L’automne de la vie — une période féconde
De notre correspondant au Brésil
DE JOUR en jour, inexorablement, nous vieillissons. Il nous est impossible d’arrêter ce processus. Cependant, de même que l’automne est une période paisible et féconde, l’automne de la vie peut l’être également.
Pensez-vous uniquement aux cheveux gris, aux rides, à la démarche plus lente et à la perte des êtres chers ? Ou bien êtes-vous reconnaissant de posséder une plus grande expérience et la maturité qui vient avec l’âge ? Pensez-vous que la jeunesse est la période des réalisations les plus importantes et que les facultés sont alors à leur maximum pour décroître ensuite rapidement ?
La puissance créatrice pendant la vieillesse
Citant largement un ouvrage des docteurs E. W. Busse et E. Pfeiffer, Sélection du Reader’s Digest (oct. 72) déclarait : “La puissance créatrice demeure grande chez les gens âgés, notamment dans des domaines comme les mathématiques, les inventions, la botanique, la littérature. Chez les hommes d’État, les capacités tendent à augmenter avec l’âge, et dans la sphère de la pensée abstraite, par exemple la philosophie et la logique, c’est entre quarante-cinq et quatre-vingt-trois ans qu’on atteint la puissance maximale. (...) La diminution de l’agilité intellectuelle avec l’âge n’est absolument pas inévitable.”
Le professeur N. J. Berill a exprimé la même pensée, en disant : “À 80 ans, les facultés intellectuelles sont aussi bonnes qu’à 35. Tandis qu’un esprit jeune a tendance à imaginer de nouvelles conceptions, de nouvelles idées, l’esprit plus âgé (...) possède une plus grande stabilité, de la profondeur et la richesse de l’expérience.”
Les témoignages confirment que les facultés mentales ne se détériorent pas au même rythme que les facultés physiques. En faisant une enquête auprès de quatre cents hommes d’État, peintres, officiers, poètes et écrivains, on s’aperçut que 35 pour cent de leurs réalisations les plus importantes avaient été accomplies entre soixante et soixante-dix ans ; 23 pour cent entre soixante-dix et quatre-vingts ans ; et 8 pour cent après quatre-vingts ans ! Les deux tiers de ces gens avaient passé soixante ans.
Exemples de longévité
Depuis longtemps, on a remarqué que certaines personnes vivent beaucoup plus longtemps que la moyenne et conservent une remarquable vigueur physique et mentale. Moïse, le prophète israélite, a écrit : “Les jours de nos années s’élèvent à soixante-dix ans, et, pour les plus robustes, à quatre-vingts ans.” (Ps. 90:10). Cependant, Moïse était un homme vigoureux de quatre-vingts ans quand il conduisit la nation d’Israël hors d’Égypte, et, quarante ans plus tard, la Bible nous dit ce qui suit à son sujet : “Moïse était âgé de cent vingt ans lorsqu’il mourut ; sa vue n’était point affaiblie, et sa vigueur n’était point passée.” — Deut. 34:7.
Aujourd’hui encore, certaines personnes vivent plus de cent ans. Bruce Biossat, journaliste de Washington, a écrit : “Quelque 15 000 Américains, un nombre étonnant, ont cent ans et plus. (...) Un tiers des centenaires actuels sont inscrits à la Sécurité sociale.” Biossat ajoute qu’environ 250 000 Américains, soit un sur 800, sont âgés de plus de quatre-vingt-dix ans.
D’autres régions comptent également un pourcentage important d’habitants âgés, notamment la république soviétique de Géorgie, dans le Caucase, entre la mer Noire et la mer Caspienne. En 1971, Sula Benet, professeur d’anthropologie au Collège Hunter, à New York, a visité le village de Dzhgerda, dans cette région. Il dit : “Il y a 71 hommes et 110 femmes entre 81 et 90 ans, et 19 personnes âgées de plus de 91 ans. Cela fait 15 pour cent de la population de 1 200 habitants.”
Citons encore la Vallée de Vilcabamba, en Équateur, qui rivalise avec la république précitée pour ce qui est de la longévité. Le Brésil aussi s’enorgueillit de ses centenaires. Sur le haut plateau de l’État de Goiás habite Delfina da Costa Silva qui a, dit-on, 155 ans. Elle accueille toujours les visiteurs avec la traditionnelle tasse de café, symbole de l’hospitalité brésilienne.
