HÉRODE
Nom d’une famille qui détint le pouvoir politique sur les Juifs. Bien qu’Iduméens ou Édomites, les Hérodes étaient nominalement juifs, car, d’après Josèphe, Jean Hyrcan, chef maccabée, avait imposé la circoncision à leur peuple en 125 avant notre ère.
Hormis les brèves mentions que la Bible fait des Hérodes, nous trouvons la plupart des renseignements à leur sujet dans le récit de l’historien Josèphe. Alexandre Jannée, roi asmonéen (Maccabée), avait nommé Antipater, l’ancêtre des Hérodes, gouverneur d’Idumée. Le fils d’Antipater, qui s’appelait lui aussi Antipater ou Antipas, fut le père d’Hérode le Grand. D’après l’historien Nicolas de Damas, cité par Josèphe, Antipas était issu d’une des principales familles de Juifs qui revinrent de Babylone au pays de Juda. Pourtant, selon Josèphe, l’affirmation de Nicolas n’était destinée qu’à plaire à Hérode, qui, en réalité, était édomite de par son père et sa mère.
Antipas, homme très riche, trempa dans la politique et dans l’intrigue. Il nourrissait de hautes ambitions pour ses fils. Il soutint Hyrcan II, fils d’Alexandre Jannée et de Salomé Alexandra, dans sa prétention aux titres de roi et de grand prêtre des Juifs contre son rival Aristobule, frère d’Hyrcan. En fait, Antipas servait ainsi ses propres ambitions. Jules César finit par lui accorder la citoyenneté romaine et le poste de gouverneur de Judée. Antipas nomma Phasaël, son premier fils, gouverneur de Jérusalem, et Hérode, un autre fils, gouverneur de Galilée. Il mourut empoisonné.
1. Hérode le Grand, deuxième fils d’Antipas (Antipater) et de Cypros, sa femme. L’Histoire corrobore l’exactitude du bref aperçu que la Bible nous donne du caractère de cet homme sans scrupules, rusé, soupçonneux, débauché, cruel et sanguinaire. Il avait hérité la diplomatie et l’opportunisme de son père. Il faut cependant lui reconnaître des talents d’organisateur et de commandant. Effectivement, Josèphe le décrit comme un homme doté d’une grande force physique doublé d’un excellent cavalier, qui maniait l’arc et lançait le javelot avec beaucoup d’habileté. Peut-être faut-il voir en son génie de constructeur sa qualité la plus marquante.
ROI DE JUDÉE
Hérode succéda à Antipas, son père, et vers l’an 39 avant notre ère le Sénat de Rome le fit roi de toute la Judée. Toutefois, il ne put s’imposer comme roi de facto que trois ans plus tard, quand il prit Jérusalem et déposa Antigone, fils d’Aristobule. Après sa victoire, Hérode entreprit d’affermir sa position. Pour ce faire, il persuada le Romain Marc Antoine de tuer Antigone, puis il fit rechercher et exécuter ses principaux partisans, soit quarante-cinq hommes au total.
Politicien des plus clairvoyants, Hérode croyait avoir tout intérêt à soutenir Rome. Cependant, il lui fallait se montrer très diplomate et changer souvent de parti pour ne pas se laisser dépasser par les fréquents caprices du sort des dirigeants romains. Ainsi, Hérode soutint tout d’abord Jules César, car il était un ami intime de Sextus. Puis il se rangea du côté de Cassius, assassin de César. S’il se ménagea ensuite la faveur de Marc Antoine, ennemi de Cassius et vengeur de César, ce fut en partie en le corrompant par des présents coûteux. Plus tard, quand Octave (César Auguste) défit Antoine à Actium, Hérode obtint adroitement le pardon d’Auguste pour avoir soutenu Antoine et conserva son amitié par la suite. Par sa fidélité à Rome, sa prodigalité envers les Césars et son langage doucereux, Hérode l’emporta toujours lorsque des plaintes ou des accusations furent portées contre lui à Rome par les Juifs ou par d’autres, parfois même par les membres de sa propre famille.
La première fonction d’Hérode avait été celle de gouverneur de Galilée. Cassius le nomma gouverneur de Cœlésyrie. Quelque temps après, sur recommandation d’Antoine, le Sénat le fit roi de Judée. L’empereur Auguste, pour sa part, ajouta à son royaume Samarie, Gadara, Gaza et Joppé, puis la Trachonitide, la Batanée, l’Auranitide et la Pérée, région située au delà du Jourdain et qui correspondait grosso modo à Galaad. D’autre part, l’Idumée lui était aussi soumise.
