut en 1973, contient 14 700 titres et environ 333 200 versets. De nombreux membres de la famille du Béthel de Brooklyn ont travaillé avec zèle pour la compiler, corriger les épreuves, etc. Cette concordance fait gagner beaucoup de temps dans la recherche des versets bibliques.
Aujourd’hui, Les Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau, c’est-à-dire la Bible complète, existent en sept langues, et les Écritures grecques chrétiennes en une huitième langue. Par ailleurs, les Écritures grecques sont en train d’être traduites en quatre autres langues. Ces Bibles coûtent-elles cher ? Non, l’édition anglaise courante de la Traduction du monde nouveau coûte un dollar l’exemplaire, et les traductions dans les six autres langues coûtent l’équivalent d’un dollar. Pourquoi un si bas prix ? C’est pour que les Saintes Écritures soient à la portée de toutes les bourses, pour que les cœurs honnêtes puissent la lire et l’accepter “non comme la parole des hommes, mais, ainsi qu’elle l’est réellement, comme la parole de Dieu”. — I Thess. 2:13.
Plus de trois décennies se sont écoulées depuis qu’est sorti d’une des presses de la Société le premier exemplaire de l’édition Watch Tower de la Bible du roi Jacques. Dans l’intervalle, de nombreuses mains dévouées ont travaillé avec diligence pour faire parvenir au public des exemplaires de la Parole de Dieu en nombre croissant. Ainsi, de 1942 jusqu’à l’année de service 1974, 28 533 890 exemplaires des Écritures, complètes ou en partie, ont été produits par l’imprimerie de Brooklyn. Peut-être serez-vous surpris d’apprendre qu’en 1974 quinze rotatives de la Société Watch Tower à Brooklyn ont tourné à plein temps pour imprimer des Bibles.
Outre cette énorme production de Bibles, la Société a imprimé dans le même temps des millions d’auxiliaires bibliques. Toutes ces publications, — comme “Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile” et Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible, — ont aidé les serviteurs de Dieu à devenir des étudiants zélés des Écritures et des proclamateurs efficaces de la bonne nouvelle, et cela quelle que soit leur condition ou leur rang. Puisqu’il y a des personnes qui doutent de l’authenticité des Écritures, on s’est appliqué à démontrer que la Bible est bien d’origine divine. Signalons à ce propos le livre de 192 pages La Bible est-elle vraiment la Parole de Dieu ? qui a été tiré à plus de 18 768 000 exemplaires, en 27 langues. Cet ouvrage, qui a paru en 1969, prouve que la Bible dit vrai et qu’elle n’a pas besoin du témoignage des archéologues, comme si elle était dans une position de faiblesse et avait besoin du soutien des “autorités” de ce monde. Au contraire, dans cet ouvrage, on se base sur la force de la Bible, sur son témoignage, sur sa logique et sur le fait que les Écritures résolvent de nombreuses questions qui sans cela resteraient sans réponse. “Ce livre a paru au moment où le clergé commençait à se montrer plus impudent dans ses efforts pour diffamer la Bible, écrit Webster Roe, et il a contribué à raffermir la foi chancelante d’un grand nombre, au point de les pousser à étudier sérieusement la Bible.”
‘QUE NOUS VIVIONS OU QUE NOUS MOURIONS, NOUS APPARTENONS À JÉHOVAH !’
Les témoins de Jéhovah ne sont pas des colporteurs de la Parole de Dieu (II Cor. 2:17). Ce sont des personnes qui défendent la Bible et y croient. C’est pourquoi ils respectent la loi de Dieu sur le sang. D’ailleurs, ils sont connus dans le monde entier pour leur fidèle obéissance au décret divin qui interdit de consommer du sang ou de l’introduire dans son organisme pour en soutenir les forces vitales (Actes 15:28, 29). Même quand leur vie semble être en danger, les chrétiens disent, en substance : ‘Que nous vivions ou que nous mourions, nous appartenons à Jéhovah.’ — Rom. 14:7, 8.
Le caractère sacré du sang a été souligné dans La Tour de Garde anglaise du 15 décembre 1927 (éd. française de mars 1928). Entre autres choses, l’article “Une cause de la vengeance de Dieu” disait ceci : “Dieu a dit à Noé qu’il pourrait se nourrir de toute créature vivante, à l’exception du sang, parce que la vie réside dans le sang.” Des années plus tard, La Tour de Garde (éd. anglaise du 1er décembre 1944) déclarait : “Non seulement comme descendant de Noé, mais aussi à présent comme quelqu’un qui était tenu d’obéir à la loi que Dieu avait donnée à Israël (...) il était interdit à l’étranger de manger ou de boire du sang, que ce soit par transfusion ou par voie buccale (Gen. 9:4 ; Lév. 17:10-14).” Dans les années qui suivirent, les choses devinrent encore plus claires.
Dans son édition anglaise du 1er juillet 1945, La Tour de Garde précisait encore la position du chrétien sur la question du sang. Entre autres choses, le périodique disait que, bien que les transfusions sanguines remontent à l’époque des Égyptiens, le plus ancien cas qui soit rapporté est la vaine tentative qui fut faite pour sauver le pape Innocent VIII en 1492, opération qui coûta la vie à trois jeunes gens. Chose encore plus significative, le même numéro de La Tour de Garde expliquait que la loi sur le sang, celle que Dieu avait donnée à Noé, s’appliquait à toute l’humanité et que les chrétiens devaient s’abstenir du sang (Actes 15:28, 29). En résumé, La Tour de Garde disait :
“Étant donné que le Dieu Très-Haut et Très-Saint a donné des instructions fort claires en ce qui concerne le sang, conformément à l’alliance éternelle conclue avec Noé et tous ses descendants ; étant donné que Dieu, en vue de donner la vie à l’humanité, n’a permis d’employer le sang que comme moyen de propitiation pour le péché ; et étant donné que la propitiation devait être faite sur son saint autel ou devant le propitiatoire, et non par l’introduction directe du sang dans l’organisme humain ; il faut en conséquence que tous les adorateurs de Jéhovah qui désirent acquérir la vie éternelle dans le monde nouveau de la justice respectent le caractère sacré du sang et se conforment aux justes prescriptions divines concernant cette question.”
L’attitude du chrétien devant les transfusions sanguines avait donc été bien précisée. L’intégrité de Samuel Muscariello fut mise à l’épreuve sur cette question. Voici ce que nous raconte Blosco Muscariello : “Peu après sa sortie de prison [où l’avait conduit sa neutralité chrétienne], mon frère cadet Samuel fut atteint d’un mal dû à une intoxication urémique. Les médecins prescrivirent une opération, avec transfusions sanguines naturellement. Ils lui donnaient tout au plus deux ans à vivre au cas où il refuserait l’opération et la transfusion. Sam refusa. Cela se passait en 1947. (...) Outre la déclaration de La Tour de Garde [qui n’était pas passée inaperçue], les paroles de frère Sullivan qui venait nous voir en prison résonnaient encore dans nos oreilles (...) ‘il est mal d’accepter une transfusion’. Exactement deux ans plus tard, Sam fut emmené à l’hôpital ; il était mourant. Soumis à des pressions, je me suis rendu auprès de son lit et je lui ai dit : ‘Sam, ils veulent te faire une transfusion.’ Sous l’effet des piqûres, à demi conscient, il essaya pourtant de sortir de son lit [pour ne pas recevoir de transfusion ; il n’en a jamais reçue] ; (...) notre famille, endeuillée [par sa mort], fut cependant affermie par le courage de Sam qui resta intègre devant Jéhovah jusqu’à sa mort.”
Quand arrivèrent les années 1950, il y eut litige à propos du refus des témoins de Jéhovah d’accepter la transfusion sanguine. Le 18 avril 1951, à Chicago, l’État s’adressa à la justice pour faire retirer un enfant à ses parents, ce qui permettrait aux médecins de lui faire une transfusion sanguine. D’après le diagnostic, la petite Cheryl Labrenz, âgée de six jours, souffrait d’une maladie rare (destruction des globules rouges). Selon les médecins, sans transfusion elle ne vivrait pas. Témoins chrétiens de Jéhovah, ses parents, Darrell et Rhoda Labrenz, considéraient que la transfusion sanguine est une violation de la loi divine. D’où leur refus. Ils se préoccupaient surtout de l’avenir de leur enfant, sachant que la vie éternelle n’est donnée qu’à ceux qui restent attachés aux lois divines. Mais sur un ordre du tribunal, on fit une transfusion à Cheryl, malgré les protestations des parents.
L’affaire Labrenz ne fut que le premier chapitre de ce qui devait devenir une longue histoire. Cela fait maintenant plus de vingt ans que les témoins de Jéhovah attirent l’attention du public parce qu’ils respectent la loi divine sur le sang. Marie Greetham se souvient encore très bien de ce qui est arrivé à son frère, Dan Morgan. Atteint d’un cancer, il avait été congédié par trois fois d’un hôpital new-yorkais sur son refus d’accepter toute transfusion. Quand on l’y renvoya pour la quatrième fois, il refusa encore la transfusion. Sœur Greetham nous dit : “Cela s’est passé en août 1951 et Dan est mort en octobre 1951, à l’âge de cinquante-quatre ans. Dan était serein et heureux. Quatre jours avant sa mort, il expliqua à son autre sœur que très bientôt il fermerait ses yeux, mais qu’il était heureux. En effet, lui dit-il, il avait été fidèle et sa récompense serait grande, car il appartenait au ‘petit troupeau’ des disciples du Christ.” — Luc 12:32 ; Rév. 2:10.
Mais la mort est-elle inéluctable quand on refuse la transfusion sanguine ? Non, évidemment. Considérons le cas de Gladys Bolton. Son médecin lui avait appris qu’elle avait un anévrisme à l’artère qui aboutissait à la rate. Il fallait donc enlever la rate. La sœur consentit à l’opération, mais sans transfusion. Surpris, le médecin écouta ses explications et nota qu’elle n’était pas contre les succédanés du sang. Il fut d’accord pour l’opérer sans transfusion. L’opération eut lieu le 21 mai 1959. Or, avant même qu’on ait pu procéder à l’ablation de la rate, la veine éclata et sœur Bolton perdit 70% de son sang. Les médecins et les infirmières qui se trouvaient dans la salle d’opération réclamaient tous du sang, mais son médecin tint parole. La sœur resta quinze jours sans reprendre conscience et trois semaines sous une tente à oxygène. De nombreuses complications étaient survenues, mais son médecin fut très attentif et petit à petit sœur Bolton se rétablit. Voici ce qu’elle nous écrit : “Un jour que nous étions seuls, il m’a dit : ‘Madame Bolton, n’abandonnez jamais votre Dieu Jéhovah. En effet, d’après toutes les règles de la médecine, vous devriez être morte à présent. Jamais personne n’a survécu à une telle hémorragie !’ ‘Docteur Davis, lui ai-je répondu, je n’ai nullement l’intention de quitter Jéhovah, mais, comme l’enseignent les témoins de Jéhovah, il n’y a plus aujourd’hui de guérisons miraculeuses. Nous apprécions les bons médecins et les infirmières qualifiées, et vous avez tous travaillé dur pour me garder en vie. Cependant, comme nous avons obéi au commandement de Jéhovah relatif au sang, nous avons tous été bénis.’ Il eut l’air satisfait de ma réponse et me remercia.” Sœur Bolton est sortie de l’hôpital le 1er juillet 1959.
Au cours de toutes ces années, Jéhovah n’a pas manqué de pourvoir amplement à tout ce dont peuvent avoir besoin ceux qui veulent obéir à la loi sur le sang. Parmi toutes ces choses susceptibles de nous aider figure la brochure de 64 pages Le sang, la médecine et la loi de Dieu, qui fut publiée en 1961. Vous en êtes-vous servi pour parler de cette question vitale avec votre médecin ?
LA PURETÉ DU VRAI CULTE EST SAUVEGARDÉE
Les serviteurs de Dieu savent que pour garder la faveur divine il faut veiller à la pureté du culte (Jacq. 1:27). Ils doivent donc être purs moralement et spirituellement (És. 52:11 ; I Cor. 6:9-11). Tous ces points ont été soulignés dans des discours d’assemblée, dans des articles de La Tour de Garde et autres, et cela tout particulièrement au cours des dernières années, car le monde en général se dégrade de plus en plus.
