La chrétienté est-elle réellement le domaine du Christ ?
1. a) Quelle est la signification du mot “chrétienté” ? b) Que prétend être la chrétienté, et comment a-t-elle essayé de démontrer sa prétention ?
DEPUIS longtemps, et plus particulièrement depuis l’an 800 de notre ère, la chrétienté est une puissance dominante dans les affaires du monde. Le mot chrétienté désigne l’ensemble des pays ou des peuples qui se disent chrétiens. La chrétienté a envoyé ses missionnaires dans les pays païens dans l’espoir de convertir tous les hommes, afin que la terre devienne son territoire. Consciemment ou inconsciemment, ses missionnaires l’ont aidée à étendre son influence politique et commerciale dans nombre de ces pays. En agissant de la sorte, ont-ils agrandi le domaine du Christ ? Si la chrétienté est réellement le domaine du Christ, elle est donc une extension du christianisme que Jésus a prêché, et elle est fondée sur les doctrines et principes enseignés par Jésus et ses apôtres. Voyons s’il en est bien ainsi.
2. Quels sont les deux témoignages que nous examinerons pour obtenir une réponse à notre question ?
2 Nous examinerons d’abord les doctrines fondamentales de la chrétienté, et ensuite son fondement du point de vue historique, en considérant brièvement comment elle est parvenue à exercer une influence aussi puissante dans les affaires du monde. De ce fait, nous aurons le témoignage de deux autorités dignes de foi : la Bible et l’Histoire.
3. À quelle conclusion arriverons-nous par ces témoignages ?
3 Dès le début, nous déclarons que l’un et l’autre de ces témoins nous conduiront à la même conclusion, à savoir que la chrétienté n’est pas le domaine du Christ et ne l’a jamais été. En énonçant cette conclusion au départ, nous aiderons le lecteur à voir aisément pourquoi nous présentons ici les divers événements de l’Histoire, et comment ceux-ci fournissent la preuve incontestable que, loin d’être le domaine du Christ, la chrétienté est le pire ennemi du christianisme, et une partie de l’empire mondial de la fausse religion babylonienne. En premier lieu, ses doctrines fondamentales viennent de Babylone et non du Christ ; en second lieu, ses intrigues politiques sont diamétralement opposées au Christ qui a dit : “Mon royaume ne fait pas partie de ce monde” et a déclaré à propos de ses disciples : “Ils ne font pas partie du monde, tout comme je ne fais pas partie du monde.” — Jean 18:36 ; 17:16.
SES DOCTRINES FONDAMENTALES SONT D’ORIGINE BABYLONIENNE
4. Quand la doctrine de la trinité commença-t-elle à se glisser dans les ouvrages des chrétiens nominaux, et jusqu’où alla la controverse qu’elle souleva ?
4 La Bible n’est pas d’origine babylonienne ; en conséquence, elle ne renferme pas le mot “trinité”. Cette doctrine était l’une des caractéristiques saillantes de la religion babylonienne qui avait des triades de dieux et de démons. Toutefois, dans la seconde moitié du deuxième siècle, des écrivains religieux se disant chrétiens commencèrent à introduire le mot “trinité” dans leurs ouvrages. Cela provoqua une controverse religieuse qui entraîna finalement l’intervention de l’Empire romain. Étant donné la grande importance accordée à cette doctrine au sein de la chrétienté, nous citons à son sujet l’Encyclopédie catholique (angl.), tome XV, ce qui suit :
5. a) D’après l’Encyclopédie catholique, quelle importance accorde-t-on à la doctrine de la trinité au sein de la chrétienté ? b) Définissez cette doctrine.
5 Trinité, LA SAINTE. (...) I. LE DOGME DE LA TRINITÉ. — La Trinité est le terme utilisé pour désigner la doctrine centrale de la religion chrétienne, c’est-à-dire la vérité disant que, dans l’unité du Dieu chef, il y a trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ces trois personnes étant réellement distinctes les unes des autres. Ainsi, aux termes du symbole de saint Athanase, “le Père est Dieu, le Fils est Dieu, et le Saint-Esprit est Dieu, et cependant il n’y a pas trois Dieux, mais un seul Dieu”. (...)
