Que signifient pour vous les festivités de la veille de la Toussaint ?
LA VEILLE de la Toussaint, les jeunes ont coutume, dans certains pays, de se masquer et de se déguiser pour interpeller les adultes, à qui ils disent sur un ton menaçant : “ La bourse ou la vie ! ” Trouvez-vous que c’est là, pour les enfants, une manière amusante et innocente de se distraire ? Êtes-vous de ceux qui croient qu’il faut profiter de la veille de la Toussaint pour se déguiser, pour chercher à attraper avec les dents des pommes suspendues à un fil ou flottant dans un baquet, ou encore qu’il faut évider et tailler un potiron pour en faire une tête effrayante ? Accumulez-vous alors, pour la circonstance, toute une quantité d’histoires sur le retour des esprits des morts, sur les sorcières, les fantômes et les lutins ? Cette époque de l’année revêt-elle pour vous une importance particulière parce que vous vous rendez alors sur les tombes de vos chers disparus et que vous assistez à des services religieux célébrés particulièrement pour cette fête ? Quant à la célébration de la veille de la Toussaint, les avis sont partagés. Quel sens prêtez-vous à cette fête ?
Par l’expression “ veille de la Toussaint ” on entend, en réalité, le soir qui précède la fête de tous les saints. En effet, au VIIIe siècle, le pape Grégoire III fixa au 1er novembre la célébration d’une fête de tous les saints, qui fut appelée la Toussaint. [À ce propos, La Grande Encyclopédie déclare : “ En 734, Grégoire III affecta spécialement à tous les saints une chapelle dans l’église Saint-Pierre. En 837, sous Louis le Débonnaire, ce culte fut introduit en France, lors d’une visite de Grégoire IV, qui le modifia un peu, et fixa la fête au 1er novembre. (...) Vers la fin du Xe siècle, Odilon, abbé de Cluny, ajouta à la Toussaint des prières pour les morts. Cet usage s’est conservé et développé. ”] D’après L’Encyclopédie catholique (angl.), il s’agit d’une des fêtes les plus solennelles. Étant donné que l’on affirme que tous les saints sont morts en état de sainteté, on est d’avis, dans certains pays, qu’il faut aussi célébrer la veille de la Toussaint.
Ainsi, aux États-Unis, le 31 octobre au soir, on s’amuse, on fait du tapage et on en profite pour jouer de mauvais tours aux gens. Les jeunes comme les vieux se conduisent alors en insensés et commettent les pires actes de vandalisme, ce qui fait dire que c’est la nuit la plus terrible de toute l’année. En Amérique latine en revanche, on fête le 2 novembre, mais d’une façon très différente. Depuis le XIe siècle, l’Église catholique romaine appelle ce jour-là le “ Jour des Morts ”. [L’Encyclopédie des sciences religieuses dit à ce sujet : “ La Fête ou le Jour des Morts est un jour de prières solennelles que l’Église catholique célèbre le 2 novembre pour les âmes retenues dans le purgatoire. ”] En définitive, cette fête est fondée sur la croyance que les fidèles vivant sur la terre peuvent, grâce aux prières et aux offrandes, intercéder en faveur des âmes des trépassés et les aider à sortir du purgatoire pour aller au ciel. À l’occasion de cette fête, appelée le Jour des Morts et célébrée le lendemain de la Toussaint, les gens se rendent donc sur les tombes de leurs chers disparus pour dire des prières et pour donner des aumônes en faveur des morts.
LA VEILLE DE LA TOUSSAINT ET LA BIBLE
La fête célébrée la veille de la Toussaint est-elle pour vous l’occasion d’honorer les saints décédés et de commémorer les disparus, en priant pour leur âme ? Or, même si celle-ci fait partie d’autres fêtes que la chrétienté célèbre en l’honneur et en faveur des trépassés, il ne se trouve rien d’analogue dans les Écritures. Lorsque Corneille tomba aux pieds de l’apôtre Pierre pour se prosterner devant lui, Pierre ne l’approuva nullement puisqu’il dit : “ Lève-toi, car, moi aussi, je ne suis qu’un homme. ” Et même lorsque l’apôtre Jean se prosterna aux pieds d’un ange pour l’adorer, celui-ci le reprit : “ Non, attention, (...). C’est Dieu que tu dois adorer. ” Tel fut l’ordre de l’ange (Actes 10:26, version du Père Buzy ; Apoc. 19:10, Jé). L’apôtre Paul avertit, lui aussi, qu’il ne fallait pas se laisser enlever le prix de la vie “ par ceux qui (...) rendent un culte aux anges ”. — Col. 2:18, Stapfer.
