Comptes rendus extraits de l’Annuaire 1962 des Témoins de Jéhovah
BELGIQUE Nombre d’habitants : 9 026 778
Maximum de procl. : 6 856 Rapport : 1 pour 1 316
En Belgique comme dans les autres pays, les surveillants sont actuellement formés à l’École du ministère du Royaume. Les frères qui parlent le français sont envoyés à Paris, les autres, d’expression flamande, vont à Amsterdam. Bien que cette disposition les oblige à quitter leur pays, elle leur donne l’occasion de s’associer avec des frères d’autres nations, et ceux qui ont suivi l’École du ministère du Royaume sont revenus, animés d’un zèle débordant. Il est important de “ sauvegarde(r) la sagesse pratique et le pouvoir de réflexion. Elles seront la vie de ton âme ”. (Prov. 3:21, 22, NW.) Les témoins de Jéhovah savent que la formation de l’esprit est très importante, aussi, avec les surveillants, tous les témoins de Jéhovah de Belgique essaient-ils d’aider les hommes à obtenir une meilleure compréhension des desseins de Jéhovah. Certaines expériences très intéressantes nous sont parvenues par l’intermédiaire du serviteur de filiale. Nous relaterons aussi quelques nouvelles de la République du Congo.
L’expérience suivante illustre bien comment un exemplaire de l’édition spéciale de Réveillez-vous ! a aidé une famille à prendre position pour la vérité. Un frère pionnier fit une visite chez un professeur de langues. Après y être retourné plusieurs fois, il commença une étude à l’aide de “ Cette bonne nouvelle du royaume ”. Toutefois, le maître de la maison fit observer que le seul but de cette étude était de le renseigner et qu’il ne changerait pas de religion. Pendant trois mois, l’étude n’avança guère ; et la femme du professeur ne manifestait que très peu d’intérêt. Alors parut l’édition spéciale de Réveillez-vous ! “ L’Église catholique au XXe siècle. ” Le mari lut le périodique et, soudain, tout sembla s’éclaircir dans son esprit ; il voyait clairement la question : pendant de nombreuses années, il avait été induit en erreur par l’Église catholique. Dès lors, l’étude fut prise au sérieux, à la fois par le mari et par la femme. Ils sont devenus des proclamateurs actifs et ont récemment symbolisé le don de leur personne par le baptême dans l’eau.
Faire toute chose comme pour Jéhovah implique nécessairement l’enseignement et la formation des jeunes enfants dans le ministère. Ces jeunes ministres peuvent accomplir eux aussi un grand travail dans le champ de Dieu. Une sœur rapporte comment elle avait essayé vainement et à plusieurs reprises de rendre témoignage à sa voisine ; celle-ci lui répondait invariablement que son mari n’aimait pas ces choses-là ; mais le fils de la sœur jouait souvent avec les enfants de la voisine. Ces derniers lui posaient de nombreuses questions sur les témoins de Jéhovah, questions auxquelles notre jeune ministre répondait. Après quoi, les enfants allaient raconter à leur mère ce qu’il leur avait dit. Cette dame en vint à demander une Bible ; une étude biblique fut établie à laquelle se joignirent également son mari et sa belle-mère. Aujourd’hui, cette dame participe régulièrement à l’œuvre de prédication avec son mari, et tous deux ont symbolisé le don de leur personne pour faire la volonté de Jéhovah.