6. a) Les Écritures contiennent-elles un terme quelconque servant à décrire Dieu en tant que trinité ? b) Dans quels écrits ce mot se rencontre-t-il pour la première fois !
6 Dans l’Écriture, il n’y a jusqu’à présent pas de terme particulier par lequel les trois personnes divines soient désignées ensemble. Le mot grec (traduit en latin par trinitas) se trouve pour la première fois chez Théophile d’Antioche, qui vécut vers 180 de notre ère. Celui-ci parle de “la Trinité, de Dieu [le Père], de son Verbe et de sa Sagesse”. (“Ad Autolycum”, II, 15, P.G., VI, 1078.) Il se peut, bien entendu, que ce terme ait été en usage avant son époque. Peu après, il apparaît sous sa forme latine de trinitas chez Tertullien (“De pudicitia”, c. xxi, P.G., II, 1026). Au siècle suivant, le mot entre dans l’usage courant. — Page 47.
7. Quand Constantin devint-il empereur et pontifex maximus, et quelle vision prétendit-il avoir eue ?
7 Vint le quatrième siècle et l’avènement de Constantin le Grand. Après que celui-ci eut vaincu son dernier rival, il se fit reconnaître premier Auguste et pontifex maximus (grand pontife) par le Sénat romain, le 28 octobre 312. D’après la tradition, c’est au cours de cette campagne contre Maxence, son rival, que Constantin aurait vu une croix de feu dans le ciel, au-dessous du soleil, croix accompagnée des mots In hoc signo vinces (“Tu vaincras par ce signe”) (rappelons-nous que la croix était le symbole du dieu-soleil, Sol). Notons comment la chrétienté s’est développée après avoir été établie sur le fondement babylonien de fausses doctrines et d’intrigues politiques.
8, 9. En 313 et en 321, quels événements marquèrent l’extension de la chrétienté ?
8 13 janvier 313 de notre ère. En sa qualité de pontifex maximus païen, Constantin promulgue le célèbre édit de tolérance en faveur de ceux qui professaient le christianisme, édit par lequel il les rend éligibles à des charges publiques.
9 321. Le dimanche ou dies Solis, consacré au dieu solaire Sol, dont la croix était l’emblème, devient un jour exempt de tout exercice de la justice, et son observance constitue une obligation légale.
10. Pourquoi Constantin convoqua-t-il le concile de Nicée, et quel fait relatif à la présidence de ce concile prouva qu’il n’était pas chrétien ?
10 325. Constantin devient le chef des parties orientale et occidentale de l’Empire romain. Il convoque un concile ou assemblée religieuse dans l’intention de mettre un terme à la controverse portant sur la “trinité”, qui menace l’unité de son empire. En tant que pontifex maximus, non encore baptisé comme chrétien, Constantin préside ce concile, à Nicée, près de Nicomédie, où se trouve réuni un tiers seulement, soit 318, des épiskopoï ou surveillants chrétiens de l’empire. En comptant les suffragants amenés par les évêques, il y a eu entre 1 500 et 2 000 assistants. Nous citons ci-dessous l’ouvrage “Babylone la Grande est tombée !” Le Royaume de Dieu a commencé son règne ! (angl.) pages 477, 478a :
11. Quelle discussion s’est ouverte lors de ce concile ?
11 Les partisans de la trinité avaient pour porte-parole le jeune Athanase, archidiacre d’Alexandrie, en Égypte. Les adversaires de cette doctrine, qui démontraient à l’aide des Écritures que Jésus-Christ est inférieur à Dieu, son Père, avaient à leur tête Arius, un presbytre. Les deux partis se querellèrent pendant deux mois environ. Arius soutenait que “le Fils de Dieu n’était qu’une créature, tirée du néant ; qu’il y eut un temps où celui-ci n’avait pas d’existence ; qu’il était capable de son libre arbitre pour opter entre le bien et le mal”, et que “s’il est un fils dans le vrai sens du mot, il a dû venir après le Père, qu’il y eut donc manifestement un temps où il n’était pas, et que par conséquent il était un être engendréb”. Lorsque Arius se leva pour parler, un certain Nicolas de Mira le frappa au visage. Ensuite, pendant qu’il parlait, beaucoup d’autres assistants se sauvèrent en se bouchant les oreilles, pour marquer leur horreur des “hérésies” du vieillard.
