Point de guérison jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne dans les maisons
“J’entendis la voix du Seigneur, disant : Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous ? Je répondis : Me voici, envoie-moi.” — Ésaïe 6:8.
1, 2. a) Comment le prophète Amos fixa-t-il la date de sa prophétie ? b) Quel autre prophète se référa au même événement qu’Amos, et en rapport avec quel tremblement de terre ?
LE RÉCIT du tremblement de terre n’indiqua pas le nombre de maisons qui furent détruites, mais ce fut un événement si remarquable, qu’il servit à déterminer la date d’une importante prophétie prononcée au neuvième siècle avant notre ère. Le prophète commence ainsi son livre inspiré : “Paroles d’Amos, l’un des bergers de Tekoa, visions qu’il eut sur Israël, au temps d’Ozias, roi de Juda, et au temps de Jéroboam, fils de Joas, roi d’Israël, deux ans avant le tremblement de terre.” (Amos 1:1). Ce récit fixe ainsi à 809 avant notre ère la date à laquelle eut lieu ce tremblement de terre. L’événement laissa cependant une telle impression, que trois siècles plus tard (en 519 avant notre ère), Zacharie le rappela et l’utilisa dans une prophétie divinement inspirée, et le compara à un autre tremblement de terre. Il écrivit :
2 “Ses pieds se poseront en ce jour sur la montagne des oliviers, qui est vis-à-vis de Jérusalem, du côté de l’orient ; la montagne des oliviers se fendra par le milieu, à l’orient et à l’occident, et il se formera une très grande vallée : Une moitié de la montagne reculera vers le septentrion, et une moitié vers le midi. Vous fuirez alors dans la vallée de mes montagnes, car la vallée des montagnes s’étendra jusqu’à Atzel ; vous fuirez comme vous avez fui devant le tremblement de terre, au temps d’Ozias, roi de Juda.” — Zach. 14:4, 5.
3. En quels termes le tremblement de terre survenu au cours du règne du roi Ozias a-t-il été décrit par Joseph ben Matthias dans ses Antiquités juives ?
3 Six siècles après la rédaction de cette prophétie, Joseph ben Matthias, historien du premier siècle de notre ère, écrivit ses Antiquités juives dans lesquelles il décrit d’une façon pittoresque le tremblement de terre survenu durant le règne du roi Ozias. Dans le livre IX, chapitre XI et paragraphe 5, il écrivit :
“Le jour d’une fête solennelle, ce prince se revêtit des ornements sacerdotaux et entra dans le Temple pour offrir à Dieu son encens sur l’autel d’or. Le grand sacrificateur Azarias y courut accompagné de quatre-vingts sacrificateurs, lui dit que cela ne lui était pas permis, lui défendit de passer outre, et lui commanda de sortir pour ne pas irriter Dieu par un si grand sacrilège. Ozias s’en mit en telle colère qu’il le menaça de le faire mourir ainsi que tous les autres sacrificateurs s’il l’empêchait de faire ce qu’il désirait. À peine eut-il achevé ces paroles qu’il arriva un grand tremblement de terre ; le haut du Temple s’ouvrit : un rayon du soleil frappa ce roi impie au visage, et il se trouva à l’instant tout couvert de lèpre. Ce même tremblement de terre sépara aussi en deux un lieu proche de la ville nommé Éroge ; la montagne qui regarde l’occident, dont une moitié fut portée à quatre stades de là contre une autre montagne qui regarde le levant, ce qui ferma tout le grand chemin, et couvrit de terre les jardins du roi. Les sacrificateurs voyant ce prince tout couvert de lèpre n’eurent pas de peine à en connaître la cause ; ils lui déclarèrent que ce mal ne lui était arrivé que par un châtiment visible de Dieu, et lui ordonnèrent de sortir de la ville. Son extrême confusion lui ôta la hardiesse de résister ; il obéit et fut ainsi justement puni de son impiété envers Dieu, et de la témérité qui l’avait porté à oser s’élever au-dessus de l’humaine condition. Il passa ainsi quelque temps hors de la ville, où il vécut en particulier, pendant que Joathan [Jotham], son fils, avait la conduite des affaires, et il mourut de déplaisir de se voir réduit en cet état. Il était âgé de soixante-huit ans, dont il avait régné cinquante-deux. Il fut enterré dans ses jardins en un sépulcre séparé.”
