Existe-t-il plusieurs façons d’être chrétien ?
UN GRAND théologien américain, protestant libéral, approchait de la quatre-vingtième année. Lorsqu’il voulut faire un retour sur ses longues années de vie active, le souvenir d’un des événements marquants qui avaient jalonné sa vie se détacha particulièrement dans sa mémoire. Il se revit pendant la Première Guerre mondiale, sur le champ de bataille de la Champagne au moment où, en sa qualité de jeune aumônier allemand, il se traînait parmi les morts et les mourants ; les paroles suivantes de Nietzsche lui étaient alors revenues à l’esprit : “Dieu est mort.” Par suite, comme il l’a avoué plus tard, “l’idéaliste que j’étais devint un réaliste tragique1”.
Il n’était donc pas surprenant du tout qu’au cours d’une discussion, T. J. J. Altizer, membre de ce groupe qui préconise la thèse selon laquelle “Dieu est mort”, dise à ce vieux théologien : “Vous êtes le premier à avoir affronté le monde réel. Vous avez été notre père, nous sommes vos enfants.” Mais ces paroles semblent avoir porté un coup assez dur au vieillard, car il avait senti que les adeptes du nouveau courant de pensée selon lequel “Dieu est mort” étaient allés trop loin. En fait, durant la discussion qui eut lieu ce soir-là entre Altizer et lui, le vieux théologien s’énerva tellement que sa femme se permit de les prier instamment de rentrer chez eux, les deux hommes se mettant d’accord pour remettre au lendemain la poursuite de leur entretien. Mais ce dernier ne fut jamais repris, car cette nuit-là, Paul Tillich eut une crise cardiaque et il mourut. — Life du 5 novembre 1965.
Cela est triste, direz-vous. Sans doute, mais ce qui est bien plus affligeant, c’est le fait que cet éminent théologien — qui fut le premier professeur non juif à avoir été révoqué par les nazis — se soit livré, sous le couvert de la religion chrétienne, à de telles spéculations philosophiques, au point que certains de ses élèves de théologie sont arrivés à la conclusion que “Dieu est mort”. Ce qui est plus grave encore, c’est le fait que Paul Tillich, T. J. J. Altizer et une foule d’autres théologiens protestants aient joué d’une façon si abusive sur le mot “chrétien” que, pour beaucoup, ce terme en est venu à avoir de nombreuses acceptions !
Comment pouvons-nous savoir ce qu’il faut entendre par être chrétien ? Existe-t-il plusieurs façons de l’être ? Comment pouvons-nous le savoir avec certitude ? Il existe un moyen d’être renseigné à ce sujet. Pour cela, il faut aller à la seule source qui nous fournisse un récit complet de la vie de Jésus-Christ. Tous ceux qui font profession de christianisme reconnaissent plus ou moins Jésus-Christ comme modèle, ou bien alors ils ne se diraient pas “chrétiens”. Si Jésus mérite que nous le suivions, nous devons logiquement accorder notre façon de penser sur la sienne.
LE CHRIST A FAIT CONNAÎTRE UN DIEU PERSONNEL
Aucun homme, libre de tout préjugé, ne peut lire les Écritures grecques chrétiennes sans reconnaître que pour Jésus-Christ Dieu était une personne, une personne réelle. Jésus déclare qu’il est sorti de Dieu son Père et qu’il retourne vers lui ; que la demeure de son Père est dans le ciel ; que Dieu voit et entend, qu’il exauce les prières ; qu’il pardonne ; qu’il aime son Fils ; qu’il a de l’affection pour les disciples de Jésus ; que certains anges voient toujours la face de son Père qui est dans le ciela. Il dit encore : “Mon Père n’a cessé de travailler jusqu’à maintenant et moi je ne cesse de travailler.” (Jean 5:17). En fait, nous trouvons dans les Écritures grecques chrétiennes environ 180 passages où Jésus parle de Dieu comme d’une personne en l’appelant son “Père”.
Que Jésus considérait Dieu comme une personne, tout comme lui en était une, cela ressort de ses allusions à son Père comme étant un témoin, lui-même en étant un autre envoyé par le Père. Il faut être une personne pour envoyer un témoin et rendre témoignage. C’est ce que voulait dire Jésus quand il prononça les paroles suivantes : “Il y a moi qui rends témoignage sur moi-même, et le Père qui m’a envoyé rend témoignage sur moi.” (Jean 8:18 ; 5:32). D’autre part, la Bible parle à maintes reprises de la voix de Dieu qui se fait entendre du ciel. — Mat. 3:17 ; 17:5 ; Jean 12:28.
