Chapitre 19
La lutte pour la liberté de prêcher
THOMAS: Jean, vous nous avez dit que la prédication effectuée par la Société Watch Tower au moyen de la radio a été en grande partie la cause du combat livré au cours des années 1930, et qui a opposé les témoins de Jéhovah aux principales organisations religieuses. Qu’est-il advenu de l’œuvre dans les pays soumis au fascisme et au nazisme?
JEAN: Comme il fallait s’y attendre, la prédication de la bonne nouvelle s’est heurtée à une violente opposition en Italie et en Allemagne, pays dominés par le catholicisme. Le pasteur Russell avait fait sa première tournée de conférences en Europe en 1891, mais en Italie la vérité n’avait fait que peu de progrès depuis lors. En 1903 la Société avait pris des dispositions pour faire traduire et publier La Tour de Garde à Pinerolo (province de Turin), mais ce périodique n’était distribué que par l’intermédiaire d’une agence de presse. En 1905, le livre Le divin Plan des Âges fut traduit en italien, et le résultat en fut que, lors de sa seconde visite en Italie en 1912, le pasteur Russell trouva là-bas une congrégation d’une quarantaine de personnes qui se réunissaient dans un village non loin de Pinerolo.
Cependant l’œuvre n’a progressé que lentement. Dans les premiers jours du fascisme, de 1922 à 1927, cinq pionniers quittèrent la Suisse pour ce territoire, mais une assemblée nationale tenue à Pinerolo en 1925 ne réunit que soixante-dix délégués venus d’Italie et de la Suisse italienne. Frère A. H. Macmillan, du bureau central de la Société, assista à ce congrès. Puis, en 1932, la Société ouvrit un dépôt de publications et se lança dans l’une de ses campagnes les plus actives. La brochure Le Royaume, l’Espérance du Monde fut imprimée sur place, et vingt proclamateurs capables venus de Suisse en distribuèrent 200 000 exemplaires dans vingt villes de l’Italie du Nord. C’est alors que les difficultés ont commencé. Le journal du cardinal Schuster, L’Italia, dénonça violemment cette activité, de sorte que la police fasciste fit irruption dans le bureau de la Société et le ferma en juillet 1932. La police a admis que c’était le clergé qui avait fait prendre ces mesures sévères contre cette diffusion de brochures bibliques, en contraignant le gouvernement fasciste à agir sur la base du Concordat signé en 1929 avec l’Église catholique.
En Allemagne, cependant, l’œuvre avançait beaucoup plus vite. En fait, lors d’une campagne spéciale menée dans ce pays en 1933, il y eut presque autant de témoins actifs dans le champ qu’aux États-Unis. Cette campagne figure au nombre de celles que la Société a organisées au cours des années 30 et qu’on appelait “Les périodes de témoignage international”, lesquelles duraient huit jours. Elles représentaient un effort concerté des témoins de Jéhovah du monde entier pour démontrer leur unité, et cela en passant chacune de ces journées dans le champ, présentant le même message et offrant les mêmes publications.
D’après les rapports que nous possédons sur cette campagne qu’on avait appelée “La période d’action de grâces du reste”, et qui s’est déroulée du 8 au 16 avril, nous étions 58 804 proclamateurs répartis dans soixante-dix-sept paysa. Une brochure intitulée “La Crise” a été distribuée. Aux États-Unis, 20 719 proclamateurs remirent un rapport, et en Allemagne, 19 268 témoins sortirent dans le champ. Les témoins allemands écoulèrent 2 271 630 publications, et ceux des États-Unis en placèrent 877 194.
Mais il y avait une forte opposition catholique, et c’est à l’époque où fut déployée cette campagne qu’eut lieu la venue d’Hitler au pouvoir; cette opposition n’a d’ailleurs pas empêché que le témoignage soit donné à une grande échelle. On compte qu’en 1931 et 1932, il y avait un total de 2 335 procès en cours contre les témoins allemandsb; cependant entre 1919 et 1933, ils avaient distribué au peuple allemand 48 000 000 de livres et de brochures, et 77 000 000 d’exemplaires de l’édition allemande de L’Âge d’Orc.
