Chapitre 11
Un changement d’administration: une épreuve pour les serviteurs de Dieu
THOMAS: Est-ce que J. F. Rutherford a immédiatement succédé au pasteur Russell comme président de la Société?
JEAN: Non, pas tout de suite, Thomas. Pour permettre à l’œuvre de se poursuivre pendant les mois de novembre et de décembre 1916, on a d’abord institué un comité exécutif de trois membres. Cette administration transitoire, chargée de gérer les affaires de la Société, se composait du vice-président Ritchie, du secrétaire-trésorier Van Amburgh et du conseiller juridique Rutherforda.
Cette façon d’agir traduisait bien l’incertitude qui régnait dans l’esprit même de ceux qui formaient alors le collège central des témoins de Jéhovah. Elle présageait en outre les années de crise que le peuple de Dieu allait traverser à cause de certains éléments hostiles et égoïstes qui, en provoquant des pressions au sein de l’organisation, amèneraient le jugement divin et la purification. C’est ainsi que Satan, qui se tient toujours aux aguets pour disloquer l’organisation du peuple de Dieu et pour entraver la proclamation de la bonne nouvelle du Royaume, s’est empressé de susciter un esprit de rébellion chez certains éléments travaillant au bureau central de l’organisation, à Brooklynb. Tous ces agissements étaient des preuves de la période critique de deuil et d’opprobre qui devait mettre en péril l’existence même de l’organisation. Les témoins de Jéhovah savaient qu’ils allaient au-devant d’un temps de détresse. Mais, dans sa miséricorde, Jéhovah leur a voilé les yeux quant à l’ampleur des tribulations que la maison de Dieu aurait à subir pendant ce temps critique de jugement.
L’assemblée générale suivante de notre Société était fixée au 6 janvier 1917. Elle avait pour tâche d’élire, cette année-là, son nouveau président en remplacement de C. T. Russell. Cette assemblée réunissait 600 personnes qui disposaient, elles-mêmes ou par procuration, d’environ 150 000 voix.
THOMAS: Que fallait-il faire, Jean, pour se procurer le droit de voter à cette assemblée générale?
JEAN: En ce temps-là, il suffisait de verser dix dollars à la Société pour avoir droit à une voix. Si, jadis, le pasteur Russell avait pu disposer de 25 000 voix à la plupart des assemblées générales de la Société, c’est parce qu’il avait versé, de son vivant, environ 250 000 dollars. Mais, conformément à la loi, toutes ses voix se sont éteintes le jour de sa mort. Pour revenir aux 150 000 voix qui allaient être émises par l’assemblée générale de 1917, on peut dire que leurs détenteurs avaient, un jour ou l’autre, versé 1 500 000 dollars à la Société pour son œuvre de prédication. En 1944 cependant, lorsque cette façon de voter a été amendée, on a supprimé la possibilité d’acquérir des voix par des dons versés à la Sociétéc. À présent, chaque votant ne dispose plus que d’une seule voix.
Or, à l’assemblée historique de 1917, J. F. Rutherford a été élu président à l’unanimité. W. E. Van Amburgh a été élu secrétaire-trésorier et A. N. Pierson, originaire du Connecticut, a été élu vice-présidentd. Le lendemain, un dimanche, le nouveau président a pris la parole devant 1 500 personnes venues assister, à Pittsburgh, à une réunion spéciale organisée pour la circonstance. Voilà comment Rutherford a commencé d’administrer notre Société dont il devait assumer la gestion pendant vingt-cinq ans.
THOMAS: Pendant que nous y sommes, ne pourriez-vous pas nous décrire un peu plus longuement la personne de Rutherford?
LES ORIGINES DE J. F. RUTHERFORD
JEAN: Mais certainement. Joseph Franklin Rutherforde est né de parents baptistes, le 8 novembre 1869, dans une ferme à Morgan County, dans le Missouri. Il avait seize ans quand son père a bien voulu le laisser entreprendre des études de droit, mais à condition qu’il subvienne à ses propres besoins. Étant agriculteur, son père n’avait pas les moyens de lui payer des études. Il lui a également demandé de trouver et de payer lui-même quelqu’un qui ferait le travail à sa place. Son père pensait qu’il n’arriverait pas à se tirer d’affaire, et qu’il serait bel et bien obligé de devenir agriculteur à son tour. Décidé comme il l’était, le jeune Rutherford a cependant cherché à obtenir sur parole un prêt lui permettant de payer à la fois ses études et la personne qu’il avait engagée pour le remplacer à la ferme.
Ainsi donc, Rutherford a réussi à payer toutes ses études lui-même. Il a aussi appris la sténographie, dont il s’est servi jusqu’à sa mort avec une grande maîtrise. Vers la fin de sa vie, il notait rapidement en sténo les nombreuses pensées qui lui venaient à l’esprit pour La Tour de Garde et les transcrivait par la suite. En plus de ses études, il était déjà devenu sténographe près un tribunal. Cette occupation lui a permis de payer ses derniers cours. Tout en prenant les débats en sténo, il acquérait de l’expérience pratique et poursuivait ses études de droit.