Parmi ses œuvres architecturales, la reconstruction du temple de Zorobabel à Jérusalem est particulièrement digne d’intérêt, surtout du point de vue de la Bible. Cette construction, dont Josèphe vante la magnificence, coûta des sommes astronomiques. À cause de la haine et de la méfiance qu’Hérode leur inspirait, les Juifs ne lui permirent pas de détruire tout d’abord le temple existant. Il dut donc rassembler les matériaux de construction et les apporter sur place avant de démolir quoi que ce fût. D’après Josèphe, le sanctuaire fut rebâti en dix-huit mois. D’autres bâtiments parmi les principaux furent érigés en huit ans. Pourtant, en l’an 30 de notre ère, les Juifs disaient que le temple avait été construit en quarante-six ans. C’est ce qu’ils déclarèrent au cours d’une conversation qu’ils tinrent avec Jésus Christ, peu avant la première Pâque à compter de son baptême (Jean 2:13-20). En fait, on continua les travaux du temple, notamment en y faisant des rajouts, jusqu’à seulement six ans avant qu’il fût détruit, en 70.
PROBLÈMES FAMILIAUX
Presque tous les membres de la famille des Hérodes se caractérisaient par leur ambition, leur suspicion, leur débauche éhontée et leur comportement exécrable. C’est au sein de sa propre famille qu’Hérode connut les pires difficultés et les plus grands chagrins de son existence. Cypros, sa mère, et Salomé, sa sœur, ne laissaient pas d’envenimer la situation. Hérode avait épousé Mariamne, fille d’Alexandre, fils d’Aristobule, et petite-fille d’Hyrcan II. Mariamne était remarquablement belle, et Hérode l’aimait passionnément. En revanche, une haine croissante la séparait de la mère et de la sœur d’Hérode. Quant à Hérode, il se montrait sans cesse jaloux et suspectait les membres de sa famille, et notamment ses fils, de comploter contre lui. Dans certains cas, d’ailleurs, ses soupçons étaient fondés. Sa soif de pouvoir et sa suspicion l’incitèrent à faire assassiner Mariamne, sa femme, et trois de ses fils, ainsi que le frère et le grand-père (Hyrcan) de sa femme, plusieurs d’entre ses meilleurs amis et bien d’autres encore. Il recourait à la torture pour arracher des confessions à tous ceux qui, selon lui, pouvaient posséder des renseignements susceptibles de confirmer ses soupçons.
SA MALADIE ET SA MORT
Si Hérode finit par être atteint d’une maladie répugnante accompagnée de fièvre, il se peut fort bien que ce fût à cause de sa vie licencieuse. Alors qu’il était déjà atteint par le mal qui allait l’emporter, il ordonna la mort d’Antipater, son fils, qui conspirait. De plus, sachant que les Juifs se réjouiraient en apprenant sa mort, Hérode ordonna de rassembler les hommes les plus célèbres de leur nation dans un lieu nommé l’Hippodrome, à Jéricho, et il les y fit enfermer. Il demanda alors à ses proches de ne pas publier la nouvelle de sa mort que ces chefs juifs n’aient d’abord été tués. Ainsi, disait-il, toutes les familles de Judée pleureraient pour ses funérailles. Toutefois, cet ordre ne fut jamais exécuté, car Salomé, sœur d’Hérode, et Alexis, son mari, libérèrent les hommes et les renvoyèrent chez eux.
LE MASSACRE DES ENFANTS
Le récit biblique qui rapporte le massacre de tous les garçons de deux ans et au-dessous à Bethléhem et dans son territoire, massacre perpétré par Hérode, s’harmonise tout à fait avec les autres renseignements historiques qui font état de la méchanceté de ce personnage. Ce drame eut lieu peu avant la mort d’Hérode. En effet, si Jésus fut épargné, c’est parce que ses parents l’emmenèrent en Égypte, puis revinrent s’installer en Galilée après la mort d’Hérode. Jéhovah avait prédit ces deux événements par l’entremise de ses prophètes Jérémie et Osée. — Mat. 2:1-23; Jér. 31:15; Osée 11:1.