Certains Américains ont aussi une vie étonnamment longue. Charlie Smith a célébré son 125ème anniversaire le 4 juillet 1967. Le périodique Time fit le commentaire suivant : “Les affirmations de Smith concernant son grand âge reposent sur plus de preuves que la plupart des autres cas, mais ces ‘preuves’ ne sont pas suffisantes : Aucune d’elle ne le mentionne de façon précise ni n’indique exactement le lieu et la date de sa naissance. (...) Jusqu’à présent aucun rapport n’a pu fournir des documents prouvant qu’un citoyen des États-Unis ait dépassé l’âge de 111 ans.”
Néanmoins, malgré le manque de preuves formelles concernant les cas de longévité extrême, il est évident que certaines personnes, dans quelques régions en particulier, vivent plus longtemps tout en restant en bonne santé. Pourquoi ?
Le secret d’une longue vie
On attribue l’exceptionnelle longévité des habitants du sud de l’Union soviétique à l’air pur de l’altitude, à leur alimentation simple mais nourrissante et au dur travail physique. “Les vieux ne restent jamais longtemps assis sur leur chaise”, déclare Sula Benet. Dans ce pays, on considère que les gens très gros sont malades et on s’enquiert de leur santé.
En outre, les personnes âgées se sentent utiles. Le docteur Albert Parry, d’origine russe, écrivit au sujet de la vie rurale dans le Caucase : “La famille et la communauté donnent aux gens âgés le sentiment d’être importants, ou au moins nécessaires, en venant leur demander conseil.”
Les vieillards sont donc optimistes et envisagent la vie avec plaisir. Un homme de quatre-vingt-dix-neuf ans, du village d’Achandara, déclara : “Mes enfants et mes petits-enfants ont besoin de moi et je ne trouve pas ce monde trop mauvais, sauf que je ne peux plus retourner la terre et que j’ai des difficultés à monter aux arbres.”
On a établi qu’un travail satisfaisant et le sentiment d’être utile sont des facteurs non négligeables de longévité. Aux États-Unis, des chercheurs du Centre pour l’étude du vieillissement et du développement humain de l’Université Duke ont déclaré récemment que les gens satisfaits de leur sort et aimant leur travail vivent plus longtemps. On a aussi remarqué que la longévité est la caractéristique de certaines familles ; l’hérédité est donc un autre facteur important.
Le vieillissement et ses causes
Néanmoins, quoi que fasse l’homme, il vieillit, puis meurt. En fait, il est exceptionnel de vivre beaucoup plus de quatre-vingts ou quatre-vingt-dix ans. Comme le fit remarquer le quotidien brésilien O Globo, “même si la médecine et la chirurgie accomplissaient tous les miracles que nous en attendons nous ne devrions pas espérer voir la vie humaine prolongée de beaucoup. Autrement dit, même si l’homme était protégé de tous les accidents et de toutes les maladies possibles et imaginables, la durée de sa vie n’excéderait pas une moyenne de quatre-vingts ans”.
Pourquoi en est-il ainsi ? Pourquoi le séquoia vit-il des milliers d’années tout en gardant sa vigueur, alors que le corps humain s’affaiblit, se rapetisse et disparaît en moins d’un siècle ?
La science nous explique que la continuation de la vie dépend de la capacité de l’organisme de renouveler ses cellules. Or, à partir d’un certain âge, les cellules ne se renouvellent plus convenablement. Il en résulte un ralentissement dans les fonctions de l’organisme et, finalement, l’arrêt complet. Le Dr Isaac Asimov est arrivé à la conclusion suivante : “Il semble que nos cellules soient ‘programmées’ par leurs gènes pour subir progressivement ces changements pendant l’époque qu’on appelle la vieillesse.”
La science moderne n’a donné aucune réponse satisfaisante à la question de savoir pourquoi ces modifications se produisent dans les cellules, provoquant le vieillissement et la mort. De nombreux médecins estiment que la vieillesse n’est pas une maladie, elle n’est pas une cause de décès. Selon le Dr Moisés Barmak, de São Paulo, “la vieillesse, que l’on donne si souvent comme causa mortis sur les certificats de décès, n’existe pas en tant que telle. Personne ne meurt de vieillesse”. Cependant, tout le monde meurt. Pourquoi’ ? La Bible répond : “C’est pourquoi, comme par un seul homme [Adam] le péché est entré dans le monde et la mort par le péché, et qu’ainsi la mort s’est étendue à tous les hommes, parce qu’ils ont tous péché.” — Rom. 5:12.