C’est alors que commença aux États-Unis la vraie bataille sur la question de l’utilisation de la radio. Le pape Pie XI avait fait de 1933 une “année sainte” qui devait ouvrir une ère d’activité catholique destinée à apporter la paix aux nations. En même temps, au printemps de 1933, les catholiques américains organisèrent une campagne nationale sous la direction de leurs cardinaux, de leurs évêques et de leurs prêtres pour “chasser Rutherford des ondes”. Ils avaient pour but d’intimider les propriétaires de stations de radio en les menaçant de boycottage, afin de les amener à refuser de signer des contrats avec les témoins pour la radiodiffusion de leurs conférences enregistrées. Souvenez-vous qu’à l’époque, la Société faisait entendre sa voix dans le monde entier par l’intermédiaire de 408 stations émettricesd. En dépit des menaces, cependant, l’œuvre de témoignage par voie radiophonique continua de s’étendre, et la Société consacra des millions de dollars à cette forme de service, bien que l’Amérique se trouvât aux prises, de 1929 à 1935, avec sa grande crise économiquee.
À la même époque, une méthode de service autre que la radiodiffusion commençait à se développer. On organisait des réunions publiques et privées où l’on faisait entendre des enregistrements sur des disques 33 tours. C’étaient les mêmes que ceux destinés aux stations de radio. En 1933, il y eut 4 646 réunions de ce genre qui groupèrent une assistance de 240 434 personnesf. De plus, on se servit de voitures munies de haut-parleurs pour sillonner les rues et faire entendre ces conférences publiques partout où il y avait du mondeg. Les années qui suivirent démontrèrent l’efficacité de cette méthode pour toucher le public.
Portant alors à son point culminant “La période d’action de grâces du reste”, le président de la Société prononça le 23 avril, à la radio, son discours historique intitulé “L’année sainte et ses effets sur la paix et la prospérité”. Cette conférence exposait ouvertement la vanité des espérances que la Hiérarchie catholique romaine offrait aux gens, et dénonçait en elle une contrefaçon de la paix et de la prospérité promises par le Royaume de Dieu. Ce discours fut diffusé par cinquante-cinq stations radiophoniques.
Deux mois plus tard, le 25 juin, des dispositions furent prises pour retransmettre l’enregistrement de cette conférence d’une heure dans 158 stations. Pour exciter la curiosité du public et préparer ce moment, on distribua dans le ministère de maison en maison cinq millions d’invitations imprimées sous la forme de feuilletsh. La réaction de la Hiérarchie fut immédiate, acerbe et très dure. Les catholiques intensifièrent leurs intimidations et certains directeurs de stations de radio leur cédèrent, refusant d’assurer la retransmission d’un programme quelconque de la Société Watch Tower.
L’ŒUVRE INTERDITE EN ALLEMAGNE
Pendant ce temps, en Allemagne, un acte manifeste du gouvernement amena le juge Rutherford à faire une visite précipitée dans ce pays. Avec Hitler comme dictateur depuis janvier 1933, l’opposition était devenue très forte. Au début d’avril, la police occupa la grande imprimerie de la Société et le Béthel à Magdebourg, la ferma et mit les scellés sur les presses. Au début, la filiale était installée à Barmen-Elberfeld, dans la Rhénanie. Mais en 1926, on avait décidé de rapprocher de Berlin les bureaux de la Société. On choisit Magdebourg, une grande ville située à environ soixante kilomètres au nord-ouest de Berlin, pour y établir le siège de la Société. On fit construire des bâtiments spacieux et bien conçus pour abriter une imprimerie de premier ordre et pour loger la famille du Béthel. La Société fut faussement accusée de subversion auprès du gouvernement d’Hitler, qui ferma la filiale, et pendant toute la durée de l’enquête les frères ne purent effectuer aucun travail. Comme il fut impossible de trouver des éléments réels pour soutenir l’accusation, la Société fut autorisée à reprendre possession de ses locaux le 28 avril. Cela permit aux frères du bureau central de terminer le rapport spécial pour le témoignage d’avril qu’ils avaient effectué avec un si grand zèle.
