Ils témoignent dans le pays aux 700 langues
CONNAISSEZ-VOUS un pays plus petit que l’Espagne, mais dont les habitants, qui sont bien moins de quatre millions, parlent près du quart des langues existantes? Savez-vous quel pays occupe grosso modo la moitié de la deuxième île au monde pour ce qui est de la superficie? Cette île est la Nouvelle-Guinée, le pays en question s’appelle la Papouasie-Nouvelle-Guinée, et ses habitants parlent plus de 700 langues! Comment ce creuset linguistique s’est-il constitué?
Un énorme creuset linguistique
La Papouasie-Nouvelle-Guinée est un pays d’îles situé au nord de l’Australie et à quelques degrés seulement au sud de l’équateur. Il est formé d’environ 600 îles tropicales éparpillées sur plus de 1 600 kilomètres. Toutefois, le territoire de la Papouasie-Nouvelle-Guinée est constitué à plus de 80 % par la moitié de l’immense île de Nouvelle-Guinée, l’autre moitié, située à l’ouest, appartenant à l’Indonésie.
On pense que les premiers habitants de la Nouvelle-Guinée ont émigré de l’Asie via l’Indonésie. Par la suite, ils ont été rejoints par des Mélanésiens et des Polynésiens. La couleur de la peau des insulaires va du marron clair au noir ébène. Certains sont petits et corpulents, tandis que d’autres sont grands et minces. La plus vaste partie de l’intérieur du pays étant inhospitalière, recouverte d’épaisses forêts et de hautes montagnes, les nombreuses tribus, presque totalement isolées les unes des autres, ont développé leur propre langue. La plupart de ces langues papoues ont une grammaire très complexe. Oui, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est le pays aux 700 langues environ, et non aux 700 dialectes.
En 1975, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est devenue une nation indépendante, membre du Commonwealth britannique. Il s’agit d’une démocratie parlementaire. Le chef de l’État est le monarque britannique, mais le premier ministre, un insulaire. Bien que l’anglais soit aujourd’hui la langue officielle du pays, beaucoup de personnes appartenant aux 700 groupes linguistiques existants parlent l’une ou l’autre des deux langues les plus usitées: l’hiri motu et le pidgin mélanésien.
Une langue supplémentaire
Mais, aussi étrange que cela puisse paraître, il y a quelques années une “langue” manquait toujours dans ce pays aux 700 langues. Laquelle? La “langue pure” — la vérité de la Bible relative à Dieu et à son Royaume (Sophonie 3:9). Cette nouvelle langue n’a été introduite en Papouasie-Nouvelle-Guinée qu’aux alentours de 1935.
Tout a commencé quand le Lightbearer (Porteur de lumière), un petit bateau de pêche à voile et à moteur dirigé par un équipage de Témoins de Jéhovah, a quitté l’Australie pour jeter finalement l’ancre dans la baie de Port Moresby, sur la côte sud-est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. C’était la première fois que les habitants entendaient parler la “langue pure” — le message du Royaume de Dieu diffusé au moyen de haut-parleurs installés sur le pont du Lightbearer.
Cependant, ce n’est qu’en 1951 que cette “langue pure” a été mieux connue et utilisée. À compter de cette année-là, des Témoins volontaires sont venus d’Australie, du Canada, des États-Unis, d’Allemagne, d’Angleterre et de Nouvelle-Zélande pour s’installer en Papouasie et en Nouvelle-Guinée, comme on appelait alors ce territoire. Après avoir donné le témoignage aux Européens qui s’y trouvaient, ils ont rapidement découvert le moyen de parler du Royaume de Dieu aux natifs de l’île. Ils sont allés les trouver chez eux, ce qui était plus difficile, certaines maisons étant bâties sur pilotis, au-dessus de l’eau ou non.
Bien sûr, pour enseigner la “langue pure” à cette population multilingue, les Témoins étrangers ont dû apprendre au moins l’une des deux langues commerciales courantes. Cela n’a pas résolu tous leurs problèmes, étant donné que ni l’une ni l’autre n’était la langue maternelle des habitants, mais simplement un amalgame permettant aux gens qui parlaient des langues différentes de communiquer entre eux. En outre, même ces deux langues n’étaient pas parlées par tous les insulaires. Pour donner le témoignage, les Témoins devaient donc souvent s’adresser à une personne dans l’une des langues courantes, et cette personne traduisait ensuite le message à tous les autres auditeurs.
Les Témoins utilisaient également des méthodes d’enseignement originales. Par exemple, ils faisaient des dessins simples sur un tableau noir ou sur toute autre surface adéquate. Avec le temps, des publications bibliques et les périodiques ont été traduits dans les langues courantes, l’hiri motu et le pidgin mélanésien. La brochure Vivez éternellement heureux sur la terre! en ces deux langues est particulièrement utile pour enseigner la “langue pure” aux insulaires.
Un membre de la famille royale entend la “langue pure”
Jésus Christ a dit que ses disciples seraient ‘traduits devant des gouverneurs et des rois, à cause de lui, en témoignage pour eux’. (Marc 13:9). Le 9 août 1984, des missionnaires Témoins de Jéhovah ont eu l’occasion de donner le témoignage à un membre de la famille royale sur l’île Manus, dans des circonstances plus agréables toutefois. Ce jour-là, le prince Charles, héritier du trône britannique, était en visite dans l’île.