12. Quelle décision fut prise, et, suite au concile, quels autres décrets furent promulgués ?
12 Finalement, le pontifex maximus Constantin rendit sa décision et se prononça en faveur de la doctrine trinitaire d’Athanase. Voilà comment fut adopté et mis en vigueur le symbole de Nicée relatif à la “trinité”. Arius, continuant à s’y opposer, ne tarda pas à être banni et exilé en Illyrie sur l’ordre de Constantin, mais il en fut rappelé cinq ans plus tard. Outre qu’il adopta un certain nombre de canons, le concile de Nicée décréta quel dimanche (dies Solis) de l’année il fallait régulièrement célébrer Pâques.
13. a) Quand Constantin fut-il baptisé en tant que chrétien ? b) Comment fut-il considéré par le Sénat romain païen et par les religions de la chrétienté, et qu’avait-il réussi à faire ?
13 337. Constantin tombe malade. Il est baptisé et meurt à Nicomédie. Après sa mort, le Sénat romain (toujours païen) l’éleva au rang des dieux. Les communautés religieuses d’Orient firent de Constantin un saint. Les Églises grecque, copte et russe, célèbrent en effet la fête de saint Constantin le 21 mai. De son vivant, Constantin a réussi à opérer la fusion de la religion païenne et du christianisme, créant de la sorte un christianisme apostat vraiment babylonien. Les historiens nous relatent les effets de ce syncrétisme religieux :
14. Quels effets les efforts de Constantin eurent-ils sur la chrétienté ?
14 Quelle qu’ait pu être la vraie nature de la conversion de Constantin à la foi chrétienne, ses conséquences eurent une immense portée tant pour l’empire que pour l’Église du Christ. Elle ouvrit la voie à la libre propagation de l’Évangile dans une plus large mesure qu’à aucune période antérieure de son histoire. Toutes les entraves à la profession ouverte du christianisme furent écartées, et celui-ci devint la religion officielle de l’empire. Cependant, les avantages assurés par ce changement avaient beau être nombreux sous divers rapports, il [le christianisme] ne tarda pas à souffrir d’être mis en contact étroit avec l’influence bienveillante du pouvoir séculier. La simplicité de l’Évangile se corrompit ; on introduisit des cérémonies et des rites pompeux ; les enseignants du christianisme se virent décerner des honneurs séculiers et accorder une rémunération, et le royaume du Christ fut dans une large mesure converti en un royaume de ce monde. — Theological Dictionary, par Henderson et Buck. Voir aussi la Cyclopædia de M’Clintock et Strong, tome II, page 488a ; ainsi que l’Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain, par Edouard Gibbon, tome II, pages 378 et suivantes, Paris 1812.
15. a) Au cours des siècles, comment la chrétienté devint-elle plus babylonienne encore ? b) Pourquoi les chefs de l’Église acceptèrent-ils l’introduction de nombreuses coutumes démoniaques des païens au sein des religions prétendues chrétiennes ?