LA DATE DE SA MORT
Un problème se pose au sujet de la date de la mort d’Hérode. Certains chronologistes soutiennent que celle-ci survint en l’an 5 ou en l’an 4 avant notre ère. Leur chronologie est fondée en bonne partie sur les écrits historiques de Josèphe. Or, lorsque Josèphe donne la date à laquelle Hérode fut fait roi par Rome, il emploie la “datation consulaire”, c’est-à-dire qu’il situe l’événement par rapport au temps d’exercice de certains consuls romains. Datée de la sorte, l’intronisation d’Hérode aurait eu lieu en 40 avant notre ère. Toutefois, la thèse de Josèphe est infirmée par Appien, un autre historien qui, lui, situe l’événement en l’an 39. Par le même système de datation, Josèphe place la prise de Jérusalem par Hérode en 37. Pourtant, il dit également que cet événement eut lieu vingt-sept ans après que Pompée se fut emparé de la ville (en l’an 63 av. n. è.), ce qui signifierait qu’Hérode n’aurait pris Jérusalem qu’en l’an 36. Or, Josèphe déclare aussi qu’Hérode mourut trente-sept ans après avoir été intronisé par les Romains et trente-quatre ans après avoir pris Jérusalem. Selon cette méthode de calcul, si Hérode s’empara de la ville en 36, son avènement dut avoir lieu trois ans plus tôt, soit en 39. Dès lors, si l’on suit ce raisonnement, sa mort dut survenir en l’an 2, voire en l’an 1 avant notre ère.
Josèphe, historien juif, compta vraisemblablement le règne des rois de Judée selon le système de l’année d’accession, comme on avait procédé pour les rois de la lignée de David. Si Hérode fut fait roi par Rome en l’an 39, sa première année de règne dut commencer en Nisan 38. De même, si l’on considère que son règne devint effectif avec la prise de Jérusalem en l’an 36, alors sa première année débuta en Nisan 35. Dès lors, si, comme Josèphe l’affirme, Hérode mourut effectivement trente-sept ans après avoir été nommé par Rome et trente-quatre ans après avoir pris Jérusalem, et que, dans chaque cas, ce temps soit compté à partir du début de sa première année de règne, c’est-à-dire du mois de Nisan qui suivit son accession au trône, Hérode dut mourir en l’an 1 avant notre ère. Dans un article consacré à cette question (The Journal of Theological Studies, octobre 1966), W. Filmer écrit que les preuves fournies par la tradition juive situent la mort d’Hérode le 2 Schébat de mois de Schébat correspond, dans notre calendrier, à janvier/février).
D’après Josèphe, Hérode mourut peu après une éclipse lunaire et avant la Pâque. Puisqu’il y eut une éclipse la nuit du 12/13 mars 4 avant notre ère, selon le calendrier julien (10/11 mars, calendrier grégorien), certains en ont conclu que ce fut là l’éclipse dont parlait Josèphe.
Pourtant, il y eut aussi une éclipse de lune en l’an 1 avant notre ère, environ trois mois avant la Pâque. Qui plus est, il s’agissait d’une éclipse totale, tandis que celle qui survint en l’an 4 n’était que partielle. L’éclipse de l’an 1 eut lieu le 9 janvier, selon le calendrier julien (7 janvier, calendrier grégorien), soit quinze jours avant le 2 Schébat, date traditionnelle de la mort d’Hérode. Une autre éclipse (partielle celle-ci) se produisit le 29 décembre de l’an 1 avant notre ère selon le calendrier julien (27 décembre, calendrier grégorien).
Il existe encore une méthode de calcul différente. Elle est fondée sur l’âge qu’avait Hérode au moment de sa mort. Josèphe déclare qu’il était âgé d’environ soixante-dix ans. D’après lui, lorsque Hérode fut établi gouverneur de Galilée (en l’an 47, selon l’opinion générale), il avait quinze ans. Toutefois, les historiens ont pensé qu’il s’agissait là d’une faute, et que, selon toute vraisemblance, Josèphe voulait dire vingt-cinq ans. Dès lors, Hérode mourut en 2 ou 1 avant notre ère. Cependant, nous ne devons pas oublier que la chronologie de Josèphe recèle de nombreuses incohérences et qu’elle n’est donc pas la source la plus sûre. En fait, c’est dans la Bible que nous trouverons les renseignements les plus dignes de foi.
La Bible, en effet, montre qu’Hérode mourut soit en l’an 1 avant notre ère, ou peut-être au cours de l’an 1 de notre ère. Luc, historien biblique, nous fait savoir que Jean se mit à baptiser en la quinzième année de Tibère César (Luc 3:1-3). Or, Tibère devint empereur de Rome le 19 août de l’an 14 de notre ère selon le calendrier julien (17 août, calendrier grégorien), à la mort d’Auguste. Les Romains, eux, ne comptaient pas le temps selon le système de l’année d’accession. Par conséquent, la quinzième année de Tibère s’étendit du 19 août 28 au 18 août 29 (calendrier julien). Jean, précurseur qui devait frayer le chemin devant Jésus, avait six mois de plus que lui. Il entreprit donc son ministère plus tôt que Jésus (au printemps selon toute vraisemblance) (Luc 1:35, 36). Jésus, qui d’après la Bible naquit en automne, avait environ trente ans lorsqu’il se présenta à Jean pour que celui-ci le baptisât (Luc 3:21-23). Dès lors, tout porte à croire que Jésus fut baptisé en automne, vers le mois d’octobre de l’an 29. En remontant de trente ans, nous situons la naissance humaine du Fils de Dieu en automne de l’an 2 avant notre ère (comparer Luc 3:1, 23 avec la prophétie de Daniel [9:24-27] relative aux “soixante-dix semaines”). — Voir SOIXANTE-DIX SEMAINES.
