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Pourquoi révéler ce qui est mal ?La Tour de Garde 1997 | 15 août
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conscience. Le cœur transpercé, David reconnaît : “ J’ai péché contre Jéhovah. ” — 2 Samuel 12:13.
L’intervention de Nathân pour dévoiler le péché de David et la réprimande divine qui a suivi ont produit de bons résultats. Même si Jéhovah ne l’a pas protégé des conséquences de son injustice, David s’est repenti et s’est réconcilié avec lui. Comment a-t-il pris cette réprimande ? Il a écrit à ce propos : “ Si le juste me frappait, ce serait une bonté de cœur ; s’il me reprenait, ce serait de l’huile sur la tête, que ma tête ne refuserait pas. ” — Psaume 141:5.
De nos jours non plus, aucun serviteur de Jéhovah, même fidèle depuis des années, n’est à l’abri d’une faute grave. Conscients qu’ils peuvent trouver de l’aide auprès des anciens, la plupart prennent l’initiative d’aller vers eux (Jacques 5:13-16). Mais il arrive aussi que certains, comme le roi David, essaient de dissimuler leur péché. Que devrions-nous faire si nous apprenions qu’un membre de la congrégation a commis une faute grave ?
De qui est-ce la responsabilité ?
Quand les anciens sont mis au courant d’une faute grave, ils vont trouver la personne concernée, afin de lui apporter l’assistance et la discipline dont elle a besoin. Il leur appartient de juger ceux qui font le mal à l’intérieur de la congrégation chrétienne. Vigilants quant à la condition spirituelle de celle-ci, ils aident et avertissent quiconque s’engage sur une voie peu sage ou mauvaise. — 1 Corinthiens 5:12, 13 ; 2 Timothée 4:2 ; 1 Pierre 5:1, 2.
Mais que faire si vous n’êtes pas ancien et que vous appreniez qu’un compagnon chrétien a commis une faute grave ? La Loi que Jéhovah avait donnée à la nation d’Israël nous met sur la voie. Quiconque était témoin d’actes d’apostasie ou de sédition, d’un meurtre ou d’un autre crime grave était tenu de le révéler et d’attester ce qu’il savait. On lit en Lévitique 5:1 : “ Si maintenant une âme pèche en ce qu’elle a entendu une imprécation publique, et elle est témoin ou elle a vu ou est venue à savoir la chose, si elle ne la révèle pas, alors elle devra répondre de sa faute. ” — Voir aussi Deutéronome 13:6-8 ; Esther 6:2 ; Proverbes 29:24.
Bien que n’étant pas sous la Loi mosaïque, les chrétiens se laissent guider par les principes qui s’en dégagent (Psaume 19:7, 8). Dès lors, que devriez-vous faire si vous apprenez qu’un autre chrétien a commis une faute grave ?
La marche à suivre
Avant toute chose, assurez-vous que vous avez de solides raisons de croire qu’une faute grave a été commise. “ Ne deviens pas un témoin contre ton semblable sans de bonnes raisons, a écrit le sage Salomon. Il te faudrait alors être sot de tes lèvres. ” — Proverbes 24:28.
Même s’il n’y a rien de mal à en parler directement aux anciens, c’est généralement en allant trouver le chrétien concerné que vous manifesterez le mieux votre amour. Peut-être avez-vous été trompé par les apparences. Ou bien peut-être les anciens s’occupent-ils déjà de cette affaire. Quoi qu’il en soit, discutez calmement de la question avec l’individu en question. Si vous restez persuadé qu’il a commis une faute grave, encouragez-le à rechercher l’aide des anciens en lui expliquant la sagesse de cette démarche. Ne parlez de tout cela à personne d’autre : ce serait du bavardage.
Si, au bout d’un temps raisonnable, ce chrétien n’a rien dit aux anciens, faites-le. Un ou deux d’entre eux s’entretiendront alors avec lui. Les anciens doivent “ rechercher, enquêter et interroger avec soin ” pour déterminer s’il y a eu faute. Le cas échéant, ils traiteront l’affaire en suivant les directives des Écritures. — Deutéronome 13:12-14.
Pour qu’une accusation soit retenue, il faut au moins deux témoins (Jean 8:17 ; Hébreux 10:28). Si l’accusé nie et qu’il n’y ait pas d’autre témoignage que le vôtre, les anciens laisseront l’affaire entre les mains de Jéhovah (1 Timothée 5:19, 24, 25). Ils agiront ainsi parce qu’ils savent que toutes choses sont “ mises à découvert ” aux yeux de Jéhovah et que, si l’accusé est coupable, ses péchés finiront par ‘ l’atteindre ’. — Hébreux 4:13 ; Nombres 32:23.
