Coup d’œil sur le monde
Le pape exalte les “valeurs de la tradition”
Durant son voyage dans le nord-est de l’Italie, le pape Paul VI s’est arrêté à Venise. Sur le parvis de la basilique, il a exalté les valeurs de la tradition, disant : “Apprécier les valeurs de la tradition n’est pas passivité mais attitude positive, réfléchie, critique, libre. C’est une façon d’être engagé. Le respect, le sens, l’amour de la tradition n’est pas immobilisme. Au contraire, il réclame une force morale, une discipline de pensée et de mœurs, une solidité, une capacité de résister à la mode éphémère des temps : il réclame, en un mot, de la personnalité.” Insistant sur “l’élément de progrès” que renferme la tradition, il a encouragé “un saint aggiornamento sur le plan de la doctrine et de la pastorale afin d’obtenir une foi plus profonde, plus pure, plus engagée, une vie chrétienne plus intense dans toutes ses dimensions, individuelles et sociales, un témoignage de vie sacerdotale et religieuse qui corresponde davantage à l’Évangile et à l’exemple de Jésus, et donc plus efficace pour le salut de l’homme moderne”.
“La mauvaise conscience des fumeurs”
Tel est le titre d’un article paru dans Le Figaro du 15 septembre 1972. On pouvait y lire, entre autres choses : “Les travaux de laboratoires ne laissent subsister aucun doute sur l’action néfaste du tabac dans le domaine des maladies cardio-vasculaires, de l’emphysème ou des bronchites chroniques. Le SEITA [Le Service d’exploitation industrielle des tabacs et des allumettes] admet que sur cent personnes qui commencent à fumer un paquet de cigarettes par jour à l’âge de vingt ans, quatre ou cinq sont vraisemblablement exposées à mourir vers la soixantaine d’un cancer du poumon. Autant dire que le péril est sérieux. Le paradoxe, c’est que, malgré tous les avertissements, la consommation est de plus en plus forte et commence de plus en plus tôt. Soixante-dix milliards de cigarettes fabriquées par la Régie en 1970. De 3 à 6 % d’augmentation chaque année. (...) Les statistiques sont bien plus inquiétantes pour les jeunes de 15 à 20 ans : 75 % des garçons et 60 % des filles ont pris l’habitude de fumer.” La suite de l’article montre que, malgré une certaine mauvaise conscience, le fumeur est esclave du tabac. On peut lire : “Qu’il se sente esclave d’un vice ou qu’il revendique son comportement comme un choix, le grand fumeur est en tout cas conscient d’être une victime qui aime son bourreau. Il a essayé de s’arrêter ou au moins de diminuer sa consommation. Mais cette tentative a échoué et il évite le plus possible de réveiller ce souvenir humiliant.” Pour conclure, après avoir reconnu qu’il serait illusoire de s’attendre à ce que tous les hommes cessent de fumer, l’article citait le professeur Mathé qui déclara : “Il faut tenir compte du tabac, mais en essayant d’en diminuer la nocivité. Si ce vice venait à être pourchassé et détruit — ce qui impliquerait d’ailleurs des sacrifices économiques peu vraisemblables dans un proche avenir — qui nous assure qu’il ne serait pas remplacé par un vice médicalement plus dangereux encore ?”
La morue menacée à son tour
Le Figaro du 13 septembre 1972 rapporta la décision du gouvernement islandais de porter la limite de pêche, qui était de douze milles, à cinquante milles à partir du 1er septembre. Cette décision a provoqué des réactions diverses de la part des six ou sept pays dont les chalutiers viennent pêcher la morue dans ces eaux. Certains d’entre eux ont adopté une attitude plutôt hostile. Commentant cet incident, l’article en question déclare : “Mais, au delà de ce conflit (...), se trouve posé un grave problème, celui de l’anéantissement des bancs de poissons, alors que l’on songe de plus en plus à tirer de la mer la nourriture de demain.” Il cite ensuite cette déclaration du Premier ministre islandais : “Notre décision n’a rien d’égoïste. Mais nous voyons chaque année des flottilles de navires-usines dévaster banc après banc et si nous laissons faire, il n’y aura plus de poissons pour personne en Islande d’ici à trois ans.” Le ministre islandais des Pêcheries parla dans le même sens : “La pêche intensive avec du matériel de plus en plus perfectionné à laquelle se livrent certains pays a pour résultat de dépeupler la mer. Il y a vingt ans, la moitié des morues pêchées avaient au moins dix ans ; aujourd’hui, on en trouve tout juste 2 % qui atteignent cet âge.”
Les accidents de la route
À partir du 11 septembre, 800 médecins venus de 42 pays se sont réunis à Paris pour “tenter de comprendre pourquoi et comment on se tue” en voiture. Au cours de ce congrès, il a été rappelé qu’en 1971 on a dénombré plus de 65 000 morts sur les routes de huit pays d’Europe. Il a également été rappelé que la conduite peut être perturbée par la fatigue, la faim, l’alcool, diverses maladies physiques et psychiques et par les drogues, telles que la marijuana, l’héroïne et le LSD, mais aussi par les remèdes médicamenteux comme les stimulants, les tranquillisants et les sédatifs.
