Chapitre 22
Partie 3 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre
Les pages 444 à 461 du présent ouvrage traitent de la prédication du Royaume dans le monde de 1935 à 1945. L’année 1935 est marquante, car on a compris alors qui constitue la grande multitude, ou grande foule, dont il est question en Révélation 7:9. En rapport avec le rassemblement de ce groupe, les Témoins de Jéhovah ont commencé à discerner que la Bible plaçait devant eux une œuvre d’une envergure sans précédent. Comment l’ont-ils effectuée quand les nations se sont précipitées dans la Seconde Guerre mondiale et que la plupart des pays ont interdit leur organisation ou leurs publications bibliques?
DURANT les années 30, par leur ministère, les Témoins de Jéhovah cherchaient à communiquer le message du Royaume au plus grand nombre de gens possible. Quand ils rencontraient une personne qui manifestait un intérêt exceptionnel, certains d’entre eux passaient parfois une bonne partie de la nuit à lui expliquer les vérités bibliques et à répondre à ses questions. Mais, dans la plupart des cas, les Témoins se contentaient de brèves présentations destinées à éveiller l’intérêt de leurs interlocuteurs, après quoi ils laissaient les publications ou les discours publics faire le reste. Leur œuvre consistait à informer les gens, à semer les graines de la vérité du Royaume.
De grands efforts pour communiquer la bonne nouvelle à de nombreuses personnes
Les prédicateurs comprenaient que l’œuvre était urgente. Par exemple, au début des années 30, après avoir lu les claires explications des brochures Enfer et Où sont les morts?, Armando Menazzi, qui habitait à Córdoba (Argentine), a agi avec détermination (Ps. 145:20; Eccl. 9:5; Actes 24:15). Ce qu’il avait lu, ainsi que le zèle de Nicolás Argyrós, l’a incité à vendre son garage pour se consacrer à la prédication de la vérité comme pionnier. Puis, au début des années 40, il a encouragé les Témoins de Córdoba à acheter un vieil autobus et à l’équiper de lits, et des groupes de dix proclamateurs ou plus se sont servis de ce véhicule pour effectuer des tournées de prédication d’une ou deux semaines, parfois même de trois mois. On organisait ces expéditions à l’avance, et on donnait à différents frères et sœurs de la congrégation la possibilité d’y participer. Chaque membre d’une équipe avait une tâche à effectuer: faire le ménage, cuisiner, ou bien pêcher et chasser pour avoir de quoi manger. Ce groupe de prédicateurs zélés a prêché de maison en maison dans au moins dix provinces d’Argentine, parcourant villes et villages, et atteignant même les fermes isolées.
En Australie, les prédicateurs manifestaient un état d’esprit semblable. Ils prêchaient beaucoup dans les villes côtières très peuplées. Mais ils ont aussi cherché à donner le témoignage aux habitants des régions reculées. C’est ainsi que le 31 mars 1936, en vue de rencontrer les éleveurs de moutons et de bovins disséminés dans l’intérieur du pays, Arthur Willis et Bill Newlands ont entrepris un voyage de 19 700 kilomètres. Sur la plus grande partie de leur itinéraire, il n’y avait pas de routes, seulement des pistes à travers le désert dénué d’arbres, un désert brûlant et tourmenté par de furieuses tempêtes de poussière. Mais ils sont allés résolument de l’avant. Quand ils rencontraient une personne bien disposée, ils lui faisaient écouter des discours bibliques enregistrés et lui laissaient des publications. Ils ont fait d’autres voyages accompagnés de John (Ted) Sewell qui, par la suite, s’est porté volontaire pour aller prêcher en Asie du Sud-Est.
Le territoire dont s’occupait la filiale d’Australie était loin de se limiter à ce seul continent. Il comprenait la Chine, ainsi que les archipels et les pays s’étendant de Tahiti, à l’est, jusqu’à la Birmanie (le Myanmar), à l’ouest, soit sur une distance de 13 700 kilomètres. Il incluait notamment Hong-Kong, l’Indochine (aujourd’hui le Cambodge, le Laos et le Viêt Nam), les Indes néerlandaises (incluant des îles comme Sumatra, Java et Bornéo), la Nouvelle-Zélande, le Siam (aujourd’hui la Thaïlande), et la Malaisie. Il n’était pas rare que le surveillant de filiale, Alexander MacGillivray, un Écossais, invite un jeune pionnier zélé dans son bureau, lui montre une carte du territoire de la filiale, et lui demande: ‘Aimerais-tu être missionnaire?’ Puis, montrant du doigt une région peu ou jamais parcourue en prédication, il demandait: ‘Que dirais-tu d’inaugurer l’œuvre dans ce territoire?’
Au début des années 30, certains de ces pionniers avaient déjà accompli une grande activité aux Indes néerlandaises (aujourd’hui l’Indonésie) et à Singapour. En 1935, Frank Dewar, un Néo-Zélandais, a accompagné un groupe de ces pionniers sur le Lightbearer jusqu’à Singapour. Puis, juste avant de mettre le cap sur la côte nord-ouest de la Malaisie, Eric Ewins, le capitaine, lui a dit: “Voilà, nous y sommes, Frank. Nous ne pouvons pas t’emmener plus loin. Tu voulais aller au Siam, eh bien, c’est là que tu dois débarquer!” Mais Frank ne pensait pour ainsi dire plus au Siam tellement il appréciait de prêcher avec cet équipage. Désormais, il allait devoir se débrouiller tout seul.
Il s’est arrêté à Kuala Lumpur en attendant d’avoir assez d’argent pour finir le voyage, mais pendant cette halte il a eu un accident: il s’est fait renverser par un camion alors qu’il roulait à vélo. Une fois rétabli, il a pris un train bondé pour Bangkok avec seulement cinq dollars en poche. Mais, confiant que Jéhovah pouvait subvenir à ses besoins, il s’est mis à prêcher. Claude Goodman y avait déjà prêché un peu en 1931; mais quand Frank est arrivé en juillet 1936, il n’y avait aucun Témoin pour l’accueillir. Toutefois, durant les quelques années suivantes, d’autres ont pris part à l’œuvre: Willy Unglaube, Hans Thomas et Kurt Gruber, des Allemands, ainsi que Ted Sewell, un Australien. Ils ont distribué de nombreuses publications, mais la plupart étaient en anglais, en chinois et en japonais.