4. a) La date de ce tremblement de terre donnée par Josèphe s’accorde-t-elle avec celle indiquée par Amos ? b) La Bible elle-même mentionne-t-elle un tremblement de terre qui aurait eu lieu lorsque Ozias pénétra dans le temple, mais que déclare-t-elle à propos d’un certain tremblement de terre ?
4 Le roi Ozias étant mort de la lèpre en 774 avant notre ère, la date du tremblement de terre donnée par l’historien juif Josèphe ne s’accorde pas avec celle qui est indiquée par le prophète Amos, à moins qu’il y ait eu deux tremblements de terre. Le récit biblique de ce qui est arrivé au roi Ozias lorsqu’il pénétra dans le lieu saint du temple de Jérusalem, se trouve dans II Chroniques 26:16-23 et II Rois 15:17. Ce récit ne dit pas si un tremblement de terre a eu lieu à cette occasion. Cependant, le règne du roi Ozias a été historiquement marqué par un tremblement de terre remarquable qui mérita d’être relaté à plusieurs reprises. La Bible ne nous dit pas jusqu’à quel point les maisons particulières et les autres biens des habitants ont été endommagés. Toutefois, les dégâts ont dû être considérables puisque les Juifs ont fui leurs habitations à cause de ce tremblement de terre.
5, 6. Selon Ésaïe 6:1-4, que se passa-t-il au temple l’année de la mort du roi Ozias ?
5 Cependant, l’année où Ozias mourut, probablement après sa mort, les portes du temple de Jéhovah furent ébranlées. Le prophète Ésaïe en fut témoin, au temple, et il relata les circonstances de cet événement dans son livre, au chapitre six et aux versets un à quatre És 6:1-4 (AC), où il écrit :
6 “L’année de la mort du roi Osias, je vis le Seigneur [Jéhovah, NWa] assis sur un trône haut et élevé, et les pans de sa robe remplissaient le temple. Des Séraphins se tenaient au-dessus de lui ; ils avaient chacun six ailes : de deux ils se couvraient la face, de deux ils se couvraient les pieds, et de deux ils volaient. Et ils criaient l’un à l’autre et disaient : ‘Saint, saint, saint est Jéhovah des armées ! Toute la terre est pleine de sa gloire.’ Les fondements des portes étaient ébranlés par la voix de celui qui criait, et la maison se remplit de fumée.”
7. Tenant compte de la violation du lieu saint par Ozias et de la vision que reçut le prophète Ésaïe, quel contraste trouve-t-on entre ces deux hommes ?
7 Quel contraste entre le roi Ozias et le prophète Ésaïe ! Le roi Ozias pénétra d’une manière présomptueuse dans un lieu interdit au roi siégeant sur le trône. Il voulut inaugurer des relations nouvelles et plus étroites entre le roi et Jéhovah Dieu, et adorer Dieu d’une manière directe en écartant la prêtrise ordonnée par Dieu. Cet intrus impie contempla l’intérieur du lieu saint du temple, là où se trouvaient les chandeliers d’or, les tables pour le “pain de proposition” ainsi que l’autel des parfums, également en or. Mais il ne vit pas la face de Jéhovah et il ne reçut ni son approbation ni une mission spéciale de sa part. Par contre, le prophète Ésaïe n’écarta pas les prêtres de Jéhovah et il ne viola aucun lieu saint. Mais, par une vision, il vit Jéhovah dans son saint temple. Il n’eut pas à en subir de mauvais effets, mais il fut honoré par le Dieu de sa nation qui lui confia une mission. Les séraphins qui étaient près du trône élevé de Jéhovah se couvrirent le visage afin de ne pas chercher à contempler Dieu assis sur le trône. Par contre, Ésaïe fut autorisé à regarder Jéhovah en vision.