En 1951, les défenseurs du vrai culte ont appris quelque chose d’important à propos du terme “religion”. Certains d’entre eux se souvenaient encore de l’année 1938, au cours de laquelle il leur était arrivé de brandir la pancarte “La religion est un piège et une escroquerie”. D’après leurs vues de l’époque, toute “religion” était non chrétienne, donc issue du Diable. Mais dans La Tour de Garde du 15 mars 1951 il était expliqué qu’on pouvait utiliser les adjectifs “vrai” et “faux” à propos de la religion. D’autre part, le livre La religion a-t-elle servi l’humanité ? (publié en anglais en 1951 et présenté lors de l’assemblée de “l’adoration pure”, celle qui s’est tenue au Wembley Stadium de Londres) disait ceci : “D’après son acception, le mot ‘religion’ signifie ‘mode d’adoration, culte’, quel que soit ce culte, vrai ou faux. C’est sa plus simple définition, qui correspond, par ailleurs, avec celle de son équivalent hébreu abohdah, proprement ‘service’, quel que soit celui qui reçoit pareil service.” Par la suite, les expressions “fausse religion” et “vraie religion” furent communément employées chez les témoins de Jéhovah.
Le peuple de Dieu était résolu à pratiquer la vraie religion et à se garder moralement et spirituellement pur pour le service de Jéhovah. Ce point fut particulièrement mis en relief dans La Tour de Garde du 1er mars 1952 (éd. française du 1er juillet 1952), qui contenait les importants articles que voici : “Garder l’organisation pure”, “L’exclusion est une mesure juste” et “Le péché qui rend le rétablissement impossible”. Le périodique montrait qu’il était juste d’expulser de la congrégation chrétienne tout membre baptisé qui péchait et ne se repentait pas (I Cor. 5:1-13). Si par la suite le pécheur se repentait, la réintégration était possible. — II Cor. 2:6-11.
Ce n’était pas la première fois que La Tour de Garde parlait de l’exclusion des pécheurs qui ne se repentaient pas. Mais à partir de 1952 on souligna tout particulièrement la nécessité de maintenir la pureté spirituelle de la congrégation chrétienne. Avec les années, on devint aussi de plus en plus conscient du fait qu’il fallait user de miséricorde envers ceux qui se repentaient (Jacq. 2:13). Souvent, donc, les surveillants ont été à même de guérir spirituellement les égarés, avant que les choses en viennent au point où il aurait fallu procéder à l’exclusion. — Gal. 6:1.
Les chrétiens ne fraternisent pas avec les exclus. Ils ne tolèrent pas la méchanceté dans leurs rangs. Mais qu’en est-il si des exclus abandonnent leur mauvaise voie ? La réponse à cette question nous est donnée dans les articles “La miséricorde divine montre la voie du retour aux égarés” et “Gardons un point de vue équilibré sur les exclus”. Ces articles parurent dans La Tour de Garde anglaise du 1er août 1974 (éd. française du 15 novembre 1974) et montrent qu’on peut encourager ces exclus à revenir sur le chemin de la vie.
Les discours aux assemblées ont joué leur rôle dans le combat pour la sauvegarde de la pureté de l’organisation. Par exemple, frère Reusch se souvient d’un discours de 1964 qui fut prononcé par frère Franz et qui avait pour sujet “Gardons la pureté et la chasteté de l’organisation des serviteurs publics”. Voici ce que dit frère Reusch : “L’orateur déclara qu’une jeune fille de mœurs faciles ressemble aux serviettes souillées qu’on voit dans les lavabos publics. C’était un langage direct. On appelait les choses par leur nom ; (...) cela venait à point nommé. C’étaient des conseils de sagesse destinés à nous préparer pour la débâcle des mœurs que nous voyons depuis lors.”
Ce flot de conseils salutaires coule depuis des années. Spirituellement parlant, les publications ont montré au peuple de Jéhovah quel est le chemin qu’il faut suivre.
LE TÉMOIGNAGE DU ROYAUME S’ÉTEND
Pendant les années 1950, on redoubla d’efforts pour étendre l’œuvre consistant à annoncer le message du Royaume. En 1951 on fit un pas de plus en ce sens. Parlant devant une assemblée qui se tenait à Washington en octobre 1951, frère Knorr révéla que près de 50% des comtés des États-Unis (1 469 sur 3 062) n’étaient jamais visités ou ne recevaient qu’un témoignage partiel. Mais cela allait changer. Proclamateurs et pionniers étaient invités à visiter ces territoires en juin, juillet et août 1952. Cette proposition fut accueillie avec enthousiasme. Encore de nos jours on continue à visiter les territoires isolés.
Lors des assemblées de district de 1957, assemblées dites de “La sagesse vivifiante”, on fit un autre pas important en vue de faire progresser le témoignage du Royaume. Voici ce qu’écrit Marie Gibbard : “C’est alors qu’on entendit pour la première fois l’expression ‘servir là où le besoin est grand’. Les familles pouvaient faire un service de missionnaire. C’était là une nouvelle conception du service et qui offrait des occasions d’activité aux individus et aux familles qui ne pouvaient recevoir la formation de l’École de Galaad pour entrer dans le service de missionnaire.”
Beaucoup de chrétiens qui sont allés en certains endroits des États-Unis ou qui sont partis dans d’autres pays, en des lieux où le besoin en proclamateurs était plus grand que chez eux, ont eu la possibilité d’encourager et d’édifier des compagnons dans la foi, d’aider les nouveaux à acquérir la connaissance de la vérité et même de contribuer à la formation d’une congrégation.
DE MEILLEURS PROCLAMATEURS DE LA BONNE NOUVELLE
“Tout le monde devrait savoir prêcher la bonne nouvelle de maison en maison”, déclara frère Knorr, qui parlait de ce à quoi devraient tendre les chrétiens. Il prononça ces paroles le 22 juillet 1953, lors de l’assemblée internationale de la société du monde nouveau. Dans le passé, les témoins de Jéhovah utilisaient le phonographe et les cartes de témoignage pour annoncer la bonne nouvelle, mais cela ne se faisait plus. Cependant une formation était nécessaire. Quand il développa le sujet “L’œuvre principale de tous les serviteurs”, frère Knorr annonça un nouveau programme de formation pour l’activité de maison en maison. Les serviteurs (surveillants) de circonscription et de district auraient leur rôle à jouer dans ce programme, mais tous les serviteurs nommés dans les congrégations apporteraient leur concours, afin que chaque prédicateur du Royaume devienne un proclamateur régulier de la bonne nouvelle. Quand il visiterait une congrégation, le serviteur de circonscription choisirait des prédicateurs expérimentés pour que ceux-ci travaillent avec les nouveaux et les inexpérimentés dans le cadre du programme de formation. Cette disposition destinée à qualifier pour la prédication un plus grand nombre de témoins chrétiens fut mise en route le 1er septembre 1953.
“Le programme de formation (...) fut une excellente chose, nous dit James Filson. On aida les timides à aller de l’avant. Quant à ceux qui croyaient qu’ils ne savaient faire qu’une seule chose, comme la diffusion des périodiques, on les aida à prendre part aux autres formes [du service de Dieu]. En s’efforçant d’aider les autres, beaucoup augmentèrent leur propre efficacité.”
L’“ÉPÉE DE L’ESPRIT” MANIÉE AVEC COURAGE
Les chrétiens doivent être à même de manier “l’épée de l’esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu”. (Éph. 6:17.) Sous ce rapport le programme de formation fut d’un grand secours. Par la suite parurent dans l’Informateur, puis dans Notre ministère du Royaume, des plans de sermons de trois à huit minutes pour l’activité de maison en maison et des plans de sermons de dix à quinze minutes pour les nouvelles visites. Plus tard, certains témoins constatèrent qu’il leur était plus facile ou plus commode d’utiliser des sermons basés sur un seul verset, tel que Ésaïe 2:4 ou Jean 17:3.
Pour Walter Wissman, ces sermons pour l’activité de maison en maison et les nouvelles visites “marquèrent une étape dans nos progrès théocratiques”. De plus en plus le public identifiait le peuple de Dieu avec la Bible. Voici ce qu’écrit frère Cantwell : “Il ne fallut pas longtemps pour que de moins en moins on entende dire aux portes que les témoins de Jéhovah étaient des vendeurs de livres.”
“Quels progrès nous avons faits dans notre service de maison en maison ! s’exclame Myrtle Strain. Plus besoin de tendre une carte à lire, plus besoin de faire tourner un disque ou d’entrer pour parler pendant une heure sur tout le dessein de Dieu. Nous avons tous appris à faire un bref sermon aux portes, un sermon basé sur un sujet bien précis, appuyé par deux ou trois versets appropriés. Nous pouvons utiliser beaucoup de sermons de courte durée, tous fondés sur des versets importants. De plus, nous essayons de dialoguer avec la personne.” Qu’ils acceptent ou non le message, les gens reçoivent ainsi le témoignage.
UNE FAUSSE LUMIÈRE EST DÉMASQUÉE
Tandis que les témoins de Jéhovah apprenaient à bien manier les Écritures aux portes, ils gardaient l’enthousiasme qui avait caractérisé leurs activités dans les années passées. C’est ainsi qu’en 1955 ils proclamèrent sans crainte un message qui démasquait une fausse lumière spirituelle.
Le dimanche 3 avril 1955, un puissant message de jugement fut proclamé contre la chrétienté et, en fait, contre tout le système de la fausse religion. Par toute la terre, les orateurs chrétiens firent ce jour-là un même discours public qui avait pour sujet “Qui est ‘La lumière du monde’, la chrétienté ou le christianisme ?” Des millions de personnes entendirent cet exposé.
Les témoins de Jéhovah tenaient à ce que les hommes sachent que la chrétienté est une fausse lumière. Avec le temps, la Société Watch Tower imprima sous forme de brochure 22 000 000 d’exemplaires de ce message, en trente langues. Désireux de participer à la diffusion du message, des milliers de nouveaux proclamateurs prirent part au service pour la première fois en avril 1955. Ce mois-là on dénombra dans le monde un maximum de 625 256 proclamateurs. Dans la seconde moitié de juillet 1955, on envoya des lettres et ces brochures aux ecclésiastiques et aux directeurs de journaux.
“LA PAROLE” — QUI EST-CE ?
Les membres du clergé en général n’ont pas apprécié que l’on accuse la chrétienté de ne pas être la vraie lumière ; qu’à cela ne tienne, les témoins avaient encore d’autres messages à leur adresser. De nombreux ecclésiastiques niaient l’inspiration divine des Saintes Écritures. D’autres, tout en prétendant accepter la Bible, enseignaient des doctrines déshonorantes pour Dieu. Au nombre de ces faux enseignements figure la trinité. À ce propos, à la fin de 1962, les témoins de Jéhovah adressèrent un message aux membres du clergé. Qu’il fût à leur convenance importait peu.
Ce message fut présenté sous la forme d’une brochure de 64 pages intitulée “‘La Parole’ — Qui est-ce, selon Jean ?” Il condamnait la trinité comme étant une fausse doctrine. Cette brochure fit l’objet d’une diffusion spéciale en novembre 1962. Les proclamateurs du Royaume la présentèrent de maison en maison, mais ils en envoyèrent également un exemplaire par la poste aux membres du clergé catholique et protestant, accompagné d’une lettre rédigée par la Société Watchtower. Ainsi, un très grand témoignage fut donné, et on expliqua que la “Parole” selon Jean 1:1 n’est pas Dieu, mais Jésus Christ, le Fils de Dieu, durant son existence préhumaine.
UNE CHAÎNE D’ASSEMBLÉES
Les assemblées organisées régulièrement par le peuple de Dieu lui ont donné dans une grande mesure le courage de prêcher. Certaines assemblées se sont différenciées des autres, en ce sens qu’elles formaient une chaîne, parfois même autour du monde, et que des délégués se déplaçaient d’un congrès à l’autre. Ces rassemblements ont vraiment eu un pouvoir unificateur. Certes, les chrétiens lisent bien des rapports sur la prédication et les activités de leurs compagnons de service d’autres pays, mais les rencontrer et passer un moment avec eux, — même s’ils parlent une langue différente, — est sans aucun doute une expérience très enrichissante. Même si les serviteurs de Dieu ne peuvent communiquer entre eux à cause de la barrière qu’est la langue, lorsqu’ils se rassemblent ils parlent en fait une seule et même langue, la “langue pure” de la vérité que Dieu a généreusement donnée à tous les hommes qui l’aiment. — Soph. 3:9.
En 1955, une chaîne d’assemblées ayant pour thème “Le Royaume triomphant” a été organisée. Ce fut une réussite. En l’espace de dix semaines, treize assemblées se sont tenues aux États-Unis et ailleurs ; à cette occasion, de nombreux délégués se sont déplacés d’un congrès à l’autre. Un journal a dit que c’était “probablement le plus important mouvement en masse d’Américains à travers l’Europe depuis l’invasion des alliés durant la Seconde Guerre mondiale”.