Des tests ont révélé qu’il est tout aussi dangereux de conduire après avoir fumé de la marijuana que lorsqu’on est sous l’emprise de l’alcool. Selon un rapport d’Allemagne de l’Ouest, douze conducteurs, sous l’emprise de cette drogue, ont brûlé des feux rouges, zigzagué sur des routes bien droites et manqué des virages. Selon un autre rapport, un conducteur sous l’effet de la drogue avait des hallucinations pendant qu’il conduisait. Il est intéressant de noter qu’un représentant de la justice, qui parla à ce conducteur, fut incapable de remarquer la moindre anomalie.
Rien que la vérité
Un député français a appelé l’attention du ministre de la Justice sur le serment que doivent prononcer les jurés : “Sur mon honneur et ma conscience devant Dieu et devant les hommes, etc.” Il a fait remarquer que c’est contraindre un citoyen à prêter serment devant Dieu alors qu’il n’est peut-être pas croyant. Le ministre a répondu qu’un projet de loi avait été déposé en vue de “laïciser” la formule du serment qui ne ferait plus référence à Dieu. On ne jurera plus que devant les hommes. Commentant cela dans Le Figaro du 18 septembre 1972, André Frossard écrivit : “Mais pourquoi continuerait-on à jurer ? Un serment sans caution éternelle perd toute valeur, de même que le témoignage qui lui fait suite (...). D’ailleurs, n’est-il pas absurde et périmé de réclamer ‘la vérité, toute la vérité, rien que la vérité’ à des gens auxquels leurs maîtres à penser expliquent tous les jours que la vérité n’existe pas, et n’y a-t-il pas une inadmissible contradiction à juger les hommes dans un monde désormais sans péché, où l’on ne voit que des justes en circulation ?”
Un tribunal soutient la requête d’un chrétien qui refusait une transfusion de sang
On déclara à Charles Osborn, Américain de trente-quatre ans, qui venait d’avoir un accident, qu’il “n’avait qu’une chance sur quatre de survivre sans transfusion de sang”. À son entrée à l’hôpital, Osborn avait demandé aux médecins de ne pas utiliser de sang. Dans l’intention de l’obliger à accepter une transfusion, les responsables de l’hôpital sont allés trouver chez lui le juge Sylvia Bacon. Les membres de la famille d’Osborn, qui soutenaient sa position, les ont accompagnés. Le juge repoussa leur requête. Ils présentèrent alors le cas devant la cour d’appel de Washington. Quelques années auparavant, J. Skelly Wright, un autre juge, avait ordonné qu’une transfusion de sang soit faite à une femme. On demanda au juge Bacon de reconsidérer sa décision. Il se rendit donc à l’hôpital pour avoir un entretien personnel avec le malade. Il rejeta de nouveau la requête des médecins. En dernier ressort, la cour d’appel refusa de casser la décision du juge Bacon. Le Washington Post rapporta : “Selon le Dr Albert Rolle, le médecin chargé de soigner Osborn, la plupart des malades dans la situation d’Osborn seraient décédés. ‘Mais, ajouta-t-il, nous ne pouvons pas toujours prévoir ce qui se passera ; cela dépend du malade.’” Les médecins furent étonnés quand Osborn rentra chez lui au bout d’une semaine.
‘Le crime est inhérent à la société’
En juin dernier, P. Murphy, chef de la police de New York, fit cette remarque : “Les progrès extraordinaires des États-Unis ont été accompagnés d’un nombre record d’échecs tragiques et profonds. Durant de nombreuses années, le crime n’a cessé de progresser et, ne nous y trompons pas, il progressera encore. Les esprits criminels ne se repentiront pas, et les activités criminelles ne cesseront pas. Le crime est inhérent à notre société.” La véracité de ces propos fut confirmée le 21 août quand la ville enregistra le chiffre record de quatorze meurtres dans la même journée.
Des activités courantes dans les églises catholiques
Il n’y a pas que les doctrines qui changent dans l’Église catholique. À La Nouvelle-Orléans, dans l’église Saint-François de Sales, le dimanche, la messe de neuf heures et demie inclut de la musique Dixieland, du jazz, du rock and roll et de “vieux cantiques baptistes”. Les assistants frappent des mains, se balancent, virevoltent et poussent des cris. Récemment, tout en chantant “Nous vaincrons”, ils ont levé le bras et montré le poing, faisant ainsi le salut au “black power”. À Chicago, vingt églises et écoles catholiques se transforment un soir chaque année en boîtes de nuit. On rapporte que certaines font une recette de plus de 200 000 francs français. À l’occasion d’une fête organisée dans une école catholique de la paroisse Saint-Jude l’Apôtre, seules les personnes âgées de plus de vingt et un ans sont autorisées à assister au spectacle. Un acteur travesti reconnut que certaines des scènes comiques étaient “un peu osées”. Mais, ajouta-t-il, “à moins d’être incroyablement étroits d’esprit, les assistants les acceptent comme de bonnes plaisanteries pour adultes”.