8. a) Qu’est-ce qui provoqua l’ébranlement des portes du temple, et comment la gloire de Jéhovah remplit-elle le temple ? b) Comment ceux dont la vision des choses est rendue plus claire ont-ils un privilège semblable à celui d’Ésaïe ?
8 Le prophète Ésaïe reçut un privilège exceptionnel. Cela est particulièrement mis en évidence par le fait que les séraphins se criaient l’un à l’autre : “Saint, saint, saint est Jéhovah des armées ! Toute la terre est pleine de sa gloire.” Cela signifie que la gloire de Jéhovah remplit toute la terre. L’importance de la déclaration des séraphins était si grande que les fondements des portes du temple en furent ébranlés. La gloire de Jéhovah des armées fut rendue manifeste par la fumée miraculeuse qui remplit le lieu du culte. À notre époque, ceux qui craignent Dieu sont grandement privilégiés, car leur vision est rendue plus claire par l’accomplissement des prophéties de la sainte Bible. Ils discernent ainsi que Jéhovah est venu dans son temple spirituel, ce qui les remplit d’une crainte respectueuse.
9, 10. Quelle fut la réaction d’Ésaïe après sa vision, et pourquoi ?
9 Suite à ce qu’il avait vu et entendu, Ésaïe eut le sentiment d’être impie et impur, et il en fut saisi de crainte. Il nous dit : “Malheur à moi ! Je suis perdu ! Car je suis un homme aux lèvres souillées, et j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres souillées, et mes yeux ont vu le Roi, Jéhovah des armées !” — Is. 6:5, AC.
10 Certes, il ne s’agissait que d’une vision, mais parce que cette vision avait été inspirée par Jéhovah Dieu, Ésaïe avait tout lieu de craindre pour sa vie et d’être réduit au silence de la mort. Il se souvenait sans doute de ce que Jéhovah avait répondu à Moïse qui lui demandait de voir sa gloire divine. Dieu déclara : “Tu ne pourras pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre.” (Ex. 33:20). Et voilà qu’Ésaïe avait vu le “Roi, Jéhovah des armées” !
11. a) Pourquoi Ésaïe et son peuple ne devaient-ils pas être effrayés par la mort du roi Ozias ? b) Quel fait merveilleux devons-nous comprendre à notre époque ?
11 Jéhovah, tout en étant invisible, était le véritable Roi du royaume de Juda. Et, bien que le roi Ozias mourût l’année où le prophète Ésaïe eut cette vision du temple, Jéhovah des armées demeura Roi de Juda. Ainsi, ni Ésaïe ni le peuple n’avaient de raison d’être effrayés par la mort du puissant roi qu’était Ozias, lequel avait développé d’énormes moyens de guerre (II Chron. 26:1-9). Combien il est merveilleux de comprendre aujourd’hui que Jéhovah Dieu est le Roi de l’univers, le “Roi d’éternité”, et que nous, qui sommes ses adorateurs et ses serviteurs, nous n’avons rien à redouter pour ce qui est de la domination de la terre ! — Rév. 15:3 ; Jér. 10:10.
LA PURIFICATION DEVAIT PRÉCÉDER LA MISSION
12, 13. Pourquoi Ésaïe ne se croyait-il pas digne de recevoir une mission de Jéhovah, et comment cet obstacle fut-il surmonté ?
12 Le prophète Ésaïe ne croyait pas être digne de se voir confier une mission par Jéhovah des armées, le Roi présent dans son temple. Il pensait qu’une personne servant de porte-parole pour un Dieu-Roi si saint et si glorieux, devait avoir des lèvres pures, alors que les siennes ne l’étaient pas. De plus, elles étaient souillées par l’impureté des lèvres du peuple parmi lequel il vivait et dont il entendait les paroles. Mais si Ésaïe pensait qu’il s’agissait là d’un obstacle insurmontable, il allait se rendre compte de son erreur, car il nous dit :
13 “Mais l’un des Séraphins vola vers moi, tenant à la main un charbon ardent, qu’il avait pris sur l’autel avec des pincettes. Il en toucha ma bouche et dit : ‘Ceci a touché tes lèvres : ton iniquité est enlevée et ton péché expié.’” — Is. 6:6, 7, AC.