La Société Watch Tower avait affrété quarante-deux avions et deux paquebots (l’Arosa Kulm et l’Arosa Star). Ces bateaux étaient en fait des salles d’assemblée flottantes, où des programmes édifiants sur le plan spirituel étaient présentés chaque jour aux passagers.
En Europe, une assemblée tenue au stade Zeppelin, à Nuremberg, a réuni 107 423 personnes. James Woodworth dit : “Ici, en Amérique, nous étions heureux d’apprendre que là même où Hitler avait juré ‘d’anéantir’ les témoins de Jéhovah, ces chrétiens avaient organisé la plus grande de leurs assemblées ‘Le Royaume triomphant’. Quant à Hitler, où était-il ?”
DES ASSEMBLÉES AUTOUR DU MONDE
Du 30 juin au 8 septembre 1963, les témoins de Jéhovah ont tenu vingt-quatre assemblées autour du monde ; la première eut lieu à Milwaukee, dans le Wisconsin, et la dernière à Pasadena, en Californie. Ces assemblées marquantes avaient pour thème “La bonne nouvelle éternelle”. En tout, 583 délégués ont fait le tour de la terre. Empruntant des chemins quelque peu différents, les voyageurs se sont assemblés avec leurs nombreux compagnons de service à Londres, Stockholm, Munich, Jérusalem, New Delhi, Rangoon, Bangkok, Singapour, Melbourne, Hong-Kong, Manille, Séoul et Honolulu.
Les nombreux délégués venus à l’assemblée de Londres ont visité le British Museum. Entre autres choses, ils ont vu la chronique de Nabonide, qui permet de fixer à 539 avant notre ère la date de la chute de Babylone. Un foie en argile, utilisé dans la religion babylonienne en rapport avec l’art divinatoire, a également retenu leur attention. — Ézéch. 21:21.
Les congressistes qui se sont rendus dans les pays bibliques ont visité de nombreux sites mentionnés dans les Écritures. Les célèbres cèdres du Liban, les plaines de Moab et la vallée de Hinnom leur ont fait mieux apprécier la Parole de Dieu.
Lorsque les délégués sont arrivés en Extrême-Orient, ils ont constaté, là comme ailleurs, les effets de l’influence de la religion babylonienne. Au Wat Po de Bangkok, en Thaïlande, ils ont vu un emblème phallique devant lequel les femmes stériles prient dans l’espoir d’avoir des enfants. Les fresques murales du sanctuaire bouddhiste Wat Sakhet, également à Bangkok, représentent le nirvana et les tourments de l’enfer. Les similitudes qui existent entre l’enfer de Dante et ces représentations prouvent incontestablement l’origine commune des deux conceptions religieuses.
Ces aspects du faux culte ont donné plus de poids encore au discours “L’exécution du jugement divin sur la fausse religion”, qui a transporté les congressistes par la pensée dans l’ancienne Babel (Babylone). Lorsque Dieu a confondu le langage des bâtisseurs de la tour de Babel, ces derniers se sont dispersés dans d’autres pays, emportant avec eux leur religion impure qu’ils pratiquèrent alors en utilisant diverses langues ; c’est ainsi qu’un empire mondial de la fausse religion vit le jour. Comme cet empire a pris naissance à Babylone, le livre biblique de la Révélation (18:2) l’appelle “Babylone la Grande”. À la fin de ce discours stimulant, les congressistes ont reçu un nouveau livre en langue anglaise de 704 pages intitulé “Babylone la Grande est tombée !” Le Royaume de Dieu a commencé son règne ! Il s’agissait en fait de deux livres réunis en un seul ; la première partie décrit les relations entre le peuple de Jéhovah et l’antique Babylone, et la seconde comprend une analyse verset par verset des chapitres 14 à 22 du livre de la Révélation Rév 14-22.
DES FILMS AIDENT À FAIRE DES DISCIPLES
Quelques mois après l’assemblée, la Société a sorti un film qui incitait à la réflexion. Après la projection de ce film de deux heures intitulé “La proclamation de ‘la bonne nouvelle’ autour du monde”, on entendait des réflexions du genre de celles-ci : “Ce film est puissant”, “Il donne à réfléchir”, “Il est révélateur”, ou encore : “C’est renversant.” Ce film présente les assemblées de “La bonne nouvelle éternelle” organisées autour du monde en 1963, à l’occasion desquelles 580 509 personnes sont venues écouter la conférence publique intitulée “Quand Dieu sera Roi sur toute la terre”. Il ne s’agit toutefois pas d’une projection décrivant un voyage ; ce film montre plutôt comment une ville maintenant en ruines affecte encore la vie de millions de gens. De la Babylone antique sont sortis des symboles et des cérémonies qui ont influencé le mode de vie de presque tous les habitants de la terre, d’où la nécessité d’abandonner Babylone la Grande. Ce film donne également une idée de l’amour chaleureux manifesté par les chrétiens dans leurs assemblées. Les spectateurs se rendent ainsi compte qu’il existe une organisation à laquelle se rattacher une fois que l’on est sorti de Babylone la Grande. Par conséquent, les amis de la justice sont encouragés à quitter l’empire mondial de la fausse religion et à fréquenter les adorateurs de Jéhovah. — Rév. 18:4, 5.
En 1963, cela faisait déjà dix ans que la Société Watch Tower utilisait la technique moderne du cinéma pour faire des disciples. En effet, après l’assemblée internationale de 1953, elle avait sorti le film instructif “La Société du Monde Nouveau en action”. C’était son premier film depuis le “Photo-Drame”, créé quarante ans auparavant. Ce film d’une heure vingt minutes se révéla être un puissant instrument pour faire connaître aux spectateurs la remarquable organisation terrestre de Dieu, entre autres choses tout le travail accompli par la famille du Béthel de Brooklyn, l’activité déployée par les témoins de Jéhovah en général, leurs grands congrès et la façon harmonieuse et efficace dont la société du monde nouveau fonctionne. Frère Cantwell dit : “Ce fut un instrument remarquable pour aider les personnes bien disposées à se rendre compte de l’importance de l’organisation.”
Les films “Le bonheur de la société du Monde Nouveau” et “L’assemblée internationale des témoins de Jéhovah — La volonté divine” ont été montés et projetés par la Société après les grands congrès de 1955 et de 1958. Les serviteurs de Jéhovah se sont également servis du cinéma pour lutter contre la philosophie selon laquelle “Dieu est mort”. En 1966, la Société Watch Tower a sorti le film en couleurs parsemé de vues fixes “Dieu ne peut mentir”. Il affermissait la foi, prouvant que Dieu est vivant et qu’il accomplit son dessein à l’égard de l’homme et de la terre. Il aidait également les assistants à se faire une idée des principaux événements cités dans la Bible et à en connaître la signification pour notre temps. Un spectateur a fait ce commentaire après la projection : “J’ai apprécié ce film particulièrement parce qu’il prouve, au moyen d’événements historiques qui sont la réalisation de prophéties bibliques, que ‘Dieu ne peut mentir’. Par exemple, les ruines de différents sites de l’antiquité subsistent pour attester que Dieu n’a pas menti. En les voyant, j’ai acquis la ferme conviction que Dieu ne mentira pas à propos des événements qu’il a annoncés pour notre époque et pour les temps à venir.”
Le film “Héritage”, également produit par la Société Watch Tower en 1966, mettait l’accent sur les tentations subies par les jeunes gens aujourd’hui. Selon Angelo Manera junior, il montrait “les activités auxquelles se livrent les jeunes gens de la société du monde nouveau et la façon dont ils surmontent ces tentations pour se conduire en chrétiens”. Contrairement aux autres films produits par la Société, celui-ci était parlant, et de nombreuses chaînes de télévision l’ont inclus dans leur programme. Ainsi, des milliers de gens l’ont vu dans leur foyer. Le film “Héritage” a aussi été présenté dans les assemblées de circonscription et à l’occasion d’autres réunions publiques.
Depuis quelques années, les surveillants de circonscription présentent une projection de diapositives lorsqu’ils visitent les congrégations du peuple de Dieu. La première de ces projections eut lieu en septembre 1970 et avait pour thème “Une visite au siège mondial des témoins de Jéhovah”. Son but était de faire connaître l’organisation de Dieu en vue d’inciter les spectateurs à l’action. Une autre projection était intitulée “Examinons de plus près les Églises” ; elle montrait que les Églises de la chrétienté ne sont pas pour les personnes qui aiment la vérité et la justice. Ces diapositives suscitaient non seulement le désir de se retirer de l’empire mondial de la fausse religion, mais encore celui d’aider d’autres personnes à fuir de Babylone la Grande. Ce sont là quelques-unes des projections présentées par les surveillants de circonscription dans le but de répandre l’enseignement de la Bible.
DU NOUVEAU DANS LES ASSEMBLÉES DE DISTRICT
“Écoutez les paroles de Daniel pour notre époque.” Vous souvenez-vous de cette partie du programme des assemblées de district de 1966 dont le thème était “Fils de Dieu, fils de la liberté” ? Tandis que les assistants écoutaient attentivement le discours, les “voix” de Daniel, des trois fidèles Hébreux et même des anges se sont tout à coup fait entendre. Puis, il y a eu de la musique, et on a demandé pour la dernière fois aux trois Hébreux de se prosterner devant l’image d’or dressée par Nébucadnezzar dans la plaine de Dura. Mais ces hommes sont demeurés intègres et ont refusé de se prosterner, et Jéhovah les a délivrés. — Dan. Chap. 3.
C’était là une façon nouvelle d’enseigner la Bible. Les assistants étaient transportés dans l’antique Babylonie. Un frisson les a encore parcourus lorsqu’ils ont assisté à la représentation intitulée “L’endurance de Jérémie est nécessaire à notre époque”. Vraiment, les congressistes ont “vu” l’endurance de Jérémie ; par le truchement des acteurs en costume d’époque et au moyen d’effets sonores, ils ont vécu le drame de ce prophète hébreu de l’antiquité. Tous ont davantage pris conscience des épreuves endurées par Jérémie — lorsqu’il s’est tenu seul devant une foule déchaînée qui réclamait sa mort — et de sa fidélité. Cela ne soulignait-il pas l’importance pour les adorateurs de Jéhovah de se confier entièrement en leur Dieu ? Grâce à cette représentation, les assistants ont mieux compris la nécessité de persévérer dans le service de Dieu, même face à la mort.
Ainsi, l’année 1966 a inauguré une nouvelle méthode d’enseignement dans les assemblées du peuple de Dieu. Depuis cette date, les scènes bibliques qui ont été interprétées au fil des années ont marqué les grandes assemblées organisées par les témoins. La plupart du temps, ces représentations avaient été interprétées au préalable par les élèves de l’École de Galaad, à l’occasion de la remise des diplômes.
Parlant des bienfaits de ces programmes, James Filson dit : “Je pense que les représentations dramatiques nous ont beaucoup aidés à comprendre les leçons et les conseils renfermés dans les Écritures.” En fait, ces scènes bibliques ont incité certains chrétiens à confesser une faute et à demander de l’aide sur le plan spirituel. — Prov. 28:13 ; Jacq. 5:13-20.
LES TÉMOINS SOUTIENNENT EXCLUSIVEMENT LE ROYAUME DE DIEU
Les témoins chrétiens de Jéhovah ont promis fidélité au Royaume de Dieu et ils n’ont jamais manqué à leur promesse. Si vous le voulez bien, revenons vingt-cinq années en arrière, à la “Journée de l’attachement théocratique”, le 1er août 1950, lors de “L’assemblée pour l’accroissement de la théocratie”. Dans son discours intitulé “L’accroissement de son gouvernement”, frère Knorr a présenté de nombreuses preuves réfutant les accusations des chefs religieux qui prétendaient que les témoins de Jéhovah soutenaient le communisme. En fait, non seulement le gouvernement des États-Unis s’est refusé à les inscrire sur la liste des éléments subversifs et des sympathisants communistes, mais les écrits publiés par la Société Watch Tower depuis 1879 prouvent sans conteste que les serviteurs de Jéhovah sont contre le communisme. Frère Knorr a nettement montré que ce n’est pas le vrai christianisme, mais la chrétienté hypocrite qui prépare la voie au communisme athée et favorise son expansion. Après ce discours, le président de la Société a proposé l’adoption d’une résolution contre le communisme qui a été accueillie favorablement et avec enthousiasme par 84 950 congressistes.
