JUGES (LIVRE DES)
Ce livre biblique couvre dans son ensemble une période de 330 ans environ, depuis la conquête de Canaan par Israël jusqu’à l’établissement de la monarchie (voir CHRONOLOGIE, pp. 284, 285). Les Israélites avaient été préalablement avertis que s’ils n’expulsaient pas les habitants du pays, comme Dieu le leur avait ordonné, ils finiraient par adopter les pratiques religieuses dégradantes des Cananéens et ils perdraient alors la faveur de Jéhovah qui les abandonnerait à leurs ennemis (Ex. 23:32, 33; 34:11-17; Nomb. 33:55; Deut. 7:2-5). Le récit historique rapporté dans le livre des Juges montre que cet avertissement est devenu une réalité. Toutefois, plutôt que de s’étendre longuement sur l’infidélité d’Israël et sur l’oppression étrangère qui en résulta, le livre relate surtout les exploits des juges et révèle de quelle façon merveilleuse Jéhovah délivra la nation au moyen de ces hommes. Ainsi sont mis en lumière le pouvoir salvateur de Jéhovah, sa longanimité, sa miséricorde, sa faveur imméritée et sa justice. Les juges eux-mêmes sont de remarquables exemples de foi. — Héb. 11:32-34, 39, 40.
PLAN DE L’OUVRAGE
Le livre des Juges est relié au livre précédent par ses paroles d’introduction. Elles déclarent, en effet: “Et il advint, après la mort de Josué (...).” Cependant, plusieurs événements mentionnés dans ses pages se produisirent de toute évidence avant la mort de Josué. On lit, par exemple, en Juges 2:6: “Quand Josué congédia le peuple, alors les fils d’Israël s’en allèrent chacun à son héritage pour prendre possession du pays.” Le début du livre (1:1 à 3:6) constitue donc une introduction dans laquelle le rédacteur présente certains faits qui se passèrent avant et après la mort de Josué, afin de fournir un contexte historique au récit qui va suivre. Du chapitre 3 verset 7 à la fin du chapitre 16 3:7–16:31, le texte suit essentiellement l’ordre chronologique; il rapporte les actions de douze juges (sans compter Déborah), depuis Othniel jusqu’à Samson. On peut considérer la dernière partie comme un appendice dans lequel sont relatés des événements très antérieurs aux jours de Samson. Il est raisonnable de penser que la prise de Laïsch par les Danites eut lieu avant la mort de Josué (voir Josué 19:47; Juges 18:27-29). Le crime sexuel des hommes de Guibéah et les événements qui s’ensuivirent, lesquels aboutirent à l’extermination presque totale de la tribu de Benjamin, se déroulèrent probablement quelques années seulement après la mort de Josué (Juges 19:1 à 21:25; Josué 24:31). De ce fait, il s’écoula suffisamment de temps entre ces événements, à l’issue desquels les Benjaminites furent réduits à 600 hommes environ (Juges 20:47), et le règne de David pour qu’ils puissent compter alors près de 60 000 guerriers. — I Chron. 7:6-12.
RÉDACTEUR ET DATE DE RÉDACTION
Des preuves intrinsèques permettent de déterminer la date de rédaction du livre des Juges. Il fut compilé à une époque où Israël était gouverné par un roi, sinon l’écrivain n’aurait pas dit en parlant du passé: “en ces jours-là, il n’y avait pas de roi en Israël.” (Juges 17:6; 18:1; 19:1; 21:25). d’autre part, en ce temps-là, les Jébusites occupaient encore Jérusalem (Juges 1:21). Puisque David prit la “forteresse de Sion” (une partie de Jérusalem) aux Jébusites en 1070 avant notre ère et qu’il y transféra alors sa capitale (II Sam. 5:6-9), le livre des Juges a par conséquent été rédigé avant cette date, probablement pendant le règne de Saül. À cette époque, Samuel était le principal défenseur du vrai culte. Il est donc logique de penser que c’est lui qui, en tant que prophète de Jéhovah, écrivit ce livre.
AUTHENTICITÉ
Il est incontestable que le livre des Juges fait partie du canon de la Bible. Il est franc, honnête et ne cherche pas à cacher les graves péchés d’Israël. du début à la fin, il rend gloire et honneur non aux juges humains, mais à Jéhovah Dieu en tant que véritable Libérateur d’Israël. Il montre que c’est l’esprit de Dieu qui donna aux juges leur puissance (Juges 3:9, 10; 6:34; 11:29; 13:24, 25; 14:6, 19; 15:14, 18; 16:20, 28-30) et ceux-ci, en retour, reconnurent que Jéhovah était Juge (11:27) et Roi (8:23). D’autres livres bibliques divinement inspirés font mention d’événements rapportés dans ce livre. — I Sam. 12:9-11; II Sam. 11:21; Ps. 83:9-12; És. 9:4; 10:26; Héb. 11:32-34.
CONTENU
I. Contexte historique et situation au temps des juges (1:1 à 3:6).
A. Les Israélites prennent possession de leur héritage, grâce aux efforts des tribus et à des actions individuelles, mais ils n’obéissent pas au décret de Dieu leur ordonnant d’expulser les Cananéens et de détruire tout ce qui touche à l’idolâtrie (1:1 à 2:5).
B. Après la mort de Josué et de l’ancienne génération, les Israélites sont pris au piège du faux culte des Cananéens demeurés dans le pays; Jéhovah abandonne son peuple à ses ennemis, mais il suscite des juges pour les délivrer quand ils se repentent (2:6 à 3:6).
II. Récit de plusieurs cas d’oppression par les ennemis d’Israël, suivis des exploits accomplis par les juges (3:7 à 16:31).