De plus, les commandements cités par Jésus et nous ordonnant d’‘aimer Dieu de tout notre cœur, de tout notre esprit, de toute notre âme et de toute notre force, et d’aimer notre prochain comme nous-mêmes’, indiquent plus clairement encore que Dieu est une personne. En nous exhortant à craindre Dieu qui peut détruire à la fois le corps et l’âme dans la Géhenne, Jésus nous fait aussi comprendre sans équivoque ce fait indiscutable. D’autre part, la façon dont Jésus insiste sur le nom de son Père prouve bien que Dieu est une personne. — Marc 12:29-31 ; Mat. 10:28 ; 6:9 ; Jean 17:6, 11, 12, 26.
Quel désaccord flagrant entre les témoignages précités et toutes les spéculations de Paul Tillich tendant à nous convaincre que Dieu est la Profondeur, le fond de l’être, le fond de l’Histoire. D’après ce théologien,
“Voilà ce que ce mot signifie et c’est la pensée qui se dégage des expressions Royaume de Dieu et divine providence. Et si, pour vous, ces mots n’ont pas beaucoup de sens, traduisez-les et parlez de la profondeur de l’Histoire, du fond et du but de votre vie sociale et de tout ce que vous entreprenez, sérieusement et sans réserve, que ce soit une activité morale ou politique. Peut-être vous faudra-t-il appeler cette profondeur espoir, simplement espoir (...). Si vous croyez que le mot Dieu signifie profondeur, vous connaissez beaucoup de choses à son sujet. Vous ne pouvez donc pas vous dire athée (...). Celui qui sait ce qu’il faut entendre par profondeur, a la connaissance de Dieu2.”
Ce que l’évêque Robinson déclare au sujet de Dieu révèle jusqu’à quel point peut aller la folie de ces théologiens modernes qui s’efforcent de nier la personnalité de Dieu. Selon cet évêque, auteur du livre Dieu sans Dieu, les chrétiens ne peuvent désormais plus dire que Dieu est “là-bas”, dans l’espace ou par-delà l’espace, l’exploration de ces régions de l’univers par des radiotélescopes n’ayant pas révélé l’existence de Dieu3 ! De la part d’un astronaute russe, communiste et athée, un tel raisonnement creux ne surprend pas, mais de la part d’un évêque qui se fait passer pour chrétien, c’est plutôt inattendu ! Il est bien évident que les puissants radiotélescopes ne peuvent pas plus percevoir le divin Esprit, le grand Créateur de l’univers, que n’ont pu le faire les yeux d’un astronaute russe !
Lorsque la question de la personnalité de Dieu se pose, il est donc clair que, pour le chrétien, il n’y a qu’une seule façon de l’envisager. Le Dieu de la Bible est une personne, le grand Esprit, le Créateur, l’Être suprême.
MIRACLES OU MYTHES ?
Nombre de théologiens modernes se prétendant chrétiens contestent également l’authenticité des miracles rapportés par la Bible, alors que celle-ci, pourrait-on dire, est pleine de récits de miracles. Depuis l’époque de la création et du jardin d’Éden jusqu’à celle des derniers événements de la vie des apôtres Paul et Jean consignés dans ses pages, la Bible parle de miracles. Moïse demanda et reçut des pouvoirs miraculeux. ‘Autrement, disait-il en quelque sorte, ils ne me croiront pas quand je leur dirai que tu m’es apparu et m’as ordonné de faire sortir mon peuple d’Égypte.’ (Ex. 4:1-9, 28-31). Ce fut également en accomplissant de nombreux miracles que le Grand Moïse, Jésus-Christ, fut à même de prouver l’origine divine de sa mission. En réalité, plus de cent miracles sont mentionnés dans les Évangiles, une cinquantaine d’entre eux étant même décrits d’une façon précise.