Quelques années plus tard, de juin 1956 à février 1957, les témoins de Jéhovah ont tenu 199 assemblées, à l’occasion desquelles une pétition a été adoptée à l’unanimité par 462 936 personnes. Les responsables de chaque assemblée ont adressé cette réclamation écrite à Nikolaï Boulganine, alors premier ministre de la Russie soviétique. La pétition décrivait les mauvais traitements infligés aux témoins de Jéhovah en Russie et en Sibérie ; elle demandait que soient libérés les témoins emprisonnés, qu’on leur permette d’entretenir des rapports normaux avec leur collège central et de publier et d’importer des imprimés bibliques. La pétition décrivait ensuite l’œuvre de prédication du Royaume qu’effectuent les témoins et déclarait que ceux-ci n’avaient ni intérêt ni attache politique. Pour conclure, elle proposait une discussion entre certains représentants de la Société Watch Tower et ceux du gouvernement soviétique. Elle suggérait qu’une délégation de témoins de Jéhovah soit autorisée à se rendre à Moscou dans ce but et pour visiter les divers camps où des témoins étaient incarcérés.
Le 1er mars 1957, les sept directeurs de la Société Watch Tower ont signé en commun cette pétition et l’ont envoyée au gouvernement soviétique. Les communistes n’y ont jamais répondu et n’en ont même pas accusé réception. Néanmoins, les témoins de Jéhovah en Russie continuent de prêcher avec zèle la Parole de Dieu, car ils soutiennent le Royaume de Jéhovah et aucun autre gouvernement.
Mais les témoins de Jéhovah ne se sont pas contentés d’annoncer courageusement le Royaume de Dieu, ils ont aussi attiré l’attention sur l’échec du clergé de la chrétienté sous ce rapport. C’est pourquoi ils ont adopté une très importante résolution le vendredi 1er août 1958, à l’occasion de l’assemblée internationale de “La volonté divine”. Les congressistes avaient été invités à ne pas manquer la session de l’après-midi, si bien que 194 418 y étaient présents. Ils ont écouté attentivement le discours intitulé “Pourquoi cette assemblée a adopté une résolution”, prononcé par frère Franz, vice-président de la Société. Frère Knorr a pris ensuite la parole pour présenter avec enthousiasme une résolution qui condamnait le clergé de la chrétienté comme étant la classe la plus répréhensible de la terre. Cette résolution réaffirmait également les principes théocratiques du peuple de Jéhovah, proclamant sans honte que le Royaume de Dieu et de Christ est le seul moyen de salut et que les témoins sont déterminés à prêcher sans relâche ce Royaume dans l’amour, la paix et l’unité, jusqu’à ce que Jéhovah mette fin à l’œuvre de témoignage à Har-Maguédon. Frère Knorr proposa que la résolution soit adoptée intégralement ; on appuya sa motion et, lorsqu’il posa la question au vaste auditoire, tous crièrent Oui ! unanimement.
Cette résolution a paru sous la forme d’un tract qui a été diffusé en 72 348 403 exemplaires et en 53 langues durant le mois de décembre 1958. Elle a également été reproduite dans La Tour de Garde du 1er novembre 1958 (édition française du 1er décembre 1958).
Les résultats ont-ils été positifs ? Certainement ; par exemple, Peter D’Mura écrit : “Au printemps de 1959, j’ai rencontré un jeune homme qui a accepté la vérité grâce à la résolution. Il s’est voué à Dieu et a entrepris par la suite le service de pionnier.” James Woodworth dit : “Quelques-uns de ceux qui sont aujourd’hui des témoins de Jéhovah baptisés et actifs au sein des congrégations de Cleveland, dans l’Ohio, ont fait leurs premiers pas hors de Babylone la Grande après avoir lu cette résolution et accepté d’étudier la Bible.” — Rév. 18:4.
En 1963, à l’occasion de la chaîne d’assemblées “La bonne nouvelle éternelle” organisées autour du monde, les serviteurs de Jéhovah ont eu une excellente occasion de montrer qu’ils soutiennent exclusivement le Royaume de Dieu. Ils ont adopté avec enthousiasme une résolution par laquelle ils reconnaissaient Jéhovah comme le Souverain éternel de l’univers et refusaient de rendre un culte idolâtrique à l’image politique constituée par l’Organisation des Nations unies. Ils entendaient ainsi se conduire différemment des nations qui se laissent rassembler par les esprits méchants invisibles en vue d’Har-Maguédon (Rév. 13:11-18 ; 16:14, 16). En outre, grâce à l’aide des anges conduits par Christ, de l’esprit et de la Parole de Dieu, les témoins de Jéhovah sont résolus à proclamer partout “la bonne nouvelle éternelle” relative au Royaume messianique et aux jugements de Dieu (Rév. 14:6). Après avoir été adoptée par les 454 977 personnes qui ont assisté aux assemblées de “La bonne nouvelle éternelle” organisées autour du monde, cette résolution a été présentée et accueillie favorablement lors d’assemblées nationales. Elle a aussi été publiée dans La Tour de Garde du 15 novembre 1963 (édition française du 15 mars 1964), diffusée à l’époque en 66 langues.
Le discours d’introduction intitulé “Pourquoi il convient que nous adoptions tous une résolution” rappelait les sept fléaux mentionnés au chapitre seize du livre de la Révélation Rév 16. Cette résolution renfermait donc les messages de jugement proclamés au moyen des sept résolutions prises successivement par le peuple de Dieu de 1922 à 1928. Ainsi, grâce à cette résolution qui résumait toutes les autres, des centaines de milliers de personnes qui n’avaient pas adopté les précédentes ont déclaré publiquement qu’elles approuvaient et soutenaient l’action engagée par Jéhovah, à savoir répandre les plaies prophétiquement annoncées dans le chapitre seize de la Révélation. Cette fois encore, les serviteurs de Jéhovah ont montré on ne peut plus nettement qu’ils servent exclusivement le Royaume de Dieu.
Lors des assemblées “Paix sur la terre” organisées en 1969, le discours intitulé “Ultimes malheurs pour les ennemis qui s’opposent à la paix avec Dieu” a fait allusion aux sonneries de trompettes mentionnées dans le livre de la Révélation (chapitres 8 à 10). À la suite de ce discours, une puissante Déclaration a été proposée à l’auditoire. Elle montrait avec force que la paix avec le Créateur ne se fera que par le moyen de son Royaume messianique. En adoptant cette résolution, les témoins de Jéhovah affirmaient que Dieu a condamné la chrétienté ; ils proclamaient leur neutralité absolue vis-à-vis de toutes les controverses politiques et leur entière confiance dans le Royaume de Dieu, et ils faisaient savoir qu’ils ne cesseraient pas de prêcher ce Royaume à toutes les nations avant que vienne la fin.
Au cours des assemblées internationales “La victoire divine”, organisées dans le monde entier de la fin juin 1973 à janvier 1974, les témoins de Jéhovah ont également montré leur fidélité au Royaume de Dieu. Le discours intitulé “Des richesses acquises pour le nouveau Roi de la terre” (Luc 19:11-27) a fait la lumière sur la parabole énigmatique des mines ; puis l’orateur a proposé une Déclaration et une Résolution qui ont été acceptées à l’unanimité par les congressistes. Entre autres choses, cette Déclaration soulignait que les 2 520 années des temps des Gentils ont commencé en 607 avant notre ère lors de la désolation de la Jérusalem terrestre, et qu’elles ont trouvé leur accomplissement total sur la “Jérusalem céleste” où Jésus a été intronisé Roi messianique en 1914 (Héb. 12:22). Elle montrait aussi que le monde des hommes doit encore être averti de l’imminence de la “grande tribulation”. (Mat. 24:21.) Quant aux témoins de Jéhovah, ils ont pris la résolution de garder confiance dans la victoire divine, de faire retentir cet avertissement et de proclamer le Royaume messianique de Dieu, le seul remède à tous les maux de l’humanité en détresse.
Ainsi, il est bien établi que les serviteurs de Jéhovah soutiennent exclusivement le Royaume de Dieu. C’est la bonne nouvelle de ce Royaume qu’ils prêchent dans le monde entier. À maintes reprises ils ont renouvelé leur vœu de fidélité au Royaume messianique de Dieu, et ils ne cesseront de le faire d’un bout à l’autre de la terre.
DE LA NOURRITURE SPIRITUELLE EN TEMPS VOULU
Qu’est-ce qui a permis aux témoins de Jéhovah de demeurer fermement attachés au Royaume de Dieu ? Comment ont-ils fait pour ‘tenir ferme dans la foi’ alors que d’autres perdaient cette confiance (I Cor. 16:13) ? C’est grâce à la nourriture spirituelle gracieusement dispensée par Jéhovah Dieu en temps voulu au moyen de la classe de “l’esclave fidèle et avisé”. — Mat. 24:45-47.
Tenez, revenons aux années 60, par exemple. À ce moment-là, il a soufflé sur les États-Unis un vent de réformes sur les plans religieux et social. Un nombre croissant d’ecclésiastiques ont émis l’idée que certaines parties de la Bible ne sont que des mythes ; ils ont également prétendu que son code moral est tombé en désuétude. Et pour combler la mesure, il en est qui sont allés jusqu’à dire que “Dieu est mort”.
Au fil des années 60, des facteurs sociaux, psychologiques, politiques et économiques ont provoqué l’agitation raciale et même la violence. Par exemple, au cours de ce que l’on a appelé “l’été long et chaud” de 1964, trois défenseurs des droits civiques ont été assassinés dans le Mississippi et des troubles ont ébranlé le Sud. Les villes du Nord n’ont pas davantage été épargnées ; certaines ont été secouées par des émeutes. Rien qu’à Los Angeles, les combats, les saccages et les incendies dus aux émeutes des 11 au 16 août 1965 ont provoqué la mort de 35 personnes et causé des dommages estimés à 200 000 000 de dollars.
Au sein de cette tempête religieuse et sociale, les témoins de Jéhovah des États-Unis et d’autres pays ont gardé confiance en Jéhovah et observé fidèlement sa Parole. En retour, celui-ci les a convenablement guidés. Par exemple, les discours “Soyez ‘soumis’ — mais à qui ?” et “Pourquoi se soumettre aux ‘autorités supérieures’ ?”, présentés aux assemblées de district de 1962 qui avaient pour thème “Les ministres courageux”, leur ont été très profitables. Quelques mois plus tard, des renseignements vitaux ont été publiés dans La Tour de Garde des 1er et 15 novembre et du 1er décembre (éditions françaises du 15 février et des 1er et 15 mars 1963).
Il fut clairement expliqué que les “autorités supérieures” mentionnées dans Romains chapitre 13 sont les gouvernements qui occupent actuellement une position de responsabilité avec la permission de Jéhovah. Tous les serviteurs de Dieu ont donc été encouragés à se soumettre d’une manière relative aux autorités supérieures ou gouvernements terrestres et à observer leurs lois, aussi longtemps qu’elles ne sont pas en contradiction avec celles de Dieu. — Rom. 13:1-7 ; Actes 5:29.
Frère Reusch exprime sa pensée à ce sujet en ces termes : “Avec quelle sagesse Jéhovah nous a guidés dans nos relations avec les chefs politiques du monde ! Qui de nous pouvait prévoir qu’en 1964 les droits civiques seraient bafoués, que des émeutes éclateraient et que la désobéissance se manifesterait sous toutes ses formes, violentes ou non ? (...) Nous aurions très bien pu tenir le même raisonnement que les membres du clergé qui ont participé aux manifestations, élevé des protestations et appuyé les revendications sociales de l’époque. Mais juste au bon moment, aux assemblées de l’été 1962, nous avons reçu ‘la nourriture en temps voulu’. [Mat. 24:45.] (...) La question de la soumission relative a été éclaircie et nous avons ainsi pu préserver nos relations avec Jéhovah et avec les autorités politiques qu’il tolérera jusqu’à ce que le Royaume du Christ les chasse de leur position.”
Sans aucun doute, Jéhovah a pourvu à une nourriture spirituelle abondante. La Société Watch Tower n’a-t-elle pas publié de nombreux livres au cours des dernières années ? Par exemple, en 1958 est sorti le livre “Que ta volonté soit faite sur la terre”, qui expliquait la prophétie de Daniel. Les livres “Alors sera consommé le mystère de Dieu” et “Babylone la Grande est tombée !” Le Royaume de Dieu a commencé son règne ! analysent verset par verset la Révélation donnée à Jean. Quant à la prophétie d’Ézéchiel, elle est éclaircie grâce au livre “Les nations sauront que je suis Jéhovah” — Comment ? paru en 1971 (édition anglaise). Dans le livre “Le paradis rétabli parmi les hommes — par la Théocratie” (angl.) les prophéties d’Aggée et de Zacharie relatives à la restauration sont examinées à la lumière des connaissances acquises au vingtième siècle.
Les enfants ont également eu leur part de bienfaits spirituels. En 1958, le livre Du paradis perdu au paradis reconquis a été publié ; il a été rédigé dans un langage simple et contient de nombreuses illustrations. Paru en 1972 (édition anglaise), le manuel de 192 pages intitulé Écoutez le grand Enseignant s’est révélé utile pour consolider les liens entre les générations. Par ailleurs, le texte de ce livre est simple et les illustrations appropriées, si bien que les enfants se rendent compte qu’il a été conçu pour eux, pour qu’ils le lisent avec leurs parents.