Quand les Témoins ont écrit au siège de la Société pour signaler qu’ils avaient besoin de publications en thaï, mais ne disposaient d’aucun traducteur, frère Rutherford leur a répondu: “Je ne suis pas en Thaïlande; vous, vous y êtes. Ayez foi en Jéhovah, prêchez avec diligence, et vous trouverez un traducteur.” C’est ce qu’ils ont fait. Chomchai Inthaphan, ancienne directrice d’une école presbytérienne de jeunes filles à ChiangMai, a accepté la vérité, et en 1941 elle a commencé à traduire les publications bibliques en thaï.
Une semaine après s’être mis à prêcher à Bangkok, Frank Dewar a eu la visite de Frank Rice, qui avait inauguré l’œuvre du Royaume à Java (aujourd’hui une partie de l’Indonésie), et se rendait dans ce qui était alors l’Indochine française. Une fois sur place, comme il l’avait fait dans son territoire précédent, Frank Rice a prêché aux anglophones tout en apprenant la langue locale. Après avoir parcouru Saïgon (aujourd’hui Hô Chi Minh-Ville), il a donné quelques cours d’anglais et s’est acheté une vieille voiture en vue de se rendre dans le nord du pays. Il ne se souciait pas de son confort, mais des intérêts du Royaume (Héb. 13:5). Grâce à ce véhicule, il a pu donner le témoignage dans les villes, les villages et les maisons isolées tout le long de la route menant à Hanoï.
Une publicité hardie
Afin d’éveiller l’intérêt des gens pour le message du Royaume et de leur montrer la nécessité d’agir avec détermination, les Témoins ont utilisé dans de nombreux pays des méthodes qui attiraient l’attention. À partir de 1936, à Glasgow (Écosse), ils ont annoncé les discours d’assemblée en portant des pancartes et en distribuant des feuilles d’invitation dans les quartiers commerçants. Deux ans plus tard, en 1938, à l’occasion d’une assemblée organisée à Londres (Angleterre), ils ont fait une autre chose marquante: Nathan Knorr et Albert Schroeder, qui sont par la suite devenus tous deux membres du Collège central, ont mené un défilé d’un millier de Témoins à travers le quartier d’affaires de Londres. Dans cette marche, un participant sur deux portait une pancarte annonçant le discours public intitulé “Face aux réalités”, qui allait être donné par Joseph Rutherford au Royal Albert Hall; les autres tenaient des écriteaux portant cette inscription: “La religion est un piège et une escroquerie.” (À l’époque, ils entendaient par religion tout culte qui n’était pas en accord avec la Parole de Dieu, la Bible.) Plus tard dans la semaine, pour neutraliser la réaction hostile de certains observateurs, on a intercalé des écriteaux portant l’inscription “Servez Dieu et Christ, le Roi” entre les précédents. Beaucoup de Témoins de Jéhovah trouvaient difficile de participer à cette activité, mais ils la considéraient comme une occasion supplémentaire de servir Jéhovah, une épreuve de plus pour leur fidélité.
Tout le monde n’appréciait pas la publicité hardie que les Témoins de Jéhovah donnaient à leur message. En Australie et en Nouvelle-Zélande, le clergé a usé de son influence sur les directeurs de stations de radio pour faire supprimer toutes les émissions produites par les Témoins de Jéhovah. En avril 1938, alors que frère Rutherford se rendait en Australie pour y prononcer un discours radiodiffusé, les pouvoirs publics ont cédé à ceux qui voulaient l’empêcher de prendre la parole à l’hôtel de ville de Sydney et à la radio. On a donc rapidement loué les Sports Grounds de Sydney, et en raison du tapage qu’a provoqué dans les médias la visite de frère Rutherford une foule plus nombreuse encore est venue écouter son discours. Dans d’autres circonstances où ils se sont vu refuser l’utilisation de la radio, les Témoins ont réagi en donnant une grande publicité à des réunions au cours desquelles les discours de frère Rutherford étaient passés sur phonographe.
En Belgique, les ecclésiastiques envoyaient des enfants jeter des pierres aux Témoins, et ils passaient personnellement dans les foyers pour se faire remettre les publications qui avaient été distribuées. Toutefois, certains villageois appréciaient ce qu’ils apprenaient des Témoins de Jéhovah. Ils disaient souvent: “Donnez-moi plusieurs de vos brochures; quand monsieur le curé viendra, je lui en donnerai une pour le contenter et je garderai les autres pour les lire.”
Cependant, au cours des années suivantes, une opposition encore plus forte s’est manifestée contre les Témoins de Jéhovah et le message du Royaume qu’ils proclamaient.
L’Europe en guerre: prédication malgré la persécution
Comme ils ne voulaient pas renier leur foi ni cesser de prêcher, des milliers de Témoins de Jéhovah d’Autriche, de Belgique, de France, d’Allemagne et des Pays-Bas ont été jetés en prison ou envoyés dans les camps de concentration nazis. Là, les brutalités étaient monnaie courante. Ceux qui n’étaient pas encore incarcérés poursuivaient leur ministère avec prudence. Ils prêchaient souvent avec la Bible uniquement et ne proposaient d’autres publications que lors des nouvelles visites chez les personnes bien disposées. Pour éviter de se faire arrêter, les Témoins rendaient visite à un foyer dans une cage d’escalier, puis allaient dans un autre bâtiment, ou bien après s’être entretenus avec les occupants d’une seule maison, ils changeaient de rue avant de se présenter à une autre porte. Mais ils n’avaient nullement peur de donner le témoignage.
En Allemagne, le 12 décembre 1936, quelques mois seulement après que la Gestapo eut arrêté des milliers de Témoins et d’autres personnes bien disposées dans le cadre d’une action nationale visant à mettre un terme à leur œuvre, les Témoins ont eux aussi organisé une campagne. À la vitesse de l’éclair, dans tout le pays, ils ont distribué des dizaines de milliers d’exemplaires d’une résolution dans les boîtes aux lettres et sous les portes. Ces imprimés protestaient contre le traitement cruel qui était infligé à leurs frères et sœurs chrétiens. Dans l’heure qui a suivi le début de la distribution, la police était sur les dents pour essayer d’arrêter les distributeurs, mais elle n’en a attrapé qu’une douzaine dans l’ensemble du pays.
