Un tremblement de terre dévaste le Guatemala : Récit d’un témoin oculaire
De notre correspondant au Guatemala
AU GUATEMALA, comme dans la plupart des pays d’Amérique centrale, la terre gronde souvent. Beaucoup de gens sont habitués à se réveiller brutalement d’un profond sommeil, à sauter vivement sur leurs pieds et à se sauver dans la rue jusqu’à ce que s’éteigne le dernier grondement. Mais parfois il ne s’agit pas seulement d’un grondement.
En 1917, un violent tremblement de terre ravagea Guatemala, la capitale. Elle fut reconstruite et, avec une population d’environ un million d’habitants, elle est à présent la plus grande ville d’Amérique centrale.
Ma femme et moi vivons dans la capitale ; nous avons donc l’habitude des sautes d’humeur de la terre. Mais à l’aube de ce mercredi 4 février, nous avons senti une forte secousse. Peu de gens en avaient connu de semblables et, malheureusement, beaucoup n’y ont pas survécu.
Certains ont estimé qu’il y a eu 50 000 morts, mais le chiffre officiel est à présent de 23 000. Au moins 74 000 personnes ont été blessées et plus d’un million sont sans abri. Dans un pays de quelque 5 850 000 habitants, cela signifie que près d’une personne sur cinq n’a plus de logement.
Ce tremblement de terre est, dit-on, la plus grande catastrophe de toute l’histoire de l’Amérique centrale ; il a dépassé en violence celui qui a détruit Managua, au Nicaragua, en 1972. Selon le directeur de la mission d’aide argentine, M. Leandro Salato, il a été “plus dévastateur que le séisme qui secoua le Pérou en 1970”, bien que ce dernier fît 70 000 morts.
Une nuit de terreur
Après avoir assisté à notre étude biblique du mardi soir, ma femme et moi nous étions couchés, et nous dormions profondément. Je n’ai ouvert les yeux que sous l’effet des violentes secousses, alors que d’autres ont été réveillés par l’approche du séisme.
Une touriste américaine dit avoir entendu ce qu’elle a pris pour le grondement d’un orage lointain. Le grondement s’est amplifié jusqu’à devenir un véritable mugissement venant des profondeurs de la terre. C’était le résultat de la rupture des couches de roche. Le bruit devint tel qu’on avait l’impression ‘de se trouver entre deux avions à réaction’. Ou bien, selon un autre témoin, “on aurait cru qu’un millier de pierres s’entrechoquaient bruyamment à l’intérieur de la terre”.
Comme je l’ai dit, c’est seulement la violente secousse qui m’a réveillé. Que fait-on en pareille circonstance ? Essaie-t-on de sortir du lit au milieu des débris de vitres et d’autres objets ? Court-on vers la porte pour se sauver dans la rue’ ? Comme les secondes passaient et que les ondes de choc s’accéléraient, je compris que ce n’était pas une secousse ordinaire. Dans la crainte de voir le toit s’effondrer sur nous, tout ce que j’ai pu faire, c’est de me jeter sur ma femme et d’essayer de protéger nos têtes.
Finalement, le tremblement s’arrêta ; la maison cessa de bouger. Le phénomène avait duré trente-neuf secondes, mais cela nous avait paru une éternité. Enfin il y avait une accalmie ; momentanément tout était tranquille. Je pouvais donc me lever et j’ai immédiatement réalisé que nous avions subi un terrible séisme.
L’électricité étant coupée, tout était plongé dans l’obscurité. C’est donc à tâtons que je me suis mis à la recherche d’une lampe de poche. Toutefois, avant même de voir réellement l’ampleur du désastre, je m’en rendais compte, et bientôt le faisceau lumineux de ma lampe me confirma ce que je redoutais. Comment n’avais-je pas marché sur ce miroir brisé qui était tombé du mur ? Vases et lampes, dont certains en morceaux, jonchaient le sol. Des assiettes étaient tombées du buffet. La bibliothèque était renversée. Tandis que je vérifiais chaque pièce, je me réjouissais d’habiter une maison solidement bâtie, une maison en béton armé. D’après l’horloge électrique, qui s’était arrêtée, le tremblement de terre a eu lieu à 3 h 3.