Quand on travaille un territoire, il arrive souvent que des gens ne soient pas à la maison. Il est essentiel de chercher à les toucher. Cependant, combien de fois convient-il de retourner chez eux ? Jusqu’à ce qu’on les trouve ! Voilà la seule réponse. L’expérience suivante illustre bien cette nécessité. Elle est relatée par une sœur, pionnier spécial : “ Je repassai dans mon territoire afin de trouver les personnes absentes la première fois. L’une d’elles n’était pas encore là. Je revins un autre jour : elle était toujours absente. Je jugeai bon de revenir à une autre heure de la journée : toujours personne. Après plusieurs vaines tentatives, je décidai de revenir plus tard dans la soirée, vers les 21 heures. Ces gens travaillaient peut-être et rentraient tard à la maison. Ce soir-là, une jeune dame m’ouvrit la porte et m’invita à entrer. Après avoir prononcé mon sermon, je lui remis le livre “ Que Dieu soit reconnu pour vrai ” et “ Cette bonne nouvelle du royaume ”. Je commençai avec elle l’étude de la brochure. Plus tard, j’eus l’occasion d’expliquer la vérité à son mari qui manifesta de l’intérêt lui aussi. Leur intérêt était si vif qu’ils me demandèrent de venir étudier deux fois par semaine afin d’avancer plus vite. J’étais heureuse à la vue de leurs progrès rapides. Tous deux commencèrent à aller dans le champ et, à ma grande joie, ils se firent baptiser à l’assemblée internationale d’Amsterdam. Cette expérience m’a encouragée plus que jamais à noter tous les absents et à tout faire pour les trouver. ”
Une assemblée est toujours la source d’un vrai bonheur et fournit de splendides occasions de rendre témoignage aux habitants de la ville où elle se tient. Il ne faut pas négliger le témoignage à rendre au maître de la maison où l’on séjourne pendant l’assemblée. Les fruits recueillis peuvent être merveilleux, comme l’exemple suivant le prouve : Deux sœurs ont relaté comment elles prêchèrent à une maîtresse de maison qui les hébergea lors de la dernière assemblée de district. La dame souscrivit un abonnement. Pour que l’intérêt soit suivi, les sœurs remirent son adresse à l’assemblée locale. Dix mois plus tard, la dame leur envoya une lettre fort encourageante : “ Chères sœurs ”, disait-elle, “ je vous écris cette lettre pour vous faire savoir que, grâce à la bonté imméritée de Jéhovah, je suis maintenant une nouvelle sœur. Je suis baptisée et participe régulièrement au ministère. Mon mari est intéressé lui aussi. ” Une lettre si chaleureuse encouragera vraiment tous les membres du peuple de Dieu, qui assistent à une assemblée, à prêcher à leurs logeurs afin de leur témoigner de la bonté.
CANADA Nombre d’habitants : 17 617 000
Maximum de procl. : 40 230 Rapport : 1 pour 438
Au cours de l’année écoulée, l’œuvre au Canada a progressé de façon régulière, néanmoins sans enregistrer d’accroissement sensible, le pourcentage étant à peu près le même que l’année précédente. Toutefois, plusieurs événements se sont produits. Deux assemblées merveilleuses ont été organisées : la plus grande que le Canada ait jamais connue s’est tenue à Vancouver, en rapport avec l’Assemblée de district Les Adorateurs unis ; l’autre, très intéressante aussi, eut lieu à Québec, en langue française. Un merveilleux témoignage fut rendu en la circonstance. Au cours des dernières années, la question de la transfusion sanguine s’est posée fréquemment dans ce pays. Mais nos frères n’oublient pas les bonnes paroles du psalmiste : “ Je fais mes délices de tes statuts, je n’oublie point ta parole. ” (Ps. 119:16). En les gardant à l’esprit, il leur est possible d’adopter une position bien nette sur la question de la transfusion du sang. Voici quelques expériences communiquées par le serviteur de filiale relativement à l’activité au Canada.
En exerçant le ministère, notre position à l’égard des transfusions de sang, bien plus que n’importe quel autre sujet, nous place actuellement devant de nombreuses objections. Les frères apprennent à faire parler le maître de maison pour se rendre compte d’abord dans quelle mesure il est au courant de la question. Plusieurs éléments nous ont aidés sous ce rapport. Un article, paru dans le Canadian Bar Journal, réimprimé ensuite dans le Canadian Doctor, discuta avec compétence les questions médicales, légales et religieuses en jeu dans l’affaire. Les deux groupes professionnels les plus intéressés par la question purent ainsi en prendre connaissance et ce débat eut sur eux un effet des plus apaisants. On entendit de nombreux commentaires favorables. Quand les gens s’aperçoivent que de nombreux facteurs, qui, au début échappent aux regards, sont en jeu, leur esprit commence à s’ouvrir. Ils sont alors disposés à écouter et à étudier la Bible. Puis, un bel article, rédigé par deux médecins de Winnipeg, parut dans le Canadian Medical Association Journal. Il exhortait les docteurs et les hôpitaux à soigner les témoins de la même manière, loyale et impartiale, que les membres d’autres religions qui rejettent certaines formes de thérapie médicale. Ils présentaient, d’après les expériences faites avec les témoins, d’appréciables suggestions sur le traitement à appliquer aux personnes ne voulant pas de sang. Ensuite parut le Maclean’s, revue nationale populaire, qui publia un article faisant ressortir le fait que trois transfusions sur quatre sont inutiles et dangereuses. Cela fournit de merveilleuses occasions de rendre témoignage à ce sujet. La nouvelle brochure, Blood, Medicine and the Law of God, fut publiée juste en temps opportun et les frères l’ont utilisée judicieusement. Dans plusieurs cas, des parents ont été menacés par action judiciaire de se voir enlever leur bébé pour imposer à ce dernier une transfusion. Dans certains cas, les médecins ont consenti finalement à opérer sans avoir recours à la transfusion, et l’enfant a survécu. Dans d’autres cas, le docteur fut remplacé par un autre qui ordonna un traitement différent, traitement qui réussit et le bébé fut sauvé.