A. Les Israélites sont asservis au roi Cuschan-Rischathaïm pendant huit ans, puis libérés par Othniel, fils de Kénaz (3:7-11).
B. Ils sont soumis au roi moabite Églon durant dix-huit ans; après avoir tué Églon, le Benjaminite Éhud rassemble les Israélites pour combattre Moab et remporte la victoire (3:12-30).
C. Schamgar abat 600 Philistins avec un aiguillon à bovins et délivre Israël (3:31).
D. Jabin, roi de Hazor, opprime le peuple pendant vingt ans; la prophétesse Déborah juge Israël; Barak est chargé de mener le combat contre l’oppresseur (4:1 à 5:31).
1. Barak rassemble les forces israélites au mont Tabor, attirant ainsi les chars de l’ennemi dans le ouadi de Kischon (4:11-13).
2. Jéhovah donne la victoire à Barak; celui-ci et Déborah entonnent un chant inspiré par cet événement (4:14 à 5:31).
E. Les Israélites sont harcelés par les Madianites, les Amalécites et les Orientaux pendant sept ans; Dieu suscite Gédéon pour les libérer (6:1-24).
1. Gédéon accomplit la mission dont on l’a chargé: de nuit, avec l’aide de dix hommes, il démolit l’autel de Baal, coupe le poteau sacré, bâtit un autel à Jéhovah et sacrifie un taureau; quand les forces ennemies campent dans la basse plaine de Jizréel, Gédéon rassemble une armée et s’assure, au moyen de deux épreuves, qu’il a le soutien de Jéhovah (6:25-40).
2. L’armée israélite de 32 000 hommes campe à la source de Harod; les craintifs, au nombre de 22 000, sont renvoyés, puis une épreuve imposée à ceux qui restent réduit finalement l’effectif à 300 hommes (7:1-8).
3. Gédéon va reconnaître le camp de l’adversaire, ensuite, ses hommes et lui sonnent du cor, brisent leurs jarres, brandissent leurs torches et poussent un cri de guerre; Jéhovah jette l’ennemi dans la confusion, de sorte que les Amalécites, les Madianites et les Orientaux se tournent l’un contre l’autre (7:9-22).
4. D’autres tribus d’Israël sont convoquées pour participer au combat; les Éphraïmites capturent les princes madianites Oreb et Zéeb, mais ils cherchent ensuite querelle à Gédéon parce qu’ils n’ont pas été appelés plus tôt; grâce à son tact, Gédéon évite un conflit (7:23 à 8:3).
5. Gédéon poursuit l’ennemi; sur le chemin du retour, après sa victoire, il punit les hommes de Succoth et tue ceux de Penuel qui avaient refusé de l’aider; il exécute également deux rois de Madian, Zébah et Zalmunna (8:4-21).
6. Il refuse la royauté, mais fait un éphod avec les dépouilles, éphod qui devient plus tard un objet de culte idolâtrique (8:22-28).
F. Gédéon engendre de nombreux enfants; mais, après sa mort, presque tous ses fils sont tués et Abimélech est proclamé roi (8:30 à 9:5).
1. Abimélech, le fils que Gédéon a eu par sa concubine de Sichem, tue tous ses demi-frères à l’exception du plus jeune, Jotham, et il devient roi de Sichem (8:31; 9:1-21).
2. Des frictions se produisent entre les Sichémites et Abimélech, et celui-ci détruit Sichem. Par la suite, il a le crâne fracassé lors du siège de Thébez; aussi ordonne-t-il à son serviteur de l’achever (9:22-57).
G. Tola et Jaïr Israël respectivement pendant vingt-trois ans et vingt-deux ans (10:1-5).
H. Une fois de plus, Israël se tourne vers le faux culte et subit l’oppression des Philistins et des Ammonites; le juge Jephté les libère (10:6 à 12:7).
1. Jephté dirige le combat contre les Ammonites et remporte la victoire; il accomplit donc son voeu relativement à sa fille (11:1-40).
2. Les Éphraïmites s’estiment offensés et accusent faussement Jephté de ne pas avoir sollicité leur aide; dans le combat qui s’ensuit, les Éphraïmites sont battus (12:1-6).
3. Jephté juge Israël pendant six ans (12:7).
I. Ibzan, Élon et Abdon servent en qualité de juges durant vingt-cinq ans au total (12:8-15).
J. Israël subit la domination philistine durant quarante ans; Samson les délivre (13:1 à 16:31).
1. Jéhovah désigne Samson, le fils qui naîtra de la femme du Danite Manoah, comme sauveur (13:2-25).
2. Rendu puissant par l’esprit de Jéhovah, Samson accomplit de grands exploits au cours des vingt ans où il juge Israël; trahi par Dalila, la femme qu’il aimait, il est emprisonné par les Philistins; mais il finira par tuer un plus grand nombre de Philistins par sa propre mort qu’il n’en a fait mourir pendant toute sa vie (14:1 à 16:31).
III. Autres renseignements historiques décrivant les conditions qui existaient au temps des juges (17:1 à 21:25).
A. L’Éphraïmite Michée pratique l’idolâtrie et utilise les services d’un jeune Lévite, “Jonathan, fils de Guerschom”. (17:1-13; 18:30.)
B. Des Danites volent les idoles de Michée et emmènent également le Lévite avec eux à Laïsch; ils s’emparent de la ville et le Lévite se met à leur servir de prêtre (18:1-31).
C. Le crime sexuel des hommes de Guibéah, ville benjaminite, provoque une guerre civile lorsque les Benjaminites refusent de livrer les coupables; la tribu de Benjamin est presque entièrement anéantie (19:1 à 21:25).
Voir le livre “Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile”, pp. 45-49.