Voici ce qu’enseigne la Bible : “ L’âme qui pèche, c’est elle qui mourra. ” (Ézéch. 18:4, Li). Or, puisque les âmes des morts ne sont pas vivantes, il est impossible à ceux qui sont sur la terre de les aider par des prières. Ainsi, la célébration du Jour des Morts n’a pas de fondement scriptural, mais elle révèle un manque de foi en la Parole de Dieu.
La Bible nous apprend en outre : “ Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre ; et quand il sera vieux, il ne s’en détournera pas. ” (Prov. 22:6). On ne peut assurément pas harmoniser ce verset avec la coutume qui veut que les gamins aillent de maison en maison, la veille de la Toussaint, pour dire sur un ton menaçant : “ La bourse ou la vie ! ” Certains trouveront cela néanmoins amusant. Mais ces mêmes personnes seraient-elles disposées à obtempérer à pareille menace venant d’un jeune dévoyé ? Cette pratique instruit-elle l’enfant dans la bonne voie ? Ne lui fait-elle pas plutôt emprunter une conduite non-chrétienne qui peut conduire au vandalisme et au crime ?
ENRACINÉE DANS LE PAGANISME
Quoique cette fête ne tire pas ses racines de la Bible, on peut en faire remonter l’origine au paganisme. Bien avant l’ère chrétienne, les Égyptiens, les Grecs et les Romains célébraient tous une fête pour les morts, car ils croyaient que, ce jour-là, les esprits des morts revenaient sur la terre. Ils leur préparaient donc des aliments et faisaient brûler des lampes afin que les esprits ne perdent pas leur chemin.
Chez les Celtes et les Gaulois, les druides adoraient Samhain, le seigneur des morts, ainsi qu’un dieu-soleil pour qui le cheval était sacré. Le 1er novembre, ils célébraient la fête de la Nouvelle Année et, à la fois, la fête en l’honneur des dieux. On croyait que les âmes de ceux qui étaient morts au cours de l’année précédente étaient emprisonnées dans le corps d’animaux inférieurs, mais que Samhain les rassemblait à l’époque de cette fête, pour les libérer et pour les laisser aller dans le ciel des druides. Aussi les Celtes païens avaient-ils coutume d’entretenir des feux de joie, la veille de la fête de Samhain, car ils croyaient que cela les protégerait des mauvais esprits.
Il est en effet facile, de nos jours, de faire remonter directement au paganisme les nombreux aspects qui caractérisent aussi bien la fête célébrée la veille de la Toussaint que celle célébrée le Jour des Morts. Quant aux anciens, ils rattachaient cette époque de l’année au surnaturel et au retour massif des esprits morts. Et cela entrait tout à fait dans les vues de l’Église catholique qui adopta cette date pour sa fête de la Toussaint et pour son Jour des Morts. Dès lors, tout en gardant leurs coutumes et leurs croyances païennes, les gens pouvaient célébrer ce que l’on s’est empressé d’appeler des fêtes chrétiennes très solennelles. Mais le vernis que la chrétienté a passé sur ces fêtes païennes est si mince qu’il ne subsiste aucun doute quant à l’origine païenne de la fête célébrée la veille de la Toussaint.
QUE SIGNIFIE CETTE FÊTE POUR LE CHRÉTIEN ?
Il est intéressant de signaler que la Réforme protestante a été déclenchée la veille de la Toussaint. Comment cela ? Sachant que les gens avaient coutume de se rendre en foule à l’église paroissiale de Wittenberg, en Allemagne, Martin Luther en profita, ce soir-là, pour afficher ses quatre-vingt-quinze thèses sur la porte de l’église. Après les avoir lues, le peuple donna brusquement libre cours à sa colère latente contre l’Église catholique. Les réformateurs se sont affranchis de nombreuses pratiques païennes. Entre autres, ils ont renoncé à célébrer la veille de la Toussaint.
