Les bandes dessinées — Celles d’hier
“BÉCASSINE” a été l’un des tout premiers personnages de bandes dessinées célèbres en France. Elle est apparue en 1905 dans La Semaine de Suzette et a connu un tel succès que son nom est passé dans l’usage courant. Vers cette même époque, les lecteurs de journaux découvrirent “Les Pieds Nickelés” dont le langage savoureux a amusé des générations d’enfants. Dans le même temps, les Américains se divertissaient à la lecture de bandes quotidiennes publiées dans la presse, telles que “Buster Brown” et “The Katzenjammer Kids” que les pays francophones découvriront sous le nom de “Pim, Pam, Poum”. Les bandes dessinées étaient nées.
Le comique était l’une de leurs caractéristiques. Leurs noms, à eux seuls, révèlent l’hilarité qu’offraient ces dessins humoristiques publiés dans les journaux et les romans-feuilletons: “Krazy Kat” ou “La chatte folle”, “La Famille Illico”, “L’espiègle Lili” et bien d’autres encore. Ces personnages taquins reflétaient bien l’innocence de l’époque qui précéda l’année 1914. Cependant, après coup, tout n’était peut-être pas si drôle. Ainsi les célèbres garnements de “Pim, Pam, Poum” allaient faire hurler les lecteurs devant ce qu’on a appelé “une campagne méthodique de sabotage qui résiste avec succès aux fessées, aux menaces et aux promesses”.
Le succès du super-héros
Les éditeurs ne tardèrent pas à imprimer sous forme de fascicules ces planches que les journaux publiaient tous les jours. Au début, aux États-Unis, ces illustrés étaient des cadeaux publicitaires distribués par des annonceurs. Mais dans les années trente, les éditeurs ont fait le pari que le jeune public serait prêt à dépenser quelques centimes pour se procurer un journal de bandes dessinées. C’est ainsi qu’en 1934 paraît en France Le Journal de Mickey dont le prix du numéro est fixé à trente centimes. Il va connaître un grand succès. Les maisons d’édition vont désormais faire appel à des dessinateurs frais émoulus de l’école et vont engager une lutte serrée pour conquérir le marché des lecteurs.
L’année 1938 marquera un tournant. Aux États-Unis, le tandem formé par Jerry Siegel et Joe Shuster trouve un éditeur prêt à publier le personnage de bande dessinée qu’ils ont créé, à savoir Superman! De l’avis de l’un de ses auteurs, “Superman ressemble à la fois à Samson, à Hercule, et à tous les hommes forts dont j’ai entendu parler. C’est un mélange d’entre eux, en mieux!” Ce super-héros va capter l’attention de tous les publics. Le mensuel qui raconte ses exploits atteint un million de dollars de chiffre de recette annuelle. Encouragés par ce succès, les éditeurs commencent la publication des aventures d’autres surhommes.
Toutefois la génération de bandes dessinées qui suivra va s’abaisser à l’univers du sexe, de la violence et de l’horreur. Des B.D. violentes dont l’une avait pour titre “Le crime ne paie pas” vont bel et bien rapporter beaucoup d’argent à leurs éditeurs. Et tandis que défilent les années cinquante, des classiques de la bande d’horreur vont apparaître comme “Tales from the Crypt”, Les secrets de la crypte.
Sous bien des aspects, la B.D. n’avait plus rien de comique.
Le public élève des protestations
Dans son livre La séduction des innocents (angl., 1954), Frederic Wertham va accuser l’industrie de la bande dessinée de corrompre la jeunesse. Ce médecin étudie le comportement d’enfants qui souffrent de troubles émotionnels et il découvre que beaucoup d’entre eux sont des lecteurs passionnés de bandes dessinées. Il parvient à la conclusion que les “bandes dessinées inculquent la violence”.
Mais de l’avis de certaines personnes, les recherches du docteur Wertham n’établissent pas que les bandes dessinées ont un effet néfaste sur les enfants normaux. Toutefois, dans certains pays, aux États-Unis et aussi en France, des mesures seront prises pour réglementer les bandes dessinées destinées à la jeunesse et un “code de morale” sera défini pour limiter la sexualité et la violence. Mais ces dispositions s’avéreront-elles efficaces? À quoi ressemblent les bandes dessinées d’aujourd’hui?
[Entrefilet, page 5]
La génération de bandes dessinées qui commence avec la Seconde Guerre mondiale va s’abaisser à l’univers du sexe, de la violence et de l’horreur.
[Illustrations, page 4]
“Bécassine” fut l’une des premières bandes dessinées françaises.
Bécassine
Pim, Pam, Poum
Tintin et Milou
[Illustrations, page 5]
Ces personnages sympathiques illustrent ce qu’ont été les bandes dessinées.
Les Pieds Nickelés
Félix le Chat
Zig et Puce