ON SOULIGNE L’IMPORTANCE DE FAIRE DES DISCIPLES
Les serviteurs de Jéhovah disposent de certains livres pour les aider à prêcher la bonne nouvelle et à faire des disciples, tâche que Dieu leur a confiée (Mat. 24:14 ; 28:19, 20). Par exemple, le livre “Que Dieu soit reconnu pour vrai !”, paru en 1946 (édition anglaise), expose les doctrines bibliques fondamentales, tandis que “C’est ici la vie éternelle”, paru en 1950 (édition anglaise), développe des sujets bibliques plus profonds et décrit le mode de vie chrétien. Enfin, le livre de 416 pages intitulé “Choses dans lesquelles il est impossible à Dieu de mentir”, publié en 1965 (en anglais), est un manuel biblique de base très utile pour les proclamateurs du Royaume.
Les serviteurs de Jéhovah reçoivent les instructions nécessaires pour effectuer leur œuvre de prédication et faire des disciples. Se souvenant des assemblées de district de 1967, frère Barber parle de ce qui a été pour lui une “nouveauté”. Il dit : “L’organisation de Jéhovah nous apporte sans cesse des joies nouvelles. Cette fois, il s’agissait d’une campagne à l’aide d’un livre de petit format intitulé ‘L’homme est-il le produit de l’évolution ou de la création ?’ (...). La lecture des tout premiers paragraphes nous a convaincus que les personnes réfléchies apprécieraient ce manuel.”
Les proclamateurs du Royaume ont placé des millions de livres ‘Évolution’ dans le service du champ. En mai 1968, ils ont déployé des efforts spéciaux pour en remettre un exemplaire aux membres du corps enseignant. D’excellents résultats ont ainsi été obtenus. Marie Gibbard dit : “Un professeur de White Plains, New York, est aujourd’hui un témoin baptisé parce que l’un de ses élèves, âgé de douze ans, lui a remis un exemplaire du livre ‘Évolution’ et l’a fait visiter.”
UN INSTRUMENT POUR DONNER UN NOUVEL ESSOR À L’ŒUVRE
En 1968, La Tour de Garde annonçait ce qui suit à propos des assemblées de district “La ‘bonne nouvelle’ pour toutes les nations” : “Une surprise vous attend vendredi ; sans aucun doute celle-ci vous réjouira, car elle aura une portée considérable sur l’activité que nous déploierons dans les années à venir.”
Les serviteurs de Jéhovah attendaient donc avec impatience. Quelle était cette surprise ? Il s’agissait d’un nouveau manuel de 192 pages intitulé La vérité qui conduit à la vie éternelle, qui fut présenté après le discours “La ‘bonne nouvelle’ d’un monde qui pratique le culte pur”. Avec quelle joie les congressistes ont accueilli ce nouvel instrument ! Voici quelques titres de chapitres : “Qui est Dieu ?”, “Où sont les morts ?”, “Pourquoi Dieu a-t-il permis le mal jusqu’à nos jours ?”, “Les derniers jours du présent système de choses mauvais”, “Comment s’assurer une vie de famille heureuse” et “Le vrai culte est un mode de vie”. Celui qui étudie ce livre se sent concerné.
Mais ce n’était pas tout ! Le livre Vérité allait servir de manuel de base dans un programme d’étude de la Bible en six mois. Lorsque l’étudiant a achevé l’examen de ce livre dont l’enseignement le concerne directement, il prend généralement position, soit pour, soit contre la vérité. Ainsi, les témoins de Jéhovah n’étudient plus la Parole de Dieu pendant des années avec des gens qui ne font pas de progrès spirituels évidents, en ne mettant pas en pratique ce qu’ils apprennent.
UNE DISPOSITION OPPORTUNE
De 1960 à 1965, la moyenne annuelle des baptêmes s’élevait à 60 000 environ. Mais en 1966, il n’y en a eu que 58 904. L’œuvre se ralentissait-elle donc ? Les faits ont prouvé le contraire.
Durant l’année de service 1967, il y a eu 74 981 nouveaux baptisés. Ce chiffre de pointe donna un regain d’optimisme aux témoins. Puis, en 1968 parut le livre Vérité et le programme d’étude biblique en six mois fut inauguré. Edgar Kennedy fait ce commentaire : “Beaucoup ont établi un rapprochement avec ce qui avait été annoncé deux années auparavant, à savoir que les 6 000 ans [de l’existence de l’homme sur la terre] prendraient fin en 1975.” Frère Barber exprime sensiblement la même pensée lorsqu’il parle du “peu de temps qui reste, de notre époque critique et de 1968 comme d’une date marquante”, puis il ajoute : “Partout les frères se sont sentis stimulés et ont adopté cette méthode ‘plus facile’ pour répandre la bonne nouvelle avec hardiesse. Depuis lors, le nombre des proclamateurs n’a cessé de s’accroître sur toute la terre. Les auditeurs se sont transformés en pratiquants de l’œuvre. (...) Sans conteste, c’est Jéhovah qui a produit cet instrument petit mais puissant pour faire des disciples.”
Le livre La vérité qui conduit à la vie éternelle a été très largement diffusé. Savez-vous qu’il paraît maintenant en 91 langues ? De plus, depuis sa parution en langue anglaise il y a six ans, il a été imprimé en 74 000 000 d’exemplaires. Ce manuel pour l’étude de la Bible a aidé des centaines de milliers de personnes à acquérir une connaissance exacte des Écritures et à ‘se cramponner à la parole de vie’. (Phil. 2:16.) Évidemment, les témoins de Jéhovah étudient la Bible au moyen de manuels autres que le livre Vérité, toutefois la majorité des 1 351 404 études bibliques conduites dans le monde entier ont pour base cet ouvrage remarquable.
UN FLOT DE PUBLICATIONS QUI ANNONCENT LE ROYAUME DE DIEU
Aujourd’hui, la bonne nouvelle du Royaume messianique se répand sur toute la terre grâce à la prédication et au flot de publications qui annoncent le Royaume. Prenons La Tour de Garde pour exemple. Autrefois appelée le “Phare de la Tour de Sion”, son premier numéro (juillet 1879) tira à 6 000 exemplaires seulement. Aujourd’hui, en 1975, nous en imprimons en moyenne chaque mois 8 700 000 exemplaires en 79 langues.
Depuis 1879, La Tour de Garde a changé de nom et de format. À l’origine, elle s’appelait le “Phare de la Tour de Sion, Messager de la présence de Christ” ; mais aujourd’hui, on peut lire sur la page de couverture : La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah. C’est avec le numéro du 1er janvier 1939 qu’on a mis en couleur la couverture. À cette époque-là, le format du périodique était plus grand et ses pages moins nombreuses que maintenant. Avec le numéro du 15 août 1950, paru à l’Assemblée pour l’accroissement de la Théocratie, la couverture a changé, le nombre de pages est passé de 16 à 32 et des illustrations en couleurs ont émaillé le texte. La Tour de Garde a-t-elle contribué à l’accroissement de la théocratie ? Sans aucun doute ! Savez-vous que de 1942 à 1974 on en a publié 2 836 041 443 exemplaires ?
Le périodique Réveillez-vous !, qui est souvent présenté avec La Tour de Garde, a succédé à L’Âge d’Or et à Consolation. Dès le premier numéro, paru le 22 août 1946, Réveillez-vous ! a mis en évidence l’espérance certaine de l’ordre nouveau et juste que Dieu établira dans notre génération. Ainsi, il est l’un des nombreux imprimés qui annoncent le Royaume. De 1942 à 1974, 2 600 751 501 exemplaires de Réveillez-vous ! (et de Consolation) ont été imprimés !
Mais n’oublions pas tous les livres qui font connaître le Royaume de Jéhovah, y compris celui qui est paru en 1973 sous le titre Le Royaume millénaire de Dieu s’est approché. Vous serez certainement surpris d’apprendre que de 1943 à 1974, 352 513 470 livres ont été imprimés au siège de la Société Watchtower et dans ses autres imprimeries du monde entier.
EXPANSION DE L’IMPRIMERIE
La production de ces nombreux imprimés bibliques a obligé la Société Watch Tower à agrandir sans cesse son imprimerie de Brooklyn et aussi celles des autres pays. C’est en 1927 qu’elle a pris possession du nouveau bâtiment ignifugé en béton armé situé au 117 Adams Street à Brooklyn. D’une superficie de 900 mètres carrés, il semblait très spacieux ; toutefois, en raison de l’expansion de la prédication et de l’œuvre consistant à faire des disciples, il a fallu agrandir la surface de travail.
Le 8 août 1946, à l’occasion de l’Assemblée théocratique des nations joyeuses, frère Knorr a informé les congressistes que la Société allait agrandir l’imprimerie et le Béthel de Brooklyn. On acheta donc la propriété attenante au premier bâtiment que l’on démolit après l’avoir fait évacuer. Les travaux de terrassement commencèrent le 6 décembre 1948 et la construction proprement dite en janvier 1949. Une fois terminé, ce bâtiment en béton de 8 étages est venu s’ajouter à l’ancien, doublant ainsi la surface de travail. En 1950, l’imprimerie de la Société située au 117 Adams Street occupait tout un pâté de maisons.
En 1954, la Société Watch Tower acheva la construction d’un nouveau bâtiment situé au 4100 Bigelow Boulevard à Pittsburgh, en Pennsylvanie. À ce propos Grant Suiter dit : “Ce bâtiment abrite non seulement les bureaux du siège social et une Salle du Royaume utilisée par plusieurs congrégations, mais c’est également là que se tiennent les réunions générales annuelles de la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania.” Une École du ministère du Royaume a également fonctionné dans ces locaux pendant plusieurs années, jusqu’au 4 mai 1974.
Vers le milieu des années 50, l’œuvre de prédication du Royaume s’intensifia à un rythme accéléré. En 1944, la Société avait imprimé 17 897 998 exemplaires de La Tour de Garde et de Consolation (aujourd’hui Réveillez-vous !), mais en 1954, 57 396 810 périodiques sont sortis de ses presses. Il était donc indispensable d’agrandir les locaux de Brooklyn. Ainsi, au printemps de 1955, on commença les travaux de terrassement d’une nouvelle imprimerie de douze étages qui fut achevée en 1956. Situé au 77 Sands Street, “Le bâtiment de la Watchtower”, comme on l’appelait alors, occupe une superficie de 17 800 mètres carrés. Il est donc plus vaste que l’immeuble du 117 Adams Street, auquel il est relié par une passerelle. En 1958, la Société a acheté un autre immeuble contigu de huit étages, qui sert presque uniquement d’entrepôt.
Vers le milieu des années 60, il y avait plus d’un million de proclamateurs du Royaume dans le monde. L’imprimerie s’est de nouveau révélée trop petite. En 1966 on commença donc la construction d’une autre imprimerie contiguë de dix étages, couvrant une superficie de 20 000 mètres carrés. Elle fut inaugurée le 31 janvier 1968. Ainsi, les bâtiments qui abritent l’imprimerie de Brooklyn occupent à eux seuls quatre pâtés de maisons.
Vers la fin de 1969, l’expansion prit des proportions gigantesques. Le 25 novembre 1969, la Watchtower Bible and Tract Society of New York fit l’acquisition du groupe de dix bâtiments appartenant à la Société de produits pharmaceutiques Squibb de Brooklyn, ajoutant ainsi 60 000 mètres carrés de surface disponible à ce qu’elle possédait déjà. Il y a des années de cela, frère Barber a suivi la construction des bâtiments Squibb. L’organisation de Jéhovah s’était portée acquéreur de ce terrain, mais c’est la Société Squibb qui a enlevé l’affaire. Frère Barber ajoute : “Squibb a également rencontré de nombreuses difficultés pour asseoir les fondations de la construction, car le terrain est très sableux en cet endroit. (...) Finalement, un bel ensemble de dix bâtiments a été construit ; j’aurais aimé que la Société Watchtower en soit propriétaire. Et voilà que mon vœu a été exaucé !”
LE BÉTHEL S’ÉLARGIT AU MÊME RYTHME QUE L’IMPRIMERIE
À mesure que s’étendait l’imprimerie de Brooklyn, le Béthel s’élargissait. En 1950, un immeuble de onze étages venait s’ajouter à l’ancien. Toutefois, le personnel employé au Béthel ne cessait d’augmenter ; le 8 décembre 1958 on commença donc à démolir des vieux immeubles qui occupaient l’emplacement de la future annexe du Béthel rue Columbia Heights. Les travaux de construction débutèrent en 1959 et bientôt un immeuble de onze étages s’élevait. L’inauguration eut lieu le lundi soir 10 octobre 1960 dans la magnifique Salle du Royaume de ce nouveau bâtiment. Les membres de la famille du Béthel et les frères qui avaient travaillé à la construction y assistèrent, ce qui représentait au total 630 personnes. Le personnel travaillant au siège de l’organisation était passé de 355 en 1950 à 607 en 1960.
