BONTÉ DE CŒUR
Dans les Écritures hébraïques comme dans les Écritures grecques chrétiennes, il est fait souvent mention de la bonté. Le mot hébreu ḥèsèdh, utilisé en rapport avec la bonté, apparaît 245 fois. Le verbe apparenté ḥasadh signifie “ agir ou traiter avec fidélité (ou avec bonté de cœur) ” et emporte davantage que la simple idée d’une tendre attention ou d’une bonté née de l’amour, bien que le vocable contienne ces notions (voir Ps 18:25, note). Le ḥèsèdh est cette bonté qui s’attache avec amour à tel objet jusqu’à ce que son but en rapport avec cet objet soit atteint. D’après un dictionnaire (Theological Dictionary of the Old Testament, par G. Botterweck et H. Ringgren, 1986, vol. 5, p. 51), le ḥèsèdh “ est actif, sociable et durable. [...] [Le ḥèsèdh] désigne toujours non pas seulement une attitude humaine, mais aussi l’acte qu’engendre cette attitude. C’est un acte qui préserve ou défend la vie. C’est une intervention en faveur de quelqu’un qui subit un revers ou connaît la détresse. C’est une démonstration d’amitié ou de piété. [Le ḥèsèdh] recherche ce qui est bien et non ce qui est mal ”. Aussi le vocable ḥèsèdh est-il rendu dans un sens très large par “ bonté de cœur ” ou, en raison des notions de fidélité, de solidarité et de loyauté éprouvée qui s’y rattachent, il peut se traduire par “ amour fidèle ”. Au pluriel, on peut le rendre par “ bontés de cœur ”, “ actes d’amour fidèle ”, “ toute la bonté de cœur ” ou “ tout l’amour fidèle ”. — Ps 25:6, note ; Is 55:3, note.
La bonté de cœur de Dieu. La bonté de cœur est une des qualités précieuses de Jéhovah Dieu dans lesquelles il prend plaisir et qui est manifeste dans toutes ses manières d’agir avec ses serviteurs (Ps 36:7 ; 62:12 ; Mi 7:18). Si tel n’était pas le cas, ils seraient morts depuis longtemps (Lm 3:22). C’est pourquoi Moïse put intercéder en faveur des Israélites rebelles, tant à cause du grand nom de Jéhovah que parce qu’il est un Dieu de bonté de cœur. — Nb 14:13-19.
Les Écritures montrent que Jéhovah manifeste sa bonté de cœur, ou amour fidèle, de diverses manières et dans différentes circonstances : en délivrant et en gardant en vie (Ps 6:4 ; 119:88, 159), en préservant et en protégeant (Ps 40:11 ; 61:7 ; 143:12), et en soulageant dans la peine (Ru 1:8 ; 2:20 ; Ps 31:16, 21). Grâce à elle, on peut être délivré du péché (Ps 25:7) et soutenu (Ps 94:18 ; 117:2). Par elle, ceux que Dieu a choisis sont aidés (Ps 44:26). La bonté de cœur de Dieu fut magnifiée dans les cas de Lot (Gn 19:18-22), d’Abraham (Mi 7:20) et de Joseph (Gn 39:21). On la reconnut également dans le choix d’une femme pour Isaac. — Gn 24:12-14, 27.
Jéhovah continua de magnifier sa bonté de cœur en rapport avec son alliance lors de la formation de la nation d’Israël et après (Ex 15:13 ; Dt 7:12), notamment dans le cas de David (2S 7:15 ; 1R 3:6 ; Ps 18:50), d’Ezra et de ceux qui étaient avec lui (Ezr 7:28 ; 9:9), et de “ milliers ” d’autres (Ex 34:7 ; Jr 32:18). Soutenant l’alliance du royaume conclue avec David, Jéhovah continua de montrer sa bonté de cœur même après la mort de Jésus, car il ressuscita ce “ fidèle ” conformément à cette prophétie : “ Je vous donnerai les bontés de cœur envers David, qui sont fidèles. ” — Ps 16:10 ; Ac 13:34 ; Is 55:3.
C’est cette bonté de cœur de Jéhovah qui attire les humains à lui (Jr 31:3). Ils ont confiance en elle (Ps 13:5 ; 52:8), espèrent en elle (Ps 33:18, 22), prient pour en bénéficier (Ps 51:1 ; 85:7 ; 90:14 ; 109:26 ; 119:41) et sont consolés par elle (Ps 119:76). De plus, ils rendent grâces à Jéhovah pour sa bonté de cœur (Ps 107:8, 15, 21, 31), ils le bénissent et le louent pour elle (Ps 66:20 ; 115:1 ; 138:2), et ils en parlent à autrui (Ps 92:2). À l’exemple de David, ils ne doivent jamais chercher à la cacher (Ps 40:10), car elle est bonne (Ps 69:16 ; 109:21) et elle est une grande cause de joie (Ps 31:7). La bonté de cœur de Dieu est assurément comparable à un sentier sur lequel il est agréable de marcher. — Ps 25:10.
