Coup d’œil sur le monde
Lycéens illettrés
Aux États-Unis, des tests imposés aux lycéens désireux d’entrer à l’université ont révélé qu’un nombre croissant de jeunes Américains manient très mal la langue anglaise. On incrimine principalement le manque d’exercices de lecture à l’école primaire. Un autre grand coupable est la télévision. Le recteur d’une université de New York a déclaré : “Pour beaucoup d’enfants elle [la télévision] a dans une large mesure pris la place de la lecture, de l’exercice physique, de la conversation, des jeux avec d’autres enfants et de l’imagination créatrice de distractions.” Invariablement, les adolescents qui parlent et lisent bien sont ceux dont les parents leur faisaient des lectures à haute voix quand ils étaient petits, les encourageaient à lire et ne permettaient pas à la télévision de remplacer la lecture et la communication avec d’autres enfants.
Médicaments et affections dentaires
Lors du dernier congrès annuel de l’Association dentaire française, qui s’est tenue à Paris, l’effet que certains médicaments peuvent produire sur la bouche et les dents a été examiné. Par exemple, certains antibiotiques prescrits aux femmes enceintes peuvent avoir des répercussions sur l’état bucco-dentaire de l’enfant. Le professeur Dargent, président scientifique du congrès, a notamment déclaré : “Ces produits peuvent être responsables d’altérations indélébiles des dents. De même, les femmes utilisant les pilules contraceptives doivent savoir que certaines de ces substances peuvent favoriser une inflammation des muqueuses et, ultérieurement, le déchaussement des dents.” Mais parmi les affections bucco-dentaires, la carie reste le mal le plus courant. On estime que le premier responsable est le sucre, qui, sous l’effet des bactéries, se transforme en acide et attaque les dents. D’où le conseil d’éviter le “bonbon du soir” donné aux enfants. D’après les experts, seul le brossage des dents après chaque repas et surtout avant de se coucher le soir permet d’empêcher la formation de la plaque dentaire, qui précède celle d’une carie. Ils recommandent un brossage aussi bien horizontal que vertical et qui doit durer entre une et deux minutes, avec une brosse souple. Ils déplorent le fait qu’en 1975, seulement 25 millions de brosses à dents ont été vendues en France, soit une pour deux habitants !
La flotte de pêche soviétique
Selon des statistiques publiées récemment par le Lloyds de Londres, l’Union soviétique dispose de la flotte de pêche la plus importante et la plus moderne du monde. Pour ce qui est de la pêche côtière, l’URSS posséderait plus du tiers du tonnage mondial des bateaux de pêche. Alors que tous les autres pays du monde ne possèdent que 259 chalutiers de plus de 2 000 tonnes, les Soviétiques en exploitent 643. La même domination existe dans le domaine des bateaux-usines pour les conserves de poisson, puisque des 139 bateaux de ce genre qui existent dans le monde, l’URSS en possède 122.
Mauvaise récolte de céréales en URSS
Il paraît que les Moscovites racontent la boutade suivante : “Si l’on nous annonce que la vente du poisson va augmenter l’an prochain de 25 pour cent, c’est sans doute parce que la viande sera introuvable.” Il s’agit bien d’une boutade, car les mauvaises récoltes de 1975 auront paradoxalement pour première conséquence une augmentation des quantités de viande disponibles sur le marché. En effet, M. Baïbakov, président du Gosplan soviétique, a annoncé que “le manque de fourrages aura des conséquences sur l’élevage”. Autrement dit, faute d’aliments pour les nourrir, beaucoup de bovins devront être abattus. Du fait de la sécheresse qui a sévi en 1975, l’URSS a connu sa plus mauvaise récolte de céréales depuis une dizaine d’années. La production n’aurait été que de 135 millions de tonnes, alors que les besoins minimums sont de 195 millions de tonnes et que le Plan avait prévu 215 millions de tonnes. Commentant cette situation, Le Monde a écrit : “Globalement, les États-Unis ont une capacité d’exportation et des stocks suffisants pour couvrir l’ensemble des besoins soviétiques tout en fournissant leurs autres clients. (...) Les conséquences politiques de cette situation ne sont pas moins importantes. À l’extérieur, il sera tentant pour les États-Unis de considérer M. Brejnev comme sérieusement affaibli et de lui faire payer plus chèrement le prix d’une ‘détente’ déjà en difficulté ou, par exemple, celui des négociations sur les armements stratégiques. C’est là un problème de plus pour M. Brejnev, qui ne saurait oublier que les difficultés agricoles avaient déjà miné le pouvoir de son prédécesseur Nikita Khrouchtchev.”