Celles-ci terminées, il a fait un stage de deux ans dans le cabinet du juge E. L. Edwards. Puis, à l’âge de vingt ans, il a été nommé rapporteur officiel près les tribunaux de la Quatorzième Circonscription judiciaire du Missouri. À vingt-deux ans, il a été admis au barreau du Missouri et a ouvert une étude d’avocat à Boonville, dans le Missouri. Il a été alors avocat plaidant de la Maison Draffen et Wright. Par la suite, il a rempli pendant quatre ans les fonctions de procureur général de Boonville, puis celles de juge spécial de cette même Quatorzième Circonscription judiciaire du Missouri. En cette qualité, il lui est arrivé de siéger comme juge suppléant dans nombre de procès en remplacement du juge régulier, lorsque celui-ci tombait maladef.
Ainsi, le juge Rutherford a exercé le droit dans l’État du Missouri pendant quinze ans. Son étude d’avocat donnait satisfaction et il était même admis, comme avocat spécial, à plaider devant la Cour suprême des États-Unis, à Washington. En 1894, il est entré en contact avec des représentants de la Société Watch Tower.
LOÏS [Elle l’interrompt]: Si mes souvenirs sont exacts, Marie nous a lu la lettre qu’il a écrite à la Sociétég.
JEAN: C’est juste. Et douze ans plus tard, soit en 1906, Rutherford a voué sa vie à Jéhovah Dieu. Il devenait ainsi, en plus d’avocat, ministre chrétien ordonné.
Nommé avocat de la Société Watch Tower en 1907, Rutherford allait désormais plaider les affaires du bureau central de Pittsburgh. Parallèlement, il parcourait le pays pour donner des conférences publiques comme n’importe quel frère pèlerin représentant la Sociétéh. En 1909, quand la Société a transféré son bureau central à New York, c’est lui qui a eu la tâche de négocier ce transfert; vous vous en souvenez certainement. À cet effet, il a postulé et obtenu son admission au barreau de l’État de New York. Le 24 mai de la même année, Rutherford a été admis, en cette nouvelle qualité, à plaider devant la Cour suprême des États-Unis.
LE NOUVEAU PRÉSIDENT RELANCE L’ŒUVRE
THOMAS: Une fois devenu président de votre Société, qu’est-ce que Rutherford a entrepris pour relancer l’œuvre?
JEAN: Rutherford était de ceux qui se mettent immédiatement à l’ouvrage. Il était pleinement d’accord avec Russell qui avait toujours préconisé que les témoins ne devaient jamais manquer de besogne et que l’œuvre de prédication formait la partie essentielle de leur activité chrétienne. C’est d’ailleurs pourquoi il a aussitôt réorganisé le bureau central de la Société Watch Tower, à Brooklyn, et qu’il s’est mis à réanimer l’œuvre du champ qui était en régressioni.
Les changements qu’il y a apportés et les programmes qu’il a établis correspondaient tout à fait à ceux que Russell avait amorcés de son vivant. Le nombre des représentants itinérants de la Société, appelés “frères pèlerins”, est passé de 69 à 93. À l’époque, ceux-ci avaient pour tâche de visiter et d’affermir plus d’un millier de congrégations. Leur activité était d’autant plus nécessaire que les témoins de Jéhovah vivaient alors un temps de grandes épreuves et qu’il fallait les aider à garder un esprit optimiste pour reconnaître la valeur des occasions de service futures. Une autre possibilité d’exhorter les frères consistait à les encourager à distribuer gratuitement les tracts de la Société devant les églises certains dimanches, et par des visites régulières de maison en maison. Rien qu’en 1917, il a été distribué 28 665 000 exemplaires gratuits d’un nouveau journal mensuel de quatre pages, intitulé “L’Étudiant de la Bible” (The Bible Students Monthly).
Une autre activité, entreprise par le pasteur Russell et appelée “l’œuvre pastorale”, avait aussi besoin d’être élargie et intensifiée. Du vivant de Russell, celle-ci se limitait à quelque 500 congrégations qui avaient élu Russell comme leur pasteur. Dans une circulaire adressée à ces groupements, il avait décrit cette activité comme une “œuvre importante permettant de rester en contact avec les personnes qui ont laissé leur adresse lors des conférences publiques et des représentations du Photo-Drame, ou qui figurent sur les listes dressées par les colporteurs, etc.”.
Voici comment il fallait procéder: L’exécution de l’œuvre pastorale étant confiée spécialement aux sœurs, chaque congrégation devait élire démocratiquement un comité de deux membres, soit une présidente et une secrétaire-caissière. Il fallait partager la ville en parties de territoire et les attribuer à chaque sœur qui s’engageait à rendre visite aux personnes dont on avait relevé le nom. Le but de ces visites était de prêter des livres aux personnes qui montraient de l’intérêt, et qui désiraient les lire et les étudier. D’autres moyens encore permettaient d’encourager les gens à faire des progrès grâce à une meilleure connaissance de la vérité. On notait soigneusement sur les rapports l’intérêt rencontré, en spécifiant si la personne allait assister à l’une des conférences sur le Divin plan des âges, et d’autres renseignements. Pour aider les sœurs, on leur montrait diverses façons de se présenter aux portes. On leur donnait aussi des suggestions sur la manière de vaincre les préjugés et de se procurer les noms d’autres personnes encore qui pourraient s’intéresser au message. En concluant la visite, la sœur faisait savoir à son interlocuteur qu’une conférence sur le Divin plan des âges allait être donnée dans le quartier. On encourageait les personnes qui manifestaient de l’intérêt à venir écouter la conférence. Une fois qu’elles étaient venues, on les revisitait dans l’intention de commencer une étude dans le premier volume des Études des Écrituresj.
