Les jeunes s’interrogent...
Pourquoi mes parents m’imposent-ils de rentrer si tôt?
MICHEL aimait sortir jusque tard. Mais son père n’a pas tardé à apprendre que ses pitreries étaient loin d’être innocentes. “Une fois, je me suis attiré tant d’ennuis, se souvient Michel, que mes parents m’ont obligé à rester dans ma chambre pendant deux semaines. Je ne pouvais la quitter que pour les repas et pour aller à l’école. Je ne devais même pas être surpris en train de regarder par la fenêtre! Ma punition terminée, je suis sorti avec quelques amis jusqu’à minuit. Lorsque la voiture s’est engagée dans l’allée, j’ai vu mon père qui m’attendait assis sur le perron (...)”
De nombreux jeunes n’aiment pas que leurs allées et venues soient contrôlées par leurs parents. Une jeune fille avoue ceci: “Lorsque je suis entrée dans l’adolescence, mes parents ont commencé à m’imposer toute sorte de restrictions — rentrer à la maison avant minuit, par exemple. Cela m’irritait énormément.” Au lieu d’obtenir davantage de liberté, les jeunes qui, dans une telle situation, manifestent leur rancœur en provoquant leurs parents se voient généralement soumis à de plus grandes restrictions.
Pour de petites entorses au règlement, on vous demandera peut-être simplement de rentrer dorénavant plus tôt. Par contre, pour des transgressions plus graves, il se peut qu’on vous prive de certaines faveurs ou que, pendant un temps, on ne vous permette pas de sortir de la maison. Comme l’explique une adolescente, “si vous rentrez en retard un samedi soir, vous risquez de ne pas pouvoir sortir du tout le samedi suivant”. On peut aussi vous soumettre à l’“isolement”: pas de visites, pas d’appels téléphoniques, pas de télévision. Mais, pour certains jeunes, la plus pénible des punitions, c’est d’être sermonnés par leurs parents. “Qu’est-ce que j’entends!, s’exclame un adolescent. Ils commencent à vous dire qu’ils se sont terriblement inquiétés à votre sujet. On est vraiment coupable!”
Toutefois, n’est-il pas vrai que vos parents vous aiment et qu’ils ont le droit d’exiger que vous soyez à la maison à une heure raisonnable? Et quand vous ne rentrez pas à temps, ne les condamnez-vous pas à être inquiets, angoissés, voire à ne pas trouver le sommeil? Si vous aimez vraiment vos parents, vous ne voudrez certainement pas leur causer inutilement de l’inquiétude. Autrement, ne feriez-vous pas preuve d’un très grand égoïsme?
Cependant, de nombreux jeunes estiment que les restrictions imposées par leurs parents ne sont ni justifiées, ni raisonnables. Frédéric, âgé de 18 ans, proteste en ces termes: “C’est stupide. Ils agissent avec moi comme si j’avais 15 ans. Je refuse tout simplement de faire ce que mon père me dit, et c’est la guerre entre nous.” Il existe néanmoins des moyens plus efficaces de traiter avec vos parents que de les provoquer.
Est-ce justifié ou non?
Tout d’abord, jusqu’à quel point ces restrictions sont-elles injustifiées? Comme l’a montré un précédent article, vos parents ont probablement de bonnes raisons de craindre pour votre sécurité et votre bien-êtrea. Les autres jeunes chrétiens de votre âge ne sont-ils pas soumis aux mêmes restrictions que vous? Alors, quels motifs valables pouvez-vous invoquer pour contester le jugement de vos parents?
Michel, le jeune homme dont nous avons parlé dans l’introduction, n’a pas compris que son père avait à cœur ses intérêts. Vous vous rappelez sans doute qu’il n’avait pas respecté l’horaire imposé, et que son père l’attendait sur le perron. Michel n’a pas trouvé d’autre solution que de désobéir une nouvelle fois. “Alors que la voiture s’engageait dans l’allée, dit-il, je me suis aplati sur mon siège de manière à ne pas être vu de papa, et j’ai demandé à mon ami de faire marche arrière. J’avais décidé de quitter la maison.” C’est ce qu’il a effectivement fait. Il s’est ensuite mis à fréquenter une bande de voyous qui l’ont entraîné à commettre l’immoralité sexuelle, à voler des voitures et à se droguer. Au bout du compte, il s’est retrouvé en prison. Un cas extrême, direz-vous? Peut-être. En tout cas, une belle illustration de la véracité de Proverbes 1:32, qui affirme: “L’apostasie des inexpérimentés, c’est ce qui les tuera.”
Certains jeunes ne voient aucune objection à ce qu’on leur impose de rentrer à une certaine heure, mais ils sont contrariés lorsque leurs frères et sœurs semblent bénéficier de plus de liberté qu’eux. Une jeune fille, appelée Patricia, s’est plainte en ces termes: “Marc, mon frère aîné, sortait aussi tard qu’il le désirait et on ne l’a jamais obligé à rester à la maison. Moi, il suffit que je sois en retard de quelques minutes seulement, et c’est fini! Ce n’est pas juste.” On comprend facilement que cette situation puisse vous irriter. Mais, avant de crier à l’injustice, considérez les principes bibliques qui se dégagent de Galates 6:4, 5: “Que chacun constate ce qu’est son œuvre personnelle, et alors il aura sujet d’exulter par rapport à lui seul et non par comparaison à un autre. Car chacun portera sa propre charge.”