Le catholicisme vire à gauche en Allemagne
L’Église catholique en République fédérale allemande s’était montrée jusqu’ici très conservatrice en matière politique, en soutenant fidèlement le parti démocrate-chrétien et en condamnant sans appel les catholiques ouvriers qui votaient pour le parti social-démocrate. Or, comme des élections générales doivent se tenir cette année en RFA et qu’en 1972 les sociaux-démocrates avaient gagné des voix dans des régions traditionnellement catholiques, les dignitaires de l’Église commencent à virer de bord. C’est ce qui est apparu dernièrement, lors du synode de Wurtzbourg. En effet, dans un texte intitulé “L’Église et la classe ouvrière”, adopté par 216 voix contre 51, le synode a exprimé son désir de trouver “de nouvelles voies de contact et d’entente entre l’Église et la classe ouvrière”. Sous l’intertitre “Un scandale persistant”, ce document synodal déclare : “Tout en ayant atteint certains objectifs du catholicisme, l’Église doit avouer qu’elle a très peu réussi à intégrer les ouvriers.” Ce document va même jusqu’à déclarer que Marx a découvert “la nouvelle réalité sociale”, et que la position adoptée jusqu’ici par l’Église a créé pour les ouvriers catholiques un “dur et douloureux conflit de loyauté”. À présent, le synode encourage les ouvriers catholiques à militer dans les syndicats dépendant des “démocrates-chrétiens”, mais aussi dans ceux qui dépendent des sociaux-démocrates. Ainsi, quel que soit le résultat des élections...
L’élection du pape inchangée
Depuis mars 1973, quand Paul VI a laissé entendre que la méthode d’élection du pape pourrait faire l’objet d’une réforme, le monde catholique se demandait si le conclave n’allait pas être étendu à certains évêques et même aux patriarches orientaux. Or, il n’en est rien. Dans une “Constitution apostolique”, publiée en novembre dernier, le pape déclare : “Conformément à l’antique tradition, l’élection du pontife romain est de la compétence de l’Église de Rome, c’est-à-dire du Sacré Collège des cardinaux qui la représente.” La déclaration pontificale précise encore que “le nombre des cardinaux électeurs ne doit pas excéder le maximum de cent vingt ; aucun d’entre eux ne devra avoir dépassé sa quatre-vingtième année au moment de l’entrée en conclave. Toute intervention de n’importe quelle autre dignité ecclésiastique ou puissance séculière, de quelque degré et de quelque ordre que ce soit, est absolument exclue”. Maintenant encore l’isolement traditionnel des cardinaux, le document précise qu’ils resteront en conclave “jour et nuit jusqu’à ce que l’élection soit terminée, sans avoir aucune relation avec les personnes ou les choses de l’extérieur”. Ainsi, cette “Constitution apostolique” maintient la fiction selon laquelle le pape n’est souverain pontife que parce qu’il est l’évêque de la ville de Rome, les cardinaux — encore par une fiction — étant considérés comme représentants de l’Église de cette ville. Or, si le pape était élu par des délégués de l’ensemble des évêques du monde entier, il deviendrait de jure ce qu’il est déjà de facto, c’est-à-dire le PDG de l’Église catholique. Il est évident qu’à l’époque où la papauté constitue l’un des obstacles majeurs à l’œcuménisme, le chef de l’Église catholique ne veut pas mettre l’accent sur sa suprématie.
Le Léman se meurt-il ?
Le lac Léman est l’un des plus beaux lacs d’Europe. Long de quelque 70 kilomètres et d’une largeur maximale de presque 14 kilomètres, cette mer intérieure” a une superficie de 580 kilomètres carrés. Mais ses eaux, chantées par Jean-Jacques Rousseau et Byron, s’asphyxient. En 1962, les gouvernements français et suisse ont créé la “Commission internationale pour la protection des eaux du lac Léman contre la pollution”. Cette commission fait des recommandations, mais elle n’a aucun pouvoir, si bien que nombre de ses conseils restent lettre morte. Les usines du Valais et les villes le long du Rhône supérieur et sur les rivages du lac déversent des tonnes de déchets organiques et chimiques dans les eaux du lac. Les matières organiques favorisent la prolifération d’algues, qui risquent d’étouffer le lac. Pour l’instant, cette surabondance d’algues favorise la vie animale, y compris les poissons. Les quelque deux cents pêcheurs professionnels, suisses et français, n’ont jamais fait de si bonnes prises, la production annuelle atteignant environ 1 200 tonnes. Mais ce pullulement de poissons est interprété par certains experts comme “le soubresaut d’un moribond”, l’asphyxie totale n’étant plus très éloignée. Quant à la pollution chimique, c’est le mercure qui constitue le plus grand danger. Heureusement, les jeunes poissons, qui font les délices des touristes et des riverains, n’en ont pas absorbé assez pour être un danger pour la santé. En revanche, dans certains poissons de grosse taille on a décelé des doses de mercure qui dépassent jusqu’à deux fois les doses-limites fixées par l’Organisation mondiale de la santé. Signalant ces faits dans Le Monde, Marc Ambroise-Rendu a écrit : “Les remèdes sont connus. Arrêt des déversements toxiques, construction partout de stations d’épuration, équipement de celles qui existent de traitements tertiaires qui retiennent les nitrates et les phosphates. Même en agissant très vite il faudra presque une génération pour que le Léman retrouve sa limpidité. Onze années sont en effet nécessaires pour que l’immense réservoir renouvelle ses eaux. ‘Raison de plus pour commencer tout de suite’, disent les pêcheurs.”