Les astrologues qui rendirent visite à Jésus
Selon le récit de l’apôtre Matthieu, après que Jésus fut né à Bethléhem “aux jours d’Hérode, le roi”, des astrologues venus des régions orientales arrivèrent à Jérusalem et dirent qu’ils avaient vu son étoile alors qu’ils étaient encore en Orient. Il n’en fallut pas plus pour éveiller les craintes et les soupçons d’Hérode, qui apprit de la bouche des prêtres en chef et des scribes que le Christ devait naître à Bethléhem. Hérode appela ensuite les astrologues et s’informa auprès d’eux de la date à laquelle l’étoile était apparue. — Mat. 2:1-7.
Notons qu’un certain temps s’était écoulé depuis la naissance de Jésus, car celui-ci ne se trouvait plus dans une crèche, mais dans une maison avec ses parents (Mat. 2:11; voir Luc 2:4-7). Lorsqu’il vit que les astrologues n’étaient pas revenus vers lui pour lui apprendre où le petit enfant se trouvait, Hérode ordonna le massacre de tous les garçons de Bethléhem et de son territoire, depuis l’âge de deux ans et au-dessous. Entre-temps, les parents de Jésus, avertis par Dieu, l’avaient emmené en Égypte (Mat. 2:12-18). La mort d’Hérode n’aurait guère pu survenir avant le début de l’an 1 avant notre ère, car, dans ce cas, Jésus (qui était né vers le 1er octobre) aurait alors eu moins de trois mois.
Toutefois, Jésus n’avait pas nécessairement deux ans lors du meurtre des enfants. Peut-être n’avait-il même pas encore un an, puisque Hérode fonda ses calculs sur le moment où les astrologues avaient vu l’étoile, alors qu’ils étaient encore en Orient (Mat. 2:1, 2, 7-9). Leur voyage a bien pu durer quelques mois. Logiquement, Hérode dut conclure qu’en tuant tous les petits garçons de deux ans et moins, il était sûr de se débarrasser de celui qui était né “roi des Juifs”. (Mat. 2:2.) Hérode mourut vraisemblablement peu après ces événements, car Jésus ne resta apparemment pas longtemps en Égypte. — Mat. 2:19-21.
Ainsi donc, la chronologie biblique, les renseignements astronomiques et les récits historiques dont nous disposons semblent situer la mort d’Hérode en l’an 1 avant notre ère, ou peut-être même au début de l’an 1 de notre ère.
2. Hérode Antipas, fils d’Hérode le Grand et de la Samaritaine Malthace; il fut élevé à Rome avec Archélaüs, son frère. Hérode avait désigné Antipas pour la royauté, mais il révoqua plus tard son testament pour nommer Archélaüs à sa place. Antipas contesta les dernières volontés de son père devant César Auguste. Celui-ci soutint le titre d’Archélaüs, mais divisa le royaume et donna à Antipas la tétrarchie de Galilée et de Pérée. Le terme “tétrarque”, qui signifie ‘gouverneur sur le quart’ d’une province, désignait le chef d’un petit district ou le prince d’un territoire. Toutefois, ce personnage pouvait être communément appelé roi, au même titre qu’Archélaüs. — Mat. 14:9; Marc 6:22, 25-27.
Antipas épousa la fille d’Arétas, roi d’Arabie, qui avait Pétra pour capitale. Mais au cours d’un de ses voyages à Rome, il se rendit chez son demi-frère Philippe, fils d’Hérode le Grand et de Mariamne (II) (non pas Philippe le tétrarque). Alors qu’il était chez lui, il s’enticha de l’ambitieuse Hérodiade, femme de Philippe, l’emmena en Galilée et l’épousa, tout en divorçant d’avec la fille d’Arétas et en la renvoyant chez elle. Cet outrage devait déclencher la guerre. Arétas envahit le territoire d’Hérode Antipas, lui infligea d’énormes pertes et parvint presque à le renverser. Toutefois, Antipas fut sauvé par un appel à Rome, par suite duquel l’empereur somma Arétas de cesser la guerre.