Tous les survivants ont parlé de la terreur qu’ils avaient éprouvée. Un touriste américain, qui logeait avec sa fille à l’hôtel Ritz Continental, avait également été réveillé d’un profond sommeil. Il raconte :
“Mon premier sentiment a été la colère, car j’avais l’impression que quelqu’un essayait de retourner mon lit. Puis j’ai pensé qu’il s’agissait d’Harmaguédon. Notre hôtel avait été construit pour résister aux tremblements de terre, et j’en suis bien heureux, car il oscillait sérieusement. On avait l’impression d’être suspendu au-dessus de la rue. Le plâtre tombait des murs et les vitres volaient en éclats. Vers la fin de la secousse, le bâtiment s’est soulevé comme un cheval qui se cabre.
“Quand la terre cessa de trembler, le silence avait quelque chose de sinistre. Les gens étaient frappés de stupeur. Mon voisin de chambre avait une bougie ; elle nous a permis de trouver l’escalier, que nous avons dévalé à toute vitesse. Dans la rue j’ai regardé ma montre : il était 3 h 15.
“Il faisait froid, car la ville de Guatemala est située à 1 500 mètres au-dessus du niveau de la mer. Nous pouvions voir la buée de notre respiration. Après une heure, nous sommes retournés à l’hôtel prendre des vêtements. À la clarté tremblotante de la bougie, nous avons pénétré dans l’immeuble sombre et sommes montés jusqu’au huitième étage, craignant à chaque instant une nouvelle secousse. Dans la chambre mal éclairée, nous avons rapidement rassemblé nos affaires et nous sommes retournés dans la rue. Avant de partir, il nous avait fallu deux jours pour faire nos bagages, mais cette fois, dix minutes avaient suffi. Cependant, je n’ai pas retrouvé mon rasoir ni nos brosses à dents, perdus dans les débris qui jonchaient le sol de la salle de bains.”
Comme nous, nos voisins se remettaient du choc. Ils sortaient les voitures des garages et y entassaient les enfants effrayés et les vieillards pour les protéger du froid.
Tandis que nous étions occupés à nous frayer un passage parmi les objets brisés de notre maison, une famille de Témoins de Jéhovah est arrivée pour prendre de nos nouvelles. Devant un chocolat bien chaud, tous ensemble nous avons remercié Jéhovah de nous avoir laissé en vie. Mais nous étions inquiets au sujet de nos autres frères chrétiens. Il y a 2 500 Témoins dans la ville et quelque 5 000 dans tout le Guatemala.
Après le séisme
Nous nous sommes d’abord dirigés vers la filiale des Témoins de Jéhovah, qui se trouve à dix minutes en voiture de chez nous. Après environ un kilomètre et demi, comme le boulevard périphérique était bloqué par un glissement de terrain, nous avons dû traverser l’ancienne zone résidentielle. Alors que les maisons plus nouvelles de notre quartier ne semblaient pas très endommagées, ici les façades étaient tombées dans la rue et les murs s’étaient affaissés.
Déjà la circulation était aussi dense qu’en pleine journée. Les gens se précipitaient chez leurs parents et amis. Les hommes, les femmes et les enfants étaient descendus dans la rue en vêtements de nuit et s’étaient enveloppés de couvertures. Ils avaient peur de rentrer dans leurs maisons, ou du moins dans ce qu’il en restait. La poussière des platras qui tombaient formait une atmosphère irréelle dans l’obscurité de la nuit que seuls trouaient les phares des automobiles.
Nous avons été soulagés d’apprendre qu’à la filiale tout le monde était sain et sauf. De plus, le bâtiment ne semblait guère avoir souffert. Le coordinateur de la filiale était déjà parti aux nouvelles dans une autre région. Aussi sommes-nous allés voir tous les Témoins de notre congrégation. Dès les premières heures du jour, les surveillants et les serviteurs ministériels des Témoins de Jéhovah étaient allés prendre des nouvelles de leurs frères chrétiens. Certains avaient perdu leur maison, d’autres étaient blessés, mais tous étaient en vie.
Quand vint l’aurore, la catastrophe nous apparut dans toute son horreur. Il nous a été dit que l’intensité du séisme était de 7,5 sur l’échelle de Richter. Bientôt des centaines de cadavres étaient alignés le long des rues, recouverts d’un drap mince ou de plastique. À la radio, un communiqué disait : “La morgue est pleine. S’il vous plaît, n’apportez plus de corps.” Plus tard, nous avons appris que dans la ville le séisme avait fait 800 morts.