15 En adoptant des termes bibliques comme les mots grecs épiskopos, pour désigner le “surveillant” d’une congrégation, et diakonos, signifiant “serviteur”, et en en faisant des titres honorifiques comme “évêque” et “diacre”, le clergé du christianisme apostat s’est exalté lui-même. Puis en édulcorant la vérité, il l’a rendue plus agréable, plus attrayante pour l’esprit païen afin de faire un plus grand nombre d’adeptes et d’accroître son pouvoir politique. En conséquence, au cours des siècles, la chrétienté est devenue de plus en plus babylonienne et dépravée. L’aveu suivant, de John Henry Newman, lequel fut promu cardinal par le pape Léon XIII en 1879, dans son livre intitulé Essay on the Development of Christian Doctrine, publié en 1878, permettra au lecteur de discerner le fondement babylonien de la chrétienté :
16. En quels termes le cardinal Newman essaie-t-il de justifier l’adoption de nombreuses coutumes païennes par la religion prétendue chrétienne ?
16 Se fiant donc au pouvoir qu’avait le christianisme de résister à la contamination du mal et de transformer les instruments et les accessoires du culte des démons à des fins évangéliques, et ayant aussi conscience que ces usages, quoique pervertis, tiraient leur origine de révélations primitives et de l’instinct naturel ; et qu’il leur fallait inventer ce dont ils avaient besoin, à moins de se servir de ce qu’ils rencontraient ; et qu’ils possédaient en outre les archétypes mêmes dont le paganisme n’avait ébauché que les ombres ; les chefs de l’Église étaient préparés de très bonne heure à adopter, à imiter et à sanctionner, si l’occasion se présentait, les rites et les coutumes du bas peuple, ainsi que la philosophie de la classe instruite.
L’emploi de temples, dédiés à des saints particuliers et ornés de rameaux d’arbres à certaines occasions ; l’encens, les lampes et les cierges ; les offrandes votives faites après avoir obtenu la guérison d’une maladie ; l’eau bénite ; le droit d’asile ; les jours fériés et les périodes de fête, l’usage du calendrier des saints, les processions, la bénédiction des champs, les vêtements sacerdotaux, la tonsure, l’anneau de mariage, l’habitude de se tourner vers l’orient, les images — à une date postérieure —, peut-être le chant d’église et le Kyrie eleison, étant tous d’origine païenne, sont sanctifiés par leur adoption dans l’Église. — Pages 355, 371, 373, édition anglaise de 1881.
L’INGÉRENCE DANS LES AFFAIRES POLITIQUES SÈME LA DIVISION AU SEIN DE LA CHRÉTIENTÉ
17. a) Quelle conception du pouvoir temporel la chrétienté avait-elle, et comment les Écritures montrent-elles que ce point de vue est absolument faux ? b) Comment les papes de Rome en vinrent-ils à porter le titre païen de pontifex maximus ?
17 La chrétienté a toujours cru qu’elle avait le droit de dominer sur les autres et que, dans les pays sous son influence, les rois régnaient par droit divin. Une idée de ce genre se manifesta à Corinthe, à l’époque de l’apôtre Paul, mais sans tarder ce dernier reprit sévèrement ses frères. Avec une ironie acerbe, il dit : “Déjà vous êtes rassasiés, n’est-ce pas ? Déjà vous êtes riches, n’est-ce pas ? Vous avez commencé à régner sans nous, n’est-ce pas ? Et certes je désire que vous ayez commencé à régner, afin que nous aussi nous régnions avec vous.” (I Cor. 4:8). La chrétienté n’a tenu aucun compte de ces paroles de l’apôtre Paul, et son histoire n’est faite que de compromis en vue de s’assurer la popularité, l’influence politique et le pouvoir. Il en est résulté des divisions profondes et irréparables.
378. À la mort de Valens, empereur de la partie orientale de l’Empire romain, Gratien, qui commença à régner en 375 sur la partie occidentale de cet empire, le remplace par un général, Théodose. Plus tard, il interdit le culte païen à Rome et refuse de porter l’insigne de pontifex maximus. Damase, évêque “chrétien” de Rome, reprend le titre avec toutes ses attaches et obligations païennes. Les papes de Rome ont porté ce titre jusqu’à ce jour.
18. Montrez comment les événements qui se sont produits en 381 et 395 ont révélé les divisions naissantes entre les parties orientale et occidentale de la chrétienté.