14. Pourquoi le charbon ardent pouvait-il enlever l’impureté des lèvres d’Ésaïe ?
14 Le séraphin prit avec des pincettes un charbon ardent de l’autel de cuivre sur lequel étaient offerts les sacrifices d’animaux et qui se trouvait au temple, dans le parvis des prêtres. Lorsque le charbon ardent, qui avait été retiré du feu sacré de l’autel, toucha la bouche d’Ésaïe, il consuma, d’une manière figurée, l’impureté des lèvres du prophète. Ce n’est ni le sacrifice d’un animal ni son sang répandu qui purifièrent les lèvres du prophète pour qu’il soit digne de devenir le porte-parole de Jéhovah, mais plutôt ce charbon ardent. Aux jours de Salomon, le bâtisseur du temple, le feu divin descendu du ciel avait consumé le bois de l’autel (II Chron. 7:1-3). Le séraphin pouvait donc dire à juste titre à Ésaïe : “Ton iniquité est enlevée et ton péché expié.” Puisque le feu divin consumait les sacrifices offerts pour la purification des fautes et des péchés, le charbon ardent, pris sur le même autel, pouvait donc logiquement enlever l’impureté des lèvres d’Ésaïe.
15, 16. a) Pourquoi Jéhovah a-t-il attendu, et qu’a-t-il dit ensuite ? b) Pourquoi cette invitation à servir Jéhovah s’adressait-elle sans aucun doute à Ésaïe ?
15 Jéhovah Dieu n’emploie pas des personnes impures comme porte-parole ou prophètes approuvés par lui. C’est pourquoi Jéhovah a attendu qu’Ésaïe soit purifié avant de lui offrir une mission en qualité de prophète. Dans l’ordre normal des choses, Ésaïe, dont les lèvres avaient été purifiées, dit alors : “Et j’entendis la voix du Seigneur, disant : ‘Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous ?’” — És. 6:8.
16 Jéhovah souleva cette question en la présence d’Ésaïe, ce dernier ayant été le seul témoin de la vision. Il est donc évident qu’Ésaïe était invité à servir Jéhovah comme son messager ou envoyé.
17. Par l’emploi du pronom pluriel “nous” dans sa question, à qui Jéhovah faisait-il allusion ?
17 Lorsque Jéhovah demanda : “Qui marchera pour nous ?”, il n’employa pas le “nous” de majesté, c’est-à-dire un pronom personnel pluriel se rapportant à lui-même et soulignant sa dignité. En passant de l’emploi du pronom personnel singulier “je” à celui du pronom personnel pluriel “nous”, Jéhovah s’associait alors quelqu’un d’autre, une autre personne au moins. Celle-ci était son Fils unique, Michel, qui devint l’homme Jésus-Christ. Que celui-ci soit avec Jéhovah au temple et qu’il soit inclus dans l’emploi du pronom “nous”, cela est rendu certain par Jean 12:36-41b, texte qui se rapporte à Jésus-Christ. Ainsi, Jéhovah et son Fils unique ne forment pas une trinité, mais sont deux personnes distinctes.
18. a) comment Ésaïe a-t-il répondu à la question posée par Jéhovah, et pourquoi ? b) Pour qui Ésaïe est-il un excellent exemple ?