Les autorités étaient stupéfaites qu’une telle campagne ait pu être menée à bien après tous les efforts du gouvernement nazi pour mettre un terme à l’œuvre. De plus, elles ont commencé à avoir peur de la population. Pour quelle raison? Eh bien, quand les policiers et autres fonctionnaires en uniforme ont demandé aux gens s’ils avaient reçu un tract, la plupart ont répondu par la négative. La grande majorité d’entre eux n’en avaient effectivement pas reçu, car on n’avait laissé un exemplaire qu’à deux ou trois foyers par bâtiment. Mais la police l’ignorait. Elle pensait qu’on avait laissé un tract à chaque porte.
Durant les mois qui ont suivi, les chefs nazis ont récusé haut et fort les accusations lancées dans cette résolution imprimée. C’est pourquoi, le 20 juin 1937, les Témoins encore libres ont distribué un autre message, une lettre ouverte qui donnait de nombreux détails sur la persécution, citait des noms de fonctionnaires, et précisait les dates et les lieux. La Gestapo a été consternée de constater que ses agissements étaient dévoilés et que les Témoins étaient en mesure d’effectuer une telle distribution.
La famille Kusserow, de Bad Lippspringe (Allemagne), a manifesté à de nombreuses reprises cette même détermination à donner le témoignage. Par exemple, aussitôt après que Wilhelm Kusserow a été exécuté publiquement à Münster par le régime nazi pour avoir refusé de renier sa foi, Hilda, sa mère, est allée à la prison réclamer la dépouille pour l’enterrement. Elle a dit aux siens: “Nous allons donner un grand témoignage à ceux qui le connaissaient.” Aux funérailles, Franz, le père de Wilhelm, a prononcé une prière exprimant la foi dans les dispositions pleines d’amour de Jéhovah. Karl-Heinz, le frère de Wilhelm, a exprimé des pensées réconfortantes tirées de la Bible. Ils ne sont pas restés impunis pour cela, mais l’important à leurs yeux était d’honorer Jéhovah en donnant un témoignage sur son nom et son Royaume.
Aux Pays-Bas, comme les conditions empiraient à cause de la guerre, les Témoins ont fait preuve de sagesse en modifiant la façon dont ils tenaient leurs réunions. Ils ont décidé de se retrouver par groupes de dix au maximum et dans des foyers privés. Ils changeaient fréquemment de lieux de réunion. Chaque Témoin ne fréquentait que son groupe, et personne ne divulguait l’adresse où avait lieu l’étude, pas même à un ami de confiance. À cette époque où la guerre entraînait la déportation de populations entières, les Témoins de Jéhovah savaient que les gens avaient désespérément besoin du message réconfortant que seule la Parole de Dieu apporte, et ils le leur communiquaient sans crainte. Toutefois, le bureau de la filiale a, par une lettre, rappelé aux frères la prudence dont Jésus avait fait preuve en diverses circonstances face à ses adversaires (Mat. 10:16; 22:15-22). Par la suite, quand ils rencontraient une personne hostile, ils notaient précisément son adresse afin que des précautions spéciales soient prises lorsque son quartier serait de nouveau parcouru.
En Grèce, la population a beaucoup souffert sous l’occupation allemande. Cependant, les traitements les plus cruels infligés aux Témoins de Jéhovah ont été dus à la fausse image qu’a donnée d’eux le clergé de l’Église orthodoxe grecque. Celui-ci a tout fait pour que la police et les tribunaux s’en prennent à eux. De nombreux Témoins ont été incarcérés, chassés de chez eux et envoyés dans des villages éloignés, ou exilés dans des conditions pénibles sur des îles désertes. Ils n’en ont pas moins continué à témoigner (voir Actes 8:1, 4). Ils le faisaient souvent en parlant aux gens dans les parcs et les jardins publics; ils s’asseyaient à côté d’eux sur les bancs et leur parlaient du Royaume de Dieu. Quand quelqu’un manifestait un intérêt sincère, ils lui prêtaient une publication biblique qui leur était rendue ultérieurement et servait maintes et maintes fois. De nombreuses personnes éprises de vérité ont ainsi accepté avec gratitude l’aide des Témoins et se sont même jointes à eux pour communiquer la bonne nouvelle à autrui, quoique cela leur ait valu de cruelles persécutions.
Si les Témoins ont pu faire preuve de courage et de persévérance, c’est notamment parce qu’ils étaient bien nourris sur le plan spirituel. Certes, pendant la guerre, dans certaines parties de l’Europe le manque de publications ne permettait pas d’en distribuer, mais ils sont parvenus à faire circuler entre eux des écrits édités par la Société pour fortifier la foi des Témoins de Jéhovah du monde entier. August Kraft, Peter Gölles, Ludwig Cyranek, Therese Schreiber et bien d’autres ont risqué leur vie en participant à la duplication et à la distribution de ces imprimés bibliques qui étaient introduits subrepticement en Autriche par l’Italie, la Suisse et la Tchécoslovaquie. Aux Pays-Bas, c’est un aimable surveillant de prison qui a aidé Arthur Winkler en lui procurant une Bible. Malgré toutes les précautions de l’ennemi, les eaux rafraîchissantes de la vérité biblique déversées par La Tour de Garde ont pénétré jusque dans les camps de concentration allemands et ont circulé parmi les frères qui s’y trouvaient.
Même durant leur détention dans les prisons et les camps de concentration, les Témoins de Jéhovah n’ont pas cessé de donner le témoignage. Alors qu’il était en prison à Rome, l’apôtre Paul a écrit: “J’endure le mal jusqu’à porter des liens (...). Mais la parole de Dieu n’est pas liée.” (2 Tim. 2:9). Cela s’est vérifié dans le cas des Témoins de Jéhovah d’Europe durant la Seconde Guerre mondiale. Les gardiens observaient leur conduite; certains posaient des questions et quelques-uns sont devenus croyants comme eux, bien que cela leur ait coûté la liberté. De nombreux prisonniers détenus avec les Témoins venaient de pays comme la Russie, où la bonne nouvelle avait été très peu prêchée. Après la guerre, certains de ces prisonniers devenus Témoins de Jéhovah sont retournés dans leur pays, impatients d’y répandre le message du Royaume.