THOMAS: Avant que vous passiez à autre chose, j’aimerais savoir ce qu’il faut entendre par “conférence sur le Divin plan des âges”. Vous avez mentionné cette expression à plusieurs reprises.
JEAN: Il s’agissait d’une série de discours publics au cours desquels on expliquait un tableau élaboré par la Société. Celui-ci représentait graphiquement certains événements chronologiques et les “âges” ou grandes étapes du “plan de Dieu”, c’est-à-dire des desseins divins à l’égard de l’humanité. Les demi-cercles représentaient les “âges”, tandis que les lignes horizontales superposées indiquaient les degrés ou positions relatives que diverses classes occupent devant Jéhovah. On dressait ce tableau (ou “carte des âges”) devant le public, et l’orateur en expliquait les différents points, baguette en main. Même si la matière était ardue et quelque peu technique, la plupart des frères arrivaient fort bien à l’expliquer. Et, chose essentielle, ces discours contribuaient largement à intéresser les gens aux grands desseins de Jéhovah, tels que nous pouvions alors les comprendre.
Tout à l’heure, j’ai eu l’occasion de vous dire que l’œuvre pastorale a été élargie et intensifiée après la mort de Russell. On encourageait désormais toutes les congrégations à prendre part à cette activiték. De plus, le nombre des colporteurs ou pionniers a été porté de 373 à 461. Pour seconder ces pionniers dans leur activité, la Société s’est mise, au début de 1917, à publier chaque mois des instructions de service tout spécialement à leur intention. Ces instructions, qui émanaient du bureau central, figuraient sur un double feuillet appelé “Le bulletinl”. Puis, dans le cadre de cette campagne de rajeunissement, on a tenu plusieurs réunions régionales qui devaient servir, elles aussi, à encourager les frères à poursuivre l’œuvre et à ne pas se lasser de faire le bien.
THOMAS: On peut dire que Rutherford avait là un programme salutaire. Mais où en était le programme des réunions publiques sur lequel Russell avait insisté peu avant 1914?
JEAN: Rutherford l’estimait indispensable pour l’organisation. Aussi a-t-il pris des dispositions pour que toujours plus d’orateurs qualifiés puissent représenter la Société devant le grand public. Ce résultat devait être atteint grâce à une disposition nouvelle: les questions VDM. Ces initiales viennent du latin Verbi Dei Minister et signifient “ministre de la Parole de Dieua”.
Il s’agissait, en l’occurrence, d’un questionnaire accessible à tous les hommes faisant partie de la congrégation, que l’on voulait encourager et aider à mieux se qualifier dans le service grâce à la connaissance exacte des desseins divins. En répondant à ces questions imprimées, il fallait obtenir au moins 85 points sur 100 pour se qualifier comme orateur et être reconnu apte à prendre la parole sur les différentes matières. La Société autorisait les frères qui avaient réussi cet examen à la représenter, soit pour prononcer les conférences publiques sur le Divin plan des âges dans le cadre de la congrégation locale, soit pour s’adresser au grand public.
Le questionnaire comportait vingt-deux questions bibliques pertinentes dont voici la première: “Quelle fut la première création de Dieu?” La question clé portait sur la rançon. Il était essentiel de savoir ce que le Christ accomplirait à la fin du règne millénaire. Ces questions donnaient un aperçu de toutes les doctrines révélées jusque-là. Certaines se rapportaient au passé et à la conduite du candidat, à sa conversion, à son offrande, à son baptême et à l’étendue de ses connaissances acquises par l’étude de la Bible au moyen des écrits de la Société.
ON DISCERNE LE SERVITEUR FIDÈLE
THOMAS: Tout à l’heure, Jean, vous nous avez parlé de difficultés qui avaient surgi au bureau même de Brooklyn. D’après vous, elles présageaient que le peuple de Dieu allait connaître une grave période de jugement. Or, cette opposition interne se dressait-elle surtout contre Rutherford ou plutôt contre le programme de service qu’il venait d’élaborer?
JEAN: Il fallait plutôt en chercher la cause profonde dans le changement d’administration. Certains avaient beau dire que le désaccord provenait du choix des personnes, en réalité tout tournait autour de leur ambition. C’est que Rutherford était un homme tout autre que Russell. Certes Russell avait été énergique, positif et tourné vers le progrès; néanmoins il avait toujours été aimable, chaleureux et plein de tact dans ses relations avec tous ceux qui étaient dans l’organisation. Le juge Rutherford était d’une nature différente. Il était chaleureux et bon envers ses collaborateurs, mais il pouvait aussi être brusque et direct. Tout ce qui lui était arrivé dans sa jeunesse et sa carrière d’avocat et de juge avait fait de lui un homme qui s’attaquait immédiatement au fond du problème, ce qui n’a pas manqué de blesser certains frères qui avaient affaire avec lui. Nombreux étaient ceux qui avaient vu Russell jouer un rôle important dès le début de l’œuvre. Pour eux, il était plus que le simple représentant de l’organisation; ils l’admiraient en tant qu’homme. Cela n’avait pas échappé à Rutherford. Mais pour lui, le président de la Société ne devait être que l’instrument chargé d’assurer le maintien de l’organisation tout entière dans la position de serviteur de Dieu. D’après lui, il incombait au président de veiller à ce que ce serviteur soit équipé pour effectuer l’œuvre que Dieu lui a confiée.