En 1965, le quartier de Brooklyn Heights où se trouve l’immeuble qui abrite le Béthel fut classé “historique”. Bien que la Société ait eu l’intention d’ériger un autre immeuble de onze étages, elle coopéra avec la Commission d’urbanisme et se conforma aux instructions reçues. On démolit trois vieux immeubles à l’exception de leur façade qui fut conservée, et on bâtit derrière un immeuble de six étages. Le nouvel immeuble du 119 Columbia Heights fut inauguré le 2 mai 1969. Les témoins de Jéhovah sont également propriétaires d’un grand bâtiment attenant à celui du 119 dont la plus grande partie abrite des frères qui travaillent au siège de l’organisation. Soit dit en passant, à la fin de l’année de service 1970, la famille du Béthel (comprenant ceux qui travaillent régulièrement et temporairement à Brooklyn et dans les fermes de la Société) comptait 1 449 membres. Ajoutons à cela soixante-dix élèves de l’École de Galaad et nous aurons un total de 1 519 personnes. Afin de loger tout le monde, la Société a loué trois étages de l’hôtel Towers, à proximité.
L’EXPANSION SE POURSUIT
Mais nous n’allions pas nous arrêter en si bon chemin ! Grant Suiter rapporte : “En 1964, la Société a envisagé de mettre en vente une partie des terrains attenants à la ferme du Royaume, y compris les bâtiments dans lesquels fonctionnait autrefois l’École de Galaad [près de South Lansing, dans l’État de New York].” Quelques années plus tard, la vente a été réalisée. L’exploitation agricole a donc été réduite d’autant.
Entre-temps, le comité directeur de la Watchtower Bible and Tract Society of New York a acheté des terres du côté de Pine Bush, dans l’État de New York. La ferme de la Watchtower, comme on l’appelle, a été achetée en 1963 ; elle couvrait une superficie de 328 hectares. En 1968, on a achevé la construction d’un bel immeuble sur le terrain de cette ferme, et des dépendances ont également été bâties. Puis la Société a fait l’acquisition d’une autre ferme située dans les environs. Aujourd’hui, les deux fermes de la Watchtower couvrent une superficie de 687 hectares.
Les fermes fournissent des légumes, des fruits, de la viande et des produits laitiers pour le personnel qui travaille au siège de l’organisation. Sur le terrain de la ferme No 1, on a également construit deux imprimeries. La première comprend quatre presses rotatives, chacune d’elles pouvant imprimer 12 500 périodiques à l’heure. Dans la seconde, il y a suffisamment de place pour installer quatorze presses rotatives ainsi que beaucoup d’autres machines, et pour entreposer du papier. Actuellement, six presses fonctionnent, ce qui fait au total dix presses pour les deux imprimeries. Lorsque ces bâtiments seront entièrement achevés, ils couvriront une surface de 37 000 mètres carrés. En octobre 1974, 460 personnes étaient employées régulièrement et temporairement dans les fermes de la Watchtower.
Mais la Société Watch Tower a également agrandi les autres imprimeries qu’elle possède un peu partout dans le monde : en Afrique du Sud, en Allemagne, en Angleterre, en Australie, au Brésil, au Canada, en Finlande, en France, au Ghana, au Japon, au Nigeria, aux Philippines, en Suède et en Suisse. En fait, les témoins de Jéhovah possèdent trente-sept imprimeries dans le monde. De 1955 jusqu’à maintenant, ils n’ont cessé d’augmenter le nombre de leurs presses rotatives qui est passé de 9 à 64. Sans aucun doute, nos imprimeries peuvent faire face à la demande croissante d’imprimés bibliques.
Pourquoi ce programme d’expansion mondial ? Parce que les témoins qui sont à la tête de l’organisation de Jéhovah désirent aider leurs semblables à connaître les Écritures. Est-ce aussi votre objectif ? Certainement, puisque vous êtes témoin de Jéhovah. Tout le personnel du siège de l’organisation est également animé de ce désir ; cela explique pourquoi il travaille sérieusement à la production d’imprimés bibliques. Grâce aux efforts de ces hommes courageux, les imprimeries des États-Unis ont produit à elles seules 268 509 382 périodiques La Tour de Garde et Réveillez-vous !, 13 874 957 brochures, 45 189 920 livres et Bibles et 261 387 772 tracts.
À qui faut-il attribuer cette expansion théocratique ? Elle n’est pas due aux efforts de simples hommes. C’est Jéhovah Dieu qui fait croître. C’est lui qui a béni les efforts que son peuple déploie dans la prédication de la bonne nouvelle du Royaume. — I Cor. 3:5-7.
UN SIÈCLE DE DIRECTION DIVINE
Il y a plus d’un siècle, en 1870, Charles Russell et quelques autres ont commencé à se réunir pour étudier diligemment et dans la prière les Écritures. Depuis lors, Jéhovah a toujours guidé et éclairé ses serviteurs. Edith Brenisen, qui est octogénaire maintenant, fréquente l’organisation de Jéhovah depuis de nombreuses années ; pourtant l’assemblée de district “Les hommes de bonne volonté”, à laquelle elle a assisté en 1970, l’a profondément émue. Sœur Brenisen écrit à ce sujet : “En voyant la grande foule réunie au Fenway Park de Boston, à l’occasion de l’assemblée de district de 1970, j’ai pensé au congrès d’une journée organisé en 1902 à Park Square, également à Boston. Nous n’étions guère plus d’une poignée au discours de frère Russell. À propos, c’est là que j’ai fait la connaissance de frère Macmillan. Et voilà que soixante-huit ans après j’étais de nouveau à Boston, au milieu d’une grande foule de témoins ; il n’y a pas de mots pour décrire ce que j’ai alors ressenti. Comme au temps où nous n’étions que quelques-uns, notre cœur était rempli d’esprit saint, de zèle et d’amour pour Jéhovah.”
Cette année-là, le président de l’assemblée prononça le discours “Un siècle de direction divine”. Margaret Green s’est alors souvenue de “ce qui avait été écrit au sujet de l’organisation dans les années 1870 ; partant d’une poignée d’hommes, en cent ans elle avait connu un accroissement incroyable”. — Voir Zacharie 4:10.
NOUS NOUS SOUMETTONS À LA DIRECTION DIVINE
Les serviteurs de Jéhovah sont déterminés à toujours se soumettre à la direction divine. Ils le montrèrent en 1971 lors des assemblées de district “Le nom divin”, qui durèrent cinq jours. Celles-ci exaltaient le nom de Jéhovah et soulignaient l’importance d’obéir aux principes divins représentés par ce nom. Entre autres choses, il a été dit que certains changements seraient apportés au sein de la congrégation chrétienne des temps modernes, afin qu’elle soit plus conforme encore au modèle théocratique.
Toutefois, avant de considérer ces modifications proposées aux assemblées de 1971, nous ferons un retour d’une trentaine d’années en arrière. Quel fait important se produisit vers la fin des années 30 et au début des années 40?
“LA THÉOCRATIE EST D’UN ÂGE AVANCÉ”
Les journées du 30 septembre au 2 octobre 1944 ont été très importantes pour le peuple de Dieu. Des milliers de personnes s’étaient réunies à Pittsburgh, en Pennsylvanie, à l’occasion du Congrès théocratique des témoins de Jéhovah et de la réunion annuelle de la Watch Tower Bible and Tract Society. Les discours suivants ont retenu leur attention : “Organisés théocratiquement pour l’œuvre finale” par frère Sullivan, “L’organisation théocratique en fonction” par frère Franz et “L’ordre théocratique à notre époque” par frère Knorr. Le thème de ces discours soulignait l’importance des décisions qui allaient être prises à la réunion annuelle du lundi 2 octobre 1944, à laquelle des milliers de congressistes ont tenu à assister.
Frère Pelle dit : “Ce jour-là, j’ai bavardé pour la dernière fois avec frère Van Amburgh. En me voyant il fit cette remarque : ‘Frère Pelle, la Théocratie est d’un âge avancé.’” Pourquoi le secrétaire-trésorier de la Société, un homme âgé, s’exprimait-il ainsi ? En raison de ce qui allait se passer lors de cette réunion.
Fait d’une importance capitale, on allait adopter six résolutions proposant des amendements à la charte de la Société Watch Tower. La première résolution proposait l’élargissement des buts de la Société pour qu’elle puisse accomplir convenablement l’immense œuvre mondiale qui restait à effectuer. Cet amendement introduisit aussi le nom divin “Jéhovah” dans les statuts. L’amendement numéro trois annula l’article des statuts originaux selon lesquels la qualité de membre de la Société dépendait des contributions pécuniaires que ce membre lui faisait. Désormais, le nombre maximum de ses membres serait limité à 500 hommes, tous choisis en fonction de leur activité dans le service de Dieu. Dans son rapport, La Tour de Garde anglaise du 1er novembre 1944 déclara : “Cet amendement aura pour conséquence de conformer les statuts à l’organisation théocratique aussi étroitement que le permet la loi du pays.” Les six amendements (aux articles 2, 3, 5, 7, 8 et 10) présentés sous la forme de résolutions furent tous acceptés.
Bien que le peuple de Jéhovah n’en fût pas conscient à l’époque, ces changements apportés en 1944 avaient une signification sur le plan biblique. La prophétie de Daniel avait annoncé que pendant 2 300 “soirs et matins” ou jours, la ‘petite corne’ symbolique (la Puissance anglo-américaine) piétinerait le “lieu saint” théocratique de Jéhovah, représenté par les disciples oints de Jésus sur la terre (Dan. 8:9-14). Cette prophétie se réalisa durant la Seconde Guerre mondiale.
Au commencement des 2 300 jours annoncés, La Tour de Garde des 1er et 15 juin 1938 (éditions françaises des 1er et 15 août 1938) publia un article en deux parties intitulé “Organisation”. La première partie disait : “L’organisation de Jéhovah n’est nullement démocratique. Jéhovah est le Très-Haut, et son gouvernement, son organisation est absolument théocratique.” La deuxième partie présentait une résolution proposant que tous les serviteurs, sans exception, soient nommés théocratiquement. Toutes les congrégations de témoins de Jéhovah adoptèrent cette résolution.
Comptés à partir du 1er juin 1938, les 2 300 jours devaient s’achever le 8 octobre 1944 ; ou, si nous prenons la date du 15 juin 1938 comme point de départ, ils se terminent le 22 octobre 1944. Au terme de cette période, l’accent a de nouveau été mis sur l’organisation théocratique tant dans les discours qu’au congrès et à la réunion annuelle qui s’est tenue du 30 septembre au 2 octobre 1944 à Pittsburgh, ainsi que dans les articles sur l’organisation théocratique publiés dans La Tour de Garde du 15 octobre et du 1er novembre 1944 (éditions françaises de novembre 1945) et intitulés “Organisés pour l’œuvre finale”, “L’organisation théocratique en fonction” et “L’organisation théocratique à notre époque”. Ainsi, à la fin de cette période d’épreuve qui dura 2 300 jours, les serviteurs de Dieu se sont montrés plus attachés que jamais au gouvernement théocratique de Jéhovah confié au Christ. Conformément à la prophétie, le “lieu saint” avait été “établi dans sa vraie condition”. — Dan. 8:14 ; wF 1/4/72, p. 199-216.
STRUCTURE APOSTOLIQUE DES CONGRÉGATIONS
Revenons à présent aux assemblées de district “Le nom divin”, tenues en 1971. Les parties du programme qui traitaient du gouvernement des congrégations des premiers chrétiens étaient particulièrement importantes.
Peu de temps auparavant, le collège central des témoins de Jéhovah avait étudié dans la Bible la structure apostolique des congrégations. Ces recherches avaient révélé le besoin d’apporter des modifications à l’organisation moderne. Depuis des années, un seul chrétien mûr avait été serviteur de congrégation ou surveillant-président, assisté de plusieurs “serviteurs” désignés à cet effet. En revanche, la méthode apostolique est que chaque congrégation soit gouvernée par un collège d’aînés (Actes 20:17-28 ; I Tim. 4:14). D’autre part, au premier siècle de notre ère, il y avait apparemment une rotation des charges parmi le collège des aînés de chaque congrégation. C’est pourquoi il a été décidé que là où il y a plus d’un aîné dans une congrégation, il convient que le président du collège des aînés change chaque année.