La persécution brutale et les conséquences de la guerre totale n’ont pas pu empêcher que, comme prédit, des gens soient rassemblés dans la grande maison spirituelle de Jéhovah pour l’adorer (És. 2:2-4). De 1938 à 1945, la plupart des pays d’Europe ont signalé un accroissement important du nombre de ceux qui participaient publiquement à ce culte en proclamant le Royaume de Dieu. En Grande-Bretagne, en Finlande, en France et en Suisse, les Témoins ont enregistré un accroissement d’environ 100 %. En Grèce, le nombre des prédicateurs a été multiplié presque par sept, aux Pays-Bas par douze. Mais fin 1945, on n’avait pas encore de détails sur les résultats obtenus en Allemagne et en Roumanie, et on ne disposait que de rapports incomplets en provenance d’un bon nombre d’autres pays.
Sur d’autres continents que l’Europe, pendant la guerre
En Extrême-Orient aussi, la guerre mondiale a entraîné d’énormes difficultés pour les Témoins de Jéhovah. Au Japon et en Corée, on les a arrêtés, battus et torturés parce qu’ils soutenaient le Royaume de Dieu et refusaient de rendre un culte à l’empereur japonais. Finalement, ils n’ont plus eu aucun contact avec les Témoins d’autres pays. Beaucoup d’entre eux n’avaient la possibilité de donner un témoignage que lors de leurs interrogatoires ou de leur jugement. À la fin de la guerre, dans ces pays la prédication publique des Témoins de Jéhovah avait pour ainsi dire cessé.
Quand la guerre a gagné les Philippines, les Témoins ont été maltraités par les deux camps parce qu’ils ne voulaient soutenir ni les Japonais ni la résistance. Pour ne pas être pris, beaucoup se sont enfuis de chez eux. Mais tout en se déplaçant de lieu en lieu, ils prêchaient; ils prêtaient des publications lorsqu’ils en avaient quelques-unes, et par la suite ils se sont servis uniquement de la Bible. Quand le front a reculé, plusieurs bateaux ont été équipés pour transporter d’importants groupes de Témoins sur des îles où le témoignage avait été peu donné jusque-là, voire pas du tout.
En Birmanie (Myanmar), ce n’est pas l’invasion japonaise, mais l’influence exercée sur les autorités coloniales par le clergé des Églises anglicane, méthodiste, catholique et baptiste américaine qui a entraîné l’interdiction des publications des Témoins de Jéhovah en mai 1941. Deux Témoins qui travaillaient à la poste ont vu arriver un télégramme annonçant cette décision; les frères ont donc rapidement retiré les publications du dépôt de la Société pour qu’elles ne soient pas confisquées. Ils ont ensuite cherché un moyen d’en acheminer une bonne partie par voie de terre jusqu’en Chine.
À l’époque, le gouvernement américain envoyait de grandes quantités de matériel de guerre au gouvernement nationaliste chinois par des camions qui empruntaient la route de la Birmanie. Les Témoins ont tenté de retenir de la place dans un de ces camions, mais ils ont essuyé un refus. Leurs efforts pour se procurer un véhicule à Singapour se sont également soldés par un échec. Toutefois, quand Mick Engel, qui était responsable du dépôt de la Société à Rangoun, s’est adressé à un haut fonctionnaire américain, il a obtenu l’autorisation de transporter les publications dans des camions de l’armée.
Néanmoins, par la suite, lorsque Fred Paton et Hector Oates sont allés demander à l’officier responsable du convoi à destination de la Chine de réserver de la place dans un camion, il a failli avoir une attaque. “Quoi? a-t-il hurlé, est-ce que vous vous imaginez que je vais vous donner une place précieuse dans mes camions pour vos misérables tracts quand je ne peux même pas loger le matériel militaire et médical dont il y a un besoin urgent et qui est en train de pourrir ici en plein air?” Fred a marqué une pause, a ouvert sa serviette et lui a montré l’autorisation écrite en lui faisant remarquer qu’il serait très grave de sa part de ne pas suivre les directives données par les autorités de Rangoun. Sur ce, non seulement le responsable des convois a assuré le transport de deux tonnes de livres, mais il a mis une camionnette tout équipée, avec chauffeur, à la disposition des frères. Ils se sont dirigés avec leur précieux chargement vers le nord-est, sur la dangereuse route de montagne menant en Chine. Après avoir donné le témoignage à Baoshan, ils se sont rendus sans tarder à Chongqing. Ils ont distribué des milliers de publications traitant du Royaume de Jéhovah durant l’année qu’ils ont passée en Chine. Parmi les personnes à qui ils ont personnellement donné le témoignage figurait Tchang Kaï-chek, le président du gouvernement nationaliste chinois.
Pendant ce temps, comme les bombardements s’intensifiaient en Birmanie, tous les Témoins sauf trois ont quitté le pays, la plupart pour se réfugier en Inde. Les trois qui sont restés ont dû, par la force des choses, limiter leur activité. Malgré tout, ils ont continué à donner le témoignage de façon informelle, et leurs efforts ont produit du fruit après la guerre.
En Amérique du Nord aussi, les Témoins de Jéhovah ont rencontré de grands obstacles durant la guerre. La violence de foules déchaînées et l’application de lois locales au mépris de la Constitution ont beaucoup entravé la prédication. Des milliers de Témoins ont été incarcérés à cause de leur neutralité chrétienne. Malgré tout, cela n’a pas diminué leur ministère de maison en maison. De plus, à partir de février 1940, il est devenu courant de les voir dans les quartiers commerçants proposer La Tour de Garde et Consolation (aujourd’hui Réveillez-vous!). Leur zèle s’est même accru. Bien qu’ils aient connu une des plus dures persécutions qui leur aient été infligées dans cette partie du monde, leur nombre a plus que doublé aux États-Unis et au Canada de 1938 à 1945, et ils ont consacré trois fois plus de temps au ministère public.
