Qu’est-ce que la mort?
PENDANT longtemps, beaucoup n’ont considéré la mort que comme un changement d’état entre deux vies. Vu sous cet angle, l’âme quitterait le corps à la mort et continuerait de vivre ailleurs. Mais est-ce bien le cas?
Nous reviendrons là-dessus un peu plus tard. Pour l’instant, arrêtons-nous sur quelques notions acquises au sujet de la mort. Précisons tout d’abord qu’elle ne se déroule pas en une seule fois. On distingue au moins deux étapes.
La mort clinique
“On peut considérer qu’il y a mort clinique lorsque le cœur et les poumons cessent de fonctionner”, déclare une encyclopédie (The World Book Encyclopedia). Cela n’empêche pas des milliers de nos contemporains de mener une vie normale après s’être trouvés morts cliniquement. L’arrêt de leurs fonctions cardio-respiratoires a pu être consécutif à une crise cardiaque, à une noyade ou à une électrocution. Mais il s’est trouvé à ce moment-là quelqu’un qui connaissait une méthode pour inverser le processus mortel.
Cette personne a alors entrepris de réanimer la victime, ce qui a permis à cette dernière de reprendre viea. Si les fonctions cardio-respiratoires d’une personne s’interrompent plus de quatre à six minutes, il est généralement trop tard pour la ramener à la vie, tout au moins à une vie normale. En effet, passé ce délai, le cerveau présente des lésions consécutives à la privation prolongée d’oxygène. Aussi vous demandez-vous peut-être comment il est possible à des gens qui sont quelquefois morts cliniquement pendant plusieurs heures de recouvrer la santé.
Cela s’explique par la chute brusque de la température interne du corps au moment de leur “mort”. Après avoir réanimé la jeune Indienne mentionnée dans l’article précédent, le docteur Pickering fournit l’explication que voici: “Elle a eu beaucoup de chance. L’intensité du froid a eu pour effet de réfrigérer son cerveau et de prévenir toute lésion cérébrale.” De même, on a réussi à ramener à la vie des gens qui étaient “morts” un certain temps à la suite d’une noyade dans une eau très froide.
A-t-on des lumières sur l’au-delà?
Des milliers de nos contemporains vaquent tranquillement à leurs affaires après avoir connu une mort clinique. Cet incident leur a-t-il ouvert des horizons nouveaux sur l’au-delà? Se rappellent-ils quoi que ce soit à ce sujet?
C’est du moins ce qu’affirment nombre d’entre eux. Les médecins ont interviewé pas mal de ces patients, et nombre de livres ont été publiés depuis sur les récits que ces ressuscités avaient faits. Des titres fracassants ont paru en tête de divers reportages. Par exemple, dans le Star de Toronto du 6 janvier dernier, on relevait ceci:
“La vie existe après la mort et c’est parfois l’enfer, dit un médecin
Un livre publie les témoignages de gens qui sont ‘morts’”
Un autre journal (National Observer) portait ce gros titre:
“Ont-ils connu la mort?
Quelques personnes qui l’ont vue de près disent avoir trouvé l’indice d’une vie dans l’au-delà”
Dans le même ordre d’idées, le journal Constitution (d’Atlanta) titrait:
“La vie après la vie
Des gens morts ‘cliniquement’ ont connu la sensation que leur âme quittait leur corps”
On est abasourdi par les récits saisissants publiés sous ces titres. Un cardiologue de l’hôpital de Chattanooga (États-Unis), le docteur Maurice Rawlings, a ramené des centaines de patients à la vie. Il raconte que ces derniers lui décrivent souvent des sensations très nettes au moment où on les ranime. Presque tous évoquent une impression de félicité, de béatitude. Mais tel n’est pas toujours le cas. C’est ainsi qu’un postier de 48 ans est “mort” dans l’accomplissement d’un travail fastidieux à son bureau. Le docteur Rawlings raconte qu’il a dû procéder à plusieurs réanimations successives et ajoute:
“À chaque fois que les battements de cœur et la respiration de ce patient reprenaient, il criait: ‘Je suis en enfer!’ Il était terrorisé et me suppliait de l’aider. (...)
“Le visage déformé par une grimace horrible, ce patient exprimait une intense épouvante. Il avait les pupilles dilatées, tremblait et transpirait. On eût dit qu’il était hérissé.