Mais supposons que l’accusé nie effectivement et que vous soyez le seul à témoigner contre lui. Risquez-vous d’être accusé en retour de calomnie ? Non, à moins que vous n’ayez parlé de cette affaire à des personnes que cela ne regardait pas. Quand des faits concernent la congrégation, il n’y a rien de calomnieux à les faire connaître aux surveillants, qui ont l’autorité et la responsabilité de rectifier ce qui ne va pas. En fait, cette attitude révèle notre désir de toujours faire ce qui est correct et fidèle. — Voir Luc 1:74, 75.
Préservons la sainteté dans la congrégation
Révéler les fautes contribue à préserver la pureté de la congrégation. Jéhovah est un Dieu pur, un Dieu saint, qui exige la pureté spirituelle et morale de ses adorateurs. Sa Parole inspirée déclare : “ Comme des enfants obéissants, cessez de vous conformer aux désirs que vous aviez autrefois, dans votre ignorance, mais, en accord avec le Saint qui vous a appelés, vous aussi devenez saints dans toute votre conduite, parce qu’il est écrit : ‘ Vous devez être saints, car je suis saint. ’ ” (1 Pierre 1:14-16). S’ils ne sont pas corrigés ou mis à l’écart, les individus qui ont une conduite impure ou qui pratiquent le mal risquent de souiller toute la congrégation et d’attirer sur elle la défaveur de Jéhovah. — Voir Josué, chapitre 7.
Les lettres que l’apôtre Paul a adressées aux chrétiens de Corinthe montrent comment le fait d’avoir révélé ce qui n’allait pas a contribué à la purification de cette congrégation. Dans son premier courrier, Paul a écrit : “ Oui, on entend parler de fornication chez vous, et d’une fornication telle qu’il n’y en a pas même chez les nations : ainsi, un certain homme a la femme de son père. ” — 1 Corinthiens 5:1.
La Bible ne nous dit pas de qui l’apôtre avait reçu cette information. Peut-être la tenait-il de Stéphanas, de Fortunatus et d’Achaïcus, qui étaient venus de Corinthe à Éphèse pour le voir. Paul avait également reçu une lettre des Corinthiens dans laquelle ils lui posaient des questions. Quoi qu’il en soit, une fois mis au courant de la situation par des témoins dignes de confiance, Paul a pu donner des conseils. “ Ôtez le méchant du milieu de vous ”, a-t-il écrit. L’homme en question a été expulsé de la congrégation. — 1 Corinthiens 5:13 ; 16:17, 18.
Cette instruction de Paul a-t-elle produit de bons résultats ? Manifestement, oui, puisque le coupable est revenu à la raison. Dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, Paul a invité la congrégation à “ pardonner volontiers ” à l’homme repentant et à “ le consoler ”. (2 Corinthiens 2:6-8.) Ainsi, la révélation de la faute a permis de prendre des mesures qui ont eu deux effets : d’une part, la congrégation a retrouvé sa pureté et, d’autre part, un homme qui avait gravement compromis ses relations avec Dieu a retrouvé Sa faveur.
La première lettre de Paul aux Corinthiens nous offre un autre exemple. Cette fois-ci, l’apôtre donne le nom des témoins qui l’ont renseigné. Il écrit : “ Il m’a été signalé à votre sujet, mes frères, par ceux de la maison de Chloé, qu’il existe des dissensions parmi vous. ” (1 Corinthiens 1:11). Paul sait que ces dissensions, ainsi que le fait d’honorer indûment des hommes, ont créé un état d’esprit sectaire qui menace l’unité de la congrégation. Soucieux de la spiritualité de ses compagnons dans la foi, il intervient donc sans tarder en leur adressant des conseils destinés à les corriger.
De nos jours, la grande majorité des frères et sœurs qui composent les congrégations du monde entier s’efforcent de préserver la pureté spirituelle de la congrégation en gardant chacun l’approbation de Dieu. Certains le font au prix de souffrances, quand ils ne paient pas leur fidélité de leur vie. Dès lors, excuser ou couvrir le mal trahirait un certain mépris pour ces efforts.
De l’aide pour ceux qui ont commis des fautes
Si des chrétiens ayant commis un péché grave se retiennent d’aller trouver les anciens, c’est souvent parce qu’ils ne sont pas conscients des bienfaits de cette démarche. Il en est qui s’imaginent, à tort, que toute la congrégation sera mise au courant de leur péché. D’autres refusent de voir la gravité de leur conduite. D’autres encore pensent pouvoir revenir sur le droit chemin sans l’aide des anciens.
Or, ces chrétiens ont besoin de l’aide bienveillante des anciens. Jacques a écrit : “ Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle à lui les anciens de la congrégation, et qu’ils prient sur lui, l’enduisant d’huile au nom de Jéhovah. Et la prière de la foi rétablira celui qui est souffrant, et Jéhovah le relèvera. De plus, s’il a commis des péchés, il lui sera pardonné. ” — Jacques 5:14, 15.