Nous possédons non seulement le récit concernant les miracles eux-mêmes, mais encore le témoignage rendu par ces œuvres puissantes attestant qu’elles avaient réalisé le but fixé par Dieu. La Bible nous révèle que les témoins oculaires de ces signes conclurent que l’homme qui les accomplissait était un grand prophète, LE Prophète, le Fils même de Dieu. — Jean 6:14 ; II Pierre 1:16-18.
D’autre part, Jésus fit maintes fois allusion à ses œuvres miraculeuses quand, par exemple, il rappela à ses apôtres qu’il avait à deux reprises nourri miraculeusement des milliers de personnes (Mat. 16:9, 10), ou quand il envoya rapporter à Jean-Baptiste les œuvres qu’il accomplissait : “Les aveugles voient, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, et les morts sont ressuscités.” — Mat. 11:5.
En outre, Jésus montra maintes et maintes fois à ses disciples que c’était à cause de ses miracles que d’autres avaient foi en lui. Il leur dit : “J’ai le témoignage qui est plus grand que celui de Jean, car les œuvres mêmes que le Père m’a données à accomplir, les œuvres elles-mêmes que je fais, rendent témoignage sur moi, que le Père m’a envoyé.” (Jean n’avait pas fait de miracles ; Jésus, par contre, en avait accompli de nombreux.) “Croyez-moi : je suis en union avec le Père et le Père est en union avec moi ; sinon, croyez à cause des œuvres elles-mêmes.” “Si je n’avais pas fait parmi eux les œuvres que nul autre n’a faites, ils n’auraient pas de péché ; mais maintenant ils ont et vu et haï moi ainsi que mon Père.” Ce témoignage de Jésus lui-même sur les miracles qu’il avait accomplis et leurs effets sur d’autres, autant de preuves que sa mission était divine, pouvait-il être énoncé en termes plus clairs, plus nets, plus faciles à comprendre et plus francs ? — Jean 5:36 ; 14:11 ; 15:24.
Pourtant, que constatons-nous en dépit de tous ces témoignages ? Que ceux qui prétendent enseigner les Écritures manifestent une incrédulité bien marquée à propos des miracles rapportés par la Bible. Nous avons un cas typique en la personne de Rudolph Bultmann, protestant allemand dont les idées deviennent toujours plus populaires. D’après lui, le récit relatif à la vie de Jésus-Christ, tel qu’il est rapporté dans les Évangiles, a besoin d’être débarrassé de ses mythes. Quels sont ces mythes ? Tout ce qui a trait à la venue de Jésus ici-bas, à son existence préhumaine, à sa naissance d’une vierge, aux miracles qu’il a accomplis, à sa mort sacrificielle, à sa résurrection d’entre les morts et à son ascension au ciel. Voilà précisément, selon lui, autant de mythes qu’il faut détruire. Certes, dit-il, tout le récit n’est pas qu’un tissu de faussetés, mais les termes employés pour raconter les choses ne veulent pas dire ce qu’ils semblent dire ou vouloir dire ! Bultmann voudrait nous faire croire que “tout cela, c’est la langue de la mythologie et que l’origine des divers thèmes peut facilement se retrouver dans la mythologie contemporaine des écrits apocalyptiques juifs et les mythes de la rédemption du gnosticisme. Pour cette raison, il est très difficile à l’homme moderne de croire au kêrugmab, car il est convaincu que la conception mythique du monde est périmée4”.
Mais alors, comment expliquer le prodigieux essor du christianisme ? Pourquoi le gnosticisme ou le judaïsme n’ont-ils pas provoqué une telle impulsion et suscité la venue de missionnaires aussi éloquents que les apôtres Pierre et Paul ? Pourquoi leurs chefs n’ont-ils pas inspiré à leurs fidèles le dévouement que Jésus-Christ communiqua à ses disciples ? En vérité, les idées de ce théologien sont non seulement dénuées de foi mais insensées, et il est certainement peu honnête de les qualifier de chrétiennes. Pensez un peu ! Tous ces théologiens modernes voudraient attribuer à Mahomet un niveau de moralité supérieur à celui du Christ et des apôtres, parce que Mahomet s’est catégoriquement défendu d’avoir le pouvoir de faire des miracles5. Pour un chrétien, il n’y a qu’une seule façon de considérer les miracles accomplis par Christ : c’est d’y ajouter foi entièrement.
LA MORALITÉ CHRÉTIENNE EST-ELLE RELATIVE ?