Antipas s’acquit la faveur de Tibère César, successeur d’Auguste. Constructeur habile comme son père, quoique dans une plus faible mesure, il bâtit une ville près du lac de Gennésareth (la mer de Galilée ou de Tibériade) et l’appela Tibériade, d’après le nom de l’empereur (Jean 6:1, 23). Il nomma encore une autre ville Julias, d’après Julie (plus communément appelée Livie), femme d’Auguste. Il construisit également des forts, des palais et des théâtres.
LE MEURTRE DE JEAN LE BAPTISEUR
L’union adultère qu’Hérode Antipas avait contractée avec Hérodiade lui attira la réprimande de Jean le Baptiseur. Jean était tout à fait en droit de le reprendre, car Antipas, Juif de nom, se disait soumis à la Loi. Antipas jeta Jean en prison; il désirait le tuer, mais il avait peur du peuple, qui le tenait pour un prophète. Néanmoins, lors de son anniversaire, la fille d’Hérodiade lui plut tant qu’il lui jura de lui donner tout ce qu’elle demanderait. Or, Hérodiade engagea sa fille à demander la tête de Jean le Baptiseur. Bien que cela ne fût pas pour lui plaire, Hérode céda lâchement pour ne pas perdre la face devant ceux qui assistaient aux festivités, et aussi à cause de son serment. (Toutefois, sous la Loi, aucun serment ne pouvait le contraindre à perpétrer un acte illicite tel qu’un meurtre.) — Mat. 14:3-12; Marc 6:17-29.
Plus tard, lorsque Antipas entendit parler du ministère de Jésus, qui consistait à prêcher, à guérir et à expulser les démons, il eut peur, craignant que Jésus ne fût autre que Jean ressuscité. Si Hérode Antipas désira ardemment voir Jésus par la suite, ce n’était pas, semble-t-il, pour l’entendre prêcher, mais parce qu’il n’était pas sûr de sa déduction. — Mat. 14:1, 2; Marc 6:14-16; Luc 9:7-9.
C’est probablement quand Jésus traversait la Pérée pour se rendre à Jérusalem que les Pharisiens lui dirent: “Sors et va-t’en d’ici, car Hérode veut te tuer.” Peut-être Hérode fit-il lui-même courir ce bruit dans l’espoir d’amener Jésus à s’enfuir de son territoire par crainte; effectivement, il hésitait peut-être à pousser la hardiesse jusqu’à lever une nouvelle fois la main sur un prophète de Dieu pour le tuer. Faisant sans doute allusion à la ruse d’Hérode, Jésus, dans sa réponse, l’appela “ce renard”. — Luc 13:31-33; voir HÉRODE (PARTISANS D’).
IL SE MOQUE DE JÉSUS
Le dernier jour de sa vie terrestre, on fit comparaître Jésus devant Ponce Pilate. Quand ce dernier apprit que Jésus était galiléen, il l’envoya à Hérode Antipas, chef de district (tétrarque) de Galilée, qui se trouvait alors à Jérusalem, parce qu’il avait déjà eu maille à partir avec les Galiléens (Luc 13:1; 23:1-7). Quand Hérode vit Jésus, il se réjouit, non qu’il eût souci de son bien-être ou qu’il voulût vraiment vérifier le bien-fondé des accusations que les prêtres et les scribes portaient contre lui, mais parce qu’il désirait lui voir opérer quelque signe. Toutefois, Jésus refusa de s’exécuter, et il resta muet tandis qu’Hérode l’interrogeait “avec un assez grand nombre de paroles”. Jésus savait que cette comparution devant Hérode, qui lui avait été imposée, n’était au fond qu’un simulacre. Hérode, déçu par Jésus, le traita alors avec mépris, se moqua de lui en le revêtant d’un vêtement éclatant et le renvoya à Pilate, l’autorité supérieure selon la hiérarchie romaine. Sans doute parce qu’Hérode avait porté certaines accusations contre Pilate, les deux hommes avaient été ennemis. Toutefois, la démarche de Pilate plut à Hérode, de sorte qu’ils devinrent amis. — Luc 23:8-12.
Lorsque Pierre et Jean eurent été libérés de prison, peu après la Pentecôte de l’an 33, les disciples prièrent Dieu en ces termes: “Hérode [Antipas] et Ponce Pilate se sont bien rassemblés dans cette ville avec les hommes des nations et les peuples d’Israël contre ton saint serviteur Jésus (...). Et maintenant, Jéhovah, prête attention à leurs menaces et donne à tes esclaves de continuer à dire ta parole en toute hardiesse.” — Actes 4:23, 27-29.