Le juge Rutherford avait suivi avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation en Allemagne, et il comprenait bien la conséquence qu’elle allait avoir pour l’œuvre de témoignage. Devant la gravité des événements, il se hâta de se rendre en Allemagne, accompagné de frère Knorr, pour voir ce qu’on pourrait faire. Le 25 juin, le jour même où l’on avait prévu la retransmission du discours “L’année sainte et ses effets sur la paix et la prospérité” au moyen de 158 stations radiophoniques des États-Unis, un rassemblement fut organisé à Berlin. Là, une Déclaration de Faits qu’on avait préparée fut présentée à un auditoire de 7 000 personnes, afin de protester contre le gouvernement d’Hitler au sujet de l’intervention arbitraire perpétrée à l’encontre de l’œuvre de témoignage effectuée par la Société; cette protestation fut adoptée à l’unanimité. La Déclaration fut envoyée à tous les hauts fonctionnaires du gouvernement, du président aux membres du conseil, et 2 500 000 exemplaires en furent distribués au public. Les représailles ne tardèrent pas. Trois jours plus tard, le 28 juin, les bureaux de la Société furent saisis et occupés et, par décret du gouvernement, l’imprimerie fut fermée. Cent quatre-vingts membres de la famille du Béthel reçurent l’ordre de quitter les lieux.
On trouve un indice de la véritable origine de ces difficultés dans la déclaration suivante rédigée par un prêtre catholique de Berlin et publiée le 29 mai 1938 dans The German Way (La voie allemande):
Il y a maintenant un pays où la secte des prétendus “Étudiants de la Bible” [témoins de Jéhovah] est proscrite. C’est l’Allemagne! Cette secte qui, pour un temps, avait pris un essor considérable en Allemagne, ne fut pas interdite par Brüning [chancelier du Reich allemand avant Hitler], bien que l’Église catholique lui ait demandé à plusieurs reprises de prendre cette mesure. Le “très catholique chancelier” Brüning s’était disculpé, invoquant qu’aucune loi ne lui permettait de dissoudre l’Association des Étudiants de la Bible.
Lorsque Hitler prit le pouvoir et que l’épiscopat allemand lui eut formulé la même demande, le Führer répondit: “Ces Étudiants de la Bible sont des fauteurs de trouble; ils sont un obstacle à la vie normale du peuple allemand. Je les tiens pour des charlatans et ne tolérerai pas que les catholiques allemands soient souillés par ce “Juge” américain du nom de Rutherford. Je dissous la secte des Étudiants de la Bible en Allemagne et fais rentrer leurs biens dans la communauté du peuple allemand. Je ferai confisquer tous leurs écrits.” Bravo!
Et dire que l’épiscopat américain, le cardinal Mundelein lui-même, ne peuvent arriver à faire retirer des librairies des États-Unis les livres de Rutherford où l’Église catholique se trouve si violemment attaquée et calomniéei!
La saisie des biens de la Société à Magdebourg était une violation flagrante du droit international sur la propriété, car ils appartenaient à une association américaine. Afin de rentrer en possession de ces biens, on fit appel au Département d’État des États-Unis pour protester contre les voies de fait dont le gouvernement allemand s’était rendu coupable à notre égard. Suite aux négociations alors entamées entre le Département d’État et l’Allemagne, le gouvernement allemand décida par décret de rendre à la Société ses biens, et il les remit aux frères.