Non contents de dépouiller le christianisme biblique de ses caractères vitaux et indispensables, tels que la personnalité de Dieu et les miracles chrétiens, nombre de ces théologiens modernes voudraient aussi dépouiller la religion chrétienne de ses règles et de ses principes élevés. C’est ainsi que Robinson, évêque anglican “de bonne foi”, déclara, lorsqu’il comparut à la barre des témoins, qu’un livre qui présentait l’adultère sous un jour favorable n’avait rien de répréhensible ou de scandaleux. Ajoutons que cet ecclésiastique était membre d’un groupement dont le but, aujourd’hui atteint, était de modifier la législation britannique sur l’homosexualité, en vue de rendre légale cette pratique lorsqu’elle se fait entre adultes consentants6. D’après lui, certains actes sexuels peuvent être bons ou mauvais selon le degré d’“amour” atteint dans ces relations.
Mais dans ce cas également, les Écritures grecques chrétiennes ne prévoient qu’une seule façon d’être chrétien. Pour Jésus, la moralité n’était pas relative. Certains actes étaient bons ou mauvais per se, en eux-mêmes. C’est pourquoi il condamna catégoriquement le divorce d’avec une femme pour tout autre motif que l’adultère. Loin d’adopter une attitude plus libérale à l’égard des plaisirs sexuels, Jésus énonça un principe très élevé, comme l’indiquent les paroles suivantes de son Sermon sur la montagne : “Quiconque ne cesse de regarder une femme de manière à éprouver une passion pour elle, a déjà commis avec elle un adultère dans son cœur.” — Mat. 5:28, 31, 32 ; 19:3-9.
Si Jésus condamna de la sorte cette promiscuité entre les deux sexes, n’a-t-il pas dû s’élever davantage encore contre la promiscuité homosexuelle ? Cette promiscuité homosexuelle est évidente dans le fait que les homosexuels recherchent toujours de nouveaux partenaires. A-t-on jamais entendu parler de deux homosexuels célébrant le cinquantième anniversaire de leur union ? En réalité, le problème social qu’ils posent est loin d’être négligeable, comme le prouve le rapport suivant publié par un grand hebdomadaire médical : “L’homosexualité se révèle être une nouvelle et importante cause de maladies vénériennes surtout dans les villes7.”
Il n’y a aucun doute là-dessus, d’après les Écritures et les fruits produits par l’homosexualité, au nombre desquels il faut inclure le manque de force de caractère, de sensibilité et de stabilité, de telles pratiques ne sont pas compatibles avec le christianisme. C’est l’apôtre Paul, et non pas les théologiens modernes, qui a le point de vue correct, c’est-à-dire le point de vue chrétien, concernant l’homosexualité. Il dit : “De même les hommes, abandonnant l’usage naturel de la femme, se sont violemment enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres, hommes avec hommes, commettant ce qui est obscène et recevant en eux-mêmes la pleine rétribution que méritait leur égarement.” — Rom. 1:27.
LA MISSION CHRÉTIENNE
‘Existe-t-il plusieurs façons d’être chrétien ?’ C’est encore là une question qu’il conviendrait de poser à propos de la mission du chrétien. C’est peut-être dans Matthieu 28:19, 20 que cette mission est énoncée sous la forme la plus courte. Ce passage nous rapporte les paroles suivantes de Jésus : “Allez donc et faites des disciples de gens de toutes les nations, les baptisant au nom du Père et au nom du Fils et au nom de l’esprit saint, les enseignant à observer toutes les choses que je vous ai ordonnées.”
Mais le théologien allemand Schleierbach, qui vécut il y a environ 150 ans et semble avoir préparé la voie aux théologiens libéraux modernes, s’attira des ennuis avec le gouvernement prussien à cause de son “activité politique libérale8”. À notre époque nous voyons également dans le monde entier le clergé s’immiscer dans la politique et des ecclésiastiques toujours plus nombreux soutenir des causes profanesc. Feu Albert Schweitzer était un ministre protestant qui, ayant perdu la foi dans les éléments surnaturels de la vie du Christ, renonça au pastorat, étudia la médecine et s’en alla en Afrique afin de pourvoir aux besoins matériels et médicaux de ses habitants.
