Comptes rendus extraits de l’Annuaire 1961 des Témoins de Jéhovah
BELGIQUE
Population : 9 026 778 habitants ; maximum de proclamateurs : 7 065 ; proportion 1 pour 1 278.
Ce pays catholique de langue française a fait preuve d’un vif intérêt pour la vérité, et les témoins de Jéhovah font tout ce qu’ils peuvent pour aider les personnes de bonne volonté à trouver le chemin de la vie éternelle. Ceux qui appartiennent à la société du monde nouveau ont des raisons de se réjouir car, aujourd’hui, plus de 7 000 proclamateurs sont engagés dans la prédication. Cet été, à Bruxelles, ce fut un réel plaisir de saisir l’occasion de se réunir avec les frères d’expression flamande et d’expression française, et d’observer leur zèle. Les périodiques La Tour de Garde et Réveillez-vous ! ont contribué à leur bonheur ; nos frères belges s’en servent utilement pour aider les gens à prendre position du côté de Jéhovah. Le serviteur de filiale nous relate quelques expériences intéressantes montrant ce qui se passe en Belgique.
Au cours de l’année un pas important a été fait dans la défense et l’établissement légal de la bonne nouvelle dans ce pays. Une cause a été présentée devant la Cour d’appel de Liège. La question était celle-ci : Les témoins de Jéhovah forment-ils une religion et se livrent-ils à l’adoration publique dans leurs salles du Royaume ? Le Service des Contributions avait répondu négativement et refusé de leur accorder l’exemption de l’impôt foncier, alléguant que ce que les témoins de Jéhovah faisaient dans leurs salles du Royaume n’avait aucun rapport avec l’adoration publique. La cause fut débattue par la Cour et l’avocat choisi par la Société défendit vigoureusement l’argument selon lequel il n’appartenait pas au tribunal de décider si la religion des témoins était la bonne ou la mauvaise mais que son rôle se bornait à décider si les témoins de Jéhovah professent une religion et, dans ce cas, si, dans leurs salles du Royaume, ils pratiquent leur religion conformément à leurs coutumes, et si les réunions sont ouvertes au public. Un puissant témoignage fut rendu. Le 25 juin, la Cour décida que les témoins de Jéhovah devaient être reconnus comme exerçant une religion et les salles du Royaume considérées comme des lieux d’adoration publique, tout comme les cathédrales catholiques et les temples protestants ; que, par conséquent, l’exemption de l’impôt devait leur être accordée comme aux autres.
Pour obtenir des résultats, il ne suffit pas de placer des périodiques. Il est également essentiel pour le proclamateur de noter par écrit le placement et de revisiter les gens. Un pionnier spécial travaillait dans un territoire, accompagné d’un nouveau proclamateur. Ce dernier remit deux périodiques à une dame mais omit de noter son adresse. Avec tact, le pionnier lui démontra la nécessité de le faire. Cette précaution était importante puisque, lorsqu’ils revinrent, la dame les fit entrer. À la fin du sermon pour visites, une étude fut amorcée à l’aide de la brochure “ Cette bonne nouvelle du Royaume ” et des dispositions furent prises pour la continuer la semaine suivante. Quand le pionnier revint au jour convenu, eh bien ! la dame avait invité sa propriétaire et son oncle à assister à l’étude. Résultat : cinq livres et une Bible furent placés et trois abonnements souscrits. L’étude se poursuivit ; maintenant, ces dames sont des proclamatrices. N’oubliez pas de consigner par écrit l’adresse des personnes montrant de l’intérêt et retournez chez elles.