LE CHOIX DES AÎNÉS ET DES SERVITEURS MINISTÉRIELS
Le collège central des témoins de Jéhovah envoya à chaque congrégation une lettre d’instructions au sujet du choix des membres du “collège des aînés” et des serviteurs ministériels. D’après cette lettre, datée du 1er décembre 1971, tous les hommes baptisés âgés d’au moins vingt ans pouvaient être pris en considération pour ces charges (voir Esdras 3:8). Les frères qui participèrent aux discussions concernant la recommandation d’aînés et de serviteurs ministériels se préparèrent bien. Ils étudièrent auparavant les articles intitulés “L’organisation théocratique au milieu de systèmes démocratiques et communistes”, “Chargés de fonctions dans l’organisation théocratique” et “Un ‘groupe des aînés’ avec des présidents se succédant par roulement”, imprimés dans La Tour de Garde, édition anglaise du 15 novembre 1971. Ils examinèrent attentivement aussi les articles ayant pour titres “Qui d’entre vous est sage et intelligent ?” et “Des aînés établis pour paître le troupeau de Dieu”, qui parurent dans La Tour de Garde anglaise du 1er janvier 1972. D’autre part, dans les pays de langue anglaise, les frères étaient encouragés à lire autant que possible les articles sur les sujets “Aîné”, “Surveillant” et “Ministre”, publiés dans le livre Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible.
Lorsque les membres du comité de chaque congrégation et d’autres frères qualifiés se réunirent, après une prière ils lurent et examinèrent les qualités requises des aînés et des serviteurs ministériels telles qu’elles sont exposées dans la Parole de Dieu en I Timothée 3:1-10, 12, 13 ; Tite 1:5-9 et I Pierre 5:1-5. Frère Cantwell écrit à ce sujet : “Bien des frères s’examinèrent vraiment pour la première fois, et nous sentions tous l’obligation devant Jéhovah d’être honnêtes vis-à-vis des autres et de nous-mêmes. Quelques-uns durent se retirer. Cette disposition a fait ressortir un degré d’honnêteté et d’humilité qu’il aurait été impossible d’atteindre sans une meilleure compréhension des principes bibliques d’organisation.” (Cependant, même précédemment les conditions bibliques requises constituaient le critère pour déterminer qui pouvait assumer des responsabilités au sein de chaque congrégation. Voir les brochures Conseils aux Témoins de Jéhovah sur l’organisation théocratique, p. 19, et Pour rester unis dans la prédication, p. 26).
Finalement, après que les qualités de chaque frère dans la congrégation eurent été examinées, des recommandations furent soumises au collège central. À partir du 1er août 1972, les congrégations commencèrent à recevoir des lettres de nomination de surveillants et de serviteurs ministériels.
RECONNAISSANCE DU GOUVERNEMENT DIVIN
Pendant que le peuple de Jéhovah attendait avec impatience la pleine application de ces dispositions au sein des congrégations, les frères des États-Unis, du Canada et des îles Britanniques assistèrent aux assemblées de district “Le gouvernement divin”, tenues de fin juin à fin août 1972. La question du gouvernement divin occupait une place de choix dans le programme de ces réunions.
La parution d’un nouveau livre de 192 pages intitulé Une organisation pour prêcher le Royaume et faire des disciples a été annoncée aux assistants. Entre autres, ce livre expliquait les améliorations apportées à la structure de la congrégation chrétienne. Le livre Organisation et le programme de ces assemblées expliquaient l’un et l’autre les aspects pratiques de cette réorganisation, et démontraient comment les appliquer.
À ces assemblées de district, l’accent a été mis sur l’importance de reconnaître le gouvernement divin. Par exemple, le discours public était intitulé “Le gouvernement divin — seul espoir pour tous les hommes”. Les délégués se rendaient compte que pour obtenir la vie éternelle, ils devaient reconnaître personnellement le gouvernement de Jéhovah. Par ailleurs, le nouveau livre Organisation et plusieurs parties du programme soulignaient combien il était important que les congrégations reconnaissent le gouvernement divin.
LE COLLÈGE CENTRAL MONTRE LE BON EXEMPLE
Imaginons maintenant que nous sommes le lundi matin 13 septembre 1971. Il est sept heures, et les membres du personnel du siège de la Société Watch Tower sont assis à leurs places dans les différentes salles à manger du Béthel de Brooklyn. Ils sont prêts pour la discussion habituelle du texte biblique du jour, avant le petit déjeuner. D’ordinaire, le président de la Société préside ces discussions lorsqu’il est présent. Aujourd’hui, frère Knorr est au Béthel, mais il ne s’assoit pas à la tête de la table. À sa place se trouve frère Franz, le vice-président de la Société, et c’est lui qui préside la discussion du texte du jour. Pourquoi ? C’est que le collège central des témoins de Jéhovah a institué parmi ses membres une rotation hebdomadaire pour ce qui est de présider la discussion du texte du jour et l’étude de La Tour de Garde tenue le lundi soir au sein de la famille du Béthel.
Ainsi, une rotation des charges commença au Béthel de Brooklyn un an avant qu’un système analogue ne fût institué dans les congrégations du peuple de Dieu. Mais cette disposition ne s’arrêta pas là. Conformément à une résolution adoptée le 6 septembre 1971 par le collège central des témoins de Jéhovah, les membres de ce collège devaient présider pendant une année à tour de rôle et par ordre alphabétique. Voilà qui explique pourquoi frère Franz devint président du collège central pour une année à partir du 1er octobre 1971. Il convenait, en effet, que le collège central montre le bon exemple dans le domaine de ce nouveau système d’organisation.
“CELA VIENT DE DIEU”
Au sujet de cette nouvelle disposition d’aînés et de serviteurs ministériels au sein des congrégations, Roger Morgan a déclaré : “Cela vient de Dieu.” Sans aucun doute, bien d’autres frères sont d’accord avec lui, lorsqu’ils considèrent les bienfaits qui en ont résulté. Le premier transfert de responsabilités commença en septembre 1972, si bien que le 1er octobre, la plupart des congrégations avaient opéré le changement. Souvent, l’ancien adjoint au serviteur de congrégation est devenu le surveillant-président, l’ancien serviteur de congrégation est devenu surveillant à l’École du ministère théocratique, et ainsi de suite. C’était là une preuve que ces chrétiens reconnaissaient le gouvernement de Jéhovah et sa façon d’agir parmi les congrégations de son peuple. Chaque année, les aînés d’une congrégation devaient se succéder les uns aux autres dans les différentes charges et collaborer ensemble en tant que collège, pour le plus grand bien spirituel de la congrégation et afin de paître le troupeau de Dieu qui est sous leur garde. — I Pierre 5:2.
Cette nouvelle disposition a procuré de nombreux bienfaits aux congrégations. Par exemple, Edgar Kennedy est d’avis qu’elle “favorise la solidarité au cas où la congrégation serait séparée du collège central pendant un certain temps”. Sœur Grace Estep a écrit de son côté : “Cette disposition marque sans aucun doute un pas en avant extraordinaire pour l’organisation de Jéhovah, et elle montre comment celui-ci prépare bien son peuple pour la période qui suivra la fin du présent système de choses.” Ce ne fut pas sans raison que dans son rapport sur les assemblées de district de 1972, La Tour de Garde déclarait : “Il ne fait aucun doute que Jéhovah est en train de modeler pour son peuple rassemblé une organisation qui lui permettra de traverser Harmaguédon et d’entrer dans l’ordre nouveau qui sera dirigé par le gouvernement de Dieu.”
L’ASSEMBLÉE INTERNATIONALE “LA VICTOIRE DIVINE”
Les témoins chrétiens de Jéhovah ont abondamment prouvé qu’ils se soumettent volontairement à la direction et au gouvernement de Dieu. Depuis fin juin 1973 jusqu’à janvier 1974, ils ont tenu dans le monde entier une série de congrès internationaux qui montraient clairement qu’ils attendent impatiemment la victoire divine. Ces nombreux congrès, en général de cinq jours, se sont tenus aux États-Unis, au Canada, en Europe, en Asie, en Amérique centrale, en Amérique du Sud, dans le Pacifique Sud et en Afrique. Bon nombre de serviteurs de Dieu se sont rendus dans des pays lointains, pour partager avec leurs frères dans la foi le programme spirituellement édifiant de ces assemblées. Le plus souvent les sessions se tenaient dans la journée, ce qui permettait aux délégués de rentrer avant la tombée de la nuit là où ils étaient hébergés. Ils pouvaient ainsi passer leurs soirées à revoir les points importants du programme.
L’un des discours les plus intéressants de cette assemblée s’intitulait “Gardez près de votre pensée la présence du jour de Jéhovah”, qui montrait puissamment que les chrétiens ne devraient pas permettre à leur esprit de remettre à plus tard le jour de Jéhovah. Les conditions mondiales qui empirent, les nouvelles méthodes d’organisation théocratique, avec la nomination d’aînés et de serviteurs ministériels, et la venue rapide de ceux qui composeront la “grande foule” indiquent que le jour de Jéhovah est proche (II Pierre 3:11-13 ; Rév. 7:9). À la fin de ce discours qui faisait réfléchir, le nouveau livre de 192 pages intitulé La paix et la sécurité véritables — d’où viendront-elles ? a été présenté aux auditeurs.
Les assistants à cette assemblée ont également eu la primeur de la Concordance complète des Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau et du livre de 416 pages intitulé Le Royaume millénaire de Dieu s’est approché, tous deux en anglais. Le discours public sur le sujet “La victoire divine — ses conséquences pour l’humanité affligée” était vraiment très encourageant. L’attention des auditeurs a été attirée sur la guerre universelle d’Har-Maguédon, où Jéhovah se justifiera en remportant la victoire divine. L’orateur a expliqué que sous l’impulsion de paroles inspirées impures, les “rois de la terre habitée tout entière” sont en train d’être rassemblés pour faire la guerre à Dieu à propos de la domination de la terre (Rév. 16:13-16). Chacun est donc obligé de prendre position sur cette question. Seuls ceux qui se rangent du côté de Jésus Christ, le Roi des rois, seront épargnés, verront la victoire divine et participeront à la fête qui suivra.
Aux dix-neuf assemblées internationales “La victoire divine” organisées en juin et en juillet 1973 aux États-Unis, 15 851 personnes ont symbolisé par le baptême l’offrande de leur personne à Jéhovah Dieu. Au total, 665 945 personnes se sont réunies à ces assemblées pour goûter aux abondantes bénédictions spirituelles que Jéhovah a déversées sur son peuple. Aux 140 congrès semblables organisés dans le monde entier, 81 830 personnes ont été baptisées, et il y a eu une assistance totale de 2 594 305 personnes. Quel motif pour exprimer notre gratitude au Vainqueur divin !
UNE ACTIVITÉ SPÉCIALE FAVORISE L’ACCROISSEMENT
Les assemblées internationales “La victoire divine” comportaient cependant une autre partie très importante. Des mois à l’avance, La Tour de Garde avait informé les frères que le programme attirerait beaucoup leur attention sur l’œuvre consistant à prêcher le Royaume et à faire des disciples. Elle ajoutait : “Une œuvre spéciale sera expliquée et il y aura des démonstrations. Toutes les congrégations des témoins de Jéhovah du monde entier participeront à cette activité après l’assemblée, aux dates indiquées.” De quelle activité s’agissait-il ?
La réponse a été donnée après le discours clé intitulé “La victoire sur le monde, sans conflit armé”. Le tract Nouvelles du Royaume No 16, intitulé “Le temps se fait-il court pour l’humanité ?” a été présenté à l’assistance. Chaque auditeur âgé de plus de douze ans et qui désirait les distribuer a reçu gratuitement un paquet de huit tracts de quatre pages. L’orateur a expliqué que pendant dix jours, — du 21 au 30 septembre, — ce tract ferait l’objet d’une large diffusion. Il devait être remis personnellement aux gens en allant de maison en maison, et un exemplaire pouvait être glissé sous les portes chez les absents. La Société Watch Tower allait envoyer une certaine quantité de tracts à chaque congrégation, à raison de cent par proclamateur. Chaque habitation devait recevoir son exemplaire, si bien que des millions de tracts devaient être distribués. Le peuple de Jéhovah s’est réjoui à la perspective de participer à cette activité spéciale liée à la proclamation du Royaume.
Ainsi, pendant les dix derniers jours de septembre 1973, les témoins de Jéhovah des États-Unis et d’autres pays ont distribué des millions d’exemplaires des Nouvelles du Royaume No 16. Du 22 au 31 décembre 1973, ils ont diffusé les Nouvelles du Royaume No 17, tract intitulé “La religion a-t-elle trahi Dieu et l’homme ?” Du 3 au 12 mai, ils ont parcouru leurs territoires avec les Nouvelles du Royaume No 18, qui posaient cette question importante : “Le gouvernement de Dieu : êtes-vous pour ou contre ?”