18 381. Le concile œcuménique de Constantinople (l’organisation religieuse orientale) est convoqué parce que la doctrine de la “trinité” continue à soulever de chaudes controverses. Ce concile définit plus amplement le symbole trinitaire de Nicée. Nectaire est nommé patriarche de Constantinople. Le concile déclare que l’évêque de Constantinople occupe le second rang derrière celui de Rome.
395. Théodose (qui était devenu le seul souverain sur tout l’empire) meurt ; son empire est divisé. Les évêques d’Orient et d’Occident sont partagés sur la question du loyalisme politique. Ce loyalisme, dès le début de la chrétienté, est plus important pour elle que le Christ et l’unité de l’Église, fait qui la caractérise comme antichrétienne. — I Cor. 1:10-13.
19. En quels termes le pape Léon Ier exprima-t-il les ambitions politiques de l’Église catholique ?
19 440. Léon Ier devient pape de l’Église catholique romaine. Il exprime les aspirations politiques de l’Église quand il dit : “Je ressusciterai encore une fois le gouvernement sur la terre, non en ramenant les Césars, mais en proclamant une nouvelle théocratie, en me faisant le vicaire du Christ, en vertu de la promesse faite à Pierre dont je suis le successeur, afin de rétablir la loi, punir le crime, écarter l’hérésie, encourager le génie, maintenir la paix, apaiser les désaccords, protéger l’instruction ; faisant appel à l’amour mais régnant par la crainte. Hormis l’Église, qui peut accomplir cette mission ? La théocratie produira une nouvelle civilisation. Je porterai, non un diadème mais une tiare, symbole de la souveraineté universelle, devant laquelle la barbarie s’enfuira, et le bonheur renaîtra une fois de plus.” — Beacon Lights of History, de John Lord, tome III, pages 244, 245.
20. Décrivez les faits qui, en 476, 553 et 726, révélèrent combien le désaccord au sein de l’organisation religieuse de la chrétienté s’était aggravé.
20 476. Le désaccord entre les Églises orientale et occidentale s’aggrave quand le pape de Rome, Félix III, excommunie le patriarche de Constantinople.
553. En dépit des protestations de l’évêque de Rome, le troisième concile général de Constantinople est présidé par le patriarche de cette ville.
726. L’empereur de Constantinople, Léon III, interdit le culte des images et ordonne qu’elles soient détruites. Aussi, le pape Grégoire II, de la partie occidentale de l’Église à Rome, excommunie-t-il cet empereur iconoclaste qui appartient à l’Église orientale ; cette action mène à la rupture entre l’Église orientale (grecque) et l’Église occidentale (latine).
21. a) En l’an 800, jusqu’à quel point l’Église catholique romaine s’est-elle immiscée dans la politique et a-t-elle exercé son pouvoir ? b) Quand le “Saint Empire romain” a-t-il commencé, et quand a-t-il pris fin ?
21 800. L’Église romaine s’immisce dans la politique au point de s’élever au-dessus des souverains. Irène règne en qualité d’impératrice à Constantinople. Mais le pape de Rome nomme Charles (Charlemagne) roi des Francs. C’est à cette date que remonte l’établissement du “Saint Empire romain” qui subsistera jusqu’en 1806. Voici ce que nous apprend à ce sujet l’Encyclopédie catholique (angl.), édition de 1929, tome III, page 615 :
Le surlendemain (jour de Noël de l’an 800) se produisit le principal événement de la vie de Charles. Pendant la messe pontificale, célébrée par le pape, alors que le roi priait à genoux devant le maître-autel sous lequel reposent les corps de saint Pierre et de Saint Paul, le pape s’approcha du souverain, lui plaça sur la tête une couronne impériale et, se prosternant devant lui suivant l’usage d’autrefois, le salua des titres d’empereur et d’auguste, et l’oignit, tandis que les Romains, massés dans l’église, faisaient entendre par trois fois l’acclamation : “À Charles, auguste, couronné par Dieu, grand et pacifique empereur, vie et victoire !” (Reparlant de cet événement à la page 774, la même encyclopédie y voit “son couronnement comme successeur de Constantin”).