De nombreux missionnaires suivent son exemple et négligent les besoins spirituels du peuple au profit de ses besoins matériels. On fait leur éloge parce qu’ils se soucient des “besoins réels du peuple9”. À propos de cette tendance de plus en plus marquée du clergé, un missionnaire déclara franchement : “Le missionnaire évangélisateur est souvent obligé d’assumer un rôle d’enseignant ou de conseiller ou quelque tâche du même ordre où il lui est difficile d’entreprendre directement une œuvre d’évangélisation10.”
Mais Jésus pensait-il à ce genre de mission lorsqu’il ordonna à ses premiers disciples d’enseigner à leurs semblables tout ce qu’il leur avait ordonné ? Il est vrai que Jésus subvint parfois aux besoins matériels du peuple, mais ces actes de générosité étaient absolument inséparables des bienfaits spirituels qu’il offrait. Ils étaient dispensés par des moyens surnaturels et surtout dans le but de prouver l’origine divine de sa mission. Le rôle principal du Christ consistait à être un enseignant. C’est pourquoi nous le voyons quelque quarante fois désigné sous ce nom dans la Bible, alors qu’il n’est appelé qu’une seule fois “Médecin”. Une autre fois, il se désigna lui-même sous ce nom de médecin, mais de médecin guérissant des maladies spirituelles et non physiques. — Luc 4:23 ; Mat. 9:9-13 ; 23:8.
C’est dans ce sens que les premiers disciples comprirent la mission du chrétien. Le récit de leur activité révèle combien l’accent était mis sur “la folie de ce qui est prêché”, seul moyen par lequel les hommes pouvaient être sauvés. Tous les chrétiens étaient des prédicateurs ; il n’y avait parmi eux aucune distinction entre le clergé et les laïques. — I Cor. 1:21 ; Actes 8:4 ; Rom. 10:9-15.
POURQUOI TANT D’OPINIONS DIVERGENTES ?
De ce qui précède il ressort qu’il n’y a pas plusieurs façons d’être chrétien, mais une seule. Le chrétien croit en un Dieu personnel, aux miracles rapportés dans la Parole de Dieu, il se laisse gouverner par les principes énoncés dans la Bible et il reconnaît qu’il a pour mission d’aller et de faire des disciples. Dans ce cas, comment expliquer qu’il y ait des points de vue différents et des opinions divergentes qui ne résistent pas aux claires déclarations de la Parole de Dieu, opinions adoptées par des hommes qui prétendent être des ministres et des théologiens “chrétiens” ?
Les Écritures, la raison et les faits nous fournissent des réponses logiques. Par exemple, nous avons la déclaration de Paul qui affirme que “tous ne possèdent pas la foi”. Est-il possible de trouver une réponse plus claire ? Et dès lors que, selon une autre déclaration de l’apôtre, “nous [chrétiens] marchons par la foi, non par la vue”, nous devons nous attendre à ce que ceux qui ne possèdent pas la foi soient incapables de comprendre, d’apprécier et d’accepter la Bible en tant que Parole inspirée de Dieu. — II Thess. 3:2 ; II Cor. 5:7.
D’autre part, la Parole de Dieu nous apprend que, “si maintenant la bonne nouvelle que nous déclarons est en fait voilée, elle est voilée chez ceux qui périssent, chez qui le dieu de ce système de choses a aveuglé l’esprit des incroyants, afin que l’éclat de la glorieuse bonne nouvelle sur le Christ, qui est l’image de Dieu, ne les atteigne pas”. En effet, que pourrions-nous attendre d’autre, puisque Satan “abuse la terre habitée tout entière”, et ‘se transforme en ange de lumière’ afin de tromper de nombreux hommes ? — II Cor. 4:3, 4 ; Rév. 12:9 ; II Cor. 11:14.
Une autre raison a amené les théologiens “libéraux” à adopter cette position : il semble en effet que ce soit leur souci de plaire aux hommes, d’avoir l’estime de ceux qui sont saturés de la sagesse de ce monde ; et c’est pourquoi ils font toutes sortes de concessions. Ils partent de ce principe que l’“homme contemporain” ou l’“homme intelligent” ne peut croire et ne croit pas en un Dieu personnel ni aux miracles. Mais en cela ils se trompent fortement. C’est ainsi qu’on peut lire dans un livre qui circule actuellement, qu’“il a été publié au cours des dernières années de nombreux ouvrages dans lesquels les hommes de science, de genres très divers, ont exprimé et justifié leur foi en la véracité du christianisme. Ils n’ont pas simplement affirmé que la science et le christianisme sont compatibles, mais ils ont déclaré aussi que c’est seulement à la lumière de la doctrine chrétienne qu’on peut arriver à comprendre les exploits et les réalisations scientifiques11”.