En Actes 13:1, nous lisons qu’un chrétien nommé Manaën avait fait ses études avec Hérode le chef de district. Puisque Antipas eut pour précepteur un citoyen de Rome, cette déclaration biblique peut signifier que Manaën fut, lui aussi, instruit à Rome.
EXILÉ EN GAULE
Quand Agrippa (Ier) fut fait roi de la tétrarchie de Philippe par Caïus César (Caligula), Hérodiade, femme d’Antipas, en fit le reproche à son mari: s’il n’avait pas reçu la royauté, lui disait-elle, il ne pouvait s’en prendre qu’à son indolence. D’après elle, puisqu’il était déjà tétrarque, alors qu’Agrippa, lui, ne remplissait auparavant aucune fonction, Antipas devait se rendre à Rome à son tour pour demander la dignité royale à César. Antipas finit par céder aux pressions incessantes de sa femme. Mais Caligula, irrité par son ambitieuse requête, prêta l’oreille aux accusations qu’Agrippa portait contre lui et l’exila en Gaule (à Lyon). Finalement, Antipas mourut en Espagne.
3. Hérode Agrippa Ier. Petit-fils d’Hérode le Grand. Il était fils d’Aristobule, fils d’Hérode le Grand par Mariamne (Ire), petite-fille du grand prêtre Hyrcan II. Aristobule avait été mis à mort par Hérode le Grand. Agrippa fut le dernier des Hérodes à être roi sur toute la Palestine, à l’instar de son grand-père.
Agrippa devint “Hérode le roi” par suite d’un certain nombre de manœuvres et grâce à l’aide de ses amis de Rome. Élevé à Rome avec Drusus, fils de l’empereur Tibère, et avec Claude, son neveu, Agrippa devint un familier des hautes sphères de la Société romaine. Il était extrêmement dépensier et insouciant. Criblé de dettes, débiteur même du trésor romain, il quitta Rome et s’enfuit en Idumée. Finalement, avec l’aide d’Hérodiade, sa sœur, et de sa femme, Cypros (fille du neveu d’Hérode le Grand qui avait épousé la fille d’Hérode), il put s’établir quelque temps à Tibériade. Toutefois, il se querella avec Antipas, ce qui l’amena à partir. Il revint enfin à Rome et se ménagea les faveurs de Tibère César.
Mais des propos maladroits lui attirèrent des ennuis du côté de l’empereur. En effet, dans un moment d’inattention, il fit savoir à Caïus (Caligula), avec qui il avait lié amitié, qu’il souhaitait le voir prochainement empereur. Surprises par un de ses serviteurs, les paroles d’Agrippa parvinrent aux oreilles de Tibère, qui le fit jeter en prison. Sa vie fut menacée pendant plusieurs mois, mais l’année suivante Tibère mourut et Caligula devint empereur. Celui-ci fit relâcher Agrippa et l’établit roi sur les territoires que Philippe, son oncle défunt, et Lysanias avaient gouvernés.
Lors de l’assassinat de Caligula, qui au dire des historiens eut lieu en 41, Agrippa se trouvait à Rome. Il put ainsi jouer le rôle d’agent de liaison ou de négociateur entre le Sénat et son ami, le nouvel empereur Claude. En gage de reconnaissance, Claude lui accorda le territoire de Judée et de Samarie. Désormais, Hérode Agrippa Ier régnait à peu près sur la même région que son grand-père Hérode le Grand. À cette époque, Agrippa demanda et obtint de Claude le royaume de Chalcis pour son frère Hérode. (Tout ce que l’Histoire nous apprend sur cet Hérode, c’est qu’il était roi de Chalcis, un petit territoire situé sur le versant occidental des monts de l’Anti-Liban.)
Les Juifs étaient satisfaits d’Agrippa, parce qu’il était d’origine asmonéenne du côté de Mariamne, sa grand-mère. S’il défendit la cause des Juifs soumis au joug romain, il se fit aussi une renommée peu enviable en persécutant les chrétiens, qui, en règle générale, étaient l’objet de la haine des Juifs incroyants. “Il fit supprimer par l’épée Jacques, frère de Jean.” (Actes 12:1, 2). Voyant que cela plaisait aux Juifs, il fit arrêter Pierre et l’emprisonna, mais celui-ci fut délivré par l’intervention d’un ange. Cet événement provoqua une grande agitation parmi les soldats d’Agrippa, et, pour cette raison, les gardes de Pierre furent châtiés. — Actes 12:3-19.