22. a) Comment la Russie a-t-elle été introduite dans l’Église orthodoxe, et cela a-t-il fait disparaître le paganisme en Russie ? b) Quelle fut l’une des causes des croisades, et ces expéditions se sont-elles révélées chrétiennes ?
22 988. Vladimir le Grand est baptisé dans l’Église orientale. Il ordonne à ses sujets de jeter leurs images dans le Dniepr, ce qu’ils font en pleurant, et il les force à recevoir le baptême chrétien. L’Encyclopédie américaine déclare à ce sujet :
“Le paganisme russe ne disparut pas lorsqu’on se mit à prêcher l’évangile chrétien. Il survécut dans le langage populaire, les dictons, les traditions, la vie domestique et même dans les croyances religieuses. Jusqu’au XVIIIème siècle, on adorait des serpents dans les villages reculés. Eugène Golubinsky, le plus grand historien de l’Église russe, affirme que la Russie fut certes baptisée au neuvième siècle, mais non christianisée.”
1054. Le patriarche grec Michel Cérulaire (ou Keroularios) est excommunié par les légats du pape Léon IX après une tentative pour assujettir les Églises orientales au joug du pape de Rome, considéré comme le souverain par droit divin de l’Église catholique. Les historiens affirment que cette rupture fut l’une des causes des croisades, lesquelles eurent pour résultat d’effroyables destructions et effusions de sang parmi les Mahométans, les Juifs et les catholiques.
23. Qu’est-ce qui amena finalement l’établissement d’un patriarcat en Russie ?
23 1453. Sous le commandement de Mahomet II, les Mahométans s’emparent de Constantinople. Le patriarche de Constantinople est autorisé à rester et à exercer ses fonctions. La Russie en subit le contrecoup sur le plan religieux. Le Grand Larousse encyclopédique (édition de 1964, tome IX, page 454b) déclare :
“Lorsque les Ottomans prennent Constantinople (1453), la théorie de la ‘troisième Rome’ apparaît en Russie : après Rome et Constantinople, Moscou est appelé à devenir la capitale (...) de la chrétienté.”
24. Quand l’Église orthodoxe russe fut-elle définitivement établie, et comment les évêques de la partie orientale de l’Église considérèrent-ils les patriarches de Russie et de Rome ?
24 1587. Établissement définitif d’une Église russe indépendante. La Cyclopædia de M’Clintock et Strong déclare à ce propos : “Cette année-là le patriarche Jérémie de Constantinople, alors qu’il visitait la Russie pour y trouver de l’appui, consentit à conférer au métropolite de Moscou le titre de patriarche en la personne de Job, le patriarche de Russie prenant ainsi, dans l’opinion des évêques orientaux, la place du patriarche schismatique de Rome.” (Remarquez que c’est le pape de Rome qui passe pour “schismatique”).
25. Quels événements marquèrent l’histoire de l’Église russe en 1696 et en 1721 ?
25 1696. Pierre le Grand devient le seul empereur de Russie. Il abolit le patriarcat et le remplace par un synode permanent ou réunion de prélats que préside l’empereur ou son secrétaire.
1721. Le Saint-Synode est institué dans l’Église russe. Celle-ci devient une Église nationale, un ministère dépendant de la bureaucratie civile de l’empire russe, un instrument chargé de soutenir le tsarisme.
26. Relatez les événements concernant la Grèce qui ont eu lieu en 1829, 1833 et 1850.
26 1829. Établissement d’un royaume de Grèce indépendant.
1833. La régence de Grèce proclame l’indépendance de l’Église orthodoxe grecque d’Orient vis-à-vis de toute autorité ecclésiastique étrangère.
1850. Le patriarche de Constantinople reconnaît l’autonomie de l’Église grecque ou hellène.
27. En 1869-1870, quelle doctrine catholique romaine fut proclamée ?
27 1869-1870. Le premier concile du Vatican proclame l’infaillibilité du pape de Rome.