Dans de nombreux pays membres du Commonwealth britannique (en Amérique du Nord, en Afrique, en Asie et dans les îles des Antilles et du Pacifique), les Témoins de Jéhovah ou leurs écrits ont été officiellement interdits. L’un de ces pays a été l’Australie. Un décret officiel publié le 17 janvier 1941 sur l’ordre du gouverneur général stipulait qu’il était désormais illégal pour les Témoins de Jéhovah de se réunir afin de pratiquer leur culte, de distribuer l’une quelconque de leurs publications, ou même d’en posséder. Comme la loi permettait de faire appel de cette décision, une action a été rapidement intentée. Mais c’est plus de deux ans après que le juge Starke, membre de la Haute Cour, a déclaré que les arrêtés sur lesquels reposait cette interdiction étaient “arbitraires, fantasques et tyranniques”. Par la suite, la Haute Cour a décidé la levée de l’interdiction. Mais qu’avaient fait les Témoins de Jéhovah dans l’intervalle?
À l’exemple des apôtres de Jésus Christ, ils ‘avaient obéi à Dieu comme à un chef plutôt qu’aux hommes’. (Actes 4:19, 20; 5:29.) Ils ont continué à prêcher. Malgré les multiples obstacles, ils ont même organisé une assemblée à Hargrave Park, près de Sydney, du 25 au 29 décembre 1941. Le gouvernement ayant refusé l’accès au chemin de fer à certains, un groupe de Témoins d’Australie occidentale a équipé au gazogène des véhicules et a entamé un voyage de 14 jours à travers le pays, dont une semaine éprouvante pour franchir la redoutable plaine de Nullarbor. Ces Témoins sont arrivés à bon port pour profiter du programme avec six mille autres assistants. L’année suivante, une autre assemblée a été organisée, mais cette fois l’assistance a été divisée en 150 groupes plus petits qui se sont réunis dans sept grandes villes à travers le pays, les orateurs se rendant de l’une à l’autre.
En 1939, les conditions se détériorant en Europe, certains ministres à plein temps Témoins de Jéhovah se sont portés volontaires pour aller prêcher dans d’autres territoires (voir Matthieu 10:23; Actes 8:4). Trois pionniers allemands ont été envoyés de Suisse à Shanghaï (Chine). Un certain nombre sont partis en Amérique du Sud. Parmi ceux qui ont été nommés au Brésil se trouvaient Otto Estelmann, qui visitait et aidait les congrégations de Tchécoslovaquie, et Erich Kattner, qui avait travaillé au bureau de la Société Watch Tower à Prague. Leur nouveau territoire n’était pas facile. Ils ont constaté que, dans certaines régions rurales, les Témoins se levaient de bonne heure, prêchaient jusqu’à 7 heures, puis tard dans la soirée. Frère Kattner se rappelle que lorsqu’il se déplaçait de lieu en lieu il dormait souvent à la belle étoile, sa sacoche de publications lui servant d’oreiller. — Voir Matthieu 8:20.
Frères Estelmann et Kattner avaient tous deux été pourchassés par la police secrète nazie en Europe. Avaient-ils échappé à la persécution en partant au Brésil? Au contraire, au bout d’un an seulement, ils ont été condamnés à une longue période de résidence surveillée et de réclusion à l’instigation d’autorités qui semblaient favorables aux nazis! Là aussi, il était courant que le clergé catholique s’oppose aux Témoins, mais ceux-ci persévéraient dans l’œuvre que Dieu leur avait confiée. Ils ne cessaient d’atteindre des villes du Brésil où le message du Royaume n’avait pas encore été prêché.
Un examen de la situation mondiale montre que dans la majorité des pays où les Témoins de Jéhovah se trouvaient durant la Seconde Guerre mondiale, les autorités ont interdit leur organisation ou leurs publications. Certes, ils prêchaient dans 117 pays en 1938, mais pendant la guerre (1939-1945) leur organisation ou leurs écrits ont été interdits, ou leurs ministres expulsés, dans plus d’une soixantaine de ces pays. Même là où leur œuvre n’a pas été interdite, ils ont eu à subir la violence de la foule et de fréquentes arrestations. Mais la prédication de la bonne nouvelle n’a pas cessé pour autant.
La grande foule commence à se manifester en Amérique latine
En pleine guerre, en février 1943, la Société Watch Tower a ouvert l’École de Galaad aux États-Unis, dans l’État de New York, pour former des missionnaires appelés à aller prêcher à l’étranger, en prévision de l’œuvre qu’il allait falloir accomplir après le conflit. Avant la fin de cette année-là, 12 de ces missionnaires avaient déjà commencé à prêcher à Cuba. Ce pays s’est révélé être un territoire très productif.
Dès 1910, des graines de la vérité biblique avaient été semées à Cuba. Charles Russell y avait prononcé un discours en 1913. Joseph Rutherford avait présenté une allocution radiophonique à La Havane en 1932, allocution qui avait été rediffusée en espagnol. Mais l’accroissement était lent. L’analphabétisme était répandu et les préjugés religieux très puissants. Dans un premier temps, l’intérêt s’est surtout manifesté parmi les anglophones originaires de la Jamaïque et d’autres pays. En 1936, on comptait seulement 40 prédicateurs du Royaume à Cuba. Mais ensuite l’œuvre consistant à planter et à arroser les graines de la vérité du Royaume a commencé à porter davantage de fruit.
C’est en 1934 que, pour la première fois, des Cubains se sont fait baptiser; d’autres ont suivi leur exemple par la suite. À partir de 1940, des émissions radiophoniques quotidiennes alliées à un témoignage hardi dans les rues se sont ajoutées au ministère de maison en maison dans ce pays. Avant même que des missionnaires formés à Galaad n’arrivent en 1943, 950 personnes avaient accepté la bonne nouvelle et la communiquaient à autrui, bien que de façon irrégulière pour certaines. Pendant les deux années qui ont suivi l’arrivée des missionnaires, le nombre des prédicateurs s’est accru encore plus rapidement. En 1945, il y avait 1 894 Témoins de Jéhovah à Cuba. La plupart d’entre eux appartenaient auparavant à une religion qui enseignait que tous ses fidèles iraient au ciel, et pourtant la grande majorité d’entre eux se réjouissaient maintenant à la perspective de vivre éternellement sur la terre dans un paradis rétabli (Gen. 1:28; 2:15; Ps. 37:9, 29; Rév. 21:3, 4). Seulement 1,4 % d’entre eux se disaient frères du Christ oints de l’esprit.