18 Ésaïe désirait marcher pour Jéhovah et son Fils unique ; Jéhovah pouvait donc lui confier n’importe quelle mission spéciale. Réalisant alors que ses lèvres étaient pures et ne voulant pas que Jéhovah invite quelqu’un d’autre à le servir, Ésaïe accepta la proposition. Il dit : “Me voici, envoie-moi.” (És. 6:8). La tâche qui devait être confiée à Ésaïe serait peut-être désagréable, mais il voulait aller de l’avant, il désirait uniquement servir les intérêts de Jéhovah pour le bien du peuple de Dieu. Ésaïe voulait demeurer un prophète actif de Jéhovah quelles que soient les difficultés futures qu’il pourrait rencontrer. La nation d’Israël était le peuple voué à Dieu, racheté par lui et admis par Dieu dans une alliance nationale. Ésaïe étant membre de cette nation, il était voué à Dieu. Il désirait démontrer qu’il avait fait l’offrande de sa vie à Dieu en faisant sa volonté et en remplissant la mission qu’il lui confierait. Ésaïe est ainsi un excellent exemple pour les témoins chrétiens de Jéhovah de notre époque (Isaïe 43:10-12, AC). Sachant, comme Ésaïe, qu’ils ont été envoyés par “le Roi, Jéhovah des armées”, ils peuvent poursuivre avec confiance leur mission, car ils ont reçu leur mandat de la plus haute autorité qui soit.
19. En quoi consistait la mission que Jéhovah confia à Ésaïe ?
19 Jéhovah des armées accepta sur-le-champ l’offre d’Ésaïe. Mais alors, qu’allait-il faire ou dire, et vers qui serait-il envoyé ? Ésaïe mit par écrit la mission qu’il reçut de Jéhovah, comme suit : “Il dit : ‘Va, et dis à ce peuple : Entendez, et vous ne comprendrez point ; voyez, et vous n’aurez point d’intelligence. Appesantis le cœur de ce peuple, et rends ses oreilles dures, et bouche-lui les yeux, en sorte qu’il ne voie point de ses yeux et n’entende point de ses oreilles, et qu’il ne se convertisse point et ne soit point guéri.’” — Is. 6:9, 10, AC.
20. En quel sens Ésaïe devait-il dire à “ce peuple” de regarder et de ne pas voir, d’entendre et de ne pas comprendre ?
20 Ésaïe devait aller, non pas vers les nations gentiles, mais vers “ce peuple”, son propre peuple. Devait-il réellement dire à “ce peuple” de ne pas comprendre, de ne pas avoir d’intelligence ? Non. Mais en allant maintes fois vers “ce peuple” et en le faisant ‘entendre’, il devait faire en sorte que les Juifs démontrent eux-mêmes qu’ils n’avaient pas de compréhension et qu’ils ne désiraient pas l’obtenir. De la même manière, il les ferait regarder de leurs yeux, par le moyen desquels ils pouvaient observer et discerner, mais ils démontreraient également qu’ils n’avaient aucune intelligence. Cela ne voulait pas dire qu’Ésaïe ne savait pas enseigner ou convaincre, mais plutôt que “ce peuple” était trop égocentrique et trop égoïste pour comprendre et acquérir la connaissance, même avec un bon enseignant.
21. a) En quel sens Ésaïe rendrait-il le cœur de ce peuple insensible ? b) Pourquoi devait-il continuer à parler avec hardiesse ?
21 Ce n’était donc pas Ésaïe qui rendrait leur cœur et leurs oreilles insensibles ou qui fermerait leurs yeux pour qu’ils deviennent aveugles. Non, mais par son activité de prophète et par l’enseignement patient qu’il donnerait parmi “ce peuple”, il prouverait aux Juifs qu’ils avaient eux-mêmes rendu leur cœur et leurs oreilles insensibles et fermé volontairement leurs yeux afin qu’ils ne puissent saisir la signification de l’œuvre que Jéhovah avait confiée à Ésaïe, son messager ou porte-parole. Ésaïe ne se retint pas de parler avec hardiesse et il se fit entendre au peuple. Il devait agir ainsi dans un but. Lequel ? Il allait démontrer que si les Juifs n’écoutaient pas, ce qui était contre leurs propres intérêts, la raison en était qu’ils avaient fermé volontairement leurs oreilles, en ce sens qu’ils ne se souciaient pas du message d’Ésaïe et qu’ils ne se laissaient pas enseigner, ne prenant pas au sérieux les paroles du prophète.