L’air frais de la liberté continue de souffler à travers certains quartiers de Québec. Des fanatiques qui, jaloux du zèle missionnaire et du succès des témoins de Jéhovah, cherchaient à entraver le culte des autres, apprennent qu’il leur est impossible de passer outre à la loi. Au cours des derniers mois, la police et les tribunaux de Québec ont remis plusieurs fois en place certains membres de l’Action catholique. Certaines difficultés éventuelles ont pu être évitées simplement en écrivant à ceux qui s’interposaient. Il suffisait de rappeler aux chefs de la police les décisions de la Cour suprême protégeant nos droits à la prédication. Dans une petite ville du nord de la province, le chef de police fit arrêter deux pionniers spéciaux à qui le territoire venait d’être attribué ; il tenta de les effrayer afin de les faire partir. Un autre pionnier spécial, venu à la prison pour les encourager, fut mis lui aussi en cellule pendant quelque temps jusqu’à ce que le chef de la police se rendît compte de la vanité de ses menaces. Le frère rédigea un rapport et la Société écrivit à ce fonctionnaire. Quelque temps après, le frère dut se rendre dans le bureau de ce représentant de la loi pour recevoir un plan de la ville en vue de travailler à fond le territoire. Le chef de la police fut amical, utile même. Son attitude avait complètement changé. “ À n’importe quel moment ”, dit-il, “ si je puis faire quelque chose pour vous aider, dites-le-moi. ” Dès lors, les frères furent reconnus comme une partie intégrante de la communauté. Sans doute que la construction de sept Salles du Royaume au cours de l’année et les améliorations apportées à quelques autres déjà ouvertes ont contribué à montrer que les témoins de Jéhovah s’étaient établis dans la région pour y rester.
Dans un coin du territoire non attribué, les frères ont reçu de la police une aide appréciable. Un policier, ayant arrêté l’une des sœurs pour s’informer de ce qu’elle faisait, et ayant reçu un bon témoignage, lui déclara que des plaintes lui avaient été adressées. Il était préférable, à son avis, qu’elle fût accompagnée pour que les gens soient assurés que tout allait bien, et qu’ils devaient s’abstenir de téléphoner. Avec son aide, 120 périodiques furent placés ; il lui arrivait souvent de dire aux gens qu’il était bien pour eux de prendre la publication. Comme il fallut plusieurs jours pour travailler la ville, chaque matin, l’agent de police se tenait à l’entrée de l’hôtel, attendant les proclamateurs pour les accompagner dans le service.
Le service de pionnier de vacances porte sa récompense. Quelques sœurs furent encouragées à l’entreprendre par la femme du serviteur de circonscription. Cinq répondirent à l’appel, bien que deux d’entre elles eussent près de soixante-dix ans. En deux semaines, l’une d’elles plaça douze livres Du paradis perdu... et cette expérience l’émut profondément : “ Pensez donc ”, s’exclama-t-elle, “ il a fallu que j’attende d’être une vieille grand-mère pour goûter à ce rare privilège. Je souffrais de douleurs dans les reins depuis de longues années, mais, dès le deuxième jour de mon entrée dans le service de pionnier, je ne sentis absolument plus rien. Maintenant je crains d’interrompre mon service de peur que mes douleurs ne reviennent. ”
SUISSE Nombre d’habitants : 5 210 000
Maximum de procl. : 5 125 Rapport : 1 pour 1 017
Les frères de Suisse ont fait du bon travail au cours de la dernière année de service. Ce fut un travail soutenu, opiniâtre, le genre de travail qu’il faut pour que cette nouvelle du Royaume soit prêchée dans le monde entier pour rendre témoignage. Ce ne sont pas seulement les surveillants et les proclamateurs voués dans les assemblées qui portent à d’autres cette bonne nouvelle, mais encore les enfants, et cela fait réfléchir les gens. Les Écritures ne disent-elles pas : “ Tu as tiré des louanges de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle ? ” (Mat. 21:16). L’expérience suivante, qui fut envoyée par le serviteur de filiale en Suisse et au Liechtenstein, montre qu’il est bon d’enseigner la Bible à l’enfant dès son tout jeune âge.