Le siège mondial de la Société a apporté de l’aide à l’Amérique latine d’une autre manière encore. Au début de 1944, Nathan Knorr, Frederick Franz, William Van Amburgh et Milton Henschel ont passé dix jours à Cuba pour y affermir les frères. À cette occasion, une assemblée s’est tenue à La Havane, et on a annoncé des dispositions pour assurer une meilleure coordination de l’œuvre de prédication. Ce voyage a également amené frères Knorr et Henschel à se rendre au Costa Rica, au Guatemala et au Mexique pour aider les Témoins de ces pays.
En 1945 et 1946, Nathan Knorr et Frederick Franz ont effectué des voyages qui leur ont permis de parler et de collaborer avec les Témoins de 24 pays situés entre le Mexique et la pointe sud de l’Amérique du Sud, ainsi qu’aux Antilles. Ils ont passé cinq mois dans cette partie du monde, apportant avec amour aide et direction. Dans certains endroits, ils se sont réunis avec seulement une poignée de personnes bien disposées. Afin que les réunions et la prédication soient régulièrement organisées, ils ont personnellement participé à la formation des premières congrégations de Lima (Pérou) et de Caracas (Venezuela). Partout où des réunions se tenaient déjà, ils y assistaient et, à l’occasion, montraient comment y inclure davantage de conseils pratiques en vue de l’œuvre d’évangélisation.
Dans la mesure du possible, il était prévu que des discours publics soient prononcés durant ces visites. Les Témoins ont donné une grande publicité à ces discours en portant des pancartes et en distribuant des feuilles d’invitation dans les rues. Grâce à ces efforts, les 394 Témoins du Brésil ont eu la joie de dénombrer 765 assistants à l’assemblée qu’ils ont tenue à São Paulo. Au Chili, où il y avait 83 proclamateurs du Royaume, 340 personnes sont venues écouter le discours qui avait reçu une large publicité. Au Costa Rica, les 253 Témoins ont eu le plaisir d’accueillir 849 personnes en tout à leurs deux assemblées. Ces rassemblements étaient pour eux autant d’occasions de goûter leur chaleureuse fraternité.
Cependant, l’objectif n’était pas simplement de tenir des assemblées mémorables. Durant ces voyages, les représentants du siège mondial de la Société mettaient l’accent sur l’importance de faire des nouvelles visites chez les personnes bien disposées et d’étudier la Bible avec elles à leur domicile, car, pour qu’elles deviennent de véritables disciples, il fallait qu’elles soient régulièrement instruites de la Parole de Dieu. Il en est résulté un accroissement rapide du nombre des études bibliques à domicile dans cette partie du monde.
Pendant que frères Knorr et Franz effectuaient ces tournées de service, d’autres missionnaires formés à Galaad rejoignaient leurs territoires. Fin 1944, il s’en trouvait quelques-uns au Costa Rica, au Mexique et à Porto Rico. En 1945, d’autres missionnaires ont contribué à mieux organiser la prédication dans les pays suivants: Barbade, Brésil, Chili, Colombie, Guatemala, Haïti, Honduras britannique (aujourd’hui Bélize), Jamaïque, Nicaragua, Panama, Salvador et Uruguay. Quand les deux premiers missionnaires sont arrivés en République dominicaine en 1945, ils étaient les seuls Témoins dans ce pays. Le ministère de ces missionnaires de la première heure n’a pas tardé à porter du fruit. Trinidad Paniagua a déclaré au sujet des missionnaires envoyés au Guatemala: “C’était exactement ce qu’il nous fallait: des enseignants de la Parole de Dieu qui nous aident à comprendre comment nous y prendre pour accomplir l’œuvre.”
C’est ainsi que le fondement de l’expansion a été posé dans cette partie du monde. Aux Antilles, il y avait 3 394 proclamateurs du Royaume à la fin de 1945. Il y en avait 3 276 au Mexique, 404 en Amérique centrale et 1 042 en Amérique du Sud. Pour cette partie du monde, ces chiffres représentaient un accroissement de 386 % en sept années très troublées de l’histoire humaine. Mais ce n’était qu’un commencement. Un accroissement d’une ampleur vraiment extraordinaire était encore à venir! En effet, la Bible avait annoncé qu’“une grande foule” d’adorateurs de Jéhovah venant “de toutes nations et tribus et peuples et langues” serait rassemblée avant la grande tribulation. — Rév. 7:9, 10, 14.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, en 1939, il n’y avait que 72 475 Témoins de Jéhovah dans 115 pays (selon les divisions de la carte politique du monde au début des années 90). Malgré la persécution virulente qu’ils ont subie dans le monde entier, leur nombre avait plus que doublé à la fin de la guerre. Ainsi, le rapport pour 1945 montrait qu’il y avait 156 299 Témoins actifs dans les 107 pays pour lesquels on a pu compiler les rapports. Mais en fait, à cette époque, 163 pays avaient entendu le message du Royaume.
Le témoignage donné de 1936 à 1945 a été vraiment prodigieux. Durant cette décennie tourmentée, ces Témoins de Jéhovah zélés ont consacré en tout 212 069 285 heures à proclamer à la face du monde que le Royaume est la seule espérance de l’humanité. Ils ont aussi distribué 343 054 579 livres, brochures et périodiques pour aider autrui à discerner le fondement biblique de cette espérance. Pour aider les personnes qui s’intéressaient sincèrement à ce message, en 1945 ils ont dirigé en moyenne 104 814 études bibliques gratuites à domicile.
[Entrefilet, page 455]
Bien qu’ils aient dû fuir à cause de la guerre, ils ont continué à prêcher.
[Encadré/Illustrations, pages 451-453]
Ils ont refusé de cesser leur prédication, même au prix de leur liberté
Ce ne sont là que quelques-uns des milliers de Témoins qui ont souffert pour leur foi dans les prisons et les camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale.
1. Adrian Thompson, Nouvelle-Zélande. Incarcéré en 1941 en Australie; sa demande d’exemption du service militaire a été rejetée à l’époque où l’œuvre des Témoins de Jéhovah était interdite en Australie. Après sa libération, en qualité de surveillant itinérant, il a fortifié les congrégations dans leur service public. Missionnaire et premier surveillant itinérant au Japon après la guerre; il a continué de prêcher avec zèle jusqu’à sa mort, en 1976.
2. Alois Moser, Autriche. Détenu dans sept prisons et camps de concentration. À l’âge de 92 ans, il était toujours actif en 1992.
