Ce que les adolescents attendent de leurs parents
CHAQUE adulte a d’abord été un adolescent. Ceux qui ont des enfants adolescents sont donc eux-mêmes passés par cette période de la vie et devraient comprendre les problèmes et les déboires des jeunes. Mais, trop souvent, les parents ne se souviennent plus des problèmes qu’ils avaient à cet âge et ne se montrent pas compréhensifs. Un grand-père raconte ainsi sa propre expérience:
“Quand j’étais enfant, je trouvais la discipline familiale souvent dure et injuste. Lorsque je serai grand, disais-je, et que j’aurai des enfants, je les disciplinerai avec amour, je les écouterai et je raisonnerai avec eux.
“Mais quand j’ai atteint cette étape de ma vie, je me suis rendu compte qu’élever une famille n’était pas de tout repos. Mes longues journées de travail ne me permettaient pas de voir beaucoup mes enfants, et, quand j’étais avec eux, je m’impatientais et je m’emportais facilement.
“Les enfants grandissent beaucoup trop vite. À présent, je suis grand-père, et mon attitude est tout à fait différente de celle que j’avais en tant que père. Je trouve le temps de jouer avec mes petits-enfants et d’apprécier leur compagnie. Quand ils sont punis, je suis souvent tenté de prendre leur défense, car j’estime que leurs parents sont trop durs avec eux et qu’ils manquent de compréhension. Si seulement les parents pouvaient avoir la patience et la compréhension des grands-parents!”
Les parents oublient souvent qu’il est normal pour un adolescent d’affirmer sa personnalité et d’exprimer des besoins qui lui sont propres. Faute de comprendre cette nécessité, les problèmes commencent à surgir. Un ministre, qui a publié une étude sur les problèmes des adolescents, posa cette question à bon nombre d’entre eux: “Qu’attendez-vous principalement de vos parents?” Ils répondirent presque sans exception:
“ÊTRE COMPRIS”
Une jeune fille de 15 ans exprima ce désir en ces termes: “J’ai de bons parents, mais je voudrais qu’ils comprennent que je ne suis plus un petit enfant. Ils me traitent comme si j’allais encore au cours élémentaire. Si seulement ils pouvaient me comprendre et me faire confiance!” Oui, elle désirait que ses parents tiennent compte de son âge et modifient certaines de leurs exigences.
Ce besoin d’une plus grande liberté est inhérent à la croissance vers l’âge adulte, et beaucoup de parents ont du mal à l’accepter. Leur enfant s’était toujours appuyé sur eux, il dépendait d’eux entièrement, et cela leur plaisait. Mais maintenant que cet enfant est adolescent, il devient plus indépendant et plus sûr de lui. Ce changement d’attitude n’est pas mauvais, car à un âge relativement jeune, certains adolescents commencent déjà à développer une mentalité d’adultes. Nous en avons un exemple biblique, celui du roi Josias. Nous lisons à son sujet: “Alors qu’il était encore un garçon [d’environ 15 ans], il commença à rechercher le Dieu de David.” Vers l’âge de 25 ans, il s’en prit résolument au faux culte que son père avait favorisé. Cet adolescent pouvait agir librement. Son attitude et ses actions étaient-elles mauvaises simplement parce qu’il était jeune? Non (II Chron. 34:1-8). De même, le jeune David avait de bons mobiles lorsqu’il cherchait à combattre Goliath, mais son frère aîné les interpréta mal. — I Sam. 17:26-28.
Cependant, comme l’adolescent n’est pas encore un adulte, ses désirs dénotent parfois un manque de maturité. Il a par exemple besoin de s’amuser. Ses parents devraient donc comprendre que lorsque eux ont envie de se détendre, lui a de l’énergie à dépenser. Un jeune a aussi besoin de compagnie, et si ses parents n’y pourvoient pas, il cherchera lui-même des amis, qui risquent de ne pas être à leur goût.
La plupart des adolescents aiment se réunir entre eux. À cause de la conduite que certains adoptent parfois lors de ces réunions, les parents sont enclins à les interdire. Mais les interdire complètement serait décourageant et déprimant pour l’adolescent (Col. 3:21). Si les parents organisent eux-mêmes des réunions, ils auront le droit de vérifier la liste des invités et de surveiller les activités, ce qui évitera bien des problèmes. La réussite en sera d’autant plus assurée si les jeunes participent aux préparatifs.
Lorsqu’un adolescent commet une faute et se trouve en difficulté, c’est le moment où jamais de lui témoigner de la compréhension. Les parents feraient bien de se rappeler leur propre jeunesse et les fautes qu’ils ont eux-mêmes commises à cause de leur inexpérience. Ils seront alors moins enclins à réagir violemment et à se montrer trop critiques. S’ils veulent que leur enfant vienne les trouver quand il aura des ennuis, qu’ils lui inspirent donc confiance par la façon dont ils réagissent devant les fautes de moindre importance.