N’est-ce pas là une disposition remarquable pour permettre à ceux qui ont commis des fautes de retrouver une bonne spiritualité ? Les anciens appliquent les conseils réconfortants de la Parole de Dieu et prient en faveur de ceux qui sont spirituellement malades, afin qu’ils reviennent de leurs voies mauvaises. Dès lors, les chrétiens repentants qui s’entretiennent avec ces anciens pleins d’amour ne se sentent pas condamnés, mais, au contraire, réconfortés et soulagés. En Afrique occidentale, un jeune homme avait caché pendant plusieurs mois qu’il avait commis la fornication. Une fois son péché connu, il a dit aux anciens : “ J’aurais tellement voulu que quelqu’un me demande quelles étaient mes relations avec cette fille. C’est un vrai soulagement de pouvoir parler ouvertement de tout cela. ” — Voir Psaume 32:3-5.
Une façon de manifester l’amour basé sur des principes
Les serviteurs de Dieu baptisés sont “ passés de la mort à la vie ”. (1 Jean 3:14.) Mais s’ils commettent un péché grave, ils reprennent le chemin de la mort. Faute de soutien, ils risquent de s’endurcir dans le mal, de ne plus désirer se repentir ni revenir au culte du vrai Dieu. — Hébreux 10:26-29.
Révéler une faute, c’est montrer un intérêt sincère pour le coupable. Jacques a écrit : “ Mes frères, si quelqu’un parmi vous s’égare loin de la vérité et qu’un autre le ramène, sachez que celui qui ramène un pécheur de l’erreur de sa voie sauvera son âme de la mort et couvrira une multitude de péchés. ” — Jacques 5:19, 20.
Dès lors, pourquoi révéler ce qui est mal ? Parce que cela a d’heureux effets. Agir ainsi, c’est manifester l’amour chrétien basé sur des principes tant envers Dieu qu’envers la congrégation et envers l’auteur de la faute. Quand chaque membre de la congrégation défend fidèlement les principes justes de Jéhovah, celui-ci bénit abondamment l’ensemble de la congrégation. Pour reprendre les termes de l’apôtre Paul, “ [Jéhovah] vous affermira aussi jusqu’à la fin, pour que vous ne donniez prise à aucune accusation au jour de notre Seigneur Jésus Christ ”. — 1 Corinthiens 1:8.
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Questions des lecteursLa Tour de Garde 1997 | 15 août
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Questions des lecteurs
Le Tétragramme (les quatre lettres hébraïques qui composent le nom de Dieu) apparaît-il dans le texte hébreu de Matthieu copié au XIVe siècle par le médecin juif Shem-Tob ben Isaac Ibn Shaprut ?
Non. Cependant, comme l’expliquait La Tour de Garde du 15 août 1996 (page 13), dans ce texte de Matthieu on trouve 19 fois hashShém en entier ou sous forme abrégée.
L’hébreu hashShém signifie “ le Nom ”, expression qui désigne manifestement le nom divin. Par exemple, dans le texte de Shem-Tob, une forme abrégée de hashShém apparaît en Matthieu 3:3, passage où l’évangéliste cite Isaïe 40:3. Il est logique de penser que lorsqu’il reprenait un verset des Écritures hébraïques où figurait le Tétragramme Matthieu introduisait le nom divin dans son Évangile. Par conséquent, même si le Tétragramme ne se rencontre pas dans le texte hébreu présenté par Shem-Tob, la présence de l’expression “ le Nom ”, comme en Matthieu 3:3, appuie l’emploi de “ Jéhovah ” dans les Écritures grecques chrétiennes.
Shem-Tob a copié le texte hébreu de Matthieu dans son ouvrage polémique ʼEven bochan. Mais d’où provenait ce texte hébreu ? Le professeur George Howard, grand spécialiste de ce texte, estime que “ l’origine du Matthieu hébreu de Shem-Tob se situe quelque part au cours des quatre premiers siècles de l’ère chrétienne ”a. Certains peuvent ne pas être d’accord avec lui sur ce point.
Le professeur Howard a fait cette remarque : “ Le Matthieu hébreu incorporé dans ce texte se singularise surtout par ses nombreuses différences avec le Matthieu grec canonique. ” Par exemple, selon le texte de Shem-Tob, Jésus a dit de Jean : “ Vraiment, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’en a pas été suscité de plus grand que Jean le Baptiste. ” Il omet cependant les paroles suivantes de Jésus : “ Mais quelqu’un qui est un petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. ” (Matthieu 11:11). Dans le même ordre d’idées, il existe de nombreuses différences entre le texte hébreu des Écritures hébraïques parvenu jusqu’à nous et le vocabulaire du texte grec correspondant utilisé dans la Septante. Bien que leurs différences soient prises en compte, ces textes anciens ont leur utilité en matière d’étude comparative.
Comme nous l’avons dit, le texte de Matthieu de Shem-Tob met “ le Nom ” là où il y a de bonnes raisons de penser que Matthieu avait écrit le Tétragramme. Voilà pourquoi, depuis 1950, le texte de Shem-Tob a été utilisé pour appuyer l’emploi du nom divin dans les Écritures grecques chrétiennes et qu’il est toujours cité dans Les Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau — avec notes et référencesb.
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