Nouvelle défaite dans la campagne de persécution dans Québec
LE jugement de la cour suprême du Canada déclarant les témoins de Jéhovah non coupables de sédition dans la province de Québec a fait époque. (Réveillez-vous ! du 8 juillet 1951.) La sévère condamnation des violences de la foule dans Québec et la procédure portèrent un coup terrible aux prétentions arrogantes de la Hiérarchie romaine dans ce pays. Le voile couvrant les conditions médiévales existant là où elle exerce son contrôle avait été déchiré. Cette protection moderne de la liberté ne s’accordait pas bien avec la philosophie préconisant l’oppression et le mépris de la pensée qui sont une partie du système catholique romain.
Dans un geste de défi, les porte-parole et les personnalités officielles déclarèrent qu’ils ne tiendraient aucun compte du jugement de la cour suprême mais qu’assurés dans leur majorité dans Québec ils se sentiraient en droit de continuer à persécuter les témoins de Jéhovah, peu importe la loi. Le journal L’Action Catholique, faisant habituellement entendre la voix de l’église, insista pour qu’on ne tienne aucun compte du jugement, en disant : “ Puisque la majorité en faveur de l’acquittement n’était que d’un (les juges de la cour suprême étaient divisés en cinq contre quatre), il nous semble que les autorités provinciales et municipales ne doivent pas se sentir obligées de libérer les cent autres témoins détenus sous la même inculpation... Le Québec catholique français n’a pas la même conception de la liberté qu’ont les autres éléments ethniques. (Cela est bien vrai !)... Chez les protestants, c’est la liberté de choisir qui fait loi ; chez les catholiques, c’est différent. Les protestants ne s’offensent pas des insultes à leur religion, mais les catholiques, Dieu merci ! sont plus sensibles sur ce point. ”
Conformément à la recommandation de L’Action Catholique, M. Antoine Rivard, conseiller juridique de la Province de Québec, publia une déclaration disant que malgré le jugement rendu par la cour suprême, déclarant les témoins de Jéhovah non séditieux, il n’en continuerait pas moins à les poursuivre comme tels. La Gazette de Montréal du 6 janvier 1951 rapporte ce qui suit : “ La procédure de la cour contre une centaine de témoins de Jéhovah, accusés de diffamation et de sédition dans la province, sera menée jusqu’au bout, malgré un récent jugement de la cour suprême du Canada acquittant un condamné, voilà ce qu’a déclaré hier soir Antoine Rivard, K. C., conseiller juridique... Le jugement, a-t-il poursuivi, doit reprendre les cas. D’après la déclaration de M. Rivard on s’attend que l’on statue aussitôt que possible sur les cas pendants. ”
Le Département du “ Procureur général ” avait considéré l’affaire Boucher en cour suprême comme un cas dont la solution fait jurisprudence — jusqu’à ce qu’il se fût retourné contre lui. Mais maintenant il désire faire la même chose avec les autres cas.
L’église catholique est toujours empressée d’accuser les témoins de Jéhovah de manque de respect envers les autorités. Évidemment, le seul tort, c’est d’être en désaccord avec les autorités catholiques romaines, car le conseiller juridique et L’Action Catholique n’ont certes pas hésité à montrer ouvertement leur mépris pour le jugement de la cour suprême du Canada. Le jugement de la plus haute cour est irrévocable, sans égard au nombre de juges qui l’ont décidé, comme L’Action Catholique devait s’en apercevoir plus tard.
Quelques autres arguments de cet organe de l’église catholique sont intéressants. Il déclare que la liberté de choisir fait loi seulement chez les protestants. Il se plaint aussi des insultes à la religion catholique. La cour suprême a dit simplement qu’on ne pouvait empêcher les témoins de Jéhovah de condamner les violences de la foule et l’intervention des prêtres dans l’administration de la justice. Bien sûr, L’Action ne croit pas que sa religion est insultée par une dénonciation des violences de la foule. Ou prétexte-t-elle que les émeutes sont une partie sacrée de sa foi ? Tout au moins, c’est là un argument intéressant !
LE COUP FINAL
Toutes les déclarations grandioses des plaignants, mais dénuées de sens, tombèrent une fois de plus lamentablement lors de la décision de la cour d’appel de Québec acquittant un autre témoin de Jéhovah, Renée Ouellette, accusée également de sédition. La cour provinciale accepta et suivit le jugement de la cour suprême dans l’affaire Boucher (Réveillez-vous ! du 8 juillet 1951). Le procès avait été intenté le 20 janvier 1948 et le renvoi en cour d’appel fait en février 1949, mais la cour d’appel provinciale avait attendu le jugement de la cour suprême avant de prononcer son arrêt.
Bien des pensées allaient vers cet appel en souffrance. La cour provinciale accepterait-elle le jugement de la cour suprême ou les arguments de L’Action Catholique ? Son jugement permettrait-il à M. Rivard de mettre ses menaces à exécution en continuant les poursuites ?
Les espoirs des persécuteurs et plaignants de Québec s’éteignirent le 30 mars 1951, lorsque la cour d’appel de leur ville déclara non coupable de sédition un témoin de Jéhovah. Cette décision fut prononcée à contrecœur, en protestant et de mauvaise grâce. En effet, la cour ne put s’empêcher de dire qu’elle n’était pas d’accord avec la décision de la cour suprême libérant les témoins de Jéhovah, mais qu’elle se voyait de toute façon dans l’obligation de la suivre. Le bras fort du Tout-Puissant a établi, par cette décision, une barrière pour protéger Son peuple. L’opposition peut frapper contre cette barrière mais elle ne peut la contourner. Les autorités catholiques ne peuvent plus persécuter les témoins de Jéhovah avec l’accusation démodée de sédition.
Les déclarations fanfaronnes de L’Action Catholique et du conseiller juridique Rivard sont maintenant tombées lamentablement. Duplessis, premier ministre et dictateur de Québec, ennemi de la liberté, a dit qu’il extirperait les témoins de Jéhovah de la province. C’est lui qui porta plus de cent accusations de sédition contre les témoins de Jéhovah pour le crime terrible de vouloir faire connaître la Bible au peuple catholique. La honteuse campagne de persécutions a essuyé une nouvelle défaite. De la multitude des accusations, PAS UNE SEULE N’A ÉTÉ RETENUE.