Beaucoup de personnes qui connaissent la vérité de la Parole de Dieu se sont senties poussées à partager la bonne nouvelle en distribuant des exemplaires des Nouvelles du Royaume. En effet, en septembre 1973, 512 738 proclamateurs du Royaume ont pris part à cette activité aux États-Unis (sans compter l’Alaska et les îles Hawaii). Les rapports ont révélé qu’ils ont diffusé 43 320 048 exemplaires des Nouvelles du Royaume No 16. En décembre de la même année, pas moins de 525 007 proclamateurs ont participé à la distribution des Nouvelles du Royaume No 17, soit 103 112 de plus que l’année précédente. Et en mai 1974, 539 262 témoins ont pris part au service du champ.
Les rapports indiquent que la diffusion des Nouvelles du Royaume a donné un nouvel élan à l’œuvre consistant à faire des disciples. Par exemple, deux proclamateurs ont laissé un tract à un monsieur et ont poursuivi leur chemin. Un peu plus tard, l’homme les a appelés. Ils sont donc revenus chez lui, où ils ont rencontré sa femme. Elle avait trouvé le livre La vérité qui conduit à la vie éternelle dans une boîte à ordures. Elle avait perdu le sommeil parce qu’elle se rendait compte que les choses annoncées dans ce livre s’accomplissaient. Les proclamateurs ont commencé avec elle une étude biblique, et bientôt elle s’est mise à assister régulièrement aux réunions chrétiennes. Elle a tellement progressé qu’elle a participé à la diffusion du numéro suivant des Nouvelles du Royaume et qu’elle se prépare pour le baptême.
Un exemplaire des Nouvelles du Royaume est tombé entre les mains de deux frères charnels, des musiciens aux cheveux longs, qui fumaient, se droguaient et jouaient dans un orchestre de rock’n’roll. Bientôt, ils ont étudié la Bible avec le témoin qui les avait contactés. Ils se sont fait couper les cheveux, ils ont arrêté de fumer et de se droguer et ils ont fait de rapides progrès spirituels. Trois mois à peine après avoir reçu l’exemplaire des Nouvelles du Royaume, ils prenaient part au service du champ, si bien qu’ils ont pu participer à la diffusion du tract suivant. Tous deux ont été baptisés en décembre 1973, et peu après ils ont eu la joie d’être pionniers temporaires.
RASSEMBLEMENT “D’UNE GRANDE FOULE”
L’apôtre Jean vit une “grande foule”, de toutes nations, tribus, peuples et langues, se tenant debout devant le trône de Dieu et servant ce dernier par un service sacré jour et nuit dans son temple (Rév. 7:9, 15). Ces personnes dont l’espérance est terrestre ont soutenu de tout cœur les disciples oints de Jésus Christ dans l’œuvre divine consistant à annoncer la bonne nouvelle du Royaume. Quelle joie de voir, comme conséquence, des milliers et des milliers de gens affluer à la ‘montagne de la maison de Jéhovah’ ! — És. 2:2-4.
Ces personnes qui se sont assemblées dans les cours de la ‘maison de Jéhovah’ se sont vouées à Jéhovah Dieu, en symbole de quoi elles ont été baptisées. Le 30 juillet 1958, après avoir écouté le discours intitulé “Le baptême conformément à la volonté divine”, 7 136 personnes furent baptisées à New York. Il n’y avait jamais rien eu de pareil depuis la Pentecôte de l’an 33 (Actes 2:41). Ce baptême de 1958 ne passa pas inaperçu pour le monde. En effet, H. L. Philbrick a écrit : “La presse reproduisit d’excellentes photos de cette foule de nouveaux baptisés. (...) Tous les lecteurs des journaux ont dû avoir l’impression qu’ils ne pouvaient plus considérer les témoins de Jéhovah comme une petite ‘secte’. La vérité était en marche !”
Cependant, le peuple de Jéhovah ne s’intéresse pas simplement à l’accroissement numérique. Il importe surtout que les candidats au baptême comprennent ce qu’ils font. C’est pourquoi ils ont beaucoup apprécié le livre “Ta parole est une lampe pour mon pied”, publié en 1967. En effet, les pages 8 à 37 de ce livre contenaient quatre-vingts questions bibliques que des frères mûrs devaient examiner avec les candidats au baptême. À ce sujet, frère et sœur Newell écrivent : “Après avoir étudié les quatre-vingts questions avec des membres du comité de la congrégation, les gens se rendaient compte que l’offrande personnelle et le baptême constituent un engagement pour la vie, et ils comprenaient que les responsabilités impliquées ne devaient pas être prises à la légère.” Le livre Une organisation pour prêcher le Royaume et faire des disciples (publié en 1972) contient également des questions bibliques à examiner avec ceux qui envisagent le baptême. Lorsque les aînés examinent ces questions avec les candidats au baptême, ces derniers ont l’occasion de s’exprimer sur des sujets bibliques et de méditer sur leurs relations avec Jéhovah Dieu. Cette disposition aide à faire de vrais disciples.
Considérons brièvement les progrès de l’œuvre consistant à faire et à baptiser des disciples. En 1968, il y a eu 82 842 baptisés, alors que de 1969 à 1973, 792 019 personnes se sont fait baptiser. À mesure que des efforts enthousiastes se poursuivent pour rassembler la “grande foule”, de nombreux milliers de gens sont baptisés chaque année. Rien que durant l’année de service 1974, 297 872 candidats se sont fait baptiser en symbole de l’offrande de leur personne à Jéhovah Dieu ! Quelle joie pour le peuple de Dieu de participer à cette œuvre merveilleuse de rassemblement, à la louange de Jéhovah ! À l’heure actuelle, plus de deux millions de témoins chrétiens de Jéhovah baptisés annoncent la bonne nouvelle du Royaume de Dieu.
“RESTEZ AUX AGUETS”
Jésus Christ souligna l’importance pour ses disciples de rester vigilants et de guetter le jour où il viendrait pour exécuter le jugement contre le présent système de choses inique. Il compara le disciple au portier à qui son maître ordonna de guetter son retour d’un voyage à l’étranger. Jésus nous donne ce sage conseil : “Restez aux aguets.” — Marc 13:32-37.
L’assemblée de district “Le dessein divin” a fait beaucoup pour favoriser une attitude de vigilance spirituelle chez les témoins chrétiens de Jéhovah. De juin à août 1974, plus de quatre-vingt-cinq assemblées de district se sont tenues aux États-Unis, au Canada et dans les îles Britanniques. Ces rassemblements ont certainement aidé le peuple de Dieu à se situer dans le cours du temps.
Trois représentations bibliques contenaient des leçons puissantes. Pendant que les congressistes voyaient les Israélites errer dans le désert après avoir été délivrés de la captivité en Égypte, ils ont compris qu’il faut se garder du manque de foi. Une autre représentation, basée sur I Rois, chapitre 13, montrait combien il est dangereux de ne pas écouter l’autorité divine. La troisième, très émouvante, reproduisait la vie et les œuvres chrétiennes de l’apôtre Paul. Elle a ranimé le zèle des spectateurs pour le culte et le service de Jéhovah Dieu.
Comment pouvons-nous nous protéger des dangers du matérialisme, de l’influence des démons et de la fausse religion ? Le discours intitulé “Sauvegardés par une foi et une espérance qui sont fixées sur Jéhovah” a répondu à cette question. À la fin de ce discours, l’annonce a été faite de la parution d’un nouveau livre en anglais, intitulé “Tout finit-il avec cette vie ?” Ce livre de 192 pages porte des coups puissants contre Babylone la Grande, l’empire mondial de la fausse religion, tout en donnant au lecteur d’excellentes raisons de croire que cette vie est loin d’être la fin de tout. Ce petit ouvrage fortifie la foi en Jéhovah, en sa promesse de la vie dans un ordre nouveau et juste, et dans la merveilleuse espérance de la résurrection.
Les disciples oints de Jésus Christ et leurs compagnons à l’espérance terrestre désirent servir à l’accomplissement du dessein divin. Ils savent que ce dessein n’échouera pas, et cette conviction est exprimée dans le titre et le contenu d’un autre nouveau livre paru en anglais, à savoir Le “dessein éternel” de Dieu triomphe pour le plus grand bien de l’homme. Effectivement, nous avons d’excellentes raisons d’avoir confiance que le dessein de Dieu sera accompli. Ces raisons ont été particulièrement soulignées lors du point culminant de l’assemblée, le discours public intitulé “Les projets humains échouent, le dessein de Dieu réussit”. Toutes ces pensées importantes ont réjoui le cœur des 891 819 personnes qui ont assisté aux 69 assemblées de district “Le dessein divin” organisées aux États-Unis. En Amérique comme ailleurs, les témoins de Jéhovah savent que les hommes continueront à faire des efforts pour stabiliser le présent monde qui est branlant. Les projets humains peuvent sembler grandioses, et les hommes peuvent annoncer avec assurance que leurs plans réussiront, mais les serviteurs de Jéhovah savent que seul le dessein divin triomphera et ils remercient leur Dieu du merveilleux privilège qu’ils ont de prêcher sa Parole et son Royaume.
On remarque avec intérêt que la prophétie d’Ésaïe déclare que “dans la période finale des jours”, la montagne de la maison de Jéhovah serait solidement établie au-dessus du sommet des montagnes et que de nombreux peuples afflueraient vers elle (És. 2:2-4). Or, nous sommes actuellement “dans la période finale des jours” ! L’apparition de la “grande foule” toujours plus nombreuse devrait nous faire comprendre le caractère urgent de notre époque. Pour les serviteurs de Jéhovah, ce n’est pas le moment d’être indifférents, indolents ou inactifs. Ils ont du travail à faire !
Vous rendez-vous compte où nous en sommes dans le cours du temps ? Notre attention a été attirée sur cette question en 1966. Cette année-là, le peuple de Dieu reçut le livre passionnant intitulé La vie éternelle dans la liberté des fils de Dieu. Il n’a pas fallu longtemps pour que la plupart des frères remarquent le tableau chronologique qui indique 1975 comme marquant la “fin du 6e jour de mille ans de l’existence humaine (début de l’automne)”.
Indiscutablement, cela a soulevé des questions. Fallait-il entendre qu’en 1975 Babylone la Grande aura disparu, qu’Har-Maguédon aura eu lieu et que Satan sera lié ? ‘Cela se peut’, a admis frère Franz, vice-président de la Société Watch Tower, après avoir posé des questions analogues à l’assemblée de district “Fils de Dieu, fils de la liberté”, tenue en 1966 à Baltimore. Cependant, il a ajouté en substance : ‘Mais nous n’affirmons rien. Tout est possible à Dieu. Mais nous n’affirmons rien. Et que nul d’entre vous ne se montre dogmatique en parlant de ce qui va se passer d’ici à 1975. Chers amis, le point essentiel de cette discussion est celui-ci : Le temps est court. Le temps se fait court, il n’y a pas de doute à ce sujet.’ Entre autres, frère Franz fit cette exhortation : “Employons bien le temps, et tandis que l’occasion nous est offerte, engageons-nous à fond dans l’œuvre excellente de Jéhovah.”
Quelques années se sont écoulées depuis lors, mais elles n’ont fait qu’ajouter au caractère urgent de notre prédication. Les serviteurs de Jéhovah savent qu’ils n’ont pas voué leur vie à Dieu jusqu’à une certaine année. Ils constituent son peuple voué pour toujours ! Aujourd’hui, le monde tout entier des hommes constitue le champ de Dieu qu’il faut travailler, et ce travail est urgent. Quel n’est pas le privilège des serviteurs de Jéhovah d’être ses collaborateurs dans ce champ, où ils doivent faire connaître ses desseins et son moyen de salut ! Pleinement reconnaissants envers Jéhovah Dieu de sa faveur imméritée, ces chrétiens voués poursuivront avec détermination leurs activités, “travaillant avec lui”. — I Cor. 3:9 ; II Cor. 5:18 à 6:2.
Avec l’aide de l’esprit saint de Dieu, les témoins chrétiens de Jéhovah aux États-Unis continueront de servir leur Père céleste, avec leurs frères dans la foi sur toute la terre. Puissions-nous faire preuve d’une fidélité indéfectible envers Jéhovah ! Puissions-nous rester éveillés et actifs à mesure que la fin approche ! Nous devons ‘rester aux aguets’. Ce n’est pas le moment de s’endormir spirituellement ! L’heure est à la vigilance, à la diligence et à la fidélité, dans le service du Dieu dont le dessein merveilleux et incomparable ne peut échouer.