THOMAS: Quelle avait été l’opinion de Russell sur ce point?
JEAN: Russell avait reconnu qu’une certaine responsabilité reposait sur tous les chrétiens qui disaient faire partie du corps du Christ et qui s’attendaient à rejoindre le Christ au ciel. Pour ce qui est de l’organisation elle-même, en 1881 déjà Russell avait compris que le “serviteur” dont Dieu avait dit qu’il le choisirait pour lui confier l’œuvre à effectuer se composait du corps tout entier des disciples oints de Jésus-Christ. Voici ce qu’il a écrit dans La Tour de Garde de cette année-là:
Nous croyons que chaque membre de ce corps du Christ est engagé, soit directement ou indirectement, dans cette œuvre bénie qui consiste à donner la nourriture au temps convenable à la famille de la foi. “Quel est donc le serviteur fidèle et prudent, que son maître a établi sur ses gens, pour leur donner la nourriture au temps convenable?” N’est-ce pas ce “petit troupeau” de serviteurs consacrés qui accomplissent fidèlement leur vœu de consécration, — le corps du Christ, — et n’est-ce pas tout le corps qui, individuellement et collectivement, dispense la nourriture au temps convenable à toute la maison de la foi, aux nombreux croyants?
Heureux ce serviteur (tout le corps du Christ), que son maître, à son arrivée (grec, élthôn), trouvera faisant ainsi! “Je vous le dis en vérité, il l’établira sur tous ses biens.” Il héritera toutes ces chosesb.
Avec le temps, cet enseignement s’est perdu et toute l’attention s’est portée, peu à peu, sur un seul hommec. La plupart des frères pensaient alors que le pasteur Russell était le “serviteur fidèle et prudent” dont parle Matthieu 24:45-47. Or cette idée allait susciter d’énormes difficultés pendant plusieurs années. Certains persistaient tellement à croire que Russell avait été ce “serviteur” que leur attitude tenait, au fond, du culte de la créature. À les entendre, toutes les vérités que Dieu désirait révéler à son peuple, il les avait révélées à Russell. Maintenant que ce “serviteur” était mort, il ne restait plus rien à révéler. En raison de cette attitude, Rutherford a été amené à extirper de l’organisation toute trace du culte de la personnalité. Voilà pourquoi, entre autres, il n’a pas cherché à obtenir la faveur des hommes; mais comme il avait observé quelle voie certains avaient choisie dans le passé, il se méfiait de ceux qui, à ses yeux, s’efforçaient de gagner ses bonnes grâces. C’est ce qui explique son attitude franche et directe dans tous ses contacts avec ses collaborateurs.
Peu après l’élection de Rutherford comme président, il apparaissait que, dans l’organisation même, certains n’approuvaient pas ce choix. Quelques-uns estimaient, en effet, que ce poste aurait dû leur revenir à eux. Aussi ne se sont-ils pas gênés pour chercher à évincer Rutherford, dans l’intention bien arrêtée de prendre en main les rênes de l’organisation. C’est au début de 1917, donc à peine quelques mois après l’élection de Rutherford, que cette idée a pris corps.
LA GRAINE DE RÉBELLION EST SEMÉE
THOMAS: S’agissait-il d’une sorte de conspiration ou plutôt d’une controverse où chacun défendait ses propres intérêts?
JEAN: D’abord, la semence de rébellion semblait germer chez un seul homme, mais elle s’est vite répandue et a fini par devenir une véritable conspiration. Voici de quelle façon tout a commencé.
Quand la Première Guerre mondiale a éclaté, le pasteur Russell s’est rendu compte que la Société ferait bien d’envoyer en Angleterre un membre du bureau central pour y affermir les frères. Il avait eu l’intention d’y envoyer P. S. L. Johnson, d’origine juive, qui avait quitté le judaïsme pour se faire pasteur luthérien avant de connaître la vérité. Homme très capable, Johnson avait servi la Société en qualité d’orateur. Mais ses brillantes qualités devaient finalement provoquer sa chute.
Du moment que Russell en avait émis le vœu, le comité transitoire qui gérait la Société avant l’élection de Rutherford a envoyé Johnson en Angleterre pour assumer la tâche prévue. Toutefois, dès son arrivée à Londres, celui-ci s’est arrogé des droits que la Société ne lui avait nullement conférés. Il s’est opposé à la ligne de conduite que suivait la Société, ainsi qu’au serviteur de filiale du bureau de Londres. Dans les discours qu’il prononçait devant les frères anglais, il se faisait passer pour le successeur du pasteur Russell et affirmait que le manteau du pasteur Russell était tombé sur lui, Johnson, tout comme le manteau du prophète Élie était tombé sur Élisée.