EXÉCUTÉ PAR L’ANGE DE DIEU
Le règne d’Agrippa connut une fin brutale. À Césarée, lors d’une fête en l’honneur de César, Agrippa revêtit de magnifiques vêtements royaux et commença à haranguer le peuple de Tyr et de Sidon, qui s’était rassemblé pour solliciter la paix. Son auditoire réagit en criant: “Une voix de dieu et non d’homme!” La Bible rapporte en ces termes l’exécution sommaire de cet hypocrite condamné: “À l’instant même, l’ange de Jéhovah le frappa, parce qu’il n’avait pas donné la gloire à Dieu; et il commença à être rongé de vers et expira.” (Actes 12:20-23). Les chronologistes pensent qu’Hérode Agrippa Ier mourut en 44 de notre ère, alors qu’il avait cinquante-quatre ans et qu’il avait régné trois ans sur toute la Judée.
4. Hérode Agrippa II. Arrière-petit-fils d’Hérode le Grand. C’était le fils d’Hérode Agrippa Ier et de sa femme Cypros. D’après les historiens, il fut le dernier des princes de la lignée des Hérodes. Agrippa avait trois sœurs nommées Bérénice, Drusille et Mariamne (III) (Actes 25:13; 24:24). Il fut élevé à Rome, dans la maison impériale. Alors qu’il avait dix-sept ans, son père mourut, mais les conseillers de l’empereur Claude l’estimèrent trop jeune pour exercer la royauté sur les territoires qui avaient appartenu à son père. En conséquence, Claude établit plutôt des gouverneurs sur ces territoires. Après être resté quelque temps à Rome, Agrippa II reçut le royaume de Chalcis, petite principauté située sur le versant occidental de la chaîne de l’Anti-Liban, après la mort de son oncle (Hérode, roi de Chalcis).
Peu après, Claude le fit roi sur toutes les tétrarchies qui avaient appartenu à Philippe et à Lysanias (Luc 3:1). Hérode se vit également confier la surveillance du temple de Jérusalem. En outre, de 48 à 66 environ, il disposa du pouvoir de nommer les grands prêtres juifs. Néron, successeur de Claude, agrandit encore son domaine en lui accordant Tibériade et Tarichée en Galilée, ainsi que Julias en Pérée et les localités qui en dépendaient.
Agrippa entretint une liaison incestueuse avec Bérénice, sa propre sœur, qui avait quitté son mari, le roi de Cilicie. Cette union impure et contraire aux Écritures lui valut de grands scandales. — Lév. 18:9, 29; Deut. 27:22.
Lorsqu’il devint évident que la rébellion des Juifs contre l’hégémonie romaine (66-70) ne pourrait aboutir qu’à une catastrophe nationale, Agrippa tenta de les persuader d’adopter une attitude plus modérée. Ses appels à la raison restant sans résultat, il abandonna les Juifs pour se joindre à l’armée romaine; d’ailleurs, il fut même blessé par une pierre de fronde au cours d’un combat.
LA DÉFENSE DE PAUL
La Bible nous présente le roi Hérode Agrippa II et Bérénice, sa sœur, au moment où ceux-ci font une visite de politesse au gouverneur Festus, peut-être en 58 (Actes 25:13). Festus était le successeur de Félix. C’est pendant l’exercice de ce dernier que les Juifs avaient porté plainte contre l’apôtre Paul, mais Félix, qui désirait obtenir leur faveur, avait laissé Paul dans les liens quand il avait achevé son mandat (Actes 24:27). Soit dit en passant, Félix était le beau-frère d’Agrippa, car il avait épousé sa sœur Drusille (Actes 24:24). Alors que Paul était dans l’attente d’autres procès, puisqu’il en avait appelé à César (Actes 25:8-12), Agrippa fit savoir au gouverneur Festus qu’il serait désireux d’entendre ce que l’apôtre avait à dire (Actes 25:22). Paul, pour sa part, était content de présenter sa défense devant Agrippa qui, selon les paroles mêmes de l’apôtre, ‘connaissait parfaitement les coutumes et controverses des Juifs’. (Actes 26:1-3.) Le raisonnement puissant de Paul poussa Agrippa à s’exclamer: “Tu me persuaderais bientôt de devenir chrétien.” Ce à quoi Paul répondit: “Que ce soit tôt ou tard, je souhaiterais devant Dieu que non seulement toi, mais encore tous ceux qui m’entendent aujourd’hui, vous deveniez tels que je suis moi-même, à l’exception des liens que voici.” (Actes 26:4-29). Agrippa et Festus aboutirent tous deux à cette conclusion: Paul était innocent, mais comme il en avait appelé à César, il fallait l’envoyer à Rome pour qu’il y soit jugé. — Actes 26:30-32; 25:11, 12.