Dans d’autres textes bibliques sont soulignées l’abondance (Ps 5:7 ; 69:13 ; Yon 4:2), la grandeur (Nb 14:19) et la permanence (1R 8:23) de la bonté de cœur de Dieu. Elle est aussi élevée que les cieux (Ps 36:5 ; 57:10 ; 103:11 ; 108:4), elle remplit la terre (Ps 33:5 ; 119:64), et elle est accordée jusqu’à mille générations (Dt 7:9) et “ pour des temps indéfinis ”. (1Ch 16:34, 41 ; Ps 89:2 ; Is 54:8, 10 ; Jr 33:11.) Au Psaume 136, les 26 versets répètent la phrase : ‘ La bonté de cœur de Jéhovah est pour des temps indéfinis. ’
Cette caractéristique extraordinaire de Jéhovah qu’est sa bonté de cœur est souvent associée à d’autres qualités magnifiques : la miséricorde, la compassion, la vérité, le pardon, la justice, la paix, le jugement et le droit. — Ex 34:6 ; Ne 9:17 ; Ps 85:10 ; 89:14 ; Jr 9:24.
La bonté de cœur de l’homme. Il ressort de ce qui précède que ceux qui souhaitent avoir l’approbation de Dieu doivent “ aimer la bonté ” et ‘ pratiquer l’un envers l’autre bonté de cœur et miséricordes ’. (Mi 6:8 ; Ze 7:9.) Comme le dit le proverbe, “ la chose désirable chez l’homme tiré du sol, c’est sa bonté de cœur ”, laquelle lui procure de belles récompenses (Pr 19:22 ; 11:17). Dieu se rappelait et agréait la bonté de cœur qu’Israël avait manifestée durant sa jeunesse (Jr 2:2). Mais quand elle devint “ comme les nuages du matin et comme la rosée qui s’en va de bonne heure ”, cela déplut à Jéhovah, car, dit-il, “ c’est à la bonté de cœur que j’ai pris plaisir, et non au sacrifice ”. (Ho 6:4, 6.) Étant dépourvu de bonté de cœur, Israël fut repris, ce blâme étant en réalité une bonté de cœur de la part de Dieu (Ho 4:1 ; Ps 141:5). Israël fut également exhorté à revenir à Dieu en faisant preuve de bonté de cœur et de justice (Ho 12:6). De telles qualités doivent être manifestes en tout temps chez qui désire trouver faveur aux yeux de Dieu et de l’homme. — Jb 6:14 ; Pr 3:3, 4.
La Bible renferme de nombreux exemples de personnes ayant montré de la bonté de cœur envers d’autres. Sara, par exemple, manifesta un tel amour fidèle à son mari en territoire ennemi : elle le protégea en disant qu’il était son frère (Gn 20:13). Jacob demanda à Joseph d’exercer la même qualité envers lui lorsqu’il lui fit promettre de ne pas l’enterrer en Égypte (Gn 47:29 ; 50:12, 13). Rahab demanda aux Israélites de faire montre de bonté de cœur envers elle en gardant sa maisonnée en vie, comme elle l’avait fait envers les espions israélites (Jos 2:12, 13). Boaz félicita Ruth d’en avoir usé (Ru 3:10) et Yonathân demanda à David de l’exercer envers lui et sa maisonnée. — 1S 20:14, 15 ; 2S 9:3-7.
Les mobiles et les circonstances qui incitent des individus à manifester la bonté ou la bonté de cœur sont très variables. Des actes de bonté occasionnels peuvent être le reflet d’une hospitalité traditionnelle ou d’une propension à être chaleureux, sans être forcément motivés par la piété (voir Ac 27:1, 3 ; 28:1, 2). Dans le cas d’un certain homme de la ville de Béthel, on était prêt à user de bonté à son égard, mais c’était en échange des services qu’on attendait de lui (Jg 1:22-25). D’autres fois, peut-être parce qu’ils se trouvaient dans une situation critique, des hommes demandèrent à d’autres à qui ils avaient rendu service dans le passé d’user de bonté de cœur à leur égard (Gn 40:12-15). Mais il arrivait que certains ne s’acquittent pas de ces dettes de bonté de cœur (Gn 40:23 ; Jg 8:35). Comme l’indique le proverbe, une multitude d’hommes proclament leur bonté de cœur, mais peu nombreux sont ceux qui se montrent fidèles en l’exerçant (Pr 20:6). Saül et David se rappelaient la bonté de cœur que d’autres avaient manifestée (1S 15:6, 7 ; 2S 2:5, 6) ; il semble d’ailleurs que les rois d’Israël s’acquirent une certaine réputation de bonté de cœur (1R 20:31), peut-être par comparaison avec les souverains païens. Un jour, toutefois, une marque de bonté de cœur de David fut repoussée parce que son geste fut mal interprété. — 2S 10:2-4.
D’après Paul, la loi ne fut pas promulguée pour les justes, mais pour les gens mauvais, qui, entre autres, n’ont pas de bonté de cœur (1Tm 1:9). Le mot grec anosios, rendu dans ce verset par “ sans bonté de cœur ”, signifie aussi “ sans fidélité ”. — 2Tm 3:2.