Dans les quartiers pauvres, des milliers de maisons s’étaient effondrées, laissant des dizaines de milliers de personnes sans abri. Dans certains endroits, il n’y avait plus que des amas de décombres. Par contre, dans les quartiers riches ou ceux de la classe moyenne, les habitations, mieux construites, n’étaient que peu endommagées. Cependant, de nombreuses églises ont subi de graves dégâts. Non loin de chez moi, une église moderne en briques était en ruines.
D’après les estimations officielles, 20 pour cent des bâtiments de la capitale ont été totalement détruits et 40 pour cent sont trop endommagés pour pouvoir encore servir. Dans le pays, les pertes s’élèvent à plus de 5 milliards de dollars. La ville de Guatemala était transformée en un vaste campement. Même les gens aisés dormaient dans leur voiture, sur leur pelouse ou sous des abris de fortune, dans la crainte de nouvelles secousses.
Malgré les épreuves, les gens en général manifestaient un état d’esprit excellent. Les Témoins de Jéhovah faisaient preuve de fraternité et s’aidaient l’un l’autre. Nous en avons vu trente-cinq qui dormaient dans un abri temporaire. À l’extérieur on avait aménagé une sorte de feu de camp fait de briques crues. Tout le monde était de bonne humeur et même les visiteurs étaient les bienvenus.
Mais l’anxiété régnait encore, car les secousses ne cessaient pas. L’une d’elles, survenue le vendredi 6 février, avait l’intensité de 5,5 sur l’échelle de Richter. Elle fit tomber des murs déjà en ruine et causa des glissements de terrain. Je vais laisser au touriste américain précité le soin de vous décrire la vie ici après le séisme principal.
“Un médecin de notre groupe devait s’occuper des morts et des blessés. Une vision qu’il n’oubliera jamais, nous a-t-il dit, est celle d’une jeune femme qui semblait n’avoir aucune blessure ; il pense qu’elle était morte de peur.
“À 8 heures du matin, notre guide nous proposa de nous rendre à Antigua Guatemala, ville située à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest. Il fallut cinq heures pour nous y rendre en camion, car les routes étaient bloquées par des glissements de terrain et encombrées de gens terrifiés. Les villageois venaient en ville, les citadins allaient dans les villages, tous à la recherche de parents.
“Le grondement des secousses continuelles se répercutait dans la vallée. Le sol était mouvant. Pour le piéton, la sensation était étrange. Il avait l’impression de marcher dans la boue sans que toutefois ses pieds s’enfoncent. En d’autres termes, la terre ferme n’était plus ferme.
“À notre hôtel, à Antigua, nous vivions tous dans le jardin autour de la piscine. Nous mangions à cet endroit, le personnel de l’hôtel y préparait les repas, nous y dormions ou, plutôt, nous essayions de dormir. Personne ne voulait rester à l’intérieur d’un immeuble, de peur d’une autre forte secousse.
“Nous vivions dans une atmosphère d’horreur perpétuelle ; la terreur régnait. Tandis que nous roulions vers l’aéroport, le dimanche 8 février, nous avons vu des soldats brûler des quantités de cadavres. Dans certains villages, il restait à peine quelques pans de mur.”
Au début, ici, à Guatemala, on n’avait aucune idée de l’étendue des dégâts. Le mercredi matin, la radio des Forces armées américaines déclara que l’épicentre du tremblement de terre était situé près de Gualán, à peu près à 170 kilomètres au nord-est de Guatemala. Nous avons donc supposé que les destructions étaient pires ailleurs, ce que vinrent bientôt confirmer des rapports provenant des régions éloignées.
Pire que ce que nous pouvions imaginer
D’abord, nous avons appris qu’El Progreso, au nord-est de la capitale, était rasé. On comptait plus de 2 000 tués. Juste au nord, les villages de San Juan Sacatepéquez et San Pedro Sacatepéquez étaient détruits et des milliers d’habitants avaient trouvé la mort. Finalement, nous avons entendu parler de dévastation totale dans la partie centrale du sud de l’État de Chimaltenango, qui compte de nombreuses villes indiennes. Plus de 13 000 personnes auraient péri.