28. Décrivez les événements qui se produisirent en Russie de 1917 à 1945 et l’attitude des chefs soviétiques à l’égard de l’Église orthodoxe russe.
28 Novembre 1917. Les bolcheviques s’emparent du pouvoir par une seconde révolution. Ils décrètent que l’Église russe n’est plus une Église d’État. Ils procèdent à la confiscation de certaines propriétés de l’Église, et les prêtres de tous rangs et de toutes tendances sont molestés et insultés. On proclame que “la religion, c’est l’opium du peuple”.
1918. Moscou devient la capitale de la Russie nouvelle. Au cours des années qui suivent, les tentatives pour extirper la religion s’avèrent trop coûteuses. Le gouvernement soviétique se sert de l’Église russe à des fins politiques en obligeant celle-ci à inculquer le patriotisme à ses ouailles. L’Église orthodoxe russe se prête à cet arrangement.
1945. L’Église orthodoxe russe tient un concile dans un des faubourgs de Moscou. Le métropolite Benjamin, alors exarque du patriarcat de Moscou pour l’Amérique du Nord, déclare que Moscou, capitale de la Russie, pourrait devenir la “Troisième Rome” et que, à l’avenir, cette ville serait certainement le lieu de rencontre de “l’Église tout entière”. Les milieux soviétiques officiels sympathisent avec de telles idées, car ils sont prêts à favoriser l’impérialisme de l’Église orthodoxe russe si cela doit permettre à Moscou, leur capitale politique, de devenir du coup le plus important centre ecclésiastique du monde.
29. À propos du second concile du Vatican, à quelle manœuvre de désunion le Vatican recourut-il, et dans quelle mesure a-t-il réussi ?
29 1962-1965 Le second concile œcuménique du Vatican se réunit en quatre sessions. Le Vatican, dans l’intention de créer des divisions parmi l’orthodoxie orientale, envoie ses invitations, non par l’intermédiaire du patriarche d’Istanbul (Constantinople), mais directement à chacune des Églises orientales. C’est ce qui fait dire à l’archevêque Iakovos, primat orthodoxe grec d’Amérique, les paroles suivantes rapportées dans le New York Times du 4 novembre 1962, sous le titre “Iakovos dénonce la tactique du Vatican — affirme que les invitations au concile infligent un affront au chef orthodoxe” :
“Ce n’est qu’avec l’Église de Moscou que le Vatican a réussi dans cette tactique.” (...) Les raisons qui incitèrent l’Église russe à “changer subitement d’attitude et à accepter l’invitation du pape Jean XXIII sont sans aucun doute et nettement d’ordre politique”.
TENDANCES TROUBLANTES
30. Indiquez de quelle façon le second concile du Vatican révéla les graves désaccords existant dans les religions de la chrétienté.
30 Au sein du concile mentionné ci-dessus, un grave désaccord sur maintes questions doctrinales fondamentales et de nombreuses pratiques existait entre les cardinaux et les évêques, réunis à plus de 2 000, les conservateurs ayant à leur tête la curie romaine, le corps administratif principal et le plus puissant de l’Église. Les libéraux comprenaient la majorité des cardinaux et des évêques. Au cours du deuxième concile du Vatican, un schéma fut élaboré sur l’unité de l’Église. Ce document concernait uniquement les Églises orthodoxes orientales, ignorant le protestantisme. Selon le New York Times, de nombreux orateurs, parlant devant le concile au sujet de ce schéma, firent remarquer que
le problème de l’union doit être envisagé par rapport aux questions qui confrontent le christianisme divisé du XXe siècle et non pas entièrement à la lumière des gros volumes de théologie des siècles passés. Ils [les orateurs] firent clairement allusion à l’essor du communisme, la double menace du matérialisme et du sécularisme, et à l’extension prise par les religions non chrétiennes. — New York Times du 1er décembre 1962, sous le titre “Les prélats achèvent la discussion sur l’unité avec les orthodoxes”.