22. Pourquoi Ésaïe ne pourrait-il pas ramener ce peuple à Dieu et lui faire obtenir la guérison ?
22 Jéhovah avait averti Ésaïe que malgré son activité de prophète, sa prédication et son enseignement, il ne réussirait pas à toucher le cœur de “ce peuple”. Ses efforts patients et persévérants amèneraient les Juifs à témoigner contre eux-mêmes qu’ils avaient endurci leur cœur. Pour cette raison, leur cœur ingrat ne ressentirait aucune émotion profonde, car ils ne comprendraient pas la signification importante des paroles et des actions d’Ésaïe. En fait, ce dernier s’efforçait de les ramener à Dieu, mais l’insuccès de ses efforts en ce sens était dû au fait que les Juifs, de leur plein gré, refusaient de revenir à Dieu. Ésaïe désirait les aider à se guérir de leur manque de spiritualité, à rétablir de bonnes relations avec Dieu, mais les Juifs ne se croyaient pas malades spirituellement ni ne pensaient que leurs relations avec Jéhovah étaient mauvaises. C’est pourquoi ils refusèrent orgueilleusement de se laisser guérir et de renouer de bonnes relations avec leur Souverain, “le Roi, Jéhovah des armées”.
“JUSQUES À QUAND, SEIGNEUR ?”
23. Comment Ésaïe a-t-il interrompu Jéhovah, et pourquoi ?
23 La situation allait-elle réellement devenir aussi grave ? Ésaïe en était horrifié. À Dieu ne plaise que la nation connaisse des conditions aussi mauvaises et dangereuses ! Si “ce peuple” ne recouvrait pas la santé, cela signifierait la mort pour lui. Quel désastre ! Ésaïe semble ne pas admettre que les choses puissent en arriver là. Il interrompt Jéhovah, disant : “Jusques à quand, Seigneur ?” — És. 6:11.
24. Par sa question, Ésaïe demandait-il jusqu’à quand il devrait aller vers ce peuple, sinon quel était l’objet de sa requête ?
24 Par cette faible protestation présentée sous la forme d’une question, Ésaïe ne demandait pas ceci : ‘Ô Jéhovah, pendant combien de temps as-tu décidé de m’envoyer vers ce peuple, combien de temps dois-je demeurer parmi celui-ci ?’ Ésaïe ne pensait pas à lui-même, mais il s’inquiétait pour le peuple. Ses paroles : “Jusques à quand, Seigneur ?”, il les avait prononcées pour demander à Jéhovah combien de temps “ce peuple” demeurerait dans ce mauvais état d’esprit. Serait-ce jusqu’à ce que la situation soit sans remède, jusqu’à ce que la maladie du peuple ne puisse plus être guérie par des remèdes bénins, jusqu’à ce que tout aille de mal en pis ? Il espérait que non. Que le peuple ne demeure pas dans ce mauvais état au point qu’un traitement énergique devienne indispensable !
25. Lorsque Ésaïe demanda : “Jusques à quand ?”, comment sa question était-elle semblable à celle posée par Asaph dans le Psaume 74:9-11 ?
25 La signification de la question posée par Ésaïe : “Jusques à quand ?” est semblable à celle des paroles du prophète Asaph qui, dans Psaume 74:9-11 (CT), déclara : “Nous ne voyons plus de signes pour nous ; il n’y a plus de prophète, et personne parmi nous qui sache jusques à quand... Jusques à quand, ô Dieu, l’oppresseur insultera-t-il ? L’ennemi blasphémera-t-il toujours ton nom ? Pourquoi retires-tu ta main et retiens-tu ta droite sur ton sein ?”
26. Dans Jérémie 4:14, à propos de quoi ce prophète demanda-t-il : “Jusques à quand ?”
26 Le prophète Jérémie protesta lui aussi en utilisant cette même question : “Jusques à quand ?” Il déclara à la nation d’Israël : “Purifie ton cœur du mal, Jérusalem, afin que tu sois sauvée ! Jusques à quand garderas-tu dans ton cœur tes pensées iniques ?” — Jér. 4:14.