La région la plus fortement touchée est donc située à environ 20 kilomètres au nord de Guatemala et s’étend à l’est et à l’ouest sur 240 kilomètres. Mais nous nous demandions si la situation était vraiment aussi mauvaise qu’on le disait.
Je me suis donc rendu dans une de ces villes constituées presque entièrement d’habitations construites en briques crues. Le vendredi 6 février j’ai visité San Pedro Sacatepéquez, à une vingtaine de kilomètres au nord de Guatemala. C’est à peine s’il restait un bâtiment debout ; la désolation était totale. Les murs en terre des maisons s’étaient écroulés et encombraient les rues. L’église était détruite et les gens se trouvaient encore en état de choc. La plupart des cadavres avaient été enterrés, mais on continuait à retirer des corps des décombres.
À l’aide d’une truelle, un homme essayait d’extraire ses quelques biens de ce qui fut sa maison. Je ne voyais que le dessus d’une pauvre table en sapin. Un autre homme enlevait le toit en métal de sa maison démolie, pour sauver au moins quelque chose.
Le samedi, je suis allé porter des vivres aux congrégations des Témoins de Jéhovah de quelques-unes des régions montagneuses les plus dévastées. Malgré les routes bloquées par les glissements de terrain, j’ai pu atteindre Patzicia, Zaragoza, Tecpán et Comalapa. À Comalapa, le maire et le juge de paix avaient été tués. À cause du grand nombre de morts et de la crainte des épidémies, beaucoup ont été enterrés dans des fosses communes.
Les villes de montagne sont complètement démolies. On distingue les maisons des églises en ce que ces dernières forment des tas de décombres plus grands. Ce sont, ou plutôt, c’étaient des villes indiennes. Les Indiens forment environ 43 pour cent de la population guatémaltèque, et leurs communautés rurales ont été les plus durement touchées.
Dans les endroits que nous avons visités, les survivants manquaient d’eau et ne disposaient que de très peu de nourriture. La plupart n’avaient pas d’abri pour se protéger du vent et du froid et, dans ces montagnes, la température descend à cinq degrés durant la nuit. Le vent emportait des nuages de poussière provenant des maisons désagrégées ; souvent la couche de poussière atteignait 15 centimètres d’épaisseur.
Des milliers de gens sont allés se coucher mardi soir pour ne plus se réveiller. Les murs d’argile de leurs maisons se sont effondrés, faisant tomber sur eux les lourds toits de tuiles. Un des survivants dit à propos des briques cuites au soleil : “Elles sont faites de terre et sont devenues notre cercueil.”
Beaucoup de blessés souffraient terriblement. Les routes étant obstruées par les glissements de terrain, les secours tardaient à venir. Un médecin raconte : “Les blessés ont dû attendre pendant plusieurs jours. Souvent ils souffraient de graves tuméfactions. Beaucoup d’os brisés, surtout des jambes, perçaient la peau. Les blessures, exposées à l’air, s’infectaient.”
À Tecpán, la fillette d’un Témoin avait une jambe fracturée. D’autres Témoins aussi étaient blessés. Mais nous étions étonnés qu’aucun Témoin dans le pays n’avait été tué par le tremblement de terre. Certains, cependant, ont perdu des membres de leur famille.
L’un d’eux raconte que vingt-cinq membres de sa parenté avaient péri près de Tecpán. Il est arrivé dans leur village jeudi, et déjà quinze membres de sa parenté étaient enterrés. Il n’y avait pas assez de cercueils, ni de bois pour en faire, afin d’enterrer les autres. Il expliqua à ceux qui s’occupaient des cadavres que de toute façon les morts retournent à la poussière, et il les pressa de mettre rapidement les corps en terre pour éviter une épidémie.
Ce même Témoin rencontra un homme qui descendait la rue, un grand sac sur les épaules. Cet homme s’arrêta pour lui parler quelques minutes et lui demanda : “Savez-vous ce qu’il y a dans ce sac ?”
“Non”, répliqua le Témoin.
“Ma femme et deux enfants. Je m’en vais au cimetière.”
Un ministre itinérant, qui visitait une congrégation à Gualán, près de l’épicentre du séisme, raconte : “Il est difficile d’exprimer l’horreur qu’on éprouve à marcher parmi les morts et à entendre les cris des blessés qui sont retenus sous les décombres.