31. Quelles tendances troublantes se manifestent en Amérique latine ?
31 À l’heure présente, en Amérique latine, les fidèles sont profondément troublés parce qu’un grand nombre d’images de leurs saints, à l’exception de celles de Marie et du Christ sur la croix, sont retirées de leurs églises. La permission de manger de la viande le vendredi est un autre changement qui les touche extrêmement. Ils se demandent pourquoi, tout au long des années passées, ils ont adressé des prières aux images et aux saints et se sont abstenus de manger de la viande le vendredi. L’Église les a-t-elle dirigés dans le faux culte, et toutes ces dévotions étaient-elles sans valeur aux yeux de Dieu ?
32. Quels événements, décrits dans le Britannica Book of the Year, 1965, prouvent que la chrétienté n’est pas le domaine du Christ ?
32 Le Britannica Book of the Year, 1965, à la page 706, relate d’autres faits qui troublent un grand nombre de gens :
La tendance persistante qui porte à trouver un modus vivendi avec les gouvernements communistes fut mise en évidence en septembre quand, à Budapest, un accord fut signé entre la papauté et le gouvernement hongrois. Rome consentait à ce que le clergé prête serment de fidélité et nommait six évêques.
[Au cours du second concile du Vatican] (...) Un projet de déclaration sur la liberté religieuse avorta malgré les efforts d’un millier d’évêques pour le faire voter, ces évêques ayant à leur tête les cardinaux Albert Meyer, de Chicago, Joseph Ritter, de Saint-Louis, et Paul Émile Léger, de Montréal.
33. Les fondements de la chrétienté sont-ils chrétiens ou non ? Expliquez.
33 L’examen des deux témoins véridiques, et faisant autorité, que sont la Bible et l’Histoire, nous a fait connaître les fondements de la chrétienté. La preuve est concluante : Ils ne reposent pas sur les principes de Jésus-Christ qui a dit : “Mon royaume ne fait pas partie de ce monde.” (Jean 18:36). La doctrine de la trinité, l’utilisation des images dans le culte, la coutume de brûler les hérétiques, la conversion des nations par la force, les alliances avec les gouvernements politiques, même non chrétiens, sont autant de caractéristiques indiquant que la chrétienté reflète l’esprit de Babylone et de son dieu, Satan le Diable.
34. Les difficultés qui assaillent la chrétienté devraient-elles nous tracasser ?
34 Elle subira bientôt les conséquences de ses compromis et de son ingérence dans les affaires politiques. Les difficultés qui l’assaillent ne cessent de s’aggraver. Si la chrétienté était vraiment le domaine du Christ, le Royaume du Christ serait un échec. Nous pouvons être heureux que les chrétiens, loin d’avoir à se tourmenter au sujet de la crise qui sévit actuellement au sein de la chrétienté et de l’échec de cette dernière, soient en mesure de s’employer activement à parler à leurs semblables du véritable Royaume du Christ qui a commencé à régner du ciel et étendra bientôt son domaine en régnant sur la terre tout entière dans la paix et l’unité.
35. À quelles questions concernant la chrétienté nous reste-t-il à répondre ?
35 La place dont nous disposons nous permet seulement de mentionner une autre ramification importante de la chrétienté, le protestantisme. Mais, dans nos prochaines éditions, nous examinerons certaines questions qui se présentent peut-être à votre esprit, savoir : Qu’en est-il du protestantisme, la partie de la chrétienté qui s’est séparée de l’Église catholique au seizième siècle ? A-t-il construit sur de nouveaux fondements ? La réforme protestante a-t-elle rétabli le vrai culte ?
[Notes]
a Édité par la Watch Tower Bible and Tract Society, Brooklyn, New York (1963).
b Voyez la Cyclopædia de M’Clintock et Strong, tome VII, page 45a, ainsi que The Encyclopedia Americana, édition de 1929, tome II, page 250a.