Au cours des semaines qui ont suivi, il a tenté de faire passer sous son contrôle personnel toute l’œuvre en Grande-Bretagne et de s’imposer comme premier personnage parmi les frères du pays. Alors qu’il n’en avait nullement le droit, il a essayé de renvoyer certains membres de la famille du Béthel de Londres. La confusion était devenue si grande et l’œuvre se trouvait disloquée à tel point que le serviteur de la filiale s’est vu contraint de s’en plaindre à frère Rutherford, président de la Société. Celui-ci a immédiatement nommé une commission composée de plusieurs frères aînés domiciliés à Londres, mais qui ne faisaient pas partie du personnel du Béthel. Ces frères devaient entendre les faits et envoyer directement à Rutherford un rapport sur cette affaire. Cette commission s’est donc réunie. Après avoir dûment considéré les faits, elle a exprimé l’avis qu’il vaudrait mieux rappeler Johnson en Amérique, et cela pour le bien de l’œuvre en Angleterre.
Tenant compte de cette suggestion, frère Rutherford a informé Johnson qu’il devait regagner les États-Unis. Or, Johnson a refusé tout net. Il s’est mis à écrire des lettres et à envoyer de coûteux câblogrammes dans lesquels il critiquait les frères de la commission et les accusait de parti pris au cours de leurs délibérations. Puis, par d’autres moyens encore, il a cherché à justifier la voie qu’il avait empruntée. Pour se rendre indispensable en Angleterre, il s’est servi de certains papiers que la Société lui avait fournis pour lui faciliter l’entrée en Angleterre. Enfin, il a fait bloquer les fonds de la Société, déposés dans une banque de Londres. Il a même fallu, par la suite, intenter un procès pour que la Société puisse de nouveau se servir de cet argent.
Mais Johnson ne pouvait pas persister indéfiniment dans cette voie. Pour finir, il a dû regagner New York, où il a tout essayé pour persuader Rutherford de le renvoyer en Angleterre, car il espérait encore y reprendre ses fonctions avec de plus grandes attributions. Le jour où frère Rutherford a refusé, Johnson a cherché de l’appui auprès du conseil d’administration. Quatre membres ont finalement pris parti pour lui dans ce différend, en faisant passer frère Rutherford pour un homme qui n’avait pas l’étoffe pour être président de la Société. Or, comme le conseil d’administration ne comptait que sept membres, il fallait s’attendre à ce que la majorité du conseil s’oppose dès lors au président Rutherford, au vice-président Pierson et au secrétaire-trésorier Van Amburgh. Dans ce différend, il y avait donc d’un côté les membres du bureau de la Société, tandis que de l’autre côté s’étaient groupés les administrateurs qui cherchaient à évincer le président pour prendre en main les rênes de l’organisation.
THOMAS: Comment pensaient-ils arriver à leurs fins?
JEAN: Leur intention était de subordonner le président au conseil d’administration, c’est-à-dire de faire de lui un personnage secondaire, réduit au rôle de simple conseiller. Pareille mesure ne pouvait être prise sans modifier certaines prescriptions internes, ni sans porter gravement atteinte aux statuts mêmes de la Société. Et dans ce cas, il fallait s’attendre à de graves ennuis.
Tout au long de l’administration du pasteur Russell, le président et les autres membres du bureau étaient seuls à décider des nouvelles publications. Jamais on n’avait réuni le conseil d’administration pour le consulter à ce sujet. En assumant la nouvelle administration, frère Rutherford s’en est tenu à cette même ligne de conduite. Avec le temps, les trois membres du bureau ont donc décidé de publier le “septième volume” que l’on attendait depuis bien des années, et que Russell avait espéré écrire lui-même avant sa mort. Ils ont pris les dispositions nécessaires pour que deux frères du bureau central, C. J. Woodworth et G. H. Fisher, puissent le compiler. La première partie de ce livre devait être un commentaire sur l’Apocalypse, tandis que la seconde serait un commentaire sur Ézéchiel. Les deux co-rédacteurs avaient pour tâche de rassembler, d’après les écrits laissés par Russell, tout ce qui avait été publié sur ces deux livres de la Bible. Le fruit de cette compilation devait paraître sous le titre “Le mystère accompli”, soit comme septième volume des Études des Écrituresd. Celui-ci contenait donc en grande partie les pensées et les commentaires que le pasteur Russell avait émis de son vivant.
LA PARUTION DU “MYSTÈRE ACCOMPLI” PRODUIT L’EFFET D’UNE BOMBE
C’est le 17 juillet 1917, à midi, que frère Rutherford a annoncé la parution de ce livre à toute la famille du Béthel, réunie dans la salle à manger. Respectant la coutume introduite par frère Russell, il a offert à chacun un exemplaire de ce nouveau livre. Celui-ci a produit l’effet d’une bombe. Complètement pris au dépourvu, les membres opposants du conseil d’administration ont immédiatement saisi cette occasion pour provoquer une controverse de cinq heures, portant sur la gestion des affaires de la Société.
LOÏS: Mais que pouvaient-ils bien objecter, puisque Russell avait espéré écrire lui-même un septième volume? N’avez-vous pas dit qu’il s’agissait d’une compilation faite d’après les écrits de Russell? Il me semble que leur argument n’avait guère de valeur.