Après la destruction de Jérusalem en 70, Hérode Agrippa se rendit à Rome avec Bérénice, sa sœur, et il fut nommé préteur. Agrippa mourut sans enfants vers l’an 100.
5. Hérode Philippe. Fils d’Hérode le Grand et de Mariamne (II), fille du grand prêtre Simon. Philippe fut le premier mari d’Hérodiade, qui divorça d’avec lui pour se marier avec son demi-frère Hérode Antipas. La Bible le mentionne incidemment, en Matthieu 14:3, Marc 6:17, 18, et Luc 3:19.
Le nom “Hérode Philippe” servait à le distinguer de Philippe le tétrarque, car, d’après Josèphe, ce dernier était aussi fils d’Hérode le Grand, mais par une autre femme, Cléopâtre de Jérusalem.
Philippe semblait promis à la succession de son père, puisqu’il était l’aîné après ses trois demi-frères Antipater, Alexandre et Aristobule, qu’Hérode avait fait exécuter. Dans son premier testament, Hérode le plaça immédiatement après Antipas pour la succession. Il l’omit toutefois dans son dernier testament, et le royaume échut à Archélaüs. D’après Josèphe, si Hérode ôta le nom de Philippe de son testament, c’est parce que Mariamne (II), mère de Philippe, avait été informée du complot qu’Antipater avait tramé contre Hérode, mais qu’elle ne l’avait pas dévoilé.
Hérodiade donna à Philippe une fille du nom de Salomé. Selon toute vraisemblance, c’est elle qui dansa devant Hérode Antipas et qui, endoctrinée par sa mère, demanda la tête de Jean le Baptiseur. — Mat. 14:1-13; Marc 6:17-29.
6. Philippe le tétrarque. Fils d’Hérode le Grand et de Cléopâtre de Jérusalem. Éduqué à Rome, il épousa Salomé, fille d’Hérode Philippe et d’Hérodiade. Lorsque son père mourut, César Auguste divisa son royaume et donna à Philippe la tétrarchie qui comprenait la Batanée, la Trachonitide, l’Auranitide et un certain territoire proche de Djamnia, ainsi qu’un revenu annuel de 100 talents. (Peut-être l’Iturée lui fut-elle donnée plus tard, ce qui expliquerait que Josèphe l’omette.) Il assuma sa fonction pendant plus de trente ans.
Le nom de Philippe apparaît une seule fois dans la Bible, pour situer la date à laquelle Jean le Baptiseur entreprit son ministère (Luc 3:1). Ce texte, associé aux renseignements que l’Histoire nous fournit sur les règnes d’Auguste et de Tibère, démontre que Jean commença son ministère en l’an 29 de notre ère.
[Carte, page 662]
(Voir la publication)
GÉNÉALOGIE PARTIELLE DES HÉRODES
(Les noms des hommes sont écrits en capitales)
ANTIPATER
ANTIPATER (ANTIPAS) et Cypros (sa femme)
PHASAËL
HÉRODE LE GRAND (Mat. 2:1-22; Luc 1:5)
JOSEPH
PHÉRORAS
Salomé
FEMMES D’HÉRODE LE GRAND
Doris
ANTIPATER
Mariamne (Ire)
ALEXANDRE
ARISTOBULE
HÉRODE Roi de Chalcis
AGRIPPA Ier Roi de Judée (Actes 12:1-6, 18-23)
AGRIPPA II Roi de Chalcis; il reçoit plus tard le
territoire qui appartenait à Philippe le tétrarque ainsi
que d’autres régions (Actes 25:13, 22-27; 26:1, 2, 19-32).
Mariamne (III)
Drusille Femme de Félix (Actes 24:24)
Bérénice (Actes 25:13, 23; 26:30)
Hérodiade Mère de Salomé (Mat. 14:3, 4, 6-8)
Salempsio
Cypros
Mariamne (II)
HÉRODE PHILIPPE Premier mari d’Hérodiade (Mat. 14:3)
Salomé
Cléopâtre de Jérusalem
PHILIPPE Tétrarque d’Iturée et de Trachonitide (Luc 3:1)
Malthace
ARCHÉLAÜS Roi de Judée puis ethnarque (Mat. 2:22)
ANTIPAS Tétrarque de Galilée, communément appelé “roi”.
Second mari d’Hérodiade (Mat. 14:1-12; Marc 6:14-29;
(Hérode le Grand eut cinq autres femmes, et quinze enfants en tout.)