3. Franz Wohlfahrt, Autriche. L’exécution de son père et celle de son frère ne l’ont pas fait renoncer. Détenu au camp de Rollwald (Allemagne) pendant cinq ans. En 1992, il prêchait toujours, à l’âge de 70 ans.
4. Thomas Jones, Canada. Emprisonné en 1944, puis détenu dans deux camps de travail. En 1977, après 34 ans de service à plein temps, il a été nommé membre du Comité de la filiale qui dirige la prédication au Canada.
5. Maria Hombach, Allemagne. Arrêtée à de multiples reprises; elle est restée au secret pendant trois ans et demi. Elle a risqué sa vie pour transmettre des publications bibliques à d’autres Témoins. En 1992, à 90 ans, elle sert fidèlement comme membre de la famille du Béthel.
6. Max et Konrad Franke, Allemagne. Père et fils, tous deux incarcérés plusieurs fois et pendant de nombreuses années. (La femme de Konrad, Gertrud, a également été emprisonnée.) Ils sont restés fidèles et zélés dans le service de Jéhovah, et Konrad a joué un grand rôle dans la réorganisation de l’œuvre de prédication des Témoins dans l’Allemagne d’après-guerre.
7. Pryce Hughes, Angleterre. Condamné à purger deux peines de réclusion à Wormwood Scrubs (Londres); il avait aussi été incarcéré à cause de sa foi durant la Première Guerre mondiale. Il a joué un rôle de premier plan dans l’œuvre de prédication du Royaume jusqu’à sa mort, en 1978.
8. Adolphe et Emma Arnold, et leur fille Simone, France. Après l’emprisonnement d’Adolphe, Emma et Simone ont continué à prêcher et à distribuer des publications aux autres Témoins. En prison, Emma a été mise au secret parce qu’elle persistait à prêcher aux autres détenues. Simone a été envoyée dans un centre d’éducation surveillée. Tous trois sont demeurés des Témoins zélés.
9. Ernst et Hildegard Seliger, Allemagne. À eux deux, ils ont passé plus de 40 ans en prison et en camp de concentration pour leur foi. Même derrière les barreaux, ils ont continué à communiquer les vérités bibliques à autrui. Après leur libération, ils ont consacré tout leur temps à la prédication de la bonne nouvelle. Frère Seliger est mort fidèle à Dieu en 1985; sœur Seliger, en 1992.
10. Carl Johnson, États-Unis. Deux ans après son baptême, il a été emprisonné avec des centaines d’autres Témoins à Ashland (Kentucky). Il a été pionnier et surveillant de circonscription; en 1992, il sert toujours comme ancien et donne l’exemple dans la prédication.
11. August Peters, Allemagne. Séparé de sa femme et de ses quatre enfants, il a été incarcéré de 1936 à 1937, puis de 1937 à 1945. Après sa libération, au lieu de prêcher moins, il a accru son activité en entreprenant le service à plein temps. En 1992, à 99 ans, il était toujours membre de la famille du Béthel et avait vu le nombre des Témoins de Jéhovah en Allemagne s’élever à 163 095.
12. Gertrud Ott, Allemagne. Détenue à Lodz (Pologne), puis au camp de concentration d’Auschwitz; ensuite à Gross-Rosen et à Bergen-Belsen (Allemagne). Après la guerre, elle a servi avec zèle comme missionnaire en Indonésie, en Iran et au Luxembourg.
13. Katsuo Miura, Japon. Sept ans après son arrestation et son incarcération à Hiroshima, la prison dans laquelle il était détenu a été presque entièrement détruite par la bombe atomique qui a ravagé la ville. Les médecins n’ont toutefois trouvé sur lui aucune lésion due aux radiations. Il a consacré les dernières années de sa vie au service de pionnier.
14. Martin et Gertrud Poetzinger, Allemagne. Quelques mois après leur mariage, ils ont été arrêtés et tenus séparés pendant neuf ans. Martin a été envoyé à Dachau et à Mauthausen; Gertrud, à Ravensbrück. Malgré les sévices qu’ils ont subis, leur foi n’a pas défailli. Après leur libération, ils ont consacré toute leur énergie au service de Jéhovah. Pendant 29 ans, Martin a été surveillant itinérant dans toute l’Allemagne; puis il a été membre du Collège central jusqu’à sa mort, en 1988. En 1992, Gertrud était toujours une évangélisatrice zélée.
15. Jizo et Matsue Ishii, Japon. Après avoir distribué des publications bibliques pendant une décennie un peu partout au Japon, ils ont été emprisonnés. L’œuvre des Témoins de Jéhovah au Japon a été brisée pendant la guerre, mais après cela frère et sœur Ishii se sont remis à prêcher avec zèle. En 1992, Matsue Ishii avait vu le nombre des Témoins actifs au Japon s’élever à plus de 171 000.
16. Victor Bruch, Luxembourg. Détenu à Buchenwald, Lublin, Auschwitz et Ravensbrück. À 90 ans, il sert toujours comme ancien dans une congrégation de Témoins de Jéhovah.
17. Karl Schurstein, Allemagne. Surveillant itinérant avant que Hitler ne vienne au pouvoir. Incarcéré pendant huit ans, puis tué par les SS à Dachau en 1944. Même dans le camp, il a continué à édifier les autres sur le plan spirituel.
18. Kim Bong-nyu, Corée. Emprisonnée pendant six ans. À 72 ans, elle parle toujours du Royaume de Dieu dans son entourage.
19. Pamfil Albu, Roumanie. Après avoir été sauvagement maltraité, il a été envoyé dans un camp de travail en Yougoslavie pendant deux ans et demi. Après la guerre, il a été incarcéré deux autres fois, en tout pendant 12 ans. Il n’a pas cessé de parler de ce que Dieu se propose de faire. Avant sa mort, il a aidé des milliers de Roumains à servir Dieu avec l’organisation mondiale des Témoins de Jéhovah.
20. Wilhelm Scheider, Pologne. Détenu dans les camps de concentration nazis de 1939 à 1945, dans les prisons communistes de 1950 à 1956, et de 1960 à 1964. Jusqu’à sa mort, en 1971, il a résolument consacré ses forces à la proclamation du Royaume de Dieu.
