Questions de lecteurs
● Le côté de Jésus a-t-il été percé par une lance avant ou après sa mort sur le poteau de torture ? Les récits de Matthieu et Jean semblent être contradictoires.
Apparemment Jésus eut le côté percé après sa mort. Dans Matthieu 27:49, 50, on peut lire ceci : “Mais les autres dirent : ‘Laisse-le ! Voyons si Élie vient le sauver.’ Un autre homme prit une lance et lui perça le côté, et il en sortit du sang et de l’eau.” Dans une note en bas de page, la Traduction du monde nouveau, édition anglaise de 1950, indique que la phrase disant qu’un homme a percé le côté de Jésus, après quoi de l’eau et du sang sont sortis, figure dans certains manuscrits importants, mais ne figure pas dans d’autres. Beaucoup croient qu’il s’agit ici d’une interpolation provenant de l’Évangile de Jean, mais qui fut mal placée par son auteur. Certaines traductions omettent totalement cette phrase, d’autres la mettent entre crochets ou entre parenthèses, et plusieurs l’incluent dans le texte, avec une note explicative au bas de la page, comme l’a fait la Traduction du monde nouveau.
Cependant, aucune équivoque n’existe à ce sujet dans le récit de Jean. On y lit : “Les soldats vinrent donc et brisèrent les jambes au premier homme et celles de l’autre homme qui avait été mis au bois avec lui. Mais en arrivant à Jésus, comme ils virent qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes. Cependant un des soldats lui piqua le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l’eau.” (Jean 19:32-34). Les jambes des autres suppliciés furent brisées pour hâter leur mort, et si Jésus n’avait pas déjà expiré, ses jambes aussi auraient été brisées. Sa mort prématurée accomplit la prophétie suivant laquelle aucun de ses os ne serait brisé (Ps. 34:21 34:20, NW ; Jean 19:36). Que sa mort se produisît plus rapidement que d’ordinaire dans pareil cas, c’est ce qui est montré par le fait que Pilate fut surpris en apprenant que Jésus était déjà mort (Marc 15:44, 45). Il est possible que le soldat perçât le côté de Jésus pour enlever tout doute quant à sa mort et éliminer la possibilité de toute réanimation ultérieure qui aurait pu être faussement proclamée comme une résurrection, au cas où Jésus n’aurait été qu’évanoui.
Mais qu’est-ce qui provoqua sa mort si rapide ? Beaucoup pensent qu’il est mort le cœur brisé, ce qui expliquerait non seulement sa mort rapide, mais aussi le fait qu’il soit sorti “du sang et de l’eau” de la plaie provoquée par la lance. Par une rupture, au sens propre du terme, du cœur ou d’un important vaisseau sanguin à l’endroit où il se rattache au cœur, le sang se serait déversé dans le péricarde, membrane enveloppant le cœur et contenant le liquide péricardique ayant l’apparence de l’eau. Écrivant à propos de la cause physique de la mort de Jésus, un médecin déclara qu’une telle rupture avait dû avoir lieu et que le sang s’était déversé dans le péricarde, où il se décomposa en un sérum aqueux et en une matière molle de couleur rouge. Il fit remarquer qu’une telle séparation des constituants du sang a rarement lieu dans un corps mort, sauf dans des cas d’extravasation, c’est-à-dire lorsque le sang est refoulé hors de ses propres vaisseaux. Si donc un soldat, se trouvant devant et en dessous du corps de Jésus pendu sur un poteau, a enfoncé une lance dans le côté de Jésus, en la dirigeant vers le haut, celle-ci a très bien pu passer entre les côtes et percer le péricarde tout plein de sérum et de matière molle, provoquant ainsi le jaillissement d’un liquide paraissant être “du sang et de l’eau”. Il est également possible que la rupture du cœur ou de l’artère aorte ait précipité le sang dans la cage thoracique et que, dans cet endroit non approprié, le sang se soit rapidement décomposé en sérum et en matière molle de couleur rouge. Ce sérum semblable à de l’eau et cette matière molle auraient jailli hors de la plaie provoquée par la pointe de la lance.
Il existe des raisons bibliques de croire que Jésus est mort le cœur brisé. À ce moment-là, son angoisse était intense, comme l’indiquent ses paroles : “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?” (Mat. 27:46). Cette parole par laquelle il exprimait son sentiment d’être abandonné avait été annoncée dans le Psaume 22:2 22:21, NW ; d’autres versets prophétiques de ce Psaume concernaient Jésus au moment de sa mort. Le verset 15 22:14, NW sous-entend un cœur brisé quand il dit : “Je suis comme de l’eau qui s’écoule, et tous mes os se séparent ; mon cœur est comme de la cire, il se fond dans mes entrailles.” Habituellement le sang ne s’écoule pas hors d’un cadavre, mais percer un péricarde dans un état semblable à celui décrit plus haut reviendrait à percer une outre d’eau. Si, comme l’indique Matthieu, Jésus avait été percé avant sa mort, son sang aurait jailli hors de son corps, mais il aurait été entier et non pas décomposé en constituants paraissant être “du sang et de l’eau”.
Ainsi, de toute évidence, c’est le récit de Jean qui est exact. Jean a certainement été un témoin oculaire très proche, si proche que Jésus lui a parlé. — Jean 19:25-27.