Mais le décret passé en juin et qui ordonnait la saisie de ces biens renfermait également une clause interdisant les activités de prédication promues par la Société. Cette interdiction ne fut pas levée; en outre, pendant la période de temps écoulée entre juin et octobre, la police gouvernementale avait pris et brûlé une grande quantité de livres, de brochures, de Bibles et d’autres ouvrages appartenant à la Société, d’une valeur globale de 25 000 dollars. Les réunions des témoins furent interdites, et la diffusion des publications stoppéej. Mais ceci n’arrêta pas pour autant les énergiques témoins allemands. Obéissant à la mission que Dieu leur avait confiée plutôt qu’aux ordres des hommes, ils continuèrent de faire une guerre sans relâche contre l’ennemi, jusque dans ses portes, et cela pendant toute la période du nazisme en Allemagne. L’article de fond intitulé “Ne les craignez point”, que publia La Tour de Garde du 15 février 1934, les aida grandement à demeurer intègres.
UNE OFFENSIVE CONSTANTE
THOMAS: La conférence où Rutherford dénonçait l’année sainte a-t-elle eu d’autres conséquences?
JEAN: L’opposition devenait de plus en plus intense, surtout dans l’État du New Jersey. En juillet 1933, tandis que l’issue des pourparlers avec le gouvernement d’Hitler sur la saisie de nos biens en Allemagne était encore incertaine, le président de la Société décida d’organiser une réunion publique à Plainfield, dans le New Jersey, en raison de la persécution à laquelle on se heurtait dans cette région. Le sujet que Rutherford avait choisi de développer, à savoir “L’intolérance”, convenait très bien aux circonstances, car lors de ce rassemblement l’Église catholique eut recours à ses tactiques violentesk.
Plainfield était le bastion du catholicisme dans le New Jersey. En raison du programme spécial prévu pour le dimanche 30 juillet, la Société loua les deux plus grands théâtres de Plainfield et les relia par fil direct. L’une de ces salles, aménagées pour servir de plaque tournante à toutes nos activités, devait nous permettre d’établir une chaîne de radiodiffusion avec, entre autres, le concours de la WBBR. La majorité des membres du service d’ordre et des placeurs avait été choisie parmi le personnel du Béthel de Brooklyn, et l’on nous a rapporté cet incident:
On avait remis à tous ces placeurs un colis bien enveloppé et scellé, avec ordre de ne l’ouvrir que lorsqu’ils seraient invités à le faire. Peu de temps avant l’arrivée du juge Rutherford, plus de cinquante agents de police entrèrent pour “garder” les deux théâtres. Ils remarquèrent que tous les membres du service d’ordre avaient à la main un paquet identique, ce qui provoqua dans leurs rangs une inquiétude extrême. Un des agents demanda alors à l’un de ces frères ce qu’il avait dans son paquet. Le frère lui répondit qu’il n’en savait rien. L’agent, ne le croyant pas, lui ordonna d’ouvrir le colis. Mais le placeur refusa et lui fit part des instructions qu’il avait reçues relativement à ce paquet. L’agent s’en alla rapporter la chose à son supérieur, lequel revint avec lui vers le frère; lui-même ordonna à ce dernier d’ouvrir le paquet, mais il se heurta de nouveau à un refus. Sur ce, l’officier ordonna à son subalterne de se saisir du paquet. L’autre obéit, tremblant de tous ses membres en emportant l’objet. Ils l’ouvrirent donc pour y découvrir, non une bombe, comme ils l’avaient supposé, mais seulement cinquante exemplaires inoffensifs de L’Âge d’Or où était imprimé le texte de la conférence que frère Rutherford allait prononcer l’après-midi. L’agent refit le colis, et d’un air penaud le rapporta au frère.
À son arrivée au théâtre, frère Rutherford vit, à son grand étonnement, que la police s’était installée à l’entrée de la scène, face à l’auditoire. Et, en s’avançant vers le podium, il s’aperçut qu’elle avait mis en place deux mitrailleuses derrière les rideaux. Celles-ci étaient disposées de telle façon qu’il serait obligé de parler sous leurs canons, car ces armes étaient dirigées sur lui et sur l’auditoire. Le juge Rutherford en fut très irrité, mais ses protestations véhémentes ne firent pas bouger d’un pouce les policiers et leurs armes. On les avait avertis, dirent-ils, qu’il allait y avoir une émeute, et ils étaient là pour maintenir l’ordre. Mais quelles qu’aient été leurs intentions réelles, la conférence fut prononcée sans incident et applaudie avec enthousiasme. La brochure Intolérance fut publiée par la suite et largement distribuée avec autant de succès.