27. a) Pourquoi la mission confiée à Ésaïe par Jéhovah rendait-elle le prophète malheureux ? b) Qu’est-ce qui déterminerait le genre de message qu’Ésaïe devrait délivrer ?
27 Ésaïe, lui aussi, ne devait pas être heureux à la pensée que son propre peuple se laisserait aller à un état spirituel si bas que Jéhovah devrait finalement prendre une décision extrême contre lui, le punir avec sévérité et d’une manière inhabituelle. Cependant, jusqu’à quand les Israélites rendraient-ils leur cœur et leurs oreilles insensibles ? Jusqu’à quand fermeraient-ils les yeux et refuseraient-ils de revenir à Dieu pour recouvrer la santé spirituelle ? Certainement avant que tout espoir de guérison ne soit perdu, avant qu’ils ne soient détruits ! C’est du moins ce qu’espérait Ésaïe et il ne pouvait se retenir de poser cette question : “Jusques à quand, Seigneur ?” Jéhovah Dieu savait à l’avance ce qu’il allait advenir, et sa prescience, telle qu’elle fut révélée à Ésaïe, rendait certain le message que le prophète délivrerait contre son propre peuple. Jusqu’à quand cela durerait-il donc ?
28. Comment Jéhovah répondit-il à la question d’Ésaïe ?
28 L’exclamation d’Ésaïe, protestation remplie d’effroi, était une question importante posée à Jéhovah Dieu qui, en réponse, poursuivit son exposé en disant : “Jusqu’à ce que les villes soient dévastées et sans habitants, qu’il n’y ait plus personne dans les maisons, et que la terre soit ravagée et déserte ; jusqu’à ce que Jéhovah ait éloigné les hommes et que la solitude soit grande dans le pays.” — Is. 6:11, 12, AC.
29. a) Jusqu’à quel point l’état spirituel du peuple déclinerait-il ? b) Quel message Ésaïe était-il dans l’obligation d’annoncer, et comment prouva-t-il qu’il était un témoin fidèle ?
29 Hélas, l’affaiblissement spirituel du peuple d’Ésaïe ne pouvait manquer de s’accentuer jusqu’à ce que s’abattent sur lui les terribles conséquences de sa conduite impie, ce qui avait été prévu à l’avance dans l’alliance faite avec la nation d’Israël, laquelle alliance avait annoncé ce qui arriverait à ceux qui la rompraient d’une manière obstinée (Lév. 26:22-41 ; Deut. 28:49-68). Ésaïe serait donc dans l’obligation d’annoncer une ruine prochaine, la désolation et la déportation de son propre peuple. C’est effectivement ce qu’il fit. Il ne pouvait s’y soustraire, car il s’agissait d’une prédiction exacte. C’était un message venant de Jéhovah pour “ce peuple”, et le prophète Ésaïe s’était offert lui-même et avait demandé à être envoyé en disant : “Me voici, envoie-moi.” Il ne retira ni son offre ni sa demande. Quelle que soit la dureté du message divin à prononcer contre son peuple, il ne reviendrait pas sur sa décision. Il prouva donc qu’il était un témoin de Jéhovah fidèle.
30. a) Ésaïe a-t-il annoncé le message prophétique de Jéhovah jusqu’à ce que les maisons soient privées de leurs habitants ? b) Est-ce en vain qu’Ésaïe a obéi à l’ordre divin ?
30 Ésaïe continua de prophétiser jusque durant le bon règne du roi Ézéchias, l’arrière-petit-fils du roi Ozias, vers les années 775 à 732 avant notre ère, soit pendant quelque quarante-trois ans environ. Lui-même ne prêcha donc pas jusqu’en 607 avant notre ère, date à laquelle Jérusalem et son temple furent détruits, le pays entier de Juda désolé, les maisons privées de leurs habitants et un reste de Juifs survivants emmené de Juda jusque dans le pays lointain de Babylone où ils languirent en exil. Un petit nombre de Juifs de modeste condition fut laissé dans le pays, mais ils eurent peur de la vengeance de Babylone et s’enfuirent en Égypte où ils moururent. Ainsi, bien qu’Ésaïe eût achevé son œuvre de prophète 125 ans environ avant ce désastre national, le dur message que Jéhovah l’avait envoyé proclamer à son propre peuple s’avéra exact, pour la plus grande douleur de ce dernier. Ce n’est pas en vain qu’Ésaïe avait été envoyé et qu’il avait obéi. — II Chron. 36:15-21 ; II Rois 25:1-26.