JEAN: En effet, ils n’avaient aucun motif valable pour s’y opposer, car Russell avait lui-même déclaré: “Dès que j’en trouverai la clé, j’écrirai le septième volume; et si le Seigneur donne la clé à quelqu’un d’autre, que celui-là l’écrivee.” Si ces quatre membres s’opposaient à cette initiative, c’est parce qu’ils n’avaient pas été consultés. Mais maintenant le livre était là; il venait de paraître. Dans le débat de cinq heures qui s’en est suivi, les quatre administrateurs hostiles ont eu l’appui de Johnson. En présence de tout le personnel du Béthel, chacun s’est mis à exposer ouvertement ses griefs. Cette controverse a montré qu’un certain nombre de membres de la famille du Béthel éprouvaient de la sympathie pour ceux qui s’opposaient à l’administration de frère Rutherford. Si cette opposition persistait, elle risquait de paralyser le fonctionnement même du Béthel. Aussi frère Rutherford a-t-il pris les mesures qui s’imposaientf.
L’apôtre Paul dit clairement qu’il faut prendre garde à ceux qui causent des divisions et les éviter. En vertu de ce principe biblique clair et net, Rutherford a jugé nécessaire de demander à ces membres mécontents de rentrer dans l’ordre, ou de s’en aller. Ceux-ci pensaient qu’il n’y aurait pas moyen de les remplacer. Toutefois, alors que Russell était encore en vie, Rutherford, en sa qualité de conseiller juridique, lui avait déjà fait remarquer que la nomination de ces membres du conseil ne répondait pas aux prescriptions légales. Il lui avait dit qu’il ne suffisait pas de désigner un nouveau frère au poste d’administrateur chaque fois qu’un membre du conseil d’administration mourait, mais que cette nomination, pour être valable d’après les statuts de la Société inscrite en Pennsylvanie, devait être approuvée et confirmée par un vote régulier émis par l’assemblée générale convoquée à Pittsburgh à la clôture de l’exercice annuel. Mais Russell avait omis de le faire. Cela revenait à dire que seuls les trois membres du bureau, élus régulièrement chaque année par l’assemblée générale à Pittsburgh, étaient des membres du conseil dûment constitué. Quant aux quatre opposants, ils étaient simplement des mandataires de Russell dont la nomination n’avait jamais été confirmée par une élection. Aux termes des statuts et de la loi, ceux-ci n’étaient donc pas membres du conseil.
Ce point, Rutherford s’est gardé de le soulever immédiatement, car, tout au long de cette période de difficultés, il espérait que ces membres cesseraient leur opposition et finiraient par rentrer dans le rang. Dès qu’il est devenu évident que ceux-ci ne céderaient pas, Rutherford a jugé le moment venu de les destituer en faisant valoir les prescriptions légales. Furieux d’avoir été expulsés du conseil d’administration, les opposants ont demandé l’assistance juridique d’un avocat pour empêcher Rutherford de désigner quatre nouveaux membres du conseil. Toutefois, leur avocat n’a pu que confirmer le bien-fondé de la mesure prise par Rutherford en leur expliquant que, d’après la loi, ils n’avaient jamais été membres du conseil d’administration et que, de ce fait, Rutherford était entièrement dans son droit, comme président de la Société, en refusant de les considérer comme tels. De son côté, Rutherford a immédiatement confié à quatre autres frères les postes devenus vacants, en attendant que ces nominations soient entérinées par l’assemblée générale suivante, tenue en 1918.
Néanmoins, frère Rutherford n’a pas congédié purement et simplement les membres destitués. Il leur a offert des postes importants comme frères pèlerins, mais ils ont refusé et ont quitté le Béthel de leur propre chef. Malheureusement, et il fallait s’y attendre, ce n’est pas en quittant leur service au bureau central qu’ils se sont réconciliés avec l’organisation de Jéhovah. Au contraire, ils se sont mis à faire connaître leur opposition en dehors du Béthel au moyen d’une vaste campagne de conférences et de lettres qui a couvert les États-Unis, le Canada et l’Europe. Le résultat, c’est que, dès l’été de 1917, il y avait dans le monde entier de nombreuses congrégations divisées en deux clans. Comme un grand nombre de frères avaient alors sombré dans l’assoupissement spirituel, ils devenaient la proie facile des paroles flatteuses de ces opposants. Ne voulant pas coopérer à la prédication de la bonne nouvelle du Royaume, ils ont refusé de se laisser réveiller par l’esprit nouveau qui émanait à cette époque-là de l’œuvre réanimée. Les États-Unis d’Amérique venaient d’entrer dans la Première Guerre mondiale. L’opposition croissante du clergé et l’hostilité du public devaient encore aider les opposants, aux idées négatives, à se faire écouter par les frères qui ne discernaient pas clairement où se trouvait l’organisation de Dieu. Leur participation à l’œuvre se faisait de plus en plus rare et, pour finir, eux aussi prenaient rang parmi les adversairesg.