“Il déclara: ‘Ne comprenez-vous pas? Je suis en enfer. À chaque fois que vous cessez de me masser la cage thoracique, je retourne en enfer. Ne m’y laissez pas retomber!”’
Divers récits identiques ont amené le docteur Rawlings à la conclusion que la vie existe après la mort. Un certain nombre d’autres praticiens et chercheurs ont abouti à la même conclusion, à la suite des récits qu’ils avaient entendus de gens qui étaient “morts”. Ainsi, le New York Post parut avec ce titre:
“La science commence à croire qu’il y a une vie après la vie”
Pourquoi croit-on de tels récits?
De fait, certains récits de patients ressuscités sont tout à fait exceptionnels et déconcertants. Le docteur Kubler-Ross, l’une des principales chercheuses qui travaillent sur ces prétendues expériences de l’au-delà, raconte qu’une fillette de douze ans rencontra son frère aîné ‘en franchissant le seuil de l’au-delà’ et qu’elle en donna ensuite une description détaillée. Or, comme l’expliqua la doctoresse, ce frère était mort trois mois avant la naissance de la fillette, et ses parents ne lui en avaient jamais parlé.
Le docteur Raymond Moody a lui aussi interviewé quantité de ces patients: “Une jeune fille, entre autres, se trouvant à l’article de la mort, quitta son corps et s’en alla ainsi dans une pièce voisine où elle trouva sa sœur aînée en larmes et répétant: ‘Oh! Kathy, je t’en prie, ne meurs pas! Je t’en prie, ne meurs pas!’ La sœur en question demeura bouche bée lorsque, plus tard, Kathy lui dit exactement où elle se trouvait à ce moment-là et lui rapporta fidèlement les paroles qu’elle avait prononcées.”
Certains se sont demandé si ces récits ne constituaient pas une preuve que quelque chose quitte le corps à la mort pour continuer de vivre ailleurs. De l’avis du docteur Moody, “il n’existe pas d’explication normale au fait que ces gens aient deviné ce qui se passait dans la salle où ils étaient ‘morts”’. Il ajouta: “Quand la personne vous dit que son esprit planait au ras du plafond et qu’elle se met à vous décrire en détail tout ce qui se trouvait dans la pièce, ce qui s’y est passé et à quel moment, il paraît difficile de ne pas la croire.”
Est-ce bien vrai? N’existe-t-il vraiment aucune autre explication? Est-il exact de dire que les ressuscités étaient réellement morts? L’arrêt des fonctions cardio-respiratoires amène-t-il aussitôt la mort véritable?
La mort biologique
À toutes ces questions, la réponse est non. Comme nous l’avons signalé plus haut, la mort n’est pas un processus qui survient d’un seul coup. En voici l’explication (selon The World Book Encyclopedia): “Les cellules du corps continuent de vivre plusieurs minutes [après la mort clinique]. On peut réanimer la personne si le cœur et les poumons se remettent à fonctionner et que les cellules reçoivent l’oxygène dont elles ont besoin.” Mais que se passe-t-il lorsque cet oxygène indispensable n’arrive pas assez tôt?
Eh bien, l’encyclopédie poursuit: “Les cellules cérébrales, qui sont extrêmement sensibles à la privation d’oxygène, commencent à mourir. Bientôt, la mort devient irréversible. Peu à peu, les autres cellules de l’organisme meurent à leur tour. Les dernières à mourir sont les cellules des os, des cheveux et de la peau, qui peuvent continuer leur croissance, pendant quelques heures.”
Ainsi, ces personnes qui ont été ramenées à la vie n’étaient pas réellement mortes. Elles n’avaient pas connu la mort véritable, biologique. Simplement, leur cœur et leurs poumons avaient temporairement cessé de fonctionner.
D’où vient alors que tant de gens font des récits aussi étonnants après leur réanimation? N’est-il pas possible que leur état de mort clinique leur ait donné un avant-goût de ce qui les attendait dans l’au-delà? La mort est-elle une porte qui donne sur une autre vie dans l’au-delà?
[Note]
a Le Réveillez-vous! du 8 juin dernier a expliqué en détail aux pages 8 à 10 comment on procède à une réanimation.