Si la faute tient de l’étourderie, les parents devraient faire preuve de beaucoup de bienveillance et de considération. Ils s’efforceront d’expliquer à leur enfant en quoi il a mal agi et comment il peut éviter de commettre à nouveau la même erreur. Mais jamais ils ne devraient dire à l’enfant que c’est lui-même qui est mauvais.
Que faire, cependant, si l’adolescent s’attire de graves ennuis à l’école, à cause de son indiscipline, avec la police ou pour des questions de drogue ou d’immoralité? S’ils lui ont donné une éducation appropriée, les parents peuvent espérer qu’une telle chose n’arrivera pas. Mais supposons qu’elle se produise quand même. C’est alors que l’enfant a plus que jamais besoin de recevoir de l’aide et des conseils avisés.
Un tel problème est très éprouvant pour les parents qui se demandent généralement: “Quelle erreur avons-nous commise?” Souvent, ils menacent et condamnent l’enfant rebelle, qui risque alors de s’aigrir et de s’endurcir. Jéhovah, lui, était compréhensif envers son peuple et prêt à pardonner quand celui-ci avait dévié du droit chemin. Il prenait l’initiative de communiquer avec lui et lui offrait son aide, même si son péché était très grave. Nous lisons en effet: “‘Venez et remettons les choses en ordre entre nous’, dit Jéhovah. ‘Quand vos péchés seraient comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme la neige.’” — És. 1:18.
L’avenir de l’adolescent dépend de la manière dont on le traite pendant cette période critique. Ne dites ni ne faites rien qui le ferait hésiter à revenir vers vous comme le “fils prodigue” revint vers son père. Les parents ne devraient jamais renoncer tant que leur enfant est sous leur autorité. Imitez plutôt Jéhovah en faisant preuve de patience et de miséricorde. — Jacq. 2:13; II Pierre 3:9, 15; Luc 15:11-24.
ÊTRE TRAITÉS COMME DES INDIVIDUS À PART ENTIÈRE
Un adolescent a notamment besoin qu’on le traite comme un individu à part entière. Charles Foster dit dans son livre Psychologie pour la vie actuelle (angl.):
“On s’accorde à dire que manger et dormir ne suffisent pas à l’être humain. Il désire qu’on le reconnaisse comme un individu à part entière et sentir qu’il réussit dans la vie.
“Chacun se sent mieux et travaille plus efficacement s’il est capable de réussir dans un certain domaine et s’il a le sentiment que sa place est importante. La plupart de ceux qui étudient le comportement social de l’individu sont d’avis que tout être humain a des talents inutilisés, qu’il y a quelque chose qu’il peut faire bien ou mieux, si l’on arrive à découvrir de quoi il s’agit.”
L’adolescent a besoin qu’on le considère comme différent des autres. Les parents savent bien qu’il n’y a pas deux enfants pareils, et que l’éducation et la discipline qui conviennent à l’un sont inefficaces pour l’autre. Or, cela s’avère surtout vrai quand les enfants deviennent adolescents.
Il n’est donc pas bon de comparer un enfant à un autre. Comparer le travail d’une personne à celui d’une autre qui lui est supérieure engendre du ressentiment, mais n’encourage pas (voir II Corinthiens 10:12). L’adolescent veut être accepté pour ce qu’il est et pour ce qu’il est capable de faire en tant qu’individu. Il désire être aimé par ses parents pour ce qu’il est personnellement et être traité avec humanité. Par contre, il ne veut pas qu’on le couve ni qu’on le considère toujours comme un enfant.
DES RÈGLES RAISONNABLES
L’adolescent a également besoin de règles et de principes raisonnables. Le contre-amiral James Calvert, surintendant de l’École navale des États-Unis et père de trois enfants, déclara récemment, selon le Detroit News:
“Les gosses d’aujourd’hui en apprennent plus par la télévision que par tout ce que nous pourrions jamais leur enseigner. L’adolescent moyen de 15 ans passe chaque jour vingt minutes à lire et deux heures à regarder la télévision.”
Après avoir commenté l’échec des parents qui n’ont pas su inculquer à leurs enfants le ‘sens du devoir et de la fierté familiale’, il poursuivit en disant: “Sans discipline, on ne peut faire comprendre la notion fondamentale de respect.” Calvert compara la discipline à une coquille d’œuf. “Quand elle est intacte, dit-il, l’œuf est solide et beau. Mais qu’elle se casse, et l’œuf se répand bientôt partout.