Un couple marié de la Suisse était en vacances en France avec leur enfant de cinq ans et demi. Un jour, l’enfant alla faire une promenade avec une petite fille. Sur la route, les deux petits s’arrêtèrent pour regarder une chèvre qui broutait paisiblement dans une prairie. Alors vinrent à passer un monsieur et une dame ; eux aussi s’arrêtèrent pour contempler la scène et, s’adressant au petit garçon, ils firent une ou deux remarques plaisantes sur la chèvre. Le petit leur dit : “ La chèvre est aussi une des créatures de Jéhovah, mais elle ne peut pas parler ni prier Jéhovah. Moi, je fais ma prière à Jéhovah tous les jours ! ” Comme on était aux environs de Noël, le monsieur, voulant faire l’éloge du bambin, lui dit : “ Comme tu es un bon petit garçon, l’enfant Jésus t’apportera un beau jouet pour Noël. ” Sur quoi l’enfant répliqua : “ Oh ! Nous ne croyons pas que le petit Jésus nous apporte des présents et nous ne célébrons pas Noël ; nous sommes des témoins de Jéhovah. ”
Étonné de recevoir une telle réponse d’un enfant si jeune, le monsieur lui demanda où ses parents habitaient : il aimerait les voir et se trouver en présence de témoins de Jéhovah. Le petit lui indiqua la maison où ils séjournaient. Et, chose absolument vraie, quelques jours plus tard, le monsieur et la dame rendirent visite aux parents du petit garçon. Ils racontèrent comment ils l’avaient rencontré et exprimèrent leur admiration pour son attitude. Ils s’informèrent au sujet de l’œuvre et des croyances des témoins de Jéhovah. Ce qu’ils apprirent les intéressa vivement ; ils se mirent à assister sur-le-champ à l’étude de livre de l’assemblée. Là, ils furent frappés du caractère approfondi de l’étude de la Bible à laquelle se livrent les témoins de Jéhovah, ainsi que des réponses intelligentes qui étaient données. Ils comprirent que ce ne pouvait être que la vérité.
En règle générale, le clergé n’aime pas voir les témoins de Jéhovah travailler dans ses communautés. Les revues religieuses contiennent des articles dirigés contre nous, ordinairement remplis d’énoncés de faits déformés et de mensonges. Un ecclésiastique fit exception à la règle. Récemment, il publia dans son bulletin paroissial l’article suivant où il reconnaît la pauvre condition spirituelle de son troupeau et le pouvoir de réveiller que l’activité des témoins de Jéhovah a sur quelques-uns.
“ Mes chers témoins de Jéhovah,
“ Je vous suis réellement reconnaissant, en réalité très reconnaissant, d’aller si courageusement de maison en maison dans notre communauté. Bien que vous ne soyez pas reçus partout, néanmoins vous amenez nos gens à se rappeler une fois encore peut-être — seulement peut-être — que :
“ En plus du pain et des divertissements, en plus de la joie et du chagrin, des succès et des échecs, en plus de la lutte pour la vie, les affaires, le travail et la récréation, il y a aussi des choses comme la religion, la foi, la croyance en Jésus-Christ. Votre venue est en elle-même un puissant sermon ! Vous aurez remarqué que nos gens paraissent embarrassés ou revêches en réponse à votre propagande pour Jésus-Christ, tout au plus, se montrent-ils curieux ou un tantinet intéressés. Peut-être même nos gens ont-ils pensé : À notre époque moderne, comment un homme peut-il sacrifier tout son temps pour une croyance ? Comment, dans ces jours où les minutes sont de l’argent, un homme peut-il travailler pour des choses aussi anciennes, s’enrôler pour des choses qui remontent si loin ? Peut-être vous a-t-on répondu : “ Merci beaucoup, nous n’avons besoin de rien ; nous avons notre église ! ” Mais, quand les gens vous répondront ainsi qu’ils ont leur église, demandez-leur, je vous en prie : “ Mais que croyez-vous réellement ? ” “ Vous voyez, voilà pourquoi je vous suis si reconnaissant. Peut-être, par-ci par-là, réussirez-vous à réveiller nos gens. Mais tenez ! je ne serai pas injuste, je reconnais que j’ai besoin tout autant qu’eux de cette visite pour me réveiller. J’admire votre courage (...) Tout mon respect pour une activité si dévouée ; mes compliments pour votre bonne volonté ! À mon avis, nous avons tous à en tirer une leçon. ”