Le fait de revisiter la personne qui a manifesté de l’intérêt est une méthode apostolique établie dans Actes 15:36. De telles visites contribuent à augmenter l’intérêt des personnes de bonne volonté pour l’étude biblique à domicile. Mais que faire, si, lors de votre première visite, les gens manifestent de l’opposition ou très peu d’intérêt ? Faut-il retourner chez de telles personnes ? Un frère allait de magasin en magasin avec les périodiques avant l’étude de livre de l’assemblée. Il rencontra un couple travaillant dans un atelier de réparations de chaussures. Ces gens étaient très occupés. Une conversation s’engagea au cours de laquelle ils objectèrent qu’ils n’avaient pas le temps de s’intéresser à la religion. “ La religion ”, dirent-ils, “ c’est seulement pour ceux qui n’ont rien à faire. ” L’homme était incroyant et hostile à toute forme de religion. Il ajouta que le proclamateur était trop jeune pour lui apprendre quelque chose à ce sujet. L’entretien ayant pris une mauvaise tournure, le proclamateur décida de présenter les périodiques. La femme les prit pour lui faire plaisir, mais le mari conseilla vivement au frère de ne plus revenir. Néanmoins, le proclamateur jugea que, de toute façon, il convenait de faire une nouvelle visite. L’homme, bien que très hostile, donnait l’impression d’être une victime de la fausse religion. C’est ainsi qu’une visite eut lieu toutes les semaines pendant trois mois environ. Dans l’atelier ils discutaient de sujets tels que l’inspiration de la Bible, les raisons de sa véracité, l’origine des races, l’exactitude du récit concernant le déluge, etc (...) L’homme était frappé de voir le frère se servir des Écritures chaque fois qu’il faisait ressortir et voulait prouver un argument. Le proclamateur offrit de lui apporter une Bible ; il accepta. Il se mit à lire la Genèse mais cette lecture souleva de sa part une quantité d’objections touchant les “ contradictions ” qu’il trouvait dans le texte. Le frère l’aida à voir que ces contradictions n’étaient qu’apparentes, que le contexte facilitait la compréhension de l’idée. Il lui montra que la plupart des explications se trouvaient dans le livre “ Que Dieu soit reconnu pour vrai ”. L’homme prit un exemplaire de ce dernier ouvrage ; l’étude commença la semaine suivante et, dès lors, se tint, non plus dans l’atelier, mais à l’intérieur de la maison, autour de la table ; cet homme manifeste à l’égard de la vérité un intérêt de plus en plus vif. Sa femme a avoué au frère qu’il avait été émerveillé de la patience dont il avait fait preuve en le revisitant bien que les premiers résultats ne fussent pas très encourageants pour lui. Auparavant, un prêtre catholique était venu les voir, mais au bout de deux ou trois fois il cessa ses visites. Aujourd’hui, l’étude progresse d’une manière convenable. C’est un fait que les brebis du Seigneur entendront sa voix en dépit des préventions qu’elles ont au début.
Il est possible de prêcher au moyen de lettres et d’obtenir d’excellents résultats. Une jeune fille de quinze ans était entrée au couvent. À l’époque elle ignorait tout de la vérité. Deux ans plus tard, elle reçut une lettre de son frère, devenu témoin de Jéhovah. La lettre contenait un bon témoignage mais elle ne voulut rien savoir à ce sujet. Son frère continua à lui écrire, et chaque fois, comme elle l’a raconté plus tard, elle avait l’impression de recevoir un cours biblique. Puis, comme les lettres de son frère devenaient un peu trop brûlantes pour la supérieure chargée de la censure, aucun courrier ne lui fut plus remis. La jeune personne avait régulièrement l’autorisation de sortir du couvent afin de poursuivre ses études en vue de l’obtention d’un diplôme. Un jour, dans le car qui la ramenait au couvent, le chauffeur engagea une conversation avec elle. Elle comprit vite qu’il tenait le même langage que son frère dans ses lettres. Elle apprit ainsi qu’il était, lui aussi, un témoin de Jéhovah. Plus tard, elle s’arrangea pour monter dans le car où elle trouva le même chauffeur qui lui parla de la vérité. Le frère, ayant pris des dispositions pour conduire une étude, la religieuse sortit régulièrement du couvent pour étudier le livre “ Que Dieu soit reconnu pour vrai ”. Quand elle fut assez forte dans la vraie foi, elle décida que la Bible serait son guide. Et c’est ainsi qu’elle continue aujourd’hui à étudier avec le peuple de Jéhovah, mais non plus comme une nonne, car elle a abandonné le couvent, s’est engagée activement dans l’œuvre de prédication et a été baptisée à une récente assemblée. Elle est maintenant heureuse de servir le vrai Dieu de la véritable manière.
CANADA
Population : 17 852 000 habitants ; maximum de proclamateurs : 38 382 ; proportion : 1 pour 465.
Il est certain que les yeux de Jéhovah se sont posés sur nos frères du Canada pour leur bien. Les témoins de Jéhovah dans ce pays, comme tous ceux du monde entier, apprécient la riche nourriture spirituelle que leur fournit régulièrement La Tour de Garde, et ils l’ont démontré. Ils ont eu aussi, lors de la Commémoration, la plus grande assistance de tous les temps : 58 969 personnes. Les assemblées de district pour ceux qui recherchent la paix au Canada furent un succès, et l’œuvre au Québec a progressé d’une façon merveilleuse ; elle a été marquée par une assemblée de district pour les témoins de langue française, juste après la fin de l’année de service. Ce fut une belle année pour le Canada et voici quelques expériences très intéressantes relatées par le serviteur de filiale.