Les arrestations continuèrent. Au début, on ne tenait pas registre de leur nombre, mais il y en eut 268 aux États-Unis en 1933, 340 en 1934, 478 en 1935, et 1 149 en 1936l. Les proclamateurs du Royaume furent traînés devant les tribunaux et accusés de pratiquer la vente sans patente, de troubler la paix, de faire du colportage sans autorisation, de violer les lois du sabbat dominical, et on les mit dans la catégorie des quêteurs ou des marchands ambulants au lieu de voir en eux des ministres de l’Évangilea. Les tribunaux d’État représentaient le principal moyen dont nous disposions pour nous défendre contre de telles attaques, et comme la Constitution permettait aux témoins de Jéhovah de pratiquer leur religion en visitant les gens à leur domicile, ils menèrent le combat jusqu’au bout.
La Société organisa au siège central un service juridique destiné à conseiller les frères de toutes les régions du pays, dans le but de les aider à faire face à cet assaut qui se manifestait. Le juge Rutherford était évidemment avocat, mais comme président de la Société il avait beaucoup trop à faire avec le travail d’administration et de rédaction, sans compter ses voyages, pour s’occuper lui-même de ces problèmes. C’est pourquoi les frères qui exerçaient la profession d’avocat devinrent membres du personnel du bureau central, pour faire fonctionner ce nouveau service.
Les qualifications de frère Rutherford lui permirent de diriger la rédaction des “Conseils pour les procès” (angl.), brochure que publia la Société, afin d’encourager les frères et de leur montrer comment présenter leur cas en justiceb. De plus, en leur faisant connaître leurs droits, cette brochure les incitait à poursuivre leur œuvre et les rendait à même de tenir ferme devant les fonctionnaires qui essayaient de les priver des droits que leur garantissait la loi. Un programme de formation fut prévu à cet effet dans les réunions de service où l’on faisait des représentations de procès. Les frères se succédaient à la barre pour se défendre sur la question de la liberté du culte. Cela les aida grandement, surtout ceux qui habitaient dans les points chauds du territoire, et leur permit en outre d’offrir une réponse aux personnes curieuses ou opposées qu’ils rencontraient dans le champ.
THOMAS: Il me semble que si, sur le plan local, les fonctionnaires vous étaient hostiles au point de vous arrêter ou d’installer des mitrailleuses devant un auditoire lors d’une réunion publique, comme ce fut le cas à Plainfield, dans le New Jersey, vous n’aviez pas grand espoir de vous en tirer devant les tribunaux de première instance. En général l’opinion publique influence très fortement les décisions prises sur des questions de cet ordre. En tout cas, pour ma part, c’est ce que j’ai constaté.
JEAN: C’est vrai; la plupart des procès qui ont eu lieu dans des cours inférieures ont été perdus par les témoins de Jéhovah. Mais dès le début, nous avons systématiquement fait appel. Si nous n’avions pas utilisé cette méthode, il y aurait eu une telle masse de jugements adverses prononcés contre nous, qu’il nous aurait été impossible de poursuivre l’œuvre de prédication. Ce fut une longue et dure bataille que celle qui fut menée devant les tribunaux. Mais les témoins de Jéhovah firent valoir leur position quant à la liberté des cultes, et celle-ci a protégé jusqu’à ce jour des personnes de toutes les confessions religieuses. Mais il y a encore beaucoup à dire au sujet de cette bataille juridique, et nous y reviendrons.