“Les jeunes ne demandent peut-être pas la discipline, mais ils en ont désespérément besoin. Une ferme discipline donne aux enfants un sentiment de sécurité.”
L’adolescent a besoin de se sentir protégé par une discipline raisonnable. Peut-être ne reconnaîtra-t-il pas volontiers la nécessité de certaines règles ou restrictions, mais il admettra rapidement que ses parents se doivent d’être conséquents avec leurs exigences. Il veut savoir ce qu’il peut ou ne peut pas faire et il se sent frustré de voir ces règles changer de jour en jour selon l’humeur des parents. Jésus a dit: “Que votre mot Oui signifie bien Oui, votre Non, Non.” — Mat. 5:37.
Les règles et les restrictions peuvent être comparées à des frontières. L’adolescent a besoin qu’on les définisse clairement, puis qu’on le laisse libre à l’intérieur de celles-ci et qu’on lui fasse confiance. Un père prit comme exemple ce qu’il avait lui-même fait avant de louer une maison. Il dit:
“C’était une région boisée. L’une des premières choses que nous avons demandée à connaître était les limites du terrain. Nous voulions savoir ce que nous pouvions faire dans la propriété. Et il était nécessaire que nous le sachions pour pouvoir vivre heureux ici. Imaginez combien cela aurait été gênant et décevant si le propriétaire avait déplacé les limites toutes les semaines. Le même principe s’applique aux restrictions que l’on impose à un adolescent. Après lui avoir donné des règles raisonnables, faites-lui confiance et laissez-le libre à l’intérieur de ces limites.”
Il n’est pas nécessaire que les règles soient rigides à l’excès. À l’occasion de quelque événement particulier, on peut très bien envisager d’y faire exception.
ÊTRE AIDÉS À SE FIXER DES BUTS
Diriger un adolescent signifie aussi l’aider à se fixer des buts dans la vie, à choisir une profession, puis à lui donner la possibilité de recevoir l’instruction profane nécessaire. Toute personne devrait avoir le sentiment qu’elle est digne d’intérêt, et que ce qu’elle fait en vaut la peine. Elle devrait pouvoir se respecter et être fière d’elle.
Les parents montreront qu’ils s’intéressent à leur enfant adolescent en lui choisissant une profession qui lui convienne. Ils tiendront compte de ses “dons”, de ses talents et de ses préférences (voir Romains 12:6). Ils l’aideront aussi à se choisir des buts accessibles. Tout le monde ne peut avoir une position éminente. Il est plus réaliste de se fixer d’abord des buts relativement modestes et d’en choisir de plus élevés une fois que les premiers auront été atteints.
C’est une lourde responsabilité que de donner aux jeunes une instruction qui leur permettra de faire face aux problèmes de leur vie d’adultes. Il leur faut apprendre un métier et y devenir habiles, de sorte qu’ils puissent assurer eux-mêmes leur subsistance (I Tim. 5:8; Prov. 31:10, 19, 20). Bien que Jésus fût appelé à devenir le Messie, Joseph, son père nourricier, lui apprit un métier, de sorte qu’il était connu comme “le charpentier” ou “le fils du charpentier”. (Mat. 13:55; Marc 6:3.) L’apôtre Paul pourvoyait aussi à ses besoins et à ceux de ses compagnons en fabriquant des tentes. — Actes 18:1-4; 20:33, 34.
Tandis qu’il se prépare à affronter les problèmes de la vie d’adulte et à en accepter les responsabilités, l’adolescent a besoin du soutien et des encouragements de ses parents pour persévérer. Quand il a du mal à faire ses devoirs ou qu’il a envie de tout abandonner, ses parents peuvent être une source de réconfort pour lui en montrant qu’ils comprennent ses déboires et en discutant franchement avec lui. S’ils aident de temps à autre leur fils ou leur fille à faire ses devoirs, ils se rendront mieux compte des difficultés que cela représente et seront mieux à même de lui offrir des suggestions pratiques. Il suffit parfois qu’une mère ou un père compréhensif prenne le temps de parler du problème avec son enfant pour que celui-ci trouve l’encouragement dont il a besoin pour passer le cap.
SENTIR QUE L’ON A BESOIN D’EUX
Sans doute le plus cher désir de l’adolescent est-il de sentir que l’on a besoin de lui. Voilà pourquoi les jeunes demandent parfois à leurs parents s’ils ont été adoptés, ou si leur venue était souhaitée. Ils ont besoin d’être rassurés sur l’amour de leurs parents. En fait, nous avons tous soif de ce sentiment rassurant d’être aimés. Si les parents reconnaissent les besoins de leurs enfants adolescents et qu’ils les satisfassent avec compréhension, la famille tout entière en sera plus heureuse.