Et les chrétiens d’aujourd’hui, comment devraient-ils considérer cette fête ? Bien entendu, leur conduite sera conforme aux principes bibliques : ils ne se laisseront pas entraîner par un raisonnement humain de ce genre : “ Quel mal y a-t-il à laisser les enfants se déguiser, puisqu’ils le font tous ? C’est dur pour un enfant de ne pas faire comme tout le monde. ” Certes, les Écritures n’interdisent pas aux enfants de se déguiser ni de s’amuser à saisir avec les dents des pommes suspendues à un fil ou flottant dans un baquet. Toutefois, s’amuser à ce jeu précisément la veille de la Toussaint équivaudrait à célébrer cette fête religieuse païenne. Et ce serait là un compromis quant aux principes chrétiens. On peut être sûr que le Christ Jésus, qui s’en tint toujours strictement aux prescriptions bibliques, observait scrupuleusement les commandements divins : “ Vous ne suivrez point les usages des nations. ” “ N’imitez pas les coutumes des nations. ” (Lév. 20:23, Sg ; Jér. 10:2, Li). Ainsi, Jésus ne se laissa jamais influencer par des raisonnements humains comportant des compromis d’après les Écritures. De nos jours, le chrétien ne fera donc pas de compromis non plus, même si cela signifie pour lui qu’il doit être différent et séparé du monde.
Quant aux premiers chrétiens, ils marchaient strictement sur les traces de Jésus, et ils observaient scrupuleusement ce commandement : “ Ne vous mettez pas sous un joug étranger, en vous unissant aux infidèles. (...) C’est pourquoi, sortez du milieu d’eux, dit le Seigneur, séparez-vous d’eux et ne touchez point à ce qui est impur. ” Dans son ouvrage Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain (tome III, p. 35-36, 38), Édouard Gibbon dit que les premiers chrétiens ne participaient pas à “ ces jeux que le prince et le peuple célébraient dans les fêtes instituées en leur honneur (...), le chrétien, tremblant de se rendre coupable du crime attaché à des cérémonies impies, se trouvait forcé d’abandonner les personnes qu’il chérissait le plus. (...) Les tentations dangereuses, qui se tenaient de tous côtés en embuscade pour surprendre le fidèle, l’attaquaient les jours de fêtes publiques avec une violence redoublée ”.
De nos jours, la situation est la même. Le jour des fêtes païennes, entre autres la veille de la Toussaint, les vrais chrétiens se tiendront particulièrement sur leurs gardes en vue de “ se préserver des souillures du monde ”. Quant aux parents chrétiens, ils feront preuve d’un réel amour envers leurs enfants en leur expliquant pourquoi les loyaux serviteurs de Jéhovah ne participent pas à la célébration de cette fête. Si, à l’instar des premiers chrétiens, cette conduite les oblige à se détacher des amis du présent vieux monde, assurez-leur qu’ils réjouissent le cœur de Jéhovah en refusant de faire des compromis. — Jacq. 1:27 ; Prov. 27:11.
Or que feriez-vous si, la veille de la Toussaint, des jeunes gens vous interpellaient sur un ton menaçant : “ La bourse ou la vie ” ? Leur donneriez-vous quelque chose, de peur qu’ils ne vous jouent un mauvais tour ? Les chrétiens ne sont pas égoïstes ; toutefois, ici c’est une question de principe, et les vrais chrétiens demeurent intransigeants quand il s’agit de principes scripturaux. Ainsi, vous pourriez saisir l’occasion pour expliquer votre attitude, et même inviter ces jeunes gens à revenir un autre jour en leur promettant de les renseigner alors plus en détails et de leur donner quelque chose à ce moment-là.
On a beau dire que la fête célébrée la veille de la Toussaint est bien chrétienne, il n’est pas difficile de démontrer combien elle est païenne. D’abord, elle ne porte pas les fruits du christianisme pur, et puis, c’est une nuit où l’on craint plutôt pour la sécurité de ses biens matériels. Quant aux chrétiens, ils aspirent à vivre dans un monde nouveau où “ la justice habitera ”. À présent déjà, ils s’efforcent de vivre comme ils espèrent vivre alors, dans le monde nouveau à venir. Aucune fête païenne, ni celle que certains célèbrent la veille de la Toussaint, n’y sera alors observée : cela revient à dire que le chrétien ne célébrera pas de telles fêtes de nos jours non plus. — II Pierre 3:13.