Dans leurs pirogues décorées, des membres de la tribu Titan ont escorté le prince de son bateau à la plage située en face de la maison de missionnaires, de l’autre côté de la route. Après avoir été accueilli par une centaine de danseurs et avoir été couronné “chef”, le prince a été emmené à un déjeuner auquel les missionnaires avaient été invités par le plus haut dignitaire de l’île Manus. Quand le prince leur a demandé ce qu’ils faisaient sur l’île, ils lui ont brièvement expliqué en quoi consistait leur activité. Ils sont très heureux d’avoir eu l’occasion de l’informer que Jéhovah a aussi des serviteurs sur la lointaine île Manus.
Soit dit en passant, la femme qui a présenté les missionnaires au prince Charles a elle-même lu le livre Vous pouvez vivre éternellement sur une terre transformée en paradis. Un jour, elle a rendu une visite inopinée aux missionnaires et a discuté avec eux autour d’une tasse de café.
Un homme politique apprend la nouvelle langue
Parlons maintenant d’un homme d’affaires de Nouvelle-Guinée. Il s’occupait de politique et participait aux activités de l’Église luthérienne. Mais les membres de cette Église étaient si divisés que les deux pasteurs adverses ont formé deux clans qui se sont affrontés pendant près d’un an, armés d’arcs, d’épées et de boucliers. Les combats ont fait neuf morts et de nombreux blessés. Cet homme a décidé de quitter l’Église luthérienne, mais il se demandait où trouver des chrétiens véritablement unis. ‘Il ne peut s’agir des Témoins de Jéhovah, pensait-il, car ce sont de faux prophètes.’
Il avait toujours cette opinion quand des Témoins de Jéhovah de sa région lui ont demandé de leur louer son autocar pour se rendre à une assemblée de district. Les affaires étant les affaires, il a accepté, et c’est même lui qui les y a conduits. Le dimanche, il a assisté au programme et il a été profondément impressionné par la paix et la tranquillité qui régnaient parmi les assistants, ainsi que par l’attention soutenue que tous — adultes et enfants — manifestaient, lisant dans leur propre Bible les versets que les orateurs citaient. Il a été encore plus impressionné à l’heure du repas en voyant que les Témoins, souriants, faisaient la queue patiemment à la cafétéria, et que les Blancs et les orateurs attendaient leur tour comme les autres et consommaient la même nourriture. Durant le voyage de retour, qui a duré six heures, il a entendu les Témoins chanter avec joie des cantiques du Royaume. ‘Quel contraste avec les luthériens belliqueux!’ s’est-il dit.
Cet homme a accepté d’étudier la Bible avec un Témoin de son voisinage, mais en secret, afin de ne pas déplaire aux autres luthériens. Cependant, il est rapidement devenu assez fort spirituellement pour se retirer de son Église et se démettre de ses fonctions politiques. Lui et sa femme ont appris ‘une langue pure, et ce fut un changement’. Ils ont commencé à ‘invoquer le nom de Jéhovah, pour le servir épaule contre épaule’ aux côtés de Ses témoins unis. — Sophonie 3:9.
Une grande œuvre d’enseignement reste à accomplir
Quelle œuvre merveilleuse ont accomplie les missionnaires et les autres Témoins volontaires qui sont venus de l’étranger pour enseigner la “langue pure” en Papouasie-Nouvelle-Guinée! De seulement deux qu’ils étaient en 1951, les Témoins de Jéhovah prédicateurs et enseignants sont passés à plus de 1 800, dont la plupart sont natifs du pays.
Ces Témoins sont une source d’encouragement pour ceux qui sont venus d’autres pays afin de prêcher ici. Un Témoin anglais qui vit sur l’île de Bougainville a écrit: “L’une des choses les plus encourageantes nous incitant à continuer de servir Jéhovah ici est de voir que nos frères de Papouasie-Nouvelle-Guinée continuent eux aussi de servir Jéhovah fidèlement, dans des conditions très difficiles souvent. Beaucoup d’entre eux n’ont pas de maison, mais doivent vivre chez des parents. Il leur faut souvent parcourir à pied de longues distances par une chaleur exténuante ou sous une pluie diluvienne afin de se rendre aux réunions ou de participer à la prédication. L’une de nos sœurs papoues vit en brousse. Pour gagner du temps lorsqu’elle nous rejoint pour donner le témoignage dans les rues, son mari lui fait traverser une rivière sur une grosse chambre à air avec sa petite fille et son bébé.”
Il reste une grande œuvre d’enseignement à accomplir parmi la population. Les gens manifestent de l’intérêt pour le message. Nous en avons pour preuve que 10 235 personnes ont assisté au Mémorial de la mort du Christ en 1987. Mais il faut davantage de proclamateurs pour s’occuper de toutes les personnes qui manifestent de l’intérêt pour la “langue pure”. Voici ce qu’a déclaré un Témoin étranger, qui est venu ici parce qu’il désirait servir là où le besoin était plus grand: “Je suis triste en pensant à toutes ces personnes qui manifestent de l’intérêt dans les villages de Papouasie-Nouvelle-Guinée isolés dans la brousse, car nous manquons vraiment d’ouvriers dans la moisson ici. À n’en pas douter, le besoin est grand dans cette partie du monde. Mais nous savons que Jéhovah en est conscient et qu’il va pourvoir aux besoins de ces personnes assoiffées de vérité.”
Et vous? Aimeriez-vous être de ceux qui enseignent la “langue pure” dans ce pays aux 700 langues?
[Carte, page 21]
(Voir la publication)
AUSTRALIE
PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE
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Bougainville