“Beaucoup de Témoins sortaient en rampant de dessous leur maison écroulée. Certains ont été soignés à la lueur des bougies. La Salle du Royaume a été endommagée, mais on peut la réparer. À cause de ma visite, nombre de Témoins qui habitent loin ne sont pas retournés chez eux et ont dormi dans la Salle du Royaume la nuit du tremblement de terre. Cela leur a peut-être sauvé la vie.”
Même pour nous ici, il est difficile de saisir toute l’étendue de la catastrophe. Un peu plus d’une semaine après le tremblement de terre, le président Laugerud Garcia déclara qu’environ 300 villes et villages avaient été détruits à 40 pour cent. Dans certains villages, on sentait encore l’odeur de la mort bien des jours après le séisme. Des camions et des hélicoptères apportaient de la chaux qu’on répandait ensuite sur les tombes hâtivement creusées.
Pour témoigner de la violence de la secousse qu’a subie la terre, une énorme fissure s’ouvre dans la campagne entre la ville de Guatemala et le golfe du Honduras. À certains endroits, elle a près de 2,50 m de large et 3 mètres de profondeur. Sur l’autoroute panaméricaine, de nombreux glissements de terrain rendent les voyages dangereux.
Mais si terrible qu’ait pu être la catastrophe, grâce à toute l’aide qui lui a été prodiguée, le peuple relève la tête.
L’aide arrive de toutes parts
Une centaine de pays envoyèrent des secours. Pendant des semaines, jour et nuit, le ciel était sillonné d’avions amenant des médecins, du personnel sanitaire, des médicaments, des hôpitaux mobiles, des tentes, des vivres, des vêtements et des couvertures. Toutefois, il était difficile d’atteindre les villes et les villages éloignés. Quand les routes n’étaient pas praticables, on employait des hélicoptères. Mais même alors, il fallait parfois plusieurs jours avant de parvenir jusqu’aux régions sinistrées.
Quand les secours arrivaient, les villageois indiens se montraient très disciplinés, faisant la queue avec ordre pour recevoir de la nourriture et des soins. Un membre du personnel sanitaire qui venait des États-Unis déclara : “Chez nous, il y aurait eu des scènes de violence. Ici, ils font la queue et attendent. Il n’y a même pas un soldat pour maintenir l’ordre.”
Les Témoins de Jéhovah d’Amérique centrale et d’ailleurs ont aussi envoyé rapidement des secours. Le jour même du tremblement de terre, les Témoins du Salvador apportaient des vivres et des vêtements. Le jour suivant, du ravitaillement arrivait du Nicaragua. Les Témoins du Honduras expédièrent des tentes et des toitures galvanisées. Les filiales d’Amérique centrale, le siège de la Watch Tower Society à New York, de même que des particuliers envoyèrent des milliers de dollars. Du Guatemala même, les congrégations des endroits les moins touchés fournirent une aide généreuse sous forme de vivres et d’argent.
Nous avons donc pu distribuer des tonnes de nourriture et de vêtements. C’était un réel privilège de participer à ces distributions dans les villes et les villages éloignés. Souvent nous étions les premiers à atteindre ces régions avec des secours. Par exemple, le premier camion chargé d’approvisionnement qui arriva à Rabinal, une ville fortement endommagée située à 50 kilomètres au nord de Guatemala, venait de notre filiale.
Prévoyant une pénurie de bois et de toitures galvanisées, une des premières choses que nous avons faites a été d’acheter du bois de pin en grume et des tôles ondulées. Puis, des Témoins spécialisés dans le bâtiment ont chargé une génératrice et des scies électriques sur un camion et sont allés vers les villes et les villages du Chimaltenango. Là, ils érigèrent des logements de trois mètres de côté pour les Témoins qui avaient perdu leurs maisons. Ce genre de construction peut être monté en une heure. Ainsi, avant même que d’autres organismes aient pu amener des tentes dans la région, les Témoins de Jéhovah avaient de quoi s’abriter.
À Guatemala, deux Salles du Royaume ont subi de graves dégâts et doivent être reconstruites. Il en est de même pour des congrégations dans d’autres villes. Mais les Témoins ne sont pas découragés. Ils sont occupés à reconstruire. Ils ont confiance dans l’avenir.