21. Harald et Elsa Abt, Pologne. Pendant et après la guerre, Harald a passé 14 ans en prison et dans des camps de concentration à cause de sa foi, mais cela ne l’a pas empêché de continuer à prêcher. Elsa a été séparée de sa fillette et a ensuite été détenue dans six camps en Pologne, en Allemagne et en Autriche. Ils ont continué à servir Jéhovah avec zèle, bien que l’organisation des Témoins de Jéhovah ait été interdite pendant 40 ans en Pologne après la guerre.
22. Adám Szinger, Hongrie. Il est passé six fois en jugement, a été condamné à 23 ans de réclusion, et a passé 8 ans et demi en prison et dans des camps de travail. Après sa libération, il a été surveillant itinérant pendant 30 ans. À 69 ans, il sert toujours fidèlement comme ancien d’une congrégation.
23. Joseph Dos Santos, Philippines. Il était proclamateur à plein temps du message du Royaume depuis 12 ans quand il a été incarcéré en 1942. Il a relancé l’activité des Témoins de Jéhovah aux Philippines après la guerre et a personnellement persévéré dans le service de pionnier jusqu’à sa mort, en 1983.
24. Rudolph Sunal, États-Unis. Emprisonné à Mill Point (Virginie occidentale). Après sa libération, il a consacré tout son temps à faire connaître le Royaume de Dieu — comme pionnier, membre de la famille du Béthel et surveillant de circonscription. Il est toujours pionnier en 1992, à 78 ans.
25. Martin Magyarosi, Roumanie. En prison, de 1942 à 1944, il a continué à diriger la prédication de la bonne nouvelle en Transylvanie. Après sa libération, il a beaucoup voyagé pour encourager les autres Témoins à prêcher, ce qu’il faisait lui-même avec courage. De nouveau incarcéré en 1950, il est mort en fidèle serviteur de Jéhovah dans un camp de travail en 1953.
26. Arthur Winkler, Allemagne et Pays-Bas. D’abord envoyé au camp de concentration d’Esterwegen; il a continué à prêcher dans ce camp. Par la suite, aux Pays-Bas, il a été battu par la Gestapo au point d’être méconnaissable. Finalement, il a été envoyé à Sachsenhausen. Il a continué à témoigner avec fidélité et zèle jusqu’à sa mort, en 1972.
27. Park Ock-hi, Corée. Elle a passé trois ans dans la prison de Sodaemun, à Séoul, où elle a subi des tortures indescriptibles. À 91 ans, en 1992, elle prêche toujours avec zèle comme pionnière spéciale.
[Carte/Illustration, page 446]
Alexander MacGillivray, surveillant de la filiale d’Australie, a contribué à mettre sur pied des expéditions de prédication dans un grand nombre de pays et d’îles.
[Carte]
(Voir la publication)
AUSTRALIE
NOUVELLE-ZÉLANDE
TAHITI
TONGA
FIDJI
NOUVELLE-GUINÉE
JAVA
BORNÉO
SUMATRA
BIRMANIE
HONG-KONG
MALAISIE
SIAM
INDOCHINE
CHINE
OCÉAN PACIFIQUE
Les noms de pays sont ceux qui étaient en usage dans les années 30.
[Carte/Illustrations, page 460]
Fin 1945, des missionnaires de l’École de Galaad prêchaient déjà dans 18 pays de cette partie du monde.
Charles et Lorene Eisenhower
Cuba
John et Adda Parker
Guatemala
Emil Van Daalen
Porto Rico
Olaf Olson
Colombie
Don Burt
Costa Rica
Gladys Wilson
Salvador
Hazel Burford
Panama
Louise Stubbs
Chili
[Carte]
(Voir la publication)
CUBA
COSTA RICA
MEXIQUE
PORTO RICO
BARBADE
BÉLIZE
BRÉSIL
CHILI
COLOMBIE
RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
SALVADOR
GUATEMALA
HAÏTI
JAMAÏQUE
NICARAGUA
PANAMA
URUGUAY
BOLIVIE
[Illustration, page 444]
Certains colporteurs ont distribué une grande quantité de cartons de publications; dans chaque livre, les gens trouvaient de nombreux sermons bibliques.
[Illustration, page 445]
Armando Menazzi (au centre au premier plan) et ses joyeux compagnons de voyage pendant une tournée de prédication dans leur “maison de pionniers roulante”.
[Illustration, page 445]
Arthur Willis, Ted Sewell et Bill Newlands — trois prédicateurs qui ont apporté le message du Royaume dans l’intérieur de l’Australie.
[Illustration, page 447]
Frank Dewar (ici avec sa femme et leurs deux filles) s’est rendu en Thaïlande comme pionnier isolé en 1936, et il était toujours pionnier spécial en 1992.
[Illustration, page 447]
Chomchai Inthaphan a mis à profit ses compétences de traductrice pour communiquer la bonne nouvelle de la Bible aux Thaïlandais.
[Illustration, page 448]
En Allemagne, les Témoins de Jéhovah ont largement distribué cette lettre ouverte en 1937, alors que leur culte était officiellement interdit.
[Illustration, page 449]
Franz et Hilda Kusserow et leur famille — tous sont restés de fidèles Témoins de Jéhovah, bien qu’à l’exception d’un fils mort accidentellement ils aient tous été jetés dans des camps de concentration, des prisons ou des centres d’éducation surveillée à cause de leur foi.
[Illustrations, page 450]
Quelques-uns de ceux qui, en Autriche et en Allemagne, ont risqué leur vie pour reproduire ou distribuer des écrits bibliques, comme celui que l’on voit à l’arrière-plan.
Therese Schreiber
Peter Gölles
Elfriede Löhr
Albert Wandres
August Kraft
Ilse Unterdörfer
[Illustration, page 454]
Groupe de Témoins à l’assemblée de Shanghaï (Chine), en 1936; neuf d’entre eux se sont fait baptiser à cette occasion.
[Illustration, page 456]
Malgré l’interdiction de leur culte, ces Témoins ont tenu une assemblée à Hargrave Park, près de Sydney (Australie), en 1941.
[Illustration, page 458]
Témoins cubains réunis en assemblée à Cienfuegos en 1939.
[Illustration, page 459]
Nathan Knorr (à gauche) et Erich Kattner, qui lui servait d’interprète, à l’assemblée de São Paulo en 1945.