UNE “SAINTE POSTÉRITÉ” SEMBLABLE À UNE SOUCHE
31. Quelles paroles Jéhovah ajouta-t-il pour que le message qu’il confia à Ésaïe ne soit pas dénué de tout espoir ?
31 Cependant, le message qui avait été confié à Ésaïe au temple de Jéhovah n’était pas dénué de tout espoir, car Jéhovah ajouta ces paroles finales : “Y reste-t-il encore un dixième ? Il sera encore une fois bon à consumer ! Comme le térébinthe et le chêne, chez lesquels, dans l’abattage, la souche reste : sa souche sera une race [postérité, Sg] sainte.” (Is. 6:13, Dhorme). Ceci réconforta Ésaïe, lui donnant l’assurance qu’il y aurait un reste saint parmi “ce peuple”. Bien que la nation d’Israël dût être consumée à plusieurs reprises, semblable à un grand arbre que l’on abat pour obtenir du combustible, l’arbre symbolique d’Israël garderait sa souche verte. Au contact de l’eau, cette souche pousserait de nouveau et l’arbre recommencerait à croître. Ce reste ou souche, toujours enraciné dans le sol, serait un germe ou une postérité sainte aux yeux de Jéhovah.
32. a) Comment cette partie réconfortante du message d’Ésaïe s’avéra-t-elle exacte ? b) Pour ce qui est de cette prophétie faite au temple, qu’est-ce qui allait alors être possible, et comment cela affecte-t-il notre époque ?
32 Cette partie réconfortante du message délivré par Ésaïe, que Dieu avait envoyé, s’avéra également exacte. Après que le pays de Juda eut enduré une grande désolation de soixante-dix ans, un reste de Juifs repentants et craignant Dieu revint de Babylone, où il était en exil, en 537 avant notre ère. Ces Juifs reconstruisirent le temple de Jéhovah ainsi que la ville de Jérusalem. La “sainte postérité” fut ainsi employée à la restauration de la pure adoration de Jéhovah Dieu dans le pays de Juda (II Chron. 36:20-23 ; Esdras 1:1 à 6:22). Ce retour des Juifs dans le pays que Dieu leur avait donné, rendait possible le second accomplissement de la prophétie que Jéhovah avait transmise à Ésaïe dans le temple, mais cette fois en rapport avec le Grand Ésaïe. Ces deux accomplissements historiques touchant l’Israël naturel fournirent une image prophétique d’un troisième accomplissement de cette prophétie qu’Ésaïe reçut au temple, et ce dernier accomplissement a lieu à notre époque. Examinons-le donc.
[Notes]
a Quant à l’emploi du nom Jéhovah dans ce passage, la note b sur Isaïe 6:1 dans la New World Translation of the Hebrew Scriptures (éd. de 1958, tome IV) déclare : “‘Jéhovah’, “Bible syriaque” et environ 100 manuscrits hébreux ; ‘la dignité de Jéhovah’, les targums ; ‘le Seigneur’, LXX ; ‘Dominus’, Vulgate ; ʼAdhonay, Texte massorétique et Manuscrits de la mer Morte, rouleau d’Isaïe. Il s’agit d’un des 134 passages dans lesquels les Sopherim juifs ont changé le texte hébreu original en écrivant ʼAdhonay à la place de Yehowah.”
b Voyez le paragraphe 7 de l’article suivant.
[Illustrations, page 204]
“Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous ?”
[Illustration, page 207]
“Jusqu’à ce que les villes soient dévastées et sans habitants.”