Vous êtes une personne à part entière et distincte des autres. Que l’un de vos frères et sœurs plus âgés jouisse d’avantages particuliers ne vous confère pas automatiquement des droits identiques. Il est fort probable qu’il a dû démontrer pendant un certain temps qu’on pouvait lui faire confiance. Vous devrez, vous aussi, faire vos preuves. De plus, n’avez-vous pas horreur que vos parents vous comparent à l’un de vos aînés? Alors, pourquoi agir vous-même ainsi en comparant vos avantages? Dans son livre “Après tout ce qu’on a fait pour eux” (angl.), le docteur Louis Fine déclare: “Souvent, les parents traitent et disciplinent chacun de leurs enfants d’une manière spécifique. C’est peut-être parce qu’ils reconnaissent en eux des personnes distinctes aux capacités et aux besoins qui leur sont propres, et qu’ils doivent être considérés comme tels.”
Cependant, les jeunes ont parfois le sentiment de payer pour les erreurs d’un aîné. L’un d’eux s’est exclamé: “Parce que ma sœur est sortie avec la voiture et qu’elle est rentrée en retard, on me refuse systématiquement de rentrer tard. On ne me donne même pas la possibilité de faire mes preuves!” Cette situation n’est toutefois pas aussi injuste qu’elle le paraît. Vos parents ont aujourd’hui plus d’expérience qu’ils n’en avaient quand ils ont élevé votre frère ou votre sœur. Soucieux de ne pas répéter les mêmes erreurs, peut-être se montrent-ils un peu plus stricts avec vous.
Mais pourquoi faut-il être puni lorsqu’on rentre un peu tard? Le fait d’être obligé de rester à la maison n’a certainement rien d’agréable. Vous y réfléchirez donc certainement à deux fois avant de recommencer. Comme le dit Marc, “J’ai été puni de nombreuses fois. (...) Si on n’était pas puni, on n’apprendrait jamais rien.” À ce propos, la Bible atteste ce qui suit: “Celui qui reste attaché à la discipline est un sentier qui mène à la vie.” — Proverbes 10:17.
Des parents qui couvent leurs enfants
Il faut bien reconnaître que la punition est parfois démesurée par rapport au “délit”. Certains parents ont tendance à couver leurs enfants et à se montrer excessifs dans leurs exigences. Néanmoins, une bonne communication permet souvent de devancer les difficultés. Vos parents seront probablement plus enclins à vous accorder une certaine liberté si vous les tenez au courant de l’endroit où vous vous rendez, de ce que vous allez y faire et avec qui, et de l’heure à laquelle vous serez de retour. S’ils vous semblent trop exigeants, essayez de les aborder à un moment opportun, par exemple quand ils sont détendus et reposés (Proverbes 25:11). Comprenez leurs craintes et leurs inquiétudes. Assurez-les de votre amour et de votre désir de coopérer avec eux. Aidez-les à prendre conscience que, lorsqu’on approche de l’âge adulte, il est normal de jouir d’une plus grande liberté.
“De plus, exposez-leur exactement la situation, conseille une adolescente. Quand vous leur expliquez pourquoi vous ne pouvez pas rentrer plus tôt, généralement ils le comprennent.” En discutant en adulte de la question avec eux, vous leur montrerez que vous êtes vraiment digne de confiance. Si vos parents émettent encore des objections, pourquoi ne pas leur proposer un compromis raisonnable?
Que faire maintenant si vos parents vous laissent sortir le soir? Eh bien, “que votre mot Oui signifie bien Oui”; rentrez à l’heure (Matthieu 5:37)! Certes, même les plans élaborés avec le plus grand soin ne se déroulent pas toujours comme prévu (Voir Jacques 4:13, 14). On n’est jamais à l’abri d’un imprévu ou d’un changement inopiné. En pareil cas, téléphonez chez vous, si possible, et informez vos parents de la situation. Une adolescente a dit: “Tant que ma mère sait où je me trouve et tant que je suis sur le chemin du retour, pas de problèmes!”
Il importe également que vous vous forgiez une bonne réputation. Proverbes 20:11 déclare: “Même par ses façons d’agir, un garçon se fait connaître, laissant voir si son action est pure et droite.” Si vous êtes un exemple d’obéissance et de droiture, vos parents ne s’emporteront probablement pas le jour où vous rentrerez un peu en retard. Jésus était connu pour sa conduite parfaite, mais ses parents ont été “tout angoissés” en constatant son absence (Luc 2:48). Ne soyez donc pas surpris que vos parents soient irrités et qu’ils ne vous laissent pas tout de suite expliquer pourquoi vous êtes en retard.
Proverbes 29:11 dit: “Tout son esprit, voilà ce que le stupide laisse sortir, mais celui qui est sage le fait rester calme jusqu’au bout.” Par conséquent, laissez passer l’orage, puis, le calme revenu, fournissez des éclaircissements à vos parents. Mais il vous faut ‘parler avec vérité’. (Éphésiens 4:25.) N’invoquez pas des excuses à dormir debout, ce qui démontrerait simplement que vous n’êtes pas digne de confiance. Si vous avez été négligent, demandez sincèrement pardon et soyez disposé à accepter la discipline. Vos parents estimeront peut-être qu’il est possible d’en rester là. À moins qu’ils ne jugent nécessaire de vous imposer des restrictions supplémentaires. Il ne vous restera plus alors qu’à gagner de nouveau leur confiance.
Les horaires qui vous sont imposés peuvent vous sembler gênants, mais ils n’ont rien de cruel ni d’exceptionnel. Essayez de vous faire une raison. Si vous coopérez avec vos parents et que vous rejetiez tout esprit provocateur, qui sait s’ils ne décideront pas d’être moins sévères et de vous accorder davantage de liberté?
[Note]
a Voir l’article “Les jeunes s’interrogent... Pourquoi faut-il que je rentre si tôt à la maison?” paru dans le numéro de Réveillez-vous! du 8 mai 1992.
[Illustration, page 23]
En provoquant vos parents, vous les inciterez probablement à restreindre davantage votre liberté.