L’ENNEMI VAINCU PAR LE NOMBRE
À peu près à la même époque, nous avons trouvé un autre moyen pour effectuer la prédication dans les zones d’opposition violente. En 1933, la Société lança un appel à tous les frères des États-Unis, demandant des volontaires pour effectuer une prédication d’un type particulier. Une fois de plus les témoins de Jéhovah prenaient l’offensive. Les 12 600 proclamateurs qui s’engagèrent dans ce service étaient prêts à tout moment à partir en mission spéciale pour prêcher de maison en maison là où des difficultés avaient surgi ou étaient attendues. Dans ce cas-là, il fallait employer des tactiques particulières pour prêcher dans des territoires où des frères avaient été arrêtés dans le service habituel de maison en maison. Dès que la nouvelle de telles arrestations parvenait aux bureaux du Béthel de Brooklyn, la Société faisait appel à la division la plus proche pour qu’elle se rende sur les lieux en mission spéciale.
Aux États-Unis il y avait soixante-dix-huit de ces divisionsc. Chacune d’elles comptait de dix à deux cents voitures de cinq proclamateurs. Dès que le Béthel signalait une urgence et appelait une division à son poste, toutes les voitures se rendaient à un rendez-vous précis, généralement dans la campagne, à quelques kilomètres de la ville où la persécution avait sévi. Là, des instructions détaillées étaient données, et un territoire attribué à chaque groupe. Le territoire était divisé de telle manière que, lorsqu’une division passait à l’action, n’importe quel “point chaud” était couvert entièrement dans un temps de trente à soixante minutes.
En cas d’arrestation, le frère ou la sœur devait composer un certain numéro de téléphone dès son arrivée au poste de police. Des avocats attendaient à l’autre bout du fil, prêts à venir à la rescousse avec l’argent de la caution. Pendant que la prédication était en train de se faire, un comité de frères rendait visite à la police pour lui fournir la liste complète des témoins qui visitaient les gens de leur territoire ce matin-là. Et le temps que durait la visite, la prédication était quasiment terminée, dans la plupart des cas.
Cette méthode nous permit de vaincre les adversaires par la force du nombre, de sorte que, quelle que fût la violence de l’opposition dans un territoire, la bonne nouvelle du Royaume toucha pratiquement chaque maison. La seule chose que l’ennemi pouvait faire dans de tels cas, c’était d’arrêter vingt ou trente frères d’un coup, ou autant que la prison du lieu pouvait en contenir, et de laisser agir les autres. Par contre, si la congrégation locale avait essayé de faire la même chose, la moitié des frères auraient été incarcérés, et cela pour une durée de dix à quatre-vingt-dix jours, et le territoire n’aurait pratiquement plus été visité. C’est ainsi qu’en usant de tous les moyens possibles, les témoins ont été à même de poursuivre l’œuvre de prédication face à l’opposition intense qu’ils rencontraient de toute part.
[Notes]
a a Bulletin (angl.), 1er juillet 1933.
b b Annuaire (angl.) 1933, pp. 122, 123.
c c Annuaire (angl.) 1934, p. 145.
d d Ibid., pp. 60-64.
e e Ibid., p. 63.
f f Ibid., pp. 64-66.
g g Bulletin (angl.), août 1935.
h h Annuaire (angl.) 1934, pp. 60-64; L’Âge d’Or (angl.), 1933, Vol. XIV, pp. 530-536; Bulletin spécial (angl.), juin 1933.
i i Face aux réalités (1938), pp. 60, 61.
j j Annuaire (angl.) 1934, pp. 127-146.
k k Ibid., p. 66.
l l Annuaire (angl.) 1934, p. 53; Annuaire (angl.) 1935, p. 31; Annuaire (angl.) 1936, p. 65; Annuaire (angl.) 1937, p. 51.
a m Annuaire (angl.) 1930, pp. 25-30.
b n Annuaire (angl.) 1933, pp. 39-49.
c o Annuaire (angl.) 1934, pp. 46, 49; Bulletin (angl.), mai 1933.
[Illustration, page 132]
“INTOLÉRANCE”, 1933.
“Condamnation d’innocents” (Jér. 2:34; Jacq. 5:6)