UN DERNIER EFFORT DÉSESPÉRÉ EST TENTÉ POUR S’EMPARER DE LA DIRECTION
Cependant, les clans des adversaires n’étaient pas endormis au point de s’abstenir de toute activité. Ils déployaient un zèle extrême en vue de s’emparer du contrôle des congrégations locales, dans l’intention d’évincer ceux qui cherchaient sincèrement à faire progresser la volonté divine en poursuivant l’activité de prédication. Comme il est prédit dans les Écritures, ceux-là ne prenaient pas intérêt à nourrir les brebis du Seigneur selon la nourriture servie à la table de Jéhovah, mais s’occupaient activement à battre et à calomnier leurs compagnons. Tout cela s’est produit au cours de l’été de 1917. Alors s’est creusé le fossé qui, désormais, allait nettement séparer les opposants de ceux qui, pour servir Jéhovah, se conformaient aux dispositions que frère Russell avait appliquées tout au long de son administration et que frère Rutherford renforçait à présent.
Dès les premiers mois de 1917, la Société avait annoncé qu’une grande assemblée aurait lieu à Boston, en août de la même année. Les dissidents se figuraient qu’ils arriveraient à faire passer cette assemblée sous leur contrôle, mais frère Rutherford était décidé à ne pas se laisser faire. Pour prévenir, à cette occasion, toute initiative de leur part, Rutherford, en tant que président de la Société, a lui-même assuré la présidence de cette grande assemblée, et cela en permanence. Pour lui, c’était là le meilleur moyen de contrôler chaque session. Quant aux opposants, ils n’étaient pas autorisés à prendre la parole. Ces précautions ont eu pour résultat que cette grande assemblée a été une entière réussite, toute à la louange de Jéhovah. Ceux qui avaient cherché à interrompre l’œuvre du Royaume venaient de subir un échec complet.
Mais ces adversaires ambitieux pensaient déjà à leur prochaine tentative. Ils chercheraient à avoir la haute main sur l’assemblée générale ordinaire de la Société, convoquée pour le 5 janvier 1918 à Pittsburgh. Celle-ci serait appelée à confirmer, par un vote, la nomination des quatre nouveaux administrateurs que frère Rutherford avait désignés en remplacement des dissidents. Rutherford savait que cette assemblée générale était la toute dernière tentative désespérée qui restait aux dissidents pour mettre la main sur la Société. Il était à peu près certain que la majorité de cette assemblée n’approuverait pas une telle initiative. Cette élection étant du ressort de l’assemblée générale de la Watch Tower Bible and Tract Society, légalement constituée, seuls les membres ayant le droit de vote allaient pouvoir s’exprimer. Mais alors, la grande majorité des frères ne pourraient pas se prononcer sur cette affaire.
Toutefois, pour permettre à tous les serviteurs voués de Jéhovah de se prononcer, La Tour de Garde (angl.) du 1er novembre 1917 suggérait qu’il faudrait procéder à un référendum dans chaque congrégation localeh. Le 15 décembre, le bureau central avait déjà reçu les résultats de 813 congrégations. Sur 11 421 voix, 10 869 confirmaient Rutherford dans sa fonction de président. Ce référendum ne laissait subsister aucun doute. L’immense majorité des frères actifs dans le champ soutenaient bel et bien frère Rutherford et son administration. De plus, cette consultation officieuse avait démontré que l’on préférait tous les membres fidèles du conseil d’administration, remanié en juillet 1917, aux cinq qui avaient fomenté la rébellioni.
Dans l’ensemble, le vote des frères traduisait l’attitude que l’assemblée générale ordinaire allait adopter. Rutherford et les autres administrateurs ont tous été légalement réélus, tandis qu’aucun des opposants n’a réussi à entrer dans le conseil d’administrationj.
À ce moment-là, le désaccord était devenu si complet que la réconciliation n’était plus possible. À la suite de la défaite subie à l’assemblée générale ordinaire de la Société, en janvier 1918, les dissidents ont formé leur propre organisation dirigée par ce qu’ils appelaient le “Comité des septk”. Au moment de la Commémoration, le 26 mars 1918, la scission était vraiment achevée, car les dissidents ont préféré célébrer la mort du Christ en dehors des congrégations fidèles de la Société.
LOÏS: Leur organisation a-t-elle atteint une certaine importance?
JEAN: Bien au contraire. Ceux qui formaient l’opposition sont restés unis à peine quelques mois. Lors d’une assemblée tenue en été de 1918, d’autres divergences devaient amener une nouvelle scission dans leurs rangs. Johnson a alors emprunté une voie différente de celle des quatre autres dissidents. Mais chaque clan gardait ses adeptes. Pour organiser son propre groupe dissident, Johnson s’est établi à Philadelphie d’où il dirigeait son mouvement, jusqu’à sa mort, avec le titre de “souverain sacrificateur de la terre”. D’autres dissensions allaient dès lors amener encore des scissions. Pour finir, le groupe primitif qui s’était séparé de la Société en ce temps critique de jugement s’est désintégré à tel point qu’il a donné naissance à plusieurs sectes schismatiques.
LOÏS: Étaient-ils nombreux, ceux qui se sont alors séparés de la Société?