Un nombre sans cesse croissant de gens se rendent compte que les témoins de Jéhovah sont vraiment un peuple ami de la paix, favorisant la paix. Même dans la province du Québec, la recherche de la paix par les témoins de Jéhovah est très remarquable. Dans de nombreux coins de la province, l’atmosphère a changé considérablement. Là où l’on manifestait une franche hostilité, voire une haine violente, règne maintenant une certaine tolérance, résultat dû sans doute en partie aux victoires que nous avons remportées devant les tribunaux et en partie au caractère tranquille et méthodique du ministère accompli par les frères dans le champ. Nos frères en viennent à être bien connus.
La cause pendante depuis longtemps, impliquant la “ loi 38 ” du Québec, et qui était destinée à faire interdire notre œuvre, retint une fois de plus l’attention des tribunaux. En avril, toutes les dépositions orales des témoins avaient été entendues. Le 25 juillet, le juge de première instance prit une décision contre nous. Immédiatement, nous interjetâmes appel et nous attendons que la question vienne devant la Cour d’appel du Québec. Dans l’intervalle, nous savourons notre liberté de prêcher et jouissons dans une certaine mesure de la protection de la police, même si parfois cette protection nous est accordée à regret.
Pour terminer d’une façon sensationnelle l’année de service au Québec, nous avons eu la joie de nous réunir, pour la première fois dans l’histoire du Québec, en une “ Assemblée de district en langue française ”. L’administration de l’assemblée était entièrement assurée par des frères de langue française et le programme de l’assemblée de district pour ceux qui recherchent la paix fut présenté, avec beaucoup d’effet, par des frères parlant le français. La présence de frère Knorr, le dernier jour de l’assemblée, la rendit mémorable. Près de mille personnes étrangères assistaient au discours public et la plupart d’entre elles entendirent les remarques finales de frère Knorr. Tout, au sujet de l’assemblée, laissait supposer que les frères de langue française se chargeraient dorénavant de la majeure partie de l’œuvre du Royaume dans cette province.
Bien que l’intervention de la police ait complètement cessé, l’opposition des prêtres subsiste, mais nos fidèles frères l’abordent de front. Un pionnier rapporte que le prêtre de la localité a usé de tous les moyens pour décourager les habitants de nous recevoir chez eux. Il a même essayé de faire supprimer la pension d’une famille. Le pionnier décida de se rendre au bureau des pensions. Là, le directeur lui montra trois lettres écrites par des autorités religieuses déclarant que cette femme n’était pas en droit d’obtenir cette pension et que les témoins de Jéhovah avaient tenu leurs réunions chez elle. Nous lui expliquâmes pourquoi le prêtre était contre elle. Le mois suivant, la pension était rétablie. Une étude régulière commença avec cette femme. Quand nous rendîmes visite au directeur du bureau des pensions pour le remercier d’avoir reconsidéré la question, il accepta des publications et fit la remarque suivante : “ Si les prêtres ne sont pas capables de défendre leurs doctrines contre les témoins de Jéhovah, ils devraient retourner dans leurs séminaires pour y étudier ! ”
Les bienfaits découlant de l’assistance des écoliers à l’étude de livre de l’assemblée sont bien démontrés par l’expérience suivante : Une écolière releva l’erreur commise par son professeur qui avait affirmé que la Grèce avait succédé à Rome en tant que puissance mondiale. L’attention du directeur de l’école fut attirée sur la question ; il fut vivement frappé de la connaissance de la jeune fille et émerveillé de voir qu’elle était à même d’expliquer les cinq différents métaux qui composent l’image de Daniel. Le sous-directeur à son tour s’intéressa vivement ; aussi l’invitèrent-ils à revenir plus tard pour donner de plus amples explications, ce qu’elle fit. Elle plaça un exemplaire du livre “ Que ta volonté soit faite sur la terre ”. Le sous-directeur lui demanda : “ Est-ce que le Canada est compris dans cette statue qui va être détruite ? ”
Être chrétien vingt-quatre heures par jour signifie qu’il nous faut constamment être attentifs à saisir les occasions de répandre la bonne nouvelle. Un frère, employé dans une grande usine, saisit l’occasion qui s’offrait à lui dans la salle où les ouvriers se rhabillent avant de retourner chez eux. Il demanda à un camarade s’il aimait beaucoup la lecture et lui présenta en même temps un tract. Le lendemain, à la même heure et au même endroit, il lui demanda ce qu’il en pensait. “ Je l’ai trouvé bien ”, répondit le compagnon de travail ; le frère lui remit alors la brochure “ Cette bonne nouvelle du Royaume ”. Ensuite eut lieu une visite, au cours de laquelle le sermon sur le “ paradis ” fut développé devant quatre personnes. Une étude fut établie et, avec le consentement de leurs parents, plusieurs enfants du voisinage ont commencé à y assister.