Pourquoi une telle confiance ?
Fondamentalement, cette confiance leur vient de leur conception spirituelle des choses. Ils connaissent la signification des grands tremblements de terre d’aujourd’hui. Aussi, malgré les destructions et les chagrins qui s’ensuivent souvent, les Témoins de Jéhovah voient dans ces phénomènes une raison d’être confiants dans l’avenir. Mais la population, en majeure partie catholique, a un point de vue tout à fait différent et déprimant.
Prenons un exemple. Tandis que je visitais San Pedro Sacatepéquez le vendredi après le séisme, un homme fouillait dans les restes de sa maison ; d’un air abattu il déclara : “C’est une punition de Dieu parce que nous sommes de grands pécheurs.”
Où cet homme et bien d’autres qui constituent ce peuple humble et laborieux ont-ils pris cette idée ? Le lendemain, nous avions la réponse à cette question. D’après le principal quotidien du pays, Mario Casariego, cardinal du Guatemala, déclara :
“En ces moments de grandes calamités, l’enseignement des Saintes Écritures nous vient à l’esprit : Dieu aime, et parce qu’il aime, il corrige, redresse et réveille (...) Nous sommes-nous donc rebellés au point d’obliger Dieu à agir de la sorte ?” Ce cardinal ajouta alors que le fait de contribuer à rebâtir la cathédrale et d’autres églises serait “un symbole d’un retour à Dieu authentique et personnel”. — El Imparcial, 7 février 1976, page 6.
Les Témoins de Jéhovah savent, eux, que la Bible n’enseigne pas que Dieu suscite des tremblements de terre pour punir les gens. Au contraire, la Bible prédit que le “signe” annonçant la fin prochaine du présent système de choses mauvais et la présence du Christ dans la puissance de son Royaume comprendrait “de grands tremblements de terre, et, dans un lieu après l’autre, des pestes et des disettes”. Après avoir donné “le signe”, le grand prophète Jésus Christ poursuit de façon encourageante, en disant : “Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance approche.” — Luc 21:7-28 ; Mat. 24:3-14.
C’est pourquoi, quand ils voient des preuves aussi éclatantes de l’accomplissement des prophéties bibliques, tel ce séisme, les Témoins de Jéhovah redressent la tête, confiants que le nouveau système de Dieu est très proche. Nous avons remarqué que le peuple du Guatemala, perplexe, est à présent particulièrement réceptif au message réconfortant de la Parole de Dieu (II Pierre 3:13 ; Rév. 21:3, 4). Même avant le tremblement de terre, quand N. H. Knorr, membre du collège central des Témoins de Jéhovah, a visité la ville de Guatemala, en décembre 1975, plus de 5 000 personnes se sont rassemblées pour l’écouter au parc de base-ball de l’Hippodrome du Nord. Ce chiffre représentait plus du double du nombre des Témoins de Jéhovah de la ville !
L’année 1976 devait être une année spéciale pour les habitants de la capitale. Sur l’hôtel de ville de Guatemala, on peut lire : 1776 DEUX CENTS ANS 1976. Le 6 janvier la ville avait commencé à célébrer son bicentenaire. L’ancienne capitale avait été détruite par un tremblement de terre et, le 6 janvier 1776, la nouvelle capitale était officiellement occupée.
Ainsi, en janvier 1976, Guatemala, la ville moderne et en accroissement, regardait l’avenir avec confiance. Mais quand on voit des gens rebâtir ensemble et mettre leur confiance dans les prophéties véridiques de la Parole de Dieu, on a d’autant plus de raisons de penser que l’avenir s’annonce brillant pour ces gens-là.
[Entrefilet, page 4]
“Le bâtiment s’est soulevé comme un cheval qui se cabre”
[Entrefilet, page 6]
‘Le sol était mouvant. On avait l’impression de marcher dans la boue sans que toutefois les pieds s’enfoncent.’
[Entrefilet, page 7]
“Il n’y avait pas assez de cercueils ou de bois pour en faire.”
[Carte, page 5]
(Voir la publication)
GUATEMALA
ÉTAT DE CHIMALTENANGO
Tecpán
Comalapa
Patzicía
Océan Pacifique
Rabinal
San Juan
San Pedro
GUATEMALA
Antigua Guatemala
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SALVADOR