JEAN: Il serait difficile de connaître leur nombre exact. On peut néanmoins s’en faire une idée grâce aux rapports partiels reçus par la Société. Autrefois, celle-ci publiait un rapport partiel de l’assistance dénombrée à la Commémoration dans le monde entier. Diverses congrégations envoyaient leur rapport au bureau. Or, en raison des difficultés qui avaient marqué l’année 1918, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’organisation, les chiffres concernant l’assistance n’ont pas été recueillis. En 1917, le rapport partiel de la Commémoration, célébrée le 5 avril, mentionnait une assistance de 21 274 personnes, et c’était là le nombre de ceux qui avaient quelque lien avec la Société. Pour la Commémoration célébrée le 13 avril 1919, le rapport partiel, qui ne comprenait pas tous les pays étrangers, n’indiquait, en revanche, qu’une assistance de 17 961 personnes. Quoique incomplets, ces chiffres montrent clairement que le nombre de ceux qui avaient cessé de marcher de pair avec leurs fidèles compagnons était de loin inférieur à 4 000l.
Quant à ceux qui remplissaient fidèlement leurs privilèges de service, ils ont reçu de l’ouvrage, et c’était là ce que Jésus avait prédit dans sa prophétie. Ainsi, fidèles à l’œuvre commencée par le pasteur Russell des dizaines d’années auparavant, ces serviteurs de Dieu avaient mis toute leur énergie à distribuer Le mystère accompli au cours des derniers mois de 1917 et au début de 1918. À peine sept mois après que la nouvelle administration avait commencé à fonctionner, la Société passait commande de 850 000 exemplaires de ce livre auprès des imprimeurs qui travaillaient pour elle. On pouvait lire dans La Tour de Garde de 1917: “La vente du septième volume n’a été égalée, pour le même laps de temps, par aucun autre livre connu, la Bible exceptéea.”
Ce livre allait pourtant devenir une pomme de discorde. D’un côté, il y avait ceux qui, dans leur assoupissement spirituel, refusaient de coopérer à l’avancement de l’œuvre du Royaume et, de l’autre côté, se tenaient les faux chefs spirituels du peuple, c’est-à-dire le clergé de la chrétienté. Ce livre dévoilait de façon cinglante le rôle joué par ces faux bergers.
La rébellion partie du sein même de l’organisation avait été douloureuse à supporter. Pourtant, elle n’était rien en comparaison de ce que l’organisation aurait encore à subir de la part des ennemis du dehors. La haine que Satan nourrissait, depuis de longs siècles, contre l’organisation divine, semblait à présent se déchaîner d’un seul coup. En quelques mois, par un effort résolu, le Diable croyait pouvoir faire disparaître de la terre toute trace rappelant le témoignage du Royaume. Sans la miséricorde et l’amour loyal de Jéhovah, les quelques mois qui vont suivre auraient pu porter un coup fatal à la Société Watch Tower.
[Notes]
a a w 1917, p. 372.
b b wF 1916, pp. 91-94; wF 1917, p. 27.
c c w 1944, p. 334; wF mai 1924, p. 91; wF 1946, p. 30.
d d w 1917, p. 22; New York Times, 7 janv. 1917, 1e partie, p. 9; wF 1917, p. 34.
e e Webster’s Biographical Dictionary, 1943, p. 1295.
f f An Encyclopedia of Religion, par Vergilius Ferm (1945), p. 674; New York Times, 7 janv. 1917, 1e partie, p. 9.
g g w 1894, p. 127.
h h w 1919, p. 58.
i i w 1917, pp. 371-375 [voir aussi wF 1917, pp. 85-87].
j j w 1916, pp. 331, 332; wF 1917, p. 58.
k k w 1917, p. 166.
l l Ibid., p. 220. [Le premier extrait du Bulletin parut, en français, dans wF sept. 1923, p. 144. À partir de septembre 1925, le Bulletin fut publié séparément comme supplément mensuel de La Tour de Garde.] En novembre 1935, son nom fut changé en “L’Instructeur”. En août 1936, on l’appela “Informateur” et, en septembre 1956, “Notre ministère du Royaume”.
a m wF 1916, pp. 94, 95; wF 1917, pp. 54-56; wF 1918, pp. 37, 38.
b n w oct.-nov. 1881, p. 5.
c o La Bataille d’Harmaguédon (1897), 2e éd., pp. 327, 328; Le mystère accompli (1917), pp. 63, 141, 276; The Finished Mystery (1917), pp. 416-423; w 1916, p. 377; w 1917, pp. 323, 324; w 1919, p. 103; wF juillet-août 1924, pp. 119, 120.
d p w 1917, p. 372. Seule la première partie du septième volume a paru en français.
e q w 1917, p. 226.
f r Harvest Siftings, 1er août 1917, pp. 1-24.
g s w 1918, p. 79; wF 1918, pp. 38, 39.
h t w 1917, p. 330.
i u Ibid., p. 375 [voir aussi wF juin 1920, p. 97].
j v w 1918, p. 23 [voir aussi wF 1918, p. 10].
k w Un périodique d’opposition: The Herald of Christ’s Kingdom, 1er juillet 1919, p. 197.
l x w 1917, p. 157 [voir aussi wF 1917, p. 26]; w 1919, p. 151.
a y w 1917, p. 373 [voir aussi Études des Écritures (1917), tome VII, Notice, p. 407 (IIe éd. fr.)].
[Schéma, page 67]
(Voir la publication)
LA “CARTE DES ÂGES”, FRONTISPICE DU “PLAN DES ÂGES”, TOME I DES “ÉTUDES DES ÉCRITURES”.