À toutes ces raisons expliquant pourquoi les théologiens veulent qu’il y ait plusieurs façons d’être chrétien, et en dehors de celles clairement exprimées dans les Écritures grecques chrétiennes, on pourrait encore ajouter celle-ci : ces hommes préfèrent à la Bible la sagesse de ce monde, la philosophie et la psychologie par exemple. On a même dit que Paul Tillich avait choisi la philosophie pour carrière, le ministère au sein de l’Église luthérienne n’étant pour lui que la porte par laquelle il voulait accéder à l’étude de cette science particulière11.
On ne trouve aucun précédent de ce genre dans les Écritures. L’apôtre Paul n’utilisait pas la sagesse de l’homme mais celle de Dieu, afin que la foi de ses auditeurs soit fondée non pas sur l’homme, mais sur la Parole de Dieu. Il montra bien qu’“il n’y a pas beaucoup de sages au sens charnel qui ont été appelés (...) ; mais Dieu a choisi les choses folles du monde, pour faire honte aux hommes sages”. — I Cor. 1:26, 27 ; 2:1-16.
Il existe encore une autre raison expliquant pourquoi il y a diverses opinions sur la façon d’être chrétien. Beaucoup de personnes ne comprennent pas pourquoi Dieu a permis le mal et la méchanceté. Elles se laissent donc prendre aux arguments des athées et d’autres hommes qui nient l’existence de Dieu et prétendent qu’il est impossible que Dieu soit une personne ou du moins qu’il n’est pas digne de notre adoration, car, selon eux, soit il n’est pas tout-puissant, soit il n’est ni juste ni un Dieu d’amour, sans quoi il aurait mis fin à la méchanceté. Cependant, la Bible révèle que Dieu a de bonnes raisons de permettre le mal et la méchanceté, et qu’il y mettra fin au temps qu’il a fixéd.
Et, fait des plus graves, il y a la question d’honnêteté qui se pose. Pourquoi des hommes, en réalité athées, continuent-ils de parler en termes religieux ? Certains d’entre eux reconnaissent même leur déloyauté, tel ce professeur de théologie qui déclara : “Je demanderais à être défroqué si cela pouvait se faire discrètement, sans que ce soit offensant ; mais c’est impossible (...). S’il faut se battre autour d’un nom, alors m’est avis que je suis obligé de reconnaître que je ne suis pas précisément un chrétien12.” De toute évidence, il est malhonnête de se dire “athée chrétien”.
La question est claire si l’on se base sur les Écritures et la raison. Elles montrent que les vrais chrétiens auront foi en un Dieu personnel, capable d’accomplir des miracles ou de les faire accomplir par ses serviteurs sur la terre ; les chrétiens reconnaîtront les principes élevés énoncés par Jésus-Christ et ils accompliront la mission consistant à prêcher et à enseigner. La Parole de Dieu ne permet d’être chrétien d’aucune autre façon.
RÉFÉRENCES
1 Time Magazine du 29 octobre 1965, p. 80.
2 The Shaking of the Foundations (1949), p. 63, 65, de Paul Tillich.
3 Honest to God (1963), p. 13, 14, de J. A. T. Robinson.
4 New Testament Theology and Mythology de Bultmann.
5 The Koran, sourate 17, verset 59, version “Ali”.
6 The New Yorker du 20 novembre 1965.
7 Medical World News du 9 juin 1961.
8 Encyclopedia Americana (1956), tome XXIV, p. 378.
9 The Christian Century du 8 décembre 1965.
10 International Review of Missions de janvier 1966, p. 88.
11 The Secularization of Christianity (1966), p. 193, de E. L. Mascall.
12 The New Yorker du 13 novembre 1965.
[Notes]
b Webster : “L’évangile chrétien originel prêché par les apôtres.”
c Voyez Réveillez-vous ! du 22 novembre et du 8 décembre 1966.
d Voyez Réveillez-vous ! du 8 avril 1967.