Aidons les personnes âgées à jouir de la vie
Que les personnes âgées trouvent ou non de l’agrément à la vie, cela dépend en grande partie d’elles-mêmes. L’attitude de leurs enfants a aussi beaucoup d’importance.
Pour celui qui a un but dans la vie, chaque jour lui procure du plaisir même s’il doit faire face à la douleur ou à la faiblesse. Nombre de personnes âgées qui ont rempli leur esprit et leur cœur des bonnes choses puisées dans la Parole de Dieu, prennent plaisir à les partager avec autrui. Certaines ont la force de sortir pour aller visiter les gens dans leurs foyers. D’autres se servent du téléphone ou de la poste ; d’autres encore parlent aux gens de leur entourage dans les salles d’hôpitaux ou les maisons de retraite. Les vieillards apprécient ce que l’on fait pour eux et sont heureux quand, de leur côté, ils sont capables de pourvoir à leurs besoins et à leur bien-être. Mais ils sont surtout très joyeux quand ils peuvent faire quelque chose pour les autres, quelque chose d’important. C’est effectivement une grande joie d’aider autrui à connaître Dieu et son merveilleux dessein consistant à faire de la terre un paradis où il n’y aura plus ni douleur ni vieillesse, où la mort n’existera plus et où même les morts reviendront à la vie. Cette activité, plus que n’importe quelle autre, peut faire de l’automne de la vie une période féconde. — Rév. 21:3, 4 ; Actes 24:15.
Mais qu’ils caressent ou non cette espérance, les gens âgés ont besoin d’un endroit où vivre. Certains préfèrent avoir leur propre foyer, peut-être près de leurs enfants, mais avec la liberté d’aller et venir sans déranger les projets des autres.
En bien des cas, à cause d’un accident ou de la maladie, le parent resté veuf ne peut prendre soin de lui-même. Certains enfants, reconnaissants, prennent leur père ou leur mère chez eux, et la famille profite de l’expérience de l’aïeul. Dans d’autres cas, ce dernier sera placé dans une maison de santé où il pourra recevoir les soins que nécessite son état. Parfois, on prend de telles dispositions en ayant en vue le bien réel de chacun. Toutefois, il arrive que les enfants adoptent cette mesure, non pas parce qu’elle est la meilleure ni parce qu’ils aimeraient qu’on agisse ainsi envers eux-mêmes dans leur vieux jours, mais parce qu’elle leur paraît la plus commode.
Les maisons de convalescence et de santé sont de plus en plus nombreuses. Rien qu’aux États-Unis, il y en a 25 000. Cependant, un peu plus de la moitié seulement offrent des soins excellents. Certains de ces établissements songent plus aux profits matériels qu’à la qualité des soins à donner. D’autres, il est vrai, font de réels efforts pour aider les vieillards à jouir de leurs dernières années.
À São Paulo, 100 000 personnes ont plus de soixante-dix ans, et on a pris des mesures pour améliorer les conditions de vie des personnes âgées. À une demi-heure de voiture du centre de la ville, au milieu d’un beau parc, un établissement abrite 900 personnes âgées.
Les hommes et les femmes vivent dans des quartiers séparés, propres, aérés et bien éclairés. Environ 65 pour cent des pensionnaires sont hébergés gratuitement ; les autres paient des prix divers. Ceux qui paient le minimum vivent dans des salles de trente lits ; le prix maximum donne droit à une chambre privée.
Des médecins, des assistantes sociales et des infirmières sont attachées à l’établissement. L’équipement sanitaire comprend un sauna et des bains de vapeur. Un jardin fournit des légumes et des fruits frais.
Les pensionnaires peuvent exercer une activité pour laquelle ils sont rétribués, ce qui rend leur vie plus intéressante. Ils fabriquent des sacs, réparent les chaussures ou élèvent des lapins. Ils peuvent également faire leurs achats au magasin de l’établissement.
Dans d’autres pays, les gouvernements prévoient des appartements modestes à loyers très bas. Cela permet une intimité plus grande, mais il faut que le locataire puisse se débrouiller seul.
Il est vrai qu’avec le grand âge on voit ses forces décliner. Cependant, les facultés mentales, l’expérience, la sagesse, la capacité de travail et l’esprit créateur existent toujours et sont même parfois supérieurs. Si l’on reste actif, si l’on prend régulièrement de l’exercice et si l’on participe à un travail constructif, l’automne de la vie sera une période féconde.