SUISSE
Population : 5 117 000 habitants ; maximum de proclamateurs : 5 039 ; proportion : 1 pour 1 015.
Le temps passe vite et l’on ne peut se permettre d’être insouciant pour ce qui concerne le temps dont on dispose. Un ministre chrétien doit s’acquitter de ses obligations et prêcher la bonne nouvelle du Royaume pour se révéler un disciple de Jésus-Christ. Les témoins de Jéhovah agissent donc ainsi en Suisse, et ils font de l’excellent travail, non seulement dans les villes importantes mais encore dans les régions rurales et les territoires isolés, de sorte que tous, dans les montagnes et les vallées, ont l’occasion d’entendre parler de l’unique espérance de l’humanité. Outre qu’elle s’occupe de la prédication de la bonne nouvelle, la filiale dirige encore une imprimerie qui a tiré de nombreux exemplaires des périodiques The Watchtower et Awake ! en français, hongrois et croate. Elle a déployé aussi de sérieux efforts pour que le message du Royaume soit prêché dans la principauté du Liechtenstein. Voici quelques expériences.
Quelquefois le témoignage par lettre porte du fruit. En 1958, un frère étant tombé malade, se mit à écrire des lettres à différentes personnes, leur rendant un bon témoignage. Il écrivit à un jeune catholique. La première lettre resta sans réponse, mais la seconde reçut une réponse vraiment favorable. Plus tard, le frère et le jeune homme vinrent à travailler dans la même firme. Le jeune homme avait de nombreuses questions à poser au sujet de la Bible et de notre œuvre. À l’usine, des camarades taquinaient le frère et lui disaient : “ C’est un catholique ; tu n’auras aucune chance de son côté ! ”
Mais une étude de la Bible fut introduite au domicile du jeune homme ; sa femme y assistait aussi. Cependant, les parents du couple n’aimaient pas cette disposition, et interdirent au frère l’entrée de la maison. L’étude se poursuivit ailleurs. Alors, les parents allèrent trouver le prêtre catholique pour lui demander conseil. Ils furent surpris de l’entendre dire : “ Qu’ils fassent ce qu’ils veulent ; on ne devrait pas dire du mal des témoins de Jéhovah. ” Cette réponse éveilla l’intérêt de ces gens pour le message ; ils permirent au frère de revenir chez eux et participèrent à l’étude. Cinq livres et sept Bibles furent commandés.
Mais deux personnes de cette famille s’étant retirées de l’église, le prêtre leur rendit visite pour tenter de les ramener. Toutefois, ses paroles insultantes et injurieuses ne réussirent pas à le faire. Au contraire ; car, alors, elles connaissaient bien les vérités fondamentales de la Bible. Le prêtre envoya un de ses collègues pour faire une nouvelle tentative. Quand ce dernier entra, tout le monde était assis autour de la table, les personnes intéressées et quelques témoins de Jéhovah. Comme le prêtre n’avait pas de Bible avec lui, on lui offrit une traduction catholique qu’il repoussa. Il se refusa à toute discussion biblique avec les témoins de Jéhovah et, quelques minutes plus tard, il quittait précipitamment la maison. Les études continuèrent et deux personnes furent baptisées à l’assemblée de circonscription qui eut lieu plus tard. Deux autres intéressés ont exprimé le désir de l’être bientôt. Et tous ces résultats parce qu’un frère malade et alité avait écrit une ou deux lettres !
LIECHTENSTEIN
Population : 14 757 habitants ; maximum de proclamateurs : 4 ; proportion : 1 pour 3 689.
Au cours de l’année écoulée, la prédication s’est étendue dans ce petit pays, surtout sous le rapport des nouvelles visites et des études bibliques. Bien que les progrès soient lents, la persévérance a porté du fruit. Aujourd’hui, il y a au Liechtenstein quelques personnes qui parlent de la vérité et quelques-unes saisirent l’occasion d’assister, durant l’été, aux assemblées de district pour “ Ceux qui recherchent la paix ” où elles retirèrent un grand bien spirituel. Une femme qui avait assisté à l’assemblée de district à Vienne fut tellement impressionnée et fortifiée par ce qu’elle y avait entendu qu’elle décida de voir le prêtre chez lui la même semaine pour lui dire qu’elle voulait quitter l’église et être baptisée ensuite. Il n’y a pas une grande liberté religieuse dans ce pays, du moins pour ce qui concerne les témoins de Jéhovah. Mais, en dépit de cette situation, la vérité se fraye un chemin jusqu’à certains habitants honnêtes du Liechtenstein.